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08/03/22
Résumé:  Bonjour Charlie. Vous trouverez ci-joint ma contribution au concours. Comment ça! Le concours est terminé. Et c’est Roy Suffer qui a gagné ? Tiens c’est marrant, Amarcord m’avait pourtant dit qu’il participerait.
Critères:  fh hotel confession portrait policier -policier
Auteur : Jimmychou  (Après l’heure, c’est plus l’heure.)      Envoi mini-message
12 rouge, manque et perd.






Je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai accompagné mon grand-père, fervent amateur de courses hippiques, à son bar PMU préféré.



Cet événement avait eu lieu pendant les vacances d’été, à l’époque où je passais la majeure partie de mes congés sur la Côte d’Azur dans la petite maison de mes grands-parents.

Et, veine du débutant oblige, le dimanche suivant, en m’inspirant des rubriques spécialisées de la presse locale, j’avais misé sur trois des favoris qui, une fois n’est pas coutume, avaient respecté les pronostics en franchissant la ligne d’arrivée.


Évidemment, les gains associés à ce ticket un peu trop évident n’avaient rien de faramineux, mais lorsque mon grand-père m’avait tendu la petite liasse de billets de cinquante francs correspondant à la somme remportée par les parieurs les plus perspicaces, je ne le savais pas encore, mais je venais de mettre les doigts dans un engrenage qui ne cessa jamais de tourner et de m’emmener toujours plus loin dans la déchéance.

Ces effigies de Quentin de la tour, les premières dont je fus provisoirement détenteur, constituèrent in fine le premier fix qui m’envoya dans un nuage frelaté dont j’espère enfin redescendre aujourd’hui.


Inutile de dire que j’ai payé cher cette addiction qui ne m’a valu qu’une succession de désillusions, malheureusement entrecoupée de trips aussi puissants qu’éphémères.

Il est évidemment bien trop tard pour regretter mon bref mariage avec une femme douce et aimante que j’ai rapidement écœurée à force de parties de cartes nocturnes et de compte en banque perpétuellement dans le rouge.

Mais puisqu’il faut néanmoins trouver une justification à un comportement aussi pathétique, je ne me priverai pas d’évoquer le plaisir incomparable lié à la montée d’adrénaline lorsque la bille tournoie à toute vitesse autour du plateau de roulette avant de s’arrêter sur votre numéro fétiche. Ni celui survenant lorsque le banquier de la table de black-jack dépose l’as de pique sur votre valet noir, sans oublier la sécrétion d’endorphines aux effets orgasmiques provoquée par la suite royale que vous dévoilez, le visage impassible, à la fin d’un tour de poker.


Il est bien difficile de décrire avec de simples mots ces moments de grâce que j’ai éprouvés lorsque, durant un bref instant, a pétillé le regard d’une femme d’ordinaire inaccessible qui, gagnée par un sentiment triomphal contagieux, remisa provisoirement son air légèrement dédaigneux, me laissant ainsi augurer la perspective imminente d’étreintes inoubliables.


Je dois avouer qu’avec mes faux airs de Maurice Ronet et mon regard emprunté à Paul Newman, je possédais, au crépuscule de ma jeunesse, certains atouts physiques qui ont pu me valoir quelques occasions de fêter chaleureusement une partie à l’issue chanceuse, mais aussi l’opportunité d’amener quelques rombières en mal d’affection à participer au renflouement de finances mises à mal par une poisse insistante.


Mais le souvenir de ces étreintes bienfaisantes a fini par se diluer dans le passé d’un joueur désabusé qui vient de franchir le cap du demi-siècle. Mon charme a, depuis nombre d’années, cessé d’opérer sur les bourgeoises friandes de chair fraîche et il ne suscite plus, chez les belles femmes mystérieuses, qu’une indifférence mêlée d’un soupçon de pitié résignée.

Il y a trop longtemps que j’ai perdu toute estime de moi-même et je suis bien conscient que le fait de vivre avec la plus maigre des allocations dans une chambre de bonne sous-louée pour un euro symbolique à un neveu étudiant en stage à l’étranger, avec comme seuls biens « de valeur » deux costumes usés et une paire de chaussures de ville anglaises, suscite rarement l’admiration.



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Mais je le jure, je vais définitivement mettre fin à ce comportement autodestructeur.

Tout retour en arrière est désormais impossible et, quelle qu’en soit l’issue, cette nuit soldera quelques dizaines d’années désolantes sacrifiées sur l’autel du jeu.

Demain, après un ultime entretien avec le responsable de l’Autorité Nationale des Jeux, je serai automatiquement inscrit sur la liste des interdits d’accès à ces lieux qui ont fait de moi ce pauvre hère qui vient de franchir le seuil d’un cercle pour la dernière fois de son existence.


Il est vrai que certains événements récents m’ont définitivement convaincu qu’il était plus que temps de mettre un terme à cette passion funeste née avec mon adolescence.



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Le principal danger pour un joueur, lorsqu’il pénètre dans une salle de jeu plus ou moins prestigieuse avec un beau paquet de cash dans la poche, c’est qu’il se laisse déborder par une confiance excessive et forcément trompeuse.

Et évidemment, j’ai vite oublié que les douze mille balles qui me brûlent les doigts constituent, avant tout, la somme que je dois à Igor Larkenov et que j’ai perdue par une nuit déprimante après avoir fait tapis avec un full aux rois par les as. C’était malheureusement sans compter sur le carré étalé, avec un rictus de lycodéon, par Igor à la fin de la partie. Et cette combinaison ô combien improbable m’avait plongé dans un abîme de stupeur et d’incompréhension.


Comment ce type peut-il être cocu à ce point avec une femme qui possède tous les traits physiques de la babouchka et absolument aucun de la bombe slave ?


La question ne cesse de me hanter depuis cette gifle mémorable qui se trouve être à l’origine de mon bien tardif désir de rédemption. Car, quand Igor en a eu marre d’attendre vainement le blé que je lui devais, il a su me faire comprendre que j’avais suffisamment déconné.

Notamment lorsque deux de ses copains bâtis comme des armoires normandes m’ont gentiment expliqué, à coups de poing retenus, que j’avais moins d’une quinzaine pour payer ma dette si je voulais continuer à utiliser mes jambes pour me déplacer.


Lors de cette entrevue un peu trop animée à mon goût, je m’en suis sorti avec le visage tuméfié et quelques côtes douloureuses. Mais le message était bien parvenu à son destinataire.

Et j’ai donc fait ce qu’aurait fait tout homme courageux et responsable dans un cas pareil. Je suis allé taper la seule personne qui a encore un peu de considération pour moi, en l’occurrence Caroline, ma sœur aînée et accessoirement la mère de mon logeur providentiel.


Lorsque Caroline m’a vu débarquer chez elle, la mine défaite et le regard fuyant, elle a tout de suite compris. Ce n’était pas la première fois que je comptais sur elle pour m’extraire de la fosse dans laquelle mon immaturité et mon avidité m’ont trop souvent mené. Et Caroline sait aussi bien que moi qu’une partie non négligeable de l’héritage de nos parents a en fait servi à financer mes pertes de jeu.

Quand je lui ai exposé la situation dans laquelle je me trouvais, ma sœur n’a pu retenir ses larmes, devinant que notre relation si particulière allait de nouveau lui coûter bien cher. J’ai dix ans de moins que Caroline et elle a toujours considéré qu’il était de son devoir de m’aider à réparer mes conneries. Et par lâcheté, j’en ai bien trop souvent profité.


Caroline enseigne le français depuis si longtemps, à des esprits pourtant bien peu réceptifs à la langue de Molière, qu’il lui reste moins de trois ans à tirer avant de prendre sa retraite. Seule depuis que son mari l’a larguée pour une collègue dix ans plus jeune, elle vit chichement afin de se constituer un petit pécule qui sera sûrement bien utile lorsqu’elle cessera son activité.

Caroline a eu un garçon sur le tard, Pierre, chez qui je squatte puisque mes finances sont trop basses pour espérer mieux. Car, si je dispose provisoirement d’un logement, Je le dois au programme Erasmus qui a permis à mon sympathique et studieux neveu d’effectuer un semestre d’études en Autriche. Heureusement pour moi, son père ignore que je suis actuellement le principal bénéficiaire de la pension alimentaire qu’il devra payer jusqu’aux vingt-six ans révolus de son fils.



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Quand un type comme moi se retrouve avec douze mille euros en poche, il a tendance à en oublier très vite la provenance et la destination. Et lorsque après avoir vidé son compte d’épargne, Caroline m’a confié la somme correspondant à ma dette de jeux, je n’ai pas dérogé à la règle, trop impatient d’imaginer tous les intérêts que cette petite fortune allait pouvoir me permettre de générer.


Le calcul que j’ai fait et refait en boucle dans mon cerveau englué est d’une simplicité biblique. De combien vais-je avoir besoin pour me sortir définitivement de ma galère ?

Douze mille balles pour régler ma dette à Igor, douze mille autres pour rembourser ma frangine, et enfin dix mille pour bibi afin de tirer un trait définitif sur mon existence passée.


Évidemment, l’issue de ma réflexion était prévisible et je sais pertinemment que je n’aurais pu trouver meilleur endroit que celui où je me trouve ce soir, pour faire fructifier, dans un délai si contraint, le pécule fourni par ma sœur. Et puis, comme il s’agit de ma dernière soirée à me payer de paris, je compte bien sur un petit coup de pouce du destin pour démarrer ma nouvelle vie sur de bons rails.


J’ai donc mis prudemment de côté, dans une poche discrète de ma veste, deux mille euros du montant de mon emprunt, et j’ai bien sûr troqué les dix mille balles restants contre l’équivalent en jetons numérotés.

Puis, je me suis dirigé fier comme un coq vers la table de blackjack. Et rapidement, je me suis dit que j’avais bien fait. Car tel un métronome, j’ai enchaîné les tours gagnants. Et l’ivresse du jeu m’a rapidement fait perdre toute prudence, avec d’autant plus de force que je me suis vite aperçu que j’étais devenu le centre d’intérêt d’une trentenaire blonde simplement éblouissante.



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Évidemment, les deux mille euros « sanctuarisés » en début de soirée n’ont pas résisté à mes velléités de me refaire et je viens de dilapider mon dernier jeton en misant sur le douze que la boule de la roulette n’a, à aucun moment, fait mine d’approcher.

C’est donc avec un regard empli de lassitude que je contemple le verre de Bourbon du condamné.

Comme je n’ai pas envie de finir mes jours en me déplaçant dans une chaise roulante, je vais partir aussi loin que le destin me le permettra en espérant échapper le plus longtemps possible aux sbires d’Igor.



La voix cristalline, teintée d’un accent indéfinissable, qui vient de prononcer cette sentence évidente, me fait sursauter.

En me retournant, je découvre la femme blonde aperçue lorsque j’avais encore les poches remplies. Bien que je n’y trouve aucune explication sensée, elle m’a, semble-t-il, observé une bonne partie de la soirée. Moulée dans une robe fourreau qui ne parvient pas à cacher la moindre aspérité d’un corps aussi éblouissant que le visage qui le surplombe, elle me fait oublier quelques secondes la merde dans laquelle je viens de plonger.



Le regard que m’adresse Anna me procure un frisson dont je suis bien en peine d’identifier la cause. Puis elle s’exprime à nouveau.



Anna me fait un sourire mystérieux avant de poursuivre.



Je dévisage la blonde envoûtante avec l’air du type convaincu qu’il est en train de se faire mettre dans les grandes largeurs et je finis par hausser les épaules, résigné.



La beauté fatale me conduit jusqu’à un magnifique cabriolet de marque anglaise puis elle plonge sa main dans son sac dont le prix me permettrait sûrement de rembourser sur le champ les sommes que je dois à Igor et Caroline.

Anna me fixe ensuite de son regard aussi profond que le Tartare en me tendant les clefs de la belle Anglaise.



Subjugué, j’accepte le présent offert avant d’ouvrir la porte-passager pour permettre à ma cavalière de s’installer, ce qui me permet de découvrir furtivement une jarretière et un échantillon de peau laiteuse aussi fascinantes l’une que l’autre.


L’A13 est pratiquement déserte pendant que nous roulons vers la côte normande.

Ma passagère n’a émis aucune remarque lorsque j’ai franchi la première barrière de péage et le bruit du V6 est le seul son qui émane du véhicule. De temps en temps, je tourne brièvement la tête vers Anna, croisant systématiquement son regard si perçant que mon estomac en est, à chaque occasion, vivement secoué.

Puis, après un trajet de moins de deux heures, la plage de Cabourg nous apparaît enfin.


Je gare le cabriolet à proximité du casino et je descends aussitôt pour aller ouvrir la portière d’Anna.

La blonde mystérieuse s’extrait de son siège avec une grâce toute féline et après avoir lissé consciencieusement les plis de sa robe, elle prend la parole pour la première fois depuis que nous avons quitté l’autoroute.



Sa remarque me tire un petit rire amer que j’interromps d’un léger haussement d’épaules.



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Tous les joueurs sont superstitieux. Ce qui est somme toute logique puisqu’ils espèrent toujours l’emporter lorsqu’ils défient un système qui statistiquement ne peut que les faire perdre.

Je m’étais donc juré lorsque j’avais commencé à écumer les salles de jeu de France et de Navarre de ne jamais pénétrer dans le casino de Cabourg.

La raison était certes futile mais basée sur un postulat simple : mon ex-femme est originaire de la ville et le fiasco de mon mariage dont je n’ai jamais réfuté la moindre responsabilité m’avait conduit à me faire cette promesse secrète de ne jamais aller m’y perdre.


Mais aujourd’hui rime vraiment avec dernière et première fois et j’ai donc décidé de me raccrocher à cet espoir dérisoire de gagner le jackpot au bandit manchot. Anna n’a pas eu besoin de beaucoup argumenter pour me convaincre de pénétrer dans ce lieu qui va susciter mon ultime tourment de joueur. Elle a même tenu à m’offrir ce jeton ridicule qui ne manquera pas de me tirer d’une situation qui devient de plus en plus inconfortable.


J’appuie avec un sérieux presque comique sur les trois boutons de l’appareil qui semble se gausser de moi et je ferme les yeux jusqu’à ce que mon sort soit définitivement scellé.

Et contre toute attente, un bruit de déferlement de pièces se répand dans la salle pratiquement déserte tandis que mon cœur souhaite brusquement s’extraire de mon thorax.

En ouvrant les yeux, je découvre l’air interloqué d’Anna avant d’identifier l’origine du vacarme et de percevoir les cris de l’heureux gagnant trônant devant une machine qui scintille de mille feux à quelques mètres à peine de celle devant laquelle je me trouve.



Je jette un coup d’œil au visage troublant d’Anna.



Anna m’offre son bras, et après une courte hésitation, j’y glisse la main avant que nous nous dirigions vers la sortie.


Une fois dehors, je ne peux réprimer un frisson. La température a nettement baissé et la brise m’engourdit.



Nous irons ensuite à l’hôtel où je vous aiderai à oublier cette soirée malheureuse.



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Tandis que j’admire la lune depuis la grande baie donnant sur la mer, je perçois la démarche d’Anna qui s’approche de moi dans la pénombre savamment agencée de la chambre numéro douze.


Je me tourne lentement pour découvrir le spectacle le plus troublant qui m’a été offert depuis de nombreuses années.

La blonde sublime avance vers moi, juchée sur ses talons raffinés. Subjugué, je ne peux détacher le regard de son torse aux courbes divines et du triangle clair parfaitement entretenu qu’elle me dévoile sans pudeur. Ses longues jambes gainées de soie et sa chevelure blonde évoquent une toile qu’elle distille pour m’enfermer dans ses rets.


Les iris de ses aréoles dansent devant mes yeux pour m’inviter à une étreinte pleine de promesses, ultime étape d’un périple qui me conduira sans aucun doute jusqu’aux rives du Styx.


Anna fait pivoter le haut de son corps dévoilant ses omoplates que j’empaume délicatement. Une tache de naissance rouge dessine au-dessous de son cou une figure régulière semblable à un sablier.


Je fais descendre délicatement la pointe de mon index le long de sa colonne vertébrale jusqu’à ce que j’atteigne la naissance du sillon qui sépare deux fesses rondes aussi lisses que soyeuses.


Mon regard abandonne cette vision paradisiaque et se déplace vers les fins cheveux blonds d’Anna. Je m’enivre de leur odeur entêtante et les soulève avec fébrilité afin de déposer un baiser dans le cou délicat de ma belle inconnue.


Un frisson glacial s’empare de tout mon corps.



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De temps en temps, je jette un coup d’œil distrait à l’indicateur de niveau d’essence. J’avais pu constater, lorsque nous avions quitté la région parisienne, que le réservoir était pratiquement plein. La voiture dispose donc de suffisamment de carburant pour me conduire jusqu’à Y., charmant village situé sur cette partie de la côte normande encore préservée.


Tout en me concentrant sur la route sinueuse, je ressens de temps en temps les stigmates de la griffure dont m’a gratifiée Anna lorsque l’orgasme a transcendé son ravissant visage, précédant de peu le moment où j’ai répandu ma sève dans son divin fourreau.

Il y avait bien longtemps que je n’avais pas partagé si délicieuse étreinte. Allongés l’un derrière l’autre, mes mains posées sur le ventre plat de ma sublime maîtresse, nous avions, après nos galipettes improbables, silencieusement admiré la Lune. Puis, sans un mot, Anna avait repoussé mes bras pour se lever et gagner la salle de bains.



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Sans que cette certitude me soucie vraiment, je ne peux que me conforter dans l’idée que j’ai joué de malchance jusqu’au bout de la nuit. Alors que ma maîtresse éphémère aurait dû abréger mes souffrances telle la mante religieuse sacrifiant son amant dans une mortelle étreinte, sa tentative s’est soldée par un improbable fiasco.

Un rire amer déforme mes lèvres lorsque je repense aux événements de la nuit et à ce moment absurde qui me vit me redresser violemment, en proie à une crampe aussi soudaine que douloureuse. Ma mystérieuse maîtresse venait de parvenir silencieusement jusqu’au lit et dans mon mouvement incontrôlé, j’ai involontairement détourné avec force son bras, découvrant, sans réelle surprise, la dague effilée qui prolongeait son membre fin et délicat.

Mon réflexe de défense fit perdre l’équilibre à la traîtresse qui bascula sur le lit en s’écroulant lourdement sur son bras. Celui-ci s’est alors replié brusquement, amenant la pointe de la lame à pénétrer profondément juste en dessous du magnifique sein gauche de sa propriétaire.


C’est du moins la seule explication que j’ai pu trouver à cette mort instantanée et inattendue, qui m’a laissé désappointé et hagard pendant plusieurs minutes.

Paradoxalement, car elle signifiait surtout que le choix de la suite de mon existence me revenait, alors que je venais de comprendre que je n’y aurais pas été confronté sans le fâcheux concours de circonstances qui avait fait échouer la tentative de ma furtive partenaire.



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Après avoir parcouru à pied, sur la départementale déserte, les quelques centaines de mètres qui me séparent de l’emplacement sur lequel je viens de garer le cabriolet, j’emprunte un des chemins cahoteux qui traversent la lande pour accéder au haut de la falaise.


Le moment de jouer mon dernier coup est venu. Mais cette fois-ci, je connais avec certitude la fin de la partie.

Lorsque j’aurai atteint le bout de la terre, je contemplerai quelques secondes les reflets du soleil levant sur l’océan.

Alors, le croupier d’Hadès couvrira la complainte des vagues pour prononcer sa sentence :

« Faites vos jeux, rien ne va plus… »