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n° 20575Fiche technique28256 caractères28256
Temps de lecture estimé : 17 mn
11/11/21
Résumé:  Quatre femmes, quatre petits matins...
Critères:  fh couple inconnu copains amour caresses confession humour -rencontre -amouroman
Auteur : Mlle Fanchette  (Rêveuse sans prétention avec option Myosotis)            Envoi mini-message
Lendemains





Printemps



Je m’éveille tout en douceur dans la chaleur bienfaisante des draps. Je m’étire longuement dans la chiche lumière qui filtre à travers les persiennes. Dans l’air, une délicieuse odeur de café. J’entends quelques bruits étouffés dans la cuisine. Je me sens si légère et heureuse. N’ai-je jamais été si bien ?

J’enfouis mon nez dans l’oreiller pour respirer à pleins poumons le parfum d’homme qui l’imprègne. Ce mélange indescriptible d’after-shave ou de savon à barbe mêlé à l’odeur intime, mais pas agressive, de celui qui le porte… Aucune parfumerie au monde ne proposera jamais ce cocktail unique et envoûtant.


Par habitude, mes yeux dérivent vers le réveil.

9 h 01

Hou, la paresseuse ! D’un autre côté, j’ai envie de continuer à traîner au fond de mon lit… Je pourrais aussi aller retrouver mon amant. Hum, choix difficile !


J’ai passé une soirée et une nuit magiques ! Moi qui pensais que ça n’existait que dans les romances. Pourtant, j’ai l’impression délicieuse d’avoir touché le ciel et d’en avoir rapporté des fragments d’étoiles avec lui, grâce à lui.

Autant pour la règle du « jamais le premier soir ». Mais pour notre défense, votre Honneur, nous avions peut-être un peu bu, il est beau, il sent bon le sable chaud, semble si bien me comprendre, me correspondre… C’était lui et c’était moi, une évidence !

Jamais je n’ai discuté aussi librement et naturellement avec quelqu’un. Jamais je n’ai vécu pareille complicité, intimité. De la magie pure ! Vive les contes de fées !


Qu’importe si on me trouve naïve et sentimentale, je me sens si bien !

Me redressant dans le lit sans quitter la chaleur douillette de la couette, je lance un joyeux salut. Le bruit dans la cuisine s’interrompt pour laisser place à une voix profonde et chaleureuse comme de la guimauve dans un chocolat chaud :



Je ne peux pas m’empêcher de sourire béatement à cet échange d’une banalité confondante à travers les cloisons de mon petit appartement. Les bruits dans la cuisine ont repris, augurant une délicieuse surprise.



Sa question me fait l’effet d’une bourrasque sur un château de cartes. Retour sur Terre, merci pour la balade en nuage.

Seigneur, comment ai-je pu tout oublier à ce point ? Pas une fois dans la soirée, je n’ai parlé des enfants, je n’y ai même pas pensé. Il n’y avait que lui et moi ! Depuis huit ans que le grand est né, ça ne m’était jamais arrivé ! Mon Dieu ! Me voilà mère indigne !


Et lui, que va-t-il en penser ? À tous les coups, il va se croire piégé, trompé ! Et comment l’a-t-il su ?


Une tornade de questions tourbillonne dans ma tête, toutes écrasantes de doute et de culpabilité. L’oubli était une bénédiction temporaire, je me suis à nouveau senti femme avant tout, libre, désirable, vulnérable, confiante… Mais quel prix pour une nuit d’insouciance ?



Je le découvre là, sur le seuil, un plateau dans les mains, mais la panique m’empêche de voir plus loin. Les questions se bousculent et s’entrechoquent au bord de mes lèvres pour finir par sortir en flots confus, à l’image du cataclysme qui me submerge :



L’air soucieux, il pose le plateau joliment dressé sur la table de nuit et vient s’asseoir au coin du lit pour me prendre dans ses bras :



Il sourit en secouant la tête, rassurant. Je me sens lamentable et maladroite, pourtant, il reste là. Il ne semble avoir aucune intention de prendre la poudre d’escampette. Il se cale même le dos contre le mur en glissant ses jambes froides dans la chaleur du lit et attrape le plateau pour le mettre en travers de ses genoux.

Il commence à beurrer tranquillement une tartine.



La mine amusée, il se tourne vers moi, toutefois, ses yeux s’arrêtent sur le mur. Il se met à rire et je suis son regard, pour me mettre à pouffer à mon tour, plus détendue.





Été



Oh, la vache ! J’ai la bouche pâteuse et la tête lourde ce matin, c’est une horreur !

À plat ventre sur le matelas, empêtrée dans le drap, le nez encore profondément enfoui dans l’oreiller, je tends la main pour attraper ma bouteille d’eau à côté du lit. On est quel jour ? Dimanche ? Lundi ? J’en sais rien, je suis complètement paumée. J’ai l’impression d’oublier quelque chose. Et elle est où cette foutue bouteille ? Je continue à la chercher à tâtons, trop fatiguée pour ouvrir les yeux.


Attends… C’est pas ma table de nuit ça !


Zut !


Je suis où là ? Et je ne sais toujours pas le jour et l’heure !

J’ouvre un œil, le palpitant qui part au quart de tour. Un réveil, qui n’est pas le mien, m’annonce placidement qu’il est 10 h 16, aucun livre sur la table de nuit, mais une grosse lampe carrée design je ne sais quoi.


Et flûte !

Qu’est-ce que j’ai foutu hier soir ? Seigneur ! Et réfléchir avec la purée de pois que j’ai dans le crâne ce matin, ça tient du miracle.

Il faut que je me tire de là !

Attends… je suis toute seule ou pas ?


Un rapide coup d’œil me confirme que, quel que soit le mec avec qui j’ai dormi, il n’est plus là… à moins que ce ne soit une nana ? Non, j’ai quand même pas fait ça…


Calme-toi, réfléchis. Un problème à la fois.

Où sont mes fringues ?


Bon, la bonne nouvelle, je porte un T-shirt. La mauvaise, il n’est pas à moi.

Je me retourne sur le dos – de plus en plus anxieuse… – pour tomber nez à nez avec mon soutien-gorge qui pend d’un lustre en frisottis métalliques aussi design que la lampe de chevet.


Merde !


Comment est-il arrivé là ? Et qu’est-ce que j’ai fait du reste ? Qu’est-ce qu’il s’est passé cette nuit ? Le doute me prend alors que la panique commence à monter sérieusement : est-ce que je veux vraiment les réponses ?


Je me redresse un peu vite. Oh, super ! La tête qui tourne. Il me faut deux minutes pour restabiliser mon équilibre avant de me lever. Dieu merci, j’ai ma culotte sur les fesses, ça fait ça de moins à chercher… Mon chemisier est en boule à mes pieds, par-dessus ma jupe en accordéon sur mes sandalettes. J’attrape le tout pour m’habiller, malheureusement pour le petit haut en coton fin, c’est foutu ! Quelqu’un a dû perdre patience avec les boutons, parce qu’il est déchiré sur toute la hauteur.

Et merde ! Je vais donc rester avec le T-shirt de l’inconnu. Reste à attraper le soutif… Il a dû être envoyé avec enthousiasme pour que la bretelle se prenne comme ça dans le lustre, ou alors j’ai passé la nuit dans le lit d’un géant.


Bon, eh bien, à la guerre comme à la guerre, après un soupir, je me retrouve debout sur le lit, un bras en l’air, la main tendue vers l’extrémité pendante de mon horrible soutient gorge couleur chair. Mon Dieu, j’ai fini dans le lit de quelqu’un avec cette monstruosité. Ah, il est confortable et super discret sous les vêtements, je l’adore ce truc ! En revanche, avec un peu d’amour propre, c’est pas vraiment le genre de dessous que tu mets pour te faire déshabiller. Je comprends pourquoi je suis toute seule au réveil !


À la réflexion, je vais peut-être me pendre avec… Non, on va oublier : avec la chance que je semble avoir, je vais prendre le lustre et le plafond sur la tête, ce sera pire !


Je touche à peine ce crétin de soutif. Il ne voudrait pas me faire le plaisir de glisser gentiment ?

Quelqu’un frappe à la porte de la chambre.

De mieux en mieux !



Oh non ! Non, je refuse, je m’oppose, je ne suis pas d’accord !


Cette voix, je la connais. Je la connais très bien, même.

Je ne pouvais pas finir dans le lit d’un inconnu, comme tout le monde ! C’eût été trop simple ? Il fallait que je me tape mon meilleur pote ?

Et voilà qu’il rentre sans façon alors que j’ai encore le bras tendu vers mon abruti de soutif. Tout compte fait, je vais reconsidérer l’idée de me pendre…



Voilà qu’il se met à rire, en plus !

En souplesse, le plus naturellement du monde, il me pousse au bas du lit et prend ma place pour décrocher d’un coup de poignet la bretelle coincée dans la volute de métal.


Par pitié, que quelqu’un m’achève ! Si le sol pouvait s’ouvrir sous mes pieds, là, maintenant, tout de suite, ça m’arrangerait… à défaut, je peux accepter toutes les catastrophes naturelles possibles et imaginables, tant que je disparais…



Après avoir rangé dans une poche mon soutient-gorge, je le suis dans la cuisine, mortifiée et anxieuse à essayer péniblement de réunir mes souvenirs épars. Lui, il est tout guilleret, il sifflote tranquillement, m’interrogeant avec bonne humeur sur ce qui m’intéresserait pour mon petit-déj’.


Parmi toutes leurs collections de pilules du lendemain, ils n’en ont pas une qui fait tout oublier, même le fait d’avoir oublié quelque chose ? Ou mieux, une pilule de retour en arrière ! Ce serait bien ça !


Je m’installe à table en me frottant la figure dans l’espoir utopique de soulager ma tête brumeuse et de me réveiller complètement. J’essaie de me détendre dans l’odeur réconfortante du café et du beurre fondu, malheureusement, j’en suis incapable. Il va falloir que je pose des questions pour savoir, je n’ai pas le choix. Prenant mon courage à deux mains, le nez dans un verre de jus de fruits pour masquer ma gêne, je me lance :



Il éclate de rire avec franchise en sucrant le pain perdu.



Et merde ! Lui, ça a l’air de beaucoup l’amuser, mais je ne sais plus où me mettre.



Mais où est-ce qu’il trouve l’énergie pour se moquer de moi dans un moment pareil ? Et il est frais comme un gardon, le bougre !

Je digère les informations en sirotant mon jus pendant qu’il mange, frais et dispos. Il reste encore une question à éclaircir avant d’envisager de l’étriper pour ses taquineries.



Il lève un sourcil interrogateur, prend le temps de mastiquer lentement sa bouchée avant de boire un long trait de café, le regard pétillant. Il repose ensuite tranquillement sa tasse, en gardant le silence. Il va m’achever !



« Je le tue tout de suite, ou je bois un petit café d’abord ? »* Il ne va pas me faciliter les choses, l’animal !



Un nouveau silence pendant qu’il continue paisiblement son repas, un petit sourire au coin des lèvres. C’était une question rhétorique, accouche, par pitié ! Il ne va pas m’obliger à le supplier quand même ? Il est au bord du fou rire, cet enfoiré !



C’est décidé ! Soit je me pends, soit je l’étripe !



*« Les barbouzes », dialogues de M. Audiard




Automne



Quelle nuit !


Nous l’attendions depuis si longtemps, c’était juste merveilleux !

Je me retourne dans les draps, mais la place près de moi est aussi vide que froide. J’ai beau me raisonner, je sens déjà la mélancolie monter. Allons, il est sans doute dans la pièce voisine… Seul le silence répond à mon appel.


Était-ce trop beau pour être vrai ? L’ai-je déçu ? Tant d’heures passées à discuter par message, puis par téléphone, et enfin en vrai ; tant de sorties sympas, de discussions sérieuses ou futiles ; tant de chemin avant le Grand Soir pour que ça se termine ainsi ? Au petit matin, il n’est plus là…


L’ironie, c’est que nous étions chez lui. Il a déserté son propre lit !


Ça fait mal quand on est amoureuse de s’éveiller avec la solitude.

Et les questions nombreuses, incessantes, oppressantes… Ai-je fait quelque chose de mal ? Pourtant, il a eu l’air d’apprécier autant que moi… Était-ce prévu ainsi pour lui ? Je le vois mal partir après avoir obtenu ce qu’il voulait. On ne se donne pas tant de mal pour un coup d’un soir. Quoi d’autre ? Lui ai-je fait peur ? Je l’ai choqué peut-être ? …


Allons, debout ma grande, ça ne t’avancera à rien si tu te mets en plus à pleurer dans son lit. Et puis, en bougeant, tu troubleras le silence, en t’activant, tu oublieras son absence. C’est fou les mensonges qu’on se raconte à soi-même quand tout s’écroule et qu’on refuse de s’effondrer.


À tâtons, je retrouve l’interrupteur de la lampe de chevet et me mets en quête de mes vêtements en ravalant la boule douloureuse qui me serre la gorge. J’ouvre le lit, j’ouvre la fenêtre et les volets, j’aère, je libère les souvenirs de la nuit… S’il n’a pas pris la peine de dire au revoir, autant effacer toutes les traces de ce que nous avons partagé. S’il disparaît ainsi, je préfère qu’il ne garde même pas mon parfum.


L’air frais chargé d’humidité envahit la chambre, chassant le peu qu’il restait de chaleur sur ma peau. Je m’active pour ne pas penser… Tristesse et déception attendront le refuge de mon antre à moi et le réconfort d’un paquet de bonbons devant une comédie à deux sous. Là, dans la chaleur de mon plaid, je pourrai flancher.


Les minutes s’égrainent lentement, je referme la fenêtre puis refais le lit, ramasse mes chaussures pour les enfiler avant de m’aventurer dans le séjour après avoir pris soin de ne rien laisser derrière moi.

Mon sac est sur la table, à côté d’un pot de café, de quelques sachets de thé et d’une boîte de céréales. En évidence devant, un papier et une paire de clés sur un anneau. Je tempère l’espoir qui vient de m’exploser dans la tête et attrape le mot d’une main incertaine.


Ma sirène,

J’ai dû partir travailler même si j’aurais mieux aimé rester contre toi. Tu dormais si bien, la joue posée sur mon cœur.

Je t’ai sorti le petit déjeuner. Sers-toi comme tu veux, fouille les placards s’il manque quelque chose, fais comme chez toi.

À ce propos, je te laisse les clés. Emporte-les, utilise-les quand tu voudras, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, elles sont à toi.

Je t’appelle à la pause au boulot.

Je t’aime

Franck.


Ce que je peux être bête !

Je sers le papier contre moi en riant comme une idiote. Les larmes que j’avais retenues dans la peine se libèrent. J’ai le cœur gonflé, léger. Si un voisin espionne par la fenêtre, il va me prendre pour une folle à danser en gloussant chez mon mec.


Mon mec, mon homme, mon amoureux ! Je pose un regard neuf sur l’appartement en l’imaginant dans sa vie courante. Là, dans le canapé à regarder un film ; là, à faire sa vaisselle en ronchonnant quand il met de l’eau hors de l’évier ; assis là, à la table pour rédiger son petit mot… Et où s’installe-t-il quand on s’appelle ? Je l’imagine déambulant en chaussette sur le parquet vitrifié. Tous ces détails du quotidien sont soudain d’une importance capitale, plus rien d’autre ne compte vraiment.

Je suis si simplement heureuse et soulagée ! Et ce cadeau ! N’est-ce pas le plus beau qu’il pouvait me faire ? J’aimerais lui offrir quelque chose à mon tour, mais quoi ? Je n’ai pour l’instant qu’un seul jeu de clés… Je grignote en réfléchissant à cette question essentielle parce qu’elle est futile.


Finalement, j’ai trouvé ! Et au moment où je ferme la porte derrière moi, je ne peux m’empêcher de sourire en imaginant sa tête lorsqu’il trouvera mon soutient-gorge en dentelle sur l’accoudoir du canapé.




Hiver



Hum. Je me sens bien. Au chaud. À l’abri.


Un bras délicieusement possessif et protecteur est passé autour de ma taille, la main enveloppant le plus naturellement du monde, la rondeur de mon sein gauche.

J’enlace mes doigts aux siens en me calant le dos contre lui avec délice.



Je ris doucement en laissant les brumes du sommeil se dissiper lentement tandis que remontent les souvenirs d’hier soir. Il a sorti le grand jeu : fleurs livrées chez moi ; dîner en tête à tête dans la lumière tamisée des chandelles ; massage au coin du feu… Une soirée divine !


Pourtant, quelque chose me turlupine… Très franchement, c’est honteux de l’admettre, malheureusement, après le massage, nos ébats n’ont pas dû être impérissables parce que je n’en garde pas le souvenir. Flûte, ça ne fait pas sérieux quand même ! Surtout avec l’homme de ma vie ! Pour moi, c’est déjà frustrant, mais pour lui, c’est au mieux vexant, au pire, insultant.


Zut ! Je peux parler du repas fin et léger, de nos discussions à bâtons rompus. Je peux décrire comment, après le dessert, nous nous sommes déshabillés sur le tapis moelleux et épais. Je peux disserter sur les baisers tendres et brûlants, sur la cire chaude de massage qui roule sur mon dos et fond sous ses doigts, sur la douceur avec laquelle ses mains se sont emparées de moi, sur l’abandon merveilleux de mon propre corps… mais après, néant !


Avouez que c’est rageant !


Je l’entends rire doucement contre mon oreille, en enfouissant son nez dans mes cheveux épars.



Il écope d’un coup de hanche en représailles, ce qui le fait rire alors qu’il resserre ses bras autour de moi comme un chat qui s’étire dans son sommeil. En me recalant contre lui, je sens la preuve qu’il est pourtant très bien réveillé, ce qui me fait sourire.

Mais ça ne résout pas mon problème ! Ce qui fait que je ne peux pas profiter de l’instant. Je ne veux pas le blesser en lui avouant que je n’ai pas de souvenirs de nos exploits, toutefois, lui mentir est impensable… Grand Dieu, même dans une situation de rêve, je réussis à me retrouver face à un problème cornélien. Un jour, j’apprendrai la simplicité, promis !



Je sursaute ! Comment a-t-il deviné ? Je n’ai encore rien dit. En me réinstallant, je grimace malgré moi et avoue du bout des lèvres :



Il rit encore en se redressant sur le coude pour chercher mon regard, une lueur amusée au fond des yeux.



Super ! J’ai manqué la nuit du siècle avec l’homme idéal ! Je me sens rougir, confuse. Tout en continuant ses caresses sur mon ventre, ma poitrine, il reprend de sa voix grave et profonde qui me fait vibrer :



Joignant le geste à la parole, il roule au-dessus de moi et cueille mon souffle d’un baiser fiévreux et tendre à la fois. Conquérant, il m’envahit pour mon plus grand bonheur. Les brumes du sommeil ne sont plus qu’un lointain souvenir alors qu’il réveille en moi les braises ardentes. Comment un simple baiser peut-il être aussi puissant ?



Dans un souci de réalisme, il fait courir sa bouche et sa langue sur la peau fine derrière mon oreille, puis il descend patiemment le long de ma gorge. Sans cesser de disserter sur ses plans, il poursuit son exploration minutieuse de mon corps de la tête aux pieds, les mains se joignant bien vite à la danse pour attiser le feu qui couve dans le secret de mon ventre. Je devine son plaisir dans la façon dont sa voix devient légèrement plus rauque, créant une résonance particulière en moi. Seigneur, que j’aime cette voix de plus en plus envoûtante !


Ses doigts remontent le long de mes cuisses et se posent enfin là où je rêvais plus que tout de les sentir. Sa bouche revient prendre possession de la mienne avec ardeur, mais je ne me laisse pas piller sans rien dire. Je réponds avec avidité.

N’en pouvant plus d’écouter sans réagir, je noue mes mains derrière sa nuque pour approfondir encore ce baiser, pour le sentir plus près, pour prendre part à ce jeu vieux comme le monde.


Il redresse la tête en se mordant la lèvre inférieure dans un gémissement lorsque je commence à l’explorer à mon tour à pleine paume.



Sagement, je me plie à sa volonté et laisse parler mon instinct, mes envies jusqu’à marier nos chants de plaisirs amoureux, là où les sensations comme les corps se fondent et se confondent, au-delà des mots et de la raison.


Un moment plus tard, flanc contre flanc, nous reprenons notre souffle en essayant de réunir les morceaux de nous-mêmes encore éparpillés dans les étoiles. Un léger rire me prend et je viens me blottir contre sa poitrine, la tête sur son cœur que je sens battre puissamment.



Je le sens se gonfler d’orgueil viril tandis que je regrette en moi-même de ne pas me souvenir de la première. La question me monte d’ailleurs aux lèvres :



Il rit en me caressant le dos d’une main paresseuse et finit par m’annoncer avec emphase :