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Temps de lecture estimé : 9 mn
25/09/21
Résumé:  Le souvenir le plus érotique niché dans ma mémoire.
Critères:  fh jeunes inconnu nopéné -occasion
Auteur : Leandre R            Envoi mini-message
Souvenirs d'un impromptu érotique

Je n’ai pas la prétention d’être un homme particulièrement séduisant. Lorsqu’il me faut conquérir le cœur d’une femme, j’ai besoin de temps pour avoir une chance de parvenir à mes fins. Je ne séduis que par le verbe ou peu s’en faut, hélas, et c’est bien fatigant, même si je prends à cela un plaisir tout relatif. Je souscris au rêve d’être une heure, beau et con à la fois, la plus belle récompense pour toute une vie de labeur amoureux. Mais la vie est sinueuse et apporte parfois son petit lot de surprises. C’est tout le sujet de cette anecdote, qui me fait écrire pour la première fois ici…


J’avais presque vingt-neuf ans lorsque je vécus dans la soirée du samedi 15 octobre 2005 l’imprévu sexuel le plus remarquable de mon existence, ce qui est encore vrai à l’heure actuelle, à mon grand désarroi. Je vais cacher à dessein les détails qui pourraient trahir l’identité de certaines personnes – qui sait si elles ne consultent pas comme moi ce site remarquable – aussi bien que la mienne… Il vous suffit de savoir que j’étais, d’une certaine façon, animateur culturel dans une association qui s’occupait de promouvoir les musiques du monde dans une grande ville française. Le hasard voulut que, dans le cadre de cette activité, je participe au vernissage d’un artiste qui mettait en scène des instruments de cultures lointaines. Balafons, darboukas, et autres flûtes improbables.


Il était 21 h environ lorsque j’arrivai à la galerie, vêtu du costume réglementaire pour la circonstance. Il y avait une foule considérable et, coupe de champagne à la main, je naviguai un temps entre les œuvres et les hors-d’œuvre, tâchant de repérer l’artiste que j’étais venu voir. Il se révéla difficile d’accès, cerné qu’il était en permanence par une assemblée de proches, d’artistes sans envergure et de pique-assiette curieux. J’abandonnai l’idée de lui serrer la main pour évoquer mon association lorsque, dans l’ambiance feutrée du lieu, une petite famille se fit remarquer : un homme cria soudain au-dessus du bruit ambiant à l’encontre de ses deux filles qui l’accompagnaient. Je ne compris pas exactement ses propos, mais la plus jeune des deux sœurs, éclat rouge dans l’assemblée plutôt sombre et âgée tout au plus d’une vingtaine d’années, s’éloigna à grands pas en lançant très distinctement « vieux con ! » dans le quasi-silence qui venait de se faire.


Chacun fit mine de ne pas s’en offusquer, ou si peu, entre sourires crispés et rires étouffés, puis la soirée poursuivit son cours. J’échangeais mes impressions sur le travail de l’artiste avec d’autres visiteurs qui, comme moi, déambulaient sans trop savoir que penser de ces structures musicales et autres ondes vibratoires sculptées. Il y en eut bien un ou deux pour s’extasier, certainement dotés d’une culture artistique qui me faisait défaut, je veux bien le reconnaître. J’en vins ainsi à me retrouver dans un angle de la vaste galerie qui formait un losange au centre duquel avait été dressé le buffet, à contempler, assez perplexe, un saxophone démesurément étiré qui portait le nom de « soliloque ». Aucune parole ne me vint pour autant  ; mes pensées étaient anesthésiées par l’abus de ces subtilités artistiques et aussi peut-être par les doses d’alcool généreusement distribuées.



Une voix douce, discrètement éraillée. Je remarquai alors la jeune femme, un pas derrière moi. Il s’agissait du second centre d’attention majeur de la soirée : la plus jeune fille du « vieux con ». Elle tenait songeusement une coupe de champagne déjà presque vide calée sous son menton. Ses cheveux noirs au carré suivaient l’ovale de sa mâchoire et, pour tout vous dire, je ne vis en fait clairement à cet instant que ses yeux gris-bleu et ressentis une douceur étonnante, bien à l’encontre de ce qu’elle avait démontré en arrivant.



Elle repartit sans un bruit dans sa tenue de soirée : une robe d’un rouge moiré et corsetée, qui descendait jusqu’au sol, mais lui laissait les épaules nues, ainsi qu’une large étendue de son dos. Elle dessinait sa taille et ses hanches sans clinquant inutile. Je crois bien que j’étais déjà sous son charme.


Est-ce à dessein qu’elle me proposa le profil parfait de son visage juvénile en revenant nonchalante, les coupes de champagne à hauteur de sa poitrine artificiellement gonflée par le haut étriqué de sa tenue ? Le fait est que j’étais proprement subjugué par cette beauté et d’autant plus pantois de notre entente spontanée. Je ne m’expliquais pas même son approche si aisée vers ma personne, alors que ce genre de soirées fonctionne selon le principe des clans et de l’instinct grégaire. Sans le vouloir, nous fondâmes le groupe des brebis galeuses qui se gaussaient du travail de l’artiste. Pour mon plus grand plaisir, nul ne vint se joindre à nous, la sœur de ma charmante et son père prenant bien garde de ne pas s’afficher davantage à ses côtés.


Tournant en dérision les œuvres pompeuses, nous en vînmes à rêvasser devant une structure nommée « élan symphonique » qui rassemblait divers instruments en une vague pyramide de deux mètres de haut. Je ne sais pourquoi, mais un seul commentaire me vint :



J’eus de la peine à cacher ma gêne derrière un rire pathétiquement mou.



Elle ponctua ses propos d’une arabesque de son verre avant de tremper à nouveau ses lèvres dedans.



J’étais pour le moins déstabilisé, mais tout aussi admiratif de cet esprit vif et peu commun, bien que son ton exprima une peine lointaine.



Cette petite plaisanterie me remit presque en selle, mais elle crut bon d’ajouter après avoir fini sa deuxième coupe :



Elle acquiesça comiquement, bien consciente du peu de sérieux de ma réponse malgré mon air grave.


Et je n’oublierai jamais la seconde suivante, lorsque son regard encore teinté d’humour se planta dans le mien tandis que sa main se posait le plus naturellement du monde sur mon entrejambe. J’eus le réflexe de regarder ce qu’il se passait, mais elle me rappela à l’ordre :



Sa main menue serrait à présent plus ou moins fort mon sexe emprisonné qui gonfla rapidement comme il se doit en pareille circonstance. Mon cœur tapait dans ma poitrine à en faire sauter les boutons de ma chemise. J’étais tétanisé par cet instant improbable. Et cette jeune femme qui ne cessait de me sourire, mon plaisir entre ses doigts. Elle prit un ton très professionnel et candide à la fois.



Je souris et bus pour garder une très relative contenance.



Son sourire en coin trahissait la réalité derrière nos échanges, mais ses pressions sporadiques, ses discrets va-et-vient devenaient bien intolérables. Je mourais d’envie qu’elle glisse sa main dans mon boxer et prenne fermement mon sexe brûlant. Je fis mine d’abaisser ma braguette, mais une petite tape suffit à m’empêcher d’aller au bout de mon geste.



Elle rit doucement, mais me menaça :



Je la pris au mot, affrontai son regard, imaginai ce que ce serait de glisser ma langue entre ses lèvres alcoolisées, d’embrasser sa nuque, son cou, le grain mat de ses seins qui pigeonnaient joliment dans son corset. Je fermai les yeux. Plus rien n’exista que d’exquises sensations.



Elle cala le renflement à la base de ma queue au creux de sa paume et tourna doucement en me soufflant des paroles obscènes. Je sentais au timbre de sa voix que son excitation n’était pas feinte.



Elle prit une pause et souffla très posément :



Elle reprit ses va-et-vient sur un rythme sensiblement plus soutenu : les palpitations naquirent dans mon ventre et, sans honte aucune, je jouis devant cette jeune femme, le visage marqué par les piques de plaisir. Elle ne retira sa main qu’à l’extrême fin de mes trépidations. Elle-même ne disait plus rien, jusqu’à ce que je rouvre mes yeux sur les siens.



Je baignais dans un bonheur tout relatif : il commençait à me couler le long de la cuisse. Nous bredouillâmes quelques instants puis elle devina mon malaise.



Je savais que je ne la reverrais probablement jamais et je suis persuadé qu’elle ne le voulait pas non plus. Je lui pris la main, y déposai un chaste baiser.