n° 20895 | Fiche technique | 21925 caractères | 21925Temps de lecture estimé : 16 mn | 01/05/22 |
Résumé: Tout était prêt pour passer un weekend du premier Mai intense, pensez, le premier en liberté après le confinement. Et que me dit cet énergumène : « je dois conserver mon influx ». Tu sais où tu peux te le mettre, ton influx ? | ||||
Critères: fh inconnu fépilée danser lingerie cunnilingu fgode pénétratio jouet délire humour | ||||
Auteur : radagast Envoi mini-message |
Projet de groupe : 1er mai 2022 |
M’annoncer ça à trois jours du week-end du premier mai ! C’est un véritable casus belli ! Que toutes celles qui vivent la même situation – matchs de foot (en tribune), chasse, pêche et traditions – viennent manifester avec moi : Toutes ensembles, toutes ensembles, ouais !
Je vais le ratatiner, l’écorcher vif, lui faire frire les roustons. Ou mieux encore, lui enfûter le guidon de sa petite reine dans le fion, sans lubrifiant.
Qui ?
Mon enfoiré de mari, tiens. Qui d’autre pourrait encourir mon ire, mes foudres, si ce n’est lui. Pourquoi tant de haine ? Parce que Môssieur me délaisse. Pas qu’il ne me calcule plus – comme on dit chez les d’jeun’s, du moins si j’en crois la presse –, non, il continue à être attentionné, nous faisons même des projets : vacances, travaux dans la maison, recevoir ou aller chez des amis, de ce côté-là, pas de problème.
Pas de souci financiers non plus, il gagne très bien sa vie en tant que chef de projets dans une entreprise de construction. Il passe ses journées au bureau et rentre éreinté d’avoir usé ses fonds de culottes en séminaires, symposiums ou, pire encore, en brainstorming.
Et moi, je suis patronne et unique salariée d’une petite boite d’infographie qui marche du feu de Zeus, qui me permet de travailler de chez moi.
Nous habitons une jolie maison dans un quartier calme et résidentiel d’une grosse agglomération. Nous possédons chacun notre voiture, un gros SUV hybride pour lui et, pour moi, une citadine totalement électrique.
Nous formons depuis huit ans le couple idéal qui fait baver tout le monde.
Sauf que… il y a un mais.
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Au début, je soupçonnais un coup de cutter dans le contrat de mariage, une tromperie, une sordide histoire d’adultère. J’avais lu sur un site web qu’il y avait des seuils dans la vie d’un couple et que l’une de ces chausse-trappes se situait après sept ans d’union. Tout va bien, on s’aime, mais on se sclérose dans l’habitude et on va voir ailleurs si l’herbe est plus verte. C’est un psy de Femmes Actuelles qui expliquait ça. Ils ne racontent pas de conneries les psys de F.A, non ?
Mon Étienne me délaissait. Il devait brouter une herbe plus verte ailleurs. Pourtant, me disais-je, à trente-cinq ans je reste appétissante, une belle poitrine ferme et opulente, de belle hanches et des fesses qui ne laissent pas insensibles les hommes que je croise, de longs cheveux bruns, un regard couleur noisette, les lèvres pulpeuses et surtout un corps que j’entretiens régulièrement à la salle de sport.
Certes, je ne suis pas une grande bringue style miss France ou Bella Hadid. Je serais plutôt format de poche, mais j’ai du charme, de tendres rondeurs.
Je décidai donc de relever le gant, en allant d’abord dans un salon de beauté près de chez nous, chez Minerva, dont le slogan est :
Là où Minerva passe,
Le poil trépasse…
Ils y faisaient une promo pour Pâques : la moule à zéro ou la chatte lisse comme un œuf.
Presque tous mes poils se firent la malle. Les jambes, les aisselles, le SIF et l’entrée des artistes doux comme une peau de bébé. Seul subsista un ticket de métro, large comme deux doigts, qui surplombe ma vallée des délices.
Puis je renouvelai ma garde-robe. Jeans qui moulent mon boule comme une seconde peau, des tops échancrés, osant même les side-boobs et les under boobs, des jupes minimalistes qui mettaient en valeur mes cuisses de randonneuse, ou des robes longues vaporeusement romantiques et outrageusement coquines, dénudant soit mon dos, soit une jambe jusqu’à l’aine, plus souvent les deux ensembles.
Sans oublier la lingerie adaptée à ce genre de tenue, strings, tangas, shortys ou même des culottes petit bateau décorées de brins de muguet printaniers pour lui réveiller les clochettes.
Ainsi que moult nuisettes plus vaporeuses les unes que les autres. Je voulais juste titiller sa libido.
Rien n’y fit !
C’est à peine s’il me félicita pour mon nouveau look, pour ma peau douce. Bref, en gros, ça lui en touchait une sans faire bouger l’autre. Il n’avait qu’une obsession, le vélo ! La petite reine. Bon, je veux bien admettre qu’il veuille faire du sport, mais à ce point ça devenait louche.
Je devais me rendre à l’évidence : il avait une maîtresse, il menait une double vie, j’étais cocue. Le vélo n’étant qu’un alibi. Chaque week-end, dès le début des beaux jours, monsieur se faisait la malle.
Comme l’opération séduction ne fonctionnait pas, je décidai donc de passer au plan B, B comme Bond, James Bond. J’espionnais son portable personnel, son portable professionnel, je fit ses poches. Pour rien : aucun résultat. Je devais me rendre à l’évidence, il n’avait pas de maîtresse.
La seule incongruité qui me fit tiquer fut des échanges de SMS avec des correspondants nommés Roro, Riri, Milou, Jeannot. Des mecs ? Mon jules aurait-il viré sa cuti sans que je le sache… susse… sachasse ?
Car son portable était truffé de messages codés : « Quand est-ce qu’on la monte, quel développement tu utilises, quel pignon ? Mon dérailleur déraille » et ainsi de suite. Puis je fis le rapprochement, il s’agissait de termes cyclistes.
Mon Étienne était devenu fada de vélo.
Je lui fis remarquer que j’avais une vie intime, moi aussi, qu’il pourrait s’intéresser à d’autres monts que ceux du Ventoux, du Cantal ou du Forez. Il y avait le Mont de Vénus, mon col de l’Utérus.
Ce à quoi il me fit une réponse qui me laissa pantoise :
Et mon influx à moi, il y pensait ? Il m’expliqua qu’il était toute la semaine enfermé dans des salles climatisées et aux lumières artificielles, alors il devait faire du sport pour se changer les idées. Mais j’en connaissais moi un sport, qui ne nécessitait pas d’investissement, à part une paire de draps et un matelas, il pouvait même se pratiquer dans la nature, si elle lui manquait tant.
Parce que son vélo, ça coûtait quand même un bras, tout cet équipement, sans compter le carburant pour rejoindre ses amis et les frais de bouche et d’hébergement.
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M’en fous, moi, de l’hiver prochain. C’est maintenant que je veux baiser, pas dans sept mois. Je désire une vraie bite, en chair et en os, – si j’ose cet oxymore –, tout de suite. Même une pas très grosse me suffirait… enfin, n’exagérons pas : quand même pas un truc qui s’observe à la loupe ! Je ne veux pas d’un machin Touminirikiki !
Bon, d’accord, j’ai Roger, mon godemichet – je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas appeler mon gode Roger, ma voiture se prénomme bien Zoé –, mais il commence à me coûter plus cher en électricité que ma voiture ! Elles ne sont pas données les piles, surtout rechargeables. Roger est un godemichet de compétition, dix-huit modes de vibration, tête chercheuse. Je n’ai pas encore trouvé la climatisation ni le GPS, mais il doit en être équipé.
Je ne peux pas, non plus, me mettre sur la terrasse et gueuler Je veux une bite tout de suite ! Qu’en penseraient les voisins ?
Car cet enfoiré d’Étienne part ce matin, vélo sur le toit de sa bagnole, rejoindre ses amis et me laisse seule avec mon désespoir (et Roger) tout le week-end du premier mai. Avec les ponts et RTT, il en a pour quatre jours. Ce n’est plus un pont mais un viaduc !
Le premier long week-end de l’année, le premier où il fait théoriquement beau, où les jours s’allongent (pas que les jours d’ailleurs) et les jupes raccourcissent. Celui où tu vas ramasser du muguet, où tu emmènes ton pique-nique et, surtout, celui où tu niques sur la mousse des bois ! Il va me laisser seule CE week-end. Je ne pourrais même pas me promener en ville, car il va y avoir des manifestations partout, avec Super Mario en tête de cortège, gueulant avec ses sbires contre tout ce qui est pour et pour ce qui est contre, quitte à se contredire avec la manif de l’an passé. Car le premier mai n’est pas que la fête du travail et du muguet, mais la fête du petit moustachu.
Alors que je touche le fond, la solution vient de mon amie Suzy qui m’envoie un SMS salvateur le samedi après-midi :
Alors ma belle, je suppose que tu t’envoies en l’air avec ton petit mari ?
Elle tombe bien, celle-là. Célibataire endurcie, elle se fait butiner par des bourdons et les utilise telle une plante carnivore, les rejetant une fois le service rendu.
Non, mon petit mari est parti je ne sais où faire du vélo, et moi j’ai une bicyclette dans la tête, qui tourne… qui tourne et un grand vide là où tu imagines.
Un nouveau message arrive de suite.
Mais alors, si tu es libre, rien ne t’empêche de nous rejoindre, Manon et moi. Nous allons découvrir une boite qui vient d’ouvrir en ville.
Si mon mari s’amuse, rien ne m’empêche d’en faire autant, Manon et Suzy étant deux copines que je connais depuis le lycée et avec qui il m’arrive de faire la fête, de plus en plus rarement ces derniers temps. Pourquoi pas profiter de cette soirée pour moi aussi jouer au droséra avec un bourdon bien membré ? Il l’aura voulu ! Il y a eu la révolution des œillets, il y aura celle du muguet.
D’accord, rendez-vous à 20 heures chez toi.
Je m’apprête comme si ma vie en dépendait. Après la douche, je coiffe avec soin mes longs cheveux de jais, me confectionnant une espèce de chignon nébuleux, me maquillant, non pas comme un camion volé, mais genre allumeuse distinguée, choisissant avec soin ma tenue de chasseresse : minijupe au ras de ma raison de vivre, chemisier qui laisse mon nombril à l’air et deviner que je ne porte pas de soutien-gorge et, enfin, un micro string, juste pour éviter l’accusation d’attentat à la pudeur.
Je commande un UBER et rejoins mes deux copines pour une soirée de folie. Après des embrassades et des gloussements de vierges effarouchées, nous rejoignons la boite.
Ambiance rétro, classiques de jazz et des seventies en fond sonore, décor rouge et noir, fauteuils profonds et lumière tamisée. Ça se trémousse sur une piste de danse et ça jacasse comme dans un poulailler, à tel point que nous sommes obligées de passer notre commande en langage des signes.
Le CRS, comme chacun sait, est un cocktail à base de Citron vert, Rhum et Sucre de canne. Comme son confrère de la police, il peut matraquer l’occiput si on en abuse.
Installées sur une banquette, nous sirotons nos boissons, Suzy scanne les environs de son regard laser, à la recherche de mâles potentiels. Or ce sont trois beaux spécimens qui nous abordent, nous offrant une autre tournée de nos cocktails préférés. Nous nous pensions lionnes alors qu’ils nous voyaient gazelles.
L’un des Nemrod est blond, genre guerrier viking et s’intéresse de près à Suzy. Le second, barbu frisé, me fait penser à un caniche qui frétille devant Manon. Le troisième semble avoir jeté son dévolu sur moi.
Pas mal dans le genre latin lover. Beau brun ténébreux aux joues légèrement ombrées prénommé Marcello. Ils nous offrent plusieurs tournées, nous abreuvent de compliments et nous invitent à danser. Ou plutôt faire une séance de frotti-frotta. Il s’y entend, le Marcello, pour me faire sentir la taille de son émoi en se plaquant contre mes fesses. Faut dire que je me trémousse comme une diablesse.
Puis le ténébreux Marcello m’entraîne dans une pièce à l’arrière du bâtiment. Il semble bien connaître les lieux. Il me mordille l’oreille, passe sa main entre mes cuisses, juste là où l’hygrométrie dépasse les cent pour cent – si, ça existe – et me murmure des choses en italien.
Je n’en ai rien à cirer, ça pourrait être du Dzongkha que je m’en foutrais aussi, car, à cet instant, je suis en train de lui déballer le boute-joie, un brin de muguet de belle taille muni de ses deux belles clochettes et tandis que je m’apprête à le revêtir d’un habit de lumière, ce con me balance la purée dans les mains. Quatre ou cinq giclées, comme quand tu appuies trop fort sur la bouteille de liquide vaisselle dans l’évier. Zouïp, zouïp, zouip. Une sur mon ventre, une autre sur le mur derrière moi, le reste dans les mains.
Je retourne à notre table et annonce à mes amies que je me casse, que si elles veulent s’envoyer en l’air avec des éjaculateurs précoces, c’est leur droit, mais que là, moi j’en ai par-dessus la tête des mecs ! Je vais me réfugier dans les bras de Roger.
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J’aurais pas dû reprendre un CRS avant de partir de la boite. Le dernier verre fait toujours mal, surtout quand on ne connaît pas le nombre déjà ingurgité. Je sors de l’Hubert, ou Uber je ne sais plus, en titubant.
La voiture démarre et je farfouille dans mon sac à la recherche de mes clefs. Je trouve de tout, des bonbons à la menthe, des préservatifs, une bombe au parfum, un vaporisateur de poivre, un BIC quatre couleurs, un paquet de possetittes, des tampons (pas encreurs), ma CB, ma CI, mes papiers de voiture, des mouchoirs, mon téléphone qu’a plus de batterie, une mini trousse de beauté qui pèse un kilo, mais de clefs de maison : niet ! Nada ! Naï ! Nee !
Que vais-je faire, enfermée dehors, toute la nuit, et même demain en attendant Étienne, qui va se demander ce que je fous sur le perron dans cette tenue. Pauvre de moi.
Je secoue la porte, au cas-où… Sans résultat. Le portail du garage pareillement. Je fais le tour de la maison et tente ma chance sur la porte de la buanderie, elle aussi fermée à double tour. Même résultat sur les portes fenêtres du salon.
Je m’assieds sur une chaise de jardin et pleure sur mon sort.
Je lève les yeux vers la maison et m’imagine en mère Noël passant par la cheminée, mais faut déjà grimper sur le toit, dans mon état c’est risqué. C’est alors que me vient l’idée de la dernière chance, passer par une fenêtre.
Je fais le tour de notre jolie villa, secoue celle du bureau, de la salle de bains, rien à faire, puis, alors que je me rabats sur les fenêtres basculantes de la cuisine, Alléluia ! , l’une daigne bouger un peu.
Cela fait des mois que je tanne le cuir de mon mari pour qu’il la répare, cette nuit je me réjouis qu’il ne l’ait point fait.
Mais maintenant se pose la question d’atteindre cette fichue fenêtre et d’arriver à m’y glisser, car elle ne fait que s’entrebâiller et pas sûr que mon fessier s’y faufile, sans oublier les CRS qui m’accompagnent et entravent mes mouvements. Mais, courage, Roger m’attend.
Accrochée au cadre de cette maudite baie, je tente de hisser mes soixante kilos – environ – à la force de mes petits bras, je grogne, geint et pousse. J’ai déplacé quelques pierres et m’en sert de marchepieds. Malgré je coince, seuls ma tête hirsute et ma poitrine sont passées, mais mes fesses ne veulent rien savoir et mes jambes gigotent à l’extérieur. La scène doit être d’une élégance folle, heureusement qu’il fait nuit noire et que l’éclairage communal ne ressemble pas au stade des Lumières.
Je crois avoir reconnu la voix de monsieur Guilé, notre voisin.
Je n’ose imaginer le spectacle que je lui offre, la jupe retroussée sur ma taille et les fesses à peine couvertes d’un mini string. En tout cas il se marre bien, je l’entends glousser.
Vu ma position, il ne peut que poser les mains sur mon postérieur et pousser, d’abord délicatement, puis un peu plus vigoureusement, sans grand effet, à part de m’écarter les fesses en grand et de faire entrer plus profondément la ficelle du sous-vêtement dans la raie de mon cul.
Je l’entends remuer des trucs autour de moi.
Il me saisit les hanches et tire, toujours sans grand effet. Mais… il me baisse le string cet animal.
C’est vrai qu’un riquiqui mini string va faire une différence. Faudrait quand même qu’il se magne, car j’ai le ventre comprimé et ma vessie se rappelle à mon bon souvenir.
Mais… que fait-il ? Il écarte mes cuisses et vient fourrer sa tête entre elles, pose ses lèvres sur les miennes et passe un coup de langue tout le long de la fissure.
Question stupide, je sais très bien ce qu’il fait, il ne cueille pas du muguet !
L’occasion fait le larron, mais je ne regrette pas. Il est vrai qu’avec l’épisode de l’Italien ce soir, j’ai les hormones en folie et une sorte de frustration mal placée. C’est qu’il sait y faire monsieur Bernard Guilé, qui, si mes souvenirs sont justes, travaille à la SNCF et de ce fait possède un don pour me fourrer sa langue dans le train.
Il doit en outre vouloir se défouler, il a certainement manifesté – tout le monde est syndiqué à la SNCF – et a dû passer sa journée à hurler des slogans dont tout le monde se fout.
Je souffle, me tortille pour présenter mon meilleur profil à sa langue agile. Un de ses doigts m’agace le bourgeon tandis qu’un autre s’insinue dans mon entrée de service. J’ai le cerveau en roue libre et je pars vers des contrées que je n’ai plus visitées depuis belle lurette.
Je tremble, agite mes jambes et perds presque connaissance. Lorsque je retrouve mes esprits, je me rends compte que je suis décoincée de la fenêtre. Par contre, j’y ai laissé jupe et crop-top. L’une dans le jardin et l’autre dans la cuisine. Certainement un effet conjugué de mes trémoussements et de la transpiration, et aussi des efforts de mon gentil voisin. Bernard me serre contre lui, car je ne tiens pas sur mes jambes, mais ce faisant sa hampe se place à l’entrée de mon oppidum. Comme il fallait s’y attendre, il m’investit sans coup férir. Il faut dire que je suis prête à l’emploi.
Il tient difficilement l’équilibre sur les pierres entassées et je me retrouve vite fait à quatre pattes dans les bégonias. Agenouillé derrière moi, il me tient par les hanches et me laboure la jardinière tandis que je pousse des miaulements de plus en plus suggestifs.
Et une vieille godasse atterri dans le jardin. Mais ces péripéties ne nous émeuvent guère : de nouveau, je sens des papillons éclore dans mon ventre, me chatouiller la rate et voyager à travers mon corps.
Le gros matou derrière moi gémit lui aussi, se retire juste à temps de mes entrailles et balance la sauce sur mon dos. Décidément je suis vouée à me doucher avec du sirop de corps d’homme ce soir. Mais cette fois j’ai pris mon pied.
Galant homme, Bernard Guilé m’embrasse les fesses et m’aide à me relever.
Avec tact, il m’explique qu’il arriverait peut-être à se faufiler plus facilement que moi par cette fenêtre entrebâillée. En gros, il me dit poliment qu’il a un cul moins gros que le mien, mais je ne peux lui en vouloir.
Je le vois disparaître dans la cuisine et, quelques secondes plus tard, il ouvre la porte d’entrée. Nous nous disons au revoir et nous faisons une bise bien sage sur la joue. Je m’en souviendrais de la fête du travail.
Surtout que le matin je trouve un pot de muguet devant ma porte d’entrée. Quel homme délicat ce monsieur Guilé.
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Mon vélocipédiste de mari rentre le dimanche en fin d’après-midi, fatigué, les vêtements inondés de sueur, mais heureux. Et qui doit faire la lessive ? Anick. Pire, il n’a même pas songé au brin de muguet ! Mais je ne vais pas me plaindre et les remords ne me perturbent pas.
Plus tard, dans la soirée, mon homme me demande timidement si, dans une quinzaine de jours, ça ne me dérange pas s’il part avec ses potes faire le ballon d’Alsace, le Hohneck, le Grand Ballon… Ils en auraient pour une petite semaine. Il va profiter du huit mai et du jour de l’Ascension.
Qui a dit que le vélo n’était pas un joli sport, et le jardinage une passion ?
Il faut bien que je m’occupe de mon influx avant l’hiver.
Il faut aussi que je regarde quel jour tombe le premier mai l’an prochain. Toujours rester prévoyante. Avec une bonne juxtaposition de jours fériés et de week-end, je pourrais demander des précisions sur la culture du muguet à mon voisin si serviable.
Note de l’auteur :
Il y a dans le texte un jeu de mot à étages. Celui ou celle qui le découvrira gagnera un brin de muguet.