n° 20783 | Fiche technique | 17866 caractères | 17866Temps de lecture estimé : 11 mn | 16/02/22 |
Résumé: Une conductrice, sur la route des vacances et de sa famille, recueille par hasard une jeune fille dans une station-service. | ||||
Critères: ff asie voiture autostop caresses cunnilingu 69 fdanus -occasion -lesbos | ||||
Auteur : Come Sorel Envoi mini-message |
18 h 30
La voiture, une Alfa Roméo rouge, sort du parking souterrain et s’engage vers les boulevards extérieurs. Sa conductrice, cheveux enfin dénoués après une journée de travail, roule trop rapidement, pressée d’arriver sur l’autoroute et de prendre la direction de l’Italie.
Douze heures de route, la nuit. Comme tous les ans. Elle rejoint son mari et ses deux enfants, partis l’avant-veille en train, dans la maison de famille qu’il possède sur les hauteurs de San Remo. Elle devra s’occuper d’eux trois, jouer, avec plaisir peut-être, à la bonne mère de famille qu’elle n’a pas toujours le temps d’être pendant le reste de l’année, essayez de comprendre le rude accent ligurien des cousins de son mari, surveiller les enfants dans la piscine, cuisiner pour douze sous le regard ironique de sa belle-famille.
Douze heures de route de nuit de Bordeaux à San Remo. La liberté. Comme tous les ans. Un temps volé.
20 h
Elle est maintenant engagée sur l’autoroute point rouge se déplaçant à 130 km/h Les suites Françaises Bach par Keith Jarrett les jambes nues sous la jupe le point orangé du soleil dans les rétroviseurs les cheveux blonds longs quarante ans, j’ai quarante ans depuis un mois ensuite elle écoutera la radio pour que des voix lui parlent portable coupée car sinon sa secrétaire va l’appeler parce qu’elle est incapable de ne pas le faire et en même temps cela la flatte mais c’est insupportable les ongles manucurés rouges sur le volant noir le débardeur blanc qui met en valeur son ventre plat et ses seins ronds elle le sait elle veut plaire à son mari il ne font plus l’amour aussi souvent mais elle arrivera tôt demain et ils feront l’amour tous deux dans un demi-sommeil lui qui se sera réveillé pour l’accueillir et elle qui n’aura pas dormi aura roulé toute la nuit.
Dans une heure, il va falloir s’arrêter. Elle veut fumer et boire un café et manger peut-être.
21 h
Le café coule dans le gobelet. Elle sort une cigarette de son sac et son briquet.
Des cris, à sa droite, juste hors de son champ de vision.
Et le son d’une claque, un son rapide et sec.
Elle tourne la tête, juste assez pour voir, une petite brune, la vingtaine, peau mate, cheveux longs, la main encore dressée et un grand échalas, à peine plus âgé, la joue rouge, qui recule de deux pas, le regard ironique pour ravaler l’humiliation.
Et il continue à reculer, la joue rougie par la gifle, mettant ce qu’il peut de fierté dans son regard, puis il finit par tourner les talons.
La femme de quarante ans le suit du regard, le voit s’éloigner à grands pas vers un van blanc qu’il démarre.
Son café a fini de couler, elle le prend. Elle sort.
Sur un muret se tient la fille. Des yeux en amande, un visage doux, un tee-shirt noir qui lui colle sur le corps, un short en jean, des chaussures de toile.
Dans l’air chaud et sec d’une fin de journée d’été, dans l’odeur de blé vert cuit au soleil qui monte des champs céréaliers qui entourent l’aire de service, dans la lumière rasante et orangée, sans trop savoir pourquoi, la conductrice s’approche de la jeune fille.
Oui, elle veut bien. Elle sourit.
22 h 30
Dans la voiture, c’est Mathilde qui raconte. Le copain d’un copain qui propose de l’emmener à Cannes, elle doit voir ses parents, mais l’autre con pense qu’en échange elle voudra bien visiter l’arrière du van. Et ce n’est pas qu’elle soit contre les galipettes (ça fait sourire la conductrice, ce mot un peu ridicule : « galipette »), mais pas avec lui : trop moche, trop poilu, trop con, et pas en échange de quelque chose, « si on doit baiser, alors il faut que ce soit joyeux, doux et fort, mais là, c’était trop nul, trop prévisible ». Il a voulu la forcer un peu, lui a mis la main au cul. D’où la claque.
Puis la conversation, vive, un ruisseau en montagne, la vie de Mathilde, étudiante ratée, serveuse à temps plein dans un bar un peu glauque des Chartrons, un truc punk mais surtout crade, une vie assez cool quand même, pas cool non, mais indépendante.
Mais pas d’études, ce qui fait enrager son père, un connard, sûr de lui, dominateur, absolument bourgeois, et ce qui angoisse sa mère, petite femme vietnamienne, timide, angoissée par la pauvreté qu’elle a connue enfant, oiseau un peu fébrile.
Elle rentre chez eux. Pour voir sa mère. Ça la fait chier, mais elle doit bien rentrer de temps en temps, non ?
C’est Monk que l’on entend maintenant. Alone in San francisco. Cela va bien avec la façon qu’à Mathilde de parler, des phrases vives, de l’humour, des ellipses. Des silences.
Puis la conductrice.
Enfance à Bordeaux, milieu populaire, un père ouvrier, mère au foyer. De belles études malgré tout.
Avocate, deux enfants, adorables évidemment. Un mari, italien, un peu absent. De l’argent. Une vie agréable, douce, reposante. Elle rêvait d’aventures évidemment, de plaidoiries en Cour d’Assises et d’une ferme à rénover, au lieu de cela, elle fait du droit de la propriété intellectuelle et vit dans un appartement haussmannien.
Un rien d’ennui que compensent des week-ends à Arcachon et la piscine de la maison en Ligurie.
Un ennui profond en fait, mais ça, elle ne le dit pas.
La littérature ensuite, parce que sur la plage arrière, la conductrice à emmené les livres qu’elle veut lire cet été. Mathilde qui n’aime que les Russes et les modernes, qui aime Ulysse par-dessus tout et Dostoïevski évidemment. La conductrice qui préfère les romans français, Balzac, Stendhal et Gide. Elles s’enflamment, débattent et rient. Elles sont d’accord sur Flaubert, Stevenson et Michaux, c’est déjà ça.
Et la musique. Et les garçons. Sur ce dernier point, elles se trouvent des points communs, elles aiment les grands bruns, méditerranéens et, elles sont amusées de ce détail, aux longs cils un peu féminins.
Bientôt, elle parle de l’amour et du désir. Mathilde qui aime la séduction, la rencontre, les jeux puis qui se lasse et qui change.
Et la conductrice qui a un peu honte d’avouer qu’après trois ou quatre petits copains au lycée, elle a rencontré son mari, Francesco, à 18 ans. Elle hésite.
Et Mathilde qui la regarde de ses yeux rieurs, qui se moque un peu ou qui trouve ça charmant. Un peu vieillot mais charmant.
0 h
Elles se sont arrêtées à nouveau. Café, cigarette, un sandwich médiocre qu’elles partagent.
Elles rient en commentant l’allure dépenaillée des naufragés d’un autocar de voyage organisé, les visages fripés et les vêtements mal ajustés.
Quand elles repartent, l’air dehors est encore chaud. Si le soleil est couché, la nuit ne veut pas tomber.
Le silence.
À côté d’elle, Mathilde, qui a ôté ses chaussures de toile, à poser ses pieds menus sur le siège en cuir. Elle a tourné son visage vers la conductrice et la regarde.
Le silence.
Tout en gardant ses yeux sur la route qui s’écoule maintenant, monotone comme un fleuve paresseux, la conductrice ne cesse de penser à sa passagère, à ses jambes brunes et nues, à cette poitrine qui danse, arrogante sous la toile élimée du tee-shirt. À ses yeux noirs et lumineux. Elle inspire plus fort, essaye de sentir cette odeur de petite femelle, ce mélange de parfum fleuri (un Kenzo peut-être) et de sueur légère.
Elle est troublée par ce regard qui ne la quitte pas. Elle sent ses yeux qui détaillent son profil, qui s’attardent sur ses épaules que le débardeur découvre, sur la poitrine qu’il laisse deviner, sur ses bras nus et sur ses jambes.
Le silence.
Son cœur qui bat. À mesure que les minutes passent, la route devient un objet presque abstrait, rien n’existe plus que le silence de cette voiture, le bruit du moteur n’est plus qu’une équation mécanique.
Le silence et deux yeux noirs de chat qui la regardent.
Et puis, elle sent. La main de Mathilde qui s’est posée sur la sienne, celle qu’elle garde sur le levier de vitesse quand elle roule vite.
Cette main, plus petite que la sienne, plus légère qu’un souffle.
Elle jette un œil sur cette main brune sur la sienne si blanche. Elle voudrait que l’univers se résume à cela. Cette main sur la sienne.
Bientôt, l’Alfa Roméo quitte l’autoroute et s’engage sur une aire de stationnement. Vide.
2 h 30
Dans la nuit électrique.
Elle tremble. Dehors sur le parking. La cigarette qu’elles ont fumée en silence. La nuit bruisse, elles n’entendent rien.
Mathilde qui lui prend la main et se met face à elle, sur la pointe de ses pieds nus, et qui approche sa bouche aux lèvres rose pâle. Elle ferme les yeux et se laisse embrasser, la langue qui joue avec la sienne, petit animal chaud et vivant.
Mathilde qui a passé son autre main sous le débardeur et caresse son ventre puis, par-dessus le soutien-gorge de satin blanc, sa poitrine.
Et toi, tu en fais quoi de ton autre main ? se dit-elle, alors elle la pose, d’abord sur la hanche puis, à mesure que le plaisir monte en elle, elle s’enhardit, descend et sa main caresse maintenant, par-dessus le short en jean, les fesses de Mathilde.
Et elle se dit, ce qui reste de lucidité en elle se dit, tu caresses les fesses d’une fille et son cœur est étonné, son âme sourit au ciel.
Mathilde a maintenant cessé de l’embrasser et sa bouche, sa langue descendent dans son cou tandis que ses mains ont remonté son débardeur et caressent ses seins.
De sa main droite, sous le tee-shirt de Mathilde, elle caresse sa poitrine menue, et Mathilde lui dit : « Non, plus bas sur mon cul », et ces mots crus lui font bondir le cœur et elle obéit, sa main descend sous le short et sous la culotte, elle caresse maintenant ses fesses musclées à la peau douce, elle sait que si elle tend un peu les doigts, si elle rapproche un peu ses mains, elle caressera des choses plus intimes et elle sent déjà l’humidité du désir de Mathilde, mais elle n’ose pas encore.
Laquelle des deux ouvre la porte-passager et rabat le siège ? Laquelle des deux entraîne l’autre sur l’étroite banquette arrière ?
Assises chacune d’un côté de la banquette arrière, elles s’embrassent, presque sagement maintenant. C’est Mathilde qui commence à la déshabiller, à tirer vers le haut le débardeur et à défaire le soutien-gorge, libérant deux seins ronds et blancs. Elle se recule, toujours ce même sourire, charmant et moqueur à la fois, sur le visage. Mathilde retire son tee-shirt. Sa poitrine, plus petite, fièrement dressée, son ventre plat où le sport (gymnastique ? escalade ? se demande la conductrice, et elle sait qu’elle se raccroche à ces pensées pour ne pas sombrer trop vite dans le désir absolu qu’elle a de cette fille) a dessiné ses abdominaux.
Mathilde s’avance à nouveau vers elle, cherche sa bouche à laquelle elle s’accroche, puis, de sa langue, caresse et embrasse le cou, la poitrine, le ventre de son amante et remonte, s’attarde sur les deux aréoles de ses seins dressés. Elle remonte ses doigts fins sur les cuisses de la femme, elle sent la peau qui frémit, la chair de poule, la pulsation du sang. Elle baisse la culotte de dentelle et la conductrice l’aide en soulevant ses fesses puis en secouant doucement une jambe après l’autre pour que la boule de tissu soit maintenant sur le sol de la voiture. Mathilde soulève la tête, contemple ce sexe rose et son duvet blond.
Doucement, elle tend la main, caresse le pubis puis descend ses doigts vers le rose pâle des lèvres.
La conductrice ferme les yeux, essaye de ne pas penser à l’obscénité de ce qui lui arrive, aux frissons qui lui remontent la colonne vertébrale. Les doigts de Mathilde qui dessine ses grandes lèvres puis s’approche par cercles concentriques de son clitoris, cette manière qu’elle a d’esquiver puis de revenir vers le centre du plaisir.
Mathilde se penche vers elle et elles s’embrassent à nouveau pendant que la main se fait plus obscène, revient sans cesse maintenant sur ce clitoris et, qu’un doigt pénètre le sexe humide et doux puis deux et bientôt, comme des vagues atlantiques, de plus en plus fort, monte le plaisir.
La conductrice défait le bouton et la fermeture éclair du short et elles se désunissent quelques instants pour le faire glisser à son tour sur le plancher de la voiture. Puis, à nouveau, elles s’enlacent et les caresses reprennent. Mathilde soulève légèrement son bassin pour laisser le bras de la conductrice se tendre et la main rejoindre son sexe. Dans les poils noirs, de longs filets humides, un désir, une excitation vibrante.
Branle-moi. Branle ma chatte. Ces mots vicieux murmurés par Mathilde. Impudique. Impériale. Excitante.
De sa main gauche, Mathilde guide les doigts de son amante, les pose sur son clitoris et en fait pénétrer deux en elle.
Pendant quelques instants, elles voguent ainsi, leurs mains jouant sur leurs sexes et elles se regardent, les yeux dans les yeux et la nuit d’été n’entend plus que leurs soupirs amoureux.
Puis Mathilde se lève et se place tête-bêche au-dessus de la femme. Elle enfouit son visage dans les boucles blondes et de sa langue carnivore commence à agacer le clitoris, à jouer avec tandis que ses doigts jouent avec ses lèvres, la pénètrent et la caresse.
Pour la conductrice, au-dessus de son visage, un sexe de femme. Elle veut le prendre en elle, l’aspirer, boire ce jus mais elle n’ose pas et c’est encore Mathilde qui décide, qui rapproche son bassin comme pour lui dire qu’elle ne peut plus reculer.
Dans cette position, la conductrice pense aux contes libertins de la Fontaine et aux écrits de Sade, elle pense aux mots « foutre », « con » et « gamahucher » et ces mots du plaisir libertin qu’elle découvrait jeune lectrice, l’excitent encore plus. Ils n’ont rien à faire là mais ils vont et viennent dans son esprit au rythme de la langue de son amante.
Alors elle s’enhardit.
Elle écarte de ces deux mains les lèvres de Mathilde pour mieux atteindre son clitoris avec sa langue et elle goûte cette mouille abondante qui luit maintenant sur sa bouche et son visage. Elle ne se retient plus et comme sa maîtresse (car c’est bien Mathilde qui mène le jeu) elle veut toutes les audaces. Elle mouille un doigt avec la cyprine et le fait remonter vers les fesses de Mathilde qui tend son cul pour l’accueillir et elle la pénètre et Mathilde soupire.
Et bientôt, il n’y a même plus de gestes, tout se perd dans le bouillonnement du plaisir partagé dans cette nuit d’été.
La lave du volcan. Un flot d’obscénités murmurées (Salope, branle-moi, branle-moi encore), et Mathilde jouit de la bouche et des doigts de son amante puis, quelques instants après, sous la langue agile, à son tour, la conductrice.
Un soleil. Feu, puissance. C’est ainsi que plus tard elle se rappellerait cet instant. Plus de désir, plus d’excitation, le corps simplement, tendu, comme traversée par plusieurs arcs électriques successifs.
Les battements de son cœur ne s’apaisent que quand Mathilde vient se lover contre elle, place sa tête sur son épaule et l’embrasse dans le cou, prenant sa main dans la sienne.
4 h 30
Le jour vient trop vite et il faut repartir.
6 h
Elle laisse Mathilde à Cannes.
Elles s’embrassent, ne se promettent rien, car il ne leur servirait à rien d’être malhonnêtes.
8 h
Arrivée à San Remo, il lui reste une demi-heure de route. Elle téléphone à son mari. Elle ment. Elle s’est sentie fatiguée et s’est arrêtée dormir près de Menton. Elle arrivera plus tard, dans deux heures probablement.
Elle sort de la voiture, se dirige vers un bar du port.
Elle commande un café, va en terrasse. À une table, des pêcheurs parlent du match perdu du Genoa.
Elle allume une cigarette, inspire. Le soleil et déjà haut, le vent souffle doucement. Elle ferme les yeux et elle sourit.