n° 20652 | Fiche technique | 70287 caractères | 70287Temps de lecture estimé : 40 mn | 20/12/21 |
Résumé: Des garnements qui pataugent dans l’étang, il n’en faut pas plus pour que l’institutrice du bourg voisin lui tombe dans les bras. | ||||
Critères: fh hplusag campagne fellation cunnilingu pénétratio fsodo jeu | ||||
Auteur : Roy Suffer (Vieil épicurien) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Chalet Chapitre 02 / 02 | FIN de la série |
Résumé de l’épisode précédent :
Jérôme a quitté la RP pour s'installer en Vivarais dans un chalet qu'il a fait rénover. Responsable d'équipe en télétravail, il a noué une relation amoureuse avec l'une de ses collègues. Mais cette relation tourne court…
Lundi d’avril, il commence à faire vraiment bon au soleil. Beaucoup d’entreprises étant fermées le lundi, les commerces notamment, c’est pour nous un jour calme que tout le monde met à profit pour se remettre à niveau, combler des retards, anticiper, mais tous sont connectés sans manifester de problèmes particuliers. J’en profite pour me vautrer sur un transat à côté de mon bureau, sur le balcon du chalet. Bien au sud et à l’abri du vent, je me suis mis en maillot et lunettes de soleil pour goûter ces premiers vrais rayons de l’année. Elle rate quelque chose ma petite brunette, mais elle n’aurait de toute façon pas pu être là aujourd’hui. Je repense à elle avec une certaine émotion, elle m’a donné tant de plaisir… Pourquoi ne souhaité-je pas m’attacher ? N’ai-je pas raté quelque chose de bien ? Finalement non, elle a deux jeunes enfants et je n’ai pas envie d’entendre des cris autour de moi, fussent-ils de joie, ni être obligé de répéter sans cesse « fais pas ci, fais pas ça », et m’entendre répondre : « tais-toi, t’es pas mon père ». Que peut-on réellement faire ou dire avec des enfants qui ne sont pas les siens… ?
Outre la question des enfants, je crois, aussi et surtout, que je ne suis pas prêt à m’attacher de nouveau à quelqu’un. J’ai besoin, certes et comme tout un chacun, d’avoir une vie sexuelle, mais je n’ai pas envie d’une nouvelle histoire d’amour. Quand on est libre, on peut « papillonner », même si je n’apprécie pas trop, ayant toujours l’impression de me servir ou de profiter de quelqu’un. Alors qu’engagé dans une vraie relation de couple, tout cela me deviendrait interdit, ne serait-ce que pour respecter l’engagement contracté, car je trouve qu’il n’y a rien de pire que de trahir, si ce n’est être trahi. C’est un manque total de respect de l’autre, mais aussi de soi-même, une sorte de malhonnêteté intellectuelle.
J’en suis là de mes réflexions, les yeux fermés, au bord de la sieste, quand justement me parviennent des cris et des rires d’enfants. Je jette un coup d’œil alentour et aperçois des silhouettes au bord du lac, se découpant sur les reflets du soleil dans l’eau. Diable ! Vite, les jumelles pour apercevoir nettement au moins quatre enfants, les sapins m’empêchant de voir plus large, qui pataugent. L’un frappe l’eau avec un bâton au niveau des roseaux, là où les grenouilles pondent à cette époque, un autre pantalon relevé et dans l’eau jusqu’aux mollets ramasse des choses qu’il met dans un sac plastique, et les deux autres lancent des cailloux dans l’eau en hurlant. Mon sang ne fait qu’un tour : le temps d’enfiler un jogging et des tennis et je dévale la pente vers le lac. Ils entendent parler du pays et je leur fais passer les barbelés dans l’autre sens manu militari. Je m’aperçois alors qu’ils appartiennent à un groupe qui est assis en rond un peu plus loin, et une silhouette féminine attirée par mon coup de gueule vient dans ma direction. Il s’agit en fait d’une classe du village voisin en sortie « biologie » et la maîtresse s’adresse à moi :
Les gamins poussent des cris en se reculant, leur maîtresse rit. C’est une grande fille jeune et blonde, assez baraquée, ou du moins à l’allure sportive, plutôt agréable à regarder. Elle est vêtue d’un sweat-shirt échancré bleu foncé et d’une jupe longue à grands carreaux de plusieurs bleus, des escarpins sans talons, une belle fille en somme, ce qui est plutôt rare dans le hameau. Elle reprend en aparté :
Elle me suit et nous passons non pas sous les barbelés comme les enfants mais par une sorte de double escabeau de bois placé de part et d’autre de la clôture, au bord de l’eau, pour permettre le passage d’éventuels pêcheurs. Elle doit ramasser les plis de sa grande jupe et la soulever, ce qui me permet d’admirer ses jambes longues et fuselées tandis que je lui tiens l’autre main. Nous remontons le pré jusqu’à la ligne des sapins, et la maison lui apparaît en contre-plongée.
Eh bien, pensé-je en la voyant dévaler le champ à grandes enjambées, voilà quatre petits crétins auxquels je devrais acheter des sucettes !
Le mercredi vers quinze heures, j’entends frapper à la porte sans bruit de moteur au préalable. C’est elle, mais elle n’a pas trouvé le chemin, alors elle est repassée à pied par le lac et le champ.
Je refais donc une visite, l’extérieur d’abord tant qu’il fait beau et chaud, puis l’intérieur. Je lui fais un cours sur l’habitat de montagne, un autre sur l’inertie et l’isolation, les énergies renouvelables, le puits canadien, le poêle de masse. Elle découvre tout cela avec intérêt et pose des questions pertinentes. Nous nous installons dans le salon rond pour prendre un café et poursuivre la discussion. Elle quitte son blouson court, découvrant un petit débardeur moulant, noir avec de grandes fleurs colorées et bordé de rose comme les fines bretelles qui dénudent ses épaules, un jeans étroit qui dessine parfaitement ses longues jambes et ses fesses rondes. En revanche, comme je vois nettement la pointe de ses seins sous le débardeur, je me dis qu’elle ferait mieux de porter un soutien-gorge parce que sa poitrine semble tomber un brin, ce qui est regrettable à son âge. Elle me demande ce que je fais comme activité, je lui explique donc aussi ce qu’est le télétravail, un peu chaviré par la vue de ses épaules nues, partie du corps féminin à laquelle je suis très sensible.
Bon, elle n’est pas parfaite, son utilisation excessive du mot « super » m’agace un peu, son nez est un peu long, mais c’est vraiment un beau brin de fille, très naturelle et très sympathique. J’aime bien le petit chuintement qu’elle émet en prononçant les « J » de sa voix profonde, qui s’éclaircit en prenant de la puissance : ce n’est pas un zézaiement, loin de là, plutôt un délicat mélange entre « J » et « Y », un petit dérapage charmant. Elle me redemande sans façon une autre tasse de café qu’elle trouve « super bon », puis veut prendre congé pour ne pas abuser de mon temps. Je lui propose de la raccompagner en passant par le bon chemin qu’ainsi elle connaîtra, et nous descendons jusqu’au hameau par le chemin. La vieille dame du café est sur le pas de sa porte, j’insiste pour qu’elle goûte à sa spécialité, la « champagnée ».
Elle s’accroche un peu à la table pour finir son verre. J’en profite pour demander à ma vieille copine de nous montrer comment elle file la laine. La vieille dame est ravie de s’exécuter, l’institutrice n’en revient pas.
Puis nous poursuivons jusqu’à sa voiture abandonnée près du lac. Elle me dit avoir passé une « super journée », me remercie chaleureusement en me faisant deux bises très agréables en disant :
Elle démarre avec un grand sourire, je remonte par le champ en contournant le lac.
J’ai mis à profit ces quinze jours pour préparer un joli petit PowerPoint traitant une à une toutes les thématiques avec photos, schémas et animations, ainsi qu’un petit dossier par élève. J’ai également emprunté à un Centre Permanent d’Initiation à l’Environnement (CPIE) une grande maquette représentant un décor style train électrique, avec un barrage et sa turbine, une maison avec un capteur solaire, une éolienne, et bien sûr des petites LED qui s’allument quand on souffle sur l’éolienne, quand on approche une torche au-dessus de la maison ou quand on met un verre d’eau dans le barrage. La séance se passe merveilleusement bien, les enfants sont passionnés et moi je suis assez fasciné par leur jolie institutrice qui les canalise fort bien, tout en douceur et en grande complicité avec moi. Elle m’invite ensuite chez elle à boire un café, et nous croisons sur le palier son collègue, un jeune type un peu rond et déjà dégarni, très sympathique, qui me présente son épouse et leur nouveau-né. Nous prenons finalement ce café tous les quatre, j’aurais préféré un peu plus d’intimité. Mais le couple part vite et, pour me remercier, Christine (c’est son prénom) tient à me garder à dîner. Elle me parle avec volubilité de son pays, Le Puy-en-Velay, qu’elle regrette beaucoup et où elle souhaite retourner le plus vite possible quand l’opportunité d’une mutation se présentera. Elle poursuit sur les détails techniques d’ineat-exeat à cause du changement de département, des procédures qui me paraissent compliquées mais reflètent bien le fonctionnement de l’Éducation Nationale : pourquoi faire simple ? Vers vingt-trois heures, jugeant qu’il est temps de me retirer puisque nous en sommes malheureusement toujours à des conversations d’ordre général, je prends congé en lui faisant deux bises. Au moment de franchir la porte, cependant, elle la repousse d’une main, m’attrape par le bras de l’autre et colle sa bouche sur la mienne. Nous avons le long et fougueux baiser dont nous avions envie l’un et l’autre depuis un bon moment. Et puis elle s’écarte doucement, ouvre la porte et me pousse vers l’extérieur sans un mot. Bizarre cette fille, mais bon, elle travaille le lendemain, ça peut se comprendre.
Le vendredi suivant, vers cinq heures, elle m’appelle :
Elle raccroche, au moins ce n’est pas une adepte du détail. Moins de trois quarts d’heure plus tard, sa petite Ford rouge s’arrête devant ma porte. Elle en descend élégamment vêtue d’une longue cape noire qui met en valeur la blondeur de ses cheveux, et de bottines de cuir souple sans talons. On dirait un personnage de conte de fées.
J’enfile un coupe-vent et nous dévalons le champ jusqu’au bord de l’eau, à cette heure exquise où la nature s’apaise. Il fait encore jour, mais le soleil s’est caché derrière les collines, et déjà de petites volutes de brume flottent au-dessus de l’eau. Nous entamons le tour du plan d’eau, une poule d’eau s’enfuit à notre approche, un grèbe poursuit tranquillement ses plongeons pour assurer son dîner. La fraîcheur tombe vite et elle relève sa capuche qui lui donne soudain une allure encore plus éthérée et féerique. Sous le charme, j’arrête notre progression et l’attire contre moi. Elle me laisse l’embrasser goulûment et voluptueusement. Mes mains s’égarent sur les boutons de sa cape qui s’entrouvre : elle est… totalement nue au-dessous. Quel délice ! Mais elle pose ses deux mains sur mes épaules et me regarde fixement, pâle et soudain grave :
Phrase lapidaire s’il en est, à laquelle je ne sais que répondre… Vraiment bizarre cette fille, mais d’autant plus intéressante. La température extérieure ne permet pas d’aller plus loin sans lui faire attraper la mort, nous rentrons donc tranquillement en nous tenant par la main. Dès le sas d’entrée, elle pose ses bottines puis, la porte du living franchie, fait voler sa cape jusqu’à un fauteuil, évoluant dorénavant dans la plus intégrale nudité. Peu lui importe que les volets soient ou non fermés. Indécence, provocation, jeu, orgueil démesuré, adepte du naturisme ? Je ne sais réellement qu’en penser, et me résous simplement à profiter du spectacle. Longue silhouette, taille marquée, jambes longues, musclées et fuselées, hanches et épaules de même largeur, et poitrine, que j’avais soupçonnée de tomber, parfaitement drue mais implantée assez bas sur le torse. Un régal pour les yeux. Je décide de faire comme si de rien était, et me dirige vers la cuisine préparer un dîner simple, omelette et salade, en bandant comme un forcené. Elle vient me rejoindre, regardant ce que je fais par-dessus mon épaule, goûtant le vin que je viens d’ouvrir et qu’elle apprécie tant qu’il faut rapidement ouvrir une seconde bouteille. Pendant le repas, je regrette amèrement de ne pas avoir une de ces tables modernes aux plateaux de verre transparent. Puis, repus, nous prenons un café au salon, accompagnés par quelques portées de Satie, lorsque mon téléphone sonne ; un de mes télétravailleurs qui a un problème technique. Je m’éloigne donc un peu et profite de cette conversation pour débarrasser la table. À un moment, Christine disparaît, et je suppose qu’elle va aux toilettes. Je termine à la fois mon coup de fil et de débarrasser puis, ne la voyant pas revenir, je me décide à monter à l’étage.
Je la trouve nonchalamment étendue sur le lit grand ouvert, son long corps d’une blancheur éclatante reposant sur l’écrin vert émeraude des draps. Étendue sur le côté, une jambe repliée sur l’autre dégageant une vulve charnue et couverte de duvet doré, la taille encore plus creusée par cette position, un sein reposant sur la toile de coton, l’autre pointant en l’air, en appui sur un coude elle m’attend tranquillement, offerte. Elle me regarde, amusée, me dévêtir sans que mes yeux hypnotisés ne quittent d’une seconde ses formes harmonieuses. La ceinture élastique de mon slip accroche mon sexe dressé qui vient fouetter mon ventre, puis j’avance doucement pour caresser cette sculpture vivante posée sur ma couche. Elle se laisse faire sans bouger, accueillant mes mains et ma bouche avec autant de bienveillance que de détachement. Elle ne bronche pas non plus quand je me mets à califourchon sur sa jambe restée tendue et que j’amène mon sexe à la hauteur de cette vulve dont j’ai pu tâter l’intense humidité. Dès lors que mon sexe la pénètre, une furie se déclenche. Elle aime faire l’amour, elle aime jouir, et elle se donne de toutes les façons comme une folle et sans prononcer une parole, n’émettant que des râles de plaisir jusqu’à deux heures du matin.
Épuisé mais ravi, je m’endors lourdement contre elle, ne me réveillant que vers neuf heures. Je sors du lit délicatement, la laissant dormir, puis vaque à quelques tâches ménagères, rallumant au passage une flambée : les petits matins sont encore frais avant l’arrivée du soleil. Vers dix heures trente, elle descend silencieusement sur ses pieds nus, m’offre un gros baiser passionné, prend une tasse de café et sort la boire sur la terrasse en fumant sa première cigarette dans le plus simple appareil. C’est simple, elle ne s’habille pas du week-end. Dire que c’est excitant est faible, surtout quand la dame est très bien faite comme c’est le cas, et elle ne perd pas une occasion, dès que mes forces sont reconstituées, de se donner dans un incroyable délire érotique. Une prêtresse de la jouissance, et c’est délicieux.
Elle tient à partir le dimanche soir, malgré la proximité de l’école, à peine douze kilomètres, pour préparer ses cours et être prête et sur place dès le lundi matin. Mais elle revient le mardi soir, puis le vendredi soir et ainsi de suite jusqu’à fin juin, à l’exception des vacances qu’elle passe dans sa famille dans sa chère ville du Puy. Nous sortons aussi assez fréquemment, écumant les bons restaurants du secteur. Un mardi soir, je l’emmène dans une petite auberge près des ruines d’une citadelle surplombant Valence côté ardéchois, Crussol. En arrivant au bout de l’étroite route escarpée, pas une voiture, au point que je crains un instant que l’établissement ne soit fermé. C’est vrai qu’il pleut, mais nous dînons seuls toute la soirée. Je lui glisse fièrement :
Nous éclatons de rire, pensant à la tête du patron-cuisinier serveur très typé Ardéchois bon teint. Mais elle ne s’en tient pas là. Posant sa ballerine, elle tend la jambe sous la table et se met à me caresser le sexe de son pied nu, à travers le pantalon. Pendant qu’elle engloutit goulûment et sans sourciller le pantagruélique menu ardéchois, elle me jette quelques œillades, guettant mes réactions. Je suis au bord de l’explosion et je ne trouve qu’un moyen de calmer ses ardeurs, la chatouiller sous le pied. À un moment, elle le retire si fort que son genou manque de peu de renverser la table. Encore une occasion de fou rire. Le plat terminé, elle se lève et se dirige vers la porte des toilettes toute proche. La main sur la poignée, elle me fait signe :
Je me lève aussi, après tout, pourquoi pas… Sitôt enfermés elle se tourne, lève sa jupe et baisse sa culotte jusqu’aux genoux. Ses cuisses sont déjà trempées de la cyprine sourdant à flot continu de sa petite chatte excitée. Je la prends ainsi, debout dans les toilettes, elle, mordant son index pour ne pas crier. Furieusement excité par ses caresses et l’incongruité de la situation, je ne tarde pas à éjaculer en elle à gros jets tandis que les soubresauts de l’orgasme la disloquent. Haletant, je range mon engin et me recompose une apparence à peu près correcte, tandis qu’elle plonge un doigt dans son sexe, le sortant plein de jus mêlés et elle le suce en déclarant gourmande :
Elle rit à nouveau, remonte sa culotte et nous sortons sous l’œil inquisiteur de l’Ardéchois. En retraversant Valence, une affiche lui saute aux yeux : un cinéma diffuse « The Million Dollar Hotel » de Wim Wenders, son cinéaste préféré. Nous nous arrêtons, une séance vient de débuter, le temps de la pub nous n’aurons rien raté. Pas trop fan de Wenders, la présence de Mel Gibson me rassure. Placés au fond de la petite salle parce qu’arrivés en retard, seuls sur quelques rangées, elle poursuit son opération d’excitation en me branlant distraitement tout le long du film, la main dans ma braguette ouverte. Je pourrai revoir le film sans problème, je n’en ai pas vu grand-chose. En sortant, je lui dis :
Elle pousse ses hurlements jusqu’à la voiture en tournoyant sur elle-même et en s’appuyant alternativement sur ses jambes raidies comme un culbuto ou un pantin. Inutile de dire que les gens sortant du cinéma regardent cela d’un air ahuri et perplexe, tandis que quelques sifflets fusent. Dans le calme de l’habitacle, elle conclut :
J’avais déjà entendu cela avant que le pire n’arrive. Mais le pire met du temps à arriver et notre histoire se poursuit dans un bonheur sans mélange jusqu’aux vacances à ce rythme, puis tout le mois de juillet en complète vie commune. Je continue de travailler mais relativement en dilettante puisque tout va plutôt bien. Un jour pourtant, je dois intervenir relativement loin chez une employée qui a un virus informatique et n’arrive pas à s’en débarrasser. Au vu du virus que je détecte, je la soupçonne, elle ou son mari, d’avoir visité quelques sites pornographiques, endroit idéal pour se faire infecter. Une fois la machine nettoyée, je lui implante un antivirus puissant qui refuse aussi tout accès à des sites suspects, en lui précisant bien que le matériel fourni est fait pour travailler, pas pour s’amuser. Mais bien sûr, elle fait mine de ne pas comprendre ce que je veux dire… Je rentre le soir dans une maison silencieuse que seuls les derniers rayons du soleil couchant éclairent. Pas un bruit, pas âme qui vive en apparence. Mais je trouve sa paire de chaussures au pied de l’escalier et, levant la tête, son pantalon sur les marches, puis son débardeur, puis son soutien-gorge et enfin sa culotte sur le palier.
Nous faisons l’amour jusqu’à minuit, heure idéale pour réveillonner. Un dimanche nous allons dans une foire aux produits bios, car elle ne jure que par ça. Je n’y trouve rien à redire mais trouve excessif que les produits classiques provoquent chez elle de vives réactions d’aversion, jusqu’aux médicaments qu’elle refuse à moins d’être vraiment bien malade. À l’évidence, ce n’est pas elle qui ruine la Sécu. Sur ce marché donc, elle trouve quelques bricoles à acheter et nous passons devant un orgue de barbarie qui se met à jouer « Mon amant de Saint-Jean ». J’entonne alors les paroles d’une voix puissante, elle m’accompagne, d’autres gens aussi et nous esquissons quelques pas de valse. L’animateur de l’orgue en costume traditionnel est ravi. À la fin du morceau, les gens applaudissent pendant que nous nous embrassons publiquement à pleine bouche. Au retour, cette séance publique l’a rendue comme folle, et elle se jette sur moi dès la porte franchie, arrachant nos vêtements pour une séance de sexe totalement délirante. Elle hurle son plaisir à pleins poumons et je me réjouis encore de ne pas habiter en appartement. C’est sûrement ce que la vox populi attendait pour nous cataloguer en tant que couple, puisque peu après la tenancière du café me dit en confidence :
Mais je la laisse là avec ses souvenirs de jeunesse, n’ayant pas du tout envie d’entendre ses exploits érotiques, moi qui ne l’ai connue que toute jaune et fripée comme une vieille pomme de reinette.
La fête de la musique est également une soirée mémorable où nous allons d’animation en animation, chantant, buvant et dansant, jusqu’à finir dans une guinguette de jazz au bord du Rhône. Vers deux heures du matin, au moment de rentrer, elle s’aperçoit ne plus avoir d’essence dans sa « griotte », c’est ainsi qu’elle appelle sa petite Ford rouge. Elle s’arrête dans une station de supermarché complètement déserte pour faire le plein et remonte. Mais au lieu de mettre le contact, là, sous les néons crus de la station, elle se penche soudain sur moi, défait mon pantalon et me gratifie d’une pipe magistrale. Elle suce merveilleusement bien, surtout ce soir-là à cause peut-être de l’alcool, sa langue agile vrille délicieusement ma queue, fouette mon méat, sa bouche s’enfonce sur mon pieu jusqu’à la gorge tandis que ses doigts pressent ma hampe et pétrissent doucement mes bourses. Je me laisse faire, prenant tout ce plaisir offert et comprenant bien que les situations les plus risquées sont pour elle le meilleur des excitants. Je jouis dans sa bouche toutes les réserves accumulées par ces heures passées dans ces différents lieux, où tant de fois ses attitudes, ses gestes ou ses paroles m’avaient donné envie d’elle. Elle se relève, se rengorge pour tout avaler avec délectation, puis démarre en déclarant satisfaite :
C’est une chose qu’elle pratique assez souvent et qu’elle doit bien aimer. Je me souviens d’un soir où nous revenions d’un concert et nous traversions un parc municipal, raccourci pour regagner la voiture. Il faisait bon et nous profitions nonchalants de la douceur de cette soirée en basse altitude, il faisait toujours beaucoup plus frais dans nos montagnes. Lui trouvant encore une fois une jolie silhouette, je l’arrêtai sous un réverbère pour l’embrasser et caresser ses seins au travers du pull léger, car j’en savais les pointes nues vu qu’elle ne portait que des balconnets. Dès que mes mains pétrirent ses globes et effleurèrent leurs pointes, son visage changea brusquement, passa du sourire à une sorte de gravité inquiétante. Ce simple attouchement avait réveillé Mrs Hide, et elle s’accroupit aussitôt pour dégager mon sexe et l’enfourner dans sa bouche chaude et accueillante. Je me souviens encore du haut bâtiment qui bordait ce parc et qui était certainement un lycée. Je pensais à ces pauvres internes se masturbant tout tristes dans la solitude de leurs lits métalliques et grinçants, alors que j’étais là, à quelques mètres d’eux, en train de me faire sucer par une femme superbe qui n’aurait pas manqué de leur faire dessiner tout un planisphère dans leurs draps. Je goûtais pleinement cette chance, ce qui redoublait mon plaisir. À peine avais-je déchargé sur sa langue qu’un groupe bruyant s’annonça, et j’eus juste le temps de rajuster mon pantalon, nouvelle occasion de fou rire mais aussi et surtout, je crois avec le recul, goût du danger qui était pour elle source d’un plaisir et d’une excitation inouïs.
Quelque temps plus tard, elle me demande si je peux nous filmer en train de faire l’amour, afin de nous voir et de se voir, ce que l’action ne permet pas. Nous installons alors la chambre comme un studio improvisé, avec sources de lumière, caméscope sur pied et télécommande cachée et, après quelques essais de cadrage, nous passons à l’action. Renonçant à filmer en continu, ce qui aurait été lassant, je nous fais faire une succession de séquences en suivant l’inspiration du moment. Entre chaque, je vais changer la position de la caméra, la prenant en main de temps en temps. Sans aller jusqu’à être exhaustifs, nous balayons une bonne partie du Kamasutra, allant du simple baiser avec caresses debout dans le soleil de la fenêtre, jusqu’à la pénétration anale en gros plan et l’éjaculation finale sur son visage et dans sa bouche, où on la voit avaler mon sperme, s’essuyer le visage avec les doigts qu’elle lèche consciencieusement, et terminer par le nettoyage complet de mon pénis. Puis je fais un petit montage rapide pour retirer les quelques passages flous ou ratés. Enfin, nous faisons « soirée cinéma » sur grand écran avec le vidéoprojecteur. Elle est nue comme d’habitude et commence à commenter :
Et c’est vrai que nos deux corps sont plutôt bien en harmonie, si ce n’est que je me trouve le ventre un peu trop gros. Puis elle porte la main à son entrecuisse et me dit très vite :
Je lui fournis l’accessoire, et elle se met en toute simplicité à se masturber doucement en regardant ces images. La séance a bien duré deux heures, mais le film dure moitié moins après montage. En se voyant prise en levrette, montrant clairement cette grosse queue dilatée rentrer en elle, elle accélère sa masturbation.
Je pose mon pantalon et elle vient s’empaler en continuant de se masturber le clitoris tout en regardant le film.
Ce n’est que la première fois. Puis vient la séquence de la pénétration anale en gros plan. En deux mètres sur trois, on voit mon gland hypertrophié se poser sur sa petite rondelle palpitante puis forcer doucement son entrée en la dilatant progressivement, et enfin rentrer d’un coup et s’enfoncer jusqu’à la garde, le plan suivant montrant plus largement ses jolies fesses en forme de cœur renversé se faire pilonner sans ménagement, cette séquence se terminant par un troisième plan où on peut lire le plaisir sur son visage tandis que de trois quarts je m’agite en elle par derrière. Elle rugit :
Si l’on pouvait retirer de son vocabulaire les mots « putain » et » super », ce serait parfait, mais ce n’est qu’un détail. Disant cela elle s’est déjà à demi levée et cherche à repositionner mon sexe pour y empaler son anus. Quand je relance la vidéo, elle tressaute sur moi tout en massacrant son clitoris comme une folle, l’autre main en coupe soutenant un sein en pinçant le téton. Elle jouit de nouveau bruyamment. Au troisième plan, à peine calmée, elle s’écrie :
Je me lève pour aller chercher le caméscope, elle m’attend en position, à quatre pattes, prête à en reprendre un tour. Heureusement qu’entre le premier tournage et maintenant il s’est écoulé plusieurs heures pour recharger les batteries. Je fais donc comme elle le souhaite, mieux je branche le caméscope en direct sur le vidéoprojecteur et elle peut profiter du spectacle « en direct live ». Ça la rend absolument folle et elle se met à hurler et à jouir en orgasmes multiples jusqu’à ce qu’enfin je me libère en elle, sorte doucement de sa petite voie bien dilatée qui se referme lentement. Je recale mon cadrage et ajoute une lampe de bureau latérale en lui disant :
Le liquide nacré dans un premier temps sort de son anus béant par petites gouttes successives qui coulent en un mince filet sur sa vulve, ses poils dorés, sa chatte entrouverte. Puis le flot s’accentue et change de couleur, devenant plus « café au lait ». La lampe latérale donne relief et brillance, et elle ne cesse de s’exclamer :
Quand tout est terminé et qu’elle s’est essuyée, je lui demande :
Elle complète sa déclaration par un long et tendre baiser.
Il y a son anniversaire, puis le mien quelques jours plus tard, juste une quinzaine d’années d’écart dont nous n’avons cure. Je lui offre pour ses trente ans un joli plateau ancien couvert de trente bougies différentes, dont une joue en boucle le « Happy birthday to you » quand elle est allumée. Elle me dit qu’elle aurait préféré que je la fasse jouir trente fois, et comme je trouve cela totalement impossible, elle répond affirmative :
Tout est l’occasion de rire et de s’amuser, mais je crois bien qu’en une semaine ce contrat doit être rempli, tellement nous batifolons fréquemment, que ce soit dans la maison, à l’extérieur ou en d’autres lieux plus incertains. Elle m’offre un énorme bouquet de tournesols fichés dans une amphore de terre cuite, prétendant que ma maison est bien celle d’un mec et manque de verdure. Normal pour moi, la verdure est juste là, à l’extérieur.
Nous avons également une partie de pêche mouvementée au cours de laquelle, pour ne pas faire de bruit, elle prend un bain de soleil nue au fond de la barque puis, n’y tenant plus, se glisse dans l’eau glacée du lac prétendant qu’elle est bonne. Cessant de pêcher, je la suis à la rame jusqu’au ponton. Les quelques pêcheurs de la rive d’en face peuvent se rincer l’œil quand elle sort de l’eau tranquillement, d’autant qu’à force de se promener nue à longueur de journée, sa peau laiteuse a pris une jolie teinte légèrement dorée qui rend mieux visibles les détails de son corps, les muscles sous sa peau. Elle est vraiment superbe, mais pas de cette beauté trop parfaite qui donne un aspect parfois déshumanisé à certains modèles de magazines, autant retouchés en photo qu’en réalité. C’est simplement une belle plante, un bel animal à la grâce féline qui inspire furieusement le désir et tient en plus toutes ses promesses de plaisir. Jusqu’au jour de son départ, ces semaines sont absolument idylliques et sans la moindre fausse note. J’en ai presque révisé ma position sur ma vie de solitaire. En plus, elle est âpre à la tâche, capable de s’occuper, pendant que je travaille, à cueillir les premiers fruits de mes jeunes arbres, ramasser les légumes, faire des conserves, soigner poules et lapins, ramasser et stocker du bois pour l’hiver prochain… Bref, la compagne idéale.
Le jour de son départ, elle va chez elle remplir sa « griotte » de ses bagages et d’un tas d’autres choses qu’elle veut emporter chez ses parents : caisses de bocaux vides, machine à coudre et pièces de tissus pour faire des robes à sa mère, etc. Elle-même est vêtue d’une robe qu’elle a cousue, une robe droite en cotonnade légère à petits carreaux vert clair et blanc, tenant juste par deux bretelles, avec une petite bande gaufrée sur tous les bords. Ce n’est pas du Dior, mais la fluidité de son corps lui donne une élégance simple et fraîche. Notre dernier déjeuner de juillet est à peine triste, nous nous promettons de nous téléphoner souvent, nous réjouissant d’avoir l’occasion de nous écrire. Après le repas, je nous remets « Mon amant de Saint-Jean » et elle me tend la main pour quelques pas de danse. Comme elle est pieds nus, comme toujours, je lui fais faire comme aux enfants : monter sur mes pieds et suivre mes mouvements. Elle trébuche deux ou trois fois et rit beaucoup, puis réussit en se collant bien à moi. Comme souvent, son visage change soudain et le jeu se termine sur la table où elle se donne, cuisses ouvertes, moi debout, en murmurant :
Ce que je fais bien sûr en conclusion de cette longue, tendre et ultime étreinte.
La maison a beau être belle et confortable, elle devient soudain bien vide, et je décide moi aussi d’aller voir ailleurs, mes parents, mes amis. En habitant ici, nul besoin de choisir un lieu de vacances, j’ai l’impression d’y être toute l’année. Je confie donc ma basse-cour aux bons soins de Mélanie, la reine de la « champagnée », et pars aussi dès que les travaux en cours de mes télétravailleurs sont bouclés. Nous nous téléphonons presque tous les jours, sa maman reconnaît instantanément ma voix, nous nous écrivons aussi de longues lettres et cartes postales. Elle me dit n’avoir jamais été aussi heureuse et termine un jour une lettre par : « je crois bien que je t’aime » et cette petite phrase m’émeut fortement. C’est vrai qu’elle me manque, c’est vrai que j’ai hâte d’être à la fin août pour la retrouver, c’est vrai que ce n’est plus seulement un manque sexuel mais bien un sentiment fort qui semble en train de naître. Elle me dit ensuite aller passer la dernière semaine en thalasso, en Bretagne, et continue de m’envoyer de belles cartes et de jolis courriers. La seule chose qui me gêne est notre différence d’âge, mais mes amis me convainquent que ça n’a aucune importance, que seuls comptent l’amour et l’harmonie. L’amour, je n’en suis pas encore tout à fait certain, quoi que (?), quant à l’harmonie elle semble être présente sur tous les plans. Vais-je replonger ? L’avenir le dira. Je rentre rapidement pour récupérer mes bestioles, m’occuper du jardin, bref, tout remettre en ligne avant son retour.
La veille de son arrivée, elle me téléphone enjouée comme à l’habitude, me prévient qu’elle passera d’abord chez elle vider sa voiture et qu’elle me rapporte des spécialités de son pays. Je l’attends avec impatience, je sors sur la terrasse dès que j’entends la « griotte » sur le chemin. Elle sort de voiture assez rouge, pestant qu’elle a eu très chaud sur la route sans clim, puis s’approche la tête un peu baissée, le dos légèrement voûté, portant d’un côté un grand sac de papier et de l’autre son inévitable « panier à crottes », c’est ainsi qu’elle nomme son sac à main, sorte de couffin qu’elle porte soit à bout de bras soit enfilé sur l’épaule. Sa bouche évite la mienne et elle me tend ses deux joues, me donne le sac en papier avec un sourd :
Il y a là verveine du Velay verte et jaune, deux paquets de lentilles et un joli petit napperon de dentelle. Je la remercie chaleureusement, ce qui ne la déride pas pour autant. Elle se laisse tomber plus que ne s’assoit sur les coussins du salon et consent à :
Je vais jusqu’à la cuisine, un peu décontenancé et surpris par cette attitude peu enthousiaste, et lui rapporte un verre et une carafe. Elle boit longuement deux grands verres, sans desserrer les dents. Puis je m’approche d’elle et tends la main pour lui caresser les cheveux comme on le ferait à un enfant. Elle s’écarte vivement :
Je remballe donc gestes tendres, baisers et traits d’humour pour des moments meilleurs. Après un long silence, je lui demande quand même si tout le monde allait bien chez elle, si la thalasso lui a plu.
Je pense naïvement qu’elle va monter à la chambre, mais elle me fait une bise rapide, prend son « panier à crottes » et repart. Je reste interdit, complètement estomaqué. Elle doit vraiment souffrir pour être fermée à ce point. On verra demain…
Le lendemain, c’est jour de pluie, eh oui, ça arrive. De lourds nuages se succèdent, porteurs de bien plus que de simples promesses. Toute la journée, averses violentes. Elle ne vient pas ni ne téléphone. Vers vingt heures, j’appelle pour prendre de ses nouvelles. Elle souffre toujours. Je lui conseille vivement de consulter un toubib, elle répond qu’elle ne veut pas prendre de médicaments, j’insiste en lui donnant l’adresse d’un homéopathe proche, elle dit « merci, bonsoir » et raccroche. Bon, on verra demain (bis)…
Le soleil est revenu et après la pluie viennent parfois les champignons. Vers midi, je l’appelle pour savoir si elle est allée voir ce médecin, elle me répond que oui, qu’elle a des gouttes et des granules à prendre et que ça va un peu mieux. Mais le pharmacien n’a pas tout et elle devra y repasser demain. Je lui propose d’aller faire un tour en forêt voir si des champignons sortent, elle accepte sans enthousiasme. Elle vient en début d’après-midi, vêtue d’une robe sac beige cette fois, dont je reconnais la facture, et chaussée de nu-pieds de cuir. Je l’emmène dans une forêt de feuillus, à quelques kilomètres, et nous arpentons le sous-bois silencieusement. Elle marche lentement mais à grandes enjambées, les mains jointes dans le dos comme le faisaient nos maîtres durant les récréations. Autant le corps de la Christine vivante que je connaissais animait ses robes-sacs d’une grâce érotique, autant la Christine d’aujourd’hui aurait pu gagner cent balles en faisant la manche dans une rue de Lyon. Elle paraît désespérément triste. Faute de champignons, des cyclamens explosent partout dans le sous-bois et j’en rapporte quelques oignons pour les replanter chez moi. Je lui fais une truite du lac aux amandes avec une julienne de petits légumes, elle chipote un peu de poisson et un peu de légumes, peu intéressée par le repas, par autre chose non plus puisqu’elle reste silencieuse. Elle ne veut pas de vin, et quand je dis qu’il est temps de goûter à cette fameuse verveine du Velay, elle répond :
Et sur ces bonnes paroles, elle me fait deux bises et part. Bon, on verra demain (ter)…
L’histoire dure ainsi une semaine et je dois reprendre le travail. D’abord, remotiver les troupes par une journée de réunion plénière dans un hôtel près de Lyon, puis traiter les inévitables pannes techniques de reprise après un mois d’arrêt, tant côté serveurs que côté employés, cette semaine de reprise est toujours très chargée. Elle me téléphone un matin me demandant si je veux l’accompagner à Valence, parce qu’elle a des courses à y faire et qu’elle souhaite par la même occasion visiter un peu la ville. C’est peut-être un signe de détente et de réconciliation possible, mais je ne peux absolument pas m’absenter. Elle n’insiste pas. Mais le soir, elle débarque chez moi, manifestement en colère :
Le clapet fermé, nous passons à table avec des caillettes et des criques sorties du congélateur. Elle trouve bien sûr ces produits ardéchois trop gras et ne fait qu’en chipoter quelques bouchées du bout des lèvres. Et les remarques désobligeantes se succèdent :
Et ainsi de suite… Sympathique la soirée. Je ronge mon frein, après tout cette histoire de pervers est peut-être réelle et est-elle vraiment choquée, comment savoir entre délire ou réalité… Malgré tout, au bout de ce moment extrêmement désagréable, je finis par demander sournoisement :
Elle tourne les talons et part en claquant la porte.
Un gros point d’interrogation vient se poser sur ma tête, comme ces personnages de jeux vidéo qui ont toujours un truc au-dessus d’eux. Et je vais le garder pendant des semaines. Histoire terminée, très mal, et surtout je n’ai absolument rien compris au film. Je me le repasse donc pendant des jours et des nuits, revoyant ces instants de bonheur total jusqu’au dernier moment, cette folie sexuelle en toute liberté et en toute gaieté. Puis les appels et les courriers que je relis, dans lesquels rien ne me laissait présager un tel revirement. La question me hante en permanence, j’en perds aussi un peu l’appétit, beaucoup le sommeil, et surtout une part importante de ma disponibilité d’esprit au travail. Je fais des bourdes, oublie des choses, confonds des gens… Bref, ça ne va pas. Au bout d’un mois, je me décide à lui téléphoner, elle me raccroche au nez dès qu’elle me reconnaît. Alors je lui fais une lettre, longue et détaillée, extrêmement polie et courtoise, dans laquelle je lui demande, n’étant qu’un homme, donc un mammifère inférieur et un peu borné, de bien vouloir m’éclairer. Je retrace assez longuement l’enchaînement de notre aventure qui n’est, de mon point de vue, faite que de moments délicieux jusqu’à son retour ; je notifie les courriers et les coups de fil échangés qui ne laissaient présager à aucun moment son changement d’attitude ; je conclus que je suis au désespoir de trouver quelle est la maladresse de ma part qui l’avait conduite à passer d’une relation que l’on peut qualifier de passionnelle à un rejet méprisant.
Il lui faut plus de quinze jours pour m’apporter une réponse, mais elle arrive enfin. Une lettre assez longue et également courtoise :
Mon cher ami,
Il est vrai que je ne t’ai pas laissé beaucoup de chances et que les hommes ne sont pas à proprement parler des extralucides ou de fins observateurs. Je ne te reproche rien, soyons clairs, je regrette simplement que tu ne te sois aperçu de rien, provoquant chez moi une infinie déception que l’obligation de devoir tout t’expliquer ne dément pas.
Oui nous avons passé de merveilleux moments ensemble, durant lesquels tu m’as transportée ailleurs, dans un monde de liberté totale et d’infinie sollicitude. Oui nous avons fait les fous et nos corps ont exulté comme jamais auparavant sans doute, du moins en ce qui me concerne. Trop peut-être, et c’est là que le bât blesse.
Je regrette que tu ne te sois pas aperçu, notamment pendant tout ce mois passé totalement ensemble, qu’à aucun moment je ne t’ai dit : « aujourd’hui, je ne peux pas faire l’amour car je suis indisposée ». Bien sûr, puisque à ce moment déjà je n’avais plus de règles et j’étais enceinte, de toi évidemment et sans l’ombre d’un doute. Pourquoi ? Tu connais mon aversion pour les médicaments, et je ne prenais donc pas la pilule. Jusqu’à présent, il ne m’était jamais rien arrivé de fâcheux, hasard, chance ou concours de circonstances, mais là je suis tombée sur un vrai mâle au mauvais moment.
Je t’ai quittée heureuse parce que porter un enfant de toi me rendait alors très heureuse. Et puis j’ai réfléchi, sachant bien que notre aventure n’était pas encore vraiment une histoire d’amour. Allais-je t’imposer un enfant que tu n’avais pas souhaité, que nous n’avions pas désiré ensemble alors que rien encore ne permettait de croire que notre rencontre aurait un lendemain, ou aurais-je dû mettre au monde un enfant sans père, fruit d’une union saisonnière ? Je doutais chaque jour un peu plus, d’autant que dans tes courriers jamais tu n’as écrit « je t’aime » ou « je veux vivre avec toi ». J’étais ainsi incertaine de l’avenir, et lorsque j’ai parlé de toi et de notre histoire à ma mère, sans bien sûr lui parler de grossesse, elle m’a dit tranquillement que je faisais ce que je voulais étant majeure, mais que j’étais complètement folle de m’amouracher d’un homme de quinze ans plus âgé que moi, car un homme en âge d’avoir des petits-enfants n’a plus envie d’enfants. C’est vrai que tu pourrais être grand-père. Fallait-il prendre le risque de te faire père sans que tu l’aies souhaité ? Comment l’aurais-tu vécu ?
Déjà pesaient sur la tête de cet embryon une quantité d’incertitudes que je jugeais insupportables. Nous n’étions pas prêts, je pense, pour avoir un enfant ensemble, pas encore prêts peut-être ou alors peut-être n’aurions-nous jamais été prêts pour cela. J’ai donc décidé, puisque l’erreur m’incombait, que je devais avorter. J’ai inventé cette histoire de thalassothérapie parce que je ne voulais pas dire à mes parents que j’allais avorter en Angleterre, et je ne pouvais pas non plus t’en parler au téléphone devant eux. J’ai imaginé que ton expérience, ton intelligence et ton savoir, qui sont par ailleurs immenses, t’avaient permis de détecter tout cela et que… tu « jouais le jeu » en accord tacite avec moi.
Quelle ne fut pas ma déception quand je compris qu’il n’en était rien et que tu étais resté sur les bases de juillet et de tes désirs d’homme, sans prendre le moins du monde garde à la douleur d’une femme traumatisée par l’épreuve de l’avortement, ajoutée pour ce qui me concerne à celle de l’hospitalisation et de l’injection de quantités de produits chimiques dans mon corps, l’horreur pour moi, tu le sais bien. J’étais tellement déçue qu’il valait mieux en effet que notre histoire s’arrête, car je n’étais plus en mesure d’avoir encore une relation amoureuse avec toi. Si j’ai été odieuse, et je le reconnais, c’est aussi parce que je traversais une phase « normale » de profonde dépression, courante, paraît-il, après ce genre d’intervention.
Voilà, mon cher ami, la partie de notre courte histoire que tu as si bien décrite, mais avec toute la monstruosité de l’égoïsme masculin, celui-là même qui a ravagé mon corps, mon cœur et mon esprit. Si je t’appelle « mon cher ami », c’est que j’ai toujours conservé de bonnes relations avec mes anciens amants, et que je souhaite malgré tout qu’il en soit de même avec toi.
Christine
Je viens de recevoir un crochet au foie de Mike Tyson et mes fesses s’écrasent sur la première chaise venue. Quand ma conscience revient après ce K.O., ma première réaction est de gueuler tout seul :
Eh bien oui, comment une femme de trente ans, formée, informée et éduquée, peut-elle se lancer dans les pires turpitudes sexuelles sans la moindre protection et sans prévenir ? Ce n’est tout de même pas une collégienne de banlieue prise dans une tournante contre sa volonté… Et ensuite, qu’elle refuse la chimie et les médicaments, pourquoi pas, mais il existe aussi des stérilets. Et enfin, au pire, qu’elle parle, qu’elle le dise : « fais attention, je ne suis pas protégée », j’aurais mis des capotes ou éjaculé à côté au lieu de lui remplir quotidiennement le vagin. Pourquoi encore n’a-t-elle rien dit quand elle a constaté ne pas avoir de règles ? On en aurait parlé, discuté ensemble, pris ensemble une décision pour quelque chose qu’on avait fait ensemble. J’avais en plus tellement la tête dans les étoiles en juillet que j’aurais été fichu de l’épouser ! La preuve, je n’ai même pas remarqué son absence de règles… Tout ça me met dans une colère noire.
Ma seconde réaction, une fois la colère passée, est de me dire : « quelle chance ! ». Chance d’avoir échappé à une éventuelle union un peu contrainte avec cette fille pour le moins renfermée et parfois bizarre, et à une paternité tardive non souhaitée. Certes, la fille est belle, intelligente et baise comme une bacchante, mais je me vois mal me torturer au quotidien pour essayer de deviner ce qu’elle ne dit pas. Pas assez simple pour moi et, elle a raison sur ce point, je ne suis pas Madame Irma. La suite me prouva combien j’ai eu raison.
Sans plus de nouvelles de Christine, et je n’en cherche pas, ma vie continue dans le calme retrouvé et je me consacre essentiellement à mon travail. J’y ai quelques relations passagères, notamment avec des femmes mariées qui ouvrent les cuisses avec une facilité déconcertante, un peu trop à mon goût. Elles ne font que confirmer ma théorie qui est qu’il n’y a de « coureurs de jupons » que parce qu’il y a des jupons à courir. Est-ce la lassitude du quotidien ou un réel sentiment de délaissement ? Croient-elles toujours en la « promotion canapé » ? Je ne saurais le dire, car sans compétences le sexe compte bien peu dans l’avancement au regard des performances exigées par l’entreprise. Quoi qu’il en soit, je trouve aisément le moyen de vider le trop-plein d’affection qui pend entre mes jambes. Un soir pourtant, où je reçois de rares amis venus se perdre dans mon ermitage, je rencontre Christine dans un restaurant que nous avions fréquenté ensemble. Outre la petite boule qui se forme dans ma gorge et mon estomac, je la salue courtoisement et point barre. Elle dîne avec son collègue, situation qui me paraît assez normale pour l’avoir souvent pratiquée. Je cherche cependant en vain des yeux l’épouse dudit collègue, mais il faut bien garder le bébé… C’est un an plus tard environ que les nouvelles viennent à moi. Une poutre de mon bûcher a travaillé, vrillé et commence à se déformer sévèrement, interdisant la fermeture de la porte et gondolant le bardage de planches. J’appelle donc le charpentier maire du village qui vient constater.
Cette conversation me navre évidemment, et je ne peux que penser à nouveau : « Quelle conne, Bon Dieu, quelle conne ! ». Non contente d’une aventure catastrophique, elle n’en tire aucun enseignement et retombe dans le même piège stupide. Certainement que deux avortements dans la même année n’étaient pas possibles, du coup elle était contrainte de garder ce bébé. Elle a tout ce qu’elle ne voulait pas : un bébé sans père, attrapé comme une grippe ou une gastro, et une vie pourrie pour des années. Je suis encore plus soulagé que l’aventure avec cette femme se soit terminée si vite, même en queue de poisson. Cette fois, c’est vraiment elle qui me déçoit infiniment. À bien y réfléchir, je suis intimement persuadé que son goût insatiable pour le sexe domine sa raison et qu’elle ne peut pas résister à la tyrannie de son corps.
Fin juin, elle m’appelle pour me dire qu’elle quitte la région et retourne dans son cher pays. Mais avant, elle tient à me dire au revoir et à me présenter sa fille. Pourquoi pas. Elle vient donc, vêtue d’une nouvelle robe sac marron très longue, les yeux cernés par des nuits de sommeil perturbé. Elle s’assoit sur les coussins du salon, posant près d’elle un beau gros bébé fort calme. Elle ne prend qu’un verre d’eau et notre conversation est aussi plate que la surface du lac, puis à l’heure dite elle me demande un moment d’intimité pour donner le sein à son poupon. Non mais ! Comme si je n’avais jamais vu sa poitrine, jamais pétrie, titillée et sucée, jamais utilisée pour y fourrer mon zob et déchargé dessus… Je sors fumer une cigarette, agacé. Puis elle prend congé et je n’ai plus jamais de nouvelles. Je vais au Puy plusieurs fois trois jours pour mener des entretiens de recrutement afin de lancer un nouveau service régional sur ce secteur. À cette occasion, je cherche et retrouve ses nouvelles coordonnées, puis je me ravise n’ayant vraiment… plus rien à lui dire.