n° 20700 | Fiche technique | 7757 caractères | 7757Temps de lecture estimé : 5 mn | 13/01/22 |
Résumé: Le choix de l’amour n’est pas toujours le bon. | ||||
Critères: fhh copains pénétratio mélo -regrets | ||||
Auteur : Anaclem Envoi mini-message |
Salut, c’est moi. J’ai une chose importante à te dire. Laisse-moi parler, ne m’interromps pas, c’est suffisamment difficile comme ça.
Voilà, j’ai un cancer stade 4, je ne veux aucun traitement. Je vais vendre la maison, rembourser mes dettes et partir rejoindre Paul.
Nous ne nous reverrons sans doute pas à votre retour de vacances. Je te laisse l’annoncer à ta femme et tes gosses. Voilà, c’est tout, je t’embrasse bien fort, ne t’inquiète pas.
Avant même que je puisse en placer une, elle avait raccroché. C’est bien elle, elle lâche des bombes puis tourne les talons. Je reste le combiné à la main, je ne sais ni quoi penser ni quoi faire. S’il faut la rappeler de suite ou pas, la faire changer d’avis ou pas. Et comment pourrais-je annoncer cette catastrophe à ma femme et mes enfants ? Car il s’agit bien de ça, d’une catastrophe.
Lorsque je l’avais rencontrée, elle avait 20 ans tout rond. Nous étions toute une bande à passer la nuit dans les différents cafés de la capitale, à refaire le monde, à fumer, à picoler. Elle restait toujours dans la limite, dès que l’alcool lui montait à la tête, elle s’éclipsait, elle avait toujours plein d’idées, des réalisables et des non réalisables, c’était une éternelle rêveuse pleine de charme.
Plus d’une fois, j’avais essayé de coucher avec elle. Mais elle n’avait d’intérêt que pour celui qui ne la regardait pas, Paul. Du coup, j’étais devenu son grand frère, son confident, son pote. Elle pouvait rester des mois sans me donner des nouvelles mais finissait toujours par revenir. Et je l’accueillais toujours sans aucun reproche. Au début de notre relation, ma femme ne comprenait pas notre lien puis elle avait fini par l’accepter et par l’apprécier.
Paul était fils d’expat et avait passé sa jeunesse en Afrique. Il était mystérieux, supérieurement intelligent mais ne maîtrisait aucun code social, sa maladresse le rendait soit énervant soit attachant. Il vivait depuis une vingtaine d’années sur l’île de la Réunion. Elle ira sans doute le rejoindre. Chaque fois que Rita avait un coup dur, elle se tournait soit vers moi, soit vers lui.
Ils avaient construit au fil du temps une relation solide, amoureuse, amicale, parfois les deux… un vieux couple, en somme. Rien d’officiel, rien de dit mais il suffisait de les voir ensemble pour le comprendre.
Il fut un temps où j’en étais jaloux. Moi j’étais le grand frère, le censeur, le moralisateur qui lui demandait de voir sa famille, de travailler à la fac, de ne pas boire comme un trou. Lui, il était l’inverse. Alcoolique notoire, il l’entraînait dans les bas-fonds parisiens, les réveils douloureux. Paul était tout mon contraire, il était son côté obscur.
Le plus dur vient d’être fait. Elle a annoncé à son ami de toujours sa maladie. Elle n’a désormais qu’une idée en tête : rejoindre Paul. Elle ne peut dire au revoir à personne, ni à sa famille, ni à ses amis. Trop dur. Chacun lui donnerait son avis, des conseils. Personne ne comprendrait son choix à part lui. Elle sait qu’il ne portera aucun jugement, qu’il acceptera…
Paul avait une place particulière pour elle, une place à part dans sa vie, il l’avait touchée, il l’avait aimée. Ils n’avaient jamais été synchrones, mais peu importe, il était à ses côtés depuis 30 ans… ce n’est pas rien.
Elle repense avec nostalgie à leur première soirée, dans son petit appart parisien. Aucun homme ne lui apportait ce qu’il lui donnait. Rire, engueulades, discussions sans fin. Surtout la chaleur de sa présence, son regard, son sourire et son indépendance. Ce soir-là, elle se sentait en forme. Elle avait décidé de le faire venir chez elle. Elle avait envie de lui, de son corps. Rita ne savait jamais dans quelles dispositions Paul allait être. C’était un être torturé, imprévisible, tendre, génial. Toujours quelque chose à dire, sur n’importe quel sujet. C’était un littéraire capable de parler de Proust pendant des heures. C’était un passionné à fleur de peau.
Il était arrivé comme d’habitude, en souriant, une bouteille à la main, l’air de manquer d’air, de temps, impatient de tout, tournant sur lui-même dans l’appartement avant de se poser autour de la table. Il la regardait s’affairer dans la cuisine, mettre la table, il l’écoutait raconter sa semaine avec bienveillance. Le moment venu, ils avaient mangé, bu, et encore et encore discuté. Chacun sur sa chaise, elle attendait le moment propice, le geste encourageant, mais rien.
Vers cinq heures du matin, il décida de dormir sur le canapé. Il s’allongea sans se déshabiller, prit une couverture et se coucha. Prenant son courage à deux mains, elle alla s’asseoir sur le bord du canapé et lui glissa un baiser furtif sur la bouche. Il ne répondit pas et se tourna vers le mur. Dépitée, elle alla dans sa chambre, se déshabilla et se coucha, nue. L’alcool aidant, elle s’endormit aussitôt.
Elle fut réveillée par la chaleur de son corps, sa respiration. Deux mains lui serraient la taille et elle sentit en bas de son dos un sexe en érection. Refusant de tourner la tête, ne sachant si c’était un rêve ou la réalité, elle savourait ce corps contre le sien. Elle l’aimait, elle aimait tout chez lui, ses qualités, ses défauts, ses mains, sa bouche qui était en train de lui baiser la nuque, sa langue qui descendait le long de sa colonne vertébrale, ses petits coups de langue. Parcouru de frisson, son entrecuisse devint humide. Elle voulut tendre le bas de son corps vers lui mais avec ses deux mains, il bloqua ses mouvements.
Il continua ses baisers et arriva au creux de ses reins. Elle avait la chair de poule. Il la retourna alors brutalement sur le dos. Il reprit ses baisers au-dessus du pubis et arriva jusqu’à ses seins. Ils étaient tellement petits qu’il les prit en entier dans sa bouche, il joua de sa langue sur le téton, lui bava dessus, l’aspira. Avec une main, il commença à lui caresser l’entrejambe. C’était humide, dégoulinant. Son poignard lui déchira les entrailles d’un coup sec. Elle voulut le retenir dans sa conque mais il ressortit aussi vite qu’il y était entré. Pour y revenir tout en embrassant sa jugulaire.
Enveloppant alors ses reins avec ses jambes, elle le maintint à l’intérieur. De sa main, elle attrapa ses couilles et commença à les pétrir. Elles étaient douces, deux petits œufs pleins de vie. Une fausse souffrance l’envahit alors et elle sentit l’orgasme arriver. Son va-et-vient n’était ni rapide ni lent, la juste vitesse pour, qu’ensemble, ils atteignent le grand soleil.
Ce fut la sonnette qui la réveilla vers huit heures du matin. Elle se retourna dans son lit, elle était seule dans ses draps froissés. Lorsqu’elle alla ouvrir la porte, en passant dans le salon, elle le vit endormi sur le canapé. La voisine du troisième revenait du marché et lui demanda de monter les courses, elle n’y arrivait plus. Après avoir échangé deux/trois banalités sur le pas de la porte, elle redescendit.
En entrant dans l’appartement, elle le trouva assis, il la regardait, nue sous sa couverture, un demi-sourire sur les lèvres.
Elle en attendait plus de lui, plus que des soirées volées entre deux voyages, mais il n’était pas prêt pour ça et ne l’avait jamais été.