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Temps de lecture estimé : 38 mn
24/05/22
Résumé:  Comment tu es devenue l’objet de l’infidèle fidélité de tes voisins.
Critères:  ff ffh couple couplus candaul voisins grosseins amour cérébral voir caresses cunnilingu anulingus fdanus tutu -couple -couplea3
Auteur : Moctezuma      Envoi mini-message
Tes voisins

Je n’aime pas les sédentaires du cœur. Ceux-là qui n’échangent rien ne deviennent rien. Et la vie n’aura point servi à les mûrir. Et le temps coule pour eux comme la poignée de sable et les perd. […] Car je te le dis, le sédentaire n’est point celui qui aime d’amour la jeune fille, puis épouse la femme, puis berce l’enfant, puis instruit l’enfant de l’homme, puis, vieillard, répand sa sagesse, et ainsi toujours marche en avant, mais celui-là qui voudrait s’arrêter dans la femme et en jouir comme d’un poème unique ou d’une provision faite, et celui-là en découvre bientôt la vanité, car rien sur terre n’est réservoir inépuisable.

« Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle. »



Pour F.



Tu as la chance d’avoir pour voisins de palier une famille très sympathique. C’est un couple de trente-cinq ans qui a deux petites filles de cinq et deux ans. Ils ont emménagé le même jour que toi dans l’immeuble, ce qui a immédiatement créé des liens de solidarité quand les appartements ne sont que désordre et cartons. Vous vous êtes invités à dîner deux soirs de suite pour fêter les pendaisons de crémaillère respectives de chaque appartement, et cela a scellé le début d’une amitié de voisinage. Ils prennent toujours le temps de discuter un peu quand ils te croisent dans l’escalier. Et certains samedis soirs, tu as fait du baby-sitting pour permettre aux parents de sortir voir des amis.


Le père, Julien, est architecte. C’est un grand brun, sec et musclé par des années de triathlon. Il a des yeux bleu tellement clair que quand ils sont dans l’ombre on les croirait gris. C’est un homme doux et bienveillant, très serviable. Il n’est pas très loquace sauf quand on le lance sur ses sujets de prédilection : l’architecture ou la mer. Dans ces cas-là, tu vois son regard s’animer, ses bras se mettre en mouvement, pour expliquer avec profusion de détails comment les colonnes du Panthéon à Rome pouvaient soutenir soixante tonnes chacune ou te révéler, d’un air pénétré, que l’otarie a des oreilles contrairement au phoque. Mais il a aussi un humour un peu caustique qui donne beaucoup de relief à sa personnalité.


La mère, Émilie, est infirmière anesthésique. Un peu maniaque sur le rangement et la propreté, elle te donne fréquemment de bons conseils que tu t’efforces de suivre à moitié. Mais elle est aussi une bonne vivante qui essaye avec enthousiasme différentes recettes de cuisine qu’elle partage toujours avec toi. C’est une petite femme qui a la jolie opulence des jeunes mamans. Mais ce que tu préfères chez elle, c’est son sourire enjoué. Elle a aussi une voix un peu grave et mélodieuse, avec un léger accent toulousain, qui te met systématiquement de bonne humeur.


C’est un couple qui te semble assez traditionnel. Elle cuisine, il bricole. Elle décore l’appartement et il s’occupe de ranger la voiture. Mais, tu aimes bien qu’Émilie ne se laisse pas marcher sur les pieds et que Julien fasse bien des efforts pour s’occuper des petites. Ce qui transparaît surtout, c’est que c’est un couple qui marche. Un couple qui a l’air d’avoir trouvé un équilibre de vie qui rend tout le monde heureux, et qui permet aux petites de grandir sereinement dans un univers bienveillant.


C’est donc très agréable d’avoir cette joyeuse famille pour voisins, et tu as conclu qu’il devait aussi t’apprécier. Mais tu es très loin de pouvoir te douter que ta rencontre a bouleversé le couple bien au-delà de la simple découverte d’une voisine sympathique. Qui pourrait imaginer que tu es devenu le personnage principal de leurs jeux érotiques ?




***




Bien sûr, tu t’imagines bien que tes voisins doivent avoir une vie sexuelle épanouie. En tout cas, probablement plus que toi ces derniers mois. Tu sens bien que si Émilie vient d’un milieu catho conservateur sur la chose, ses habitudes d’infirmières font qu’elle n’a pas peur des corps. Mais tu sais d’expérience qu’il est toujours très difficile de savoir de l’extérieur ce qu’il se passe au sein d’un couple une fois la porte de leur chambre refermée. Tu t’es déjà fait la remarque que les deux chambres principales des deux appartements n’étaient séparées que d’une simple cloison, mais elle semble suffisamment large pour préserver les secrets de tes voisins. Il y a bien eu une fois où, dans l’épaisseur de la nuit, tu as cru entendre des gémissements, ou plutôt comme des feulements rauques, mais, malgré ton oreille tendue, tu n’as pu déterminer de façon certaine l’origine du bruit. Et puis, il faut avouer que ce n’est pas désagréable d’avoir l’intimité suffisante à te laisser aller les soirs où tes doigts se glissent sous ton pyjama pour assouvir les tensions de la journée…


Tu es donc loin de pouvoir comprendre les ressorts intimes de la sexualité de tes voisins. Ce que d’ailleurs personne ne peut imaginer en regardant ce couple très classique, c’est leur goût pour les scénarios érotiques. Avec une thématique dominante bien spécifique : l’infidélité.


Chaque couple doit se positionner par rapport à la question de la fidélité sexuelle. La plupart n’abordent jamais le sujet, la présumant bien souvent automatique, avant parfois de déchanter, ou de se rendre compte que la vie et les désirs des corps sont trop complexes pour ne jamais l’évoquer. Certains couples, au contraire, rejettent complètement une notion archaïque et castratrice. Ils sont alors beaucoup plus libres de leurs corps et de leurs désirs, mais doivent veiller en permanence aux déséquilibres qui pourraient se créer au sein du couple. Ton couple de voisins a choisi une troisième voie, plus personnelle. Leur fidélité à eux, c’est d’imaginer et de construire ensemble des univers parallèles d’infidélité. Ainsi la notion d’infidélité perd son sens négatif, pour ne plus être qu’un tabou social qu’ils prennent un plaisir fou à subvertir en pensée.


S’ils partagent ces fantasmes, ils ne correspondent en réalité pas à la même chose pour chacun d’eux.


Émilie est celle qui a le plus d’imagination. Le plus souvent, c’est elle qui se lance dans les scénarios les plus osés. Elle a l’âme d’une voyeuse, mais aussi un désir de contrôle. Ta voisine a des fantasmes candaulistes. Ce qui l’excite n’est pas tellement d’imaginer ses éventuelles aventures extra-conjugales avec le bel anesthésiste du bloc d’à côté. C’est encore moins d’imaginer son mari succomber aux avances d’une inconnue pour un soir. Pour elle, l’infidélité est quelque chose qu’elle veut dominer, qu’elle veut construire, sur le long terme, et organiser elle-même, pour son mari. Comme un scénario dont elle a écrit chaque ligne du script. Émilie a toujours eu une exigence de perfection et un souci du détail. D’abord, il y a la phase de sélection. Elle s’imagine choisir pour lui, avec la plus grande des minuties, de somptueuses femmes. Il faut qu’elles soient différentes d’elles. Il faut que ce soit des femmes de confiance : elle ne veut pas confier son mari à la première venue. Il ne lui faut que le meilleur. Et enfin qu’elles plaisent à Julien. Mais ça, ce n’est pas le plus difficile, sourit-elle souvent intérieurement : elle connaît bien les goûts de son mari. Ensuite, après cette rude sélection, elle imagine divers stratagèmes pour offrir elle-même ces femmes en cadeaux à son mari. Pour lui prouver qu’elle le connaît mieux que quiconque, et qu’il n’y a qu’elle qui peut lui procurer le corps féminin de ses rêves. Elle est tout à la fois l’instigatrice de ses désirs et l’instructrice de la femme qui va les combler. Mais aussi pour profiter du spectacle de leurs ébats, pleine de désir. Elle ne veut pas perdre une miette de l’action qui se déroule sous ses yeux. Enfin, une fois l’amante ayant fait son travail auprès de son mari, elle s’imagine retrouver son homme pour elle toute seule. Dans une étreinte passionnée, comme enrichie des ébats qui viennent de se dérouler. Comme si, après avoir volontairement mis en danger l’unicité du pouvoir de séduction qu’elle avait sur son mari, il fallait qu’elle réaffirme que c’était elle la meilleure. La seule qui peut réaliser ses fantasmes. La seule qui peut le faire bander comme ça. La seule à le faire jouir avec cette intensité. L’infidélité est donc pour elle une question de relâchement maîtrisé de son caractère possessif pour pouvoir mieux le réaffirmer ensuite.


Pour Julien, ce n’est pas une question de contrôle. Il est d’un naturel beaucoup plus timide et moins entreprenant que sa femme. Pour lui, l’infidélité est surtout une façon de mettre en scène des scénarios où il se met en danger, où il force sa nature, parfois étape après étape, parfois d’un coup radical. Ce qui l’excite, c’est la transgression. Souvent celle des limites sociales ou morales. Mais surtout celle de ses propres limites. Pendant le sexe avec Émilie, il est toujours un peu plus passif que sa femme. C’est elle qui initie le plus souvent quelque chose de nouveau ou d’osé. Elle qui, le soir venu, lui propose de venir la caresser à la fenêtre, offerte dans une demi-pénombre à la vue d’éventuels passants. Elle qui, dans un parc, lui offre en présent sa culotte humide pour qu’il constate par lui-même l’intensité de son désir intime. Julien adore se mettre au service de l’imagination d’Émilie pour enrichir de détails ses scénarios érotiques ou pour l’aider à trancher parmi les stratagèmes de séduction qu’elle élabore. De manière générale dans leur sexualité, il adore se plier en quatre pour la satisfaire au mieux. Pas vraiment comme un « soumis », comme il a pu parfois le lire dans les articles de sexologie, plutôt comme un mélange entre le chevalier au service de sa Dame et le bon élève qui progresse sous le regard exigeant de sa professeure. Et il ne voudrait pour rien au monde renverser les rôles avec Émilie. Comme s’il avait besoin de la confiance et de l’assurance de sa femme pour assumer pleinement la vitalité et la vigueur de sa libido. Alors, c’est dans son imagination et leurs scénarios communs qu’il peut envisager une sexualité différente, où il entreprend de séduire des femmes de son entourage, qui succombent immédiatement à son charme, et s’offrent à son désir impérieux et viril. Les fantasmes d’infidélité sont donc pour Julien une affirmation de la primauté de son désir. Une manière de faire surgir de sa douceur et de ses bonnes manières des pulsions qu’il ne peut réfréner.


Du fait de leurs caractères respectifs, c’est souvent Émilie qui est l’instigatrice en matière de jeux sexuels. Elle aime jouer avec le feu et son mari. Parfois, elle lui montre d’un discret coup d’œil une femme dans la rue ou au supermarché. Et, en quelques secondes, Julien tente de graver dans sa mémoire une image fidèle de la passante. Ensuite, la journée reprend son cours tranquille, mais il sait déjà que le soir venu, à l’abri des regards, sous la protection chaleureuse de la couette, sa femme va entrer en action. Qu’elle va venir se blottir contre lui, une main nonchalamment déposée sur son sexe au repos, et lui demander dans un murmure quelle lingerie il pense que la passante portait ce jour-là. Qu’elle va lui décrire comment ce corps inconnu aurait l’air, une fois dévêtu, ou comment ces lèvres seraient agréables, enroulées autour de son érection. Et puis, Émilie regardera avec une tranquille satisfaction le sexe de Julien durcir, vibrer et exploser sous la puissance des images convoquées et la dextérité de ses doigts habiles. Radieuse, elle basculera sur le dos, et, du bout des doigts, saisira la nuque de son homme pour l’inviter à venir entre ses cuisses, et étancher enfin chacune des gouttes de désir que son imagination a déclenchées dans l’intimité de sa nuisette.


Mais ce qu’Émilie préfère, ce n’est pas de s’inspirer des inconnues croisées dans la rue. Elle trouve beaucoup mieux de centrer ses scénarios sur des femmes de leur entourage. Elle a remarqué que le fait de connaître la protagoniste augmente encore l’interdit et donc l’excitation de Julien. Que jamais son sexe n’est plus tendu que quand il a le rouge aux joues d’imaginer la culotte chaude et humide de la maîtresse des petites ! Et puis cela permet surtout à Émilie de donner beaucoup plus de chair à ses récits improvisés. Elle adore se focaliser sur un scénario précis, qu’ils enrichissent et font évoluer à deux pendant les séances suivantes. Avec les années, elle a développé ses qualités de description. Elle est devenue experte pour dépeindre des seins qui ballottent sous un tissu léger, une jupe qui remonte sur des cuisses nues, un mordillement de la lèvre inférieure, ou un frisson discret de désir. Émilie maîtrise aussi la temporalité spécifiquement sexuelle de ce genre de récit. Elle sait ajouter une péripétie improvisée quand elle sent que son homme est sur le point de perdre le contrôle ou glisser un détail scabreux au milieu d’une description préliminaire si Julien ne semble pas assez intéressé à son goût.


D’un naturel très curieux, il arrive même à Émilie d’aller jusqu’à enquêter discrètement sur une femme de leur entourage pour pouvoir donner corps à ses récits. Rien ne l’arrête dans sa quête du moindre détail qui pourrait venir pimenter leurs jeux sexuels. Mais elle est habile et discrète, et aucune femme n’a jamais pu deviner les intentions qui se cachaient derrière les questions apparemment innocentes que pose parfois Émilie.


La plupart du temps, leurs scénarios se jouent sous la couette comme un moment de théâtre. Comme une scène d’aveu qui permet par la magie cathartique de la fiction de briser tout tabou. Car Émilie connaît le fond de timidité de son mari. Elle sait surtout l’amour indéfectible que lui porte Julien. Que jamais il n’avouerait en temps normal qu’il pourrait avoir ne serait-ce qu’une légère attirance pour une autre femme. Le devoir de fidélité est une norme très profondément inscrite dans la conscience de son homme. Et elle ne va pas s’en plaindre. Aussi, pour entrouvrir une brèche dans cette prescription sociale intériorisée, il faut qu’elle crée un monde parallèle de libération sexuelle. Un espace de jeu où, en le mettant en confiance à force de cajoleries, encouragements et caresses, elle peut briser ses derniers retranchements, et enfin accéder aux détails les moins avouables de la psyché sexuelle de Julien. Mais le jeu en vaut la chandelle, et les résistances de Julien ne font qu’accroître l’excitation d’Émilie.


Ces scénarios fonctionnent souvent par cycles de quelques semaines ou tout au plus quelques mois. Émilie et Julien essayent d’en explorer toutes les facettes, d’imaginer toutes les possibilités, jusqu’à épuiser le potentiel érotique du personnage et de la situation, et de se tourner vers une nouvelle inspiration dans leur entourage.


Néanmoins, une incertitude centrale demeure dans leurs jeux sexuels. Ces fantasmes doivent-ils rester virtuels et simplement alimenter leur désir sous la couette, ou signifient-ils qu’ils doivent franchir le pas dans la réalité ? Émilie et Julien ont conclu avec lucidité et courage à l’impossibilité de répondre à cette question de manière définitive. Qu’il fallait donc qu’ils en reparlent un jour si l’un des deux en éprouvait le désir ! Mais aucun des deux n’a jamais abordé la question ni franchi le pas. Et, avec les années, ils ont eu tendance à penser que leur imagination débordante était bien suffisante pour combler leurs désirs. Que c’était la virtualité de la chose qui les excitait le plus ! Qu’ils étaient parvenus à canaliser leur libido dans leurs jeux érotiques ! Mais ça, c’était avant de rencontrer leur charmante nouvelle voisine…




***




Naturellement, au bout de quelques semaines de voisinage, tu es entrée dans la galerie de personnages qui peuple leurs cerveaux imaginatifs. Émilie ne pouvait manquer d’utiliser le potentiel de séduction que tu représentais : tu combines les fantasmes de la jeune et jolie voisine avec celui, occasionnel, de la baby-sitter. Au point que tu accèdes rapidement à une place de choix au sein de cette société imaginaire : celle des personnages récurrents. Pas l’élite. Ceux dont la charge érotique n’est pas épuisée en une semaine, mais s’intensifie au fur à mesure que ton couple de voisins fait davantage leur connaissance. Si bien que durant les premiers mois après ton emménagement, tu es revenue de manière régulière dans leurs jeux. Il faut dire que Julien n’a jamais résisté au scénario de la baby-sitter.


Surtout tu es, sans que tes voisins ne s’en rendent eux-mêmes très bien compte, à l’intersection parfaite des différentes versions de leurs fantasmes respectifs d’infidélité. Pour Émilie, tu es la femme de confiance par excellence. Celle à qui elle confie les yeux fermés ses petites filles. À la fois proche et inaccessible, tu as un physique différent d’elle : plus jeune, plus grande, les cheveux blonds et les yeux bleus, plus fine aussi avec des jambes plus élancées. Elle sait que tu es au goût de Julien, et elle doit reconnaître qu’elle te trouve elle-même assez craquante. Julien, lui, apprécie beaucoup tes qualités d’écoute. Tu es une voisine avec qui il se sent en confiance. Surtout quand il peut mettre à profit ses compétences de bricolage pour améliorer le confort de ton appartement. Il a l’impression que tu le vois sous un jour positif et que tu reconnais sa valeur. C’est donc plus facile pour lui d’imaginer que tu pourrais succomber à ses charmes. Si bien que tu as progressivement pris de l’importance dans les scénarios du couple.


Bien entendu, ce sont des voisins très respectueux sous tout aspect. Jamais tu n’as senti un regard déplacé ou une réflexion qui te mettrait mal à l’aise. Jamais tu n’as soupçonné que tu pourrais être le centre de leur tension érotique. Mais, si tu avais vraiment fait attention, tu aurais pu te rendre compte que ces derniers mois se sont passés des événements révélateurs…


Au bout de quelque temps, la curieuse Émilie a entrepris de préciser le portrait érotique de la jolie voisine qu’elle pouvait dresser à son mari. Il lui fallait glaner des détails permettant d’entretenir et d’attiser la tension sexuelle latente qu’elle percevait chez Julien quand Émilie convoquait ton nom pendant leurs jeux sous la couette. Et, de fait, tu as remarqué que vous avez progressivement passé plus de temps à discuter en tête-à-tête, à faire la cuisine ensemble ou même à regarder du rugby dont elle est fan depuis son enfance toulousaine. Tu as pu découvrir qu’elle avait en fait beaucoup d’esprit et vous avez bien ri à vous moquer gentiment des différents voisins de l’immeuble. Peu à peu, une certaine intimité s’est développée entre vous et aux détours de nombreuses conversations, Émilie s’est mise à poser des questions plus personnelles, souvent sur le ton de l’humour, mais avec un éclat indéfinissable dans le regard. Un éclat qui masque la curiosité avide qui la brûle. En réalité, elle voudrait tout savoir sur ta sexualité : ta lingerie, tes préférences, tes amants, tes fantasmes… Mais malgré toute sa science du questionnement détourné, Émilie doit bien admettre que les résultats sont bien maigres. Bien sûr, tu n’éludes pas les questions, mais tu as toujours eu une certaine pudeur qui fait que jamais tu ne t’étends au-delà de quelques mots sur ces sujets-là.


Plus le temps passait, et plus la frustration d’Émilie augmentait du fait de cet écart entre la proximité croissante que vous aviez dans la vie quotidienne et le peu de détails qu’elle pouvait obtenir sur ta vie intime. Elle ne savait même pas avec certitude si tu aimes les hommes ou les femmes. Plus tu lui résistais, et plus son imagination marchait à plein régime pour continuer à t’inclure de manière renouvelée dans ses scénarios avec Julien.


Mais Émilie est une femme pleine de ressources et sait utiliser la moindre opportunité à son avantage. Ainsi de la fois où tu remarquas qu’elle avait un nouveau smartphone. « Oui, te répondit-elle, d’ailleurs j’aimerais bien tester l’appareil photo, il paraît qu’il est vraiment bien… Tu veux bien être mon modèle ? » Tu acceptas de bonne grâce de prendre la pause et observa d’un œil amusé Émilie se muer en professionnelle, pour te photographier sous tous les angles.


Et ce soir-là, sans que tu puisses deviner pourquoi, Émilie rentra chez elle toute joyeuse. Elle savait qu’elle avait enfin du solide pour pouvoir jouer avec son mari, une fois les petites couchées. Et ainsi, alors qu’elle allait sous la douche, Émilie glissa à Julien sur le ton détaché de l’anecdote :



Puis, un sourire mutin aux lèvres, elle abandonna son mari pour aller se laver. Elle savait bien qu’il faudrait cinq bonnes minutes à Julien avant d’oser aller prendre le téléphone sur sa table de nuit. Encore cinq minutes pour s’assurer qu’il entendait bien le bruit de la douche couler en continu. Avant enfin de jeter un œil sur les photos, qu’il regarderait deux-trois fois, le cœur battant à la chamade, avant de reposer précipitamment le téléphone sur la table de nuit. Elle connaissait bien son homme. Et au bout d’une vingtaine de minutes, elle pouvait revenir dans la chambre, vêtue de son pyjama le plus sage. Elle ne voulait pas jouer de ses propres atouts, qui seraient une distraction aussi bien pour lui que pour elle. Elle escomptait que son homme ne succombe qu’à la suggestivité de son imagination et aux charmes de la jolie voisine. Alors elle s’installa sur le lit et envoya quelques SMS avant de déclarer d’un ton distrait :



La voix d’Émilie se fit plus basse, plus féline, elle connaissait bien les points faibles de son mari.



Julien perdait le contrôle.



Et Julien se retourna, se sentant un peu comme un gamin, pour embrasser sa femme. Il en avait mis partout. Il faudra changer les draps. Mais sa femme n’avait pas l’air de lui en vouloir d’avoir cédé si rapidement. Émilie avait le sourire fier et gourmand de la championne qui a atteint son objectif. Toute grisée de la puissance de ses mots, elle n’était qu’un corps humide en attentes de caresses. Un corps tremblant des désirs interdits qu’elle avait si bien éveillés chez son mari. Un corps de coquine qui n’osait totalement s’avouer que peut-être elle aussi n’était pas insensible aux images invoquées. Bref, un corps qui ne réclamait qu’une chose, que son mari vienne enfin accomplir son devoir conjugal. Et Julien s’empressa de s’enfouir sous la couette pour aller soulager la tension qui dévorait le corps de sa femme.


Cet épisode des photos du jean fut une étape importante de ton ascension sociale dans la société imaginaire de tes voisins. C’est à ce moment-là que tu te muas en une obsession à laquelle aucun des deux ne pourrait bientôt plus résister.




***




Sans que tu ne comprennes très bien pourquoi, Julien te parut plus distant dans les semaines qui suivirent. Presque comme gêné de te voir.


Tout ça, c’est de la faute d’Émilie, il se répétait en boucle. Le chauffer comme ça, et remplir sa tête d’images suggestives de la voisine, c’est bien excitant sur le moment. Mais le lendemain, les images ne sont pas parties. Au contraire, comme animées d’une vie propre, elles se sont multipliées, précisées, colorées jusqu’à emplir tout l’espace disponible de son cerveau. D’habitude, il n’avait pas de difficulté à séparer leurs jeux nocturnes de la réalité. Leurs scénarios étaient souvent suffisamment improbables pour qu’ils ne soient pas réellement envisageables. Mais là, sans qu’il sache vraiment pourquoi, ses fantasmes ne voulaient pas rester confinés à sa chambre.


Et pourtant, il faut bien continuer à être le voisin serviable et bon père de famille qu’il a toujours été. Mais c’est vrai qu’avec les beaux jours, c’est de plus en plus difficile de tenir ce rôle. Non pas que ta garde-robe devienne subitement très sexy. Mais il est sûr que les tissus se font plus légers et moins couvrants, laissant autant plus d’accroches à un regard admirateur. Et si tu étais sur tes gardes, tu aurais remarqué tous les efforts que Julien faisait pour détacher son regard de ton décolleté quand tu t’accroupissais dans le hall d’entrée pour saluer une de ses filles.


Julien n’osait pas en parler à Émilie. Il ne voyait pas comment ça pouvait l’aider. Peut-être qu’elle s’offusquerait et lui en voudrait. Il savait bien que derrière ses jeux candaulistes, elle était en réalité un peu jalouse. Plus probablement, sa femme le prendrait bien, mais elle ne manquerait alors pas d’utiliser ce faible pour la voisine dans ses prochains scénarios, ce qui ne ferait qu’ajouter à son trouble. Là, il n’avait pas besoin de plus d’images de toi. Juste de faire bonne figure en attendant que ça passe. Mais heureusement, il fut soulagé de constater que sa femme ne semblait pas vouloir tout de suite revenir sur le potentiel érotique de la voisine.


En réalité, Émilie était très satisfaite de son utilisation des photos de toi. Son stratagème avait marché bien au-delà de ses espérances et elle sentait bien que ça avait engendré une excitation singulièrement vive chez son homme. Elle ne voulait donc pas revenir trop vite dessus, pour ne pas ternir la flamme à force de routine. Au contraire, il fallait qu’elle trouve un autre angle d’attaque pour frapper un grand coup. Émilie avait soif de challenge et brûlait d’impatience.


Mais leurs troubles respectifs furent soulagés par un simple événement : les vacances de Pâques. Tu partais une semaine chez ta sœur. Julien était rassuré de ne pas se demander chaque matin s’il allait te croiser dans l’escalier. Et Émilie était particulièrement ravie de te rendre service et de venir arroser les plantes de ton balcon et les fleurs sur la commode de ta chambre pendant ton absence.


Bien sûr, elle pouvait en profiter pour visiter une à une les pièces de ton appartement. Pour s’inspirer du lieu et s’imprégner de son esprit. Et voir si tu ne laissais pas traîner un indice qui formerait la trame de son prochain scénario érotique. Mais après avoir balayé cent fois du regard chaque recoin de chaque pièce, Émilie ne trouvait rien. Elle était tiraillée par son besoin d’en savoir davantage sur toi. Mais aussi très gênée. Essayer d’obtenir discrètement des détails sur la vie des gens était une chose… mais fouiller leurs affaires était un pas qu’elle se retint de franchir jusqu’au jour où elle se rendit miraculeusement compte qu’une chaussette était tombée derrière ta commode. Si tu avais été là, tu aurais vu un immense sourire s’emparer du visage de ta voisine. Il fallait absolument qu’elle remette cette chaussette dans le tiroir adéquat. Alors, très méticuleusement, elle entreprit d’ouvrir un à un l’ensemble des tiroirs de ton appartement. Pas une seule chaussette dans les tiroirs de la cuisine. Ni dans ceux du salon. Bizarre. Elle ne voulait vraiment pas la laisser traîner. Peut-être tout au fond du placard au-dessus de ton lit ? Elle se jucha donc sur un tabouret pour inspecter et découvrit par un hasard incroyable une boîte en carton qui s’ouvrit et se répandit sur le sol. C’était ta boîte « affaires de sexe ». Il y avait là deux lubrifiants naturels, un bandeau en satin, une nuisette courte et un kimono, un gode et un vibromasseur. Rien de très exceptionnel, mais cela soulagea énormément Émilie. Comme si la confirmation que sa voisine appréciait bien les plaisirs sensuels la débarrassait d’une grande partie de la culpabilité de son voyeurisme. Surtout, cela lui donna le courage de faire ce dont elle rêvait depuis le début de la semaine.


Alors, Émilie retint son souffle, retourna vers les tiroirs de la commode et entreprit d’en sortir et d’exposer sur le lit l’ensemble de ta lingerie : les culottes noires confortables, les culottes colorées et échancrées, la jolie dentelle, les strings et tangas, les deux bodys, les différents soutiens-gorges, des sans-armatures aux push-up, les collants et les bas, et même une jarretière qu’elle a trouvée au fond du tiroir qui était décidément bien désordonné. Elle referma la porte de la chambre à clés, on n'est jamais trop prudent, ce qui lui permit de découvrir le grand miroir que tu y avais installé.


Ne pouvant résister au trouble qui s’emparait de ses sens, elle se déshabilla. Et c’est ainsi que ton miroir assista à un curieux défilé de mode érotique. Émilie était plus petite que toi, mais aussi plus ronde. Si bien que tes culottes ne lui allaient pas si mal, elles étaient souvent légèrement petites, ce qui ajoutait un air sexy à la moindre culotte noire. Les soutiens-gorges étaient aussi un petit peu serrés, ce qui n’était pas très confortable pour elle, mais permettait de bien mettre en avant sa poitrine voluptueuse. Et à mesure que son corps s’enveloppait de ta lingerie, son esprit tournait à plein régime. Elle se transformait en toi, devant ton miroir, comme pour absorber le potentiel de séduction érotique qui est le tien. Alors, après avoir remis précipitamment ta lingerie dans le tiroir, Émilie ne put s’empêcher de prendre avec elle le joli maillot de bain rouge qui lui allait si bien. Laissant pour simple indice de son forfait quelques discrètes gouttelettes d’un désir interdit au creux de ta lingerie.


Pendant les jours suivant ton retour de vacances, Émilie s’imagina, morte d’inquiétude, que tu allais sonner chez elle pour demander des explications. Elle se voyait déjà rougir comme une collégienne et confesser ses actes inavouables sous ton regard réprobateur. Mais à vrai dire, tu ne mettais pas souvent ce maillot et tu t’es simplement lamentée intérieurement de ton étourderie qui te l’a fait perdre, probablement l’été dernier.


Cette absence de réaction accentua l’audace d’Émilie. Et pendant les semaines suivantes, elle porta régulièrement le maillot de sa voisine en guise de lingerie. Toute troublée à l’idée de cacher sous ses vêtements habituels ce catalyseur de ses fantasmes les plus intimes. Comme si en mettant ta lingerie elle faisait corps avec sa voisine. Elle tremblait d’inquiétude et peut-être de désir que tu le remarques. Elle perdait la tête devant la puissance des désirs inavouables qui s’emparaient de son corps. Il fallait qu’elle les partage avec Julien.




***




Un soir, elle installa confortablement Julien sur leur lit, puis entreprit de se déshabiller, sensuellement, avec lenteur. Jusqu’à lui montrer ce nouveau maillot qu’il n’avait jamais vu. Julien appréciait le spectacle de sa femme. Elle savait comment se déhancher et se pencher habilement pour lui montrer la douceur de ses cuisses, la profondeur de son décolleté, la rondeur de ses fesses. Alors, elle s’approcha de lui, remontant doucement son corps alangui, pour lui murmurer à l’oreille que ce maillot était en réalité le tien. Que ce soir, elle était F. Et qu’il fallait qu’il lui fasse tout ce qu’il rêvait de te faire. Émilie sentit bien au regard et à la vigueur du sexe de Julien que quelque chose était en train de se passer. Que son mari était tout troublé par ses paroles !


Alors elle poussa son avantage. Elle savait que pour eux tu étais la gentillesse incarnée. La douceur aussi, puisque tu t’occupais de leurs filles. Alors Émilie prenait un malin plaisir à utiliser des mots scabreux, presque scandaleux, pour décrire ce que Julien pourrait te faire. Et ainsi, sans que tu puisses t’en douter, se jouaient de l’autre côté de la cloison de ta chambre, des scènes de plus en plus torrides. Émilie masturbait son mari avec une énergie non feinte et une volupté manifeste avec le maillot volé.


Surtout, si tu avais tendu l’oreille, tu aurais pu entendre le monologue fiévreux d’Émilie. Une suite de chuchotements qu’elle n’osait pas prononcer à haute voix et qui trahissaient l’intensité d’un désir qui semblait contenu entièrement dans son regard de braise et dans la chaleur de sa voix grave qui murmurait :



Émilie sentait progressivement son mari se transformer. Les lèvres de Julien, d’habitude si douces et attentives, devenaient gourmandes et voraces autour de ses seins. Ses gestes devenaient plus brusques. Et à chaque gémissement de son homme, elle sentait l’esprit de son mari s’envoler loin d’elle, pour chercher au fond de sa mémoire l’image la plus suggestive de sa voisine qu’il pouvait concevoir. Alors, Émilie aussi se laissa aller. Pour ne devenir qu’un corps brûlant et humide entre les mains de son mari. Elle n’était plus sa femme, mais cet être fantasmé qui le rendait fou. Et Julien la prenait avec une ardeur qu’elle n’avait que rarement connue. Et Émilie l’encourageait de sa voix grave pour qu’il se laisse aller complètement à la lascivité de son imagination. Et cette fois-ci, ce fut Émilie qui ne put retenir longtemps de crier son plaisir.


Et c’est ainsi, sans qu’aucun indice ne te permette de t’en douter, que tes voisins ont basculé. Ils ne veulent plus simplement que tu peuples leurs fantasmes dans leurs têtes. Ils veulent ton corps. Qu’il leur appartienne pour soulager enfin les désirs brûlants que tu suscites chez eux !




***




Pour la première fois depuis le début de leur mariage, tes voisins se mirent à parler sérieusement d’infidélité. Julien avoua à sa femme que, depuis avoir vu les photos du jean, il fantasmait plus que de raison sur la voisine. Et Émilie osa confier à son mari qu’elle s’était touchée chaque jour où elle avait porté ce maillot de bain en secret. Ils comprenaient que la même lueur s’était allumée dans leur esprit et embrasait leurs corps : il ne pouvait plus résister à tes appâts.


Après bien des hésitations, Julien et Émilie se mirent donc d’accord sur le plan suivant : ta voisine allait s’efforcer de se rapprocher de toi. D’obtenir plus de réponses sur ton intimité. Et, si l’occasion se présentait, si elle sentait que tu étais réceptive, elle glisserait en passant qu’ils rêvaient de passer un moment sensuel avec une autre femme.


Et c’est comme ça que ta voisine est venue dîner, seule, chez toi. Émilie s’était faite jolie. Elle avait troqué ses tenues de maman pour une combinaison fleurie. Ses cheveux attachés révélaient la délicatesse de sa nuque. La soirée fila, ponctuée de discussions et éclats de rire. Le vin aidant, tu te livras davantage que d’habitude, racontant tes aventures sexuelles passées. Tu lui avouas même que tu les trouvais vraiment mignons comme couple, et que tu étais étonnée de la qualité des cloisons entre les appartements. Mais au moment où la soirée se finissait, et que ta voisine allait repartir, elle se figea au milieu de la cuisine, les joues un peu rouges. N’osant pas poser la question qui lui brûlait les lèvres. Ne voulant pas non plus partir sans avoir essayé. Émilie était craquante, toute honteuse de ses désirs inavouables.


Alors, pour briser la tension qui emplissait progressivement la pièce, tu fis un pas en avant, et tu approchas tes lèvres des siennes. Elles s’effleurèrent à peine. C’était un baiser d’incertitude et de douceur. Tu pouvais lire le trouble dans le regard d’Émilie. Plus rien ne faisait sens dans sa tête. De très longues secondes s’écoulèrent. Seuls les battements de ton cœur résistaient au silence hésitant de la pièce. Tu ne lâchais pas ses yeux du regard. Ses joues étaient écarlates. Ses jambes tremblaient encore davantage que les tiennes. Et soudain, ses mains s’approchèrent de ta nuque et t’attirèrent à elle. Vos lèvres se retrouvèrent. Un baiser humide de désir interdit. Alors tu tendis la main, accrocha le bout de ses doigts, et emmena doucement Émilie vers la porte de ta chambre.


On dit trop souvent des relations lesbiennes que les femmes y apprécient la douceur et la sensualité. Que le sexe y est plus lent et plus long, souvent davantage entrecoupé de rires ou de discussions ! Que ces relations sont moins dans la performance et plus dans le partage et dans la tendresse ! Avec Émilie, tu découvres le feu, la moiteur et l’urgence.

Dès que tu mets une main sur son bras, tu te rends compte que son corps est extrêmement chaud. Comme s’il brûlait en continu d’une ardeur incontrôlable. Elle est un volcan de désir, les joues rouges d’envie. De gêne peut-être un peu aussi.


Vous vous pressez l’une contre l’autre à mesure que vos lèvres s’accrochent et se découvrent. Tu sens ses seins tendre le tissu de sa combinaison. Et les mains de ta voisine descendent ta colonne vertébrale pour envelopper doucement tes fesses, et presser davantage ton bassin contre elle. Il fait tellement chaud ! Au bout de quelques instants, collée contre elle, vous transpirez toutes les deux abondamment, ôtant frénétiquement vos vêtements pour rafraîchir vos corps et attiser votre désir. Tu enfouis tes lèvres dans le creux de son cou, et du bout des doigts tu suis cette sueur pour partir à la découverte du corps d’Émilie : ses bras, sa nuque, le long de son dos, jusqu’au creux de ses fesses… Partout, tu sens ce corps moite que tu ne peux te lasser de parcourir. Peu à peu, une odeur grisante et voluptueuse emplit tes narines. Un mélange enivrant de savon, de crème et de transpiration. Un parfum délicat dans la nuque, qui devient enivrant quand tu descends vers ses aisselles.


Alors que tous tes sens s’emplissent de la volupté de ce corps, chaque geste d’Émilie te parait d’une urgence insoupçonnée. Chaque mouvement ou caresse est d’une intensité exceptionnelle. Elle te dévore des lèvres comme si tu étais la dernière amante avant sa mort prochaine. Elle se plaque contre toi, toute collante de transpiration, comme si elle voulait que vous ne vous sépariez jamais. Elle s’empare de tes mains pour qu’elles caressent ses seins, avec un regard de supplication absolu, comme si elle ne pouvait pas attendre une seconde de plus que tu la touches.


Émilie te pousse sur lit et tu te laisses aller à cette chaleur et à cette urgence. Vous entrelacez vos corps, enchevêtrez vos cheveux et vos cuisses, mélangeant vos sucs et vos odeurs. Tu es fascinée par la rondeur délicate de son corps. Elle se met à califourchon au-dessus de ta cuisse droite. Et elle te présente ses seins comme gonflés de désirs. Ce sont deux pures merveilles : fermes, lourds, avec deux tétons nacrés qui invitent au baiser. Elle soupire quand tu les frôles de la langue et halète quand tu les enveloppes de tes lèvres. Tu sens le désir s’emparer totalement de ce corps. Elle presse davantage ses seins contre toi, jusqu’à ce que tu enfouisses ton visage dans sa poitrine. Ses lèvres s’approchent de ton oreille. Et soudain, ses mots se mettent à résonner. Des mots chauds comme ce corps incandescent, des mots gourmands comme la poitrine qu’elle t’offre à dévorer, des mots humides comme sa culotte. Et tu fermes les yeux, tous les sens en éveil, pour que ces paroles t’enveloppent complètement. Tu sens ce corps peser et trembler de tout son désir au-dessus de toi.


Émilie se met à se frotter de plus en plus fort contre toi. Mais ce qui te fait brusquement frissonner, c’est d’entendre ses gémissements. Ce ne sont pas les petits cris suraigus des films pornos ni les soupirs délicats des films hollywoodiens. C’est comme un chant rauque, une voix grave et chaude, qui t’enveloppe et s’accorde sur le rythme de son bassin qui danse au-dessus de ta cuisse. Un flot continu de soupirs et de paroles, au début des phrases de désir et d’encouragement, puis de plaisir, de sollicitation, et de supplication, enfin, des bribes décousues. Tu chavires. Enfin, tu te dégages de son emprise pour retirer sa culotte. Tes lèvres remontent ses cuisses. Et tu t’enivres des odeurs du sexe de ta voisine, envoûtée par le chant suave qui accompagne vos ébats. Émilie ferme les yeux. Elle est perdue dans ce moment défendu. Elle qui est venue pour essayer d’offrir le corps de sa voisine à son mari se retrouve, les cuisses ouvertes, à réclamer que ta langue agile vienne la fouiller. Mais elle ne peut échapper à la chaleur qui s’empare de ses sens et à tes lèvres qui entourent son clitoris.


Et à mesure que tu t’abreuves du plaisir de ta voisine, tu sens son corps se contracter, ses mains s’emparer de ta tête pour la presser davantage vers la source de son humidité. Tes doigts descendent vers ta culotte. Tu ne peux t’empêcher. Tu frissonnes. Et le feu s’empare de toi. Il embrase ton sexe trempé pour se propager vers tes cuisses, ton bassin, ta poitrine. Ton corps entier n’est que halètement. Dans ta bouche se répand le goût voluptueux de l’interdit transgressé. Et alors, comme vos odeurs se sont confondues, vos gémissements s’accordent, et vous jouissez dans un même tremblement.


À mesure que tu reprends ton souffle, tu regardes ton amante. Émilie reste là, interdite, de longues minutes. Comme si se déroulait dans le silence implacable de sa conscience son propre procès en infidélité. Et puis elle se tourne vers toi et te dit :



Et c’est comme ça que ta voisine t’expliqua son plan.




***




Les semaines suivantes furent étonnamment calmes pour Julien. Il était à la fois soulagé et frustré que sa femme n’ait rien révélé du long dîner qu’elle avait partagé avec toi. Il avait peur de l’inconnu vers lequel son couple basculait. Mais il sentait en lui bouillir des désirs indicibles, qu’il n’arrivait pas réellement à soulager.


Alors quand Émilie lui annonça que la voisine allait venir regarder un film chez eux, il n’était pas serein. Il savait que sa femme avait toujours une idée derrière la tête. Et puis elle l’avait chauffé toute la semaine…

Ce soir-là tu étais superbe.



Et tu vis au regard flatteur de Julien qu’il approuvait la remarque de sa femme.


Et le film commence. Tes voisins sont assis sur le canapé. Émilie s’est allongée à moitié, la tête posée sur l’épaule de son mari, si bien qu’elle te tourne quasiment le dos. Par contre, ton voisin peut parfaitement t’observer, toi qui t’es assise sur un fauteuil. Julien s’est promis que ce soir il ne ferait pas d’impair. Il était un grand garçon, il saurait se contrôler. Alors il essaye de se concentrer sur le film. Ce n’est pas le moment de flancher. Mais quand il fait l’erreur de tourner le regard vers toi, il voit subitement que les deux boutons du haut de ta chemise ont sauté. En tout cas, c’est son impression. Ils étaient forcément fermés quand tu es arrivée, non ? Il l’aurait sûrement remarqué. En tout cas, ça lui fait un sacré décolleté à la voisine ! De là où il est, Julien ne peut manquer l’arrondi de tes seins. Comme deux fruits interdits qui semblent vouloir s’échapper du tissu qui les recouvre. Aussitôt, ses yeux replongent vers le film. Surtout ne pas se faire remarquer. Il fait quand même bien chaud. Pourquoi donc Émilie voulait-elle absolument voir ce film ? Il ne s’y passe rien ! Il croise les jambes, se redresse sur le dossier du canapé, et boit un verre d’eau. Rien n’y fait, il n’arrive pas à se reconcentrer sur le film. Et il ne peut s’empêcher de jeter quelques regards en coin vers la jolie voisine qui semble aussi un peu s’ennuyer.


Tu laisses échapper de discrets bâillements par moment. Julien jurerait que tu ne portes pas de soutien-gorge. Pour se donner une constance, il va ouvrir la fenêtre. Il a besoin d’air, ça doit être ça. Mais en revenant, il voit qu’il n’a pas rêvé. Ta chemise est toujours autant entrouverte. Peut-être même davantage, comme si la brise de la rue s’engouffrait sous le tissu pour aller admirer la beauté de tes seins. D’ailleurs, tu sens ta chemise légèrement faseyer au-dessus de tes tétons qui ne manquent pas de se tendre à ce doux contact. Un frisson parcourt ton corps. Il n’a pas échappé à Julien. Il ne peut plus détourner le regard du spectacle que tu lui offres. Ton voisin semble tout tendu sur son canapé. Il espère de tout cœur que sa femme ne va pas quitter le film des yeux. Mais Émilie semble toujours absorbée. Alors, tu regardes Julien bien dans les yeux, et, tout doucement, comme un geste naturel, tu glisses une main sous le tissu de ta chemise, pour caresser du bout des doigts le haut de ton sein droit. Tu as travaillé ton regard dans la glace le matin. Tu veux que ce soit un regard de défi. Que l’innocence de tes yeux purs se constelle de nuances de séduction, de gourmandise, voire de perversité. Que tes yeux accrochent les siens, pour que s’entrelacent à distance vos pensées inavouables. Et qu’il voit dans tes iris brillants de désir tout le plaisir que ce corps offert à son regard pourrait lui procurer. Tu ne lâches pas ton voisin des yeux. Et tu sens l’humidité envahir ta culotte. Tu te mords la lèvre inférieure pour ne rien révéler à Émilie du trouble qui t’anime. Les joues de Julien s’empourprent et il ne peut détourner les yeux, sauf pour jeter des petits coups d’œil inquiet vers sa femme. Son sexe emplit maintenant son pantalon, et il se repositionne pour tenter de masquer l’effet que tu lui fais. Mais il voit bien que tu ne peux manquer de constater la vigueur de son émoi.


Ta main est simplement posée sur le haut de ta poitrine. Tu laisses quelques minutes s’écouler. Tu sens toute l’attention de Julien peser sur ton corps. Mais tu aimes être admirée. Et lire dans son regard flatteur la beauté de ton corps exhibé. Délicatement, ta main droite quitte l’entrebâillement de ta chemise pour venir se poser sur tes cuisses, que tu as progressivement entrouvertes. Et, toujours le regard fixé dans celui de Julien, tu fais progressivement remonter un doigt vers l’intérieur, jusqu’à venir effleurer ta culotte. Tu écartes légèrement le tissu pour récolter au bout de ton index quelques gouttes de ton désir. Tu vois le cou de Julien s’allonger pour tenter en vain de ne pas perdre l’action qui se passe au creux de tes cuisses. Alors, tu retires ton doigt et d’un geste sensuel tu le portes à ton visage. Tu le passes doucement sur tes lèvres entrouvertes, comme pour les humidifier. Puis tu le replonges entre tes cuisses avant de le porter à nouveau à ta bouche pour le sucer du bout des lèvres. L’effluve de ton désir interdit emplit ton palais. Un voile passe dans le regard de Julien qui tente par tous les moyens de ne pas perdre le contrôle. Tu jurerais que tu as vu son pantalon se tendre par à-coups, sous l’effet des pulsions de désirs de ton voisin. Mais il ne peut pas bouger, car cela attirerait l’attention d’Émilie toujours allongée contre lui.


Soudain, Émilie se redresse, et se repositionne contre son mari. Julien retient son souffle. La main de sa femme se pose délicatement sur sa cuisse, puis remonte sous sa chemise pour aller se positionner sur ses abdos. Il sait à quel point elle aime flatter du bout des doigts chacun des muscles de son ventre. En remontant sa main, Émilie ne peut manquer de constater la tension de son pantalon.


Mais, à sa grande surprise, Émilie ne réagit pas. Elle a les yeux toujours rivés sur l’écran. Elle caresse toujours le ventre de son homme. Le temps se fige. Et soudain, ton voisin sent les doigts légers de sa femme descendre sa braguette pour soulager un peu l’inconfort qui tend son entrejambe. C’est maintenant Julien qui se mord la lèvre. À travers son caleçon, il sent la main habile de sa femme épouser le contour de son sexe, comme pour en vérifier la fermeté. Julien voit bien à ton regard amusé que tu n’ignores rien de ce qu’il se passe dans son caleçon. Il est si gêné. Il voudrait disparaître, mais il ne peut détourner le regard de ton corps qui le trouble tellement.


Alors le visage d’Émilie remonte à l’oreille de Julien. Elle lui glisse quelques paroles dans un murmure. Tu vois ton voisin tressaillir. Émilie se relève, prend son homme par la main et va l’installer confortablement sur le fauteuil de sa chambre. Puis elle revient te chercher. Tu te déshabilles pour ne plus conserver que ta lingerie : le maillot rouge que ta voisine t’avait subtilisé. Ce maillot même qui fera comprendre à Julien que c’était sa femme qui lui offrait en spectacle ce corps sublime. Émilie t’embrasse du bout des lèvres, comme pour te donner la force de continuer ton rôle, puis te prend par la main pour aller rejoindre son mari. Tes jambes vacillent en entrant dans la pièce. Autant régnait dans le salon une atmosphère de séduction sensuelle et délicate, autant la chambre devient le royaume de la luxure. Comme si une fois cette porte franchie, tes voisins avaient abattu le dernier obstacle qui les retenait. Qu’en les rejoignant dans l’intimité du lieu où ils développaient leurs scénarios érotiques, tu faisais le pas nécessaire à ce qu’ils se laissent aller aux désirs qui les brûlent. Dans cette chambre, il n’était plus question de fantasmer. Enfin, ils allaient te baiser.


Émilie t’installe à quatre pattes sur son lit. Le lit de leur mariage. Sur les draps dans lesquels leurs deux filles ont été conçues. Et ainsi obéissante, offerte, mais interdite, tu prends la position qu’elle te dicte. Cambrée. Un long silence emplit la pièce. Émilie aime prendre son temps. Ses doigts frôlent tes bras, ta nuque, tes seins, jusqu’à t’arracher un soupir. Tu sens le regard de Julien dans ton dos qui a une vue imprenable sur tes fesses. Et tu comprends dans un souffle que c’est l’objectif final d’Émilie. Que si elle t’a placée comme ça c’est pour offrir ta croupe à son mari.


Tu frissonnes quand tu sens les doigts d’Émilie les frôler. Elle décrit à voix basse la sensation à son homme. La douceur de tes fesses, leur fermeté, leur élasticité. Tu fermes les yeux, ce moment est d’une grande sensualité. Jusqu’à ce qu’Émilie ne puisse plus se retenir, et s’empare à pleines mains de tes fesses pour les écarter et offrir ta raie impudique au regard de son homme. Tu sens une chaleur s’emparer de tes joues.



Tu te mords la lèvre pour ne pas trembler. Et, prise d’une pulsion irrépressible, tu te cambres un peu plus pour tendre davantage tes fesses vers ton admirateur. Tendrement, le doigt humidifié d’Émilie parcourt ta raie, pour assouplir, apprivoiser, l’objet de ses désirs. Et c’est comme ça que tu sens son index s’aventurer en toi. Et toi qui as toujours refusé la sodomie, tu acceptes docilement de te faire baiser par ce doigt qu’Émilie fait coulisser longuement dans ton trou étroit. Et tu y trouves un plaisir que tu n’aurais jamais soupçonné. Autant physique que cérébral, ce plaisir d’exhiber tes parties les plus intimes, de transgresser cet interdit, de les savoir scruter ton cul ouvert, offert en présent par une femme aimante à son mari. Et surtout d’entendre les mots d’Émilie qui décrit à son homme chacune de ses sensations et chacune de tes réactions.



Tes bras flageolent de convoitise et tu enfonces ta tête dans les oreillers. Tes fesses continuent de se tendre vers ce doigt qui te fouille.


Mais à ton grand désespoir, ta voisine s’écarte. Tu entends le parquet grincer. Et soudain, tu sens une langue agile t’embrasser les fesses et s’approcher de ton œillet par cercle concentrique. Celle d’Émilie ? Celle de Julien ? Et c’est précisément à ce moment-là, à quatre pattes sur le lit de tes voisins, une langue tournant autour de ton anus, que tu capitules. Que les mots s’échappent de tes lèvres sans aucun contrôle. Que tu te mets à les supplier de continuer, de te baiser, d’aller plus loin avec la langue, de te faire jouir ! Que tu feras ce qu’ils voudront ! Et de fait, ils font de toi ce qu’ils veulent. Des mains viennent s’emparer de tes tétons pour les pincer fermement. Une autre vient tout doucement constater l’humidité de ton sexe. Un souffle chaud résonne dans ton oreille. Tes lèvres s’accrochent successivement aux lèvres de tes amants, aux seins d’Émilie et au sexe de Julien, qui te semble sur le point d’exploser quand ta langue gourmande en fait le tour. Un doigt revient dans ton cul. Ta raison faiblit. Tes mains se crispent autour de l’oreiller. Tes yeux se ferment. Tu te laisses aller aux désirs impérieux de tes voisins. Et le son pur de ta jouissance se répand dans la chambre.


Tu t’effondres sur le lit, le souffle court. Tes sens sont engourdis, comme sonnés de la violence du plaisir qui les a pénétrés. Tu comptes les battements de ton cœur pour tenter de reprendre tes esprits. Enfin, tu as le courage d’ouvrir les paupières. Émilie et Julien te regardent. Leurs yeux sont brillants. De désir, mais aussi d’émotion et de reconnaissance. Car ils savent bien que tu leur as fait le cadeau de t’offrir complètement. Que tu n’as pas triché ! Et dans le silence profond qui règne dans la pièce, Émilie et Julien s’enlacent enfin pour la première fois de la soirée.


Alors, tu vas t’installer dans le fauteuil pour reprendre tes esprits. Curieuse, un peu intimidée, tu veux profiter du spectacle de tes voisins. Tu découvres le corps de Julien. Un corps aussi ferme et sec que celui de sa femme est voluptueux. Ses bras se contractent et ses abdos se durcissent pour soulever Émilie et la déposer sur le lit. Tu vois surtout son sexe se tendre et vibrer alors que sa bouche s’empare des seins de son amour. C’est presque émouvant d’entrer ainsi dans l’intimité de ce couple. Comme si tu assistais à la représentation du spectacle qu’il répétait en secret depuis toutes ces années. Chaque geste est d’une tendresse infinie et d’une précision absolue.


Mais ce moment délicat ne dure pas. Tu sens qu’une nouvelle atmosphère se répand la pièce. Car Julien découvre sur les lèvres de sa femme le parfum capiteux de ton sexe. Et sous les yeux languissants d’Émilie, son mari se transforme. Tout empli des désirs du canapé et du lit, il devient celui qu’il avait mainte fois décrit à sa femme dans ses fantasmes. Soudain, tu perçois la force de cet homme s’emparer totalement du corps de son amante. Ses mains se font puissantes et s’emparent vigoureusement des cuisses d’Émilie. Il la plaque face au mur, les jambes écartées, à la manière des suspects fouillés par les policiers américains dans les séries. Tu observes les doigts de cet homme agripper les cuisses de sa femme, lui tordre les hanches et s’emparer de ses seins. Tu vois son sexe tendu se presser entre les fesses d’Émilie pour en apprécier la douceur. Tu saisis la frénésie qui s’empare de tes voisins. Et enfin, Julien possède sa femme.


Ton regard ne peut se détacher des fesses de ton voisin, plus fermes et creusées à chaque fois que son sexe pénètre Émilie. Il retourne sa femme, sans ménagement, mais sans brutalité. Il la soulève, les jambes d’Émilie viennent s’enrouler autour du corps de son homme, pour lui permettre de venir en elle. Et, à chaque à-coup, Émilie laisse échapper un feulement plus fort. Son dos la brûle quand il frotte sur le mur rugueux. Mais la chaleur qui se répand dans son sexe est bien plus vive. Et tu rencontres les yeux d’Émilie qui te regardent, mais ne te voient pas. Elle n’est plus que ce corps soumis aux assauts de son mari. Ce corps chaud et humide qui supplie d’être pénétré, vaincu par le désir fougueux de son homme. Ce désir de la voisine qu’elle a su si bien attiser. Ce désir qui l’a fait chavirer, et perdre la tête. Ce désir qui les unit parfaitement ce soir.


Tu as le privilège d’assister à ce rare spectacle où deux corps ne font plus qu’un. La même urgence s’empare de leurs sens, la même vibration les anime, le même souffle chaud les enveloppe. Et pendant que leurs gémissements emplissent tes oreilles, tu comprends enfin ton rôle dans cette histoire. Que, grâce à toi, cet homme et cette femme ne sont pas tout à fait les mêmes que d’habitude ! Et que ce soir, cet homme ne jouit pas de sa femme comme d’un poème unique, mais écrit en elle la nouvelle page de leur aventure sexuelle.


Julien et Émilie s’écroulent sur le lit, comme vidés par l’intensité de leur orgasme.


Tu sais ce qu’il te reste à faire. Doucement, tu t’écartes du lit, ramasses tes affaires, et, sur la pointe des pieds, tu t’en vas, pour laisser à tes voisins le temps de se retrouver. Et, avant de refermer la porte de la chambre, tu vois les corps d’Émilie et Julien, l’un sur l’autre, les yeux fermés, l’un dans l’autre, mêlés d’amour et de sueur. Et tu comprends qu’il y a là sur le lit deux consciences à moitié éveillées, à mi-chemin entre ici et là, qui bientôt s’en retourneront tout à fait dans notre monde. Comme deux voyageurs que la route a exténués, mais qu’un étrange ailleurs a révélés, ils fouleront autrement leur vie. Car tes voisins ne sont pas sédentaires de cœur. Et le temps ne coule pas pour eux pour les user ou pour les perdre, comme la poignée de sable, mais au contraire les accomplit dans leur amour.