n° 21045 | Fiche technique | 17273 caractères | 17273 3040 Temps de lecture estimé : 13 mn |
07/08/22 |
Résumé: Le doute de l’adultère s’installe lentement dans l’esprit du mari éloigné pour raisons professionnelles. | ||||
Critères: #candaulisme fhh hplusag extracon candaul boitenuit jalousie cérébral -extraconj | ||||
Auteur : morisse.pol75 Envoi mini-message |
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Résumé de l’épisode précédent :
Un jeune homme assiste à un échange téléphonique ambigu entre son épouse et un démarcheur qui cherche à établir un certificat énergétique. Les rares échanges téléphoniques avec sa chérie contribuent à plonger le jeune homme dans un raisonnement fataliste pour son couple.
Mardi – Genève
Quand je suis arrivé ce mardi à 14 heures pour intervenir dans la salle de conférences où se déroule le congrès, j’ai appris que mon intervention était repoussée à demain mercredi.
J’ai attendu une réponse de Chantal à mes messages, tout l’après-midi. J’ai vécu un véritable calvaire à écouter sans les entendre les conférences qui se sont succédé jusqu’à 18 heures. En fait, je n’ai fait que surveiller mon portable à attendre un signe, un message. En fin d’après-midi, je suis revenu directement dans ma chambre sans même dîner. D’ailleurs, je n’avais pas faim.
Des images tournent dans ma tête, violentes, incohérentes, mais qui me font mal. Et des questions sans réponses : où est-elle, que fait-elle, et avec qui ?
Et cette phrase diabolique qui me revient toujours en boucle :
D’accord Rayan, à lundi 16 h… 26 ans… Écoutez Rayan, je vous ai dit que si vous venez…
« Je vous ai dit que si vous venez… » ! « Je vous ai dit que si vous venez… » !
C’est l’évidence qu’à la fin de cette phrase, quand elle s’adresse à lui, il n’est plus question de la visite d’un technicien, mais de lui en personne. Je ne peux plus en douter.
Je suis encore une fois mortifié : Chantal me trompe ou vient de me tromper. Je suis malheureux et fou de rage. Tout s’embrouille dans ma tête. Il ne l’a pas que draguée, il l’a convoitée et elle s’est laissée prendre au jeu de la séduction. Par la voix déjà et au cours d’une rencontre ensuite.
Impossible de résister, je veux savoir. Je l’appelle une nouvelle fois et je tombe encore, sur son répondeur. Je ne lui envoie pas de SMS. Mes doutes deviennent des certitudes devant ce silence. Abattu, crevé après cette journée, je finis par m’endormir pour entrer dans un nouveau rêve.
C’est le milieu de la nuit quand mon portable se met à sonner. C’est bien elle. Je me contrôle pour ne pas afficher ni ma colère, ni mes soupçons, ni ma peine. La voix tremblante, je fais l’étonné. Hypocrite, je m’excuse de ne pas avoir pu la joindre. Elle me retourne le reproche et je suis obligé d’en convenir.
Deux journées sans nouvelles. Je me lance.
Je prends comme un coup de poing alors que le silence s’installe après ma question. Je la sens hésitante. Elle réfléchit, c’est sûr. Mentir ou avouer… Je sais déjà qu’elle ne prendra pas la première option, mais noyer le poisson, elle peut le faire.
Piégé, j’enchaîne. Plus cauteleux tu meurs.
Incontestablement, ma réponse l’a surprise. Encore un silence.
J’ai lancé avec malice cette perche amoureuse pour qu’elle me la renvoie ; rien.
Elle est vraiment maîtresse de ses émotions ! Elle a bien entendu et compris le sens de ma phrase. À mon tour, je botte en touche.
Mais juste avant de raccrocher, je lui demande, le cœur à 200 pulsations :
Là, je sens le tilt. Elle répond trop vite.
Et sans me laisser le temps de réagir, elle raccroche.
Je reste coi, scotché au combiné. Mon orgueil me retient de la rappeler. Je me mords les lèvres pour résister. Dans le minibar, je me jette sur les petites bouteilles de whisky. Une puis une autre et, au final, je finis par m’endormir.
Mercredi
Ma prestation a été plus que médiocre ce matin, ce qui a amené certains de mes collègues à s’inquiéter.
Ce n’était pas la question à me poser. Je lui dis sèchement de me ficher la paix d’un ton sans appel. Je conçois que je suis injuste envers lui, mais mon désespoir est trop fort. Je quitte la salle de conférences. Je regagne ma chambre pour travailler, mais je n’y arrive pas, obsédé par l’échange avec Chantal de cette nuit. Elle a trop brutalement interrompu ce qui donnait l’impression d’une fuite pour ne pas aborder la vérité et éviter le mensonge.
Le ventre noué, je n’arrive pas à me résoudre à prendre un repas. Je n’ai pas faim malgré presque deux jours de diète.
Dans un moment de lucidité, je me connecte pour me renseigner afin de rentrer demain jeudi. J’espérais un vol ou un train pour la fin de journée. Rien. Tous complets. À midi, je dois me résigner à attendre vendredi pour le retour, et manquer la soirée de gala. Le petit groupe qui devait rentrer demain soir a dû renoncer également. Je suis au plus bas. Tout se ligue contre moi.
Comme j’avais promis de lui donner l’information sur mon retour, je l’appelle. Le répondeur. Je lui avais pourtant dit que je donnerais ce midi les horaires d’arrivée, si je parvenais à avoir une possibilité. Je laisse un message vocal sans rien préciser de mon retour.
Cette impuissance à pouvoir agir pour sauver notre amour m’est insupportable. Alors que j’ai envie de lui crier combien je l’aime et combien je veux faire ma vie avec elle. Avoir des enfants, une maison, un jardin… enfin tout ce qui pourra la rendre heureuse avec moi. Au lieu de ça, je me morfonds à plus de mille kilomètres de chez nous. Je me découvre même des forces pour affronter ce Rayan et l’envoyer paître.
En disant ces mots à haute voix, seul dans ma chambre, je sens les sanglots montrer du fond de ma gorge. Je pleure, j’ai mal. J’essaie encore de me convaincre que ce mec drague à fond perdu… ne pleure pas, mec !
Prenant la mesure de la situation, je suis, malgré les conséquences désastreuses pour mon image auprès de mes collègues, résigné à chercher un moyen pour quitter le congrès une fois ma conférence passée, demain soir, jeudi, même à pied… En vain.
Pour me faire pardonner mon mouvement d’humeur à l’encontre de mon collègue ce midi, je l’invite à dîner le soir au restaurant de notre hôtel. Il n’est pas bien brillant non plus. Il m’annonce qu’il n’a pas de nouvelles de sa chérie depuis lundi. Cette révélation me fait l’effet d’un coup de poing au ventre. Comment ne pas faire le parallèle avec moi ? Je me contiens pour masquer mon trouble.
Pendant tout le repas, il me raconte les détails qui l’ont amené à soupçonner l’infidélité de sa femme. Je n’écoute pas sinon pour saisir quelques brides de son discours à la recherche de différences avec ma situation. Dans l’espoir de me rassurer.
Nous sommes les derniers dans la salle du restaurant à déguster un alcool fort. Je n’ai pas envie de renouveler notre beuverie de l’autre soir, je reste sobre alors qu’il en est à son second verre. Il a l’air désespéré, jouant avec son verre vide, le regard absent que, lâchement, je m’efforce d’éviter.
Je me préparais à lui proposer d’aller nous coucher quand, soudain, il se met à me livrer des confidences sur sa femme et leur vie de couple. Je suis gêné, mais en même temps curieux. Pas très sain comme curiosité.
Je vois mon collègue, un peu pompette, chercher dans son portefeuille et en sortir une photo en noir et blanc qu’il me tend pour la regarder. Je reste bouche bée. Une jeune femme est assise sur une chaise ancienne de salon. Nue sauf des bas maintenus par des porte-jarretelles. Comme j’aime. Elle a les jambes bien écartées. À la base de son pubis, aux poils brun bien dense, on voit quand même nettement les lèvres de son sexe. Elles sont gavées de cyprine, signe qu’elle prend du plaisir à la situation. Son corps, penché sur le côté, est tourné vers celui d’un homme nu, debout, dont on ne voit que la queue et la moitié du corps. Ses jolis seins pendent et ses tétons sont dressés.
Cette bite, insolente, énorme, est plantée dans la bouche de cette femme dont je comprends qu’elle est son épouse. Elle s’applique à l’évidence à lui pratiquer une pipe. D’une main, elle semble caresser ses testicules dans un geste de dévotion. Cette image est vraiment très érotique, sans vulgarité, au point de me troubler.
D’un bras, l’homme maintient la tête féminine contre son pieu. On devine facilement qu’il l’attire à lui pour mieux profiter de sa bouche. Les yeux fermés, à l’évidence, elle s’applique à donner du plaisir à son amant.
En effet, je finis par remarquer un détail en fixant l’image. Je comprends pourquoi les jambes de cette femme sont si largement ouvertes. L’homme debout maintient une jambe vers lui alors que j’aperçois une main qui maintient l’autre écartée ; il y a une autre personne dans la pièce. Un personnage qui doit mater la scène.
La chatte béante offerte à la vue d’une tierce personne, et peut-être à celle de celui qui prend la photo, renforce la réalité crue et perverse de la position de cette femme en train de sucer une bite. Sa femme.
Mon collègue finit son récit en avalant cul sec le verre de cognac encore à moitié plein. Je ne savais quoi dire ni penser. Je voudrais le soutenir, mais une ambiguïté était manifeste dans son récit : il avait pris un certain plaisir à assister à la débauche de son épouse sur cette photo.
Je prenais néanmoins la mesure de l’immoralité et de l’improbabilité de ce moment extraordinaire, ahurissant. Ce collègue, une connaissance simplement professionnelle, venait de me vider son cœur en me faisant entrer dans l’intimité de son couple. Je ne cherchais pas à savoir par qui et comment cette photo avait fini dans ses mains.
En vérité, l’adultère de sa femme n’avait rien à avoir avec ce que je vivais aujourd’hui avec la mienne. Pourtant, le ver était dans la pomme, et je ne pouvais nier que Chantal était peut-être dans la même situation. Et à mon tour, je me rends compte que je bande aussi.
Bien sûr, je le savais et je lui étais reconnaissant de vouloir me rassurer.
Au moment de me coucher, toutes ces images de bites, de chatte, de nichons se bousculaient et je bandais encore en cherchant le sommeil. Je m’imaginais Chantal à la place de cette femme impudique et cela m’excitait. Je n’y comprenais rien. Comment peut-on être excité devant une situation qui devrait faire souffrir ?
Je me réveille soudain haletant, je suis en sueur et je m’aperçois que j’ai éjaculé spontanément dans les draps. Ce cauchemar n’était rien d’autre qu’un rêve érotique qui mettait en scène mon amour et son amant. Comme sur la photo.
En fait, mon portable sonnait. Encore dans les nuages, je saute sur l’appareil.
C’est bien elle. Je me contrôle pour ne pas afficher ni ma colère ni mes soupçons. Il est trois heures. Je n’avais dormi qu’une heure à peine !
Elle a la voix rauque de quelqu’un qui a bu et trop parlé. L’angoisse m’envahit aussitôt. Comme je ne réponds pas assez vite, elle ajoute en riant.
Je n’en crois pas mes oreilles. Elle est soûle. Jamais elle ne m’aurait parlé ainsi dans un état normal.
Je commence à m’affoler et à m’inquiéter sérieusement. En arrière-fond, j’entends des voitures circuler. Je trouve le courage de lui demander :
Et là, mon sang se glace, je distingue difficilement une voix d’homme qui indique une boîte de nuit sur les Champs Élysées. D’une voix que j’espère la plus neutre possible, je lui demande.
Je suis sur le point de lui hurler : « un ami, et ils t’ont invitée… tu te f… ». Mais elle avait déjà raccroché aussi brutalement que l’autre jour avant d’entendre ma question. Je rappelle aussitôt et bien sûr je tombe sur le répondeur.
Je me retrouve seul comme un con dans cette chambre alors que ma femme me tient des propos incohérents. J’ai vite fait de comprendre qu’elle va sans doute se faire sauter par des mecs et je ne doute pas une seconde que Rayan, le conseiller énergétique, est de la fête.
Je suis complètement abattu. Je résiste à me jeter sur le minibar. Mille questions me viennent : Rayan est à l’étranger, c’est obligé… c’est toujours pareil… des plateformes téléphoniques, des interlocuteurs anonymes… c’est impossible, ce mec n’existe pas en vrai… Mais rien ne me consolait de mon malheur. Je passais la fin de la nuit à tourner et retourner toutes ces questions avec la découverte que certaines de mes pensées s’accompagnaient d’images qui me faisaient paradoxalement bander.
Jeudi
Je n’ai pas été plus brillant qu’hier matin. Les mots n’étaient pas les bons, je bafouillais. Je n’arrivais pas à me concentrer. Au moment des questions dans la salle, je répondais à côté, sans vraiment argumenter. J’étais nul. En fait, j’étais pressé d’en finir pour avoir des nouvelles de celle que je considérais désormais comme ma femme adultère… Et j’étais déjà à imaginer quoi faire pour la récupérer.
Je voulais lui parler, lui dire combien je l’aimais et que je serais prêt à tout pour que nous vivions ensemble. Ce n’était pas possible… je te pardonne… mais dis-moi que tu m’aimes. Je me sentais ridicule, mais j’étais trop malheureux.
Les conférences se terminent à 18 heures. J’ai fini par avoir des réservations pour un retour demain vendredi en début d’après-midi. Je ne lui ai pas laissé de nouveaux messages, convaincu qu’elle ne les écouterait pas.
Je croise mon collègue qui est au plus bas. Je n’ose l’aborder et je comprends vite qu’il ne le souhaite pas non plus. Je me mets à sa place et j’imagine quel doit être son état d’âme après la soirée d’hier et sa confession. Je me promets de le contacter plus tard : notre réaction devant la situation illustrée par cette photo avait éveillé chez moi une sensation, un trouble étrange que je me devais de m’expliquer… ou de revivre.
Je gagne ma chambre seul avec ma seule peine et mon désespoir.
Il est 22 heures quand Chantal m’appelle. Je suis dans le lit à ronger mon frein, essayant de trouver un sommeil qui m’échappe. J’ai envie de ne pas répondre, habité soudain d’une colère irrépressible, mais très vite je me rends et j’attends qu’elle parle la première.
Sa voix est faible. Elle n’est pas à l’aise. Je reste silencieux quelques secondes avant de répondre.
Je m’efforce d’avoir une voix froide, détachée, mais j’ai le cœur chaviré, heureux de pouvoir enfin lui parler.
Elle s’interrompt brutalement alors que des sanglots noient ses paroles. Elle pleure. Si fort qu’elle ne peut plus prononcer un seul mot.
(à suivre)