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n° 20727Fiche technique100795 caractères100795
Temps de lecture estimé : 58 mn
22/01/22
Résumé:  Une jeune femme évoque les étapes de sa vie, imposées par un farouche appétit sexuel.
Critères:  fh ff hplusag couleurs collègues nympho campagne essayage parking collection caresses fellation cunnilingu anulingus fgode pénétratio fdanus fsodo init -totalsexe
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message
Maladie d'amour






Ouf… Je tombe dans le fauteuil comme une loque, une vraie serpillière. Je secoue mes pieds l’un après l’autre pour me débarrasser de mes talons aiguilles, mes mains s’ouvrent, laissant tomber d’un côté mes clés, de l’autre mon sac à main. Je n’en peux plus. J’ai l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. Ah les petits salauds ! Ils s’en sont donné à cœur joie… J’ai la chatte et le cul défoncés, brûlants, démolis. Je sens leur foutre qui s’écoule doucement et va tremper ma jupe, j’en ai déjà plein les cuisses le temps que l’ascenseur me monte du parking souterrain. Quelle idée aussi de répondre à leurs sifflets admiratifs d’un ton aussi méprisant en leur disant « p’tites bites » accompagné d’un doigt d’honneur ! Eh oui, je sais les allumer, d’autant qu’ils m’avaient vue descendre de ma voiture en ouvrant grand les jambes, ce qui remontait ma jupette et montrait clairement mon minou rasé, sans culotte. Ah pour ça, j’ai eu ce que j’ai cherché, mais en voilà deux que je n’imaginais pas aussi bons baiseurs ni si endurants.


Deux heures. Ils ont passé deux heures à me bourrer par tous les trous, et pendant deux heures j’ai joui au moins dix ou douze fois. Oh oui, au moins ! Au début, ils se sont fait sucer, l’un après l’autre, ça a pris environ un quart d’heure – vingt minutes… Oui, c’est ça, premier orgasme au bout d’une demi-heure environ, quand le petit beur a lâché sa purée dans ma chatte, puis un autre presque tout de suite quand le grand blond l’a remplacé avec son braquemart de compétition… La vache ! Heureusement que l’autre venait de me remplir, j’ai cru que ma chatte allait exploser. C’est bien ça, et puis après un orgasme toutes les cinq/dix minutes et trois successifs pour finir quand ils m’ont fait une double pénétration debout… Ah les salauds ! Ils me tenaient sous les fesses, ça me tirait la peau et ça m’ouvrait les trous au maximum ; j’ai cru que tout allait se déchirer. C’est solide, une femme, mine de rien… Bon allez, sous la douche et plutôt deux fois qu’une. L’eau tiède coule sur mon corps endolori, c’est bon. Je penche la tête en avant et je laisse le jet me frapper la nuque un bon moment, je ferme les yeux, c’est trop bon. Merde ! Je perds l’équilibre, je vais m’endormir sous la douche. Je prends le pommeau et je le règle sur le jet le plus étroit pour asperger ma foufoune et mon trou du cul le plus loin possible, vider tout ce foutre accumulé dedans. Hiifsfsfsfs ! C’est bon et douloureux à la fois. Qu’est-ce qu’ils m’ont mis ! Deux vrais étalons.



*

**



Ça me rappelle quand mon père m’emmenait avec lui dans la bétaillère avec « Bijou », notre grand percheron, chez des voisins ou des copains du coin pour saillir les juments. Putain, ce qu’il leur mettait ! Ça me rendait toute chose. Pas pareil que les canards ou les coqs : ça me faisait de l’effet aussi parce qu’ils avaient ce drôle de frisson quand ils grimpaient sur les femelles, un court tremblement qui leur hérissait les plumes, comme quand on a froid et que les poils se redressent. Ça me faisait des trucs dans le dos de les voir faire, mais en fait je ne voyais pas grand-chose à cause des plumes. Alors que « Bijou », il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir son énorme sexe plonger entre les fesses des juments. Une tonne de puissance pure au service de son énorme bite. Il y avait bien cinq ou six hommes pour essayer de le maîtriser avec des cordes grosses comme mes poignets, mais rien n’y faisait : quand il avait envie, la jument devait subir. Et les heures qu’on a passées avec ma sœur aînée, le menton appuyé sur la barrière de bois à l’entrée du champ, à attendre que le taureau grimpe sur une vache… Je n’ai plus de nouvelles de ma sœur, je ne sais même pas ce qu’elle est devenue. Une belle fille pourtant, avec qui je m’entendais bien. On partageait la même chambre. Des fois le soir, elle passait des heures toute nue à se regarder dans le miroir de l’armoire.



Ben oui, hein, je la trouvais belle ma sœur. Et puis dans le noir, quand on avait éteint, on se racontait plein d’histoires, pour se faire rire ou pour se faire peur. Mais un jour, elle ne voulut plus, et quand je lui demandai pourquoi, elle répondait avec des grands airs :



Plus tard, j’ai compris, en effet. Ce n’était pas des puces qu’elle avait attrapées et elle ne se grattait pas pendant de longs moments en toussant ou gémissant. Elle se masturbait, mais moi je ne savais pas encore ce que c’était. Sauf qu’un jour je l’ai surprise dans le grenier à foin de l’écurie. Elle était toute nue, à quatre pattes et derrière elle il y avait Rémi, l’ouvrier, un garçon un peu simplet qui travaillait pour mon père. Il était tout nu aussi et il avait un engin, comme « Bijou » mais en moins gros, qu’il rentrait entre les fesses de ma sœur. En même temps, il lui tirait sur les mamelles comme s’il voulait la traire. Mais c’était pas une vache, ma sœur ! En plus, elle avait l’air d’aimer ça et lui disait : « Oh oui, vas-y, vas-y… ». Et puis ma sœur est devenue triste, elle s’est mise à grossir. Un jour Papa est entré dans une colère noire, il a hurlé, ma mère pleurait, moi je me suis blottie dans les bras de ma mère. Il avait une grande trique à la main, un peu comme le maître pour nous faire lire au tableau, mais là il tapait sur ma sœur :



Et il continua de hurler et de la frapper jusqu’à ce qu’il la renvoie dans sa chambre. Ce soir-là, la soupe était froide et ma sœur a pleuré toute la nuit. Quand je suis rentrée de l’école, elle n’était plus là. Rémi non plus. Ma mère pleurait. Au souper, il nous a encore crié dessus :



D’après ma mère, j’ai appris quelques années plus tard qu’il l’avait emmenée dans une institution, une espèce de couvent qui recueillait les jeunes filles qui avaient fauté.



*

**



Toutes ces réminiscences jaillissent soudain de ma mémoire, ce soir où je me demande, en fumant ma cigarette d’après la douche, pourquoi je suis comme ça, si avide de sexe. Nymphomane, voilà ce que je suis. Je n’ai que ça en tête, me faire sauter, me faire saillir, avoir une queue en moi, la sentir vibrer et gonfler au moment où elle crache son liquide épais… Ah, si je pouvais me nourrir uniquement de sperme, je crois que ce serait mon régime préféré, tellement j’aime ça. Voir ou sentir l’orgasme les électrocuter comme une décharge de haute tension me met dans un état second, me transporte de bonheur. Et lire dans leurs yeux le désir, la gourmandise, quand ils reluquent mes seins, mes fesses, les voir faire tout ce qu’ils peuvent pour parvenir à leurs fins, vider leurs queues en moi. S’ils savaient… ! S’ils savaient qu’il suffit que je voie une queue, un pénis dressé, pour devenir totalement folle, tout oublier jusqu’à lui faire cracher sa semence. J’aime jouir, c’est vrai, et je jouis facilement, rapidement, je jouis en plateau souvent plusieurs fois de suite, mais surtout j’aime faire jouir, je ne m’en lasse pas. Ce sont les hommes qui se lassent. J’ai été mariée trois fois. Trois fois, j’y ai cru, avoir rencontré l’étalon qu’il me fallait, l’homme qui allait me satisfaire trois, quatre ou cinq fois par jour minimum. Et puis chaque fois ça dure un mois, deux mois, six tout au plus. Et le type me disait :



Oui, je suis malade, certainement. Je suis allée consulter, un médecin, un psychologue. Chapeau les gars ! Quand j’ai eu exposé mon problème, ils m’ont sautée et ils m’ont fait payer ! Au moins, je ne suis pas une putain, ça ne me rapporte rien en dehors du plaisir. Est-ce que c’est génétique, de famille ? Après tout peut-être.



*

**



Il y a eu ma sœur. Et puis, comme il avait chassé Rémi, mon père a embauché un Polonais, un grand costaud nommé Gustaw. Mais il n’est pas venu seul : il s’est installé à la ferme avec sa femme, Jana, une grande et forte blonde au visage très doux et aux formes généreuses. Mon père leur a rafistolé une petite maison derrière les étables, où il logeait les saisonniers l’été, pour les moissons. Gustaw ne parlait presque pas français.



Pourtant, la barrière de la langue ne devait pas être infranchissable car souvent mon père envoyait Gustaw dans les champs les plus éloignés, juste de l’autre côté de la rivière mais il fallait faire presque dix kilomètres pour passer le pont. Et je le voyais alors rentrer dans la petite maison derrière les étables. Au début, je les entendais crier et je croyais que Jana avait fait une bêtise, mais non car c’est surtout elle qui criait. Dans ce cas-là, je ne prenais pas le risque de me faire repérer par mon père. Et puis plus tard, ça ne criait plus, c’était devenu une sorte d’habitude. Alors je me suis approchée et j’ai glissé un œil dans l’angle de la fenêtre. Jana était couchée à plat ventre sur la table, sa jupe remontée sur le dos, et mon père lui faisait comme son percheron entre ses grosses fesses blanches qu’il claquait avec ses grandes mains calleuses. Jana pleurait, les doigts crispés sur le rebord de la table. Et mon père commentait ses exploits :



Et joignant le geste à la parole, il sortit son braquemart de la femme. Oh là là ! Qu’est-ce qu’il était gros ! Au moins deux fois celui de Rémi, me disais-je. Il le plaça en face de son petit trou du cul, une petite rondelle toute plissée et toute rose. Jana pleurait plus fort et semblait supplier dans sa langue natale. Inutile, mon père ne comprenait pas le polonais. Il donna un grand coup de reins en empoignant les hanches grasses. Jana glapit et pleura de plus belle. Mon père donna encore une bonne douzaine de coups de reins en braillant :



Un moment plus tard, il se retira et des pets sortirent du cul de Jana en faisant des bulles. Ça fit rire mon père qui lui flatta la croupe comme à une jument. Je me sauvai juste à temps pour qu’il ne me voie pas en sortant. Je revins à de nombreuses reprises, surtout pendant les vacances, observer mon père dans son rôle d’étalon avec Jana. C’est vrai que, comme lorsqu’il m’emmenait avec « Bijou », à chaque fois j’étais troublée par ce spectacle. Chaque fois, il y avait quelque chose en moi qui me tortillait délicieusement les boyaux, des frissons qui me parcouraient l’échine. Et puis les spectacles et les distractions ne sont pas si nombreux à la campagne. J’avais fini par trouver un poste d’observation idéal, d’où je pouvais voir sans être vue. Au fond de la cuisine, il y avait une grande cheminée, de ces cheminées de campagne, hautes, larges et peu profondes, avec au fond une porte de fonte qui ouvrait sur un ancien four à pain qui devait, à l’origine, utiliser le même conduit. Mais dans cette masure, le four à pain était en partie écroulé, inutilisé depuis des lustres, et la porte de fonte avait été cassée, il en manquait tout un angle. En ne déplaçant que quelques briques écroulées, je réussis à me glisser facilement dans le four compte tenu de ma petite taille de l’époque. Et par la porte ébréchée, j’avais une vue parfaite sur l’ensemble de la salle sans risquer d’être vue, étant dans le noir complet.


Je vis donc mon père presque tous les jours venir satisfaire ses appétits de mâle avec cette pauvre Jana. Parfois, c’était très rapide. Il entrait, Jana comprenait et s’accoudait sur la table, il relevait sa jupe sur ses épaules, baissait sa grande culotte de coton au milieu des cuisses, lui-même ne défaisait que sa braguette, et il s’activait en elle comme le chien sur la chienne, sortant son gros mandrin au dernier moment pour se laisser aller sur ses fesses. D’autres fois, quand Gustaw était parti loin pour l’après-midi, il prenait son temps, mettait Jana toute nue, jouait avec ses gros nichons, l’obligeait à le sucer, l’asseyait sur la table et lui-même enfonçait son visage entre ses cuisses. Ça, Jana avait l’air de bien aimer parce qu’elle poussait des grognements et des couinements en levant les yeux au plafond. Et puis il se relevait, baissait son pantalon et son caleçon, et remplaçait sa bouche par son gros dard. Les jambes de la Polonaise battaient l’air, se refermaient en général sur les fesses de mon père, et elle râlait, soufflait et couinait comme une gorette. Et puis au bout d’un moment, mon père se reculait, levait bien haut les jambes de Jana et fourrait son gros appendice dans son petit trou qui était désormais bien plus large qu’avant. Là, il la bourrait comme un fou, elle couinait de nouveau, jusqu’à ce qu’il se crispe comme les cow-boys dans les westerns touchés d’une balle dans le dos. Il y restait un long moment, tout agité de soubresauts, et souvent il prenait Jana par les cheveux et la faisait s’accroupir pour le nettoyer avec sa bouche. Ce qui me faisait rire silencieusement c’est qu’à chaque fois le gros cul de Jana émettait des pets baveux quand elle se baissait, il y avait même des filets de liquide poisseux qui coulaient jusque par terre.


Le pire fut certainement un soir de Saint-Jean. Au village, c’était la fête. Tout le monde apportait un fagot et on allumait un immense brasier au milieu de la place. Il y avait des ramées, ces bistrots de plein air, un orchestre sur une estrade, l’auberge sortait d’immenses tables dehors, les conscrits de l’année sautaient par-dessus le feu chacun leur tour, les autres déchiraient les tympans en soufflant dans des clairons… C’était LA fête du village, la soirée où tout ou presque était permis. Les hommes rentraient tous saouls, tellement que certains ne rentraient pas du tout, les filles se faisaient trousser pratiquement à la chaîne dans le petit jardin derrière l’église, et même les femmes mariées osaient danser sur la place ce soir-là, changeaient de cavaliers, et se faisaient peloter avec une complaisance certaine. C’est sûrement un peu pour ça que ma mère n’y allait jamais, surtout depuis qu’elle avait perdu sa fille aînée et qu’elle montrait une tristesse longue comme un jour sans pain.


J’étais allée à la fête en vélo, promettant à ma mère de rentrer dès la fin du feu. Mon père y était parti aussi, emmenant Gustaw avec lui dans la camionnette, ce qui m’avait beaucoup étonnée : pourquoi emmener Gustaw, pourquoi Gustaw sans Jana qui aurait peut-être aimé la fête aussi ? Je ne comprenais pas, jusqu’au moment où je vis mon père et ses copains entourer Gustaw et lui faire boire tournée sur tournée. Lui les buvait toutes, eux se partageaient. Le feu fini, le pauvre garçon roulait presque sous la table et les autres continuaient de le faire boire, à l’exception de mon père et de deux de ses copains qui partirent ensemble dans la camionnette. Moi je sautai sur mon vélo et rentrai à la maison. Une bise rapide à ma mère qui dormait presque et je filai dans ma chambre où j’étais seule désormais. En fermant les volets, j’aperçus la camionnette arrêtée derrière l’écurie. Tiens, mon père était rentré par là avec ses copains ? Pieds nus, je descendis les marches en silence pour filer comme une ombre dans mon observatoire. C’était donc ça. Les trois hommes étaient là, entourant Jana et insistant pour lui faire boire une gnôle que l’un d’eux avait apportée. La pauvre fille refusa dans un premier temps mais, devant leur insistance, accepta d’avaler à petites gorgées un plein verre de table de cet alcool violent. Pourquoi voulaient-ils la saouler aussi, me demandai-je ?


Puis ils se passèrent la bouteille et en burent chacun une bonne rasade. L’un d’eux alluma le vieux poste de radio, et ils se lancèrent dans un simulacre de danse, entraînant Jana qui avait maintenant le feu aux joues. Ils la firent tourner dans un sens puis dans l’autre, bras dans le bras, et la Polonaise commença même à rire avec eux. Elle titubait un peu quand ils s’arrêtèrent. Des mains détachèrent son tablier, d’autres la blouse qui lui servait de robe, ils la chatouillaient en même temps, elle riait bêtement ne sachant plus trop où elle était. Puis l’attache du grand soutien-gorge fut défaite et la grosse poitrine gicla hors des sangles, enfin libre, tombant certes par son poids important mais conservant une certaine allure dans ses nombreux rebonds. Elle perdit sa culotte l’instant d’après et apparut nue comme un ver au milieu des trois hommes qui s’extasiaient sur ses formes généreuses. Des mains commencèrent à la palper mais mon père, en maître de cérémonie, la fit grimper sur une chaise puis sur la table. Juste sous l’unique ampoule de la pièce, la pulpeuse Polonaise étalait ses formes généreuses à ce public pervers. Avec une badine extraite d’un fagot, mon père se mit à lui crier « danse, danse… » lui fouettant les pieds et les mollets. Les autres frappaient dans leurs mains, alors la pulpeuse blonde se mit à agiter ses appâts en cadence, ballottant son fessier et sa poitrine aux nez des trois cochons. Ses gestes avaient une certaine grâce, elle me faisait penser à ces tableaux que nous regardions en cachette avec ma sœur dans un dictionnaire, toutes ces vénus et autres femmes nues aux formes généreuses. De nouveau, les grosses mains rugueuses et calleuses se tendirent, et là, rien ne les arrêta. Ils pétrissaient ce qui était à leur portée, fesses, hanches, cuisses, sans douceur ni précautions.


Recroquevillée dans ma cachette et tremblante comme une feuille, j’avais peur d’être découverte. Je trouvais ce traitement ignoble et j’aurais voulu crier pour sauver Jana. Mais en même temps, il se passait quelque chose de bizarre en moi : ce frisson que j’avais déjà ressenti se prolongeait depuis de longues minutes déjà et le bas de mon ventre me brûlait, comme si le foyer sur lequel j’étais assise était allumé. Et je sentis aussi quelque chose d’étrange : alors que je n’avais pas envie de faire pipi, j’avais l’impression qu’un liquide s’écoulait et mouillait ma culotte. Du sang ? Allais-je avoir « mes affaires », comme on disait chez nous ? Je glissai ma main jusqu’à ma culotte, en mettant mon doigt dans le rai de lumière qui entrait dans ma cachette je vis bien qu’il était mouillé mais pas rouge. Ouf ! Mais rien que le fait d’avoir touché ma culotte m’avait comme électrisée ; ma main y retourna tout naturellement et se mit à frotter doucement. Mes doigts exploraient mon intimité me donnant d’incroyables sensations. Je me mordais les lèvres pour ne pas gémir, mais j’entendais clairement sous cette voûte le clapotis que faisaient mes doigts dans mon bas-ventre tout baveux. J’eus d’autant plus peur d’être découverte qu’ils étaient presque silencieux maintenant. L’un d’eux ralluma la radio et je me dis que son bruit couvrirait ma retraite. Je regagnai vite ma chambre silencieusement et me remis à me tripoter sous les draps, plus tranquille pour soupirer et gémir un peu. Ma mère, si elle m’entendait, penserait que je faisais un rêve. C’est ainsi que je me masturbai pour la première fois mais pas la dernière, ça devint quotidien.



*

**



J’en suis à ma sixième cigarette, me demandant toujours si c’est cet épisode-là qui m’a rendue folle de sexe à ce point, ou si je suis comme ma sœur et que nous tenons ça toutes les deux de mon cochon de père. Pas de ma mère en tout cas, car jamais je ne l’ai vue ou entendue dans des situations équivoques, même pas la nuit avec mon père. Après tout, peut-être qu’elle, elle n’aimait pas du tout le sexe, comme beaucoup de femmes mariées plus ou moins par arrangement à cette époque-là en campagne, et donc c’est peut-être aussi pour ça que mon père avait besoin de satisfaire ses envies ailleurs… Ce sont des choses dont on ne parlait pas, on les faisait seulement. Et comme ils sont tous deux morts aujourd’hui, je ne le saurai jamais. Mais en fait, je pencherais plutôt pour la période de la révélation de la sexualité, qui vint quelques années plus tard quand je fis mon apprentissage.



*

**




Malgré de bons résultats scolaires, mon père avait décidé que je ferais un apprentissage pour « avoir un métier dans les mains », comme il disait. On m’envoya donc dans une école d’agriculture, mais à cette époque seuls les garçons avaient accès à l’élevage et aux travaux des champs, les filles devaient s’occuper de cultiver des fleurs. J’ai longtemps soupçonné mon père d’avoir fait ça dans le seul but que je ramène à la maison un fiancé qui pourrait prendre sa suite, puisqu’il n’avait pas de fils. Ayant répudié ma sœur, j’étais son seul espoir de voir ses chères terres sauvées de l’éparpillement, de la convoitise des voisins, ou de la vente honteuse à un de ces étrangers qui commençaient à coloniser nos campagnes, Hollandais et Anglais notamment.


L’apprentissage, c’était trois semaines chez un employeur et une semaine à l’école, et pour trouver un maître d’apprentissage ce ne fut pas facile. Il n’y avait ni fleuriste ni horticulteur dans notre village. C’est l’école qui nous trouva un horticulteur en fin de carrière qui, lui aussi, voulait former un apprenti pour reprendre ensuite son entreprise. Mais il se trouvait à plus de trente kilomètres de chez nous, impossible d’y aller chaque jour. Pas de problème, le Monsieur et son épouse vivaient seuls depuis que leurs enfants étaient grands et mariés, ils avaient de la place et offraient le gîte et le couvert, trop contents d’avoir « un peu de jeunesse à la maison ». Peut-être aussi un bon moyen de me persuader de prendre plus tard leur suite. Ma mère perdit donc sa seconde fille et pleura à nouveau toutes les larmes de son corps.


Au début, tout fut parfait. J’étais chouchoutée par ces gens sympathiques, le Monsieur avait cinquante-six ans et aurait presque pu être mon grand-père. À l’école, j’étais à la limite de l’ennui tant le programme du CAP était facile. Je n’avais que d’excellentes notes sans travailler le moins du monde. Tout le monde était content, mes employeurs surtout parce que je ne revoyais plus mes parents qu’à de rares vacances. Eh oui, il fallait s’y habituer, une apprentie c’est une salariée comme une autre et ça n’a que cinq semaines de congés payés par an. Mais toute la différence avec le lycée est là, dans ce mot « payée ». Je recevais un salaire. Certes, aujourd’hui je le trouverais dérisoire, mais pour moi qui n’avais jamais eu d’argent, que quelques pièces dans une tirelire, c’était fabuleux. Et j’étais même payée pendant les vacances et pendant les semaines d’école où je ne faisais rien, je trouvais ça fantastique. Je commençais à envisager de m’acheter une mobylette ou un scooter, histoire de sortir un peu parce que la ville était à cinq ou six kilomètres de l’entreprise, l’école d’agriculture à trois ou quatre du chef-lieu, du coup j’étais toujours dépendante des autres ou coincée là où j’étais.


Loin de l’atmosphère pesante et malsaine de la maison, je me sentais revivre. L’automne se passa ainsi, dans une certaine insouciance, d’autant qu’il fit assez beau et que j’adorais être dehors toute la journée. Mais je travaillais, beaucoup même. Pour la Toussaint, mon patron ne faisait presque plus de chrysanthèmes, disant que les supermarchés les vendaient maintenant par camions entiers venus d’on ne sait où. Il n’avait gardé que deux ou trois boutiques et quelques clients fidèles qui venaient les chercher directement. Mais « presque plus », c’était quand même 250 pots, tous de variétés exceptionnelles, anciennes ou rares, très jolies. Alors je passais trois jours uniquement à la vente, du matin au soir, jours fériés compris. J’étais contente, parce que chaque jour férié il me payait double et ajoutait en plus un jour à mes congés. J’apprenais plein de choses avec lui, c’était un vrai puits de science concernant les plantes. Et il me montrait tous les gestes techniques, parfois très difficiles, avec ses longues mains fines et puissantes. Quand l’hiver arriva, nous nous repliâmes dans les serres où le travail continuait, à la chaleur de la chaufferie et des rayons de soleil amplifiés par les vitres ou les bâches plastiques. Il faisait chaud et moite, et souvent j’étais obligée de poser mon pull pour travailler. Un jour que je faisais de la multiplication en repiquant des feuilles dans des godets, j’avais donc posé mon pull et j’étais en T-shirt moulant. Je n’avais plus de soutien-gorge, attendant la lessive du week-end, et mes petits seins pointaient librement sous le coton. C’est vrai qu’ils n’étaient pas mal, et le sont encore, bien que pas aussi gros que maintenant. Et puis, comme j’avais bien sué tout le matin, j’avais remplacé le jeans par une jupette presque d’été.

Mon patron arriva doucement derrière moi, observant mes gestes. Pour le godet suivant, il guida mes mains en passant ses longs bras de part et d’autre de moi, corrigeant un peu ma façon de découper la feuille avant de la mettre en terre. Je me laissais faire sans arrière-pensée, puis il me laissa continuer seule en restant derrière moi, les mains sur mes épaules. Sa présence ne me dérangeait pas du tout, au contraire elle me rassurait. Soudain, il me dit doucement :



Soudain, je commençai à comprendre. Moi, toute innocente encore malgré tout ce que j’avais pu observer précédemment, je n’imaginais même pas que Monsieur Robert put avoir des idées coquines sur moi. La chose me troubla, ses mains sur moi aussi me troublaient, son souffle sur ma joue, une sorte de chaleur m’envahit. Du coup, au lieu de couper correctement la feuille suivante, c’est mon doigt que j’entaillai. Immédiatement, il me le prit et le porta à sa bouche. Il me suçait le doigt doucement, le caressant de sa langue, comme il l’aurait fait d’une pointe de sein ou d’un clitoris. J’étais très troublée, toute « chose ». Mes pensées avaient du mal à se formuler, pire ma vision s’embua un instant et je crus tomber dans les pommes. Mes jambes mollirent et je me laissai aller contre mon patron qui en fut ravi. En effet, je sentis contre mes fesses une barre dure et palpitante, il bandait raide le salaud pour son âge. D’ailleurs, son âge ne signifiait en fait pas grand-chose pour moi, si ce n’est qu’il était parmi les adultes, quelqu’un de plus vieux que moi ; plus vieux de presque quarante ans, certes, mais c’était quoi quarante ans ? Une éternité me semblait-il, mais tous les gens disaient le contraire : « Ce que ça passe vite… Oh oui, et de plus en plus vite… ». Que cet homme que j’admirais puisse avoir envie de moi, ça me paraissait vraiment inconcevable, moi, une gamine qui ne savait rien et rien faire. Quelque part, j’en fus très fière et très flattée. Alors après ce léger malaise je lui répondis :



À ses dernières paroles, j’imaginais déjà un scénario concernant mes parents. Si mon père s’était comporté avec ma mère comme avec Jana, la pauvre a dû être dégoûtée du sexe pour la vie. Il a dû négocier ferme pour avoir un enfant, indispensable pour reprendre l’exploitation. Manque de chance, c’était une fille. Il a donc dû la persuader de recommencer pour avoir un mâle, elle a dû dire « d’accord mais c’est la dernière fois », et c’est moi qui suis arrivée. Pas de bol ! Pendant que je pensais à tout cela, les mains de Monsieur Robert s’étaient égarées sur mon corps. Il m’enlaçait maintenant, me tenant toujours par-derrière, sa main gauche remontant sur mon sein droit et la droite sur le gauche. Ses caresses étaient délicieuses. Quand ses longs doigts s’emparèrent délicatement de mes deux globes en même temps, je me sentis fondre. Quand ils parcoururent mes aréoles en évitant soigneusement les pointes, mon cœur se mit à battre la chamade et à résonner dans mes tempes. Quand ils prirent mes tétons et les firent rouler entre eux, un flot se déclencha dans ma petite culotte. Mes yeux se fermèrent, ma tête se renversa contre son torse, j’étais à lui.


Il me souleva dans ses bras puissants et me transporta jusqu’à une pile de sacs de terreau sur laquelle il avait posé une couverture de laine. Il avait bien préparé son coup. Lentement, méticuleusement, il me déshabilla, complètement. Puis, agenouillé près de cette couche improvisée, il se mit à me caresser, longtemps, très longtemps, avec une douceur infinie, ne négligeant pas un millimètre de ma peau. Il se régalait, je le voyais dans ses yeux. Quant à moi, j’étais au paradis. Je voyais le ciel au-dessus de moi, des fleurs et des plantes tout autour, et ces merveilleuses caresses aussi imprévisibles que douces qui faisaient se tendre mon corps comme les cordes d’un piano. Et il en jouait, sur toute la gamme, comme un virtuose. Il me posa même mes chaussures et mes soquettes, suça mes orteils un par un, caressant mes pieds comme des œuvres d’art. On dit « bête comme ses pieds », mais j’appris que des pieds ce n’est pas bête du tout, et que ça peut même donner sacrément du plaisir.


Une petite tache de mouille s’élargissait doucement entre mes jambes, sur la couverture. Elle doubla quand ses doigts experts remontèrent le long de mes jambes, à l’intérieur des cuisses, là où la peau est si fine et si sensible. Il évita soigneusement mon sexe dans un premier temps, à mon grand désarroi. Le ventre me brûlait à en hurler. Au contraire, il faisait exprès de tracer les contours de mon triangle de poils, de l’intérieur des cuisses à l’aine, traversait le ventre et recommençait de l’autre côté. C’était atroce, une véritable torture, mais une délicieuse torture. Et puis il enleva son sweat-shirt et m’apparut torse nu. Il avait peut-être des cheveux grisonnants, mais son torse mince, bronzé et musclé, ses abdos en plaque de chocolat auraient fait pâlir pas mal de jeunes. Tout cela pour écarter légèrement mes jambes et plonger son visage entre elles. Il attaqua mon sexe directement avec sa langue, sans y avoir passé les doigts. Mon corps se mit à tressauter, prenant une décharge de 380 volts. Toute cette longue attente, l’appel de ses doigts sur mon sexe et, au bout du compte, au lieu du contact frais et sec des doigts, celui chaud et humide de sa langue. Ah, il savait prendre mes sens à contre-pied et les affoler ! Un feu d’artifice me pétait dans la tronche alors qu’un torrent de lave envahissait mon ventre. Et lui tranquillement, qui me lapait, étirait mes poils entre ses lèvres pour mieux les écarter, prenait tout son temps pour débusquer mon sillon, l’ouvrir, écarter une lèvre puis l’autre, et me parcourir en lapant le jus qui sourdait de ma vulve.


Il savait exactement où passer sa langue, où lécher, où appuyer, où fouetter, où titiller. Il jouait un concert sur trois touches : mon petit œillet, l’entrée de mon vagin et mon clitoris. Et moi j’étais au bord de l’apoplexie. La vague qui enflait en moi me submergea soudain : premier orgasme. Ma source dut couler plus fort, parce que je l’entendis laper plus que jamais. Puis il aspira mon clitoris dans sa bouche, le pinça entre ses lèvres et se mit à le fouetter à petits coups de langue très rapides, sans cesser d’exercer la succion. J’eus l’impression que mon petit bouton enflait et allait se détacher de mon ventre tellement c’était fou et bon. Braoum, second orgasme. Il lapa de nouveau toute la cyprine qui jaillissait de mon vagin, y faisant pénétrer sa langue de plus en plus loin. Sa langue qui tantôt s’étirait en moi tantôt s’élargissait, écartant mes parois. Quand il me sentit prête, il se redressa, se pencha sur moi pour me donner un baiser profond, reproduisant dans ma bouche ce qu’il avait fait dans ma chatte, me faisant partager le goût acidulé de mes sécrétions. Il posa son pantalon et je vis enfin son sexe dressé, long mais assez mince, très pâle. On l’eût dit taillé dans l’ivoire, un véritable modèle pour les godemichés en plastique que l’on trouve maintenant sur Internet.


Il s’installa à califourchon sur la pile de sacs, souleva mes cuisses écartées et s’approcha de ma grotte. Je sentis son gland se positionner dans l’entrée, écartant doucement mes muqueuses intimes. Puis ses mains, ses mains fabuleuses, se mirent en mouvement. L’une me pressa un téton, l’autre se posa sur mon clitoris. Toutes les deux firent rouler mes petits organes déjà durs et bandés. Le contraste entre cette force, cette puissance maîtrisée, ces contacts durs, et la douceur de la caresse précédente avec sa langue me propulsèrent dans le troisième orgasme. Alors, tout doucement, il progressa en moi, s’avançant petit à petit et laissant à chaque fois mon étui s’habituer à sa présence envahissante. C’était si doux et si délicat que c’est moi qui en voulus plus, plus vite et plus fort. Je propulsai mon bassin vers lui dans un geste de délivrance. Je sentis une douleur fulgurante, un flash au moment de la déchirure, mais qui très vite s’estompa. Ce que je sentais surtout, c’est qu’il était au fond de moi. Au fond de moi certes, mais il lui restait au moins trois ou quatre centimètres à entrer. Ce qu’il parvint à faire avec la même patience et la même douceur, étirant mes chairs vierges en tous sens pour les assouplir. Je me sentais remplie par cette barre de chair chaude et ferme qui ouvrait progressivement sa voie en moi, repoussant mes limites.


Petit à petit, il se retira un peu puis revint en place, puis recommença, et ainsi de suite. Courbé sur moi pour m’embrasser ou sucer mes tétons, il continua et amplifia son va-et-vient. J’étais folle : je baisais, enfin, j’avais la queue d’un homme en moi, j’étais une femme. Je revoyais ma sœur et Rémi, Jana et mon père, les juments, les canards… À mon tour maintenant de connaître le mâle. Rien que cette idée développa la quatrième vague orgasmique sur laquelle mon amant surfa en me limant maintenant très vite et puissamment. Je m’accrochai à lui, de mes deux bras et de mes deux jambes, j’étreignais le plaisir jusqu’au moment où une nouvelle et plus forte vague, un vrai tsunami, ne m’emporte dans ses rouleaux infinis et ne me laisse ensuite inerte et pantelante comme un pantin désarticulé. Mon mentor respecta ma fatigue et sortit doucement de moi, laissant un vide soudain qui me fit tressaillir.



Il prit la main que je lui tendais, la guida sur son sexe encore trempé de ma cyprine et fit comme pour m’apprendre un geste professionnel, avec des ordres précis et me tenant le poignet.



Il se tendit alors comme un arc, je sentis une vibration, un bouillonnement dans son sexe qui grossit un peu dans ma main, et le premier jet partit loin dans les plantes, les suivants éclaboussèrent ma poitrine et mon ventre. J’avais branlé Robert jusqu’à l’éjaculation et j’en étais ravie, fière, étonnée et bouleversée. Il s’accroupit près de moi, joua à enduire et caresser mes seins avec son sperme puis, récupérant des mouchoirs de papier dans sa veste, m’essuya soigneusement. Enfin, il me demanda de me mettre debout sur cette couche improvisée, me retourna pour caresser mes petites fesses un peu oubliées jusque là, glissa son visage entre elles et lapa de nouveau la mouille qui dégoulinait de ma chatte en me mettant debout. Je sentais son nez et son souffle sur ma petite rondelle ; c’est par elle qu’il termina ma toilette, la léchant et la titillant longuement, puis enfilant dedans le bout de sa langue. Cette intrusion me tira un petit cri de surprise, il s’arrêta pour dire :



Alors il se releva, j’étais à peine plus grande que lui, juchée sur cette pile de sacs, il m’attira contre lui pour un long, très très long baiser durant lequel je perdis plusieurs fois haleine. Il me rhabilla complètement, avec la même douceur qu’il avait mis à retirer mes vêtements, sans cesser de me caresser partout, à l’exception de ma culotte détrempée des sucs provoqués par ses caresses, qu’il garda en disant, humant ses parfums :



Au dîner, j’étais doublement gênée. D’abord, j’évitai de croiser son regard, craignant de nous trahir devant son épouse. Et puis, je dandinais d’une fesse sur l’autre, évitant à mon séant le contact avec le bois dur de la chaise. C’est vrai que mon entrecuisse était irrité et un peu douloureux. Je n’osai même pas y toucher un peu plus tard, seule dans mon lit. Des images de sexes se précipitant en moi m’assaillirent toute la nuit, mêlant « Bijou », Rémi, mon père et ses copains dans un odieux coït collectif. Je me réveillai en sursaut et en nage. Le lendemain, mon professeur d’éducation sexuelle évita toute intromission, se contentant de me faire jouir trois ou quatre fois uniquement avec sa langue sur ma vulve hypersensible. Mais nous devions aussi travailler, recevoir les livreurs et quelques clients. Le dimanche matin, son épouse partait à la grand-messe comme à son habitude et Robert vint aussitôt me rejoindre dans ma chambre. J’étais encore en chemise de nuit qui s’envola aussitôt, m’offrant nue aux caresses de mon maître d’apprentissage. Estimant mes chairs suffisamment reposées, il me positionna cette fois en levrette et m’offrit une invraisemblable chevauchée, bourrant ma petite chatte de puissants coups de boutoir qui me firent partir trois fois au firmament du plaisir. Il éjacula sur mes fesses, caressant longuement ma petite rondelle de son gland englué de sperme.


Quand la voiture entra dans la cour, j’étais encore sous la douche et Robert lisait son journal en fumant sa pipe d’écume, comme chaque dimanche, comme si de rien n’était. Malgré tout, j’eus l’impression toute la journée d’avoir encore son sexe en moi, mon corps en avait gardé l’ineffable souvenir. Mais je savais que le lendemain il allait me conduire à l’école d’agriculture pour toute une longue semaine. Il déclara vouloir partir très tôt, il se levait à six heures chaque jour, car il avait une journée chargée et je ne serai pas là pour l’aider. Sur la route, il arrêta le fourgon et me fit une dernière fois l’amour merveilleusement, jupe simplement relevée et culotte baissée. Je le suppliais d’éjaculer dans ma bouche afin de le garder en moi toute la journée, il le fit avec un plaisir visible, j’avalais fièrement toute sa semence.


Semaine morose. Plusieurs fois, les profs me rappelèrent à l’ordre, me disant que j’étais distraite. Enfin, le vendredi de délivrance arriva. Nous finissions à midi, il était là avec le fourgon. Il m’emmena directement en ville me disant :



Ils avaient acheté un petit appartement meublé en ville, une « poire pour la soif » comme ils disaient. Dans un premier temps, ils l’avaient loué, mais l’avaient retrouvé dans un tel état qu’ils avaient renoncé à la location. Robert l’avait entièrement refait, c’était plutôt sympa même si ça sentait un peu le renfermé.



Mon sexe était furieusement avide de retrouver le sien, mon corps de recevoir ses caresses. Je me fis très vite emporter dans les rouleaux du plaisir mais, curieusement, était-ce à cause de cette semaine de privation, je n’en redescendis pas. Ventre en feu, tête vide, peau intégralement moite, je jouissais sans discontinuer avec des crêtes successives tandis que mon Pygmalion jouait de mon corps à son gré, me faisant tour à tour le chevaucher dans un sens, puis dans l’autre, me perforant par derrière en me tenant une jambe levée, me pilonnant debout agrippée à lui, me labourant à plat ventre et enfin m’éclatant complètement la vulve fesses en l’air, jambes de part et d’autre de ma tête, et lui se laissant retomber lourdement dans mon conduit. Ses grosses couilles bien pleines de semence s’écrasaient à chaque fois d’un côté sur mon clitoris et de l’autre sur mon œillet distendu, me faisant monter chaque fois une nouvelle marche de l’échelle du plaisir. Ma mouille dégoulinait sur mon ventre, mon sexe faisait un bruit permanent de déglutition, et je voyais dans un brouillard la toute-puissance de ce corps athlétique enfoncer coup après coup le plaisir dans mon ventre. J’explosai dans un délire inouï et improbable qui le surprit lui-même par son intensité et sa durée. Il me dit ensuite que c’était comme une crise d’épilepsie. Mais mon prodigieux orgasme provoqua le sien et il présenta immédiatement son sexe à ma bouche où il éjacula de longs jets intarissables. Dans mon semi-coma, je bus ce que je pus, le surplus s’écoula de mes lèvres sur mes joues, mon cou… Il me nettoya de sa langue agile.


Quand nous arrivâmes à la maison, sa femme me dit :



Il y eut effectivement la visite chez le docteur, et je regrettais un peu que ça ne soit pas ma mère qui m’y emmène. Le docteur constata qu’effectivement je n’étais plus vierge, mais ça resta entre nous, et qu’il valait mieux me protéger. Il me fit un frottis et une prise de sang et m’expliqua comment prendre ce médicament. Dans l’attente de cette protection libératrice, mon amant passa la semaine à me préparer à perdre mon ultime virginité. Avec toute la douceur et la dextérité qu’il avait montrée jusque-là, il prit tout le temps nécessaire pour agrandir mon petit trou et l’habituer à une présence intruse. Malgré tout, je fus suffoquée quand son sexe puissant franchit ma petite rondelle. Mais il eut toute la patience et usa de toute la confiance que j’avais en lui pour me diriger merveilleusement. Ce fut la grande découverte d’un monde de sensations nouvelles, relevant toutes très vite du plaisir absolu. L’apothéose fut le moment où il put enfin inonder mes entrailles de sa semence chaude, me propulsant au pinacle du plaisir.


Notre liaison dura quatre ans, le temps d’un CAP puis d’un Brevet Professionnel. Quatre années d’intense plaisir durant lesquelles mon corps se développa harmonieusement, affermissant mes formes de femme en de somptueux attributs quotidiennement utilisés mais jamais maltraités. Je grandis encore un peu, mes épaules et mes hanches s’épanouirent, mes seins grossirent considérablement en restant fermes, ma vulve sollicitée en permanence s’épanouit généreusement en une volumineuse boule charnue et très sensible, mon clitoris grandit à des proportions incroyables d’après mes amants ultérieurs, devenant gros comme une petite cerise sauvage et long comme un sexe de nouveau-né.


De hauts talons affinèrent ma silhouette, encore un cadeau de mon amant qui m’en couvrait en permanence. J’étais heureuse et amoureuse, totalement dédiée à cet homme qui m’avait tout appris et fait tout vivre. Je travaillais bien, je réussissais bien dans mes études, mais je ne pensais qu’à une chose et sans arrêt : baiser, baiser, baiser ! Maintenant, c’était souvent moi qui dirigeais non seulement l’entreprise mais aussi mon amant, exigeant toujours plus de lui. Pour mes deux années de BP, je décidai de ne plus être interne à l’école, mais d’habiter son petit appartement. Il venait m’y rejoindre au moins deux fois par semaine, c’était indispensable car le rythme était alors de deux semaines chez l’employeur et deux semaines au centre. Je n’aurais pas résisté deux semaines sans son sexe en moi, alors que le reste du temps nous baisions quatre à cinq fois par jour. Le calvaire, c’était les vacances : quatre semaines de disette pendant lesquelles ils partaient à la mer, près de Royan, et où moi je retrouvais les figures tristes et ternes de mon enfance. Dans tous les yeux avides, y compris ceux de mon père, je voyais bien que j’étais devenue une femme maintenant, et une femme désirable. La seule personne avec laquelle je m’entendais, c’était Jana. Elle parlait assez bien le français maintenant et je passais de longues journées avec elle. C’était une fille simple mais sincère, touchante dans sa détresse, sa condition de quasi-esclave et son isolement si loin de chez elle. J’osai lui demander si mon père abusait toujours d’elle :



Je lui montrai alors ma cachette d’enfance, un endroit où je ne pourrais plus entrer maintenant. Elle me dit que oui, bien sûr, peut-être venait-il un peu moins souvent, parce qu’il la connaissait trop ou qu’il vieillissait un peu.



J’étais sur mes gardes à la maison, d’une façon différente que dans mon enfance, mais toujours prête à fuir ou à me cacher. Pourtant, un jour que je collectais des œufs dans l’ancienne écurie de « Bijou », qui avait fini chez l’équarrisseur après tant de magnifiques saillies, mon père me coinça dans cet endroit, habilement placé entre la porte et moi.



Il posa sa grosse patte sur un de mes seins, le broyant sans ménagement avec une violence et une perversité dans le regard que Robert n’aurait jamais eues. La rage s’empara de moi. Je n’avais qu’un œuf dans la main, je lui écrasai en plein visage. Sous la surprise, il recula, trébucha, ayant perdu la vue dans les miasmes de l’œuf écrasé. Folle de colère, je saisis alors l’une des anciennes sangles de « Bijou » accrochée au mur et lui en assénai plusieurs coups :



Puis je m’enfuis vers l’habitation, posant le panier d’œufs, grimpai dans ma chambre et bouclai ma valise. Hurlant à la mort : « Attends que je t’attrape, sale petite garce ! », mon père avait fini par rentrer aussi pour se faire soigner par ma mère. Ben oui, la sangle avait une boucle d’acier qui lui avait labouré profondément le visage. Il beuglait à ma mère le tamponnant délicatement : « Tu me fais mal ! » quand je redescendis et filai sans demander mon reste. Je me réfugiai dans le petit appartement de Robert, attendant son retour, l’esprit apaisé mais le corps en feu.


Hélas, le retour fut assez dramatique. L’épouse de Robert n’allait pas bien, très mal même. En quelques jours il s’avéra que c’était un cancer, déjà bien avancé. Je n’eus même pas le temps de signer le nouveau contrat d’embauche après mon BP qu’il fallut l’accompagner dans sa dernière demeure. Robert m’avait bien dit que c’était la femme et l’amour de sa vie, quoiqu’il fasse avec moi. Je constatai amèrement qu’il avait encore une fois dit vrai. Il était totalement effondré, dépressif, anéanti. Tout ce que je pouvais faire ou dire ne servait à rien. C’était avec elle qu’il voulait finir sa vie, et il se retrouvait soudain dans le désert, le néant. Il m’emmena chez le notaire au moment du règlement du décès de Marianne et, sans perdre un instant, il me céda l’entreprise et la maison.



Il partit très vite, ne prenant que ses affaires personnelles. Il m’avait donné ce qu’il avait de plus cher après Marianne, mais il se débarrassait en même temps de toute la liquidation de son passé : meubles, vêtements, photos, papiers, vaisselle… Tout était resté en l’état. Le ciel me tombait un peu sur la tête : c’était bien sûr un cadeau colossal, mais aussi un peu empoisonné. Je fis d’abord un grand tri et me débarrassais de tout ce qui représentait l’encombrante présence de la défunte, de tous les meubles et objets qui ne me plaisaient pas également. Mais il fallait assurer en même temps la survie de l’entreprise. Heureusement, depuis quatre ans, tout le monde me connaissait et je pus conserver l’essentiel de la clientèle. L’école d’agriculture me donna aussi un solide coup de main. Même mes anciens profs vinrent m’aider à assurer une bonne gestion et l’on m’envoya des stagiaires presque en permanence pour assurer les tâches de production.


Je pris vite la mesure de l’énorme travail que réalisaient Robert à la production et Marianne à l’administration. Je ne vis pas le jour pendant six mois, avant que peu à peu je prenne de l’assurance et retrouve un peu de sérénité. C’était une entreprise viable et bénéficiaire, et ma nouvelle installation devait en limiter les charges pour trois ans, le temps de me préparer à affronter les difficultés et de constituer une trésorerie de secours. Mais mon corps pendant ce temps s’étiolait sans caresses et me faisait mal de désirs inassouvis. Je préparais donc une quantité de questions auxquelles seul Robert pouvait répondre, plusieurs cartons d’objets que j’imaginais pouvoir lui manquer, notamment une partie de sa collection de plantes rares qui pouvaient très bien survivre sur un balcon de Charente-Maritime, et je partis pour Royan avec le fourgon de l’entreprise aisément repérable. Sur Royan, aucun Robert V… Je me souvins qu’ils disaient « près de Royan », j’écumais donc mairies, postes et gendarmeries des villages alentour, sans succès. Je rentrais dépitée d’une semaine de recherches infructueuses, torturée par mon corps qui avait cru à la proche récompense.


Je recompilais tous les papiers que je n’avais pas jetés, recontactais le notaire, lançais des courriers dans toutes les communes en élargissant ma zone de recherche, mais au bout de six mois je dus me rendre à l’évidence, s’il ne se manifestait pas, j’avais définitivement perdu mon premier amour. Le remplacer me semblait impossible, mais malgré mes masturbations frénétiques et quotidiennes, il fallait bien trouver quelqu’un pour apaiser mon corps dévoré de désir sexuel. Je me mis donc en chasse, en parfaite lucidité. J’essayerai autant d’hommes que nécessaire pour en trouver un qui me comble.


Tous y passèrent, avec une facilité qui me déconcerta. Il me suffisait de repérer un regard lubrique, de susciter un petit encouragement, et hop ! Livreurs, fournisseurs, clients, tous ou presque finirent dans mon lit. Une seule fois pour la plupart, parfois deux pour en avoir le cœur net. Et puis je rencontrai François à une soirée d’anciens de l’école d’agri. Il avait trois ans de plus que moi, si bien que je n’avais pas pu le croiser quand j’étais élève. Pas très fin comme mes anciens congénères, il était cependant monté comme un âne. Dès la première nuit avec lui, en m’offrant une chevauchée endiablée sur son gros chibre, je sus que je le reverrai souvent. Il explosa littéralement mon étui à plaisir et réussit à me faire hurler comme jamais en me sodomisant. Je l’épousai. Lui était ravi, il trouvait d’un coup une femme plutôt pas mal, « bombe sexuelle » au lit comme il disait, lui apportant une entreprise en bonne santé et une maison.


Mais au bout de quelques mois, de lourds nuages d’orage s’amoncelèrent : François se laissait vivre et ne fichait pas grand-chose. Ça encore, j’aurais pu passer dessus. Mais il était aussi hâbleur et se vantait à qui voulait l’entendre de son travail et de ses réussites alors que c’était moi qui faisais tout. Et puis l’argent filait vite entre ses doigts, très vite, au point que je commençai à me poser des questions. Si encore j’avais été pleinement comblée, je crois que j’aurais pu également pardonner. Mais ce n’était pas ou plus le cas. Aussi fainéant au lit qu’au travail, j’avais sans cesse l’impression de lui infliger une punition et, selon son expression, dès « son coup tiré » il se levait et allait fumer dehors, me laissant sur ma faim. C’est en voulant nettoyer et remettre en service une petite serre un peu à l’écart que je découvris le pot aux roses, en l’occurrence des plants de cannabis. Des centaines de godets, bien plus qu’il n’en faudrait pour une consommation personnelle. François en consommait, d’où sa perte d’énergie au travail comme au lit, et en plus il comptait en vendre, mettant l’entreprise en grand danger. Ma colère fut à la hauteur de la faute. Ayant accepté de ne pas appeler les gendarmes uniquement pour préserver l’image de mon entreprise, je passai le tout au désherbant et renvoyai François chez sa maman. Et un divorce, à mon avantage, celui-là.


Je me remis donc en quête d’un nouvel « étalon » faute d’un nouvel amant au sens complet du terme. Je retrouvai un peu de bonheur auprès d’un représentant, David, que je finis aussi par épouser. Il était très gentil et doux avec moi, mais ses absences étaient trop longues. Les deux jours et trois nuits hebdomadaires que nous passions ensemble ne suffisaient plus à satisfaire mes insatiables envies… pire, ils les attisaient. J’ai résisté tant que j’ai pu pourtant, car j’aimais bien David et je le respectais. En plus, nous n’avions guère le temps de nous heurter, et le peu de temps que nous partagions se passait essentiellement au lit. Mais un beau noir passa par là. Il travaillait pour une entreprise de BTP à laquelle j’avais dû faire appel pour rehausser le plateau où étaient installés mes tunnels de forçage, après une inondation catastrophique qui m’avait fait perdre une partie de ma production. Il conduisait un engin de terrassement, je passai plusieurs journées à le guider afin qu’il fasse exactement ce que je souhaitais.


Au début, je me contentais de lui faire des signes, plus ou moins précis ou adaptés, surtout que j’avais un peu peur de cette énorme machine. Il fallait souvent qu’il arrête son engin bruyant, qu’il descende et que je lui explique, et un quart d’heure après c’était à refaire pour l’étape suivante. Il finit donc par me faire monter avec lui dans sa cabine. Je fus impressionnée par la sensation de puissance qu’on peut avoir de là-haut. Tout semblait possible, rien ne paraissait pouvoir résister. Debout derrière lui, me cramponnant à ses larges épaules, je devais me pencher souvent pour lui parler dans l’oreille à cause du bruit. Les cahots me firent connaître l’extrême douceur de sa peau noire, ce qui provoqua aussitôt une énorme bosse dans sa combinaison de travail. Le bruit assourdissant qui m’étourdissait un peu à la longue, la sensation de toute-puissance éprouvée dans cet engin qui me grisait, la peau douce de celui qui le maîtrisait et son désir manifeste me firent soudain mouiller comme une folle. Je succombai rapidement à mon propre désir de soulager le sien, et mes mains descendirent avec sa fermeture à glissière vers la seule manette de l’habitacle que je savais manœuvrer. Mes aïeux quel sexe ! Grand, épais, dur comme de l’ébène. Et quelles lèvres qui vinrent à la rencontre des miennes, de celles de ma bouche d’abord, de celles de mon sexe ensuite. Malgré l’exiguïté de la cabine, c’est là qu’eut lieu notre premier rapport, un peu dissimilés d’éventuels regards extérieurs par les pelles et godets relevés en paravents. Je découvris également l’extraordinaire endurance d’un pénis circoncis : le gland frottant en permanence dans le caleçon ou le pantalon est moins sensible que lorsqu’il est protégé par un prépuce.


Après m’avoir donné un premier orgasme, il m’assit sur sa queue toujours aussi raide et insatisfaite, et se mit en tête de m’apprendre à piloter son engin dans un terrain dégagé à l’écart du chantier et de la route. Je subissais la double excitation de sentir ce pieu en moi et de diriger cette énorme puissance en manipulant délicatement toutes ces petites manettes colorées. Chaque mouvement, chaque secousse, chaque cahot se transmettait directement dans mon ventre. Ce fut un moment grandiose et bouleversant, durant lequel j’enchaînai trois ou quatre orgasmes successifs. Je gardai donc Ibrahim chez moi pour la nuit sans aucun remord, espérant bien d’autres plaisirs et je ne fus pas déçue. Ce bel athlète me bourra une bonne partie de la nuit sans paraître fatiguer, avec quelques pratiques nouvelles qui me plurent beaucoup, comme par exemple me claquer latéralement le bout des seins, ce qui me provoquait à chaque fois une décharge électrique dans le bas-ventre. Le lendemain, c’était mon anniversaire. Le chantier aurait dû se terminer, mais je fis traîner, demandant des modifications, juste pour garder Ibrahim le soir, ce serait mon cadeau. La soirée s’annonçait bien, je préparai un repas de fête, un peu déçue qu’Ibrahim ne boive pas d’alcool. Je bus donc nos deux coupes de champagne, le laissant à son jus d’orange, mais ça n’avait guère d’importance car dès l’apéritif le canapé du salon accueillit nos premiers ébats de la soirée. J’étais bien empalée et en plein délire orgasmique quand mon mari arriva sans prévenir, voulant me faire la surprise… Elle fut pour lui. Second divorce, à mes torts cette fois-ci.


Désolée pour David, il n’avait pas mérité ça, le pauvre, mais c’était ainsi, on ne rembobine pas la cassette pour en changer le contenu. Ibrahim semblait tenir la route, sa force physique et ses compétences de conducteur d’engins pouvaient m’être utiles, je décidai de le garder et donc de l’épouser dès que mon divorce fut prononcé. Encore une fois, tout se passa bien au début. J’avais dû faire quelques concessions, bannir de notre table tout alcool et viande de porc, mais ce n’étaient que détails, mon corps était à la fête. Ibrahim était Togolais d’origine et musulman de confession, et honnêtement je n’en avais cure. Eût-il été martien ou atlante, c’eût été pareil. Il était capable de me donner du plaisir, il était costaud et travailleur, je m’accommodais du reste. Mais au bout de quelques semaines, il me dit un jour :



Ibrahim prit la voiture pour aller chercher sa cousine à Roissy. Il revint effectivement avec une belle Togolaise plutôt plantureuse, habillée de vêtements chamarrés, d’une importante quantité de bagages et… de deux enfants d’environ quatre et six ans. Ça faisait un peu beaucoup, tout de même, bien que j’aie largement la place de les loger. Mais il fallait aussi les nourrir, et Ibrahim resta très évasif sur la durée de leur séjour. Autant dire que tout ça m’agaçait un peu, mais ce qui me gênait le plus c’était cette perte momentanée d’intimité. En effet, ayant l’habitude d’être seuls dans cette maison, nos ébats s’effectuaient n’importe où, n’importe quand, et mon plaisir s’exprimait plutôt bruyamment. Il faudrait donc pendant leur présence nous cantonner à la chambre et limiter les décibels. J’espérais que le séjour ne serait pas trop long, malgré la nonchalance affichée du cousin et de la cousine. Mais elle était sympathique, voulut me faire plaisir et tint absolument à faire la cuisine. Ils allèrent tous deux faire des courses pendant que je faisais visiter les serres aux enfants. Après avoir fait trois fois le tour des serres et de la pépinière, la nuit commença à tomber et je dus coller les gamins devant la télé. Ibrahim et sa cousine rentrèrent fort tard. Elle était encore tout émue de la profusion des marchandises qu’elle avait vue, mais pas très satisfaite des denrées trouvées.



Je n’étais pas ravie-ravie et je tirais un peu la gueule. Elle nous prépara quand même des plats traditionnels assez savoureux, comme le « bolou toto », des crevettes aux poivrons, et du « yébésséssi », un bar à la tomate. Je ne me souviens que de ceux-là, mais la maison se mit aussi à sentir fort la friture grasse et il y avait toujours des plats de beignets dans lesquels tous les quatre piochaient à longueur de journée. Tu m’étonnes qu’elle soit un peu ronde, la dame. Ibrahim restait toujours aussi évasif sur leur départ, mais j’avais un peu hâte de reprendre tout cela en main et de redevenir maîtresse chez moi.


Un soir où je m’étais endormie d’épuisement après une bonne journée à manipuler pots et sacs de substrat, et qu’Ibrahim m’ait honoré longuement de ses faveurs, ma tête enfouie dans les oreillers pour étouffer mes râles de plaisir, je fus réveillée par ce qui me semblait être des plaintes. Tiens, mon mari n’était plus près de moi. Complètement dans le brouillard, je me dis que ça pouvait être l’un des enfants qui était malade, il fallait donc que j’aille voir s’il fallait appeler un docteur. M’étonnait pas qu’ils n’aient pas digéré tous ces maudits beignets tout gras qui empestaient la maison ! Je montais donc péniblement à l’étage, là d’où venaient ces plaintes, les yeux à peine ouverts et le corps fatigué, et poussai la porte d’une chambre éclairée. Je fus réveillée instantanément. La « cousine » était nue à quatre pattes sur le lit, offrant son gros postérieur à Ibrahim qui la limait comme un fou, faisant ballotter ses gros seins d’avant en arrière. Bien ! Mon sang ne fit qu’un tour et j’allais droit au but. Avant même qu’ils ne m’aient vue, trop occupés à leur copulation, les couilles d’Ibrahim étaient entre mes doigts, mes ongles plantés dans la chair tendre. Il hurla, mais je ne lâchai pas prise. La doudou se ratatina sur le lit en roulant des yeux affolés et en poussant des jappements dans son dialecte natal. Cause toujours, tu m’intéresses.



Quand elle entendit ça, la favorite roula des yeux encore plus ronds que les miens et se mit à insulter Ibrahim avec véhémence. Oubliant sa nudité, elle se leva, lui donna des coups de pied et lui cracha dessus. Apparemment, il n’y a pas qu’à moi qu’il avait menti. Je la renvoyai sèchement dans son coin, avouant cependant que, malgré quelques kilos en trop, c’était une superbe fille avec cette élégance tout africaine, gros seins, fesses rebondies et très hautes, et donnant en permanence l’impression de danser quand elle se déplaçait. Un des mômes se mit à pleurer, j’envoyai sa mère s’en occuper, et je dis à Ibrahim que nous réglerions tout cela le lendemain matin. Je m’enfermai dans ma chambre à double tour. Dès huit heures, j’appelai un huissier de justice, il était là une heure plus tard. La Togolaise avoua sans difficulté être la troisième femme d’Ibrahim. J’envoyai celui-ci la ramener à Roissy, direction le Togo, et l’après-midi nous étions au tribunal. Pour une fois, le divorce fut plus que rapide puisque ce fut une annulation de mariage et je me retrouvai à mon point de départ, seule.


Je me mis à déprimer, implorant un ciel auquel je ne croyais pas de me renvoyer mon Robert. Il aurait bien été déçu, parce que sa belle entreprise ne marchait pas si bien que ça. Je ne travaillais pas assez et moins bien, trop soumise à la dictature de mon corps et à toutes ses conséquences. Les clients se faisaient plus rares, les gens qui m’avaient aidée au début m’avaient abandonnée depuis longtemps, je n’étais plus fiable à leurs yeux. J’avais des tas de papiers en retard, des factures impayées… Je n’arrivais plus à tout faire, j’avais l’esprit ailleurs, et j’avais passé beaucoup trop de temps dans les ennuis de ces trois mariages ratés. Il fallait absolument que je réagisse et que je me remette sérieusement au boulot, ne serait-ce que pour Robert.


Le coup de grâce me fut donné quelques semaines plus tard. Un soir triste et solitaire comme les autres, j’avais beaucoup travaillé pour épuiser mon corps et le rendre plus sage. J’avais pris une douche et j’essayais de m’occuper l’esprit en regardant les stupidités de la télé, en peignoir, un paquet de petits gâteaux près de moi pour tout dîner, l’autre main bien sûr entre mes cuisses. C’était tellement machinal que je n’y faisais même plus attention. On frappa à ma porte, j’allais ouvrir. Une sorte de grand escogriffe tout dégingandé et puant l’alcool me dit :



Je le poussai violemment, il recula de trois marches, et je fermai ma porte à double tour. Cet imbécile se mit alors à tambouriner dans ma porte en criant :



Il continua, j’appelai les flics en leur faisant entendre les coups et les vociférations de l’individu. Évidemment, compte tenu de leur discrétion, le type partit en trombe en percevant gyrophare et sirène. Deux gendarmes débarquèrent, dont un chef, adjudant, je crois, et je leur racontai ma mésaventure. Le chef envoya son collègue vers le bar pour chercher des informations sur l’individu et faire un rapport, et il dit à mon intention :



L’autre gendarme revint, et dit qu’il s’agissait probablement d’un certain L…



Ils prirent congé, me laissant atterrée. Ainsi ma réputation était faite dans le coin, normal. J’étais une traînée, une salope, une putain, tout ce que l’autre gueulait à travers ma porte. Il ne fallait pas chercher dans la qualité de mon travail la cause de la baisse de mes ventes. Voilà où tout cela m’avait amenée. J’étais effondrée et je pleurai toute une partie de la nuit. Les jours qui suivirent furent sombres. Née à la campagne, je savais bien qu’une réputation collait à la peau même des années après que ce qui l’avait motivée ait disparu, comme les surnoms. Il y avait chez nous un vieux bonhomme de presque quatre-vingt-dix ans qu’on appelait « Dédé la dorure ». Il avait été maire du village cinquante ans auparavant et pendant son mandat, il avait fait redorer une statue posée sur le toit de l’église et abîmée par les outrages du temps. Pour le reste de sa vie, on l’avait appelé « Dédé la dorure ». Et moi, comment m’appelait-on ? « La fleuriste en chaleur » ? « Trois maris » ? « La croqueuse d’hommes » ? Comment balayer tout ça, redevenir normale, anonyme ? « Anonyme », c’est le mot qui me trottait dans la tête, et la réponse me vint du journal télévisé : un vieux monsieur avait été découvert dans son appartement parisien, mort depuis plus de trois mois. « Tout cela parce que dans les grandes villes on est anonyme. On ne connaît même pas ses voisins », commentait le journaliste. Voilà ce qu’il me fallait.


Et en plus, ici j’avais fait le tour des hommes possibles, une grande ville serait un « terrain de chasse » bien plus vaste. J’allais vendre et partir à Paris. Et Robert ? Après tout, lui aussi m’avait totalement abandonnée, alors… Je mis donc en vente l’ensemble, entreprise, matériel et maison d’habitation, à un prix raisonnable conseillé par le notaire. Un de mes concurrents se proposa de racheter l’entreprise, une double aubaine pour lui : s’agrandir et supprimer la concurrence. Mais il ne voulait pas s’embarrasser de la maison, ayant déjà une superbe villa. Je négociai rudement avec lui, arguant que j’allais perdre beaucoup en coupant l’ensemble, que personne ne voudrait acheter une maison enclavée dans l’entreprise et que ce serait sûrement une perte sèche pour moi. Il accepta d’augmenter sa proposition de la moitié de la valeur estimée de la maison seule. Nous signâmes le compromis uniquement sur l’entreprise.


Je mis donc toute mon énergie, et les ressources de l’entreprise que j’allais quitter, à bien séparer la maison du reste en refaisant tout l’environnement paysager. Je modifiais le terrain avec mon petit tractopelle, plantais une haie côté entreprise et une autre côté maison, fit installer une clôture, un muret, un portail. En un mois et pour une dépense modique, la maison avait changé d’allure : ce n’était plus la maison du patron de l’entreprise mais une villa agréable à la campagne et tout près de la ville. Je la remis en vente au double du prix précédent, elle partit après négociation à une fois et demie. J’étais donc assez contente de mes transactions.


*

**



Mais Paris… c’est très cher ! Avec le prix de mon entreprise de trois hectares et de tout son matériel, je ne pus obtenir qu’un pas de porte de soixante mètres carrés environ, cinq sur douze, avec une réserve en sous-sol, assez bien placé il est vrai ; et pour le prix de ma grande maison de près de trois cents mètres carrés sur trois niveaux, je dus me contenter d’un appartement de cinquante mètres carrés à quinze kilomètres de là, en banlieue. J’avais quand même un balcon d’où je pouvais apercevoir, les rares jours de temps clair, les silhouettes du Sacré-Cœur et la pointe de la tour Eiffel, et un box en deuxième sous-sol pour la petite Clio commerciale d’occasion que j’avais achetée. J’appris à connaître les affres des embouteillages dès le matin et ceux du soir.


J’ouvris donc un magasin de fringues… pour hommes, si, si, des produits luxueux et chers. J’avais particulièrement soigné la décoration et l’éclairage, faisant presque tout moi-même. Je trouvai que poser de la moquette était bien plus facile que de poser du gazon en plaques, tout comme les lambris de bois étaient moins fatigants à fixer qu’une clôture de claustras. Je fis donc une ambiance très cosy dans ce long espace sombre, multipliant les petites lampes sur pied et les lampadaires, chinés dans les brocantes ou aux puces. Proche d’un quartier d’affaires, j’eus très vite une clientèle d’hommes pressés et exigeants mais qui payaient sans discuter. Mes motivations pour avoir choisi ce type de commerce étaient claires et toujours identiques : pour rencontrer beaucoup d’hommes, je plaçais une nasse dans un banc de poissons, espérant que sur le lot…


J’en essayai en effet quelques-uns, mais avec toujours la même déception. Au moins ici étais-je redevenue anonyme et apparemment, contrairement à ma campagne, je n’étais pas seule dans mon cas, certaines l’affichaient délibérément. L’un de mes amants occasionnels habitait le quartier. En guise de remerciement, il me donna son badge permettant d’accéder à son garage en sous-sol, car il n’avait pas besoin de voiture et le garage était inclus dans sa location. Je résolus ainsi mon problème de stationnement. Quant au reste, tout allait bien. J’avais vite constaté que je n’avais personne avant onze heures et que les flux principaux se situaient entre midi et deux et après dix-huit heures. Je partais donc de mon appartement vers neuf heures et demie, évitant les encombrements du matin, et je rentrais après vingt heures sans aucun problème.


La vie s’écoula ainsi, assez bien réglée, de jour en jour et de semaine en semaine, sans faits marquants, ni heureux, ni malheureux. Mais je m’étiolais. Je manquais d’air pur et je manquais de plaisir. Je profitais du lundi pour aller faire des escapades en bords de Seine ou de Marne, parfois jusqu’à la côte Normande, prendre ma dose de grand air et de soleil. Pour le reste, je n’avais que mes doigts et mes souvenirs. Un jour, une femme entra dans ma boutique. Il n’était pas rare que des femmes viennent acheter des vêtements pour leurs maris, soit parce qu’ils n’aimaient pas s’en occuper, soit pour leur faire un cadeau. C’était une grande bringue très mince juchée sur des talons de douze centimètres, en pantalon et blouson court, avec une grosse touffe de cheveux frisés noir corbeau et un grand cabas sur l’épaule. Je me méfiais toujours de ces grands cabas, un vêtement peut vite aller s’y perdre, donc je ne la quittais pas des yeux. D’autant qu’elle regardait tout, fouinait partout, déplaçait les cintres un à un sur les portants. Au bout d’un quart d’heure de ce manège, je m’approchai et lui demandai :



Arrivée au bout du portant, elle se retourna enfin vers moi comme si je l’agaçais, puis me regarda de haut en bas avant de fixer mon regard. Son visage était assez rectangulaire et sans finesse, mais ses yeux étaient prodigieusement verts.



Je me dirigeai vers les cabines d’essayage derrière lesquelles j’avais caché les deux cartons reçus. Je jetai quand même un coup d’œil par-dessus mon épaule, l’obsession du cabas. Le regard de la grande brune était rivé sur mes fesses. Comme quand elle m’avait scrutée tout à l’heure, ce regard me fit une drôle de sensation qui me mettait mal à l’aise. Elle me regardait un peu comme le font les hommes, et jamais une femme ne m’avait regardée comme ça. Je rapportai des pantalons de cuir, dans une peau fine et souple de toute beauté, en noir, marron, bordeaux et vert foncé. Elle apprécia beaucoup, en essaya un qui, compte tenu de sa taille, lui alla comme un gant sans même avoir besoin d’être raccourci. Elle en prit deux, un noir et un bordeaux, et rien que sur ce coup-là j’avais gagné ma journée. Elle me félicita encore pour mon magasin, promettant de m’envoyer des collègues puisqu’elle travaillait tout près.


Elle tint parole puisque quelques jours plus tard, deux hommes vinrent de sa part m’acheter, l’un un costume trois pièces Anglais, et l’autre un magnifique pardessus d’alpaga. Merci Madame ! Elle-même repassa un soir, alors que j’allais fermer plus tôt qu’à l’habitude, parce qu’il pleuvait à seaux depuis le milieu de l’après-midi et que je n’avais vu personne. Elle arriva en courant, vêtue d’un sweat-shirt angora, d’un short et d’une paire de grandes bottes montant au-dessus du genou. Vu sa silhouette, c’était très élégant mais inapproprié au regard du temps.



Nous passâmes les imperméables en revue, retenant sans conviction un trench-coat assez banal. Puis ses yeux se portèrent de nouveau sur les vêtements de cuir, et je lui dénichai une veste longue cintrée, façon redingote, qui lui moulait parfaitement le buste, ayant les épaules carrées et une poitrine modeste. Je lui conseillai de laisser le bas ouvert afin de laisser voir ses jolies jambes, elle apprécia. Puis elle me demanda si j’avais des chapeaux, ayant toujours rêvé d’en porter un. J’en avais peu mais l’un d’eux fit l’affaire, à condition d’enlever le bandeau et de pouvoir le faire tenir sur son épaisse crinière frisée en partie bien mouillée. Je lui proposai de tenter de bricoler rapidement une sorte de chignon qu’on logerait dans le chapeau. Elle s’assit sur une chaise et avec les moyens du bord, quelques élastiques et ce qui traînait dans nos sacs à main, je réussis à lui faire quelque chose de présentable. Elle était ravie, se pressa de régler, il était vingt heures trente et son rendez-vous était à vingt et une heures à une douzaine de stations de métro avec changement. Je lui proposai de la déposer puisque je devais partir, elle accepta et je m’arrêtai devant son lieu de rendez-vous à l’heure juste. Elle me fit spontanément une bise avant de quitter ma voiture, je la regardai s’éloigner à grandes enjambées, belle silhouette qui avait vraiment fière allure.


Le lendemain dans la journée, je reçus une douzaine de roses avec sa carte et ce seul mot : « Merci ». Elle m’apprit plus tard que ce soir-là, elle avait négocié un gros contrat pour sa boîte de communication et qu’elle me le devait en partie, tant l’apparence peut jouer en de telles circonstances. À dater de ce jour, nous devînmes très copines. Elle passait toutes les semaines à la boutique, nous allions parfois dîner ensemble ou voir un spectacle, une exposition. Puis, je constatai soudain une nette augmentation de fréquentation de la boutique et de mes ventes. Une fois, je dus même me réapprovisionner à trois reprises dans la même semaine, je ne savais plus où donner de la tête et mon chiffre d’affaires croissait de manière inespérée pour une première année. Quand je lui en parlai lors d’un dîner, elle se dit ravie, espérant y être un peu pour quelque chose. Elle me sortit alors une revue mensuelle luxueuse sur un épais papier glacé, de ces revues que seuls les nantis achètent et qui présentent pêle-mêle le dernier cri de la décoration, de l’habillement, des vacances et des croisières de luxe, des petites annonces d’appartements, manoirs et châteaux à plus d’un million d’euros. Une demi-page de cette revue était consacrée à ma boutique, avec un article dithyrambique et ma carte de visite comme illustration, signé par une totale inconnue. Ce qui expliquait probablement ce soudain engouement pour mon magasin. Devant ma surprise, elle me dit :



Puis, après un long moment de silence et de réflexion, je poursuivis :



Les jours suivants, les nuits surtout, je repensais à Julia, c’était son prénom, à sa silhouette élégante, à ses manières masculines et à ce qu’elle m’avait dit. Le fait de pouvoir susciter du désir chez une femme me fascinait. En dehors de quelques modèles de magazines, je n’avais vu que deux femmes nues dans ma vie : ma sœur, mais c’était ma sœur et je n’avais pas ressenti d’attirance physique pour elle, et Jana la Polonaise plantureuse. Je me demandais si, ce fameux soir où je mouillais tant tandis qu’elle dansait sur la table, j’aurais voulu être à sa place, livrée aux désirs des hommes, ou bien parmi ces hommes, désireuse de me repaître de ses formes et de ses chairs tendres… Je fis un affreux cauchemar dans lequel c’était moi qui dansais sur la table, et les mains de Jana, de ma sœur et de Julia se tendaient vers moi pour s’emparer de mes trésors. Je me réveillai en sueur, très troublée, et après un grand verre d’eau fraîche je finis par me dire que je ne risquais pas grand-chose à tenter une expérience sexuelle avec Julia.


Nous nous retrouvâmes chez elle, un grand appartement ancien haut de plafond, orné de boiseries sculptées et meublé d’un savant mélange d’ancien et de moderne. La classe. J’étais excitée et traqueuse comme si j’allais perdre ma virginité. Julia me déshabilla lentement, profitant de chaque nouveau coin de peau découvert pour le caresser et l’embrasser. Puis je m’offris à elle sur son immense lit king-size. Après quelques instants, mon corps se tendait, se tordait et vibrait, et je compris enfin le secret de Robert : il caressait comme une femme, cherchant mon plaisir et non le sien, car son plaisir était mon plaisir. Quand la bouche de Julia se posa sur mon sexe, je sus que j’étais à elle. Sa langue et ses doigts sur mon clitoris, dans mon vagin et dans mon anus m’emportèrent dans une cascade d’orgasmes successifs, plus puissants encore que ceux que me donnait Robert, tant ses attouchements étaient subtils et précis. Puis elle s’empara d’un godemiché, parmi toute une collection dont elle disposait sur une desserte roulante. A priori dubitative, n’ayant jamais eu de bons résultats avec ces amants de plastique, je dus me rendre à l’évidence : un gode manœuvré par une main experte peut vous envoyer directement au paradis. Et elle m’en enfila plusieurs, comblant mes trous et mon bouton de vibrations insensées, tandis qu’elle m’embrassait à pleine bouche en titillant mes pointes de seins.


Vers deux heures du matin, je retombai totalement épuisée, dans une mare de sueur, le bas-ventre devenu intouchable car trop sensible après autant de sollicitations. Enfin, j’avais joui, merveilleusement joui, comme jamais depuis des années. C’est le moment que choisit Julia pour lubrifier et s’enfiler dans le sexe un drôle d’engin qui ressemblait à deux godes reliés entre eux, avec au milieu comme une paire de testicules, qui la fit aussitôt ressembler à un homme en érection. Et Julia me baisa avec cet engin de silicone, dur et doux à la fois, palpitant et vibrant mieux qu’un vrai, transmettant les mêmes sensations à l’une comme à l’autre. Elle baisa, rebaisa et sodomisa mon corps hypersensible, sans forces et soumis, jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orgasme. J’en avais encore eu une demi-douzaine, je ne comptais plus. La nuit pâlissait quand nous nous endormîmes dans les bras l’une de l’autre, toujours liées par ce fantastique engin qui palpitait encore avec les contractions de nos vagins, me tirant sporadiquement encore quelques soubresauts. Heureusement que nous étions dimanche. Nous nous réveillâmes vers midi, j’étais encore éblouie et un peu hébétée de ce qui venait de m’arriver, ayant du mal à y croire. Nous prîmes ensemble un bain bouillonnant dans sa grande baignoire ovale, où elle en profita pour me laver minutieusement tout le corps, en tirant des plaisirs nouveaux et insoupçonnés, tandis que je pouvais contempler notre couple dans les nombreux miroirs couvrant les murs et le plafond. Nous grignotâmes ce qu’elle put dénicher dans ses placards, quelques biscottes avec une boîte de foie gras, arrosées d’un vin doux de muscat qui me monta vite à la tête. Je voulus donc essayer de lui rendre une partie du plaisir qu’elle m’avait donné, avec toute la maladresse d’une première fois. Mais elle m’arrêta vite :



Je m’abandonnai donc à ses mains expertes et repartis pour tout un après-midi de plaisirs extraordinaires. Plus elle jouait avec mes sens et plus elle apprenait à me connaître, plus le plaisir était dévastateur. Ravagée d’orgasmes successifs, je décidai malgré tout de rentrer chez moi à la nuit tombée pour la laisser se reposer, elle travaillait le lendemain. Je conduisis comme un zombie, m’endormis comme une souche, et passai la journée du lundi à me demander ce qui m’arrivait. Je n’avais jamais eu la moindre tendance homosexuelle, je crois même qu’y penser me dégoûtait un peu. Et pourtant je revenais d’un Himalaya de plaisirs délivré par une femme. Bon, et alors ? Hein, et alors ? L’important n’est-il pas d’avoir retrouvé un magicien qui enchantait mon corps, fût-ce une magicienne ?


Julia passa me voir souvent à la boutique à l’heure de la fermeture. Elle prenait toujours l’initiative, comme un mec, m’entraînant parfois dans une cabine d’essayage où elle me donnait rapidement une salve de plaisir. Le week-end suivant et tous ceux qui lui succédèrent, nous les passâmes ensemble, comme deux folles de sexe. Elle était alors de plus en plus détendue, de mieux en mieux dans son rôle, et lâchait de plus en plus facilement son propre plaisir, m’autorisant de plus en plus souvent à boire sa cyprine et à manipuler des godes en elle. Nous décidâmes de vivre ensemble. Je vendis mon appartement et nous achetâmes une petite maison à deux heures de Paris et à cinq minutes de la mer, sur la côte normande. Des fenêtres de notre longère, nous voyions la mer au-delà des champs et des haies. Chaque samedi soir, dès le magasin fermé, nous partions pour trente-six heures de grand air et d’odeurs rurales qui me sont si nécessaires. Nous tondions la pelouse et coupions du bois ensemble, puis nous rentrions préparer de bons petits plats, échangeant nos trucs et nos recettes. Nous avions trouvé notre équilibre dans une entente quasi parfaite. C’était un extraordinaire sentiment de bonheur et de plénitude.


*

**


Le téléphone sonne, me ramenant soudain au présent. La nuit est tombée, je n’ai pas encore allumé les lumières, perdue dans mes pensées et dans le noir, un verre de porto à la main.



Et voilà, elle est comme ça, ma Julia. La vie est facile avec elle. Elle est partie quelques jours dans sa famille seule en Sicile, ça ne me pose pas problème. Je me laisse baiser, ça ne lui pose pas problème du moment que je vais bien. C’est beau l’amour…