Un fort court texte. Bonne lecture : )
Blablatage
Dans une cafétéria, en fin d’après-midi, une jeune femme et un homme (un peu moins âgé qu’elle) discutent après avoir passé la commande :
- — Pourtant tu semblais bien en pincer pour ma petite sœur ! Et maintenant, tu es en ménage avec Léopoldine. Excuse-moi du contraste, Raphaël !
- — Oui, je reconnais que j’en pinçais pour Marianne, et pas qu’un peu, mais vois-tu, ta sœur me faisait tourner chèvre et je ne savais jamais sur quel pied danser avec elle. C’est amusant une fois, deux fois, mais quand ça devient presque systématique, ça devient lassant.
- — Tourner chèvre, c’est-à-dire ?
- — Un exemple parmi d’autres : elle aime la pizza, donc je l’invite dans des pizzerias. Un beau jour, elle me dit qu’elle est lasse de la cuisine italienne et qu’elle préférerait goûter à de la cuisine plus exotique. Donc je l’invite à un chinois. Et là, tu sais ce qu’elle me sort ?
La jeune femme hausse fugacement les sourcils :
- — Non, pas du tout ! Mais avec ma sœur, je ne m’étonne de plus grand-chose. Vas-y, elle t’a sorti quoi ?
- — Elle me sort que ça manque de pizza !
- — Ah oui… en effet…
Visiblement encore agacé par ce souvenir, Raphaël (le jeune homme) s’agite un peu plus :
- — Le pire dans tout ça, c’est qu’elle me fait ensuite la tête ! J’ai beau être amoureux, mais quand on tire trop sur la corde, il ne faut pas s’étonner qu’elle casse un beau jour.
- — Tu ne vas quand même pas me dire que tu as rompu rien que pour une histoire de pizza ?
Raphaël soupire :
- — C’est juste un exemple parmi beaucoup d’autres, Annie. Je pourrais te citer des dizaines d’autres exemples, quasiment tous du même cru. Mais bon…
- — Je reconnais que ma frangine a un côté… hmm… chipie.
- — C’est le moins qu’on puisse en dire !
Le jeune homme respire un grand coup :
- — Depuis la rupture, je n’ai pas eu l’occasion de te fournir ma version des faits. Ce que je compte faire, là maintenant.
- — Je te rassure, même si Marianne est ma sœur, je comprends assez bien que tu aies eu envie d’aller voir ailleurs… Mais…
- — Mais ?
La jeune femme fixe son voisin dans les yeux :
- — OK, je comprends parfaitement, mais pourquoi Léopoldine ? Cette fille est carrément l’opposé de ma sœur !
- — Pas tant que ça, Annie, pas tant que ça. Oui, Léopoldine est assez effacée, je le reconnais sans problème. Elle n’aime pas trop se montrer dans la lumière, mais ce n’est pas pour autant qu’elle soit… euh… transparente…
- — Elle l’est quand même pas mal, tu ne crois pas ?
- — Bon, c’est vrai qu’on ne se retourne pas sur elle quand elle rentre dans une pièce, qu’elle ne capte pas le feu des projecteurs comme Marianne, mais elle est nettement plus reposante et logique avec elle-même.
Se penchant légèrement vers son interlocuteur, Annie insiste :
- — Mais pourquoi elle ?
- — Figure-toi que c’est ta sœur qui m’a mis sur la voie…
- — Ma sœur ? Comment ça ?
- — Elle se glorifiait d’être le centre de l’attention, « pas comme cette pauvre Léopoldine », a-t-elle ajouté dans la foulée.
Adossée à la banquette, Annie hoche la tête :
- — Ce n’est pas faux. Question physique, Léopoldine n’arrive pas à la cheville de ma sœur.
- — Je suis moins d’accord que toi. Léopoldine ne sait pas se mettre en valeur, c’est un fait, mais elle n’est certainement pas un vilain petit canard.
- — Ah bon ?
- — Je suis certain de mon fait, j’ai de quoi comparer, figure-toi.
La jeune femme plisse malicieusement les yeux :
- — Tu veux dire par là que t’as consommé dans les deux cas ?
- — J’ai simplement dit que j’avais de quoi comparer. J’en reviens à la suite de cette conversation. C’est là que ta sœur me confie dans la foulée que Léopoldine aurait un petit penchant pour ma personne. Honnêtement, je l’ignorais.
- — Et c’est pour ça que… ?
Le jeune homme sourit :
- — Tu vas trop vite, Annie. Quand j’ai appris que cette fille flashait pour moi, honnêtement, ça ne m’a fait ni chaud ni froid, surtout comparativement à Marianne. Mais comme beaucoup de personnes, je me gourais. Un peu comme dans la chanson de Brassens, les sabots d’Hélène.
- — Hou, tu vas chercher loin tes références !
- — T’as pas eu une mère qui s’écoutait religieusement au moins deux/trois chansons par jour. À la longue, ça finit par rentrer, même si tu aimes un type de musique nettement plus rock avec des guitares saturées !
Soudain, la commande arrive, pâtisserie pour elle, et glace pour lui, accompagnée de deux boissons. Raphaël paye avec sa Visa. Après le départ de la serveuse, Annie recadre la conversation :
- — Nous parlions de Léopoldine, pas de tes goûts musicaux. Tu as eu le déclic pour elle, quand ?
- — Pas vraiment de déclic, mais une lente constatation. Plus d’une fois, j’ai pu comparer les caractères des deux femmes, leurs façons de faire, d’être, de se comporter. Oui, c’était le jour et la nuit.
- — C’est le moins qu’on puisse dire !
Contemplant sa glace, Raphaël soupire :
- — De plus, ce jour-là, ta charmante petite sœur s’est déchaînée contre Léopoldine, comme ça, sans raison apparente. Le plus charitable qu’elle ait balancé fut qu’elle avait un prénom à la con. Je t’épargne le reste.
- — Reconnais que ma sœur avait de quoi avoir une dent contre Léopoldine, puisque tu l’as justement quittée pour elle !
- — Ah ça, c’était pas du tout prévu ! C’est par hasard que j’ai pu vraiment discuter avec Léopoldine, une bonne semaine plus tard ; elle sortait d’un magasin, j’y rentrais, nous nous sommes carrément rentrés dedans sans nous voir !
Amusée, la jeune femme s’exclame :
- — Ouille ! Je vois le tableau d’ici !
- — Du coup, Léopoldine s’est retrouvée assise sur le sol, sa longue jupe assez relevée, révélant de belles gambettes. Ce qui m’a surpris sur le coup…
- — Ne me dis pas que c’est parce que t’as flashé sur ses jambes que t’as quitté Marianne ! ?
- — Non, pas vraiment, mais pendant que je l’aidais à se relever, je l’ai regardée sous un autre œil. Elle ne savait pas se mettre en valeur, mais je pouvais deviner qu’elle était loin d’être négligeable.
- — Ah, OK…
Entamant sa glace, Raphaël continue :
- — Pour me faire pardonner, je l’ai invitée à manger quelque chose dans une cafétéria toute proche, il était bientôt seize heures, c’était parfait pour un goûter.
- — Comme nous maintenant…
Savourant sa bouchée, le jeune homme acquiesce :
- — En effet, mais pas ici… Nous avons mangé une coupe de glace, les mêmes boules, sans nous concerter avant. Durant la conversation, j’ai alors découvert qu’elle et moi avions finalement bien des points communs. C’en était même surprenant !
- — Ah bon, elle a discuté avec toi ? Je la pensais plutôt mutique.
- — Eh bien, ce jour-là, elle s’est vidée, en quelque sorte. Elle avait envie de causer, comme si elle devrait rattraper le temps perdu.
- — Peut-être qu’elle voulait te donner un max d’informations sur elle…
Raphaël lève les yeux vers le plafond :
- — Avec du recul, je pense que c’est partiellement vrai.
- — Comment ça ?
- — Disons qu’elle m’a donné ce jour-là un bon aperçu de sa petite personne, et que j’ai été troublé parce que j’ai entendu.
- — Ah bon ?
- — Le soir en rentrant chez moi, j’ai fait le point. Je me suis dit que j’étais en train de perdre mon temps avec Marianne, elle ne sera jamais contente, même si j’étais le plus grand milliardaire du monde. Je passerais mon temps à courir après elle, à essayer de deviner ce qu’elle souhaite vraiment sans qu’elle-même sache ce qu’elle veut. Je ne déteste pas les devinettes, mais sept jours sur sept, ça finit par lasser.
Annie proteste :
- — Sept jours sur sept, t’exagères !
- — C’est une image, je me comprends. D’un seul coup, je pouvais analyser la situation de loin. Je reconnais que d’avoir le nez collé dans le décolleté de ta sœur, ça n’aide pas à la cogitation !
- — Encore une image, je suppose ?
- — Partiellement. Ta chère frangine ne déteste pas ôter un bouton de temps à autre pour faire admirer ses appas.
- — Et ta chère Léopoldine, elle ne déteste pas ôter un bouton de temps à autre ?
- — Nous parlons prioritairement de Marianne…
Puis Raphaël s’accoude sur la table, regardant Annie qui lui fait face de l’autre côté :
- — Oui, quelque part, je reste accro à Marianne, je le reconnais, mais je sais aussi qu’elle n’est pas pour moi. J’aurais préféré qu’elle soit plus… cool… comme Léopoldine, mais ce n’est pas la peine de compter sur un éventuel revirement de sa part. Ta sœur sait ce qu’elle vaut. Je reste encore surpris qu’elle ait bien voulu de moi, mais j’ai fini par jeter l’éponge.
- — Pour te contenter de peu…
- — Si tu cherches à me vexer, ce n’est pas ainsi que tu y arriveras. Ta sœur ne se contente pas de peu, c’est un fait ; toi aussi, ne le nie pas. Je sais aussi que Marianne aime flirter ci et là.
- — Où tu veux en venir ?
Sans émotion dans la voix, Raphaël lâche :
- — Je ne me voyais pas être celui qui paye, là où d’autres ont tout gratuit.
- — Tu veux dire quoi par là ?
- — Tu sais très bien ce que je veux dire par là. Bien que je n’en possède pas la preuve formelle, Marianne ne semble pas être d’une nature très fidèle…
- — Vous n’êtes pas mariés, à ce que je sache…
- — Nous étions quand même fiancés, à ce que je sache… Je constate que tu ne nies pas que ta sœur puisse aller voir ailleurs.
Son gâteau à moitié fini, Annie fait la moue :
- — C’est sa vie, elle fait ce qu’elle veut, elle n’a pas de compte à me rendre… Donc tu as quitté Marianne parce que tu la soupçonnes d’infidélité ?
- — C’est une pièce du puzzle, mais il n’y a pas que celle-là qui rentre en ligne de compte. De toute façon, Marianne s’est vite consolée. Où est le problème ?
- — Elle a été quand même assez surprise par cette rupture…
- — Oui, je sais. D’habitude, c’est elle qui rompt.
Un certain silence s’installe. Raphaël en profite pour vider la moitié de son verre. Peu après, Annie reprend :
- — Je suppose que Léopoldine a été très heureuse que tu viennes à elle.
- — Elle a été surprise, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle n’en revient toujours pas.
- — Pourtant tu restes accro à ma sœur, c’est toi-même qui l’as dit tout à l’heure…
- — De la même façon que je sais que ton cœur incline toujours pour ton beau voisin, bien que tu sois actuellement en couple avec David.
À ces mots, Annie bondit presque sur place :
- — Co-comment tu sais ça ! ?
- — Devine !
Annie fronce des sourcils :
- — Ma sœur ?
- — Bien sûr. Qui d’autre ? Rassure-toi, personne ne l’a appris par ma bouche. Quelque part, je suis un peu comme toi, c’est pourquoi je me permets de te raconter certaines choses aujourd’hui.
- — Ah, la salope ! J’espère bien que personne ne le saura !
- — Comme déjà dit, ce ne sera pas par moi, je comprends ta situation.
À son tour, la jeune femme se rapproche de Raphaël par-dessus la table :
- — Et si Marianne change, tu fais quoi ?
- — Et si ton voisin divorce et se met à se rapprocher de toi ?
Annie grimace :
- — Pff, ça n’arrivera jamais !
- — Tu as ta réponse, Annie.
Se remettant à sa place, la jeune femme devient pensive :
- — Juste un beau rêve… oui… mais toi, contrairement à moi, tu as pu concrétiser ton rêve avec ma sœur, même si ça n’a duré qu’un temps.
- — Le coût fut assez élevé… dans tous les sens du terme…
Annie sourit franchement :
- — Eh ! Ma sœur est une Rolls-Royce ! Tu connais la blague du client qui demande au vendeur combien consomme ce type de voiture ?
- — Je connais : si vous avez les moyens d’acheter cette Rolls-Royce, la consommation n’est pas un problème.
Soudain, Raphaël regarde sa montre :
- — Excuse-moi, mais il va falloir que j’y aille en cinq minutes, le temps de finir ma glace. Tu pourras dire à ta sœur que j’ai jeté l’éponge, car je n’arrivais plus à suivre le mouvement.
- — Aidé par le fait que Léopoldine est nettement moins exigeante.
Le jeune homme finit petit à petit sa glace :
- — Je ne peux le nier. Bien que tu sois heureuse avec David, je parie que tu continueras de rêver à ton amour impossible pourtant si proche.
- — Et toi, de Marianne, tout en étant dans les bras de Léopoldine ?
- — Il y a le rêve et la réalité. L’accomplissement de certains rêves rend moins heureux que de vivre une réalité parfois plus terne.
- — Oooh, tu deviens philosophe, Raphaël !
Cuillère en main, le jeune homme sourit :
- — Socrate disait : dans tous les cas, mariez-vous. Si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux ; et si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l’homme. Perso, je préfère être heureux.
- — Je l’avais déjà entendue, celle-là.
Annie repousse son assiette désormais vide :
- — En tout cas, merci pour cette invitation, Raphaël !
- — Tout le plaisir était pour moi. Entre nous, j’ai souvent regretté que ta sœur n’ait pas eu la même bonne composition que toi.
- — Oooh, est-ce un compliment ?
- — Assurément !
- — Tu cherches à me draguer ?
À son tour, Raphaël repousse sa coupe vide :
- — Tu es casée et doublement prise…
- — Tu dis ça bien…
- — Un bon tien vaut mieux que deux tu l’auras…
- — T’étais pas trop mal servi avec ma frangine !
- — Peut-être trop justement !
Annie se met à rire, Raphaël l’accompagne. Ils se séparent peu après.
Autre blablatage
Déambulant dans un parc urbain, Léopoldine discute avec Tania, une copine de longue date, une des rares qu’elle ait.
- — Oui, Tania, je dois reconnaître que je suis toujours surprise d’être en couple avec Raphaël. Comme il était quasiment maqué avec Marianne, je ne pensais pas avoir une seule chance !
- — Et pourquoi crois-tu que ton Raphaël ait changé d’avis ?
- — Je pense que c’est dû au fait que nous nous sommes télescopés par hasard à la sortie d’un magasin, je t’en ai déjà parlé.
Tania plisse des yeux :
- — Ça me semble court comme explication…
- — C’est le commencement, la boule de neige qui devient avalanche. Raphaël m’a invitée, et je ne sais pas bien comment j’ai fait mon compte, mais ce jour-là, moi qui suis souvent muette, surtout avec les personnes que je ne connais pas ou peu, j’ai parlé comme jamais j’ai pu parler ! Comment dire… je n’arrêtais pas, un torrent de mots, j’ai déballé bien des choses, je crois…
Tania affiche un large sourire :
- — En clair, tu as vendu le produit.
- — T’exagères, Tania !
- — Non, non, tu as donné un vaste panorama de ta petite personne. Tu ne t’en es pas rendu compte, mais tu as dû dévoiler des tas de choses, sans réaliser sur le coup. Et comme ton Raphaël commençait à se poser des questions concernant sa Marianne, il s’est dit qu’il devait approfondir ton cas.
Léopoldine regarde au lointain :
- — C’est vrai que nous nous sommes ensuite revus par la suite, mais en tout bien, tout honneur…
- — C’était juste pour qu’il voit où il met les pieds…
- — T’es vache !
Tania se penche vers sa voisine :
- — N’est-ce pas toi qui m’as avoué qu’il t’a carrément mis le marché en main, un peu plus tard ?
- — Euh… si…
- — Et qu’il savait que tu en pinçais pour lui ?
- — Euh… si…
Affichant un large sourire, Tania écarte les bras :
- — Quelque part, tu t’es fait manipuler, ma chérie !
- — Je ne le dirais pas comme ça !
- — La fin justifie les moyens. Ton Raphaël a tenté sa chance, et il a décroché le gros lot : toi !
- — Euh… je ne m’estime pas être un gros lot si avantageux !
Tania pose son doigt manucuré sur les lèvres de sa voisine :
- — Taratata ! T’es très conciliante, t’es accommodante, t’es pas exigeante, t’es reposante, si on te compare à son ex.
- — Oui… c’est vrai…
- — Et t’es un peu soumise quand même…
- — Moi ?
- — J’ai dit « un peu ». Avoue que tu ne détestes pas quand c’est ton Raphaël qui mène la barque !
- — Euh…
- — Je prends ça pour un oui, ma chérie. Halala ! J’aurais bien voulu être une petite souris quand il t’a mis le marché en main !
La nouvelle compagne de Raphaël proteste :
- — Ne compte pas sur moi pour te raconter cet épisode de ma vie une fois de plus. Si j’avais su, je ne t’aurais rien dit !
- — Ah oui ? Et à qui aurais-tu osé le dire, hmm ? Je suis la seule oreille compatissante et large d’esprit que tu connais, ma petite Léopoldine.
- — Pour être large d’esprit, tu l’es largement !
- — Avoue que mes galipettes te font rêver !
Léopoldine ne répond pas, elle se contente de rougir. C’est vrai que sa copine vit plus que largement sa vie, sans se préoccuper de ce qu’on peut penser d’elle. Si j’avais un dixième de sa liberté de faire et de penser, ça serait déjà très bien, songe-t-elle…
Blablatage récapitulatif
Le soir venu, Léopoldine et Raphaël se retrouvent dans leur appartement. Après un gros bisou, ils se racontent leur journée, tout en vaquant à diverses occupations. Léopoldine commence :
- — Durant l’heure du midi, j’ai parlé avec Tania.
Raphaël se met à sourire :
- — Je me méfie toujours un peu quand tu parles avec elle, ma chérie…
- — Pourquoi ?
- — Tania est un peu spéciale, reconnais-le. Elle est très libérée, et elle n’hésite pas à clamer partout qu’elle a trente-six amants. Je parie que coucher avec plusieurs hommes en même temps doit être terriblement classique pour elle…
Rougissante, Léopoldine se tortille sur place :
- — Euh… nos conversations ne vont pas jusque-là… mais je ne serai pas étonnée que ce soit en effet le cas…
- — Et vous avez parlé de quoi, toutes les deux ?
- — De notre rencontre, la bousculade…
- — Ah, OK…
Léopoldine regarde curieusement son compagnon :
- — Et même en revisualisant le film, je n’arrive toujours pas à bien comprendre pourquoi tu m’as choisie, moi.
- — Halala, ma chérie ! Ça va faire plusieurs mois que nous sommes ensemble et tu te poses toujours la question ?
- — Ben… oui…
Croisant les bras, Raphaël demande ironiquement :
- — Dans cinquante ans, tu te poseras toujours la question ?
- — Dans cinquante ans ? Pourquoi tu dis ça ?
- — Parce que j’espère bien que, dans cinquante ans, nous serons toujours ensemble.
Assez ébahie, Léopoldine ouvre de grands yeux :
- — Tu… tu le penses vraiment ?
- — À ton avis ? Allez, viens ici !
Sans attendre la réponse, Raphaël attire sa compagne contre lui, plaquant son torse contre les doux seins de Léopoldine. Amoureusement, ils se font un long gros bisou. Puis quand leurs lèvres se séparent, Raphaël annonce :
- — Moi, j’ai rencontré Annie, la grande sœur de qui tu sais.
- — Ah bon ?
- — Nous avons justement parlé de la même chose que toi avec Tania.
- — Ah ! ? Et ! ?
- — Je pense qu’Annie a compris pourquoi j’ai quitté sa sœur pour toi. Elle a reconnu que Marianne n’était pas facile à vivre.
Toujours blottie contre son compagnon, Léopoldine s’étonne :
- — Pourtant, elle est nettement plus belle que moi…
- — Une jolie vache déguisée en fleur ! Et puis, ne te dénigre pas, ma chérie, tu es mignonne et surtout, je m’entends bien avec toi. Cite-moi la dernière fois que nous nous sommes disputés ?
- — Ben… jamais…
- — Cite-moi la dernière fois où je t’ai exaspéré ou que tu en as fait de même pour moi ?
- — Jamais non plus.
Raphaël développe :
- — Ma chérie, nous avons presque les mêmes goûts, la même façon de voir les choses, et tu peux finir les phrases que je commence, l’inverse étant tout aussi vrai.
- — Oui, c’est vrai… mais… ce n’est pas trop… parfait, trop lisse ?
- — Je préfère le ciel bleu à l’orage.
Timidement, la jeune femme demande :
- — Et tu as eu des nouvelles de… de ton ex ?
- — Je savais déjà qu’elle m’a vite remplacé, et ce, plusieurs fois, mais ce ne furent pas de franches réussites. Il semblerait que mes remplaçants aient suivi mon exemple, mais beaucoup plus vite que moi.
- — Ah bon ?
- — Eh oui, tout se sait très vite dans les petites villes. Marianne a la réputation d’être une très belle fille, mais dotée d’un caractère assez… difficile.
En catimini, il songe aussi que sa nouvelle compagne lui coûte nettement moins cher que l’ancienne, mais il y a des choses à ne pas dire tout haut. Il serait méchant de dire que Léopoldine est un second choix par défaut. Car même si elle n’a pas la prestance et la beauté de Marianne, elle compense allégrement par d’autres qualités.
Raphaël enlace plus fortement sa compagne :
- — Assez parlé du passé. Tu sais que j’ai envie de toi ?
- — Hmm… Tu as toujours envie de moi… pourtant, tu me connais sous toutes les coutures !
- — On ne connaît jamais assez bien toutes les coutures !
Ingénument, Léopoldine demande :
- — Pourquoi tu ne te lasses pas ?
- — Et toi, pourquoi tu ne te lasses pas de moi ?
- — Ben… euh…
- — Tu veux que je le dise pour toi ?
- — Dire quoi ?
Il murmure à son oreille :
- — Que je t’aime et que tu m’aimes. C’est aussi simple que ça.
- — Tout est simple avec toi, mon amour !
- — Je ne cherche pas à me compliquer inutilement la vie.
Et pour prouver ses dires, il l’embrasse à nouveau, bien décidé à ce que ce ne soit que le début d’une longue série de turpitudes entre elle et lui…
Blablatage et action
Se reposant de ses diverses jouissances, essoufflée, repue, Léopoldine est couchée sur le ventre, des oreillers sous son ventre, mettant bien en évidence ses fesses rebondies sous le regard très intéressé de son compagnon.
- — Je commence à voir clair dans ton jeu…
- — Ah oui ? Dis-moi tout !
- — Tu me fais d’abord jouir comme pas possible, et quand je n’en peux plus, quand je ne peux plus te résister, c’est là que tu fais tes cochonneries !
La réponse tombe, légèrement moqueuse :
Aussitôt, Raphaël entreprend de taquiner la sombre rondelle du bout de sa langue. Sous cette caresse assez insidieuse, Léopoldine frémit :
- — T’as pas le droit de faire ça ! C’est… c’est sale !
- — Tu es très propre…
- — C’est pas à ça que je faisais allusion !
- — Ose me dire que tu n’aimes pas !
- — C’est pas le propos !
- — Dans ce cas, je continue.
La jeune femme frémit de plus belle, mais se laisse visiblement faire, laissant échapper ci et là des fins soupirs. Raphaël poursuit sa sournoise caresse, se félicitant d’avoir une compagne qui accepte ses diverses fantaisies sexuelles. Un autre (gros) point de plus pour Léopoldine par rapport à Marianne. Il s’active, il se persévère, l’étroit trou s’ouvrant petit à petit.
Tandis qu’il continue son petit manège autour de l’entrée interdite, Raphaël commence à lubrifier sa verge avec le tube qu’il avait soigneusement prévu pour la suite des opérations. Puis, voyant que le puits convoité est en bonne disposition, le jeune homme décide de passer à la suite des opérations.
Il se redresse, contemplant les fesses offertes.
- — Tu sais que je contemple un magnifique spectacle ?
- — T’es qu’un gros pervers !
Le pieu de chair se niche contre la petite cuvette, épousant sa forme, sans forcer son avantage. Raphaël adore être juste au bord, sentir sa chaleur, chapeautant son gland exacerbé. Ostensiblement, Léopoldine tend les fesses, elle a hâte qu’il vienne en elle, qu’il la prenne.
Frémissante, la jeune femme murmure :
- — Oooh ! J’ai l’impression d’être une salope…
- — Oui, tu es une pute, mais tu es ma salope à moi ! Rien qu’à moi ! !
Pour prouver ses dires, Raphaël donne un premier coup de reins, son gland s’enfonce d’au moins deux doigts dans l’étroit conduit, Léopoldine gémit doucement, mélange de délicate douleur et de fin ravissement. Il adore emprunter ce chemin rétréci, sans toutefois que ça devienne une habitude, il faut savoir ne pas trop abuser des bonnes choses…
Léopoldine agite ses doigts contre son clitoris. Il y a quelques semaines, il était hors de question pour elle de se masturber, mais on change… Surtout quand le plaisir est au bout du chemin.
- — Ma belle salope, hein que tu aimes ma queue entre tes fesses de garce !
- — Oh oui, j’aime !
Avide, Raphaël la pistonne. Oui, elle aime cette queue plantée en elle, elle aime cette farouche volonté de la posséder, tandis que ses propres doigts exacerbent son clitoris détrempé, double plaisir à la fois devant et derrière.
- — Oh oui, vas-y ! Encore ! Ouiii !
La pistonnant toujours sans relâche, la fouissant sans répit, Raphaël se laisse lentement aller, fourrageant joyeusement les sombres entrailles dans lesquelles il est actuellement plongé avec délectation.
- — Pas de soucis, ma chérie ! Tu vas en avoir, aujourd’hui et tous les autres jours qui viendront !
Il est parfois utile de changer d’option en cours de route, même si ce n’est pas toujours facile d’abandonner une voie pour en choisir une autre. Cette nouvelle route, c’est même la meilleure chose qui me soit arrivée, pense Raphaël, les mains rivées sur les hanches blanches de sa promise, avant de sombrer dans l’immense plaisir d’une puissante éjaculation qui remplira à fond, voire qui fera déborder, cette femme avec qui il est enfin calme et reposé.