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Temps de lecture estimé : 43 mn
06/11/22
Résumé:  Une enquête du détective Marteau dans l’univers impitoyable de la littérature érotique.
Critères:  fh ff vengeance humour policier -policier
Auteur : Jimmychou      Envoi mini-message
L'affaire Laetitia

Je m’appelle Michel Marteau et j’exerce depuis plus de trente ans le métier de détective privé. J’ai installé mon cabinet à mon domicile, situé dans un immeuble sans charme, mais plutôt bien entretenu du quartier de Passy dans le 16e arrondissement de Paris.


Comme dans bon nombre d’appartements parisiens anciens, un couloir dessert l’ensemble des pièces.

À gauche en entrant, une cuisine spacieuse pouvant accueillir quatre convives, suivie d’une grande pièce à vivre qui me sert aussi bien de séjour que de bureau pour recevoir mes clients. À droite, une pièce pompeusement dénommée bibliothèque où officie ma « secrétaire », puis ma grande chambre et enfin les sanitaires.


Je ne vais pas vous mentir. Ce n’est pas mon activité professionnelle qui m’a permis de m’installer dans ce quartier bourgeois. J’ai en effet hérité mon logement de mes grands-parents – aujourd’hui disparus – lorsqu’ils sont partis s’installer dans le Sud pour jouir de leur retraite.

Car mes affaires sont loin d’être aussi reluisantes que je le souhaiterais. Et si je travaille assez pour payer mes charges, c’est parce que je pratique des tarifs extrêmement raisonnables. Comme vous pouvez vous en douter, la plupart de mes missions concernent les affaires d’adultère. En complément, j’ai parfois l’opportunité d’effectuer de la recherche de descendance pour le compte d’un notaire que je croise une à deux fois par mois lors de parties de tarot.


Actuellement, c’est Conchita, une petite femme brune et enrobée de soixante-trois ans qui me tient lieu de « secrétaire », ce qui est un bien grand mot pour qualifier l’activité que cette dame très gentille effectue pour mon compte.

En fait, Conchita est l’ancienne concierge de l’immeuble. Je l’emploie depuis de nombreuses années pour effectuer deux heures hebdomadaires de ménage chez moi et je sais que c’est une femme astucieuse et dynamique.


Conchita a dû prendre sa retraite il y a un an et lorsqu’elle m’a fait part de son souhait de trouver des petits boulots pour s’occuper et accessoirement améliorer sa maigre pension, je lui ai donc rapidement proposé de la déclarer quelques heures de plus comme employée de maison si elle voulait bien assurer en échange un service de secrétariat minimum.


Jusque-là, j’utilisais les services de sociétés spécialisées dans la gestion d’appels pour le compte des professions libérales. Mais je ne regrette pas d’avoir embauché Conchita bien que l’activité du poste justifie à peine un tout petit temps partiel. Car mon ex-concierge prend sa mission très à cœur et elle ne compte pas ses heures de présence passant énormément de temps dans ma bibliothèque que José, son mari, a arrangé au mieux pour que Conchita remplisse sa mission dans les meilleures conditions.


Et cette femme volontaire n’a effectivement pas été longue à endosser le rôle de l’assistante dévouée chère aux romans policiers des années 60.

Elle a donc ressorti la robe noire qu’elle n’avait pas portée depuis sa première grossesse, ses escarpins en cuir verni réservés aux événements religieux et elle a foncé chez sa coiffeuse-maquilleuse attitrée pour arborer une magnifique choucroute couleur de jais et un rouge à lèvres vermillon assorti à ses ongles vernis. Le résultat tient à la fois du bonhomme Michelin et de la Nana de Niki Saint-Phalle, mais je me suis bien gardé de faire la moindre remarque à Conchita concernant son nouveau look.


Ma secrétaire débutante est en tout cas ravie de son nouveau statut. Ce qui semble avoir un effet particulièrement stimulant sur sa libido si j’en crois les commentaires que me font régulièrement les résidents vivant au-dessus de la loge que le couple continue à occuper jusqu’à la retraite de José.

Car celui-ci a en effet repris la fonction de sa femme après avoir mis fin sans regret à une longue et éreintante carrière dans le bâtiment.


Comme je l’ai laissé entendre précédemment, Conchita fait beaucoup d’heures de présence, mais elle ne croule pas sous le boulot. Elle passe donc pas mal temps sur le vieux PC que j’ai mis à sa disposition à améliorer sa maîtrise du traitement de textes et à surfer sur Internet.


Un jour, en me rendant dans son « bureau », j’ai surpris Conchita focalisée sur l’écran de l’ordinateur sur lequel une animation de qualité médiocre montrait une femme nue et plantureuse agenouillée sur un homme allongé tout aussi nu dont le pénis raide et plutôt épais coulissait en boucle dans l’intimité de la dame.


Cette scène m’étonna quelque peu et lorsque Conchita s’aperçut de ma présence, elle devint toute rouge avant de se mettre à bafouiller.



Légèrement dubitatif, mais néanmoins curieux de savoir ce que pouvait représenter ce Gourdin d’argent vanté par Conchita, je décidai de mettre à profit une fin de journée particulièrement oisive pour en apprendre un peu plus sur cette Laetitia qui avait conquis l’estime de mon ex-concierge.

Je commençai donc par visiter le site érotique de prédilection de Conchita. C’est ainsi qu’après avoir refusé quelques propositions d’échanges virtuels avec d’accortes personnes fort peu vêtues, je pus lire mon premier texte de Laetitia.


J’avoue que malgré quelques gauloiseries distillées çà et là, je suis très vite tombé sous le charme de l’écriture alerte et non dénuée d’humour de la dénommée Laetitia, avant d’être définitivement conquis par ses textes originaux au contenu circonstancié rempli de références étayées.

Tout cela me semblait effectivement témoigner d’une culture éclectique loin de la superficialité à laquelle nous sommes malheureusement trop habitués par les temps qui courent.


Cette personne avait donc une tête bien faite. Restait à savoir ce qu’il en était de son corps. Et une fois de plus, je fus édifié même si je dus pour m’en convaincre me fourvoyer sur les pages numériques des magazines people. Où je pus notamment découvrir Laetitia tenant sensuellement son Gourdin d’argent aux côtés de Jacques Sohn-Faïve, son éditeur, accessoirement PDG des éditions Emplomb.


J’appris de la sorte et en un temps record, énormément de choses sur Laetitia, l’espoir montant de la littérature pour adultes, pour reprendre les propos de la presse spécialisée.

Selon « Gras-là », la jeune femme descendrait de la famille royale de Suède. Mais d’après « Poissy », le véritable père de Laetitia serait un important homme politique de gauche aujourd’hui disparu. L’autrice aurait ainsi acquis sa passion pour l’écriture auprès de sa demi-sœur Sarazine.

J’ai aussi appris en parcourant « Marine-France » que Laetitia a récemment eu une aventure avec le jury de « The Voice ». Et lorsque je demandai à Conchita si elle était au courant de cette passade et si elle connaissait le nom du membre concerné, ma secrétaire me répondit simplement qu’il s’agissait du jury complet.


Très vite, je fus donc subjugué par l’œuvre et la vie aventureuse de la belle Laetitia. Et bien sûr, je ne tardai pas à lui envoyer quelques mails pour lui faire part de mon admiration, en lui glissant incidemment que j’étais détective privé et que si un jour, elle avait besoin des services d’un enquêteur, je serais prêt à la faire bénéficier de mes prestations haut de gamme à un tarif particulièrement avantageux.


La jeune beauté me remercia en répondant poliment à mon courrier électronique et je n’en entendis évidemment plus parler. Du moins jusqu’à la semaine dernière.


J’étais alors sur une enquête que m’avait confiée madame Martine P. qui comme la grande majorité de mes clientes soupçonnait son mari d’adultère.

Madame P. m’avait expliqué que Patrick, son époux depuis plus de trente-cinq ans, devait se rendre à une des séances de dédicace organisées après la remise du Gourdin d’argent à Laetitia. Cette dernière avait en effet décidé de remercier quelques admirateurs triés sur le volet en signant personnellement l’exemplaire qu’ils avaient acheté de son livre. Martine aurait normalement dû accompagner son époux à la cérémonie, mais une obligation familiale l’en avait empêchée. Et ma cliente supposa, peut-être à raison, que cette absence constituait l’opportunité idéale pour permettre à Patrick de retrouver une éventuelle maîtresse.


Je possédais moi aussi la version originale de l’œuvre de Laetitia, mais je n’étais malheureusement pas convié à la fête et mes obligations professionnelles ce soir-là me condamnaient à surveiller monsieur Patrick P. avec la plus grande discrétion.


Je fus d’ailleurs étonné de voir mon « client » se présenter trois fois devant Laetitia pour qu’elle appose sa signature sur autant d’exemplaires de son livre.

Conchita m’avait renseigné sur les liens d’estime unissant Laetitia et Patrick qui publiait lui aussi régulièrement sur les sites érotiques de prédilection de l’écrivaine, des textes fort appréciés. Ma secrétaire m’affirma aussi qu’il arrivait parfois à Patrick de collaborer avec la belle artiste.

Mais je n’avais pas pour autant saisi l’intérêt pour le mari de ma cliente de collectionner les exemplaires du recueil de nouvelles signés par son auteur, sinon pour assouvir une forme rarissime de fétichisme.


Patrick ne participa pas au cocktail qui suivit la dédicace. En effet, il s’éclipsa juste après que Laetitia eut dédicacé le troisième exemplaire de son livre et bien évidemment, je lui emboîtai discrètement le pas.


Le séduisant sexagénaire s’engouffra dans la bouche de métro la plus proche pour sortir vingt minutes plus tard à la station Goncourt. Une fois dehors, je le vis se diriger vers un immeuble situé à quelques centaines de mètres de là.

Et je décidai donc d’attendre patiemment dans le bar en face que le gaillard daigne ressortir du bâtiment.


Quelle ne fut pas ma surprise de voir Patrick réapparaître une heure plus tard accompagné d’une jeune femme avenante, vêtue d’une robe courte au décolleté profond et fort bien rempli.

Comme les deux tourtereaux prirent le temps d’échanger un baiser torride avant de se séparer, je pus quitter tranquillement le bar et lorsque la jeune personne me croisa après avoir laissé son amant, j’eus la surprise d’apercevoir le prénom Patrick tatoué sur son avant-bras.


Je laissai la fille s’éloigner avant d’entamer une filature discrète du séducteur grisonnant.

Alors que je me rapprochais de plus en plus, son portable se mit à sonner. Le mari volage s’immobilisa pour répondre.

Lorsque je suis en mission, je ne sors jamais sans mon discret micro directionnel Bluetooth. Je m’en servis donc une fois de plus pour écouter à loisir Patrick échanger avec son correspondant et la teneur de la conversation ne me laissa aucun doute sur leur niveau d’intimité même si je ne pouvais entendre la voix de la personne à l’origine de l’appel.



Il ne manque pas d’aplomb le mec ! pensai-je alors, légèrement estomaqué, pendant que Patrick écoutait sa correspondante s’exprimer.


Les propos qui suivirent me sidérèrent encore plus :



Après avoir écouté la dernière réplique de Jessica, Patrick eut un petit rire puis il remit son téléphone dans sa poche.


Je pris le temps de remettre de l’ordre dans mon esprit perturbé et de ranger mon gadget dans la poche de ma veste. Puis je me dirigeai d’un pas assuré vers le fougueux époux de ma cliente estimant que c’était le bon moment pour me faire connaître. Je décidai néanmoins dans un premier temps de n’aborder avec Patrick que sa relation avec la jeune femme tatouée.



Monsieur P. me regarda avec un visage peu amène avant de répondre.



Patrick devint tout pâle.



Le gaillard grisonnant me gratifia d’une moue contrariée.



En voyant Patrick blêmir un peu plus, je compris que mon coup avait porté, car je me doutais bien que Martine pardonnerait n’importe quel écart à son mari adoré et pour cette raison, je ne voyais pas l’intérêt de faire de la peine à ma charmante cliente en lui révélant les « petites » infidélités de son chéri.

En revanche, je savais bien que si Patrick perdait la considération du redoutable et redouté critique, sa carrière d’auteur était définitivement compromise.


Alors que je laissais le temps au bouillant retraité de réfléchir à ce que je venais de lui dire, je m’aperçus qu’il n’avait plus que deux exemplaires du livre dédicacé sous le bras.



Je venais bien sûr d’apprendre que, outre Cindy, Patrick montrait aussi beaucoup d’affection à une certaine Jessica, mais j’étais curieux de savoir ce que le Casanova des histoires de cul allait me fournir comme explication.

Son silence en disait plus qu’un long discours et je ne pus m’empêcher d’éclater de rire avant de jouer franc jeu.



Patrick resta coi en me considérant avec effarement. Le coco était mûr pour l’estocade et je portai le coup fatal.



J’accompagnai alors un Patrick tout penaud dans le bar le plus proche où le mari volage fit exactement ce que je lui avais demandé avant d’aller retrouver sa femme la queue basse et, du moins l’espérai-je, le cœur plus léger.


Je ne peux pas dire que j’étais particulièrement fier de la manière dont j’avais traité cette affaire, mais j’avais le sentiment d’avoir sauvé un couple emblématique et, cerise sur le gâteau, j’avais pu enfin apercevoir pour la première fois de ma vie la merveilleuse Laetitia en chair et en os. Bien que la distance qui nous séparait à cette occasion fût conséquente, le simple fait d’y repenser suffisait à faire apparaître des papillons devant mes yeux et une certaine raideur dans mon caleçon.




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Quelques jours plus tard, je vois Conchita entrer rouge d’excitation dans mon séjour-bureau.



J’encaisse le choc à mon tour puis je demande à Conchita de faire patienter la jeune femme une ou deux minutes avant de la conduire dans mon repère.

Lorsque Laetitia pénètre dans la pièce, juchée sur une paire de sandales Jimmy Shoo aux talons démesurés, vêtue d’un tailleur Chanel à la fois élégant et sexy, je tombe littéralement sous le charme de cette beauté italo-scandinave.


Le sourire discret, mais satisfait de ma visiteuse me fait comprendre qu’elle n’est pas mécontente de l’effet produit sur ma personne.

Cette trentenaire blonde au visage angélique et volontaire est sans aucun doute la plus sublime femme qu’il m’ait été donné de rencontrer tout au long de mon existence et bien sûr je tombe immédiatement amoureux d’elle au moment même où je la salue les yeux embués d’émotion.



Après avoir pris acte du consentement de Conchita, j’invite ma future cliente à s’asseoir.



Laetitia sort alors avec une grâce exquise une feuille de papier format A4 de son sac Kelly en crocodile avant de me la tendre et de me préciser :



Avant que je commence la lecture du document, Conchita se présente avec un petit plateau pour apporter les deux cafés et quelques mignardises. Je la remercie avant de déclarer à Laetitia :



L’écrivaine sourit alors à Conchita et lui dit :



La jeune femme sort un luxueux stylo Montblanc en or de son sac et ouvre le recueil que lui tend son admiratrice.

Je la vois sourciller avant de m’adresser la parole :



Je pâlis légèrement. Conchita s’est trompé d’exemplaire. Au lieu de prendre celui que j’ai acheté, elle a apporté le livre que m’a remis Patrick en échange de mon silence sur ses incartades.


J’invente une explication vaseuse pour justifier ma possession du recueil paraphé.



Conchita reprend aussitôt le bouquin et va récupérer l’exemplaire vierge pour obtenir sa dédicace. Puis elle s’éclipse nous laissant entrer dans le vif de l’affaire.


Laetitia n’a pas pris soin de masquer son adresse sur la copie du document. Son domicile, situé 69 rue Thierry-Ardisson 75021 Paris, m’indique qu’elle vit dans le quartier prisé par les écrivains à la mode.


Cette observation faite, je me mets à lire le texte pour le moins imagé imprimé sur la feuille :


Sale gouine, on t’accorde dix jours pour retourner dans ton pays de bouffeurs de rennes. Si tu n’obtempères pas, on te fera passer définitivement le goût de la tarte à poil et on plantera ton Gourdin d’argent dans ton gros cul jusqu’à ce que les deux soient soudés.


En bas de la page apparaît un paraphe en caractères italiques gras :


La Ligue pour la Garantie de la Bienséance et des Traditions


Je jette un coup d’œil discret au bassin de Laetitia avant de m’exprimer.



Je réfléchis un court instant avant de m’adresser à ma future cliente :



Laetitia baisse les yeux une fraction de de seconde avant de répondre :



Mon air contrarié fait sourire Laetitia.



J’acquiesce avant de la laisser poursuivre :



J’examine un court moment le visage angélique de Laetitia avant de me prononcer. Et lorsque je sens un soupçon d’érection gagner l’intérieur de mon caleçon, je déclare :



Puis j’ajoute magnanime :



Laetitia me regarde légèrement incrédule avant de déclarer dans un grand sourire :



Son aveu provoque aussitôt l’arrivée de sang dans mes joues et dans ma queue donnant de fait un coup de fouet énergique à ma gaule naissante.

Je profite donc brièvement de cette excitation aussi soudaine qu’agréable avant de me défendre avec virulence d’avoir pu seulement oser envisager le moindre paiement en nature d’une partie de mes honoraires.

Ce qui n’empêche nullement Laetitia, quelque peu sidérée par mes dénégations faussement offusquées, de partir dans un formidable éclat de rire déversant de ce fait une douche glaciale qui me fait débander à vitesse supersonique.


Je suppose qu’on a tous connu ça un jour ou l’autre :

Alors que je touche au Nirvana faisant face à la personne la plus merveilleuse qui soit, mon fantasme absolu, symbole ultime de mon idéal féminin, un événement sordide et inattendu vient briser le charme divin qui embrase tout mon être.

Et je n’aurais sans doute pas été plus désappointé si, à ce moment-là, Laetitia m’avait montré sa bite.


Évidemment, la blonde sublime n’a pas lâché une longue caisse sonore et nauséabonde. Mais bien pire, elle a ri à gorge déployée : un son long et strident entre ricanement d’hyène lubrique et barrissement d’éléphant asthmatique.

Et une tristesse infinie m’envahit alors que le rire déprimant semble ne jamais vouloir cesser.

Je sais bien que femme qui rit est à moitié dans ton lit, mais moi je ne serais pas sûr d’y être si jamais ce bien hypothétique événement devait se produire un jour.


Lorsqu’enfin la furtive élue de mon cœur récupère sa jolie voix de cristal, elle ne me tient pas rigueur de ma tentative grossière d’abus de faiblesse financière et valide ma proposition de facturation m’assurant que son compte en banque est suffisamment bien garni pour régler le solde de ma prestation lorsqu’elle aura pris fin.


J’appelle donc Conchita, ma secrétaire, et lui demande d’éditer à l’attention de madame Laetitia S., un contrat de prestation de service avec obligations de moyens au tarif journalier habituel, frais non inclus, avec remise exceptionnelle de 10%.



Je me rétracte aussitôt :



Je me mets alors à gamberger avant de reprendre la parole :



Laetitia me regarde les yeux ronds :



Laetitia lâche un rire amer :



Laetitia hausse les épaules.



• un(e) amant(e) éconduit(e),

• la victime d’un événement que vous auriez involontairement provoqué,

• un psychopathe, bien sûr.


Je fais une pause avant de reprendre mon exposé.



Avant que Laetitia ait eu l’opportunité de me répondre, je lui fais part de mon inquiétude naissante :



J’ignore le sourire narquois de la magnifique blonde et la laisse poursuivre sans ciller.



Laetitia éclate de rire. Ma mine fortement renfrognée m’évite de subir un nouveau hurlement d’hyène castrée.


Laetitia redevient sérieuse en répondant à une de mes interrogations :



Je m’accorde un moment de réflexion avant de me préoccuper à nouveau de la sécurité de ma cliente.



Laetitia soulève un sourcil avant que je poursuive :



Je reste calme et courtois avant de répondre :



Laetitia me considère avec une légère lueur de reconnaissance qui m’encourage à poursuivre :



La magnifique blonde me fixe de ses yeux azur et je ne peux réprimer l’érection qui en découle presque immédiatement.

Bon ! pas de panique, je ne porte pas de jean moulant et mon caleçon fait une taille de trop ce qui devrait me permettre de conserver malgré tout un semblant de dignité.


Tout en faisant passer sensuellement sa langue sur ses lèvres pulpeuses, Laetitia retire alors sa veste, puis ouvre largement son chemisier me dévoilant impudemment son soutien-gorge délicat dont elle fait jaillir ses seins ronds en les saisissant à pleines mains avant de diriger leurs pointes orgueilleuses vers mon visage…



Ce n’est autre que Laetitia qui m’interpelle en me fixant d’un regard inquiet. Comment a-t-elle pu se rhabiller aussi vite ?



Finalement, Laetitia se laisse convaincre et accepte ma demande de reprendre contact avec Sven.



L’ex-petit ami éconduit décroche à la troisième sonnerie.



Je sens que ma cliente est sur le point de lâcher une répartie qui risque de mettre fin prématurément à l’échange et je pose ma main droite sur son bras en lui faisant un geste d’apaisement de la gauche. La belle blonde parvient à se maîtriser contrairement à moi dont le simple contact avec son bras délicat me file illico une trique embarrassante malgré l’épaisseur de la luxueuse étoffe de son tailleur Chanel.


La belle blonde salue son correspondant avant de lui exposer le motif de son appel :



Cette révélation me fait débander aussi sec. Mais la suite de l’échange me redonne très vite de la vigueur.



Laetitia est de moins en moins à l’aise et ce n’est pas mon air effaré qui la requinque. Néanmoins, elle fait preuve d’un aplomb exceptionnel :



Lorsque Laetitia accepte le deal,

Je commence à m’inquiéter pour le règlement de mes honoraires.


Alors qu’elle vient de mettre fin à l’échange, je ne me prive pas d’une remarque :



Laetitia se contente de hausser les épaules avant que je lui expose mon plan :



Laetitia me fixe quelques secondes. Je soutiens son regard puis je me saisis de la feuille qu’elle m’a présentée avant d’appeler Conchita.

Lorsque ma secrétaire entre dans mon salon-bureau, je lui tends le document et lui demande de constituer un nouveau dossier au nom de madame S. Et de l’accompagner dans son repère pour recueillir les informations sur ses contacts proches et son planning des jours à venir.


Avant de me préparer pour sortir et accompagner discrètement Laetitia pendant le reste de la journée, j’appelle rapidement mon contact à la PP pour l’informer que ma secrétaire lui transmettra prochainement par le canal habituel, une liste d’individus que je souhaiterais voir passer au « criblage ».

Eon, pseudonyme sous lequel le numéro de ce correspondant est enregistré dans mon téléphone me confirme que je pourrai récupérer les informations qui m’intéressent le lendemain et me rappelle de ne pas oublier ma petite contribution à l’association des Orphelins de la police.




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Allongé dans le lit depuis plus d’une heure, je laisse mon esprit vagabonder pendant que Djamila, une ravissante infirmière à la peau d’ébène s’assure de ma position après avoir vérifié le maintien de ma minerve.



Mais avant de franchir le seuil de la porte, elle se retrouve soudainement face à l’alter ego féminin de Sébastien Chabal.

Djamila ne peut étouffer un cri de frayeur en découvrant le bulldozer humain qui s’immobilise face à elle.

La femme aux courts cheveux châtain coiffés en brosse a le physique d’une lanceuse de disque. La quarantaine révolue, elle est vêtue d’un jean, d’une épaisse chemise à carreaux, de baskets taille 43 et d’un blouson en cuir taille XXL.



En examinant le visage de l’arrivante, je comprends qu’elle se demande, comme je l’ai fait une demi-heure plus tôt si la jeune infirmière noire est entièrement nue sous sa blouse.


Un ange traverse la chambre pendant que la visiteuse se rince l’œil avant de se tourner vers moi.



Je parviens à extraire ma main de l’étau de chair avant de déclarer :



J’encaisse avant de répondre :



La commissaire hausse les épaules avant de me gratifier d’un sourire crispé :



D’autre part, suite à l’information que vous m’avez donnée concernant le véhicule dans lequel serait montée Laetitia, j’ai appelé un de mes contacts qui travaille au centre de vidéo surveillance de la ville pour lui demander de visionner les bandes produites entre 22 h 40 et 23 h 00 par les caméras proches du Grand Vefour. Je lui ai précisé de considérer avec une attention particulière les SUV allemands noirs qui ont croisé dans le quartier sur cette période. On me recontactera si cette recherche donne quelque chose.


La commissaire reprend son souffle avant de poursuivre.



Curieusement, la jolie infirmière semble beaucoup moins pressée de continuer sa tournée. Et elle ne cherche même pas à cacher son intérêt pour la teneur de la conversation que je viens d’entamer avec la commissaire.


Je commence donc à décrire de manière succincte les événements qui ont amené la lauréate du Gourdin d’argent à dîner en tête à tête avec son ex dans un prestigieux restaurant parisien pendant que je planquais à l’extérieur après m’être régalé d’un kebab frites, sauce piquante.

J’avais en effet décidé de me faire passer pour un livreur de repas pour justifier ma présence dans le coin et j’avais donc installé derrière la selle de mon trail Honda un imposant topcase supposé pouvoir transporter des plats cuisinés.




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J’attaque ma relation des faits au moment où Laetitia quitte le grand Vefour.



Le temps de remettre mon casque, de démarrer ma bécane et d’emprunter la rue qui mène au boulevard, et j’aperçois à une centaine de mètres un type cagoulé qui tire violemment Laetitia par le bras avant de la jeter sans ménagement sur la banquette arrière d’un SUV noir qui démarre en trombe sans même attendre que la portière soit refermée.

La voiture est certes puissante, mais beaucoup moins maniable que ma moto et je ne doute pas de rattraper le véhicule rapidement malgré les deux bagnoles que je dois laisser passer avant de griller le feu rouge.

Malheureusement, en tournant dans la petite rue empruntée par le SUV quelques secondes plus tôt, je ne remarque pas des déchets gras sur la chaussée. Ma roue avant décroche et la moto se couche et glisse jusqu’à ce qu’une rangée de poubelles mette brusquement fin à ma course-poursuite.

Évidemment, je suis fou furieux lorsque je me relève comme une furie et je retire mon casque d’un coup. C’est à ce moment que je suis pris de vertige et que je perds conscience.


Constatant qu’Adèle m’écoute religieusement, je poursuis ma narration.



La commissaire reste imperturbable et ne pipe mot ce qui m’encourage à poursuivre mon récit :



Tout à mon dépit de m’être fait semer aussi bêtement, je continue mon exposé :



Je fais un clin d’œil à la frangine de Chabal avant de répondre.



La jeune femme noire sursaute et lâche une exclamation de protestation :



Adèle rigole un bon coup.



J’en rajoute une couche :





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Moins d’un quart d’heure plus tard, j’ai récupéré mes vêtements et rempli les formalités administratives. De son côté, Pettesec s’est fait communiquer l’adresse de Sven Maldini auprès de collègues de permanence et nous nous nous apprêtons à prendre la route pour lui rendre une petite visite à sa résidence de Montreuil.


Une sonnerie sur son téléphone alerte la commissaire qui s’isole pour passer un rapide coup de fil avant de venir me retrouver :



Quelques minutes plus tard, Pettesec consulte son téléphone et me confirme que Sven Maldini n’a pas de BMW X5.





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Nous roulons depuis une dizaine de minutes en direction du domicile de Jeff Parchemin, l’assistant de Jacques Sohn-Faïve aux éditions Emplomb.


La liste de Laetitia contenait le nom et le numéro de téléphone du bonhomme et en consultant le SIV, le brigadier de la PP a trouvé qu’un certain Jean-François Parchemin résidant à Meudon était propriétaire depuis trois ans d’une BMW X5 noire.

Après une petite recherche sur Internet, j’ai découvert en consultant le compte Linky (le réseau social des professionnels) de Monsieur Parchemin qu’il n’est autre que l’assistant du patron de la maison d’édition de Laetitia.




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Je romps le silence en m’adressant à Adèle :



Je me tais tandis qu’une larme perle à l’œil de ma conductrice et j’attends respectueusement qu’elle sorte de son mutisme.



Adèle reste à nouveau silencieuse plusieurs secondes avant de répondre.



Silencieux, je regarde Adèle les yeux rivés sur la route se remémorer cette période douloureuse de son existence.



Pépette rigole malgré elle.



Le GPS signale la proximité de la maison de Jeff Parchemin.



Adèle éclate de rire.



Alors que nous nous trouvons à trois cents mètres du pavillon, un signal lumineux clignotant annonce l’ouverture du portail électrique de la propriété d’où s’extrait une 308 grise qui tourne immédiatement à droite avant d’accélérer en douceur.

Je saisis alors brusquement le bras de la conductrice et lâche :



La commissaire ne moufte pas et cale son allure sur celle de la Peugeot puis elle éteint ses feux.



Je me contente donc de serrer les fesses durant la bonne vingtaine de minutes pendant lesquelles nous filons la 308 jusqu’à ce qu’elle s’arrête à un carrefour en pleine forêt à proximité d’une petite maison abandonnée.

Presque aussitôt, le chauffeur descend, bientôt imité par son passager.


Enfin, c’est ce que je parviens à distinguer parce que les phares de la Peugeot sont restés allumés.


Adèle se gare discrètement pendant que je sors mon micro directionnel pour le connecter à mon smartphone.

Les deux passagers de la 308 se sont rapprochés et je baisse ma fenêtre avant de diriger le micro vers eux.

Aussitôt, leur conversation nous parvient grâce au haut-parleur de mon téléphone.



La réponse de Sohn-Faïve se veut fataliste.



Je me tourne vers la commissaire avant de la questionner.



Adèle ouvre sa portière et extrait sa gigantesque carcasse de la Renault avant de se diriger vers les deux tourtereaux. Je l’imite.


Le bruit que nous faisons en nous approchant attire l’attention de l’homme qui sursaute.



Adèle affiche un calme impressionnant :



Laetitia reste silencieuse et regarde alternativement la commissaire et son éditeur que j’ai reconnu grâce aux quelques photos de lui que j’ai consultées sur Internet notamment lors de notre passage à la PP un peu plus tôt dans la nuit.



Adèle répond à la place de son amie :



Terrorisé, Jacques Sohn-Faïve fait quelques pas vers la maison abandonnée et s’arrête. Je le rejoins silencieusement et le palpe consciencieusement.



Une explosion déchire la fin de la nuit et la cervelle du patron des éditions Emplomb se répand sur l’herbe avant que son cadavre s’écroule sur le sol.


Je regarde la tireuse avec sidération avant de hurler.



Laetitia s’approche du mort et crache sur le corps.



Devant mon air ahuri, Pettesec lâche un petit rire avant d’expliquer :



Je ne peux que m’ébaubir :



Je marque un temps d’arrêt avant de poursuivre à l’attention de Laetitia :



Je lâche alors, désabusé :



Je regarde tour à tour les deux femmes avec une pensée triste pour Laetitia prête à n’importe quelle compromission pour avoir sa part de gloire et le fric qui va avec.



La policière recule alors de quelques pas et vise mon torse avec le petit flingue qu’elle a précédemment sorti de sa poche.

Je ferme les yeux lorsque le coup de feu retentit.

Le juron de Pettesec me vrille les oreilles. En ouvrant les yeux, je la découvre accroupie en train de tenir sa main en sang à laquelle il manque au moins deux doigts. Elle est pâle comme un linge.



Alors que le soleil pointe à l’horizon, mon copain Franck Lucca, commandant de police et tireur hors pair nous rejoint en maintenant son arme pointée vers la commissaire.



Puis je m’adresse à la femme blessée.



La première chose que j’ai faite après que ta copine canon m’a engagée, c’est de vérifier cette histoire de plainte et d’enquête. Quand j’ai appris que c’était bidon, je me suis dit qu’il valait mieux sortir couvert et j’ai contacté mon vieux pote Franck.

Et avant qu’on prenne la route en amoureux toi et moi cette nuit, je l’ai appelé et j’ai activé ma balise. C’est mon côté geek : je peux pas résister à un gadget qui pourrait me servir un jour.


Je me tourne alors vers Laetitia :





Épilogue



En attendant que les policiers contactés par mon pote, Franck Lucca, débarquent pour procéder aux premières constatations, je décidai de m’isoler quelques minutes avec Laetitia pour qu’elle m’éclaire sur quelques points nébuleux de cette affaire.

D’abord je voulais comprendre sa réaction après le meurtre de Jacques Sohn-Faïve. Pourquoi avait-elle marqué un tel mépris en crachant sur le cadavre de son éditeur ?

La belle blonde m’en expliqua la raison en contenant sa colère avec difficulté :



Ensuite quel était le rôle effectif de Jeff Parchemin dans le plan initial et dans sa version finale ?

Laetitia ne se fit pas prier pour lâcher le morceau.



Complètement abasourdi, j’ai écouté la magnifique et machiavélique jeune femme pendant que mon cœur se désintégrait.

Alors, Laetitia a soudain éclaté en sanglots et malgré tout ce qu’elle venait de faire et de me dire, je n’ai pas résisté et je l’ai prise dans mes bras.

La sublime jeune femme a levé la tête pour me fixer avec un regard de cocker triste et je n’ai pu m’empêcher d’essuyer les larmes qui coulaient de ses beaux yeux rougis de fatigue.

Et avant que j’ai pu esquisser le moindre mouvement, elle a posé ses lèvres sur les miennes et nos langues se sont mêlées dans un ballet endiablé.


Le monde était devenu merveilleux et alors que je m’apprêtais à lui dire combien je l’aimais, que je l’attendrais toutes les années nécessaires et que je serais présent le jour de sa sortie de prison, elle me gratifia d’un magnifique coup de genou dans les parties m’envoyant au tapis me tordre de douleur pour un bon moment.



Malgré la douleur qui me tenaillait le scrotum, je parvins à tourner la tête vers Lucca qui conclut :