n° 20730 | Fiche technique | 73864 caractères | 73864Temps de lecture estimé : 41 mn | 24/01/22 |
Résumé: Une semaine… une bulle de bonheur. | ||||
Critères: fh | ||||
Auteur : Iovan Envoi mini-message |
Mon bon copain Gérard, GG, pour les intimes, me bassinait depuis un bon moment : il fallait, absolument, que je lui fasse un tableau, pour décorer un des murs du salon de l’appartement qu’il possédait à Biarritz.
Il m’avait déjà acheté plusieurs toiles et me proposait un marché : le tableau contre une semaine dans son appartement. Ça me convenait et je finis par conclure l’affaire, même si je trouve la ville un peu snob, avec ce côté parfum presque plus chic que celui de la Côte d’Azur… Paris, Goujat, s’invitant à la plage… Biarritz a cependant l’avantage de se trouver dans un de mes coins de prédilection – le Pays basque, merveille entre les merveilles – et de se situer à une quarantaine de kilomètres de chez ma fille adorée.
L’été était près de se terminer, et la vague des touristes et des vacanciers avait fini par refluer, libérant enfin le beau pays qui retrouvait une respiration normale…
J’avais deux ou trois toiles en stock qui pouvaient faire le coup, dont une qui me parlait, et j’optai pour cette nature morte, sobre : têtes d’ail sur un torchon, blancs et gris, rouges et noirs, s’équilibrant harmonieusement, juste deux liserés bleus sur le torchon… Très basque. Un peu abrupt, mais ça avait de la gueule, ça me plaisait.
Il était hors de question que j’y aille seul. J’avais rencontré sur un site une jolie petite avec laquelle j’avais accroché. Elle était venue deux fois à la maison et j’avais trouvé cette adorable petite baiseuse pleine de charme. Étudiante en psycho, elle arrondissait ses fins de mois du mieux qu’elle pouvait, et elle pouvait bien.
Bon, d’accord… la morale, ça va bien, s’il vous plaît ! À plus de soixante balais, si tu veux du beau, comme dit le philosophe Axel Bauer dans son opus « Cargo de nuit » : l’amour, il faut payer…
J’appelai la mignonne qui cultivait, un peu, le côté femme enfant.
Ouais… mais non… vu le ton, ça ne lui disait rien.
Je l’embrassai, elle aussi.
Le lendemain, je cueillais ma jolie Lilia au rond-point de Latresne.
Cette petite garce était ravissante. Le carré blond encadrant son joli minois mangé par ses grands yeux clairs, ses pommettes hautes, sa silhouette gracile, elle était tout simplement à tomber.
Elle était heureuse d’être, enfin, arrivée à mettre un visage sur mon nom. Elle s’installa sur le siège passager, boucla sa ceinture… Comme elle sentait bon !
Après avoir échangé, un peu, sur ce qu’il y avait de neuf, et blagué de choses et d’autres, elle me posa la question de savoir qui était le gars chez qui on allait.
Elle était aux anges… comme une gamine qui prépare un coup tordu.
Ce fut Françoise qui nous accueillit, et dès que Lilia fut entrée, j’eus droit à une mimique et un haussement de sourcils, admiratifs, de la maîtresse de maison.
Il était en train de finir de préparer et arrangeait les bouteilles sur la table basse. Je le saluai :
Il s’arrêta et leva la tête pour me répondre. Quand il aperçut Lilia, il fut quelque peu déstabilisé… La mignonne s’avança et, sans façon, lui claqua une bise.
Charmeuse.
C’est curieux comme les jolies filles se sentent à l’aise en toute circonstance, avec tout le monde, partout, tout le temps… Admiration !
GG était sous le charme. Lilia déploya tous ses talents de comédienne, en en faisant même des tonnes. Adorable. Je me marrais…
Je sortis la nature morte de son emballage et la leur montrai. Françoise et GG furent enthousiastes. Lilia s’en foutait.
On s’installa devant un apéro dînatoire pour lequel ils avaient plus que bien fait les choses.
GG me donna les consignes, les clés, le code de l’alarme, et juste avant de partir, profitant de ce que Lilia ne pouvait l’entendre, ses dernières recommandations :
Je raccompagnai ma jolie petite fiancée d’un soir à son appartement du cours V… L’apéro chez GG ayant été plus que conséquent, il n’aurait pas été raisonnable de lui proposer un resto. Après l’avoir remercié pour sa remarquable prestation, je lui fis la bise de circonstance, bien que je crève d’envie d’en avoir plus… Je la quittai, la regardant passer la lourde porte cochère… Qu’elle était belle !
C’était un mardi. Nous avions décidé la mignonne et moi, de partir à neuf heures ce samedi.
Le reste de la semaine se passa fort correctement, la perspective se profilant à un horizon proche, n’y étant sûrement pas pour rien.
Le samedi matin, à neuf heures tapantes, j’étais garé cours V…, sous les fenêtres du studio de la jolie Lilia, je l’appelai au téléphone… quelques sonneries… Elle était là, fraîche, souriante… à croquer !
Je descendis pour l’accueillir, elle m’embrassa. Mon cœur fit « Boum ! ».
J’ouvris le coffre de ma fidèle « Lancia » et y déposai deux sacs bien remplis, et bientôt, nous quittions Bordeaux, cap plein sud, vers la plus belle région du monde et des environs.
Elle était sortie hier soir (petite salope !), était rentrée tard et n’avait pas eu le temps de déjeuner ce matin, je m’arrêtai devant une boulangerie et achetai quelques croissants et chocolatines. Elle se jeta dessus et les dévora avec un bel appétit.
Elle souriait, me collant des miettes partout… Adorable !
Nous nous racontions nos petites histoires, plaisantant, et badinant, je déconnais et la faisais rire. Son côté évanescent et frivole m’amusait et m’attendrissait… Il fallait vraiment que je fasse gaffe ! Ajoutez à ça que plus je la regardais, plus elle me semblait belle…
Nous nous sommes arrêtés pour faire du carburant et nous en avons profité pour prendre un café, bien dégueu, à la machine de la station. Ça faisait partie des « must » du voyage… Les chauffeurs routiers n’arrêtaient pas de la mater… Je bichais… !
En passant les péages que des margoulins avaient cru juste et bon de mettre en place, sur une route nationale, pour nous piquer notre bel argent (On appelait ça, autrefois, des bandits de grand chemin), je poussai un coup de gueule de bon aloi… ça ne la dérangea pas trop… vu qu’elle s’en foutait. Il est d’ailleurs possible qu’elle n’ait même pas compris pourquoi je montais ainsi, dans les tours.
En passant Saint Geours, je lui désignai les montagnes bleutées dans les lointains.
Nous arrivâmes à onze heures et demie à l’appartement. Il était situé en plein centre, rue Gardères, à deux pas de la grand-plage et du Port Vieux. Idéal !
C’était un petit rez-de-chaussée, deux pièces, cuisine, clair et bien agencé. GG avait eu le nez creux en investissant là-dedans : c’était un placement de première !
Biarritz, la plage, le soleil… Lilia était aux anges ! Elle se jeta sur le lit en riant… je l’y rejoignis.
Je caressais ma jolie petite chatte blonde qui ronronnait, nue, blottie dans mes bras, rabattis sur son joli corps un bout de couette et l’embrassai, gros matou comblé.
Je l’emmenai déjeuner dans un petit troquet sympa, comme il y en a tant dans ce beau coin, et lui proposai de goûter les chipirons* à l’encre, qui y étaient, dixit GG, très bien cuisinés. Elle ne connaissait pas mais quand elle entendit « à l’encre », elle eut un air dégoûté… Pourtant, elle s’y essaya bravement et fut enthousiasmée. Quelques verres de Txakoli – ce drôle de petit vin sympa – et ma Lilia, les yeux pétillants, jolie comme un cœur, riait…
L’après-midi, je l’emmenai à la côte des Basques où, profitant d’un soleil radieux dont septembre sait gâter le beau pays, elle fit le lézard sur le sable, dans son joli bikini turquoise, babillant sur tout et sur rien, se fit rouler par les vagues où, sachant la traîtrise des rouleaux de notre Océan, rentrant le ventre et me redressant de toute ma taille, je l’accompagnai.
Nous ne pouvions pas manquer d’aller voir les surfers et leur barnum, aussi, nous partîmes faire une promenade le long du front de mer où, un cornet de crème glacée à la main, elle découvrit les beaux gosses, sportifs, tous blonds, en sarouels et sandales Warachis, sortant de leurs minibus au look déglingué soigneusement entretenu, garés en épis… résidences secondaires totalement illicites, admises cependant : image de marque oblige. Lilia, souriante, se tailla un joli succès et en fit se retourner plus d’un.
Le soir, nous fîmes la dînette, en vrais amoureux, après quoi, profitant de la douceur de la soirée, nous allâmes faire une promenade au Port Vieux et nous arrêtâmes prendre un verre. Quelque chose frisait dans l’air, et ma jolie maïtea* était aux anges.
Nous rentrâmes, à la nuit, bras dessus bras dessous, nous bécotant… J’avais vingt ans ! Cette gosse me rendait complètement pec* !
Lilia, tombant sur le lit, me tendit les bras et m’alluma un feu d’artifice qu’il serait indécent de décrire ici. L’amour, ce n’est pas indécent… ? Avec Lilia, oui.
Le lendemain, nous flemmardâmes au lit… encore un peu. Je l’emmenai prendre un café croissant… elle adorait… puis nous prîmes la route, direction Urrugne. Je voulais qu’elle assiste à une fête basque et « Bitxinxo », les fêtes du village se tenaient justement ce week-end.
On a dit et écrit tant de choses à propos du folklore basque : qu’il aurait été fabriqué de toutes pièces pour complaire au touriste, qu’il ne reposerait en rien sur l’histoire et les traditions du pays, que même l’ikurrina – le beau drapeau – serait une invention de circonstance ! Calomniez, calomniez… ! Il en restera toujours quelque chose… !
Pour avoir tant de fois participé aux fêtes de villages, de Sare à Bidarray, d’Ascain à Itxassou, avec mes bons copains d’ici, Manex, Piarré, Franxua et tous les autres, je peux dire que ces querelles m’importent peu, j’ai pris tant de plaisir à les vivre avec eux, emporté par ce sens qu’ils ont de la fête, avec la joie profonde qu’apporte le partage… J’ai pris tant de plaisir à chanter à pleins poumons, avec eux, leurs beaux chants de fierté et de vie, à vider le verre d’arnoa gorria*, à regarder les filles, se préparant, vêtues de rouge, de noir et de blanc, arrangeant un coin de foulard ou une barrette avant la danse, que j’accorde peu d’intérêt à l’opinion éclairée de deux ou trois prétendus spécialistes ès folklore…
Sur la place d’Urrugne devant la foule bigarrée assise sur les gradins du fronton, les trilles éclatants du txistu*, instrument roi d’ébène et d’argent, menaient la danse, son d’avant venu d’ailleurs, et vinrent me parler, comme me parla ce dimanche après-midi de mai, à Saint-Étienne de Baïgorry, le txistulari*, dont je garde le souvenir.
Cet après-midi-là, encore à la fête, j’entendis dans les haut-parleurs de la sono un air que je ne connaissais pas, mais dont j’étais sûr qu’il était de Jean-Sébastien Bach, cette étonnante interprétation était au txistu… ! j’avançais vers le fronton et il me sembla que l’air que j’entendais ne provenait plus des haut-parleurs, mais de cette remorque, là-bas… je m’approchai…
Dans la sobre tenue que les hommes portent ici, chaussures noires impeccables, pantalon gris, chemise blanche immaculée, la veste et le béret devaient être posés sur le dossier de la chaise sur laquelle il était assis, devant un microphone… artiste, comme je n’en rencontrai jamais, antithèse des histrions qui peuplent le vide consternant de nos écrans, lui, paysan, artiste jusqu’au bout des ongles, m’apprit, quand j’eus fini de l’écouter, que ce que j’avais reconnu pour être de Jean-Sébastien Bach s’intitulait « O Ewigkeit, du Donnerwort », j’eus même droit à la référence : BWV20… Je discutai quelques moments avec lui, et quand je lui dis mon admiration devant son talent, il me remercia et ajouta avec une fierté identitaire, un peu abrupte, mais parfaitement justifiée :
Et ce furent les danses où danseurs et danseuses, rivalisant de souplesse et de grâce, firent l’admiration de ma belle. Puis suivit une partie de pelote à mains nues pendant laquelle elle fut étonnée et ravie d’entendre chanter les points par un coplari* et assista jusqu’au bout à la longue partie en trente points avec un mérite certain.
Elle posa – peut-être lasse – à plusieurs reprises sa jolie tête sur mon épaule… et me gratifia de quelques baisers qui me ravirent… à deux doigts d’y croire… Y croire, sans être dupe de rien, et se dire que, dans le fond, tout est bien comme ça ! « Que veux-tu demander de plus ? Elle est là, dans sa beauté radieuse, d’une jeunesse et d’une fraîcheur qui sont un cadeau… c’est toi que ses beaux yeux regardent ! C’est pour toi que sa jolie bouche s’ouvre et c’est toi qu’elle accueille… ! Alors, aime-la pour ce qu’elle est, simplement… telle qu’elle est… ! »
Le soir, où des centaines de convives se retrouvèrent au trinquet pour un repas rustique mais riche de saveurs, s’élevèrent les premiers couplets des airs traditionnels. Après que ces chanteurs nés eurent pris leurs marques, leurs chants firent résonner la vaste salle comme une cathédrale et emplirent de larmes les yeux de ma belle qui souriait, s’excusant presque, alors que je la serrais contre moi, l’embrassant, heureux de partager cette belle émotion avec elle.
Puis ce fut le bal, sous les platanes d’où pendaient des festons de drapeaux et des guirlandes d’ampoules multicolores sur le fond de nuit bleue. Ma petite chérie serrée contre moi, cette soirée m’était douce comme un vin…
En abordant la place, ce furent les basses profondes nous cognant au corps,
et par-dessus, virevoltantes, les trilles de l’accordéon… je sentais ma Lilia vibrer.
Je ne suis pas danseur, même si je parviens, de temps à autre, à atteindre la quasi-virtuosité dans un certain genre de slow… Par contre, je ne sais plus où j’habite dès que le tempo s’accélère.
Ma Lilia me stupéfia… je la savais douée de son corps… et pour cause ! Mais quand je la vis observer les filles et les gars du pays danser leurs fandangos endiablés, je ne m’attendais pas à ce que ma mignonne, quelques minutes plus tard, se lance et s’essaie, avec une aisance remarquable, à ces pas qu’elle venait de découvrir… Je la regardais avec admiration. Cette petite, avec ses airs légers et son apparente naïveté, cachait des talents dans bien des domaines. En fait, et je m’en voulus de ne pas m’en être rendu compte plus tôt, Lilia ne se contentait pas que d’être belle…
Moitié déconnant moitié attendri, me vint ce surnom que je lui attribuai : Mademoiselle Vif Argent. Je trouvai ça rond, une plaisanterie, comme toute plaisanterie, un peu cruelle… Pourtant, c’était venu sans malice ni méchanceté, et j’avais bien plus de respect pour cette jolie petite que je n’en avais pour certaines bourgeoises confites dans leurs apparentes bonnes manières et qui s’avèrent derrière le rideau être, elles, des putes accomplies.
Elle dansa toute la nuit, rayonnante… entourée d’une meute de jeunes clebs, qui, chacun de son côté, ne doutaient pas de l’issue de l’affaire… Vers deux heures, je m’aperçus que Mademoiselle Vif Argent, les cheveux collés aux tempes par la transpiration, me regardait souvent, j’étais attablé à discuter avec un couple sympa dont je venais de faire la connaissance. Ça n’était pas des signaux de détresse que je lisais dans ses regards, mais quatre heures de danse avaient quand même entamé sa belle énergie… Après avoir pris congé de mes nouvelles connaissances, je me levai, et dès que la musique s’arrêta, me dirigeai vers ma danseuse préférée et sifflai la fin de la récréation :
Je vis l’étincelle dans ses yeux… La petite morpionne se marrait autant que moi !
Nous partîmes enlacés en en laissant quelques-uns comme deux ronds de flan.
Pendant tout le chemin de retour, nous n’avons pas arrêté de blaguer et de rire, nous rappelant les bons moments de la journée… Nous nous amusions beaucoup, une vraie connivence existait entre nous et j’adorais sa manière de déconner sans avoir l’air d’y toucher… « Mademoiselle Vif Argent ! Toi aussi tu étais heureuse… »
Je fus raisonnable en rentrant et ne taquinai pas ma petite chérie qui était claquée… Deux ou trois muxus* et je laissai ma jolie danseuse aux bras de Morphée… Jalousie : degré zéro… cela va sans dire !
Le lendemain, ma belle manifesta le désir d’aller à la plage… je l’emmenai côte des Basques où nous passâmes donc un « lundi au soleil », sur le sable, au bon sens du terme, et même si le bronzage forcené n’est pas trop ma tasse de thé, il existe des pénitences bien pires… La mignonne allongée sur son drap de bain à mon côté m’aurait fait marcher sur les mains.
Le lendemain, c’est moi qui la fis marcher. Nous partîmes tôt le matin après un petit déjeuner sur le pouce, direction Bidarray, village qui m’est cher, où laissant ma Lancia garée après le fronton nous empruntâmes le chemin d’Harpeko Saindua, la grotte du « Saint qui sue », site de pèlerinages connu dans tout le pays, que je fis visiter à Lilia.
Le but de la journée était une randonnée sur les pentes d’Artzamendi, premier sommet des Pyrénées qui culmine à plus de neuf cents mètres. Je voulais lui montrer les falaises où nichent les vautours fauves et redescendre par le Plateau Vert dont la vue sur l’Océan est magnifique… Ce sont des endroits d’une beauté stupéfiante.
Au début de la randonnée, nous rencontrâmes des pottoks, chevaux sauvages, qui s’éloignèrent dans la pente parmi les fougères dès qu’ils nous aperçurent. Lilia fut ravie, elle adorait les chevaux. Des chevaux sauvages… elle n’en revenait pas !
Nous montions depuis un moment déjà, ma mignonne marchait derrière moi, babillant comme à son habitude… Moi, j’étais beaucoup plus économe de mes paroles… Pas seulement parce que je suis un mec… surtout parce que dans certains raidillons je commençais à tirer la langue et à souffler comme un bœuf… et je ne voulais pas que ça se voie trop !
Lorsque je lui eus expliqué les petites bandes de peinture rouges et blanches sur les rochers, balisant le GR 10…
Partant, elle se mit à cavaler partout alors que je ramais pour garder le rythme, trouvant mon sac à dos de plus en plus lourd… Elle marchait devant, sautant sur les rochers, Mademoiselle Vif Argent ! Elle était en bas, puis remontait… traînait en arrière et me repassait, ondulant de ses petites fesses arrogantes… !
Voir son joli derrière dans son petit short en jeans danser parmi les fougères et les rochers me ravissait… mais j’étais vraiment à la ramasse… !
Si ma Lilia bondissant dans la montagne semblait une vraie petite chèvre, le grand méchant loup, lui, ne faisait pas le malin… !
Quand tu es coincé, tu développes des stratégies…
Je lui désignais une salamandre ou un apollon et lui faisais un petit topo, rapide mais… bienvenu. Quand il n’y avait pas de salamandre…
Je froissai une fleur d’ajonc dans mes doigts…
Et elle riait.
Lorsque nous atteignîmes le chemin qui faisait face à la falaise aux vautours, Lilia se liquéfia, prise de panique, quand elle s’aperçut de la profondeur du ravin que nous devions longer… C’était l’affaire d’une trentaine de mètres, mais à droite, il y avait du gaz !
Des larmes dans les yeux, elle refusait de faire un pas de plus. Je pris son adorable visage dans mes mains et séchai ses yeux de baisers… j’étais prêt à toutes les patiences, sachant les paniques incontrôlables que peut déclencher le vertige.
Elle hocha la tête plusieurs fois, fermant les yeux, terrorisée.
Lorsque nous eûmes franchi l’obstacle, je me retournai et la serrai dans mes bras. Tremblante, elle se mit à sangloter en même temps qu’elle riait.
J’en profitai pour la couvrir de baisers.
Sous un petit chêne rabougri, qui poussait là, tout seul, nous nous installâmes quelques minutes plus tard, face à la falaise, pour pique-niquer, observant tout à loisir les grands oiseaux qui l’émerveillaient. Elle se régala des tomates croque-au-sel et du jambon cru qu’elle dévora à belles dents, ainsi que d’une belle tranche d’ardi gaxna* qu’elle adorait, l’accompagnant d’un pion de vin rouge.
Après ce festin, nous restâmes un moment allongés à nous embrasser et nous câliner sans toutefois conclure, comme disait M. Dusse… Même si quelques brebis passant sur le sentier n’eurent pas l’air plus choquées que ça.
Puis nous reprîmes la balade… C’est une assez longue marche, mais agréable, il y a peu de pente et c’est un endroit magique, si vaste qu’on peut profiter de ces magnifiques paysages dans le calme, même quand il y a d’autres randonneurs… et nous étions seuls. Le chuchotement du vent, les sonnailles au loin, l’appel rauque d’un grand corbeau, là-bas… les bruits du silence.
Nous nous arrêtâmes près de ce chêne si curieux qui, bien qu’il ait pris la foudre, reste fidèle au poste et se dresse tout seul au milieu du plateau, on l’aperçoit de très loin.
Nous étions assis à l’ombre, au pied de l’arbre et à l’abri du vent, il faisait chaud, nous venions de nous désaltérer et étions en train de croquer quelques carrés de chocolat.
Ma Lilia parlait peu, et quand elle le faisait, c’était presque à voix basse. Je le lui fis remarquer.
Encore une fois, elle était où je ne l’attendais pas… « Du Vif Argent… mais pas que… ! » Je me penchai sur elle et l’embrassai.
Nous reprîmes notre chemin et bientôt ma Lilia eut sous les yeux un panorama grandiose, des six cents mètres d’altitude du plateau, nous avions une vue sur toute la côte, et le temps étant clair, le regard portait jusqu’à l’Océan, dont on apercevait la ligne bleue dans les lointains. Ma belle qui mitraillait depuis notre départ, fit un panoramique et prit aussi la vue, magnifique, sur les montagnes.
Pour rentrer, j’avais une petite idée… ça nous rallongeait bien un peu, mais ma petite chèvre trottait avec toujours autant de vaillance… j’obliquai sur un chemin qui partait au sud. Je savais où il amenait.
Après une vingtaine de minutes de marche, nous arrivâmes dans une déclivité où, au cœur d’un bouquet de chênes, se trouvait une vieille borde au toit de lauzes.
« Là non plus, je ne l’attendais pas, la chérie ! »
Fermée par une barrière en bois de châtaignier, comme on les fabrique ici, la borde devait aussi servir d’abri au berger quand il venait soigner ses brebis. Le sol était couvert de fougère dont on voit les meules rousses partout dans la montagne. Dans la pénombre du fond se trouvait une table bancale ainsi que deux bancs, contre le mur, un bat-flanc.
Je fis asseoir ma jolie Lilia sur le bord du bat-flanc et m’assis à côté d’elle…
Alors, le grand méchant loup qui avait repris du poil de la bête, s’approcha encore un peu plus de la jolie petite chèvre et lui dit qu’il allait la dévorer… Elle se déclara ravie et embrassant le grand méchant loup, elle se laissa faire…
De retour à la voiture, elle se laissa tomber sur le siège avec volupté…
Tu penses ! La boucle fait à peu près dix-huit kilomètres, elle n’était sûrement pas loin d’en avoir fait le double.
Sur la route du retour…
Elle rit…
Alors que nous posions nos sacs, bien contents de retrouver repos et confort, ma mignonne reçut un coup de fil d’une copine, j’eus le temps de me doucher, de ranger les affaires et de préparer le sugo pour les pâtes avant qu’elles ne se bisent et raccrochent. Lilia alla se doucher pendant que je finissais de préparer. Elle ressortit, séchant ses cheveux avec pour seuls ornements quelques bagues à ses jolis doigts.
J’attendis qu’elle eût fini et la fis s’asseoir sur le bord du lit.
Je commençai par ses cheveux que j’inspectai minutieusement, puis son dos, son ventre que je couvris de petits baisers, je la fis s’allonger et écarter les jambes après avoir attentivement examiné sa mignonne cyprée, la baisai dévotement, faisant soupirer ma tendre patiente… Je bandais de plomb !
Je ris et posai un baiser sur ses jolies fesses.
Elle s’exécuta.
Je tombai en extase devant la perfection mauve du mignon petit trou du cul et, ne pouvant me résoudre à accepter l’idée qu’un aussi joli petit machin, si spirituel, ne puisse être ramené qu’à sa seule fonction première, le picorai de baisers.
Ma Lilia poussa un long soupir et, creusant ses reins, me tendit son joli derrière dans une invite aussi troublante que délicieuse…
Je caressai les douces petites fesses, les écartant tendrement pour dévoiler encore à mon regard ravi la beauté du petit annelet nacré que je titillai de mes lèvres et de ma langue. Ne pouvant résister davantage, je l’y dardai dans un baiser bouleversant et passionné.
J’abandonnai toute ma salive sur le petit œillet froncé, y abouchai mon mandrin et d’un mouvement très lent, fermant les yeux pour mieux la voir, pénétrai complètement le doux fourreau de soie, sentant crisser mes poils contre ses jolies fesses.
Lilia m’accueillit dans un râle profond et, se redressant, colla son dos à ma poitrine alors que je maintenais fermement ses hanches, lançant alors un bras derrière ma nuque, elle tourna son visage vers le mien et nous échangeâmes un long baiser brûlant…
Nous étions allongés l’un près de l’autre, nous tenant par la main…
Elle rit.
Le lendemain : « Cuando calienta el sol aquí en la playa… », journée de délices…
Je ne choisis pas la côte des Basques, trop peuplée à mon goût, mais la bien nommée « Chambre d’Amour »… avec ses presque quatre kilomètres de sable et de vagues, nous allions bien arriver à dénicher notre petit coin de paradis.
Je garai ma Lancia au parking derrière la dune… Peu de voitures… c’était de bon augure !
En descendant les escaliers, alors que je contemplais ma Tanagra danser, descendant les marches, je me rendis compte que la plage était à nous… ou peu s’en fallait… Quelques surfers, des baigneurs au loin… Après avoir marché un peu, nous posâmes nos serviettes et j’installai le petit pare-vent bleu, sans trop me préoccuper du vent, perpendiculairement à la plage… nous abritant des regards.
Effectivement, c’était une magnifique journée de plein été.
Ma Lilia sentait bon, mais cette odeur de crème solaire qui a toujours agi sur mes circuits comme un puissant aphrodisiaque faisait que je ne pouvais me retenir de l’inspirer à plein nez… embrassant le cou gracile, les perles d’érotisme de ses épaules, j’avais défait le haut du joli maillot et caressai les merveilleux petits seins aux aréoles roses… Dans son dos, je n’étais plus présentable…
Tournant la tête, elle leva son beau regard clair, et murmura :
Je jetai un coup d’œil par-dessus le pare-vent…
Je me tenais dans son dos, la caressant, embrassant son cou délicat, sans plus me préoccuper de qui venait ou non, mon petit amour se collait à moi, m’appelait de tout son corps, de toute sa magie. Je caressai d’une main les petits seins dressés, gonflés de désir, et de l’autre le joli coquillage aux ourlets de chair tumescents, y introduisis deux doigts qui glissèrent dans l’antre velouté, ruisselant « Ma Lilia ! Mon amour… ! Ma joie ! », elle s’était mise à gémir doucement, en proie à un désir impérieux, et poussait ma main en elle…
Je l’allongeai et écartai ses jambes, enfouis mon visage entre ses cuisses satinées, embrassai la jolie cyprée soyeuse noyée de désir. J’agaçai son clitoris de ma langue, le pinçai entre mes lèvres, le suçai et le mordillai, elle se tendait, gémissante, plaquant mon visage sur son intimité noyée de sa cyprine qui me semblait un miel…
J’entendais ma jolie chérie jouir à petits cris rauques… je ne pouvais m’arrêter. J’accentuai les mordillements sur son petit bouton dur comme de la pierre, déclenchant des spasmes de jouissance qui la secouaient et qu’elle accompagnait de râles étouffés.
Elle se redressa, le regard vacillant, me prit aux épaules :
Je la pris dans mes bras, passai entre ses jambes et m’enfonçai lentement en elle… je me mis à bouger doucement, provoquant râles et soupirs de ma belle chérie… lentement, j’augmentai la cadence et la puissance de mes coups de boutoir, faisant crier ma Lilia… notre orgasme éclata en même temps…
J’embrassais mon bel amour que je tenais serré dans mes bras… Le couple s’éloignait… ils nous avaient regardés.
Elle rit…
« C’était son expression : pour les croissants, pour l’amour… «Qu’est-ce que c’est bon… !» Ma coquine… Mademoiselle chérie… joli don du ciel ! »
Elle rit avec un joli roucoulement :
Farniente… soleil… ma Lilia et moi, main dans la main, les lunettes noires sur le nez, étions en train de cuire doucement…
Allez, tu viens ? On va chercher des « yeux de Lucie »… et si tu en trouves au moins deux, tu gagnes une surprise.
Allongés l’un près de l’autre, nous nous mîmes à chercher… Évidemment, pas de lunettes… je m’appliquais, triant dans une poignée de sable parmi les petits débris de coquillages. Au bout d’un moment…
Je lui montrai un petit ovale d’un centimètre de long sur lequel se dessinait finement la jolie spirale.
Au bout d’une heure, j’en avais neuf… Mademoiselle Vif Argent en avait trente.
Elle éclata de rire.
Lorsqu’elle en eut son compte, je lui demandai d’en choisir sept. Ce qu’elle fit, et je lui demandai de me les confier…
Le soir, je la laissai un moment alors qu’elle prenait une douche et se pomponnait jolie pour sortir… je revins alors qu’elle n’en avait pas encore terminé.
Je lui avais fait une offre de Gascon en lui annonçant la plage le lendemain, mais j’avais mes raisons, au lieu de ça, j’emmenai Mademoiselle Vif Argent faire une longue balade le long de l’Urritzteko Erreka, en Espagne, torrent qui devient le Baztan passé la frontière, vers un village abandonné, en pleine montagne… tout y était : les maisons fantômes, volets clos, d’autres aux fenêtres baillant à tous les vents auxquelles pendaient des guenilles de rideaux, murs éboulés, ruines envahies de ronces, vergers à l’abandon, un fronton où se déroulait encore une partie une fois l’an… on y sentait une vie autrefois puissante qui palpitait encore et ne demandait qu’à éclore à nouveau… Ma petite chérie retrouvait la même attitude recueillie que sur le Plateau Vert. Il n’y avait pas un bruit, pas même l’aboiement d’un chien…
Ma Lilia était triste… je le sentis, mais n’en dis rien. La prenant par la main, je l’emmenai.
C’était mon sens de la litote… il y en avait quelques milliers de plus, mais la balade était agréable tout le long du beau ruisseau et ma jolie chérie, qui avait retrouvé son humeur enjouée, marchait de son pas allègre.
Passé un petit pont, nous arrivâmes à une déclivité où dans un coude de la rivière se dressait une antique et imposante maison. Elle était coiffée d’un vieux toit fatigué aux tuiles moussues, les murs chaulés grisaient bien un peu par endroits et les volets peints de rouge basque s’écaillaient, mais l’ensemble avait indéniablement de l’allure.
Je connaissais cette « Venta »*, perdue dans la montagne pour y être venu au « ravitaillement » avec mon vieux contrebandier de copain, Thomas, nous y avions mangé à plusieurs reprises : la seule condition pour avoir ce privilège, était de prévenir et d’apporter son pain, ce que j’avais pris la précaution de faire. Raison pour laquelle il avait fallu zapper la plage : la seule journée disponible pour y déjeuner était aujourd’hui.
Peu avant d’arriver, nous croisâmes le vieil Alphonso, le frère de la propriétaire, une atxuna* chargée de foin sur le dos, il nous salua, avec un regard appuyé sur ma jolie compagne. Nous montâmes les trois hautes marches du seuil pour nous retrouver dans l’antique demeure. La vieille dame nous reçut dans une cuisine qui aurait pu faire la une de ces magazines de décoration entichés de mode rétro : dans la vaste cheminée crépitait un feu qui embaumait, odeur inscrite dans la mémoire ancestrale, sur lequel était simplement posé un vieux toupin émaillé dans lequel mijotait une soupe, sur les côtés de la cheminée pendaient des bouquets de simples, aux murs chaulés étaient accrochés toutes sortes d’outils et d’ustensiles et aux poutres culottées de fumée pendaient des jambons qui séchaient dans leur torchon. Lilia était émerveillée.
La vieille dame me reconnut, je lui présentai Lilia et nous échangeâmes un peu des nouvelles du « quartier », trois maisons que séparait un bon kilomètre. Elle était plutôt économe de ses paroles et nous passâmes assez vite au « magasin », peu achalandé, toutes les denrées étant apportées ici à dos d’âne ou en jeep. J’achetai une bouteille de Patxaran* que j’offris à ma chérie, une bouteille de rioja, un quart d’ardi gaxna produit de la ferme voisine, et une bouteille d’Izarra vert pour GG et Françoise.
Quand Lilia me dit qu’elle voulait acheter des chewing-gums, je le lui déconseillai formellement, et lui glissai :
Nous passâmes dans la vaste salle à manger au parquet raboteux meublé de grandes tables couvertes de toile cirée et de bancs, les fenêtres du mur nord s’ouvraient sur un paysage grandiose que je désignai à ma belle :
Pas de bisous ni de démonstration d’affection… j’en avais pourtant bien envie… mais ici on ne rigole pas avec ça et je ne voulais pas me griller avec ma vieille copine !
Nous étions installés, les coudes sur la toile cirée.
Pour le reste, il n’était pas nécessaire de commander, le menu était inflexible : asperges et thon, arolziak eta xingara*, pommes de terre à la braise et ardi gasna*… ça n’était pas négociable. La bouteille d’arnoa gorria avait été posée d’autorité devant nous… l’eau, qui coulait de partout dans la montagne, mais sur la table, elle était en option.
Mademoiselle Vif Argent était sur une autre planète…
Elle me tendit son verre auquel je choquai le mien, la regardant bien droit dans les yeux…
Elle me tendit ses lèvres, que j’embrassai rapidement.
Elle rit.
Le repas fut des plus agréables, nous n’arrêtions pas de rire, ma petite chérie dévorait avec un bel appétit faisant honneur à ces mets rustiques et même au gros vin rouge, un Rioja, sûrement, qui tapait sacrément fort… Je chantonnai : « Aquel que no beba vino es un animal* ! »
Puis, il y eut le café, très certainement le pire que j’aie jamais bu, mais ma Lilia se devait de goûter ce nectar… Elle en rit ! Et comme tout repas de fête doit se terminer, nous achevâmes sur une liqueur : un Patxaran que ma belle petite amoureuse adora.
J’allai régler et nous prîmes congé de notre hôtesse.
Sur le chemin du retour, laissant le chemin, j’empruntai une sente qui bifurquait sur la gauche, serpentant dans la pente au milieu des chênes et des fougères, elle montait vers un petit vallon où je savais un endroit que je voulais faire découvrir à ma Lilia. Il fallut marcher assez longtemps et faire plusieurs détours…
Puis, nous quittâmes la sente et grimpâmes un rempaillon abrupt, chaos de rochers et de mousses où croissaient de vieux chênes tortus et débouchâmes sur une vaste terrasse ombragée dans laquelle s’ouvrait une crevasse que le torrent emplissait d’une dégringolade de vasques limpides et fraîches… c’était toujours la même féerie…
Je regardais dans ses yeux l’enchantement que provoquait chez elle l’entrée dans le cercle magique que j’avais découvert presque trente ans auparavant.
M’étant pratiquement égaré alors que je cherchais des champignons… Il fallait absolument que j’arrive à faire la pige à Thomas en trouvant les premiers avant lui ! J’avais longtemps marché dans ce qui m’apparaissait de plus en plus comme une forêt primaire… il pleuvait, de ces grosses pluies atlantiques qui vous trempent aux premières gouttes… je continuais pourtant à marcher, à chercher, m’obstinant malgré les trombes d’eau qui s’abattaient sur la pente, persuadé que je ne pouvais que trouver.
Je trouvai… Tout autre chose que ce que je cherchais ! Mais cela mit un point final à mes recherches : je basculai en mode retour.
Trempé jusqu’aux moelles, grelottant de froid, je m’enfuis, espérant un abri…
Je ne pouvais que revenir le lendemain. Ce que j’avais eu le privilège de contempler, même dans les conditions où je l’avais découvert, était une merveille.
Comme souvent ici après de fortes pluies, le lendemain, il faisait un soleil radieux. Au matin, je me mis en quête de ce qui m’était apparu comme un endroit de rêve. Des fougères qui s’égouttaient de trop de pluies de la veille, s’élevaient des buées et, dans le paysage ouaté, je marchais, arpentant les chemins et les sentes pour retrouver ce coin de paradis.
À l’époque, la grande édition nous faisait découvrir les romans de Tolkien et tombant un jour sur un passage de « Bilbo le Hobbit », je lus la description d’une traversée de forêt si empreinte de magie que je ne pus m’empêcher de sourire. En fait, ce coin me la rappelait !
Je ne sais plus depuis combien de temps je cherchais, mais je ne souriais plus… j’étais trempé, il devait être midi, j’avais faim… Plus rien dans les jambes !
C’est alors que je reconnus l’antique châtaignier que j’avais trouvé si beau la veille.
Un quart d’heure plus tard, j’étais assis au milieu d’une féerie dont même Tolkien n’aurait pu rêver.
Cet écrin de pureté absolue, de beauté première, je ne pouvais le divulguer à personne qui ne le méritait… J’y avais amené Cilou, ma fille adorée… et toi ma Lilia.
Sans dire un mot, je pris dans mes bras et embrassai longuement ma jolie fée, puis commençai à remonter son T-shirt… elle leva les bras dans ce joli geste d’abandon que j’aime tant voir aux filles, je baisai dévotement les petits seins orgueilleusement dressés… Je me baissai, entourant sa taille, déboutonnai et ouvris le petit short que je descendis sur ses chevilles ainsi que le minuscule string, embrassai son ventre de nacre, le haut de ses cuisses à la peau si soyeuse, je baisai la fine toison blonde du joli mont de Vénus, respirant l’odeur ensorcelante de ma Lilia qui avait posé ses mains sur mes épaules, sans un mot… je la sentais troublée… je restai accroupi à ses pieds, délaçai un à un ses pataugas, l’embrassant toujours tendrement, je lui retirai ses chaussures de toile et les courtes chaussettes… lui fis lever un pied que j’embrassai, lui faisant enjamber son short, puis l’autre… Ma Lilia était nue et caressait mes cheveux, ma nuque, mes épaules…
Plus tard, ma mie se baigna à la claire fontaine… Il n’y avait pas de rossignol sur la plus haute branche, mais je n’avais jamais rien vu d’aussi joli.
Dans la plus profonde des vasques que formait le torrent, entourée des rochers usés et polis par les eaux dans cet écrin de mousses et de verdure, pouvoir contempler la fragilité du merveilleux corps flexible et plein de vie de ma jolie naïade fut pour moi une émotion esthétique et érotique sans égale. C’est là que je pris sûrement les plus belles de toutes mes photos.
J’allai l’y rejoindre… pas longtemps. Un, je dépareillais… Deux, j’avais oublié combien l’eau était froide… Comment faisait ma jolie chérie pour y rester si longtemps… ? Là aussi, elle m’épatait !
Quand elle en sortit, elle tremblait bien un peu, mais vite, je la séchai, la frictionnant, lui répétant combien elle était belle, elle riait, heureuse. Je sortis les pulls de mon sac et la couvris du sien et du mien. Je la réchauffais, assise tout contre moi, la serrant dans mes bras :
J’attrapai mon couteau, sortis le fromage, le pain qui restait, et débouchai le rioja… ce fut un goûter d’anthologie dans le plus beau coin du monde et du Pays basque.
Le lendemain, il fallait réparer : chose promise… En conséquence, ce fut un retour à la plage et à ses délices.
La Chambre d’Amour s’imposait, vu le programme que j’avais annoncé à ma jolie sirène. Nous nous installâmes à peu près au même endroit, cela nous avait plutôt bien réussi la fois précédente… Il y avait toujours peu de monde, et je taquinai ma Lilia lui demandant si l’absence de public n’allait pas la gêner… Elle me répondit le plus sérieusement du monde qu’elle ne pensait pas et qu’elle se sentait très excitée à l’idée de cette nouvelle expérience, et me regardant avec un sourire en se mordillant la lèvre, elle écarta les jambes et abaissa son regard. Effectivement, je pus me rendre compte à l’état de l’entrejambe de son petit maillot que cela lui faisait un effet certain…
Nous étions allongés sur nos serviettes de bain, main dans la main, et sans y prendre vraiment garde, nous nous étions laissé engourdir de soleil, de chaleur… nous lézardions, à moitié somnolents, une caresse… un baiser…
nous étions sages… trop sages…
Je sentis un mouvement, m’entourant… le temps que je réalise ce qu’il s’était passé, ma Lilia me chevauchait, assise sur ma poitrine… plus de petit maillot turquoise… ! Adieu, la somnolence… Tête baissée, elle me fixait, rigolarde, par-dessus ses lunettes de soleil. Je posai mes mains sur ses cuisses…
Avec une petite moue charmante, elle fit mine de m’applaudir…
Je caressai sa taille.
Le petit paravent bleu, que j’avais installé, remplit encore une fois le rôle que je lui avais assigné…
Puis Lilia voulut chercher d’autres « yeux de Lucie », alors, allongés l’un en face de l’autre nous recommençâmes à trier patiemment nos poignées de sable, un baiser par ci, nous en trouvions bien quelques-uns, mais ça ne donnait pas beaucoup, un autre par là, ma jolie chercheuse était déçue et faisait la moue quant à un moment, elle eut un « Oh ! » émerveillé, elle saisit dans le sable un œil de Lucie du plus bel orangé de plus de deux centimètres.
Je savais ce que j’allais en faire mais le gardai pour moi, pour l’instant…
Elle rangea le coquillage dans son sac de plage, puis m’appela.
« Si tu savais, petite conne, comme je voudrais que tu me le dises pour de vrai ! »
Je ris et allai m’allonger près d’elle, pris dans mes bras son merveilleux petit corps et commençai à caresser et embrasser Mademoiselle Vif Argent, me laissant aller à presque toutes mes envies… ce fut elle au bout d’un moment qui me prit par la main et, se redressant :
Et nous voilà partis, main dans la main en déconnant… C’était marée basse, l’estran était loin. Et les vagues, ce jour-là, sages, nous offraient le spectacle d’un bord de mer idyllique, presque carte postale.
J’ai toujours trouvé notre bel Atlantique d’un premier contact un peu froid, comme s’il vous mettait en garde de ne pas prendre trop de familiarités avec lui… Lilia n’avait pas ce genre de scrupules protocolaires, à peine les pieds dans l’eau, elle se mit à courir et se jeta dans la première vague, celle-ci passée, ma belle se releva, et d’un geste gracieux rejeta en arrière ses cheveux blonds trempés, clignant de ses jolis yeux :
Je forçai ma nature et entrai rapidement dans l’eau la rejoindre… pour me faire éclabousser dès que j’arrivai près d’elle. Une « bagarre d’eau », comme on disait quand on était gosses, puis le gentil chahut… « moi, je te tiens… toi, tu m’auras pas ! Et puis, ta peau douce contre ma peau et puis, tes beaux petits seins que je caresse, et tes épaules délicates que j’embrasse… tes beaux yeux, ta jolie bouche que je baise… mon amour ! Quelque chose qui monte en nous et nous étreint… fini de rire… ton souffle s’est accourci et au fond de tes yeux je lis une attente… je t’embrasse, je cueille, cueille, et cueille encore ta bouche… Oh, mon adorée ! »
Je tenais ma belle Lilia enlacée, dans une trentaine de centimètres d’eau, entre deux regards, nos bouches se cherchaient dans une fièvre qui nous laissait comme étonnés, une tension calme et puissante m’étreignait et me tendait tout entier vers Elle.
Ballottés par les vagues, bercés par les mouvements de l’eau, le bruit magique du ressac dans les oreilles, embrumés par un désir doux et puissant comme une houle, j’allongeai ma belle dans l’eau et lui retirai son maillot, écartai ses jambes entre lesquelles je plongeai pour un long baiser aux saveurs marines…
Ma chérie m’embrassa, me chuchotant :
Des promeneurs passèrent, accompagnés d’un chien, et s’éloignèrent.
Alors, me penchant sur ma merveilleuse maîtresse, je fis ce que sa prière m’ordonnait « Ma Lilia… mon amour ! Que c’est bon de te faire plaisir ! » Le bruit du ressac, le bleu du ciel au-dessus de nous, les vagues qui nous berçaient, cette présence au monde que ma chérie m’ouvrait, toute cette violence presque apaisée qui n’en finissait pas de m’étreindre, dans un état second… Instant béni… Ma Lilia m’appela… je me relevai.
S’étant redressée, elle s’était mise à quatre pattes, les vagues léchant son ventre, elle se tourna vers moi et, cambrée, offrant son hostie mauve à mon regard troublé, dans une posture d’une merveilleuse indécence ma Lilia me cloua :
Je caressais un genou de ma merveilleuse Mademoiselle Vif Argent qui venait de me donner tant de plaisir… mon adorable petite perverse peignait de ses ongles, ses cheveux poisseux de sel et me souriait. Allongé dans les vagues mourantes, elle était assise en tailleur à mes côtés. « Putain ! Que c’est bon d’être à côté de cette petite morpionne ! »
Levant la main, je caressai son beau visage.
Elle rit
Je ris.
J’éclatai de rire.
« Ma petite Princesse déconnarde… comme je t’aime, ma chérie. »
Je chantonnai deux mesures de la jolie chanson…
Ma chérie se pencha sur moi.
Nous remontâmes, toujours blaguant, jusqu’à nos affaires… Il était six heures, je pressai un peu le mouvement pour rentrer… il me restait des choses à régler.
Arrivés à l’appart, Lilia alla prendre une douche. Je savais que quand ma coquette entrait là en fin de journée, j’avais un bon moment devant moi pour vaquer à mes occupations. Aussi je pris tout mon temps pour retourner rue Mazagran.
Un quart d’heure plus tard, j’étais de retour. Mon téléphone sonna… dix minutes après le commis de chez Carlier arrivait et en un tournemain disposa le buffet que j’avais commandé. J’allumai les bougies et quand ma belle sortit radieuse dans son plus simple appareil de ses ablutions, émerveillée par ce décor de fête, après avoir posé ma robe de chambre sur ses jolies épaules, je la fis s’installer, ravie, dans le fauteuil près du guéridon où l’attendaient un verre de champagne et une assiette de petits fours.
J’allai me doucher et me changer, jeans propre et chemise blanche, et laissai à nouveau la place à ma jolie chérie.
Il était un peu plus de vingt et une heures quand elle ressortit… Quelle beauté ! J’admirai la perfection que j’avais devant les yeux et tombai amoureux encore une fois. Elle avait sobrement maquillé ses beaux yeux et portait une longue robe légère grège très décolletée qui mettait ses jolis petits seins en valeur et soulignait la finesse de sa taille, chaussée d’escarpins grèges, elle était d’une exquise féminité et avait une classe folle.
J’avais mis un de mes CD en sourdine sur la chaîne.
« Chéri… ? Mon amour… ? Mais, ma Lilia chérie, il ne faut pas m’appeler comme ça… je risquerais d’y croire ! »
La voix chaude de Doris Day chantait « Again », et c’était du bonheur sur du bonheur…
Un de ces instants où la vie te tend, des cadeaux tellement inattendus que tu as l’impression d’avoir dit « Sésame ! Ouvre-toi ! »… et que ça ait marché !
Je pris sa main, l’attirai contre moi, éprouvant dans une quasi-volupté la chaleur et la douceur de son corps. Elle leva son visage, me sourit et me tendit ses lèvres.
Ma Lilia venait de trouver sous sa serviette un paquet cadeau et me regardait étonnée, nous étions plus ou moins assis à table, et bavardions, de choses et d’autres, grignotant les délices que Carlier avait préparées.
Elle avait le regard d’une petite fille impatiente, ses yeux allaient du paquet qu’elle avait du mal à ouvrir aux miens. Elle trouva bientôt un écrin qu’elle ouvrit et, se saisissant du bracelet en argent qui s’y trouvait :
Je vis des larmes dans ses yeux… Rien ne pouvait me faire plus plaisir, c’était la plus jolie façon de remercier.
« Mademoiselle Vif Argent, ma petite chérie d’une semaine, j’ai été amoureux de toi comme je ne l’ai jamais été d’aucune fille… je t’ai aimée sans aucun désespoir ni tristesse, avec seulement la joie de recevoir ce que tu as si bien su me donner. »
Mon bel amour s’était levé pour venir s’asseoir sur mes genoux, et se serrait dans mes bras, me couvrant de baisers.
« Ma Trop Belle, quelle torture de t’entendre m’appeler de ces noms si doux ! Mais que c’est bon… ! »
Il était un peu plus de onze heures. Je proposai une promenade à ma jolie petite demoiselle Vif Argent. Elle se serra contre moi, câline, entourant ma taille de ses bras.
Nous restâmes encore flemmarder un peu au lit le lendemain matin et j’emmenai ma jolie gourmande pour une orgie de café crème et croissants, son péché mignon, dans un bistrot près du port.
J’avais réservé, pour déjeuner, une table chez Arrambide à l’« Hôtel des Pyrénées » à St-Jean où je tenais à offrir un repas gastronomique à mon aimée, je savais qu’elle en raffolait… nous partîmes vers dix heures.
Alors, sur la route qui nous amenait au village mythique, juste après Ossès, s’imposa ce qui me guettait depuis un moment… ça faisait longtemps que j’y pensais, en fait, c’était en filigrane, depuis le début… depuis que nous étions arrivés je savais que nous avions rendez-vous…
Je mis le clignotant à gauche et, faisant demi-tour, me garai sur ce parking où il y a tant d’années… hier… je te vis, beauté sublime, je pourrais encore faire ton portrait, coiffée de cet espiègle petit béret rouge, au bras du vieux beau, riche… il en avait tout l’air… je te regardai, subjugué… tu me toisas.
Ma chérie, étonnée, me demanda la raison de cet arrêt. Je bottai en touche…
Alors, histoire de boucler la boucle et de continuer à sourire, de te faire un clin d’œil… clin d’œil aux choses, à l’histoire… à la vie… à défaut de me payer le luxe de lui faire un pied de nez, comme je l’avais si souvent fait, avant de repartir de l’antique cité, j’offris un petit béret rouge à ma jolie Lilia.
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* Chipirons : Petits calmars.
* Maïtea : Chérie.
* Pec : Idiot, débile… (français : sec, mais très utilisé dans le sens indiqué en Gascon)
* Arnoa gorria : Vin rouge.
* Txistu : Longue flûte à trois trous
* Txistulari : Joueur de txistu.
* Coplari : Chanteur, poète, improvisateur.
* Muxu(a) : (un) Baiser.
* Ardi Gaxna : Fromage de brebis.
* My pleasure… ! : Tout le plaisir est pour moi… !
* Venta : magasin, auberge (Esp.).
* Atxuna : Claie de bois permettant de porter le foin à dos d’homme.
* Patxaran : Liqueur à base de prunelles et d’anis.
* Ricara : Ricard.
* Baï, bia, plazer Badu zu : Oui, deux, s’il vous plaît.
* Aroltziak eta Xingara : Œufs et jambon
* Ardi gasna : Fromage de brebis.
* Aquel que no beba vino es un animal… : Celui qui ne boit pas de vin est un animal.