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Temps de lecture estimé : 25 mn
08/11/22
Résumé:  Une braqueuse en cavale rencontre une belle inconnue dans un restaurant. Les évènements s’enchaînent.
Critères:  ff amour policier -policier -rencontre
Auteur : Laetitia            Envoi mini-message

Série : Cavale

Chapitre 02 / 03
Cavale 2

Résumé de l’épisode précédent : Qui est vraiment Juliette ?




Je me suis réveillée vers cinq heures. Le corps nu de Juliette me tournait le dos, une de ses jambes passée par-dessus la couette.

Qu’elle était jolie, ainsi endormie ! Quel spectacle ! Un sein découvert, l’autre sous le drap. Seins dont j’avais testé la fermeté une partie de la nuit.


Hier, tout l’après-midi, c’était son genou et la naissance de sa cuisse qui aimantaient mon regard. Là, c’était ce sein superbe, tout à fait à mon goût. J’apprécie les petites poitrines. La sienne, bronzée (elle pratiquait donc le monokini, Juliette), avec ses aréoles beaucoup plus foncées, me faisait fondre. J’ai noté également, que non contents d’être magnifiques, ses mamelons s’étaient révélés très sensibles. À peine, les avais-je touchés, cette nuit, que ça lui avait provoqué la chair de poule et que ses tétons s’étaient dressés. J’aime tout particulièrement les filles à la poitrine sensible.


J’ai hésité à la réveiller en la couvrant de baisers, pire (ou mieux, d’ailleurs), de la découvrir, pour regarder le reste de son joli corps. J’y ai renoncé, préférant la laisser dormir encore un peu. La journée allait être longue. Nous devions décider de ce que nous allions faire précisément. Partir, quitter la Belgique semblait la solution la plus sécure. Nous devions aussi avoir cette fameuse explication, et tirer les choses au clair. Je ne pouvais pas continuer en aveugle, dans la mesure où je continuais bien sûr.


Au fond de moi, j’avais bien entendu décidé que je n’allais pas abandonner Juliette à son sort. J’y laisserais peut-être des plumes, mais tant pis. On ne se refait pas. Et puis j’ai passé ma vie à prendre des risques. Les risques, c’est ma vie.


Je me suis levée sans bruit. Sur le parquet, à côté du lit, j’ai récupéré ma petite culotte qui avait échoué là, la veille au soir, à côté de la sienne. Dentelle noire sur dentelle blanche : intéressant contraste. Y a-t-il un langage des petites culottes, comme il y a un langage des fleurs ? Fallait-il y voir un symbole ? Trop tôt le matin pour me prendre la tête avec ce genre de considérations.

Je me suis approchée de la fenêtre. En ce mois de juillet, le jour commençait déjà à poindre.


Zut… La BMW noire, que je commençais à bien connaître, était garée dans la rue à une cinquantaine de mètres de l’hôtel. Ils ne se cachaient même plus maintenant.


Je décidais de les laisser mariner un peu dans leur bagnole à la con, ces cons.


« On laisse dormir Juliette, Messieurs les tueurs. On nous laisse le temps de prendre une douche, de mettre des petites culottes propres, un petit-déjeuner et ensuite, je m’occupe de vous ». Mariner, c’est le terme exact. Cinq heures, la température a baissé un peu, mais ne va pas tarder à remonter vite fait. La canicule touchait même le nord de la Belgique cette année. D’ici neuf heures, il fera vingt-huit degrés au moins, transpirez bien dans votre BM, mes cocos.


J’ai tout de même décidé de ne pas attendre. Je suis descendue dans la rue, en sortant par une porte dérobée de l’hôtel. J’ai pu ainsi approcher de la BMW discrètement.

Même si je suis restée à bonne distance, histoire de ne pas me faire repérer, j’ai pu voir que deux types se trouvaient à l’intérieur. De là où j’étais, je ne distinguais pas complètement leurs traits, mais celui qui disait tout le temps « connasse » n’était pas l’un des deux, apparemment. En revanche, j’étais persuadée que le conducteur était peut-être « Costume noir », le type des dunes. Il y avait donc encore au moins deux équipes sur le coup.


Ils étaient mal placés. De l’endroit où ils se trouvaient, ils ne voyaient pas ce qui pouvait se passer sur le parking de l’hôtel. Juste les voitures qui en sortaient. Des rigolos encore. Un plan a germé dans mon esprit. J’ai d’abord récupéré la grenade qui se trouvait dans la boîte à gants de l’Audi, puis j’ai crocheté la serrure de la portière côté passager de la voiture garée à côté : un SUV Nissan, a priori sans alarme.


Il n’y avait personne sur le parking à cette heure matinale. J’ai démarré la Nissan avec deux fils sous le volant, préalablement dénudés. Il faut toujours avoir un couteau suisse sur soi. Utile pour voler un véhicule.


Je suis sortie du parking, j’ai fait le tour du pâté de maisons. Revenant dans la rue de l’hôtel, je me suis arrêtée au niveau de la BMW. L’exécution de mon plan allait nécessiter beaucoup de doigté et de timing. Les deux guignols voyant une voiture s’arrêter à côté de la leur jetèrent un coup d’œil. J’ai baissé ma vitre et pris un air et une voix nunuche :



Connasse ! Encore ! L’expression à la mode dans le petit microcosme des tueurs ces derniers temps, on dirait bien. Avec son manteau, l’abruti devait avoir chaud à attendre dans sa voiture en plein soleil, même s’il se levait. Le snobisme des tueurs est une affaire qui n’est pas élucidée. J’ai passé la première, puis j’ai dégoupillé la grenade, j’ai compté mentalement deux secondes, ce qui ne fut pas long. Puis j’ai décidé de m’amuser encore un peu :



Pétasse, tiens, une variante… Celui-là a envie d’innover. « Costume noir » ne m’avait pas reconnue. Il faut dire qu’il ne m’avait vu qu’une fois, et de loin, hier, sur la plage. En plus, il n’était pas vraiment physionomiste, à sa décharge, ça canardait dans tous les sens.



J’ai lancé la grenade dans l’habitacle des connards en visant la banquette arrière, juste histoire qu’ils ne puissent pas récupérer ladite grenade, le tout en levant le pied de l’embrayage et en enfonçant l’accélérateur.

La Nissan est partie dans un crissement de pneus. Il y eut une explosion sourde derrière moi et la lueur de l’incendie fit miroiter le rétroviseur extérieur. J’ai tourné aussitôt à gauche. Les deux guignols devaient griller proprement dans leur belle auto, leurs brushings certainement un peu dérangés, et leurs manteaux en alpaga légèrement tachés.

J’ai abandonné la voiture quelques rues plus loin, et je suis retournée à l’hôtel à pied en faisant quelques détours dans le quartier. Des voitures de pompiers et de police déboulaient dans la rue au moment où j’ai gravi les marches du perron de l’hôtel.


Bon, apparemment, jusqu’à l’arrivée de troupes fraîches, il ne restait plus que mon pote qui disait tout le temps « connasse ». Enfin, on pouvait le supposer.




oooOOooo




Quand je suis revenue dans la chambre, Juliette était réveillée, et habillée. Elle avait passé un jean et un haut, une tenue plus adéquate pour une cavale que la jolie robe blanche d’hier.

Dommage pour les cuisses bronzées, même si le jean les mettait bien en valeur, ainsi que son joli petit cul.



À peine avions-nous démarré qu’une voiture a déboîté et nous a suivies ! Une Volkswagen grise cette fois :



Son air s’est assombri en même temps que ses yeux se sont éclaircis :



En effet, c’était bien celui qui disait tout le temps « connasse » qui conduisait. Et il était bien seul.



Nous sommes engagées sur des routes secondaires.

Après avoir roulé en silence pendant une vingtaine de minutes, j’ai repéré un chemin forestier au milieu d’une forêt de sapins. J’ai mis mon clignotant et j’ai engagé l’Audi dedans.

La voiture de notre suiveur a continué. Il s’est certainement arrêté plus loin :



Je suis passée par le sous-bois, louvoyant entre les fougères et les arbres.


Gagné, la voiture de l’autre rigolo était garée sur le bas-côté de la route. Je l’apercevais entre deux branches de sapin. Le mec qui disait « connasse » à tout le monde a eu la même idée que moi : passer par le sous-bois. Il venait droit sur moi, sans me voir. Parfait.


Je n’ai eu qu’à m’accroupir dans les fougères et à attendre qu’il passe devant moi. Puis, je me suis relevée, l’ai suivi sans bruit et ai attendu qu’il s’arrête pour essayer de voir ce qui se passait autour de l’Audi. Je lui ai collé le canon de mon Walther PPK dans le cou.



Il ne devait pas se faire beaucoup d’illusions, faisant partie d’un monde où être vaincu veut presque tout le temps dire mourir.



Je me faisais un malin plaisir d’accentuer mes « connards »…



Il me rit au nez :



C’est toujours la même chose, ils sont incapables de voir leur intérêt.



Juliette me regardait, horrifiée. Il continua, avec des relents de panique dans la voix :



Il contenait une carte d’identité aussi fausse que celle du mec resté dans les dunes, au nom de Théo Bouchard. Le permis qui avait l’air plus vrai portait le même nom :



J’essayais de rester de marbre, mais la surprise me donna un coup au cœur. Zivanovic… Après Juliette ! Coïncidence ? Un peu gros quand même…



Quelle tournure, quelle ravissante expression, quel style !



J’ai appris, pour ma part, que la seule chose capable de les convaincre est une balle entre les deux yeux. C’est affligeant, mais c’est ainsi. Le gugusse continua :



Qui donc étaient les patrons de Juliette ? Je m’avançais certainement sur un terrain de plus en plus miné.



J’ajoutais, rigolarde :



Elle ne dit rien. Palacci prit un air encore plus sournois que son naturel, un air qui se croyait fin pour continuer :



Juliette me dit très calmement :



Notre ami Flavio Palacci (qui ne disait plus connasse) écoutait, étonné, notre échange un peu surréaliste, il faut bien l’avouer, vu les circonstances.



Il partit étonné de s’en tirer à si bon compte. Il se retournait régulièrement pour voir si je ne changeais pas d’avis. Je l’ai mis en joue et je lui ai tiré une balle dans la tête. Il est tombé dans le fossé au bord du chemin. J’ai dit à Juliette :



Elle ne répondit rien. Peut-être me croyait-elle à moitié seulement. L’aurais-je fait d’ailleurs ?


J’ai jeté quelques branches sur le corps de celui qui ne dira plus jamais « connasse » et nous sommes reparties en marche arrière sur le chemin forestier. Une fois sur la route, j’ai brisé le silence qui s’était à nouveau installé :



Elle hésita, puis :



Elle a baissé les yeux. Dommage, j’aurais aimé savoir quelle couleur prendrait son regard changeant en me racontant son histoire. Je commençais à avoir une petite idée sur le langage de ses yeux. Elle reprit :



Elle se mordillait la lèvre inférieure et se lança :





oooOOooo




Nous avons évité les autoroutes pour repartir, trop de caméras de surveillance. Nous avons passé la frontière sans encombre au-dessus de Sedan. Côté français, nous avons aussi privilégié les petits axes. Verdun, Bar-le-Duc, Neufchâteau, Langres et son fameux plateau. Pas de nouvelles de Zivanovic, bonnes nouvelles !


Nous sommes arrivées dans le Jura en fin d’après-midi. Entre Arbois et Morbier, j’ai arrêté l’Audi devant une petite auberge bucolique au milieu des prés et des bois.

L’établissement ne payait vraiment pas de mine, mais je ne sais pas pourquoi, ça m’inspirait. Il faut toujours suivre ses inspirations, nous avons excellemment dîné d’une poularde au vin jaune et aux morilles.


J’ai demandé à la patronne qui faisait office de serveuse aussi :



Là encore, c’était parfait. Pas le luxe, loin de là, mais une jolie chambre avec vue sur la campagne et les vaches. Des bois autour, du bois à l’intérieur, partout sur les murs, au sol et un gros édredon sur le lit. Rustique et authentique. Parfait pour digérer la poularde.


Nous avons fait l’amour sous l’édredon. Nous nous sommes embrassées et j’ai senti qu’elle passait sa main sous ma nuisette. Ses mains sur mes seins étaient chaudes. Quand j’ai touché ses seins à elle, elle a gémi doucement et s’est incrustée encore plus contre moi. J’ai ouvert les yeux, et les siens étaient aussi grands ouverts. Ce regard presque violet observé de si près, c’était fascinant. Il était avide, légèrement inquiet encore, et plein d’autres choses indéfinissables… d’un côté très équivoque également, avec une pointe d’audace. Ça a duré un court instant, un instant magnifique.


Je délaissais son regard, pour sa bouche et son corps.

Je testais quelques caresses un peu plus osées que la veille. Elle s’y prêta de bonne grâce et avec envie. L’amour entre femmes semblait lui convenir de plus en plus et de mieux en mieux. À un moment donné, les iris violets se rétrécirent et tout son corps s’est tétanisé. Elle a laissé échapper un long râlement, puis ses muscles se sont relâchés.

Après un ou deux orgasmes d’anthologie, nous nous sommes serrées l’une contre l’autre. Interrompant les petits baisers que nous nous échangions, je lui ai dit :



Elle s’est retournée et a collé son dos contre moi. Ma main, passée par-dessus sa hanche, caressait doucement la région de son nombril, lui provoquant de nouveaux frissons. Peut-être que mes doigts pourraient s’aventurer vers le pubis pas bien loin et se perdre dans la toison blonde. Non, il ne faut pas abuser des bonnes choses. Dormir était le mieux. Les cavales sont épuisantes.


Elle s’est endormie rapidement. Mes doigts ont cessé leurs caresses d’eux-mêmes quand j’ai sombré moi aussi dans le sommeil.




oooOOooo




Strasbourg est une fort jolie ville. Enfin, son quartier historique. Pour le reste, c’est une ville… Strasbourg, un endroit où j’ai vécu quelque temps dans une autre vie. De beaux souvenirs d’une époque et d’un amour passés.

Évitant que la nostalgie facile ne m’envahisse, je me suis rendue chez Serge Kieffer, un type qui me devait quelques services. Une activité bien plus terre-à-terre :



Je venais en effet de pénétrer dans un appartement avec vue sur la cathédrale. Luxueux endroit, plein de fautes de goût tout de même. Quelles sont les conceptions esthétiques du malfrat ou du maquereau de base ? Voilà une question intéressante. Si un jour, je n’ai que ça à foutre, ça fera un beau sujet de réflexion. Ou pas.



Avant de retrouver Juliette, je suis passée dans la banlieue de Strasbourg. J’ai arrêté l’Audi devant un garage où je n’étais pas revenue depuis longtemps. La clé se trouvait là où je l’avais laissée, dans un interstice entre le mur et la gouttière. Le bâtiment abritait une Porsche Cayenne. La clé de contact était scotchée dans le passage de la roue arrière droite. La fausse carte grise était sous le siège, là où je l’avais planquée. La Porsche démarra sans problème. Je l’ai sortie et j’ai rangé l’Audi à la place. J’ai laissé le Walther PPK et le Walther P1 dans le coffre de l’Audi. Il faudra aussi se débarrasser de l’Astra de Juliette. Derrière l’auberge, il y avait un petit étang qui ferait l’affaire.


Juliette ! Je pensais à elle, m’attendant dans la chambre.

Très certainement en train de se tordre les mains, inquiète. Encore un de ses petits tics que j’avais repérés. Nous n’aurons pas le temps de faire l’amour à mon retour. Dommage.


Juliette… Moi, la braqueuse, la délinquante, comme elle disait, j’étais en train de tomber amoureuse. Amoureuse d’une juge d’instruction. N’importe quoi… !

Un jour, il faudra quand même que je me débarrasse de ce romantisme fleur bleue, ça me jouera des tours.

Je suis arrivée à l’auberge à midi. Peut-être qu’il resterait de la poularde au vin jaune et aux morilles pour le déjeuner. Réchauffé, ça serait encore meilleur.

Juliette m’a sauté au cou, manifestement heureuse de me revoir, et rassurée.




oooOOooo




Après le déjeuner, nous avons repris la route, évitant toujours les grands axes. Nous avons laissé Bourg-en-Bresse sur le côté, puis traversé le Bugey pour ensuite contourner Lyon. Nous avons traversé le Rhône puis passé la nuit dans un petit hôtel entre Bourgoin-Jallieu et Grenoble. Grenoble, ville à éviter aussi. La réputation mafieuse de la cité iséroise est célèbre.

Nous atteindrions Barcelonnette le lendemain. Nous roulions doucement, les routes devenant de plus en plus montagneuses. Surtout que pour éviter Grenoble, il nous fallait contourner tout le Vercors.



Je la regardais faire et elle dit :



Il y avait des moments comme ça, elle était émouvante comme une petite fille. À d’autres moments, elle avait l’air aristocratique, mais pas hautaine. J’aimais les deux.

Je mis la radio pour écouter le flash d’information :


France Inter, le flash de 15 heures : le procureur d’Annecy, Germain Landry a été retrouvé par son épouse, ce matin, pendu. D’après nos informations, il s’agirait d’un suicide… Sondage, 58 % des Français interrogés sont…





oooOOooo




Nous sommes arrivées à quelques kilomètres de l’endroit où se situait la maison de Juliette. Cela la fit sortir de son sommeil léthargique.



Le coffre plein de nos courses à la supérette du village, nous nous sommes engagées vers « là-haut ». La route se faisait de moins en moins large. C’était un véritable désert, hormis les quelques maisons en train d’être retapées au début de la montée. Bientôt, il n’eut plus que quelques troupeaux de moutons. Après avoir franchi un petit col, elle me dit :



Nous avons commencé à escalader un chemin de terre minuscule. Il y eut quelques virages où il fallait s’y prendre en deux fois. La Porsche Cayenne peinait parfois à monter. Sans quatre roues motrices, on ne passait plus.


Je découvris un hameau de quelques maisons en ruine. Un peu à l’écart se trouvait la maison de Juliette. La vue était fabuleuse. De là, la montagne basculait vers la vallée et Barcelonnette tout en bas. En face, de nouveau la montagne.

La maison en pierre était la seule du secteur à ne pas être un tas de caillasses, un nid de vipères ou autres cochonneries.


À côté du corps principal se trouvait, encore debout, ce qui devait être une ancienne grange. Parfait pour y planquer la Porsche. Juliette me fit visiter sa belle maison. L’intérieur valait surtout pour le vaste séjour et son immense baie vitrée donnant sur la vallée et la montagne d’en face. Il était meublé d’une façon qui révélait bien le caractère de la propriétaire. Meubles carrés de style suédois aux lignes sèches, mais avec, par-ci par-là, une touche de folie et des traces de féminité évidentes.



Nous avons profité des dernières lueurs du jour dans des fauteuils en rotin que nous avions placés sur la terrasse extérieure, face à la vallée. Nous observions les lumières de la ville en bas s’allumer au fur et à mesure que la nuit envahissait le paysage, tout en dégustant un coteau d’Aix-en-Provence rosé.


J’ai chantonné à Juliette le début de cette très belle chanson de Mickey3D, « Les lumières dans la plaine » qui a beaucoup de gueule :


Est-ce que t’as déjà vu les lumières dans la plaine ?

Quand tu descends le soir des montagnes agiles ?

On dirait des étoiles qui seraient tombées du ciel

Quand j’étais petit, j’croyais qu’c’étaient les fenêtres des gens

Que si j’me concentrais, si j’regardais vraiment

J’pourrais peut-être les voir déambuler chez eux

Le jour où j’ai compris qu’c’étaient les réverbères

J’étais un peu déçu, mon histoire était mieux

Tu vois, la vie c’est comme les lumières dans la plaine

C’est chouette, ça brille mais c’est pas c’qu’on croit

Tu vois, la vie, c’est comme les lumières dans la plaine

C’est triste et c’est joli mais c’est jamais c’qu’on croit.


Un moment hors du temps, même si je chante comme une casserole. Chacune sur nos fauteuils, côte à côte. Sa main posée sur la mienne. Je crois que nous en avions vraiment besoin, les cavales sont plus qu’éreintantes. Après le décès prématuré de la première bouteille de rosé, nous en avons ouvert une autre. Ça aussi, ça faisait partie de la thérapie.




oooOOooo




Vers 22 heures, retour à la réalité :



Thierry est un bon ami, établit sur la côte du côté de Nice, et un véritable annuaire vivant du grand banditisme :



J’ai raccroché.


Thierry m’a rappelée le lendemain matin :



Je me gardais bien de lui signaler que « espèce » est du genre féminin, et non masculin :



Je renonçais à lui dire que les transports sont internationaux et pas internationals, par contre, j’ajoutai :



S’il savait que j’en craque pour une juge d’instruction :



On avançait enfin. C’était encore la brume, mais on avait une ouverture pour éclaircir le paysage. On avait un nom. Milone. Il ne restait plus qu’à questionner ce monsieur. J’exposais tout ça à Juliette :




À suivre…