n° 20874 | Fiche technique | 22166 caractères | 22166Temps de lecture estimé : 12 mn | 14/04/22 |
Résumé: J’avais l’immense chance de sortir avec Magalie, la déesse de la boîte et d’ailleurs. Mais il doit être écrit quelque part que toute chose a une fin. | ||||
Critères: fh gros(ses) -occasion | ||||
Auteur : Patrik (Carpe diem diemque) Envoi mini-message |
Une assez courte histoire toute simple et fort soft. Bonne lecture : )
J’avais l’immense chance de sortir avec Magalie, la déesse de la boîte et d’ailleurs. Mais il doit être écrit quelque part que toute chose a une fin, et je me suis fait larguer sans prévenir du jour au lendemain pour le directeur de la Com présentant mieux et sachant visiblement davantage se vendre que moi. Durant ma chute vers le sol, mes yeux se sont dessillés, et j’ai enfin vu ce que je ne voyais pas ou ce que je ne voulais pas voir.
Mais on est aveugle quand on est amoureux.
L’atterrissage ne fut pas une partie de plaisir, ça a fait mal, très mal. Mais je me suis quand même relevé, pas totalement intact, mais je suis néanmoins debout. Au boulot, j’ai eu droit à des regards qui vont du goguenard-moqueur à la pitié. Dans la foulée, j’ai saisi l’occasion que me proposait un concurrent, alors j’ai quitté mon entreprise pour ne plus avoir sous les yeux cette cruelle Magalie qui s’affiche sans vergogne avec mon remplaçant qui rajoutait des tonnes à mon égard.
Non, il ne faut plus que je pense à tout ça, je dois faire une croix sur cette satanée histoire. Allons dehors profiter du soleil. Je m’offre alors une promenade aléatoire dans les rues du centre-ville, sans bien regarder ce qu’il y a autour de moi.
Je me retourne pour tomber nez à nez avec Nelly, une des cousines de Magalie. Elle travaille à la mairie, si je ne me trompe pas. Entre ces deux-là, c’est le jour et la nuit, impossible de deviner que leurs mères sont sœurs ! Même si Nelly n’est pas un top-modèle avec ses formes plutôt potelées, elle est agréable à vivre et toujours enjouée, loin de la majesté distante de sa cousine. Oui, le jour et la nuit…
Je sens qu’elle a quelque chose à me dire, elle tergiverse un peu, elle marque une petite pause, puis ajoute :
Elle se met à rire :
Je grimace :
J’ignore pourquoi, mais je réponds :
Elle me décroche un large sourire :
Elle me fait un petit signe de la main, puis elle s’éloigne. Amusé et intrigué, je regarde disparaître cette cousine toute en courbes, me demandant pourquoi j’ai accepté. J’ai plusieurs fois rencontré Nelly, et ce, dans diverses occasions. Magalie m’avait dit :
Puis, elle avait ajouté cruellement :
C’est vrai que, lors de sa naissance, la Nature n’a pas décidé de la transformer en mannequin, mais Nelly n’est pas désagréable à regarder pour qui ne déteste pas les courbes un peu débordantes. Certains hommes aiment les femmes trop minces, d’autres les petites, d’autres les grandes, et j’en passe. Il faut de la diversité pour que toutes les marmites trouvent leur couvercle, disait ma grand-mère.
C’est ainsi que j’ai été embarqué dans une soirée thématique, moi qui ne suis pas un fan des débats que j’estime souvent stériles, car ne faisant pas en général avancer les choses d’un iota. Mais si ça peut me changer un peu les idées, pourquoi pas…
En effet, cette soirée « nucléaire » a été nettement moins pire que je ne l’aurais cru. Il faut avouer que Nelly a y été pour quelque chose. Comme animatrice, elle est forte, sachant ménager la chèvre et le chou, et même le loup. Ce fut une soirée fort divertissante, je ne m’attendais pas que ce le soit à ce point.
Depuis, ça va faire plusieurs fois que j’assiste à des soirées en sa compagnie. Sa palette est éclectique, allant des soirées thématiques au cinéma en passant par diverses manifestations culturelles de tous les azimuts.
En parlant de cinéma, j’ai eu droit la semaine dernière à un florilège de films anciens en noir et blanc avec plein d’acteurs bondissants, épée en main, aussi bien chevaliers que pirates. Ça m’a reporté dans ma tendre enfance, et j’ai découvert que, finalement, j’aimais toujours ce genre. Alors que, normalement, il aurait fallu me torturer pour que j’avoue un commencement de début, je n’ai eu aucun problème avec Nelly. Je l’ai même remerciée…
Ce soir, nous assistons à l’exposition d’un artiste local abstrait dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. En voyant ses toiles, je comprends mieux pourquoi…
Pour la forme, nous contemplons les diverses toiles. Nous restons encore un peu, puis nous nous enfuyons en catimini. Une fois dans la grande rue, nous nous laissons aller. Je commence :
Elle se met à rire :
Nous nous mettons à rire. Puis, regardant ma montre, je dis :
J’ai passé ainsi diverses soirées et parfois des après-midi avec Nelly. En effet, ça me change les idées. Mon changement d’entreprise m’aide aussi à plus avoir Magalie sous les yeux, et je pense de moins en moins à elle, même si j’enrage souvent que ce soit cet abruti de directeur qui se pavane à ses côtés.
Par la suite, grâce à certaines bonnes âmes, j’ai su que celui-ci commençait à s’inquiéter de la diminution notable de son compte en banque, Magalie exigeant systématiquement le haut du panier. À chacun son tour. Pour ma part, le mien remonte.
Avoir une bonne copine qui vous aide à vous changer les idées avec diverses sorties, c’est très bien. Parfois, j’aurais préféré que ce soit avec une petite amie. Mais je constate avec le recul la chose suivante : les femmes que j’ai eu le plaisir de mettre dans mon lit ne sont pas celles avec qui j’aime discuter et parler de tout. J’ai toujours eu un penchant pour les femmes un peu hors de portée, avec lesquelles il est difficile de parler de centrale nucléaire, de politique ou de peinture soi-disant abstraite, pour ne citer que ces exemples-là.
À la réflexion, je divise les femmes en trois catégories : celles avec baiser, celles avec parler et celles qui m’indiffèrent.
Midi, je prends mon traditionnel café sur la terrasse d’une brasserie fort connue. Soudain, je vois avec surprise Magalie se diriger droit vers moi. Comme d’habitude, tous les regards se tournent vers elle.
Sans attendre ma réponse, toujours aussi assurée d’elle-même, elle s’assied face à moi. Je sens des regards jaloux planter leurs banderilles dans mon dos. Ça faisait un certain temps que je n’avais pas éprouvé cette sensation. Posant ma tasse, flegmatiquement, je dis :
Je regarde aux alentours :
Directement, Magalie pose sa main sur la mienne et annonce sans fard :
La chaleur de ses doigts me fait du bien. Je suis comme projeté en arrière, du temps où nous sortions tous les deux. Cependant, je fronce légèrement des sourcils :
Plus facile à mener par le bout du nez aussi, je suppose. Je me contente de répondre :
Elle tapote sur ma main, affichant un sourire satisfait :
Le ciel semble me tomber sur la tête ! Assez ébahi, je cligne des yeux et je la fixe : elle semble sérieuse. Je mets un certain temps à reprendre le contrôle de ma personne, trop de sentiments contradictoires se bousculent.
Elle se contente de sourire.
Oui, en effet, me remettre avec Magalie serait une bonne revanche sur la vie et diverses personnes, dont une en particulier, mais je sais aussi où je mets les pieds. Parader au bras d’une très belle femme est fort flatteur, mais possède un coût, dans tous les sens du terme, j’en sais quelque chose. De plus, rien ne me garantit que je ne serais pas largué à nouveau dans quelque temps…
Chat échaudé craint l’eau froide, comme on dit.
Je comprends parfaitement la signification de ce proverbe issu du fond des âges. Magalie est un cadeau du ciel, c’est vrai, la bombe anatomique ultime, la femme dont on est immensément fier. C’est aussi la crainte de ne pas être à la hauteur un jour, d’avoir une faiblesse, d’être dépassé, d’être jeté. Même s’il arrive d’être repêché.
Au fait, pourquoi suis-je repêché ? Parce que je suis trop gentil, parce que je suis trop poire ?
Magalie coupe court à mes cogitations, car elle se lève aussitôt :
Intéressée, elle se penche vers moi :
Je constate que mon ex n’a pas perdu son assurance. Je souris :
Elle se penche encore plus, j’ai droit à une très belle vue sur son décolleté. Puis elle m’embrasse furtivement sur le front. Quelques secondes plus tard, elle s’éloigne dans un cliquetis de talons aiguilles, sans même avoir attendu mon éventuelle réponse.
À prime vue, je lui suis acquis…
Ah Magali ! Elle parle de se remettre avec moi, mais elle va sans doute draguer éhontément ce gros client ! En clair, je suis sa bouée en cas de problème. Elle me fait songer aux chats qui se baladent un peu partout, surtout quand ils savent que, quoiqu’il arrive, ils ont toujours un point de chute où une gamelle, un toit et des caresses les attendent.
C’est alors que quelque chose fait tilt en moi…
Je reconnais que cette visite impromptue m’a un peu perturbé. L’après-midi passe néanmoins vite, car j’ai plein de boulot ; ça m’évite de trop y penser, ce qui n’est pas plus mal. Mais j’étais loin de me douter ce matin que Magalie allait littéralement me sauter dessus en mi-journée ! Tiens, en parlant de « littéralement », sa cousine a prévu quelque chose qu’on aille dans une soirée « Télé et Littérature »…
Après le travail, je pars rejoindre Nelly pour qu’on aille dans à cette soirée prévue chez un couple avec d’autres personnes, je sonne à sa porte. Toute contente, elle m’accueille joyeusement :
Comme de coutume, nous nous faisons la bise. Puis, une fois la porte refermée, sans tarder, j’annonce la couleur à Nelly :
Elle se fige, écarquillant de grands yeux étonnés, la bouche ouverte d’où aucun son ne sort. Puis elle finit par lâcher :
Étonné ? Pas tant que ça, quand je prends un peu de recul pour analyser la situation. Je resonge à l’analogie avec les chats. Je constate que Nelly est interloquée, elle blanchit un peu, mais elle se rattrape en disant d’un ton faussement enjoué :
Il y a quelque chose qui sonne faux dans le ton de sa voix. Je pose délicatement mes mains sur ses épaules :
À sa grande surprise, faisant glisser mes mains le long de ses bras, puis de sa taille, je l’attire à moi, nouant mes doigts derrière son dos, son corps à présent plaqué contre le mien. Étonnée, elle proteste à mi-voix :
Écarlate, elle semble figée, statufiée. Sadiquement, j’insiste :
Je la serre un peu plus contre moi, sa douce poitrine écrasée contre mon torse, puis j’attends, la fixant droit dans les yeux…
Quelques longues secondes s’écoulent. Nelly ne tente pas de se dégager de mon étreinte, peu après, elle se laisse même aller contre moi. Elle pose sa joue sur ma chemisette, respirant fortement. Puis j’entends une sorte de murmure :
Un nouveau silence.
Puis après quelques longues secondes, sa joue toujours sur mon torse, sans me regarder, elle avoue :
Levant le bout de son nez, elle me regarde intensément :
Précisément, juste après la proposition de Magalie, c’est à ce moment que les pièces du puzzle se sont mises en place. Mieux vaut tard que jamais. Nous restons quelques secondes à nous regarder les yeux dans les yeux, puis naturellement, nos lèvres se rapprochent. Un long baiser nous unit ensuite.
Puis nous restons enlacés, je suis bien avec elle contre moi. Elle rompt le silence :
C’est enlacés que nous nous dirigeons vers une nuit qui sera très agitée… Ce qui va se passer derrière la porte ne regarde que nous…
Quinze ans et trois enfants plus tard, je ne regrette pas mon choix. Je suis très heureux avec Nelly, même si elle n’est pas aussi « esthétique » que Magalie. À sa façon, ma femme est très belle avec toutes ses courbes que j’ai appris à découvrir et connaître.
À propos de Magalie, comme je l’avais pressenti, c’est Damien Leigeros qui l’a mise dans sa poche. Elle a alors découvert ce qui se passait de l’autre côté de la barrière, quand on ne mène plus la danse. Pour un peu, j’aurai presque de la peine pour elle, l’objet de sa flamme étant sans pitié, aussi bien en affaires qu’en sentiments. Encore heureux pour elle, Magalie a réussi à s’extirper de cette relation que certains qualifiaient de toxique. Non sans mal.
Puis les années sont passées, une à une.
Main dans la main, Nelly et moi, nous nous sommes avancés sur le chemin de la vie, avec ses hauts, mais aussi parfois ses bas, mais rarement. Cependant, je peux compter sur ma chère femme pour peinturlurer en rose tout ce qui est trop sombre !
Actuellement, nous sommes en vacances, au bord de l’océan. Nos enfants jouent ceux de nos voisins de bungalow. Sans complexe, Nelly est en bikini, ce qui met en valeur son corps sensuel. Je la prends par la main pour qu’on aille se baigner à deux. Nous batifolons dans l’eau, puis je l’attire à moi pour l’enlacer. Elle se laisse faire, son corps presque nu contre le mien.
Puis, nous restons quelques secondes à nous regarder les yeux dans les yeux, puis naturellement, nos lèvres se rapprochent. Un long baiser nous unit ensuite, un long baiser de quinze ans.