n° 20981 | Fiche technique | 57782 caractères | 57782 9721 Temps de lecture estimé : 39 mn |
30/06/22 |
Résumé: Un peu un conte des temps modernes, sans prise de tête. | ||||
Critères: #humour #aventure #policier fh hplusag inconnu uniforme caférestau fête douche amour caresses cunnilingu préservati pénétratio | ||||
Auteur : Radagast Envoi mini-message |
Assise sur un banc, la jeune femme grignotait son maigre sandwich, pensive, laissant le soleil lui réchauffer le dos. Cependant, elle hésitait à ôter sa veste style militaire, car dessous elle ne portait qu’un T-shirt fin, un peu juste pour cette journée ventée de mi-avril, et surtout, il arborait quelques taches disgracieuses et un trou ornait son aisselle. Son jean et ses chaussures avachis n’amélioraient guère sa tenue.
Brune aux yeux chocolat, une poitrine à peine ébauchée, longue et élancée, elle ressemblait à un jeune félin efflanqué. Elle faisait durer le plaisir du sandwich, ne sachant quand se présenterait son prochain repas. Quelques mèches de ses cheveux coupés à la sauvette flottaient dans le vent.
Telle une chatte, elle feignait l’indifférence à son environnement, elle se tenait en réalité sur le qui-vive, prête à déguerpir au moindre mouvement suspect. Elle essayait de se fondre dans le paysage, exercice réussi, personne ne lui prêtait attention.
Pas ces touristes asiatiques qui mitraillaient n’importe quoi en rafales photographiques, ni cette femme d’affaires attaché-case en main et téléphone greffé à l’oreille, ou même encore cette mamie qui déambulait au bras de son aide-soignante, personne ne jetait un regard sur cette jeune femme mal fagotée, peut-être bien sans domicile et certainement sans revenus. Les braves gens évitent de regarder ce qui les indispose dans leur petite vie tranquille, évitent de regarder la misère en face.
En règle générale, les flics surveillaient de près la présence de SDF sur la Croisette et venaient les faire déguerpir rapidement. Cette fois, ce devait être l’heure du Pastaga.
Elle terminait son repas quand elle vit s’approcher un grand escogriffe qui trottinait en compagnie d’un type trapu. Le baraqué était tout de noir vêtu, T-shirt et short, tandis que l’autre ressemblait à un grand perroquet jaune, bleu et rouge.
Y’en a qui ne doutent de rien ! se dit la jeune femme en se marrant doucement.
Elle remarqua aussi du coin de l’œil trois types dont les tenues et l’allure déparaient autant que la sienne dans le cadre ambiant. Sweats à capuches, pantalons de treillis et Doc Martens apparurent comme par magie et se dirigèrent vers les sportifs du dimanche qui n’avaient encore rien remarqué.
La jeune femme se tendit tel un ocelot, soit s’apprêtant à fuir ou au contraire intéressée par le spectacle qui se préparait. À dix mètres environ des joggeurs, les trois gugusses se mirent à courir et fondirent comme des faucons pèlerins sur les deux pigeons. Le grand type fit oh tandis que son accompagnateur le bousculait, le plaquait contre la rambarde et s’interposait entre les agresseurs et son patron.
La jeune femme venait de comprendre, le cacatoès était une grosse huile et l’autre son garde du corps.
Un poignard apparut dans une main, le gorille tenta de repousser le premier assaut en bloquant un coup de poing, mais reçut une longue estafilade sur le thorax.
Trois contre un – le cacatoès ne comptait plus –, et de plus armés, le combat n’était guère équilibré. Ayant déjà eu affaire à l’indifférence des passants alors qu’elle se trouvait dans la même situation, elle n’hésita pas un instant. Elle se doutait que sa bonne action allait lui retomber sur la gueule, mais on ne se refait pas !
Telle une guéparde – paraît que ça ne se dit pas, mais je fais ce que je veux – elle s’élança vers le lieu de l’altercation. Les trois sweats à capuches comme elle les nommait ne la virent arriver qu’au moment où elle leur tomba dessus.
Un coup de pied sur le côté de la rotule, et sweat au couteau gueula comme un goret. Il se tut avec un coup de coude dans la mâchoire.
Le troisième tenta de lui agripper le bras de sa grosse paluche poilue. Il voulait la ramener contre lui et procéder à un étranglement, sa spécialité. Ce n’est pas une gonzesse de cinquante kilos toute mouillée qui allait lui faire peur.
Certains ont eu la mauvaise idée de choper un mamba ou un scorpion à main nue. C’est ce qu’il se dit en sentant son bras se tordre, le coude se retourner. Il y eut divers craquements et sweat costaud pleurait et hurlait après sa maman, agenouillé, le bras serré contre lui.
Il ne faut jamais laisser un ennemi à moitié estourbi derrière soi, premier précepte du CPLS, aussi se retourna-t-elle au moment où sweat à matraque se relevait. Un coup de talon dans les bijoux de famille le replia en deux définitivement. Ce que les sweats à capuche ne pouvaient deviner, c’est que les croquenots avachis étaient en fait de solides chaussures de sécurité.
Comme sweat costaud gueulait de plus en plus fort, il reçut un coup de poing qui lui brisa le nez et l’envoya au pays des songes.
En sept secondes, les trois sweats étaient allongés, inconscients et en très mauvais état.
Le garde du corps tentait de se relever et de s’occuper de son client. Il perdait passablement du sang et devait souffrir de sa blessure.
Sur ce, la cavalerie rappliqua en retard comme d’habitude. Cavalerie composée de six agents de police municipaux répartis dans trois Duster. Ils l’examinèrent d’un œil torve. Entourée de cinq types inanimés, les mains en sang, vêtue de bric et de broc, toutes les premières constatations allaient contre elle. Mais elle les prit de court.
Pendant ce temps, des touristes filmaient et photographiaient à qui mieux mieux tandis qu’un équipage du SAMU débarquait. Les flics voulaient passer les menottes à la jeune femme qui gueulait de plus en plus fort.
À cet instant, un autre étrange personnage se radina. Un autre perroquet chatoyant, tout de rouge, vert et jaune vêtu.
Il donnait de petites tapes de son Panama sur les épaules des flics. Le SAMU embarqua les inconscients dans diverses ambulances, la donzelle et le perroquet panaméen furent menottés et emmenés au poste pour interrogatoire.
ØØØ
À la maison Poulaga, on commença par prendre les empreintes, puis seulement après, à écouter les appréhendés.
La jeune femme ne pipa mot, elle savait que quoi qu’elle dise, ça serait forcément de sa faute. Il en allait autrement du petit gros coloré. Il réclama à cor et à cri son avocat, qui arriva dans le quart d’heure. Arrivée qui plongea les flics dans le plus grand désarroi, le gaillard étant un ténor du barreau. Assisté de son baveux, le cacatoès consentit à faire sa déclaration.
Les flics municipaux refilèrent le bébé à la police nationale, qui interrogea la jeune femme. Agathe De Poheur, pas de casier, sans domicile fixe.
Ils allèrent ensuite prendre les dépositions des agresseurs – du moins ceux qui pouvaient encore parler – qui mirent de la mauvaise volonté à expliquer ce qu’ils foutaient là, tout juste si c’était pas une folle qui leur était tombée sur le dos alors qu’ils devisaient tranquillement chiffons avec les deux sportifs. Tout juste daignèrent-ils décliner leur identité : Victor Hugo pour l’un, Albert Einstein pour le second et Louis Pasteur pour le dernier. Les policiers eurent cependant quelques doutes sur la véracité des dires, sans carte d’identité, allez savoir.
Ils indiquèrent ensuite qu’ils avaient des enregistrements de vidéo-surveillance et qu’une confrontation avec la folle s’imposait.
Les trois Pieds Nickelés devinrent alors intarissables, expliquant qu’un type leur avait proposé un paquet de thunes pour estourbir TSF.
Agathe De Poheur fut remise en liberté, sans que rien ne soit retenu contre elle. Il faut dire que Maître Rocci Siffrédo, l’avocat de TSF la prit sous son aile, un ténor du barreau de Nice, personne n’osait s’y frotter.
ØØØ
À sa sortie du commissariat, Agathe retrouva Hubert Margeolais qui l’attendait.
Confucius a dit : Ne refuse jamais un repas gratos.
Alors qu’ils s’installaient à une table d’un restaurant étoilé, Agathe ôtait sa veste et la posait sur la chaise. Hubert, indifférent aux regards incrédules ou courroucés des clients et des larbins devant la tenue débraillée de la jeune femme, entama la conversation.
Il se demandait si son accoutrement n’y était pas pour quelque chose. Des vêtements propres, mais dépareillés et ayant eu une longue existence avant de se retrouver sur elle. De même que sa coiffure, cheveux bruns coupés court à la va-comme-je-te-pousse et partant en épis dans tous les sens.
Hubert réfléchit quelques instants, mais il fonctionnait à l’instinct, au feeling comme disent les Anglois. Cette gamine lui plaisait.
Agathe dégustait son caviar d’aubergines et œufs mollets aux truffes tout en réfléchissant. Un job, avec une vedette de cinoche. Bien sûr, elle ne pourrait plus aller et venir à sa guise, il pourrait y avoir des risques, mais elle en avait vu d’autres, par contre avoir un toit, ne plus se creuser la tête pour prendre un repas, une douche, trouver un lit, ne plus se faire de souci pour le lendemain…
ØØØ
Les choses sérieuses commencèrent étrangement à se compliquer dès le retour de Thibault Saint-Ferrant.
Thibault Saint-Ferrant, dit TSF, acteur, vedette internationale, célèbre pour ses rôles de super-héros, d’espion, de justicier, de jeune premier romantique. Célèbre aussi pour sa vie privée et ses conquêtes féminines innombrables, de jeunes starlettes ou de mannequins uniquement blonds et fortement pourvus en nibards.
Grand séducteur devant l’éternel, il faisait les unes de toutes les publications pour hall de gare, cabinet de dentiste ou salon de coiffure et des sites d’infos à sensation sur internet.
À ce moment, Agathe intervint.
Hubert demanda un temps mort, comme au basket, main à plat sur le bout des doigts.
Ils se turent, TSF et Agathe se lançant des regards venimeux par-dessus la table.
Terrain dangereux ! se dit l’artiste. Dans un geste de conciliation, il fit une énumération des obstacles.
Agathe éclata de rire en voyant Hubert mimer une poitrine énorme, au moins du cent cinquante F.
Elle n’allait pas laisser filer une telle occasion.
ØØØ
Allongée sur un lit un peu plus grand qu’un court de tennis, elle réfléchissait à ses aventures de la veille.
Putain-de-nom-de-dieu-de-bordel-de-merde, regarde où tu te retrouves, ma vieille. Cinq mille euros par mois – une fois que son compte serait ouvert ! – D’accord, fallait risquer sa peau pour protéger l’autre zig, et surtout passer pour sa fiancée. Se prenait pas pour de la merde, ce type ! D’accord, il est pas mal, grand, baraqué, les tifs bruns en bataille organisée, les yeux bleus, mais un ego gros comme un troupeau de baleines à bosse.
Une baraque où il te faut un GPS pour aller d’une pièce à l’autre, une piscine, une salle de sport, même un mini cinoche. Sans oublier la piaule, avec sa salle de bain, s’il vous plaît, le lit aussi moelleux qu’une crème chantilly, et des larbins partout, qui sont à mes petits soins, qui ont récupéré mes vêtements pour les laver…
… Mes vêtements, bordel, au secours, je suis à poil !
Elle se précipita dans la salle de bain, y trouva un peignoir aussi épais que le compte en Suisse de certains ministres. Elle se dit que tant qu’à faire, elle pouvait faire une toilette. Bien qu’elle tenait à avoir une hygiène irréprochable, elle se lavait souvent à la sauvette, comme un chat, avec trois gouttes d’eau dans une coquille d’œuf. Là, elle se rattrapa, fit mousser tout ce qui pouvait faire des bulles.
Quand elle sortit, elle avait la peau rose et douce, mais toujours aucun vêtement. Elle enfila le peignoir et passa la tête à la porte de sa chambre, ne vit personne dans le couloir. Elle s’aventura un peu plus loin, attirée par une odeur de pain grillé, de café et de chocolat.
Une dame d’un certain âge s’affairait aux fourneaux. Cheveux grisonnants en chignon, la taille enrobée et un fort popotin.
La femme se retourna en faisant un saut de cabri.
Elle ne s’étonna point de se faire interpeller par son prénom par une inconnue.
Oubliant momentanément sa contrariété vestimentaire, Agathe sentit son estomac glouglouter.
Sur ces entre-faits, Thibault Saint-Ferrand entra, tel un cacatoès géant, mais un cacatoès en sueur.
La dénommée Mathilde éclata d’un rire tonitruant.
ØØØ
Le soir, dans une boîte hyper branchée de la ville, le couple fit une entrée remarquée.
Ils n’arrêtaient pas de se lancer des piques depuis le début de l’après-midi. Il avait tenu, en amoureux transi, à accompagner sa « dulcinée » faire du shopping. Surtout que nombre de paparazzis les filaient.
Grands sourires à l’appui, ils ne cessaient de se chamailler sur le type de vêtements à porter. Il se rendit compte lors d’un essayage que la jeune femme possédait de fort jolies jambes bien musclées.
Ils revinrent à la villa du Furieux, comme la nommait Agathe, chargés comme des mulets, avec une quantité indécente de frusques. Elle n’en avait jamais eu autant de toute sa vie. Elle fit quelques concessions, acceptant quelques strings et mini-jupes, et TSF cédant sur des pantalons et des robes longues.
Des vêtements de sport et des escarpins aux talons vertigineux complétaient l’ensemble. Ils tombèrent cependant d’accord sur un point : nul besoin de soutien-gorge vu le faible gabarit mammaire de l’intéressée.
Elle dut en passer aussi par la case soins du corps/épilation/coiffeur/manucure et autres conneries. Elle admit cependant que le jeu en valait la chandelle. Elle se sentait bien mieux après ces papouilles, bien qu’elle se sentit frileuse avec sa pelouse bien éclaircie. Elle suivit des cours accélérés de déplacements en escarpins à échasses, déplacements facilités par sa pratique des sports de combat.
Ils avaient déjà fait sensation dans un restaurant huppé à Èze. Elle se tenait bien droite, craignant faire une connerie avec les fourchettes et couteaux disposés autour de l’assiette. Elle s’en sortit avec les honneurs en copiant sur son employeur et ses voisins de table. Elle dut admettre qu’elle n’avait jamais rien avalé d’aussi délicieux.
Thibault caressait la main de la jeune femme, lui embrassait le bout des doigts.
Elle lui fit un petit sourire mutin.
Un type cauteleux s’approchait en se faufilant entre les tables, droit vers eux.
Ils se serrèrent la main, le Maurice détailla ensuite Agathe d’un regard porcin, s’attardant sur les petits seins à peine dissimulés par un top en dentelle, sur les longues jambes et le short moulant. Tout juste s’il ne se passa pas la langue sur les lèvres en faisant un grand Slurp envieux.
Ils discutèrent boutique quelques minutes sans que le regard de saurien affamé ne lâche un instant la jeune femme.
Il éclata de rire, serra la jeune femme dans ses bras et l’embrassa.
Elle ne dit rien quand une langue aux arômes de vanille investit sa bouche, mais en bonne élève actrice elle glissa ses doigts dans la douce chevelure de la vedette et arracha un cheveu. C’est pour le string que tu m’as forcée à mettre, marmonna-t-elle en l’embrassant. Je me vengerai, promit-il de la même manière.
Une fois seuls, Thibault lui avoua qu’il voulait tester le self-control de sa garde du corps, sa capacité à jouer le jeu, mais aussi qu’il en avait envie !
Elle fut ensuite accaparée par une blogueuse et youtubeuse, influenceuse, instagrammeuse célèbre, qui relayait tous les potins de la planète people et avait une réputation d’hyène venimeuse. En somme, une grosse emmerdeuse, se dit Agathe.
L’autre partit en titubant, sonnée par l’information. Elle se demandait comment traiter cette révélation et en faire part à ses followers.
ØØØ
Le lendemain, Agathe visitait la salle de sport privée de TSF, un local rempli d’instruments de torture, genre vélo elliptique, haltères, tapis de course, stepper et rameur.
Une zone couverte de tatamis devait faire office de lieu d’entraînement aux sports de combat. TSF et un type baraqué attendaient la jeune femme. L’acteur ressemblait à un matou qui se préparait à faire une farce à une souris.
L’Anglais, petit sourire aux lèvres, salua Agathe d’une courbette, elle y répondit d’un signe de tête.
Alors que l’autre se mettait en position de combat, elle se tenait à quelques pas de lui, décontractée et insouciante. Le gars lança une attaque foudroyante, un coup de pied à la tête.
TSF ne comprit rien, mais il vit Nelson partir en vol plané à l’autre bout du tatami. L’anglais non plus ne comprenait pas ce qui venait de lui arriver, mais vexé comme un coq, il se rua de nouveau sur la frêle jeune femme, et se retrouva allongé sur le ventre, une clef au bras et un genou dans les reins. Il gueulait plus de rage que de douleur.
Elle le releva gentiment et lui épousseta le kimono. Perfide comme tous les habitants d’Albion, il profita de se trouver contre Agathe pour tenter une prise à la gorge. Il se retrouva à genoux, les doigts tordus dans un étau.
Il venait de se faire ridiculiser par une gamine de soixante kilos à tout casser, la honte ! TSF demanda alors à faire un essai contre elle.
Prudent, il ne l’approcha pas trop au début, préférant esquiver, mais il se fit quand même attraper et se retrouva sur le dos, avec une Agathe assise sur le haut de sa poitrine, les genoux de chaque côté du visage.
Alors qu’ils quittaient la salle, TSF lui posa une question déstabilisante.
ØØØ
Fier comme un paon, TSF fit faire le tour de sa dernière acquisition à Agathe. Un monstre bleu nuit, profilé comme un squale. La fiancée-garde du corps comprenait maintenant pourquoi Thibault avait insisté pour qu’elle porte une petite robe bleue. Un gamin.
Elle lui jeta un regard noir quand il lui ouvrit la portière. Ils se rendaient à une autre soirée pour célébrer elle ne savait quel évènement au Palais des Congrès à Nice. Elle dut admettre que se déplacer dans cette voiture était un pur délice.
Les flashes les accueillirent tandis qu’un voiturier emmenait la chignole.
La raison de cette sortie étant une fête organisée à l’occasion de la fin du tournage du dernier film de TSF, L’amain de masseur, un thriller psychologique. Quand Agathe rencontra le premier rôle féminin, elle se dit qu’il lui fallait revoir ses notions de psychologie, au vu de l’avant-scène et de l’arrière-train de l’actrice. Vu la taille de ses nénés, je manque de psychologie !
Le nombre de femmes de tous âges en pâmoison qui hurlaient le nom de TSF était impressionnant, le nombre de petites culottes victimes de combustion spontanée tout autant. Pour certaines, rien qu’à crier le nom de Thibault, elles atteignaient l’orgasme, peut-être même une grossesse miraculeuse !
Par miracle Agathe arrivait à tenir sur ses escarpins himalayesques, mais doutait pouvoir courir, au cas où !
Ils serrèrent des mains, firent des bises, elle échangea des regards féroces avec d’ex-fiancées, ou certaines qui se seraient bien vues à sa place, bref rien que du banal dans ce petit monde de faux-culs. Ils burent quelques flûtes de champagne, goûtèrent à des mini-burgers foie gras-gambas accompagnés de chantilly à la truffe, ou canapés de caviar à la fraise. Agathe chercha en vain un endroit pour se débarrasser de ces trucs dégueu et finit par les fourrer dans la pochette d’une vieille à moitié bourrée.
Une heure après leur arrivée, ils tentaient de s’éclipser discrètement sous les flashes des paparazzis.
Arrivés en haut des marches du Palais des Congres comme le nommait Agathe, son instinct de fille de la rue l’alerta qu’un truc pas net se préparait.
Aussi, lorsque le voiturier sortit de l’Acura, elle remarqua de suite la Mercédès noire qui s’approchait tous feux éteints, au ralenti.
La vitre de la berline s’abaissa et Agathe hurla : À TERRE ! tout en bousculant TSF qui s’affala sur le ventre.
Elle venait de voir apparaître un vilain objet au mufle trapu, un gros révolver qui expédia quatre grosses pralines qui firent exploser les glaces de la porte et gicler quelques morceaux de marbre, sans que personne, ô miracle, ne soit touché.
La foule criait, les paparazzis s’enfuyaient comme une volée de moineaux et la Mercédès redémarrait sur les chapeaux de roues⁽¹⁾.
Elle se précipita vers le voiturier, lui arracha les clefs des mains et s’installa au volant.
TSF se dit qu’elle devrait suivre une psychothérapie, elle avait un sérieux problème avec les petites culottes.
Elle avait retiré ses escarpins, s’estimant incapable de conduire avec ces instruments de torture.
Plaqué le dos contre le dossier, TSF éprouvait quelques difficultés à respirer. La berline allemande avait cinq cents mètres d’avance, mais plus pour longtemps vu la façon dont Agathe tenait le volant.
Là-bas, au loin, la Mercedes venait de monter sur le trottoir et faisait s’envoler tables et chaises des bistrots. Un passant lâcha les dix rouleaux de PQ qu’il venait d’acheter.
L’Acura déboula et envoya le papier toilette dans les airs, créant de jolies inflorescences roses.
Les deux voitures remontèrent à toute vitesse la rue du Père Inet, traversèrent en trombe la Place du 14 juillet.
Agathe collait au cul de la voiture allemande, beaucoup plus lourde et moins agile.
Les poursuivis essayaient de rejoindre la Grande Corniche, espérant vainement semer les poursuivants.
Très loin derrière eux, ils entrevoyaient les gyrophares des flics.
Agathe faisait des zigzags derrière la bagnole noire pour essayer de la dépasser et la bloquer, le chauffeur affolé commit une erreur dans un virage. L’arrière chassa un peu trop, il contrebraqua, mais fut emporté par son élan et la voiture traversa un parterre de roses, toucha un petit talus de terre et s’envola gracieusement dans les cieux. L’Acura s’arrêta dans un grand dérapage contrôlé, projetant terre et cailloux. Agathe sortit de la voiture toujours aussi furax.
Thibault tituba sur quelques mètres et dégueula allègrement ses toasts myrtille-caviar dans les roses en faisant de grands Beuhar.
ØØØ
Loin en dessous de la route, Madame et Monsieur Van Danleewoils recevaient leurs enfants et petits-enfants dans leur villa dotée d’un panorama fantastique, la Grande Bleue dans toute sa splendeur.
Au bord de la piscine à débordement, toute la famille sirotait qui un apéritif, qui un jus de fruits. Frank et Marisa Van Danleewoils exerçaient autrefois la noble profession de bijoutiers, mais passaient maintenant leur retraite sur la Côte d’Azur.
Andrej Van Danleewoils, le petit fils, testait toutes les applications de son nouveau jouet, un AïeFoune⁽²⁾ dernière génération. Il filmait tout ce qui lui tombait sous le regard quand une grande ombre cacha le soleil, il leva l’objectif et vit une voiture volante, avec deux énergumènes à l’intérieur qui gueulaient ENCULLLÉÉÉS à pleins poumons.
Toute la famille se tut et regarda bouche bée ce prodige. Puis la bagnole atterri dans le bassin natatoire⁽³⁾ en un grand splash, inondant toute l’assemblée.
Les Airbags se déclenchèrent aussitôt, assommant à moitié les occupants. La famille Van Danleewoils se remettait à peine de ses émotions lorsqu’une furie en robe de cocktail déboula sur la terrasse.
La Mercédès sombrait lentement en faisant des Glous et des Blurps.
Pendant ce temps, Andrej, le fils, filmait tout, surtout la belle jeune femme qui était en train d’extraire manu militari les occupants de la grosse berline et de leur foutre une raclée. L’eau faisait devenir transparente la petite robe de la belle énervée alors que ses petits seins gigotaient à tout va, à la grande joie du gamin.
Puis un grand type baraqué fit son apparition, essoufflé, grand type qui se remplit un grand verre de ouisky sans demander la permission et l’avala cul sec.
Thibault l’admirait bouche bée. Jamais il n’eût songé qu’un si petit modèle puisse être aussi séduisant, lui qui faisait dans la grande bringue blonde devait bien admettre que les petites brunes piquantes méritaient le détour.
Puis, pour compliquer encore un peu les choses, deux policiers municipaux, bientôt suivis par une dizaine d’autres envahirent la propriété.
Comme d’habitude, ils ne savaient que faire ni qui interpeller.
Comme ils semblaient avoir encore une dent contre elle – ils s’étaient pris une engueulade monstre par le maire, le préfet et le commissaire – ils voulurent lui passer les bracelets. Mais TSF et toute la famille Van Danleewoils s’interposa dans un grand brouhaha.
Pour ajouter un peu de chaos à la confusion, des journalistes tentaient de pénétrer dans la propriété, à la grande joie de Rox et Rookie, les deux bergers allemands qui ne savaient où donner du croc, ces deux braves toutous se décarcassaient pour protéger la maison de leurs maîtres.
Puis le commissaire rappliqua, suivi du premier adjoint au maire. La situation se décanta très vite, les truands furent menottés et embarqués.
Le commissaire et le premier adjoint firent une conférence de presse improvisée, il est rare de voir une course poursuite digne de Bullit ou d’un James Bond dans les rues de la ville :
La soirée se termina en signature d’autographes et en ego-portraits en compagnie de la famille Van Danleewoils et des flics, alors qu’en arrière-plan la Mercedes gisait au fond de la piscine.
ØØØ
De retour à la maison, en Acura, mais avec Thibault au volant – Dupont et Dupond voulurent retirer le permis d’Agathe, mais faillirent faire un malaise quand elle déclara ne pas en avoir –, il prit la main de sa pseudo fiancée et lui dit d’une voix émue :
Il lui caressa la joue, elle ferma les yeux. Était-ce l’excès d’adrénaline dû à la fusillade et à la course-poursuite, l’alcool offert par les Van Danleewoils ou plutôt une attirance réciproque, toujours est-il qu’Agathe sauta au cou de Thibault, l’embrassa à pleine bouche, lui laissant à peine le temps de respirer.
Certes, elle maîtrisait à la perfection les arts martiaux, mais elle ne fit pas de grands efforts pour le terrasser, car il ne faisait guère d’efforts non plus pour se défendre. Il la souleva, elle se suspendit à son cou, enroula les jambes autour de la taille de son patron, puis sans cesser de l’embrasser il lui saisit les fesses entre ses grosses paluches et ils partirent à l’aventure à travers le living, le salon, se cognant aux meubles, direction la chambre.
Afin de gagner du temps, elle lui arrachait sa chemise – les boutons sont d’un chiant – tandis qu’il en faisait autant de la petite culotte bleue et baissait la fermeture à glissière de la robe.
Ils atteignirent sans trop savoir comment la chambre de Thibault, à moitié nus et essoufflés. Ils s’écroulèrent sur le lit, où ils finirent de se dévêtir tout en s’embrassant. La robe d’Agathe faisait un boudin autour de sa taille tandis que Thibault se débarrassait de son pantalon et de son boxer qui ne tenaient plus que par une cheville.
Tout en embrassant la jeune femme, il caressait la peau douce des hanches, du ventre et des seins. Pourquoi s’était-il focalisé tant de temps sur les gros nichons sans saveur, car souvent d’origine incertaine et surtout non biodégradables, sponsorisés par Dunlop. Pourquoi avait-il ignoré les petits nénés guillerets et nerveux, il n’en savait rien et il le regrettait, mais espérait rattraper le temps perdu. Il goûta les tétons qui se déployaient sous ses lèvres, les délaissa pour d’autres contrées.
Le nez fourré dans une toison sombre, il en humait les délicates senteurs.
Agathe se demandait ce qu’il faisait. Elle sentait des mains et des bouches partout sur son corps. Certes, elle n’était plus vierge depuis quelque temps déjà et avait eu de-ci de-là des amants, pour faire comme tout le monde en quelque sorte, tout en se demandant ce que l’on pouvait bien trouver de si excitant à l’acte sexuel. Il faut dire à la décharge de la jeune femme qu’elle n’avait pas rencontré des cadors en la matière. Juste des types qui voulaient tirer un coup sans se soucier d’autre chose, des gars qui ne s’intéressaient qu’au bien-être de leur pine et non à celui de leur copine.
Il en allait autrement de TSF. Un expert en géographie féminine, un GPS sur pattes fait pour détecter les zones érogènes, un débusqueur de clito. Toutes celles qui avaient partagé son lit s’entendaient pour dire qu’il méritait le détour, même s’il larguait ses conquêtes sitôt séduites.
Or, à cet instant, il enfouissait le pif là où elle ne l’attendait pas, introduisait sa langue en des lieux où elle n’avait rien à y faire, pourtant Agathe en perdit le souffle, sentit des milliers de fourmis lui parcourir le corps, certaine qu’on venait de la brancher sur le courant alternatif.
La langue tourmentait et tournoyait autour de son petit joyau, la bouche aspirait ses nymphes et elle poussait de petits râles d’agonie, jusqu’au moment ultime, celui où elle se mit à trembler, à enserrer le visage de son amant entre ses cuisses et à hululer.
Elle mit quelque temps à reprendre ses esprits, instants qu’il mit à profit pour reprendre son souffle, l’admirer et lui caresser le visage, mais aussi plus prosaïquement pour enfiler un scaphandre de poche. Quand elle fut totalement remise de son étourdissement, il s’allongea sur elle et présenta son bel emmailloté à la porte de l’Olympe.
La belle Agathe écarta les jambes de plus belle pour l’accueillir. Il ne se fit pas prier pour s’y insérer. Il se situait dans la moyenne haute de l’ampleur masculine. Pas un truc riquiqui ridicule ni un engin effrayant digne d’un film de science friction.
Surtout, il ne la brusqua pas, la laissant s’adapter à la chose. Il fit quelques va-et-vient en ses entrailles avant de l’investir totalement. Loin de s’offusquer, Agathe enroula ses jambes autour de la taille de Thibault.
Bouches soudées, langues emmêlées, ils se roulaient un patin olympique. Dans le même temps, Thibault, lui, visitait la basilique tel un pèlerin en un lieu sacré. Il remontait et descendait le transept tranquillement.
Mais la belle voulait plus d’action et s’accrocha aux épaules de TSF et lança son ventre à la rencontre de celui de son amant. Il croyait tenir entre ses bras un caracal tant elle feulait, ronronnait, ondulait sous son corps et lui plantait ses griffes dans le dos. Il devint animal lui aussi en la mordant à l’épaule.
Essoufflés, en sueur, ils restaient enlacés, les yeux dans les yeux. Un sourire naquit sur leurs lèvres, puis des gloussements les secouèrent. Agathe le plaqua sur le lit et s’installa sur les abdos de son protégé. Elle ne connaissait guère de positions, mais celle-là lui semblait intéressante. Elle attrapa les mains de Thibault et entrelaça ses doigts entre les siens.
Elle sentit le manche à balai magique se redresser sous elle, l’enfourcha telle Hermione Granger à l’école des sorciers et entama une séance de Quidditch.
Elle tournicotait des fesses, faisait un twerk diabolique sur Thibault. Les yeux fermés et bouche entrouverte, Agathe gémissait et souriait aux anges. TSF la tenait aux hanches et lui embrassait les épaules, léchait les tétons dressés, et surtout admirait cette frêle jeune femme.
Dire qu’il avait failli refuser ses services quelques jours plus tôt, car elle ne correspondait pas à ses critères… quel con !
Il ne serrait pas une femme fragile, mais un véritable paquet de muscles. Un très mignon paquet de muscles qui lui malaxait la seringue à perruque comme jamais il ne l’avait ressenti.
Ils remirent encore une fois le couvert, locution bien nommée, car Thibault tenait dos contre lui Agathe, dans la position dite de la petite cuillère. Ils s’endormirent dans cette posture, lui tenant un sein tandis qu’elle suçait le pouce de TSF.
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Hubert les trouva dans la même position en pénétrant tel un ouragan dans la chambre.
Lequel s’en foutait royalement, d’une main il agitait un téléphone grand comme une raquette de tennis tandis que l’autre tenait une liasse de journaux épaisse comme le portefeuille de Rockefeller.
À cet instant, Hubert sembla s’intéresser à son environnement, et à l’absence de vêtement des deux protagonistes allongés dans le même lit.
Il disparut beaucoup plus discrètement qu’il n’était apparu.
Elle ne regrettait pas la nuit qu’elle venait de passer, mais avait quelques scrupules. Certes, Thibault était son fiancé, mais un pseudo fiancé, et il était aussi son patron et celui qu’elle devait protéger, or selon les règles de la profession, elle ne devait pas avoir de relations intimes avec son employeur. Un cas de conscience qui demandait réflexion.
Son introspection s’arrêta brutalement quand elle sentit une large paluche lui caresser les épaules.
Au diable le code d’honneur, le bushido ou encore les conventions collectives.
Quelques minutes plus tard, il lui manipulait avec délicatesse le pistil tandis qu’elle lui caressait le grand mât. Puis elle se retrouva, dos collé au mur et épinglée tel un joli papillon, ahanant des propos incohérents.
Elle avait noué les bras autour du cou et les jambes autour de la taille de TSF, tandis qu’il lui soutenait les fesses d’une main ferme. L’eau coulait sur eux, ils tremblaient et s’embrassaient.
Séchés, coiffés, habillés de façon décente, ils rejoignirent Hubert et Mathilde qui devisaient dans la cuisine.
Après une matinée de folie où ils durent répondre à une foultitude de questions sur leur couple.
Ensuite, ce fut au tour de deux policiers, qui expliquèrent que leurs agresseurs avaient été payés par un inconnu, avec pour mission d’abattre TSF. Ce qui ne les rassura guère. Un furieux inconnu se baladait toujours en liberté.
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La semaine passa tranquillement, ils ne firent aucune sortie, se contentant de s’entraîner dans la salle de sport et au lit.
Thibault l’invita dans sa salle de cinéma, lui faisant découvrir ses films et les œuvres les plus marquantes du septième art. Mathilde s’était lancée dans une grande entreprise, presque un sacerdoce, remplumer Agathe.
Aussi pour contrer ce « remplumage » et rester en forme, la jeune garde du corps s’entraînait avec Malcolm avec qui elle s’entendait de mieux en mieux.
Parfois, après une rude journée passée à se chamailler et se réconcilier sous la couette, Agathe s’allongeait sur le canapé, la tête posée sur les cuisses de Thibault alors qu’il lisait des scénarios que des producteurs lui proposaient. De temps à autre, il caressait les cheveux de sa compagne en souriant.
Depuis très longtemps, il ne s’était senti aussi apaisé. Elle était loin la sauvageonne qui grignotait un maigre en-cas sur la Croisette.
ØØØ
Elle prenait encore plus au sérieux son rôle de garde du corps depuis quelques jours.
Le soir du gala, elle revêtit un pantalon, car elle en avait marre de montrer sa culotte en public. Puis s’il devait y avoir du grabuge, elle serait plus à l’aise. Un haut en soie naturelle et des escarpins aux talons vertigineux complétaient sa tenue, ce qui lui fit dire : si je dois courir, ça va pas être triste ! Le tout d’un blanc immaculé et signé d’un grand couturier.
La cérémonie se déroula sans problème, chacun adopta un animal, chacun rédigea – plus ou moins discrètement – son chèque, Agathe reçut une jolie peluche d’otarie. Le repas se déroula sans encombre après les discours d’usage.
Au sortir de l’hôtel, des jeunes filles offraient des fleurs aux invitées. Alors que la compagne de Thibault s’arrêtait pour choisir une rose, le couple se fit interpeller par un individu relativement énervé.
L’individu, mal rasé, les yeux injectés de sang, ne semblait pas jouir de toutes ses facultés ou devait être passablement éméché. Il tenait à la main un révolver qu’il agitait dans tous les sens. Il se trouvait à quatre ou cinq mètres des jeunes amants. Un peu plus petit que TSF, il était trapu et baraqué, à la manière d’un lutteur.
Les autres convives s’égayèrent, soit dans la rue, soit rentrèrent dans l’hôtel, mais tous poussaient des cris d’orfraie. En quelques secondes, il ne restait que les trois protagonistes dans le hall.
Agathe décida de détourner l’attention de l’agresseur.
Petite phrase qui irrita fortement l’individu.
En l’espace de deux secondes, le drame se noua. Pour détourner l’attention de l’agresseur, Agathe lui jeta sa peluche, mais Thibault vit Achille Thigheim viser sa compagne, il ne réfléchit pas et interposa son corps entre l’arme et sa bien-aimée en la prenant dans ses bras.
Les deux agents de police municipaux, surnommés par leurs collègues Buttler et Angel se tenaient à tout hasard dans les parages, car à chaque fois que Agathe et Thibault sortaient, il se passait des « trucs », aussi cette fois avaient-ils anticipé, et ils bondirent sur l’énergumène.
Malheureusement, ils intervinrent une seconde trop tard, le coup était parti.
Thibault serrait Agathe contre lui quand elle sentit le corps de son amant tressaillir sous l’impact, il poussa un cri déchirant et se fit lourd dans les bras de sa belle. Il glissait au sol, et l’entraîna dans sa chute.
Il éprouvait des difficultés à parler.
Effectivement, il avait les mains pleines de sang, sang qui tachait les vêtements immaculés d’Agathe.
Agathe lui tâta le dos… les bras…
Tout en pleurant et riant à la fois, Agathe lui tapait sur la tête.
Elle l’accompagna dans l’ambulance qui les emmena toutes sirènes hurlantes vers l’hôpital.
Achille Thigheim fut lui embarqué manu militari par Angel et Buttler⁽⁴⁾ vers le commissariat, ces derniers recevant au passage les félicitations du maire.
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Allongé sur le ventre, Thibault se faisait refaire son pansement par une infirmière quand Agathe rentra en coup de vent dans la chambre.
Il gueula encore plus fort quand l’infirmière lui nettoya les fesses à la Bétadine.
ØØØ
Un an et demi plus tard
Les limousines se suivaient à intervalles réguliers, déposant chacune un couple de stars devant le Régency Village Théâtre, une salle de cinéma mythique de Los Angeles construite au début des années trente, qui pouvait accueillir plus de mille spectateurs. La mode étant aux gigantesques complexes multi-salles, cette antiquité aurait dû disparaître, mais sa particularité offrait un avantage lors des avant-premières. Elle permettait l’arrivée en grande pompe de toute la distribution, devant une foule de fans déchaînés agglutinés devant l’entrée. Les photographes attendaient les vedettes pour immortaliser l’instant à grands coups de flashes.
Ce soir, la distribution entière du dernier X Men venait pour l’avant-première du dernier film en date de la saga : X-MEN XI, Le retour de la vengeance du Squale.
Thibault et Agathe remontaient eux aussi le tapis rouge sous les acclamations de la foule en délire. Thibault paradait dans un smoking Hugo Boss, et Agathe rayonnait dans une magnifique robe Kenzo. Des Thibault marries me, des Agathe I love you fusaient de partout.
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⁽¹⁾ Démarrer sur les chapeaux de roue, quoi de plus naturel pour une voiture.
⁽²⁾ i phone avec l’accent, une fois.
⁽³⁾ Une piscine en belgien.
⁽⁴⁾ Voir Hot Fuzz, film d’Edgard Wright.