n° 21246 | Fiche technique | 28480 caractères | 28480Temps de lecture estimé : 17 mn | 26/10/22 |
Résumé: Un soir de déprime dans un bar du côté de Brooklyn. | ||||
Critères: hplusag extracon amour -extraconj | ||||
Auteur : Laetitia Envoi mini-message |
New York,
Un lundi soir d’automne,
Le temps s’égrenait doucement. Il était à peine quatre pintes et demie, dans le bar du côté de Brooklyn où Jack Sterling végétait le nez dans son verre.
« Il y a trop de monde devant ce comptoir » , se dit-il. « On ne s’entend plus boire. On peut à peine s’entendre penser ».
Penser à Beverly, sa jeune maîtresse, penser à son boulot, à la maison, à Judith, son épouse à ses enfants Tom et Meredith, sans éprouver de chagrin, juste quelques vagues remords.
Et puis viendra le moment où il ne pourra plus penser, et ce moment approchait. À grands pas même. Il l’attendait avec impatience cet instant-là, on va dire. Celui où ses quelques remords allaient s’envoler.
Ce n’était plus qu’une question d’une ou deux pintes de bière. Vers six pintes, six pintes et quart au pire, l’instant attendu arrivera.
Bientôt, il pourra oublier Beverly. Il oubliera aussi son retour à la maison, le retour vers Judith, Tom et Meredith.
Ce n’est pas que ce soit foncièrement désagréable de rentrer, c’est seulement que tous les types comme lui étaient mariés à des femmes appelées Judith, ou Shirley, ou Susan. Ils avaient tous deux gosses appelés Tom et Meredith ou Paul et Charlène, Ted et Kimberley, ou on ne sait quoi. Et même des maîtresses prénommées Beverly ou Janet ou Lindsay…
Dans une bière et demie, il oubliera son travail, ce qui était le plus important finalement.
Bizarre de se dire qu’il avait souhaité cette place de directeur commercial dans sa boîte, avec les pleins pouvoirs et tout. Mais à présent que c’était lui le chef, ce n’était qu’une corvée de plus.
Pourchasser le client, trouver de nouveaux marchés, écraser la concurrence, débusquer et embaucher des jeunes loups prometteurs, qui peut-être (certainement), dans quelques années lui piqueront sa place.
Ils avaient tous le même profil, celui du jeune gars ou de la jeune femme qui doit choisir entre la commercialisation avilissante de ses principes, la vente de son âme d’un côté et la sauvegarde de son intégrité personnelle de l’autre.
Devinez ce qu’ils choisissent systématiquement ?
Ça vous étonne ? Jack, lui, n’est jamais étonné de leurs choix.
Il haïssait ces jeunes loups et ces jeunes louves. Peut-être parce qu’il l’avait vécue, cette histoire. Peut-être qu’il avait suivi le même chemin et fait les mêmes choix. Sûrement parce qu’en les regardant faire, il se revoyait quelques années plus tôt.
D’ailleurs, Judith, sa blonde épouse n’avait pas non plus prononcé la plaidoirie de la pauvreté financière préférable à la pauvreté spirituelle. Elle s’était très bien accommodée d’un train de vie plus que satisfaisant et de la non-nécessité de travailler de son côté.
Et lui, il n’avait pas joué la scène où il était censé foncer dans le bureau du big boss pour lui dire qu’il dégageait de là et retournait à un travail créateur, honnête et enrichissant intellectuellement parlant.
Maintenant, il était quelqu’un d’important dans sa boîte, avec une vie sociale riche, des amis, des partenaires de golf, un banquier aux petits soins, une belle épouse, deux beaux enfants qui poursuivaient de brillantes études universitaires, un homme important quoi, et tout et tout… et une maîtresse de quinze ans sa cadette.
Il allait pouvoir s’asseoir dans ce bar toute la nuit, au moins jusqu’à tant qu’ils ferment, et commander d’autres pintes de bière.
Le type qui lui tournait le dos près du comptoir le bouscula légèrement. Il tangua d’avant en arrière. Une réplique tirée d’un film lui revint à l’esprit « Comme dirait quelqu’un de plus avisé que moi : c’est toi qui cognes le bar, mais parfois, c’est le bar qui te cogne ». Il sourit intérieurement à l’évocation de cette phrase. C’était dans quel film déjà ?
Le bar était bondé, s’il le désirait, il avait là suffisamment de gens à qui parler. Auprès de qui s’épancher. Il trouverait sans aucun mal une oreille attentive. Mais à quoi bon ? Ils avaient leurs propres ennuis. Ces types étaient là grosso modo pour les mêmes raisons que lui.
Il se dit qu’un jour, il écrirait un livre sur l’effondrement de la société moderne : la chute de la maison ulcère.
Un jour ! Mais pas ce soir. Pas maintenant. Car ici, il y a de la bière, et peut-être devrait-il vraiment essayer de trouver une table un peu à l’écart. Assis, ça serait mieux que de rester debout devant le bar pour passer le cap des six pintes. Assis, c’est plus confortable pour se saouler la gueule.
Il rigola pour lui-même en se disant qu’assis à une table dans la salle, il serait plus près des w.c., parce que quelques pintes plus tard, il aurait à coup sûr besoin d’aller pisser rapidement.
Il pourrait aussi éviter de répandre le précieux liquide sur sa cravate à 100 dollars.
Jack prit son verre et quitta le comptoir, légèrement chancelant, pour aller s’installer à une table libre dans un coin sombre de la salle. La seule table libre d’ailleurs. Compliqué quand même de quitter le havre sûr qu’était le bar, où on pouvait s’accouder, même s’accrocher, pour affronter la salle, comme un navire affronte la pleine mer par gros temps…
Beverly… Tsss… sa jeune maîtresse ! Enfin, son ex-jeune maîtresse, et une des employées de sa boîte aussi, qui venait juste de mettre fin à leur liaison :
Elle lui avait dit ça après leur dernière baise dans cette chambre d’hôtel, trois heures plus tôt.
Elle avait ajouté :
Il avait quitté la chambre en claquant la porte, pendant que Beverly remettait ses bas. La surprise de cette rupture s’est très vite transformée en colère.
Putain ! Un quart d’heure avant, il la prenait en levrette et elle râlait de plaisir ! Et là, elle lui faisait le coup de la femme infidèle, honteuse et repentante…
Il a préféré partir avant de dire des choses désobligeantes. Elle allait devoir rester une collègue de travail. Ils allaient continuer à se côtoyer.
Enfin, c’est surtout aussi parce qu’il n’avait rien de sensé ou de constructif à dire à Beverly.
Il était tellement en colère, qu’il ne s’est même pas excusé auprès du type qu’il avait bousculé en descendant les escaliers. Il ne l’avait même pas regardé d’ailleurs. Un vrai rustre.
Ces quelques pintes plus tard, son subconscient lui disait d’oublier Beverly, de laisser là tous ses tracas et de retourner vers Judith et ses gosses.
La fin d’un mauvais scénario. Jusqu’au prochain épisode ? Jusqu’à la prochaine jeune maîtresse ? Parce que Beverly n’était pas la première…
oooOOooo
Roger Mason n’avait aucun signe particulier, hormis peut-être un crâne qui commençait à légèrement se dégarnir, malgré son jeune âge. Il venait à peine de dépasser la trentaine. Comme des millions d’autres hommes, il portait une veste bleu marine, une chemise en imitation soie naturelle, une cravate rayée, une montre qui ressemblait à une montre de marque.
Il était assis derrière un bureau encombré de papiers et de dossiers, dans un fauteuil en imitation cuir. Derrière lui, sur le mur, on pouvait voir des fausses boiseries en faux acajou et une bibliothèque chargée de manuels de droit. Roger est clerc de notaire.
Sa secrétaire venait de poser devant lui le courrier du jour.
Roger consulta les plis professionnels les uns après les autres. Sous la pile, il y avait une lettre que sa secrétaire n’avait pas ouverte. Et pour cause, la mention « personnel et confidentiel » barrait le coin gauche de l’enveloppe. Elle n’était pas timbrée, elle avait été déposée certainement dans la boîte à lettres de l’office notarial.
Il se saisit de son coupe-papier et découpa minutieusement l’enveloppe. Roger est méticuleux. Il déteste déchirer les enveloppes, il préfère une coupure franche et droite. Il en avait fait souvent la remarque à Amber, sa secrétaire.
Il sortit une feuille de papier à lettres pliée en deux :
Bonjour,
Votre femme vous trompe. Elle sera ce soir vers 18 heures avec son amant à l’hôtel Excelsior, chambre 221.
Et c’était signé « Un ami ».
oooOOooo
Jack a pris la décision d’abandonner les pintes de bière pour se consacrer au bourbon. En clair, il a décidé de se saouler consciencieusement. Minutieusement même !
Sérieusement et rapidement… Le bourbon avait ce mérite par rapport à la bière, ça allait plus vite. Et ça donnait moins envie de pisser !
« Un Jack pour Jack » se dit-il en levant son verre, comme pour trinquer avec lui-même.
Il observait son verre à moitié vide, soupesant le pour et le contre pour en commander un autre au barman, quand un type s’est assis en face de lui :
« Et merde, manquait plus que ça… », se dit Jack :
Roger Mason, le mari de Beverly Mason, plus aucun doute…
« Qui, en effet ? Qui a pu dénoncer Beverly ? Qui savait ? Quelqu’un du boulot ? »
« Je ne vois vraiment pas qui… ? On a toujours été d’une discrétion absolue avec Beverly au bureau et ailleurs… »
Pour Jack, il s’agissait plutôt de quelqu’un de l’entourage de Roger :
Inutile de trop en faire, il ne fallait pas mettre la puce à l’oreille de Roger. N’empêche que l’envoi de cette lettre est plus qu’énigmatique :
oooOOooo
Une fois Roger parti, et après s’être passé de l’eau froide sur le visage, ce qui n’a pas eu l’effet de le dégriser complètement, Jack reprit le chemin de son domicile. Sa démarche était mal assurée, quelques légers zigzags sur le trottoir accompagnaient ses pas.
« Putain de soirée… »
Jack partit d’un léger rire. Une pensée venait de lui traverser l’esprit.
« Einstein n’a rien d’un génie. J’ai tout compris de la relativité. E=MC², du charabia pour faire le malin et se faire passer pour un grand savant. Le con ! La relativité ? C’est d’une simplicité ! Il y a quinze minutes de chez moi au bar et il y a une heure et demie du bar à chez moi… La relativité, simple comme bonjour, en fait… Si on considère que bonjour est simple, bien évidemment. »
Son rire s’est transformé en ricanement, lorsqu’un couple changea de trottoir en s’approchant de lui.
23 h 50, le voilà devant le domicile conjugal. L’air frais et humide lui a redonné un peu d’aplomb et a chassé les brumes qui envahissaient son cerveau. Il était encore saoul, certes, mais ça allait mieux.
La somptueuse maison était plongée dans le noir. Les gosses sont à l’université. Tom à Yale et Meredith à Princeton. Ils logent sur le campus.
Judith devait sûrement être couchée et dormir.
Tant mieux, pas envie de la voir ce soir. Pas envie qu’elle puisse le voir dans cet état-là, surtout. Oui, c’est surtout ça. Il s’était assez donné en spectacle comme ça. Sauver les quelques apparences qu’il lui restait à sauver. Il devait bien ça à Judith.
Il s’arrêta dans l’entrée pour regarder les cadres posés sur le dessus de la commode. Le visage souriant de Judith. Elle est belle. Le temps n’altère pas sa beauté. Quand ils étaient jeunes, il avait craqué pour la jolie fille qu’elle était. C’était une femme maintenant, plus une jolie fille, mais belle comme une femme ayant passé la quarantaine. La maturité la magnifiait.
Oui, c’est ça, pas envie qu’elle le voit comme ça. La honte ? Certainement la honte, en effet…
« Soyons honnêtes deux minutes », se dit-il en se regardant dans le miroir au-dessus de la commode.
La honte, bien sûr, mais surtout les remords. La rencontre avec Roger lui a ouvert les yeux sur plein de choses. Honte de traiter Judith comme il le fait. Remords, regrets…
« Et si je la réveillais doucement pour lui faire l’amour, tendrement, comme… »
Comme quoi ? Comme avant ? Depuis combien de temps ? Il n’en savait rien… Il ne savait même plus quand il avait fait l’amour à sa femme pour la dernière fois.
Je ne suis qu’un égoïste, un putain d’égocentrique, finalement Judith ne me mérite pas…
La petite lampe près du canapé dans le salon restait allumée. « Bizarre, elle a dû oublier de l’éteindre avant de monter se coucher ? »
Elle éclairait faiblement la table de salon, où une enveloppe était posée.
« Pour Jack ». C’est l’écriture de Judith. Il a toujours aimé son écriture avec ses lettres bien rondes, ses majuscules avec quelques fioritures, les mots bien posés sur la même ligne, légèrement penchée sur la droite. Tout comme il aimait son parfum. À l’époque, il adorait se perdre dans son cou et la respirer, après avoir écarté ses cheveux blonds. Chercher avec ses lèvres le petit grain de beauté sur le haut de sa clavicule.
« Sûrement qu’elle m’écrit que le dîner est au frigo, qu’il m’attend… »
Cher Jack,
Je ne vais pas y aller de main morte (pour une fois). Si je n’arrive pas à te parler, tellement j’ai mal, je ne me retiendrais pas sur les mots que je vais t’écrire.
Je n’aurais jamais cru que ce moment existerait, mais me voilà en train de te rédiger une lettre de remerciements.
Oui, je te remercie d’avoir été (tu as vu, j’emploie le passé !) le mari dégueulasse que tu étais. Je te remercie de m’avoir trompée.
Tu me trompes, je le sais, avec la blondasse avec qui tu travailles. Une gamine à côté de toi. Quel cliché, quand on y pense ! Elle a quoi ? Quelques années de plus que ta propre fille ? Cinq ans de plus ? Six ?
Oui, je sais tout. Mettons les choses au clair, c’est terminé, je suis partie. Tu viens de briser notre mariage et notre histoire. Vingt-trois ans de vie commune.
Mais je te remercie. Parce que sans toi, je ne serais jamais devenue la personne que je suis aujourd’hui. C’est parce que tu m’as manqué de respect que j’ai appris à me respecter. Du moins que j’ai recommencé à me respecter à nouveau.
C’est grâce à toi et à ton égoïsme, à la façon dont tu m’as mal aimée, que j’ai compris l’importance de l’amour-propre. L’importance d’être soi-même, de ne plus jouer un rôle. Tout ce que j’ai perdu au fil du temps en essayant d’être l’épouse parfaite, telle que tu la voulais, et non pas telle que je suis. Ce que j’ai perdu, tu en déduiras que c’est moi. Oui, je me suis perdue.
Avec elle, tu as écumé pas mal d’hôtels. Si un homme et une femme se retrouvent entre cinq et sept dans une chambre d’hôtel, ce n’est certainement pas pour enfiler des perles. Tu n’es pas d’accord ?
Je t’ai tendu des perches, que tu n’as même pas vues. C’est ça le pire ! Alors, quant à les saisir…
Donc, j’ai fait comme dans les films, j’ai engagé un détective. Un excellent détective, d’ailleurs, si j’en crois le nombre de photos que j’ai eues entre les mains. Tu sais ces photos où tu arbores un beau sourire, où tu as l’air heureux en rentrant dans ces hôtels ou en en sortant avec elle. Cette salope…
Et moi ? J’avais le droit à tes airs blasés, à tes phrases toutes faites, à tes yeux levés vers le ciel quand je te posais une simple question. J’avais le droit à tes pieds sous la table, quand tu daignais rentrer, parfois, avant l’heure du dîner ou à des heures raisonnables. J’avais le droit à ton portable greffé à ta main.
Tu me diras, c’est toujours sympathique d’avoir une bonne poire à la maison, pour te faire à manger, te plaindre un peu et porter tes costumes au pressing. C’est rassurant aussi. Ton petit confort, quoi, tes habitudes !
Je te quitte, parce que tu m’as trompée, mais aussi parce que je me suis trompée. Sur ton élégance, sur ta classe, ton intelligence, la finesse de tes choix. Tu vois, le pire n’est pas d’être trompée, c’est plutôt d’être trompée avec dédain, sans respect. Tu as donc préféré me mentir. C’est ton choix. Je te confirme que pour moi, ce choix est le mauvais.
Je te quitte et je demande le divorce. Le divorce à tes torts, bien évidemment.
Il faut que tu saches tout de même que je ne vais pas lésiner sur ce divorce. Après un bon détective, je vais prendre un bon avocat. Tu vas y laisser des plumes, financièrement, bien sûr, mais aussi et surtout au niveau de ta réputation. Toi, le mari parfait, le père parfait, le fils parfait, l’ami parfait. Tout ça risque d’être légèrement écorné. Désolée pour ton image et ton statut social. Mais je n’aurais aucun scrupule. Tu m’en as trop fait.
Sache aussi que ma vengeance ne s’arrête pas là.
C’est un peu puéril, je l’avoue, mais j’ai envoyé une lettre anonyme au mari de ta pute. Je considère qu’il est aussi concerné par tout ça que moi, et qu’il a le droit de savoir. Lui aussi est trompé. Lui aussi est pris pour un con. Entre cocus, il faut se serrer les coudes, tu ne crois pas ?
Oui « cocue », le mot te choque ? Moi, oui, il me choque. Ce n’est pas très joli et pas du tout flatteur comme appellation. Mais je le porte, parce que je n’ai pas le choix et parce que c’est toi qui m’en as affublé.
Je ne suis fautive de rien du tout. Je n’ai pas mérité ça. Je porte donc le titre de cocue, celui que tu m’as associé, comme on donne un surnom méprisant à quelqu’un qu’on ne respecte pas.
Le fait que j’ai averti le mari de ta copine, tu as déjà dû t’en rendre compte au moment où tu liras cette lettre. Je lui ai indiqué le lieu et l’heure de votre petite sauterie prévue aujourd’hui après le boulot (toujours mon excellent détective).
Hôtel Excelsior, chambre 221, c’est ça ?
Il a dû débarquer pendant votre petite séance de baise.
Je ne le connais pas, peut-être t’a-t-il mis son poing dans la figure. Amplement mérité, non ?
Porteras-tu mieux le cocard que moi je porte les cornes ? Dommage, je ne serai plus là pour le voir.
Ce petit désagrément que je te cause, le premier, tant j’ai cherché à être une épouse modèle, c’est loin d’être le dernier. Je ne suis plus la gentille Judith, l’épouse dévouée. Tu vas vite t’en apercevoir.
Voilà, nous nous reverrons maintenant au tribunal. En attendant, si tu as quelque chose à me dire, passe donc par l’intermédiaire de mon avocat.
Les enfants ? Tu es leur père, tu pourras les voir quand tu veux. Enfin, si eux le veulent. Ils considèrent, même s’ils ne te le disent pas, que tu les as un peu oubliés ces dernières années. Un peu trompés eux aussi, en quelque sorte. Oh, tout comme moi, ils n’ont manqué de rien matériellement, mais est-ce cela que l’on attend d’un père ou d’un mari ?
Je ne t’embrasse pas.
J’ai de la peine pour la femme qui t’aimera après moi.
Judith, ta bientôt ex-femme.