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Temps de lecture estimé : 22 mn
23/02/22
Résumé:  Un simple coup de téléphone et, subitement, c’est toute une frange de votre vie qui vous revient en pleine figure.
Critères:  f fh forêt campagne jardin hotel voiture amour cérébral revede noculotte lingerie fellation attache bondage confession
Auteur : Someone Else  (Souvenirs...)            Envoi mini-message
Mellow Yellow



« Le bonheur, c’est simple comme un coup de fil » disait une pub des années soixante-dix, à l’heure où la France sortait à peine du 22 à Asnières. Bon sang, si c’était si simple ! Pourtant, d’habitude, je ne réponds jamais aux appels sur le fixe, sans doute parce que j’en ai assez qu’une personne parlant à peine français et à l’accent épouvantable cherche à me vendre tout et n’importe quoi à longueur de journée. Et pourtant…


Trente ans. Trente ans que je n’avais pas entendu le timbre de cette voix… Mais en l’espace d’une demi-seconde, je savais qui était au bout du fil et là, comment dire… c’est toute une période de ma vie qui m’est revenue en pleine tronche.


Je venais de traverser une période plus que difficile dans ma vie professionnelle, et je commençais tout juste à me remettre de cette cruelle désillusion : vous faites régulièrement des mois de 400 heures – vous avez bien lu – pour soutenir une boîte pour que les repreneurs, en qui vous mettez beaucoup d’espoir, ne reprennent pas un champ de ruines… Et quand ils sont enfin en place, ils vous jartent comme un malpropre ! « La reconnaissance est une maladie du chien non transmissible à l’homme », aurait dit Churchill…


Et donc, l’heure était d’apprendre aux autres à conduire dans une entreprise sans me douter un seul instant qu’un jour, j’en serai le patron ! Mais c’est une autre histoire…


Toujours est-il que ce jour-là se pointe une nana d’à peu près mon âge – j’apprendrai plus tard qu’elle est née tout juste quelques jours avant moi – et elle a un profil atypique : elle a déjà son permis, mais elle n’a pas pratiqué depuis un paquet d’années et veut simplement se remettre dans le bain. En fait, je le comprends bien vite, elle a surtout un sacré problème de confiance en elle, la faute à un mari qui passait son temps à traquer la moindre micro-rayure lorsqu’elle revenait des courses… Est-ce pour cela qu’elle a fini par divorcer ? Ce n’est certainement pas la raison principale qui a fait pencher la balance, mais cela a dû y contribuer.


Au bout de deux heures, c’est gagné, elle commence à reprendre ses habitudes de conductrice et je n’ai quasiment plus rien à lui dire… Alors, la discussion divague sur tout autre chose et, à l’occasion d’un feu rouge, elle me propose d’aller boire un café au bistrot du coin lorsque ma journée sera finie.


Pourquoi est-ce que j’accepte ? Je n’en sais rien… À l’époque, je suis en couple depuis déjà un bon moment avec celle qui n’est pas encore mon épouse et qui, je le sais, est pétrie de qualités, la moindre n’étant certainement pas de réussir à supporter un lascar qui ne doit pas être drôle tous les jours… Par contre, et ce n’est pas un secret, elle n’a jamais fait d’étincelles au plumard, et cela va sans doute peser sur ce qui va se passer ensuite.


Parce que Mary – c’est le prénom de la demoiselle – vient de me proposer le plus simplement du monde de passer un peu de temps avec elle, son couillon de nouveau copain étant un fou de musique qui passe plus de temps sur ses instruments qu’avec elle et qui ne joue dans les bals que pour tenter de faire bouillir la marmite. En clair, elle s’ennuie, elle voudrait simplement quelqu’un avec qui discuter de tout et de rien, comme ça, en copains, et qu’il n’y aurait jamais d’ambiguïté entre nous…


Sauf que moi, le rôle du bon copain, j’en ai plus que soupé, dans ma jeunesse… J’étais toujours le gars que les plus belles filles du lycée venaient voir pour que je trouve une combine pour les présenter à untel qui était comme par hasard un pote à moi mais, parallèlement à cela, pour moi, c’était toujours ceinture ! Non, j’étais le genre de type que l’on appelle à trois heures du matin à la suite d’une overdose de Mojito et qui se retrouve d’un côté avec une ravissante nénette à poil dans sa baignoire mais qui n’en finit pas de dégueuler et de l’autre avec un tas de fringues aux doux effluves de vomi mélangées à du rhum et de la menthe qu’il convient de mettre d’urgence au lavage, godasses comprises ! Le genre de mec à qui l’on demande, au matin, si c’est moi qui lui aie enfilé ce pyjama et, accessoirement, si l’on a baisé ensemble.



En guise de réponse, elle avait éclaté de rire :



Aujourd’hui, l’on appelle cela la friendzone… Et c’est ce à quoi j’ai été abonné pendant de longues années. En plus, je vois le coup arriver à des kilomètres : et le musicos, là, il va en dire quoi, de cette embrouille ? Et celle qui m’attend chez moi, elle va en penser quoi, de cette chère Mary ? Il n’y a pas grand monde qui croit en l’amitié entre hommes et femmes… D’où ma réponse, passablement gonflée :



Évidemment, ma réponse la cueille un peu à froid. Elle blêmit.



Gonflé ? Dégueulasse ? Complètement con ? Sans doute un peu de tout cela ! Mais je vous rappelle que je suis à une période de ma vie où j’ai désormais beaucoup de mal à faire confiance à qui que ce soit. En plus, cette nana est beaucoup trop bien foutue pour moi et il est inutile de me bercer d’illusions et, tant qu’à être déçu, autant l’être tout de suite.



Un coup de klaxon l’interrompt, son chauffeur est là.



Et là-dessus, elle part sans même me faire la bise… L’heure est venue pour moi de retourner à mon train-train quotidien. Parce que, bien entendu, je ne me fais aucune illusion : même si elle ne m’a pas clairement envoyé paître, cette histoire va être classée sans suite et je pourrais même m’estimer heureux si son copain ne déboule un de ces jours à la boutique avec la ferme intention de me casser la gueule.


Le samedi arrive… Peut-on dire que je suis impatient ? Même pas, en fait… J’ai trop donné au petit jeu des faux espoirs.



Bien évidemment que je n’en parlerai à personne… De toute façon, mes deux collègues ainsi que mon boss tirent tout ce qui bouge, autant dire qu’ils n’en ont rien à carrer !



Et la leçon continue comme si de rien n’était… Cependant, je connais un coin tranquille où je fais régulièrement des marches arrière, sauf qu’à l’habitude, je n’entre pas dans les garages dont les propriétaires ont négligemment laissé la porte ouverte.



Encore une fois, chat échaudé craint l’eau froide. Ce petit roulage de pelle auquel je m’apprête à me livrer est en fait un petit test : là encore, les filles qui te promettent monts et merveilles avant de t’envoyer bouler au moment fatidique, je connais… Dans la série « j’ai testé pour vous », croyez bien que j’en ai eu ma dose !


On s’enlace, on s’embrasse… Nos langues se mêlent, elle me rend mon baiser. Combien de temps cela dure-t-il ? Je n’en sais rien, pas assez longtemps en tout cas. Nos bouches se séparent, juste le temps de reprendre notre souffle, on remet le couvert. Ma main se pose négligemment sur son sein droit que j’empaume, juste assez pour sentir la forme d’un soutien-gorge de dentelle au travers du pull de mohair. Elle ne se refuse pas, me laisse faire quelques instants avant de me repousser sans hâte.



Je regarde ma montre.



En plus, le coup de baiser à la sauvette dans une bagnole, je l’ai expérimenté avec quelques clientes dans ma vie antérieure : c’est sympa, mais à condition de pouvoir varier les plaisirs… Sans quoi ça tourne en rond, sans compter que dans l’urgence aucun des deux partenaires ne parvient vraiment à y trouver son compte.



Oui, je sais, dans le genre original et romantique, c’est plutôt raté… Mais faute d’un bon copain prêt à vous prêter sa piaule, on fait avec.



Un poil taquin, le monsieur… Elle y répond par un sourire dubitatif. Visiblement, la tempête fait rage dans son crâne.



Vous avez dit un peu dégueulasse ? Avec le recul, je me dis que vous avez sans doute raison… Mais on s’est tellement foutu de ma gueule par le passé que je ne tiens pas à ce que cela se reproduise.



Elle blêmit, à deux doigts de me gifler.



Il y a quelques années, j’aurais tout fait pour essayer de la calmer et de rattraper le coup… Mais je sais que cela ne sert à rien, sauf à être pris encore un peu plus pour un con.


Le lundi, bien entendu, je m’attends à me la mettre définitivement sur l’oreille, mais il n’en est rien. Au contraire, nous discutons de tout et de rien, comme à l’habitude… Jusqu’à ce qu’à dix minutes de la fin de la leçon, elle profite d’une rue déserte pour faire un créneau que je ne lui ai pourtant pas demandé.



Elle retire alors la grande écharpe qu’elle porte autour de son cou, et là, miracle, je vois la pointe de ses petits seins se dessiner au travers de son pull.



Bien qu’ils n’aient strictement rien à voir avec ceux de mon ancien boulot, mes horaires sont plutôt du genre élastique… Et ma compagne a d’autres chats à fouetter que de se demander ce que je peux bien foutre de mes mardis.


Bref, après quelques kilomètres de route, me voilà à sa porte… Jusqu’au tout dernier instant, j’ai cru à l’embrouille. J’ai fait tout le chemin jusqu’à l’hôtel avec un œil dans le rétro de peur d’être suivi. J’ai garé ma bagnole à l’arrière du bâtiment pour qu’elle ne soit pas visible de la rue… Ce n’est que lorsque la porte de la chambre se referme derrière nous que je commence enfin à y croire ! On s’embrasse, on s’embrasse et on s’embrasse encore, elle me laisse mettre mes mains partout, à commencer par sa poitrine, et cette fois, elle me laisse faire. Le pull tombe sur le sol, elle porte de nouveau un soutif parce que, soi-disant, cela intrigue son mec…


Je continue le déshabillage, cette fois elle est nue… Des hanches graciles, de petits seins ronds et haut perchés, elle est décidément ravissante, jamais je n’ai eu l’occasion d’avoir une aussi jolie fille dans mes bras. Bon, en même temps, j’ai trop de doigts sur une seule main pour énumérer le nombre de mes conquêtes passées.


Je l’invite à s’asseoir sur le lit, je m’agenouille devant elle et la couvre alors de mille baisers. Plus tard, elle m’avouera qu’elle s’attendait à ce que je lui saute dessus dès que la porte serait close, et que mon comportement plein de respect l’a surprise. En fait, je sais très bien que si j’avais sorti mon outil à ce moment précis, j’étais dans un tel état d’excitation que l’affaire aurait été réglée en trente secondes ! Et peut-être même moins vu qu’il m’est déjà arrivé d’arroser le buisson d’une demoiselle avant même d’avoir eu l’insigne honneur de visiter les lieux.


Je descends lentement le long de son ventre, mon nez s’insinue dans une forêt brune aussi épaisse que drue d’où un délicieux parfum se dégage. Elle me regarde faire, amusée, cherche à savoir où je veux en venir lorsqu’enfin je parviens à effleurer son petit organe du bout de ma langue… Et là, c’est l’explosion ! Enfin, entendons-nous bien, il va sans dire qu’elle ne vient pas de grimper aux rideaux mais, visiblement, pour elle, c’est de l’inédit. Bref, dix minutes plus tard, elle croche ses ongles dans mes cheveux alors qu’elle s’efforce de retenir son cri de jouissance. Elle me le dira des mois plus tard mais, pour elle, c’était l’un de ses tout premiers orgasmes, ses deux partenaires précédents n’ayant jamais véritablement réussi à lui faire atteindre le nirvana. Elle reprend son souffle et, sans un mot, c’est elle qui m’invite à la rejoindre sur le lit.


Elle non plus ne semble pas pressée de me voir nu… Elle dépose alors sur moi des milliers de baisers mais, contrairement à moi, il ne lui faut que quelques instants pour arriver jusqu’à mon dard qui, comme de bien entendu, pointe vers le ciel. Elle le caresse du bout de ses doigts, le décalotte doucement, le cajole délicatement et, à l’instant où je m’y attends le moins, la voilà qui m’embouche… Ce n’est pas possible, c’est donc comme cela que ça se passe ! Eh oui, cela peut paraître idiot, mais ce genre de pan, je n’y ai jamais eu droit… Sa langue virevolte autour de mon gland et sur mon frein, c’est délicieusement insupportable, à tel point que je m’empresse de l’arrêter.



Elle reprend alors son travail de sape et, croyez-le ou non, c’est tellement divin que des larmes en perlent à mes yeux. Je m’efforce de ne rien laisser paraître, mais je suis d’ores et déjà dans un autre monde.


La suite est à l’avenant : lorsque j’entre enfin en elle, j’ai l’impression d’entrer dans un pot de miel. Sa chatte est délicieusement serrée, la liqueur : un délice… À tel point qu’en quelques minutes à peine, la moutarde me monte déjà au nez. Elle s’en aperçoit.



Oui, ben, impôts ou pas impôts, quand le couvercle de la marmite a décidé de sauter, il saute ! Alors je me retire bien vite pour expédier une invraisemblable quantité de semence sur sa toison de jais.



Pour faire simple et en deux mots, il était neuf heures lorsque nous sommes entrées dans la chambre, les cloches de l’église toute proche avaient largement marqué seize heures lorsque nous en sommes ressortis. Heureusement qu’il y avait un distributeur dans le hall de l’hôtel pour trouver de quoi nous restaurer, sans quoi nous serions morts de faim ! J’en vois là-bas tout au fond de la salle qui se marrent parce qu’il est impossible de faire l’amour aussi longtemps sans interruption… Et ils ont raison. N’empêche, cette fois-là et à des dizaines d’autres reprises, nous avons réussi à renouveler l’exploit, peut-être parce qu’entre deux assauts, nous faisions des pauses… Et que faire l’amour ne se limite pas à d’interminables séances de pilonnages telles que l’on en voit dans les films de cul.


Des souvenirs, il m’en revient des paquets. Cette fois où nous nous rendons sur la côte alors qu’une tempête est annoncée et que la marée a l’un des plus gros coefficients de l’année. Des paquets de mer s’abattent autour de nous, la voiture tremble sous les assauts des rafales de vent mais moi, je m’en fous : Mary s’est embrochée sur moi pour la quatrième ou cinquième fois et son petit jeu consiste à me faire approcher le point de non-retour mais sans jamais le dépasser. Des fois, je triche, je l’attrape par les hanches pour l’empêcher de se déboîter de moi alors que l’explosion est proche, mais elle y parvient toujours… Juste le temps de laisser retomber la pression et de venir se réempaler sur ma queue avec un sourire narquois,


Combien de temps cela dure ? Aucune idée, mais elle est en train de me rendre fou ! Ce n’est que lorsque je la supplie d’arrêter et de me laisser aller jusqu’au bout qu’elle y consent enfin… Sauf que moi, je me retrouve dans la situation inverse, une colossale envie d’envoyer la purée mais dans l’impossibilité d’y parvenir ! Cette fois, c’est elle qui n’en finit plus de me chevaucher, la sueur coule dans ses yeux et quand, moi-même à bout de forces, les amarres cèdent enfin, comment dire… Je crois bien que si Mary s’était retirée à ce moment-là, la puissance de mon jet aurait transformé ma voiture en décapotable.


Et puis aussi cette fois au beau milieu d’un champ de blé… Nous voilà tous les deux à poil en pleine action au cœur de l’été. Le soleil brille, la température est clémente et, comme à notre habitude, on ne cesse de mettre et de remettre le couvert. Encore une fois, il ne s’agit pas de se la jouer façon film de boules : une petite séance de radada qui nous procure à tous deux beaucoup de plaisir mais où, pour parler simplement, aucun de nous deux n’atteint l’extase. Et puis, soudain, notre discussion est subitement troublée par le bruit d’un moteur en approche : le temps d’un coup d’œil, il s’agit d’un ULM en vadrouille, il n’y a donc pas de quoi s’alarmer ! Le type passe au-dessus de nous, nous n’y accordons encore une fois pas la moindre d’importance vu qu’à cet instant précis, je suis en train de visiter le petit intérieur de Mary dans la position de la cuillère et qu’elle semble y prendre largement autant de plaisir que moi.


Tiens, ce n’est que nous ou le voilà qui revient ? Bon sang, un mateur aviateur, voilà qui est original ! Je m’attends à ce que Mary se mette subitement à l’insulter, mais il n’en est rien : sans même prendre le temps d’enfiler le moindre vêtement, elle ramasse rapidement ses affaires, m’invite à faire de même, et nous voici partis à travers champs, naturellement toujours à poil, direction le petit bois voisin et là, à peine sommes-nous vaguement à l’ombre et hors de sa vue qu’elle se précipite sur moi et là, tout y passe, depuis une bonne levrette des familles où elle n’en finit pas de hurler son plaisir comme si l’autre avioneux pouvait l’entendre, jusqu’à quelques positions exotiques que je n’avais jamais simplement imaginées.


Au fil des semaines, nous essayons d’explorer d’autres voies, au propre comme au figuré… Jamais aucun de ses amants n’a envisagé une seule seconde de la sodomiser. Moi, de mon côté, je n’ai jamais expérimenté cette pratique… Bref, au bout de quelques tentatives infructueuses, tant j’ai peur de la blesser, nous y parvenons enfin… Et son trip à elle n’est pas triste : elle adore que je la prenne comme cela et que mes doigts s’enfoncent un peu plus classiquement en elle jusqu’à ce que je parvienne à sentir ma propre queue au travers de la cloison… Mais très vite, après quelques séances, l’on s’aperçoit que cela ne nous inspire en réalité pas beaucoup plus l’un que l’autre, il est donc temps de passer à autre chose.


Tiens, la météo n’est pas terrible… Une superbe occasion de réaliser l’un de mes fantasmes qui va s’avérer être aussi l’un de ceux de Mary : au lieu de la prendre directement chez elle, je lui donne rendez-vous à la cabine téléphonique qui se trouve à quelques dizaines de mètres à peine en bas de son immeuble. Là, elle m’y attend emmitouflée dans son grand manteau en fausse fourrure et lorsque je me pointe, elle se contente de l’ouvrir pour me faire remarquer qu’en dehors de ses bas tops, elle est nue dessous… Vous savez quoi ? Je n’ai pas l’habitude de la fourrer aussitôt la porte de la piaule refermée mais, cette fois-là, j’ai fait une exception.


Et si l’on tentait de s’aventurer sur le chemin du bondage ? Un bondage très light, cela va sans dire. C’est ainsi que je me retrouve donc ficelé sur le lit, les bras en croix, avec Mary qui s’astique joyeusement la case trésor au-dessus de moi, à dix centimètres de mon nez. J’en parviens même à sentir le délicat parfum de sa liqueur intime ! Et elle me fait le grand jeu, en plus ! Deux doigts dans la chatte et vas-y que je m’écarte les lèvres jusqu’à la toute extrême limite, que je me tire-bouchonne le clito à n’en plus finir, à tel point qu’elle réussit tout simplement à se faire jouir ! Et pourtant, ce n’est pas faute de lui avoir demandé de se caresser devant moi pour me montrer comment elle aurait voulu que je m’y prenne… Qu’importe : ce jour-là, elle est bien loin de se douter qu’en me détachant, c’est une véritable bête féroce qu’elle vient de libérer ! Résultat des courses, une invraisemblable séance de pilonnage à deux doigts d’ébranler tout le bâtiment avec, pour elle, un orgasme à la clé ! Orgasme d’autant plus violent que, Dieu sait pourquoi, je ne parviens pas à envoyer la purée…

Mais encore une fois, cela n’a pas d’importance, ce n’est que l’occasion d’en remettre une louche quelques instants plus tard et qu’elle prenne de nouveau son pied – trois fois en une grosse demi-heure, une belle performance, il me semble – lorsqu’un torrent de lave jaillit de mes reins et inonde sa salle des fêtes.


Elle me demande de monter… Tiens, c’est curieux, d’habitude c’est elle qui vient à ma rencontre. Je sonne à sa porte et là, les bras m’en tombent : elle est totalement nue et, accessoirement, se présente sur le palier pour m’embrasser à pleine bouche…



Tu parles que je suis partant ! Elle se laisse faire docilement alors que mes doigts s’infiltrent dans ses replis les plus intimes car, bien entendu, j’ai la ferme intention de lui offrir un petit voyage au septième ciel par la même occasion.



Bon, puisqu’elle le dit… Nouvelle tentative sur le lit, mais il se trouve qu’elle ne veut rien faire sur le lit conjugal, ce que je peux comprendre. Il ne me reste donc plus qu’à l’habiller, ce que je fais en empruntant un chemisier que je lui noue négligemment sur le ventre et en lui enfilant une petite jupe en velours que j’adore et qui lui arrive un peu au-dessus du genou.



Pour toute réponse, elle m’embrasse.



Cette fois-là, je ne me souviens même pas si nous nous sommes rendus à l’hôtel, y préférant une petite visite de la vieille ville la main dans la main. C’est marrant ce que quelques centimètres de dentelle en moins peuvent faire prendre un attrait particulier à une architecture que l’on a pourtant déjà vue cent fois…


Le problème de tout cela, c’est qu’à force de passer du bon temps ensemble – parce que si là je ne parle que des parties de jambes en l’air, il y a tout le reste, et notamment des discussions à n’en plus finir sur des sujets qui nous passionnent et qui se terminent bien souvent avec d’invraisemblables fous rires – on commence aussi à parler d’amour… Et le pire, c’est qu’à force de se dire que l’on s’aime, on finit par le croire.


Vivre ensemble ? D’abord, aucun de nous deux n’a une thune devant lui qui nous permettrait de prendre un appart’ tous les deux, et je suis le seul à travailler. Et puis, aussi, il y a nos conjoints respectifs… À cette époque, Goldman vient de sortir une chanson qui s’intitule « J’l’aime aussi » et où il dit que dans certains pays, le game est poly… Sauf que cela n’existe pas chez nous !


Alors, bien sûr, on fait semblant d’y croire… On se berce d’illusions en sachant très bien au fond de nous qu’aucun de nous deux ne sera jamais capable de quitter son conjoint. Manque de courage ? Peut-être, mais aussi l’incapacité chronique de laisser deux personnes qui ne sont victimes que de notre propre connerie personnelle à nous mais qui, à force d’à force, finissent bien par se rendre compte que quelque chose cloche dans notre histoire, comme cette fois où j’ai la bonne idée de partir de chez moi un mardi matin en portant un pull à même la peau – un fantasme de Mary, que voulez-vous – alors que je le fais jamais, ou cette fois où Mary s’achète un ensemble avec porte-jarretelles et tout le bazar alors que son zouave n’y a simplement jamais pensé. Et encore, il ne sait pas que le premier jour où elle l’a enfilé, je l’ai emmenée à la cave et que je lui ai confisqué sa culotte ! J’aime mieux vous dire que ce genre de plan, aussi basique soit-il, ça a toujours un effet bœuf sur les deux partenaires…


Après une flopée de tentatives où nous essayons tous les deux de nous persuader que le mieux à faire est d’arrêter les frais pour le bien de tout le monde, c’est finalement Mary qui a le plus de cran et qui me quitte, me laissant à tout jamais inconsolable… Et, trente ans plus tard et sans aucune nouvelle d’elle depuis tout ce temps, la voilà qui me téléphone, elle veut me voir et a un service à me demander. Simplement, comme j’ai passé l’âge de mentir effrontément à celle qui est devenue mon épouse entre-temps et accessoirement la mère de mes enfants, je lui en parle.



Le jour J et à l’heure prévue, une camionnette s’arrête devant la maison… Alors que je m’approche pour ouvrir, je vois le conducteur en descendre un fauteuil roulant et, quelques instants plus tard, lorsque je vois Mary apparaître – car, malgré le temps, aucun doute n’est permis, il ne peut s’agir que d’elle – assise dans ce fameux fauteuil, mon sang se glace. Où est passée la ravissante créature qu’elle était ? Devant moi, je n’ai qu’une femme qui borde la soixantaine – tout comme moi, là n’est pas la question – mais, entre son foulard qu’elle porte sur la tête typique d’une chimiothérapie et son bras en écharpe aussi typique de la victime d’un AVC. Je m’avance vers elle :



Elle sourit tristement… L’homme qui l’accompagne prend la parole.



En fait, ce n’est pas très compliqué : lors de notre toute dernière conversation téléphonique, lors de ce que je suis bien obligé d’appeler notre rupture, je lui avais de tout cœur souhaité tout le bonheur du monde et qu’elle finirait forcément par trouver un homme qui saurait la rendre heureuse… À un moment, il ne sert plus à rien de se mentir, le mieux pour elle était de m’oublier et d’enfin se trouver l’homme qu’elle avait toujours mérité et il était devenu évident que ce ne serait jamais moi.


Et, un peu plus d’un an plus tard, elle a bien cru le trouver en la personne d’un charmant employé de banque. Oh, logiquement, elle aurait dû s’étonner de son train de vie – même un directeur d’agence ne gagnait pas autant que lui – jusqu’à ce qu’un beau jour, les flics débarquent chez elle pour lui annoncer que le gaillard était certes effectivement banquier mais par-dessus tout le fournisseur officiel de coke et autres substances du même genre de la plupart des traders qui officiaient dans les étages supérieurs.


Par bonheur, l’homme n’était pas tout à fait tombé de la dernière pluie, Mary s’en est rendu compte lorsque notre ami lui a glissé discrètement une petite clé de consigne de gare dans laquelle se trouvait une énorme somme d’argent en liquide : pas de quoi mener une vie de rêve, mais bien assez pour lui permettre d’élever sereinement ses deux jeunes garçons.


Mais parlons-en, de ses garçons : l’un d’entre eux a été fauché par une voiture folle lors d’un run sauvage et l’autre a disparu quelque part du côté de Bali alors qu’il venait d’ouvrir un petit ressort où il louait des cahutes de pécheurs à des touristes à qui il servait également de guide lors de leurs plongées sous-marines. L’accompagnateur de Mary reprend la parole :



De sa voix chevrotante et de son élocution particulièrement lente, Mary ajoute :



Bigre ! J’avais bien compris que pour elle, cela n’allait pas fort, mais à ce point…



Son accompagnateur me tend alors une liasse de papiers.



Purée… Alors là, si je m’attendais à cela…



Au prix d’un effort surhumain, Mary vient de me prendre la main.



Mary adorait Donovan, c’est donc sur Mellow Yellow et en me tenant la main qu’elle s’en est allée, me laissant comme un con avec mes souvenirs et pas mal de regrets.

Seul réconfort, là où elle est, elle ne souffre plus.