n° 21160 | Fiche technique | 14081 caractères | 14081Temps de lecture estimé : 8 mn | 21/09/22 |
Résumé: Une erreur sur la personne amène une jolie rencontre. Un refus n’empêche pas une amitié de naître. | ||||
Critères: 2couples amour fsoumise hdomine nonéro -dominatio | ||||
Auteur : Myhrisse Envoi mini-message |
Je lève le nez pour vérifier le numéro du bâtiment : 3. C’est bien celui indiqué dans le message. Je m’approche de l’interphone. « Sonnez chez Réno », m’a-t-il (ou elle ?) précisé par message. Je fais dérouler la liste des noms jusqu’à obtenir le bon et demande à entrer en communication.
La porte de l’immeuble s’ouvre. Je n’ai même pas besoin de dire « Bonjour, je suis la personne venue chercher votre don. » Cette absence de vérification ne m’étonne plus. Au début, j’avais été surprise. Des dizaines de dons plus tard, l’acte devient banal. Les gens savent qu’on arrive. Ils ouvrent. C’est si facile de se faire ouvrir un immeuble. Sonnez partout. Il y a bien quelqu’un qui vous ouvrira parce qu’il attend une personne.
Je passe la porte et regarde de nouveau les indications données : « Troisième étage sans ascenseur ». Je ne perds pas de temps à chercher l’appareil et me dirige directement vers l’escalier. Pour quelques livres pour enfant, la hauteur ne m’inquiète pas. Si cela avait été un meuble, j’aurais demandé de l’aide à mon mari, mais là, j’ai pu m’y rendre seule.
J’arrive rapidement à l’étage requis. Deux portes. Celle de droite est entrouverte. Celle de gauche fermée. Je pousse celle offerte et observe l’intérieur. Depuis que je passe par ce site de dons, j’ai pu découvrir de nombreux intérieurs différents, appartements ou maisons. Certains sont presque vides, en fin de déménagement. D’autres ne sont qu’un entassement de cartons. D’autres encore sont pleins de vie, avec des enfants devenus trop grands pour les vêtements, les jouets ou les livres qui pourront servir à d’autres.
On devine des passions. On devine le maniaque du nettoyage ou on constate le laisser-aller. Je m’attends à une demeure pleine de vie avec des adolescents. Seul le silence m’accueille. Surprise, je m’avance pour découvrir le salon et j’en reste bouche bée.
Le mur de droite accueille une immense bibliothèque et les deux autres des vitrines remplies de figurines peintes. C’est magnifique. Des orcs, des elfes, des squelettes, des nécromanciens et surtout, des dragons, ma passion. De tailles différentes, elles ont en commun la pureté de la peinture, le souci du détail, la finesse du moulage. Elles ne sont pas entassées les unes sur les autres, mais mises en valeur par un habile jeu de lumière. Je suis muette d’admiration.
La bibliothèque finit par attirer mon attention. J’y constate la présence de nombreux livres de jeu de rôle, dont plusieurs que je connais. Sans surprise, des ouvrages érotiques se promènent sur l’une des étagères, mais pas de l’arlequin, non, plutôt tournés BDSM. Je ne suis guère surprise. Les pratiquants du jeu de rôle et les adeptes du BDSM sont souvent les mêmes. Je lis les titres, m’amusant d’en retrouver plusieurs que je possède moi-même et ai lus, d’autres dont j’ignore tout.
Je me fige en découvrant la présence d’un livre en particulier. Je suis ébahie. Cela ne s’était jamais produit auparavant. Je souris bêtement, riant presque d’incrédulité. « Roxane » de Myhrisse, mon roman érotique se déroulant en Écosse a été publié l’année dernière, à ma plus grande joie. C’est la première fois que j’en vois un exemplaire chez quelqu’un.
Un raclement de gorge m’amène à me tourner vers la porte du salon. Un homme se tient là, pantalon de ville noir, grosses chaussures aux pieds, chemise rouge en haut, barbe taillée, coupe de cheveux correcte, la quarantaine. Ses yeux bruns semblent ahuris de me trouver là.
Je me sens très mal. Si les gens sont stupides de laisser entrer n’importe qui dans l’immeuble et chez eux, je ne le suis pas moins d’entrer chez n’importe qui. Ce mec pourrait tout aussi bien être un tueur en série. D’autant qu’il a un regard… OK, je suis clairement devant un dominant. Les vêtements, le regard, la posture, tout l’indique sans aucun doute possible.
Se dit-il lui aussi qu’il avait été stupide d’ouvrir sa porte, au risque de laisser entrer n’importe qui chez lui ? Il s’écarte un peu, m’indiquant la sortie de sa main gauche portant une montre simple. Je jette un dernier regard vers la bibliothèque, n’en revenant toujours pas. Je le regarde puis je me décide. Eh merde ! Ce concours de circonstances est trop ahurissant pour que je n’en profite pas.
Je sors mon stylo de mon sac à main sans que le locataire des lieux ne réagisse. Il m’observe simplement, se demandant sûrement ce que je fais. J’attrape le livre, l’ouvre et derrière la page de garde, pose le bout du stylo et écris quelques mots, les premiers qui me viennent à l’esprit.
Après avoir signé, je repose l’ouvrage à sa place, rebouche mon stylo et me dirige vers la sortie tout en rangeant mon bien dans mon sac à main.
Je sors et je frappe à la porte en face. On m’ouvre et on m’accueille. Je me retourne avant d’entrer pour constater que la porte de l’autre côté du palier est close. Je souris. Cet appartement-là est animé, bruyant et plein de vie. Je suis clairement au bon endroit. Le don de livres se passe très vite, comme toujours. Je rentre chez moi et raconte l’incident à mon mari qui m’engueule pour ma prise de risque inutile tout en me jalousant de ne pas avoir pu voir la vitrine lui-même.
Il rit. Des dragons, j’en ai plus d’une vingtaine, mais je n’en ai jamais assez.
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Mon mari se rend sur ma boîte depuis son ordinateur. Il y a accès. Il a accès à toutes mes boîtes. Cela fait partie de ma condition d’esclave sexuelle. Pas d’intimité. Il compulse lui-même le message.
Mon mari et Maître ne me répond pas. Il le fera demain, après une nuit de réflexion. Le lendemain au réveil, bingo !
Je souris. Le sommeil a été porteur. Les enfants passeront la journée à faire du sport. Je dois simplement fournir le déjeuner. Parfait ! J’inscris les monstres et nous voilà libres de rencontrer ces parfaits inconnus.
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Nous arrivons en premier au restaurant. Nous connaissons bien le coin. Nous y venons souvent. Mon mari travaille juste en face. Nous nous installons à l’étage contre la fenêtre à la vue sur la ville et attendons. Nous observons les allées et venues dans la rue en contrebas.
Mon mari bondit hors de sa chaise et se tord la tête, mais le couple est déjà hors de vue. Il s’assit en ronchonnant. Je me lève en voyant apparaître le couple. Il porte les mêmes vêtements que lors de notre rencontre fortuite.
La femme à ses côtés est tout mon contraire : fine, petite, pas de poitrine, pas de fesses, pas de formes, presque anorexique, yeux bleus, cheveux blonds colorés courts et bouclés, maquillage criard. Elle porte une courte robe moulante, suffisamment pour que l’absence de sous-vêtement soit évidente. Son cou affiche un ras-le-cou orné d’un anneau et sa main droite une bague d’O. Très cliché, tout ça, pensé-je en me contenant pour ne pas grimacer et garder mon sourire figé.
Je suis gênée. Rencontrer un lecteur, acheteur d’un de mes livres, c’est une première… Enfin, une deuxième pour être précise, mais notre première entrevue n’a pas été des plus amicales et surtout marquée par sa brièveté.
Même le prénom est cliché. Mon mari se lève, salue de la tête son homologue puis indique :
Mathieu s’assoit devant moi et Sonia devant mon mari. Le serveur arrive et propose un apéritif, que nous refusons tous. Nous recevons les menus et commençons à choisir, échange neutre et banal, permettant de briser la glace, de détendre l’atmosphère, de faire baisser le stress, d’apprendre à nous connaître en douceur.
C’était plutôt prévisible en fait, et normal dans ce contexte. Mon mari, qui ne tient plus, attrape la parole laissée par un blanc et embraye sur les figurines et le jeu de rôle. Les hommes papotent. Ils viennent de se trouver respectivement un camarade de jeu. Ils sautillent et leurs yeux brillent. Je propose à Maître d’échanger de place avec lui. Il accepte volontiers.
Je déplace nos couverts et me retrouve face à la blonde. Elle tente de me parler de maquillage. Voyant mon indifférence, elle embraye sur la télé-réalité et les people, mais je ne connais aucun des noms de programmes ni de personnes citées. Le silence entre nous deux finit par devenir pesant. Ayant fini de manger, je sors mon téléphone pour jouer. Sonia fait de même. Vu ses gestes, elle navigue sur les réseaux sociaux que j’exècre.
À la fin du repas, Mathieu propose : « un échange vous plairait-il ? » en désignant les deux femmes de la table. Maître manque de s’étrangler.
La blonde ne rougit pas ni ne semble gênée par la remarque.
Je souris au compliment qui me fait plaisir. Si un client à une autre table a entendu l’échange, eh bien, grand bien lui fasse. Je m’en fiche totalement.
Mathieu me porte soudain un regard fort différent. Les femmes dans le jeu de rôle sont une rareté. Il semble plus surpris par ce fait que par ma condition d’esclave sexuelle.
La visite de l’appartement prend tout le reste de l’après-midi. Maître découvre les figurines, mais également le matériel BDSM de son homologue. La démonstration par Mathieu se fait sur Sonia tandis que je reste à l’écart, observant les deux hommes s’amuser follement, sautillant tels des gamins.
Tandis que je m’occupe d’aller chercher les enfants, Maître mène Mathieu et Sonia chez nous dans leur voiture. Quand je reviens, ils ont eu le temps de visiter et de découvrir quelques accessoires intéressants. Le dîner en présence de mineurs est classique. L’absence des enfants partis se coucher permet de pimenter la partie qui suit. Nous nous quittons tard dans la nuit avec la promesse de nous revoir. Une campagne Donjons et Dragons attend d’être finie !