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Temps de lecture estimé : 39 mn
29/10/21
Résumé:  Il était une fois ma banquière, son mari, et moi. Moi qui rêvais d’elle, et eux qui vivaient leur amour d’une manière bien… particulière.
Critères:  fhh hbi telnet hsoumis hféminisé travesti fellation hdanus hgode hsodo -travesti
Auteur : Enzoric      Envoi mini-message
La quadrature du couple

ou comment deux sont trois et trois sont quatre




Il était une fois ma banquière, son mari, et moi. Moi qui rêvais d’elle, et eux qui vivaient leur amour d’une manière bien… particulière.




Jeudi 7, 23 h 24



Comme tout homme normalement constitué, il s’est endormi dans la minute.

Comme toute femme digne de ce nom, elle n’a pas trouvé le sommeil.



Vendredi 8, 10H17


Il était déjà au boulot lorsque son smartphone lui annonçait l’arrivée d’un SMS.


[Claire] Bonjour Monsieur mon mari.

[Éric] Bonjour Madame ma femme.

[Claire] Je peux te dire ce que je voulais hier soir où Monsieur est encore trop claqué pour écouter sa femme ?

[Éric] Yes. Désolé mais hier soir j’étais vraiment naze. Je suis tout à toi.

[Claire] Dommage pour toi. Moi c’était hier soir que j’étais toute à toi !

[Éric] Ah ! Merde ! Fallait insister.

[Claire] Tant pis pour toi. Juste pour que tu le saches : deux fois pendant que tu ronflais ; )

[Éric] Ah ! Bon ?

[Claire] Excellentissime ouais : P Mais sans toi. Vraiment sans toi !

[Éric] Encore désolé… Fallait me réveiller.

[Claire] T’as pas compris. Quand je dis vraiment sans toi, c’est VRAIMENT SANS TOI.

[Éric] ? ? ?

[Claire] J’ai mal aux doigts de parler avec toi là. J’fais une pause avant le claquage. Bisous.


Il l’a harcelée de SMS sans obtenir de réponse. Cinq fois il essaya de l’appeler : messagerie.



Vendredi 8, 11H03


[Claire] Dis donc t’as l’air en forme aujourd’hui. Pas comme hier !

[Éric] Très drôle. Suis PTR.

[Claire] Comme moi j’étais vénère hier ?

[Éric] Tu joues à quoi ? Suis désolé de t’avoir laissée sur le carreau.

[Claire] C’est toi qui as raté le coche. Pas moi. Excellentissime d’ailleurs le coche, ceci dit en passant.

[Éric] OK, j’ai compris : suis un gros con. Voilà, c’est dit.

[Claire] Écrit et bien entendu. Pas comme toi qu’a le sommeil tellement lourd que t’entends rien de rien.

[Éric] À ce point ?

[Claire] Imagine…

[Éric] J’préfère que tu me dises.


Il n’a pas insisté. Il avait merdé et ne le savait que trop, alors il a attendu que ce soit elle qui relance cet échange de SMS.



Vendredi 8, 13H51


[Claire] Bien mangé ?

[Éric] Bof. Et toi ?

[Claire] Bon oui. Moins que hier soir quand tu dormais, mais pas mal.

[Éric] Tu t’es révélée pour manger ? ? ?

[Claire] Et pas que. J’te laisse digérer. Et puis faut que j’y aille sinon j’aurai pas le temps.

[Éric] Le temps de ?


Cette absence de temps et de réponse le travailla, d’autant que ce vendredi, c’était repos à la maison pour elle.



Vendredi 8, 15 h 18


[Claire] Ça fait du bien une sieste !

[Éric] T’as fait une sieste ? Toi  ?

[Claire] Oui. Enfin j’ai essayé.

[Éric] Rien que t’essayes suis sur le cul !

[Claire] Comme moi hier soir que tu pionces plutôt que d’en profiter… de mon cul.

[Éric] Me ferai pardonner ce soir ; )


À nouveau, il attendit, fixant son smartphone demeurant en veille.



Vendredi 8, 16 H 02


[Claire] Tu ramèneras le dîner, pas envie de cuisiner.

[Éric] OK. Une envie particulière ?

[Claire] Pas depuis hier soir non. Prends pour trois, j’ai une faim de…

[Éric] De ?



Vendredi 8, 16 h 58


[Claire] Y’a plus de vodka ?

[Éric] Je crois pas qu’on en a déjà eu.

[Claire] Ah ! Dans ce cas, ramènes-en.

[Éric] Pk ? On n’en boit pas !


Cette envie soudaine l’interpella. Ç’aurait été des fraises qu’il aurait compris, mais de la vodka !



Vendredi 8, 17 h 11


[Claire] T’as prévu quoi pour ce soir ?

[Éric] Me faire pardonner et te combler.

[Claire] Bon début, mais je parlais du repas. Mets les petits plats dans les grands si tu veux caresser cet espoir. Et quand je dis pour trois, je déconne pas. Suis VRAIMENT affamée.

[Éric] OK. Je prendrai pour quatre, au cas où.



Vendredi 8, 17 h 57


[Éric] Je file chez le traiteur. Je fais au plus vite.

[Claire] OK.



Vendredi 8, 18 h 29


[Éric] T’es où ?

[Claire] Pas là où tu croyais que je sois. À plus.



La veille

Jeudi 7, 10 H 02



Claire, c’est ma banquière. Sans elle, jamais je ne serais devenu ce que je suis aujourd’hui. C’est la seule qui a cru en mon projet, la seule qui a appuyé mon dossier, alors dire que je lui suis redevable n’est pas un mot dénué de sens.

Lorsque j’ai reçu un courriel de ma banque m’informant que j’avais changé de conseiller, je les ai appelés. 《Mais Monsieur, soyez rassuré, Monsieur Bastien est un excellent conseiller. Il saura…》. J’ai raccroché lorsqu’elle a transféré mon appel à ce type. Je n’avais aucune envie de lui parler, d’autant qu’il aurait été aussi évasif que sa collègue, et qu’il ne m’aurait rien dit de plus sur la seule conseillère digne de répondre à mes attentes.

Je n’avais plus qu’un but : la retrouver. Alors j’ai écrit un mail, bref et anodin, lui demandant de me contacter au plus vite. Évidemment son adresse pro me renvoya une réponse logique : 《Cher(e) client(e), nous vous invitons à contacter votre nouveau conseiller, Monsieur Bastien dont voici les coordonnées et à qui nous transférons ce courriel》.

Deux choix s’offraient à moi : soit simplement attendre qu’elle contacte tous ses anciens clients, soit la chercher. Ma décision fut rapide.

Les adresses pros sont d’un classique sans faille : prénom.nom@ ?.fr. Après avoir listé les banques les plus connues, j’ai transféré, aux unes après les autres, mon mail. N’obtenant que des retours infructueux j’aurais pu jeter l’éponge, mais….

Plus qu’être déçu, ma détermination me poussa à lister les enseignes moins connues. Et là, bingo :



Bonjour,

Absente jusqu’au lundi 11,

pour toute urgence vous pouvez contacter notre agence.

Cordialement,

Claire Mognois

Directrice



Directrice. Elle était donc directrice ! D’une banque certes moins notoire que la précédente, mais directrice ! J’avais donc retrouvé sa trace, et même si je devais attendre quatre jours avant qu’elle ait accès à ses mails, cette première retrouvaille me combla d’espoir et me redonna assez de baume au cœur afin de me replonger dans les affaires.

Lorsque mon smartphone sonna, je décrochai malgré que l’appel soit un numéro masqué.



J’ai eu une absence. Pas très longue, mais si agréable à m’imaginer ce qu’elle pourrait faire pour, ou plutôt avec moi, qu’elle s’inquiéta.



Sans lui laisser le temps de répondre, j’ai raccroché. J’étais encore les yeux dans le vague lorsque mon portable bipa : Pas très conventionnel, pas très… moi, mais je vais faire une exception : 18 h 30. Inutile de m’envoyer l’adresse, je sais où vous trouver, moi.


J’ai passé le restant de l’après-midi à glander. Quoique je tente de lire ou écrire, quels que soient les graphiques ou les chiffres que j’avais devant les yeux, l’unique vision que j’avais était la seule femme qui avait cru en moi, la seule qui avait chamboulé, plus que ma carrière, tout mon être. Elle me connaissait déterminé, ne reculant devant rien pour parvenir à mes fins, comme elle. Je savais l’avoir surprise, tout comme elle savait qu’elle jouait avec le feu en me rencontrant hors cadre professionnel.

Depuis près de cinq ans qu’elle était ma conseillère, il n’était pas un trimestre sans que je ne prenne rendez-vous avec elle. Intelligente, clairvoyante, elle n’était donc pas sans ignorer l’intérêt que je lui porte depuis toujours.


Dire que mon érection n’avait pas faibli était faux. Elle s’était intensifiée à mesure que l’heure approchait, aussi, lorsqu’elle m’envoya Je suis devant, j’étais à un rien de jouir.



Enivré par son parfum, j’ai fermé la porte en la suivant des yeux. Vêtue d’un tailleur jupe bleu marine à la coupe parfaite, escarpins talons aiguilles d’un rose pâle, sa nouvelle fonction de directrice n’avait guère changé l’allure de celle que j’avais eue comme simple conseillère.



Évidemment, je la laissai me devancer. Si la veste cachait en grande partie le cul se tortillant devant moi, sans gêne aucune je la suivis sans quitter des yeux ses mollets, superbement dessinés et mis en valeur ainsi perchés.



On a discuté quasiment une heure, de tout, de rien, avant que son smartphone ne chante.



Sérieuses ! Rarement je n’avais été aussi sérieux et déterminé, mais, de toute évidence, elle était aussi loyale en affaires que fidèle en amour, alors elle m’a lu les conditions, tendu les contrats que j’ai signé sans relire, puis elle est partie.



Vendredi 8, 08 h 15


Comme tous les matins, je suis arrivé le premier au bureau. Comme tous les matins, j’ai allumé mon ordi et lancé un double expresso. Pas comme tous les matins, j’ai regardé ma messagerie sans bouger, tasse en main. Le dernier courriel reçu me figea sur place.


Reçu : Aujourd’hui, 03 h 38

De : Claire Mognois.

Objet : Sans


Bonjour Monsieur mon premier client,


J’espère ne pas vous réveiller en pleine nuit, mais je tenais à mettre les points sur les i sans tarder.

Hier soir j’ai dérogé à une règle que je me suis fixée il y a bien longtemps. Bien avant d’exercer ce métier, et j’ai l’intime conviction que vous aussi.

On se connaît depuis… longtemps, et depuis toujours j’ai la conviction que vous espérez plus qu’une relation banque/client. Que vous ayez fait preuve de tant de détermination pour retrouver ma trace en est la preuve, me semble-t-il. Aussi, afin d’écarter tout équivoque, faux espoir ou… entêtement aussi inutile que vain, je me dois de vous ramener à la réalité : je suis heureuse et comblée, et pas que professionnellement !


Claire


J’ai lu, relu, relu encore ce courriel sans ne pouvoir rien faire d’autre, et plus je le relisais, plus je décelais une interdiction qu’elle s’imposait plus qu’elle ne le désirait.

Mon assistante me trouva les yeux fixant l’écran.



Elle est sortie en claquant la porte.


Myriam, c’est l’assistante rêvée. Celle dont on ne peut plus se passer. Celle qui vous comprend comme personne. Incroyablement intuitive, consciencieuse, honnête, dévouée et belle comme un cœur, ce qui enjolive plus encore sa beauté profonde. Bref, la perfection. Malheureusement pour elle, le mien, de cœur, est déjà épris par une femme qui, bien que je venais de lire que je me faisais un plan sur la comète, accapare mes nuits et mes pensées depuis que nos chemins se sont croisés. Alors, plus que de me convaincre de baisser les armes, ce matinal courriel semblait me certifier le contraire. Elle se faisait violence, luttait, elle aussi.

J’ai écrit une dizaine de réponses, toutes effacées avant d’oser les envoyer. Si je n’avais pas reçu un nouveau courriel, je crois que j’aurais tiré un trait sur l’hypothétique espoir que je maintenais en vie depuis tant d’années.


Enzo,

Si vous lisez ceci avant mon précédent mail, s’il vous plaît, jetez ces deux à la poubelle sans en lire plus.

Je suis profondément désolée. J’ai eu… comment dire… un coup de cafard. Vous n’y êtes pour rien.

Encore toutes mes excuses,


Claire


À quoi jouait-elle ? À je t’aime, moi non plus ? Ou peut-être était-ce un appel au secours ?

Paumé. Plus que jamais j’étais paumé, incapable de tirer le vrai du faux, incapable de choisir entre répondre ou non. Alors, afin de tirer au clair ce que je n’arrivais pas à discerner, j’ai fait appel à la seule personne en qui j’ai confiance, quitte à la décevoir, Myriam.



Pour la seconde fois depuis qu’elle travaille avec moi, elle est sortie en claquant la porte.

J’ai bu mon café froid, puis deux autres brûlants debout devant le percolateur. J’allais m’en tirer un autre lorsque le téléphone sonna.



Qu’allais-je pouvoir lui dire de vive voix alors que j’étais déjà incapable de lui répondre par écrit ? Décidé à simplement l’écouter, j’ai ouvert la porte.



Myriam avait raison. : un homme qui bande perd toute conversation. Mais comment ne pas, face à une telle femme ?



Assis face à face, on s’est regardé, aussi mal à l’aise l’un que l’autre. J’étais décidé à ne faire qu’écouter, mais de la voir si gênée me fit ouvrir la bouche.



Dans la brasserie du coin, on a parlé, et rit surtout, ainsi deux vieux amis ont plaisir à partager un steak frites. Comme par magie, toute tension avait disparu, bien que le sujet même de sa venue m’était toujours inconnu.

Revenue des toilettes, elle se planta devant moi et me dit :



Il m’a fallu plus d’une demi-heure, et trois cafés avant que je ne reprenne vie.



Au moins sortit-elle cette fois-ci sans claquer la porte. Peut-être aurait-elle dû. Peut-être, ainsi, serais-je sorti de ma léthargie.

J’avais déjà glandé le matin, et j’étais bien parti pour végéter le reste de la journée, mais heureusement Myriam, comme toujours, prit les choses en main.



Après m’avoir tapoté la tête, elle me laissa seul à réfléchir. En toute autre occasion, j’aurais opté pour des fleurs et une bonne bouteille de vin, mais…même s’il était évident que l’attitude de Claire était quelque peu anormale depuis deux jours, je ne comprenais toujours pas ce que cette invitation pouvait sous-entendre.



J’en avais marre. Plus que marre. J’étais vraiment sans plus la moindre idée, alors je me suis dit que rien ne valait un lèche-vitrine pour dégotter ce qui pourrait convenir à cette surprenante invitation.

Après m’être garé dans un des parkings du centre-ville, j’ai marché au hasard. Sans but, j’ai arpenté les rues, stoppant parfois devant quelques devantures sans pour autant trouver ne serait-ce qu’un début d’idée. Pour dire vrai, je ne savais pas moi-même ce que j’étais venu faire en ville.

Depuis plus d’une heure, j’errais donc, et j’allais me résoudre à un simple bouquet de fleurs pour elle, et une bonne bouteille pour lui lorsque mon smartphone vibra. J’ai d’abord pensé que Myriam, la perle des assistantes, allait enfin me suggérer le choix parfait, mais non :


[Claire] Vodka, c’est bien ça ?

[Moi] Oui, j’avoue avoir un faible pour cette eau de feu.

[Claire] Une marque préférée ?

[Moi] Plusieurs même, selon mon humeur. Mais je bois de tout, ne vous inquiétez pas pour moi. Et vous, vous aimez quoi ?

[Claire] Comme pour vous, ça dépend de mon humeur.

[Moi] Et… elle est comment l’humeur aujourd’hui ?

[Claire] Excellentissime. Pourquoi ? Pas pour vous ?

[Moi] Si. Pareil.

[Claire] Super. À ce soir 20 heures donc.

[Moi] Oui. À ce soir Claire.


Tout en écrivant, j’avais continué mon chemin. C’est en rangeant mon smartphone que je le vis dans la vitrine devant laquelle je m’étais arrêté. À nouveau, sans le savoir, Claire venait de me donner une leçon de vie : à trop chercher, souvent l’on se perd, mais à ne rien attendre parfois l’évidence se révèle.


Une fois n’est pas coutume, j’ai appelé Myriam pour l’avertir que je ne repasserais pas au bureau. Elle n’a été ni surprise ni curieuse de savoir si j’avais trouvé ce que j’allais offrir. Rentré chez moi, je me suis rasé pour la seconde fois de la journée avant de me doucher. Puis, ainsi les femmes le font, je pense, j’ai passé près d’une heure à enfiler les unes après les autres toutes mes chemises sans ne savoir laquelle choisir. Je suis passé par tous les stades. D’abord énervé, puis dépité, puis résigné, pour au final opter pour un jean noir et une chemise bordeaux. Mon premier choix ! Après tout, ce n’était ni un repas d’affaires ni un réel rendez-vous. Ne m’avait-elle pas invité pour me présenter son mari ?

Depuis près d’une heure, j’étais prêt. Légèrement parfumé, vêtu et chaussé je tournais tel un lion en cage autour de ma table de cuisine tout en scrutant mon smartphone. J’ai horreur d’être en retard, et Claire ne m’avait toujours pas communiqué son adresse. Alors j’ai marché, jusqu’à ce qu’un bip retentisse enfin.


[Claire] Votre carrosse est attelé et vous attend.

[Moi] Vous devez faire erreur, je ne suis pas Cendrillon !

[Claire] Exact. Donc ce sera un taxi.

[Moi] Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai une voiture puisque c’est vous qui m’avez accordé le crédit. Alors pourquoi un taxi ?

[Claire] Je prends toujours soin de mes invités. Avant qu’ils n’arrivent, lorsqu’ils sont présents, et afin qu’ils rentrent en un seul morceau. Mais ne tardez pas trop sinon vous serez en retard. Et, comme vous, je déteste ça.


Veste passée, je suis sorti la frousse aux trousses. Comme dit, un taxi en double file attendait.



À dire vrai, je n’avais pas vu grand-chose de la robe qu’elle portait. Mon regard s’était surtout attardé sur la jambe qui pourfendait ce tissu jusqu’à la naissance de sa cuisse, avant de bloquer sur la jarretelle d’un dim-up. Instant bref, mais qu’elle avait sans nul doute cherché à provoquer en prenant cette pose.



On s’est fixé, elle souriante, moi gêné. J’avais le cerveau en ébullition, et elle semblait apprécier mon désarroi à la puissance de ce sous-entendu.



Ce que je voyais, c’était que j’allais arriver comme un cheveu sur la soupe. Quant à ce qui me plaisait, c’était justement ce que je voyais assis à portée de main. Je dus lutter pour ne pas craquer, et ne pas faire ce qui me plairait en étant réellement moi-même : l’embrasser. D’autant qu’elle prenait un malin plaisir à décroiser, puis recroiser les jambes sans cesse. Elle regardait la route, mais je suis certain qu’elle savait et appréciait sentir mon regard caresser de la vue cette cuisse divinement gainée.

Son smartphone, posé entre nous deux, n’avait de cesse de vibrer, alors, étonné, je lui fis remarquer.



Le trajet s’est poursuivi ainsi, elle a ignoré les appels de son mari, et tous deux à fixer la route jusqu’à ce que le taxi se gare.



J’étais trop décontenancé pour me battre, aussi la laissai-je régler la course.



On a marché une cinquantaine de mètres avant qu’elle ne bifurque dans une sorte de sentier.



Sans attendre ma réponse, elle a tourné les talons. Loin de me déplaire, regarder s’éloigner ce cul, si assurément en équilibre sur si peu d’assises effaça en quelques secondes toutes mes craintes. Un pas si certain, si décidé ne pouvait mener qu’au bonheur. Même si le sien attendait son retour, le mien était, sur l’instant, de suivre ce fessier jusqu’à destination, quitte à le regretter d’ici peu ; aussi lui ai-je emboîté le pas, à distance mais sans ne jamais me laisser distancer.



À nouveau, elle me scotcha sur place. Tel un chien je suis au bout de sa laisse, je me suis mû dans son sillage. Via un portail menant sur le jardin, on a rejoint une terrasse. Les volets étant baissés, on a contourné la maison. La porte d’entrée n’était pas verrouillée, ce qui en soit n’était pas vraiment étrange, sauf que…


On est resté près d’une minute en arrêt total. Lui planté au milieu du salon, et moi incapable de faire un pas de plus. Seule Claire semblait dans son élément. Tranquillement, elle alla jusqu’au bar, nous laissant, son mari et moi, nous regarder dans le blanc des yeux. La surprise était totale. Tant pour lui que pour moi, c’était… surréaliste. Presque cocasse.



Que dire ? Que faire ? J’avais déjà été en situation embarrassante, mais ce que j’avais face à moi dépassait de loin ce qu’une vie entière mettrait sur mon chemin. Pour une surprise, c’en était une ! Ou plutôt deux.

Elle avait fait d’une pierre deux coups. Nous n’étions plus que deux hommes totalement dépassés par les événements. Enfin si je puis dire !



Sitôt eût-elle prononcé son prénom qu’il ou qu’elle – je ne sais toujours si je dois dire il ou elle – a souri puis tourné les talons. Si de face le choc était déjà brutal, j’avoue que de dos la vision n’était pas moins hallucinante. Voir ce corps masculin se mouvoir avec grâce et assurance, perché sur près de huit centimètres m’a d’abord étonné, avant de m’impressionner !

Jamais, mais alors jamais je n’avais jusqu’alors ressenti – ni même imaginé d’ailleurs – qu’un homme puisse un jour me mettre dans un tel état. Plus que l’habit, ce fut la démarche qui me chamboula. Alors je l’ai regardé s’éloigner, jusqu’à disparaître dans la cuisine.



Claire, confortablement installée dans le canapé, me regardait, l’air ravi. Elle était aussi à l’aise que moi désemparé. Pour autant, elle ne semblait ni déçue, ni surprise, ni gênée.



Avant de venir, je ne pouvais déjà rien lui refuser, alors, évidemment, je me suis assis là où elle m’invitait à faire, à savoir dans le fauteuil face à elle. Elle rayonnait. Non qu’avant elle n’était pas souriante, mais je pense qu’elle jouissait enfin de la situation. À la tête que fit son mari en me voyant, je doute qu’il sût qu’elle serait accompagnée en rentrant. J’avoue, j’ai eu une longue absence, qu’elle savoura dignement, sans trop le montrer, mais… puissamment.



On a trinqué, enfin, eux plus que moi qui me suis contenté de tenir mon verre de vodka.



Que répondre à la femme qui obnubilait mes nuits et mes jours ? Et à son bébé, cet Érika qui tendait la jambe et bougeait son pied afin de mieux me présenter la chaussure rouge qu’il portait ?



Ma réponse, dite sans réfléchir or sans mentir, me surprit bien plus qu’eux. Certes, aux pieds de Claire, ils auraient été encore plus ravissants, ces deux escarpins, pour autant, à ceux de son mari ils n’en étaient pas moins joliment mis en valeur. Était-ce que ses jambes soient gainées de bas qui me fit les apprécier, ou plus encore que celui qui les porte ressemble à s’y méprendre à une femme ? Car oui, si homme était celui qui les avait chaussés, il pouvait en être fier ! Très fier même. De l’avoir vu ainsi chaussé et se mouvoir avec une telle aisance, non seulement il pouvait, mais le devait !



Après avoir rempli les verres, il alla en cuisine. Étrangement, ce départ me gêna plus que sa présence. Me retrouver seul devant Claire, alors que jusqu’à ce soir je cherchais à l’être, me troublait. Rarement je n’avais ressenti un tel désarroi, une telle solitude. Pour autant, elle ne semblait guère inquiète. Pas plus que son mari d’ailleurs. Alors je me suis demandé si tout ceci n’était pas une mise en scène. Un scénario bien rodé, et moi le énième larron d’une longue série.

Dindon de la farce. Notre conversation dans le taxi me revint en mémoire. Si c’était moi qui avais dit ces mots, la réponse de Claire, quant à farcir la dinde, déjà surprenante, assis contre elle me transcenda d’un sentiment encore plus troublant. Si j’étais le dindon, qui était la dinde à farcir ? Et si le dindon était son mari, qui étais-je moi si Claire était la dinde ?



Sans attendre, et sans changer de conversation lorsqu’il nous rejoignit, elle m’apprit que depuis longtemps, et ce peu après qu’ils avaient emménagé ensemble, elle savait que l’homme de sa vie se travestissait. Elle l’avait surpris, rentrant plus tôt du travail une fin d’après-midi plus fagoté qu’habillé correctement. Occupé à faire le ménage, il ne l’avait pas entendu arriver. Passé l’étonnement, et après une longue discussion, elle m’apprit qu’ils avaient trouvé une sorte d’accord. Plus qu’accepter que son mari se vêtisse ainsi, elle l’encouragea à aller jusqu’au bout de ce qu’elle considéra dans un premier temps comme une envie passagère, avant de comprendre que ce qu’elle nommait déguisement était en réalité le besoin d’afficher la part féminine qui sommeillait en lui. Aussi commença-t-elle par simplement le conseiller, le guider, avant de lui offrir les vêtements qu’il recevait telle une preuve d’amour.

Lorsqu’elle me révéla que la tenue de ce soir était le cadeau de la veille, tout en la détaillant je me suis demandé si ma première impression d’être au centre d’un plan n’était pas la bonne. Aussi jouai-je cartes sur table.



Sa question, qui était plus un constat qu’une interrogation, me laissa sans voix. Certes, il était beau en elle, cet homme qui n’avait rien à envier à nombre de femmes. Que ce soit le port ou la tenue elle-même qui lui allait à merveille, la perruque, le maquillage qui soulignait sans exagérer un visage fin mais divinement mis en valeur, ou encore les bas qui dessinaient une paire de jambes que je devinais parfaitement rasée ou épilée, finissant sur des hauts talons que j’avais déjà eu à apprécier, tout de cet accoutrement était parfaitement adapté à sa morphologie. Ne me l’aurait-elle pas présenté être son mari, cette Érika, qu’en toute autre circonstance je l’aurais pris pour une femme. Hormis le grave de sa voix, et encore, rien d’autre ne laissait présager que sous cette étoffe gisait une paire de couilles. Du moins, osai-je l’espérer comme pour m’en convaincre !



Plus que les mots, ce furent les radieux sourires qu’ils affichèrent qui me troublèrent. Avais-je bien compris le sous-entendu ? Étais-je le témoin, le confident d’une inversion des rôles, non en société, mais de soirées ? Claire, cette femme dont j’étais épris, endossait-elle le rôle que je rêvais de prendre ? Et lui, ce mari ne ressemblant en rien à un homme, s’offrait-il à son épouse telle une femme ?

À les imaginer vivre leurs sexualités en inversé j’ai eu une absence. Non que l’idée me répugnât, mais plutôt que jamais je n’avais fantasmé ainsi sur Claire. De les visualiser, Érika allongée, jambes à l’équerre ou à quatre pattes, et Claire la chevaucher et l’honorer tel l’homme que je suis le ferait me transouleversa d’un sentiment aussi nouveau qu’inconnu. D’homo certain et confirmé depuis ma naissance, cette conversation fit naître en moi une toute autre vision de ce qu’aimer pouvait être. Et quand je dis aimer, j’entends faire l’amour. Cet acte qui fait que deux êtres se donnent et reçoivent un plaisir partagé.

J’étais révolté. Non de ces révélations, mais envers moi-même. Toujours, j’avais été compréhensif, ouvert d’esprit, alors je m’en suis voulu. Je me sentais indigne. Oui, indigne d’être aussi sectaire face à eux qui me dévoilaient, tel un secret, la puissance et la complicité de leur couple.



Ils avaient les yeux brillants. Tant que je crus qu’ils allaient fondre en larmes. Heureusement, ils les continrent, sinon je crois que j’aurais pleuré moi aussi.



Après nous avoir resservis, Érika s’affaira à sa tâche, tandis que son épouse et moi sirotions ce troisième alcool fort en silence. Non que l’on ne sût pas comment entamer la conversation, mais plutôt que nous profitions l’un comme l’autre de simplement nous regarder. Seuls quelques tintements d’assiettes et claquements de talons sur le parquet se faisaient entendre. Après quelques allers-retours entre cuisine et salon, Érika nous invita à prendre place.



Claire s’installa face à moi, Érika en bout de table, prétextant que cette place serait idéale pour faire le service. Bien qu’étonné que tout le repas soit déjà devant nous, je ne relevai pas. Pas plus lorsqu’il me servit, dans une sorte de coupe en céramique, ce que je crus être à tort du cidre.



Le repas fut d’un banal ! On a parlé comme si on se connaissait depuis toujours. On a ri, et bu. Beaucoup en ce qui me concerne, mais je savais qu’un taxi me ramènerait à bon port, aussi n’ai-je refusé aucun saké qu’Érika prenait un soin particulier à maintenir à bonne température. Fut-ce la tiédeur de cet alcool, ou la jovialité de cette soirée, que je me sentais comme un poisson dans l’eau ?


Tout bascula au dessert. Érika me regardait, comment dire, bizarrement. J’avais le pressentiment que tout allait évoluer, mais j’étais incapable de dire pourquoi ni comment. Ce fut lorsque Claire revint à table, simplement vêtue d’une sorte de kimono, que je me demandai si je ne rêvais pas. Si la robe qu’elle portait lors du dîner mettait déjà divinement en valeur ses formes, cette étoffe, d’un pourpre clair tirant sur le rosé, me dévoilait dorénavant ce que j’imaginais depuis longtemps. Bien que les ornements me cachaient seins et sexe, à travers cette mousseline j’avais, face à moi, une vue sur ce dont j’avais fantasmé depuis des années. Aurait-elle été nue que je n’aurais pas été aussi admiratif !



Plutôt que de répondre elle nous servit, à son mari et moi, un thé fumant et fort parfumé. Comme si de rien n’était, elle se rassit et alluma une cigarette.



Sans réelle envie de thé, j’ai porté la tasse à mes lèvres.



Décontenancé, et pris de court surtout, je l’ai regardée tendre le bras. J’avais compris son geste, pour autant j’ai gardé la tasse en main. De sentir ses doigts sur les miens fut déjà un plaisir inimaginable, mais de la voir poser ses lèvres à l’endroit même où j’avais posé les miennes m’hypnotisa. M’aurait-elle embrassé que l’effet n’aurait pas été plus délicieux, réel et ressenti !



Après avoir refait un demi-tour de la tasse, j’ai léché l’endroit qu’elle avait si délicieusement porté en bouche.



Nul n’était dupe. Que ce soit elle, que je fixais avec une envie palpable, ou son mari qui semblait ravi de notre bataille verbale, chacun était conscient que nous tentions le diable avec tact.



Je disais vrai, mais j’étais loin d’imaginer qu’ils prendraient cet ultime jeu de mots pour accord !



Parfois la vie révèle bien des surprises !


Claire a une nouvelle fois changé de banque, mais cette fois-ci je n’ai pas eu besoin de la chercher. Les contrats furent signés la veille de sa réelle prise de poste, et pas à mon bureau mais chez eux. Son mari, charmant lorsqu’il est en homme, m’a gentiment proposé de prendre sa place. En tant que premier client à ouvrir un compte j’entends, car en ce qui concerne son épouse, j’ai déjà l’égalité, sinon la primeur sur lui depuis quelque temps.

Évidemment, Myriam a fait le nécessaire. Une perle, cette femme. Parfois, je me demande pourquoi ce n’est pas elle mais Claire qui m’a à ce point obnubilé. Elles se ressemblent tant ! Différentes physiquement, or si semblables pourtant.


Nous avons fêté nos deux ans il y a peu. Le temps passe à une vitesse !

Pour l’occasion, Érika avait mis les petits plats dans les grands. Plus que le repas, nostalgie oblige, ce fut surtout la décision qu’il prit qui nous laissa, Claire et moi, perplexes.



Que pouvais-je répondre à la femme qui avait été mon but durant des années ? Que je ne rêvais que de cela !



Cœur. Il venait de mettre le doigt sur le problème, en effet ! Deux cœurs battaient pour un, et un battait pour deux. Ce qui devait n’être qu’une aventure était devenu, les jours, puis les mois passant, une idylle. Tant et si bien qu’aujourd’hui nous en étions à liaison. Liaison à trois certes, mais au sein de laquelle chacun y trouvait sa place.


Jamais je n’avais imaginé qu’un jour je serais capable de partager la femme que j’aime avec un autre, pourtant ! Depuis que Claire m’avait invité chez eux, j’avais changé. Non seulement je n’étais pas jaloux, mais comble de tout, moi, cet égoïste qui n’avait vécu que pour lui-même, j’étais devenu partageur. Elle n’était pas mon épouse mais la sienne, du moins selon l’état civil, il n’était donc pas un concurrent. Tant s’en faut ! Pour autant, il nous proposait une sorte de pacte. Nous l’avions devant les yeux, nous l’avions lu, difficilement en ce qui me concerne, tant que ce que je déchiffrais me semblait irréel.



Pour être heureux, je l’étais. Et pas qu’un peu ! J’étais au paradis sur terre.



Nos deux voix, à Claire et moi, fusèrent en chœur. Preuve que, sans n’en avoir jamais parlé, l’idée avait germé chez chacun. Mais ce que nous ignorions, l’un comme l’autre, était que le mari puisse lui aussi y avoir pensé. Et nous prendre de court et de surprise, nous fit nous regarder étrangement.



On a trinqué, on s’est embrassés, puis on est montés. Ce fut la première fois que je passais la nuit entière avec eux. Évidemment, on a fait l’amour, mais pas plus follement qu’avant. En soi, ce n’était pas réellement une première ! Même si j’étais déjà parti au petit matin m’étant arrivé de somnoler, ce matin-là, en descendant déjeuner après avoir joui de si bonne heure avec Claire, j’avoue que d’avoir été si divinement sucé par Érika, qui attendait ma venue telle une promesse écrite, a redressé mon sexe déjà repu.

Dix fois je me suis retenu d’en parler avec Myriam. Je ressentais le besoin de lui dire, mais heureusement la raison l’a emporté sur l’envie. Plus que me libérer, je crois que me confier à elle aurait brisé notre complicité. Que trop je la sais toujours éprise de moi, et que trop elle me sait épris d’une autre ; pour autant, bien qu’elle s’en doute, lui confirmer que ma banquière et son mari étaient devenus plus qu’une relation professionnelle aurait été dévastateur. Alors je me suis plongé dans le boulot, un refuge qui calmait mon impatience de ne plus rentrer chez moi, mais chez eux. Enfin, chez nous maintenant.


Les débuts furent un peu hésitants. Pour Claire et moi, car pour Érika tout semblait si naturel que, petit à petit, chacun trouva ses marques. Jamais je n’avais imaginé que l’amour puisse à ce point emporter les préjugés ! Non que j’ignorais que certains trouvent leurs plaisirs sans en ressentir physiquement, mais depuis, chaque soir, je rentre sans traîner. Bien que je sache que le programme serait sensiblement toujours le même, à chaque fois que j’ouvre la porte je suis impatient. Impatient de m’asseoir dans le fauteuil qui est mien dorénavant. Impatient de boire ma vodka préférée. Impatient d’attendre le retour de Claire, confortablement assis à regarder Érika préparer le dîner, puis dresser la table.


Impatient qu’elle nous découvre, Érika à genoux, et moi verre en main. Impatient qu’elle admire la main de son mari aller et venir sur ma queue après s’être servi un whisky. Impatient qu’elle voie le bracelet rose que j’avais choisi pour elle briller sans pareil au poignet de son mari. Impatient de le regarder se délecter, lui aussi, d’un liquide certes concentré mais sans le moindre degré d’alcool. Impatient que l’on passe à table. Impatient que l’on se raconte nos journées. Impatient que l’on passe ensuite au salon. Impatient que son mari la lèche à en faire jouir celle avec qui je passerai la nuit. Impatient de me doucher le premier. Impatient d’attendre que la femme que j’aime me rejoigne au lit. Impatient qu’elle joigne sa langue à la mienne. Impatient qu’elle mêle sa langue à la sienne. Impatient qu’Érika colle sa langue à la mienne. Bref, impatient que nos langues passent d’un sexe à l’autre, indifféremment mais toujours aussi délicieusement que goulûment. Impatient d’honorer ensuite dignement celle qui fut durant tant d’années un simple fantasme, avant de devenir réalité. Et, j’avoue, impatient aussi d’honorer Érika, cet homme qui me faisait déjà envie en tant que mari, et qui depuis qu’il m’a légué une grande partie de son devoir marital afin de vivre pleinement son désir est devenu cette personne épanouie qui fait que ce ménage à trois n’est pas un simple trio sexuel, mais une triade à part entière.



Post scriptum


À la relecture de ce texte, un sentiment étrange, mais grandissant, jusqu’à devenir une envie inimaginable jusqu’alors me fait bander. Est-ce à Claire que je dois cette érection, à cette jadis inaccessible femme qui porte aujourd’hui deux alliances à son doigt depuis que nous nous sommes mariés à Las Vegas, même si cette seconde bague est purement symbolique ? En partie, oui… mais, pas que. Je la dois aussi, et j’en prends réellement conscience bien tardivement, à son mari, cette érection aussi puissante qu’involontaire. À cet homme/femme qui est plus que le complice de notre amour : c’en fut le déclencheur, sinon la cause.


De rival si je puis dire, bien qu’il ne le fut jamais, il m’a ouvert les yeux sur ce qu’est l’amour, le vrai. Si j’aimais déjà Claire depuis le premier regard, jamais je n’avais fait plus que provoquer les rencontres, et espérer, en silence.

J’ai beaucoup de défauts, mais je sais d’expérience que briser un couple juste pour conquérir une femme ne mène à rien ; aussi avais-je toujours été… comment dire… présent sans être pour autant entreprenant. Ces rencontres provoquées, sans prétextes valables certes, furent toujours cordiales, professionnelles et sans réelles autres intentions que simplement passer un bon moment en sa présence. Même si je l’avais cherchée, trouvée et conquise par tant de détermination, mon but n’était alors, et encore, que de la voir chaque trimestre. Si elle ne m’avait pas invité chez elle, je pense que je serais toujours ce célibataire endurci, passant ses journées plongé dans le boulot, et ses soirées à se branler en m’imaginant avec elle. Alors, c’est peu dire que la première fois que je lui fis l’amour j’étais sur un nuage, bien que je savais son mari dans la chambre voisine.


Au petit matin de cette première soirée chez eux je m’étais enfui tel un voleur. Non de biens, mais de plaisirs après avoir joui une troisième et dernière fois. Ensuite, durant une semaine je n’avais plus donné signe de vie. Je crevais d’envie de revoir Claire, mais j’étais paumé ; alors, comme toujours, je m’étais jeté à corps perdu dans le boulot.

À ma grande surprise ce fut Érika qui reprit contact, d’un mail, sans objet ni le moindre message, ne contenant que deux PDF en pièces jointes. Seule l’adresse de l’expéditeur me fit ouvrir les fichiers. Si le premier, nommé 《À ouvrir en premier》, était déjà surprenant bien qu’il ne contenait qu’une phrase, le second l’était bien plus encore !

C’était un jeudi soir, je m’en souviens comme si c’était hier. Tout comme les quatre mots qu’il m’avait envoyé : On vous attend impatiemment, ma réponse,J’arrive fut aussi laconique que l’invitation du second fichier était sans équivoque : deux bilans sanguins complets, négatifs de toutes maladies.


Depuis, pardon si j’exagère quelque peu mais c’est le sentiment que j’ai, je crois que je n’ai jamais plus eu les couilles pleines ! Que ce soit dans une bouche, un sexe ou un cul, j’ai véritablement l’impression d’avoir déversé des litres de plaisir !


Souvent, Claire aime toujours partager un peu d’intimité et de plaisirs en duo avec Érika. Si les premières fois je m’étais éclipsé, assez rapidement je me suis invité au spectacle. Non, invité n’est pas le mot puisque jamais ils ne m’ont évincé de cette inversion des rôles. Plus qu’être simple spectateur, j’ai toujours été fasciné de voir comment Érika recevait cette bite en miaulant, jusqu’à jouir sans autre besoin qu’être pris au gode ceinture. Puis, un soir, tandis qu’Érika suçait cette artificielle queue, cul relevé, une envie nouvelle germa en moi.


C’était la première fois que je doigtais un homme. Mon intention n’était alors que de préparer ce cul masculin à recevoir l’amour que son épouse lui porte, mais, excité et honoré d’apprendre par Claire que jamais personne, autre qu’elle évidemment, n’avait eu ce privilège, je l’ai enculé. Passé l’étonnement, et les premiers mouvements assez hésitants, encouragé par Érika qui gémissait, et Claire qui me conseillait, j’ai vite trouvé rythme et profondeur pour le plaisir de tous.


Depuis, nos ébats certes peu conventionnels ont encore évolué bien au-delà de mes espérances. Il m’aura fallu longtemps avant de comprendre qu’ils sont plus qu’un couple m’ayant offert une place dans leur lit. Si Claire avait déjà conquis mon cœur, et que, d’une certaine manière, j’avais ne serait-ce qu’un peu pénétré le sien, je me rends compte que j’ai fermé les yeux sur l’amour que me porte Érika. Je n’étais pas aveugle, mais je jouais l’autruche. Pas dupe, mais refusant de voir l’évidence, comme pour me convaincre qu’un homme, est-il plus féminin que nombre de femmes, n’est pas mon idéal, mon… attirance. Pourtant !

Même si c’est Claire qui m’a initié, sans honte ni retenue je peux affirmer aujourd’hui qu’en moi aussi sommeillait une part féminine.


C’était un soir comme beaucoup d’autres auparavant, un de ces soirs que Claire avait entre ses cuisses un sexe dressé et bien lubrifié. Érika avait déjà pris la pose, savourant l’attente en levrette, et cette vision me troubla comme jamais. Alors, plutôt que me placer devant et lui donner mon sexe à lécher, je l’imitai et lui léchai le cul. Jamais je ne m’étais jusqu’alors placé ainsi, les mains ouvrant un cul masculin or parfaitement lisse de tous poils. Je le connaissais pourtant, ce cul, pour l’avoir à de nombreuses reprises possédé, mais, était-ce la position ou une simplement une envie qui avait germé trop longuement avant qu’elle n’éclose enfin, que j’ai demandé à Érika de se mettre sur le dos. Pensaient-ils que j’allais l’enculer qu’ils ne furent pas déçus.


Claire me regarda durant plusieurs minutes sucer son mari tout en le doigtant, heureuse de me confier un rôle qu’elle aime toujours prendre de temps à autre, jusqu’à ce que mes mains quittent le corps que je cajolais. Sexe d’Érika toujours en bouche, je me suis laissé aller en avant, tandis que mes mains, telle une envie inavouée jusqu’alors, mettaient à découvert un lieu toujours vierge de la moindre attention. Elle n’hésita pas longuement.


D’un léger effleurement, sa langue me certifia qu’elle avait entendu mon désir. Elle me laissa quelques secondes afin de savourer, ou se convaincre peut-être qu’elle avait bien interprété ce que je lui offrais, puis elle repassa sa langue dessus, du bout d’abord, puis à plat ensuite, avant de me prendre d’un doigt. Ce doigt, je l’ai gobé aussi aisément que j’avais la bite d’Érika en bouche.


Ce fut à ce moment que j’ai repensé à ce qu’avait dit Claire lors de notre premier dîner : la nouveauté a toujours un attrait différent. Différent, et surtout agréablement plaisant, aurais-je dit si j’avais pu parler. Après un deuxième doigt, aussi délicat et tendre que le premier, dont j’ai savouré l’arrivée en gémissant et les mouvements en bavant, elle s’est mise à genoux et m’a lentement pénétré. J’ai senti chaque millimètre se frayer un passage. Je m’ouvrais à cette queue avec une telle facilité que Claire nous le fit remarquer :



Erika ne s’est pas fait prier pour la rejoindre, et regarder comment elle enculait un autre homme que lui. Ne lui aurait-elle pas laissé sa place que je l’aurais imploré. Ainsi jouîmes-nous : Érika au fond de mon cul, et moi affairé à faire hurler Claire en la suçant tout en étant branlé par cet homme, qui après avoir été d’une certaine manière ma seconde épouse, ce soir-là me baisait comme il aimait l’être.

Ainsi bouclait-il la boucle, et ainsi ai-je découvert que, chez moi aussi, la part féminine que tout à chacun a en lui n’est pas un ennemi mais un partenaire aux services de tous les plaisirs, fussent-ils insoupçonnés, insoupçonnables, ou pire, refoulés.


Si j’aimais déjà Claire en secret depuis toujours, c’est sans cachotterie que je lui dis maintenant tous les jours. Quant à Éric, si je n’ai pas encore le courage de lui avouer les sentiments que je lui porte, j’ai la faiblesse de croire qu’il a deviné que ce n’est pas qu’en Érika que je trouve, prouve et partage l’amour que je ressens pour lui lorsqu’il est en elle, ou qu’elle est en lui, ou qu’il ou elle est en moi.