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Temps de lecture estimé : 33 mn
26/11/22
Présentation:  Roy Suffer, le retour ! Une opération des yeux m’a tenu éloigné des écrans quelques semaines, véritable cure de désintoxication. Merci aux lecteurs assidus qui m’ont témoigné leur souhait de vite retrouver ma prose, j’ai du stock !
Résumé:  Rencontre improbable entre une jeune étudiante et un ermite.
Critères:  fh hplusag amour caresses cunnilingu pénétratio -rencontre -amouroman
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message
La maison du fou



La voix sourde, grave et profonde, qui se ressent presque plus avec le corps qu’avec les oreilles, fait sursauter Estelle, plongée dans la quatrième de couverture de « Le printemps du désir », un bouquin traduit du russe.



Elle salue la libraire qui se confond encore en excuses avec une déférence marquée pour Kaparnadzé qui lui dit courtoisement « à bientôt ». Estelle n’est pourtant pas petite avec son mètre soixante-douze et ses talons de cinq centimètres, mais le bonhomme la dépasse d’une bonne tête, couverte d’un chapeau cloche pied-de-poule marron et d’un trench-coat vert foncé. Il fait très gentleman-farmer anglais malgré son nom. Il s’excuse pour sa « guimbarde », un vieil utilitaire à l’arrière rempli des nombreuses courses de la journée. Il roule tranquillement, cependant, la suspension gémit parfois. Il se demande s’il n’est pas devenu fou pour de bon de ramener chez lui, dans son ermitage auquel il tient tant, cette jeune femme inconnue une demi-heure plus tôt. Et pourtant, cela semble naturel, comme une évidence. Certes, la silhouette l’a tout d’abord fasciné par sa féminité à l’état pur. Ensuite, l’âge l’a surpris. Comment peut-on sembler aussi… achevée, aussi « femme » tout en étant aussi jeune ? Et puis rien ne dément cette première impression : ces cuisses charnues et fuselées qui tendent la jupe du deux-pièces noir, là sur le siège juste après le levier de vitesse, et ces genoux lisses sans le moindre défaut, même debout ; cette poitrine généreuse également, que les cahots font parfois brièvement tressauter. Tout cela en plus d’un joli minois sous une coupe « au carré » asymétrique, un esprit qui semble vif et affûté, même si elle a un peu de retard pour le bac. Des accidents, ça arrive, il en sait quelque chose.



Le grand bonhomme descend de voiture pour aller ouvrir les deux battants brinquebalants d’un vieux portail de bois à claires-voies, constellé de pancartes diverses : « Attention chien méchant », « Attention vipères », « Quêteurs, Enquêteurs, Démarcheurs, passez votre chemin »… Il remonte pour avancer la guimbarde sur un étroit chemin défoncé et descend de nouveau pour refermer soigneusement chaîne et cadenas.



Les suspensions gémissent de plus belle, ronces et branches crissent sur la carrosserie, jusqu’à un virage à angle droit découvrant un second portail, métallique celui-là. Le traducteur se saisit d’une petite télécommande dans la boîte à gants et le portail coulisse lentement. Ô surprise ! Fini le roncier, les herbes folles et les baliveaux de toutes sortes. Devant les yeux ébahis de la jeune fille, le chemin de terre laisse place à une allée gravillonnée plane et parfaitement carrossable. Une immense pelouse parfaitement taillée, parsemée d’arbres centenaires, s’étend jusqu’à une grande maison en parfait état, on pourrait même dire coquette. Il ne s’agit pas d’une maison bourgeoise classique aux murs de calcaire et toit d’ardoises comme on en voit tant, mais d’un bâtiment à double corps en « T », avec des toits en croupes de tuiles vernissées composant un décor comme on en voit en Bourgogne. Surplombs de fenêtres en arcs surbaissés de pierre sculptée, crépis de chaux blanc cassé, nombreux corbeaux et boiseries apparentes, vaste perron et marches de pierre, une vraie merveille. Qui l’eut cru, « la maison du fou » !



Si l’extérieur est remarquable, l’intérieur est époustouflant. L’entrée surtout, gigantesque, de la taille d’un appartement parisien, au moins soixante mètres carrés carrelés d’un damier bleu clair et blanc cassé, avec un énorme escalier de chêne qui donne accès à une coursive ceinturant l’étage, le tout semblant s’élever jusqu’au toit avec un puits de lumière inondant l’ensemble des derniers rayons du soleil. Chaque porte, souvent double, est encadrée par une huisserie saillante de bois sculpté. C’est grandiose et Estelle aux mains occupées ne peut s’aider à fermer sa bouche béante, elle n’arrive même plus à parler.



Nouveau choc pour Estelle. Si elle trouvait déjà la cuisine immense et parfaitement équipée, la double porte s’ouvre sur une pièce gigantesque, traversante, occupant tout le rez de l’un des corps du « T ». Sur une hauteur de trois mètres et demi, que des rayonnages d’acajou remplis de livres, presque autant qu’à la librairie. Parquet massif en point de Hongrie orné de quelques tapis, immense table de travail couverte de documents, colossale cheminée ouverte, salon anglais de cuir fauve, un must.



Il déplace une échelle sur roulettes guidée par une tringle de laiton pour accéder à l’ouvrage juché à trois mètres du sol.



« La maison du fou », elle n’en revient pas. Tout le monde en parle à Grotrou, mais personne n’y est jamais entré. Pendant que le thé infuse, il lui fait visiter le petit salon et la salle à manger, tous deux près de la cuisine. Puis le jardin d’hiver, grande véranda en partie sous la terrasse de la chambre principale, occupant tout l’angle arrière du bâtiment. À l’étage, trois suites avec chambres, dressings et salles de bains, augmentées d’un salon et de la terrasse pour celle du maître de maison. Impressionnant.



Le thé est un délice et ils se mettent enfin à parler philosophie.



Ils sortent jusqu’à une sorte de grange, l’une des dépendances de la propriété, munie de deux doubles portes, l’une donnant sur le parc, l’autre dans la rue. Mais entre les deux, repose un superbe coupé Mercedes gris métallisé.



Elle est gentille cette petite. Enfin « petite », il la regarde s’éloigner et admire encore une fois sa silhouette, fine et puissante à la fois, véritablement digne d’une femme accomplie en pleine possession de ses moyens. Bien gâtée par la nature. Il en a un frémissement le long de l’échine. « Allons, allons, se dit-il in petto, en plus de «fou» ne sois pas stupide ! ». Il termine de débarrasser son coffre et son esprit se détache du souvenir de cette charmante apparition, sauf à de rares instants où il laisse ses pensées vagabonder, comme une récréation entre deux travaux captivants. Ce n’est guère qu’une semaine plus tard qu’il reçoit un message :


J’ai terminé la lecture du Printemps. J’aimerais bien en débattre avec vous. Samedi, ce serait possible ?


Il lui fixe rendez-vous à quatorze heures. Le temps est magnifique, une sorte « d’été indien ». Il va déverrouiller le portillon et décide de s’installer en extérieur, à l’ombre du grand cèdre du Liban. Estelle arrive à bicyclette qu’elle remise dans le garage. Elle porte une robe légère et courte, très estivale.



En toute ingénuité apparente, la jeune femme soulève ses genoux l’un après l’autre pour détacher les brides de ses sandales. Le regard de Nick Kaparnadzé ne manque pas de plonger jusqu’à la petite culotte, et sa glotte se contracte à la vue d’une très belle réussite de dame nature. Idem pour les deux pigeons serrés l’un contre l’autre que, dans le geste, l’échancrure du léger vêtement laisse entrevoir dans leur nid de dentelle. L’ermite tente bien de repousser toute pensée triviale, mais son bas-ventre réagit comme il ne l’avait pas fait depuis des années. Un marin sait maîtriser sa sexualité, tellement épisodique, mais une fois à terre l’homme reprend le dessus.



Leur conversation s’éternise autour du parcours amoureux initiatique de Léna, passant par Spinoza « le puceau » pour en arriver évidemment à Freud pour qui tout est sexualité. Estelle s’enflamme contre les multiples expériences sexuelles de Léna, les jugeant inutiles et avilissantes, Nick lui trouve des qualités morales étonnantes pour une fille aussi jeune et parvient à lui faire confesser qu’elle se sait désirable, mais refuse de jouer de ce pouvoir d’attraction sur les hommes. Vers dix-sept heures, toujours sous le cèdre, il lui propose un thé qu’elle refuse, lui préférant un jus de fruits. Ils rentrent dans la grande maison toute fraîche, il presse un citron pour en diluer le jus dans une carafe d’eau chargée de glaçons.



Il la regarde décortiquer les zestes des demi-fruits pour en racler les fibres de ses quenottes acérées. Il lui trouve un côté spontané et gourmand de petite fille qui l’émeut. Visiblement, elle se sent plus libre, plus à l’aise et plus vraie. Et il aime ça, sans le dire évidemment.



Ils vont ensuite à la bibliothèque et, dans le prolongement de leur conversation, il lui conseille de trouver « Cinq leçons sur la psychanalyse », quelque part en haut à droite. Elle grimpe sur l’échelle, crie car ne la trouve pas très stable, il vient en maintenir le pied. La courte robe et la rotondité du postérieur lui donnent une vue directe sur la magnificence des cuisses et des fesses, toutes deux charnues et musclées, exemptes de cellulite. Le fond blanc bordé de dentelle de la culotte trahit une vive excitation par une longue tache humide. Comme quoi débattre des frasques imaginaires d’une petite Russe peut provoquer de grands émois chez une petite Française. Elle descend avec son livre, il reste là, la main verrouillée sur le montant de l’échelle.



Il la raccompagne jusqu’au portillon, elle enfourche sa bicyclette, jupe relevée. Il rêve soudain de se réincarner en selle de vélo. Diablesse de petite femme qui enflamme ses sens jusque-là si calmes et maîtrisés. Mais Estelle n’en reste pas là et revient très régulièrement à « la maison du fou ». Chaque samedi d’abord, puis de temps en temps le dimanche aussi et presque tous les jours pendant les vacances scolaires. Si bien que Kaparnadzé finit par lui confier une clé du portillon. C’est ainsi qu’elle le trouve un jour en train de tondre la pelouse avec sa drôle de machine.



Il l’épate comme elle l’épate et ils en semblent l’un comme l’autre ravi. Avec l’hiver, le mauvais temps et le froid, elle continue de venir le voir très régulièrement, partant un peu plus tôt pour rentrer avant la nuit. Il l’accueille avec une tasse de chocolat chaud et un feu de cheminée. Ils continuent de discuter autour de l’âtre. Elle trouve qu’à son contact sa pensée se forme et s’affirme, s’aperçoit qu’elle aime débattre. Aussi prend-elle la décision de repiquer aussi l’épreuve de français du bac. Elle n’avait eu que 11 en choisissant bêtement « le sujet bateau avec lequel on coule », comme dit son mentor. Alors que le commentaire n’est qu’une technique qui permet d’assurer une bien meilleure note, ou la dissertation d’auteur qui peut permettre de déployer de vraies connaissances. Elle n’a rien à perdre, c’est la meilleure des deux notes qui sera retenue.



Il reprend son travail à son immense bureau, elle poursuit sa lecture à plat ventre devant l’âtre. De temps en temps, il observe à la dérobée les pieds battant l’air, étrange grande « petite fille ». C’est vrai qu’ils sont petits, ses pieds, tout mignons. Les talons ne sont pas saillants, un peu comme si le mollet partait directement du sol, ce qui ajoute à l’érotisme de ses jambes fuselées. La stéréo diffuse en sourdine une symphonie de Mahler, tout est paisible, harmonieux, ils sont bien, tout simplement.


Quand le printemps revient, il a déjà envoyé le manuscrit de sa thèse et peut se consacrer pleinement au « coaching » d’Estelle, désormais sous pression. Il la rassure, l’entraîne, oriente ses révisions et la conseille. Elle en repart toujours plus sereine, plus confiante. Les épreuves arrivent, se succèdent, ils n’ont plus que de brèves rencontres durant lesquelles il se contente de la rassurer encore :



Il va seul à Paris soutenir sa thèse, sans lui en parler, inutile qu’elle perde de l’énergie et de la concentration. Il en revient avec son doctorat et les félicitations du jury pour ce travail exceptionnel « musico-linguistique ». Désormais, c’est pour elle qu’il stresse. Le temps est insolemment beau et chaud en ce début de juillet. Le portillon métallique claque bruyamment, résonnant dans la grange. Estelle surgit dans le parc comme une folle, un papier à la main.



Elle se jette dans ses bras et se serre contre lui, toute chaude et couverte d’une légère buée de sueur.



Le tutoiement si longtemps évité semble définitivement entériné. Tout le temps de cet échange, ils restent collés l’un à l’autre, se murmurant à l’oreille comme des confidences. Il sent les pointes de ses seins dressées contre son poitrail, elle sent son érection contre son ventre. Le « printemps du désir » rencontre « l’été du désir » et c’est comme s’ils n’arrivaient pas à se détacher l’un de l’autre, à mettre un terme à ce délicieux solstice. Enfin, il parvient à se libérer pour aller servir le champagne.



Il va chercher un carton plat recouvert de moire noire.



Elle ouvre et découvre une magnifique parure de perles grises, collier, boucles d’oreilles, tour de bras. Estelle contemple l’écrin de velours réservant tout éclat aux boules de nacre mordorées. Les deux mains sur la bouche, elle murmure :



Elle se colle de nouveau à lui, des larmes plein les yeux qui finissent par mouiller leurs joues jointes.



Elle se recule, détache sa ceinture et ses boutons, la robe légère vole suivie par le soutien-gorge et la culotte.



Elle est… tellement somptueuse de beauté, d’harmonie et de fraîcheur que Kaparnadzé en reste bouche bée et les yeux comme des sous-tasses. Taille fine, hanches galbées, poitrine haute et ferme, magnifiques cônes aux larges embases qui les maintiennent parfaitement, ventre plat, fesses hautes et rondes, il n’a jamais rien vu de tel.



Le nouveau docteur-traducteur-ex-capitaine de corvette est totalement décontenancé, bouleversé. Il en a vécu des situations difficiles et périlleuses, mais là, le bonhomme perd pied. Il lui laisse le seau de champagne et passe au whisky, dont il s’enfile deux rasades d’affilée.



Il ne peut détacher son regard du joli minois encore un peu enfantin, avec de bonnes joues, un petit menton, un sourire éclatant à fossettes, la mèche à gauche, l’oreille droite bien dégagée, joli coquillage au lobe bien détaché, et puis ce cou presque gracile, ces épaules rondes et détendues, et ces deux obus aux larges bases pointant droit sur lui deux tétons épais comme de grosses framboises. Il bande, elle mange, se régalant à l’évidence.



L’intégralité de cette pulpeuse beauté posée sur lui. Plus belle encore de près que d’à peine plus loin, juste assez pour vérifier l’absence totale de défauts sur cette peau sublime. Elle l’enlace, elle l’embrasse, il lui rend son baiser. Et déjà, il perçoit l’humidité qui traverse son jean. Caresses de la nuque aux fesses, des seins au pubis. Elle frissonne malgré la chaleur et reprend ses baisers multiples en lui tenant la tête, comme si elle voulait le dévorer. Il pétrit doucement la belle poitrine, appréciant sa fermeté, roule les tétons entre ses doigts. Ils gonflent encore et il sent une nouvelle vague d’humidité sur sa cuisse.



Il la soulève délicatement, un bras sous les genoux, un autre sous les reins, elle enlace plus étroitement son cou, et le puissant colosse monte tranquillement les escaliers. Estelle lui chuchote à l’oreille :



Il la dépose sur son grand lit comme un conservateur placerait un vase Ming dans une vitrine. Il se recule et se dévêt en la contemplant, immobile sur le flanc, telle qu’il l’a posée. Comme ça aussi, elle est somptueuse, mais elle tressaille et manifeste son émoi :



Oh si ! Mais il y a d’abord plus d’une heure de caresses, de baisers, de coups de langue, de bisous, sans oublier un centimètre carré de ce corps parfait. Il la rend folle de sensations inconnues, de pratiques ignorées par de trop jeunes amants ne pensant qu’à vider leurs gonades dans l’urgence. Jamais on ne lui avait ainsi trituré, sucé, aspiré le clitoris. Jamais on ne lui avait titillé le point G. Jamais on ne lui avait fouillé l’anus d’une langue fureteuse. Et quand on vous fait les trois à la fois, comment résister ? Épuisée, essoufflée, elle proteste :



La première étreinte est lente, douce et puissante à la fois. Elle se sent totalement envahie, remplie, investie, comblée. L’amant qu’elle s’est choisi est au fond d’elle, elle est au paradis. L’ermite n’en revient pas d’une telle aubaine et profite de chaque seconde, de chaque millimètre de son pénis dans cet écrin si étroit, si beau, si chaud, si humide, si réactif. Estelle n’en revient pas de pouvoir supporter quatre-vingt-quinze kilos sur elle sans peine, mais au contraire avec délice. Il fait sa place en elle, étire ses délicates muqueuses de son pieu puissant, puis se retourne et la laisse prendre son plaisir sur lui, à son rythme. Elle est si magnifique lorsqu’elle s’empale, ses seins sont si doux à pétrir, elle est si émouvante quand elle jouit. Lui aussi veut son plaisir. Il le prend sauvagement en levrette, pilonnant ce cul de rêve… dont il n’aurait jamais osé rêver. Elle jouit encore, il jouit aussi, elle s’écroule, anéantie, il s’effondre sur elle dans les derniers spasmes, répliques de la secousse tellurique initiale. Ils sont trempés de sueur, le lit est dévasté, une douche s’impose. Mais évidemment, ces deux-là se sont souhaités depuis trop longtemps et rien ne peut empêcher leurs corps glissants de mousse de se ruer à nouveau l’un sur l’autre, puis encore de retourner au lit, à moitié secs.


Estelle gît sur le dos, bras et jambes écartés, essayant piteusement de revenir à la réalité. L’ex-marin la contemple silencieusement, assis sur un angle du lit, ébahi par le voyage qu’il vient d’accomplir. Faire le tour d’Estelle vaut tous les tours du monde. Elle émerge peu à peu, le regarde, lui sourit.





oo00O00oo




Nick tourne comme un lion en cage. S’il continue ainsi, il va user les tapis et peut-être même le parquet.