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Temps de lecture estimé : 46 mn
10/12/22
Résumé:  Dans un petit village, l’arrivée d’un jeune facteur est une bouffée d’air frais.
Critères:  fagée bizarre forêt campagne collection fellation journal -occasion
Auteur : Amateur de Blues            Envoi mini-message

Série : Le facteur

Chapitre 01 / 03
Semaine 1

Lundi

Quand on n’a pas de parents derrière soi, c’est très difficile de réussir à étudier. Il faut se loger et manger, je ne parle pas des loisirs. Alors évidemment je travaille l’été. Cette année, j’ai trouvé un remplacement de trois semaines comme facteur dans un village du centre de la France, et encore grâce au « piston » d’un grand-oncle, qui habite dans le secteur, malheureusement pas assez près pour me loger.


Mais j’ai trouvé une solution acceptable. Une dame qui habite justement à côté de la Poste, une veuve très accueillante me loue une chambre, grande, confortable, calme. Elle m’a juste demandé de ne pas accueillir de jeunes filles en douce et je lui ai répondu que rien de cet ordre n’était prévu, ce qui est malheureusement vrai. Je n’ai jamais vécu à la campagne et je me sens un peu comme un étranger dans le village, voire comme un poisson hors de l’eau.


Je n’avais pas prévu de tenir un journal pendant ces trois semaines mais cette première journée a été si étrange qu’il me semble que je vais raconter à ce cahier ce qui se passe pendant mes journées dans ce village peu ordinaire. Donc, arrivé hier soir, j’ai commencé ce matin ma première tournée. Comme la titulaire est en congé maladie, personne n’a pu me faire faire un premier tour de village pour me familiariser avec les noms et les adresses. Le receveur m’a simplement assuré qu’il m’avait rangé les lettres dans le sens de la tournée et fourni un plan des rues du village et des hameaux qui en dépendent.


J’ai un vélo pour circuler, une belle machine, c’est un vrai plaisir de filer sur ces petites routes pratiquement sans voitures. Mais la méconnaissance du terrain m’a mis très en retard et quand je suis arrivé chez Mme Salem, à la sortie du village, j’en étais encore à la moitié de ma tournée, au vu de mes sacoches encore bien pleines. J’avais un petit Colissimo pour cette dame et j’ai donc dû frapper à sa porte. Elle était là et m’a ouvert aussitôt, une petite dame un peu voûtée, sans âge, habillée tout en noir.



Je n’ai pas pu refuser et j’ai dû la suivre dans une grande cuisine assez sombre, où tout semblait obsolète, comme dans un écomusée.



Je ne voulais rien, juste continuer ma journée. J’étais déjà assez fatigué, le réveil avait sonné à cinq heures et j’étais inquiet de ce qu’il me restait à faire. Je dis qu’un petit café serait très bien parce que je l’imaginais vite bu. Malheureusement, il fallait le faire et Mme Salem me tourna le dos pour s’affairer au-dessus d’un vieux buffet sur lequel était posée une cafetière italienne. Elle cherchait son café dans le buffet quand ce qui me pousse à tenir ce journal est arrivé, ce qui me trouble encore complètement ce soir devant mon cahier, alors que je ferais mieux de dormir pour me lever tôt demain.

Donc, cette dame me tournait le dos, penchée en avant, à la recherche d’un paquet de café et je la regardais faire tout en pensant à mes sacoches encore pleines. Et puis soudain, ce fut un autre monde.



Je ne répondis pas, j’en étais incapable, je devais d’abord savoir si j’étais vraiment en train de mater ses énormes fesses sans m’en rendre compte et je tentai aussi de comprendre comment elle pouvait le savoir puisqu’elle me tournait le dos. Elle se releva, me montra triomphalement un paquet de café entamé en clignant de l’œil droit, elle avait les yeux bleus et fit à nouveau demi-tour pour charger la cafetière.



Elle avait allumé le gaz et la cafetière commençait déjà à siffloter. J’étais tétanisé sur ma chaise. Elle surveillait le café mais jeta quand même un coup d’œil espiègle dans ma direction.



C’est vrai, à ma grande honte, sa grosse croupe et sa remarque sur son absence de culotte m’avaient refroidi le cerveau mais échauffé la bite qui se trouvait à l’étroit dans mon jean. Je ne parvenais toujours pas à imaginer la moindre réponse acceptable. Le café siffla. Elle le servit dans d’antiques tasses à fleurs sans rien ajouter. Je me brûlais mais le but comme un cosaque descend un verre de vodka, la saluait poliment et m’empressait de fuir cette cuisine. Elle m’accompagna tout de même jusqu’à mon vélo et je ne réussis pas à ne pas remarquer qu’elle ne portait pas non plus de soutien-gorge, qu’elle avait des gros seins assez mous mais pas complètement tombés avec des gros tétons bien durs.



Je passais l’après-midi à pédaler, à me perdre dans des chemins creux tout en pensant à Daniella Salem, en l’imaginant nue, en cherchant des stratagèmes pour ne plus jamais lui apporter son courrier, en me demandant si je n’aurais pas dû profiter de sa proposition mais je finis par revenir à mon point de départ, les sacoches vides, vers seize heures, épuisé et confus. Je montai dans ma chambre pour m’allonger un moment et bien sûr, je me suis endormi.

Quand je me suis réveillé, il faisait presque nuit et pendant un instant, je ne sus plus vraiment où j’étais. Puis, tout me revint, la veuve, le receveur, le vélo et madame Salem. J’avais faim. Madame Dolignon, ma logeuse, m’avait indiqué que j’étais le bienvenu dans sa cuisine pour me préparer des repas, d’autant plus que j’étais son seul locataire. Mais je n’avais pas vraiment fait de courses et j’ai préféré sortir en espérant trouver quelque chose d’ouvert. Il n’y avait pas beaucoup de choix. Sur la place centrale du village, il y avait un restaurant fermé le lundi et dans un coin, une espèce de fast-food à la mode locale : « Hamburgers, Tacos, Kebabs, Aligot ». Il était près de vingt-deux heures mais la boutique était éclairée et j’entrai. L’établissement était désert. Derrière le comptoir, une jeune femme particulièrement grosse me regardait avancer vers elle, le visage très maquillé, sans expression aucune. Je regardais les menus affichés et commandais un cheeseburger, des frites et un coca.



Je m’installai dans le coin de la petite salle et regardai encore les infos sur mon smartphone lorsqu’elle m’apporta une assiette en carton avec le plat demandé et un verre en plastique plein de cola. Les couverts étaient en plastique comme le reste. Une fois les mains libres, elle s’appuya sur la table et resta un moment à me regarder. Comme elle se penchait en avant, j’avais une vue plongeante sur son décolleté plus que généreux. Je voyais ses seins comme si elle me les offrait en cadeau et j’avais dû mal à fixer mon regard sur son visage, ce dont elle devait bien se rendre compte. C’était d’autant plus gênant qu’elle restait là sans rien dire.



Elle m’enleva finalement ses seins de sous les yeux et retourna derrière son comptoir. Je mangeais mon hamburger et mes frites. Tout était mou et le cola n’avait pas de bulles. Mais la fatigue aidant, je m’en moquais. Je suis rentré aussitôt et me suis installé pour consigner tout ça par écrit. Je pense maintenant que c’est étrange de n’avoir pas croisé ma logeuse de la journée puisqu’elle habite la maison. Dans cinq minutes, je suis au lit.



Mardi

Nouvelle journée, nouvelle découverte. Je reprends mon récit parce que ce village est très, très particulier. Je suis donc reparti dans le petit matin sur mon vélo. J’ai fait ma distribution dans le village un peu plus vite qu’hier, je pense donc que je vais trouver une routine acceptable d’ici quelques jours. J’ai été assez content de ne pas avoir de courrier pour Mme Salem. Je ne sais toujours pas quoi penser de cette dévergondée, entre attirance et dégoût.

J’avais une lettre recommandée. Il fallait donc à nouveau que je frappe à une porte. On était cette fois dans un lotissement de maisons neuves, un peu à l’écart du village. Et je devais remettre ma lettre contre signature à une certaine Célia Lavergne qui habitait le premier étage d’une villa partagée en deux appartements. Je frappai donc et j’attendis un moment jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur une jeune femme tout à fait agréable et amène. J’étais déjà un peu rassuré. Elle avait un joli visage souriant encadré par des cheveux châtain clair retenus en queue de cheval, des vêtements de sport près du corps qu’elle avait mince et bien fait.



C’est alors que j’ai entendu une voix venant du fond de l’appartement qui disait : « Alice, à qui tu parles ? ». J’ai relevé la tête pour voir une autre jeune femme arriver vers nous dans le couloir, la même jeune femme, en tout point identique à la première si ce n’est que l’une avait des rayures mauves sur son caleçon tandis que l’autre les avait vert amande.



La dénommée Alice riait de sa bonne blague, pas trop inquiète de la colère de sa sœur. Les deux filles étaient si semblables que j’en avais la tête qui tournait.



Et elle me fit une bise sur la joue pendant que sa sœur en profitait pour m’en faire une sur l’autre joue. Rouge de confusion, je bafouillais quelques mots inintelligibles et sautais sur mon destrier à pédales. La suite de la journée fut plus tranquille et je finis plus tôt. J’étais au village avant quinze heures et j’avais encore la force de faire quelques courses à la supérette avant de rentrer faire une sieste.


Quand je me suis relevé, vers 18 heures, j’étais plutôt en forme, mais désœuvré. Aussi, je décidais de faire un peu de cuisine, pour échapper au fast food made in la Creuse. Je descendis à la cuisine, il n’y avait personne. Je me demandais encore où pouvait se tenir ma logeuse dans la journée. Pour en avoir le cœur net, je poussais la porte du salon puisqu’elle m’avait autorisé à y aller pour regarder la télévision. Mais l’appareil était éteint et la pièce semblait vide. J’avais repéré lors de ma première visite dimanche, des étagères avec des livres, et je me demandais quels romans je pouvais y trouver. Je m’en approchai donc pour en lire les titres.



Je sursautai et me retournai. Mme Dolignon était assise dans un grand fauteuil tourné vers les livres et dont je ne pouvais voir que le dossier en entrant dans la pièce. Elle était assise là sans rien faire, les mains sur les genoux. Elle n’était pas habillée mais enveloppée dans un grand peignoir délavé sous lequel elle avait encore sa chemise de nuit.



Cela ne me regardait pas et j’avais parlé sans réfléchir mais elle ne sembla pas s’en offusquer. Elle regardait ses genoux en me répondant.



J’ai fait ma tarte et nous l’avons mangé ensemble, elle avait mis la table et sorti une bouteille de vin blanc. Il était bon. Elle a à peine trempé ses lèvres dans son verre tandis que je descendais la moitié de la bouteille. Ma tarte aussi était réussie et là encore, elle en a grignoté un tout petit morceau pendant que je mangeais comme un ogre. Elle me regardait avec attention, j’étais un peu gêné et comme elle ne disait presque rien, je dus meubler la conversation en parlant de mes études, de ma famille et de mes premières journées de travail, évitant soigneusement les rencontres que j’avais faites. Le vin blanc m’aidait, et ses grands yeux noirs posés sur moi aussi. Je me rendis compte pendant le repas qu’elle n’était pas si vieille qu’elle le disait ou qu’elle en avait l’air.

Et me voilà devant mon cahier à vous raconter tout ça. J’ai pris une douche et je bâille en continu. Demain est un autre jour.



Mercredi

Et hop une nouvelle journée ! Et encore une rencontre à raconter. Décidément, ce village concentre les personnes étranges, ou alors c’est partout pareil et c’est moi qui ne me rendais compte de rien, ou alors c’est les facteurs qui attirent ce genre d’aventure. Et moi qui croyais que le problème des facteurs, c’était les chiens !

Pas de lettres pour Madame Salem, ni pour les jumelles Lavergne mais dans le même lotissement, j’ai un paquet pour une Madame Laetitia Fourest. Donc, vous connaissez le début de l’histoire, je frappe, j’attends un instant et une femme m’ouvre la porte. Mais cette fois, je suis resté sans voix devant la beauté de la dame, une grande blonde avec des formes de cinéma, un maquillage de star, un collier de perles et une petite robe noire parfaite sur elle. Elle m’a souri, ce qui a contribué à m’empêcher de me reprendre, et m’a posé une main amicale sur l’avant-bras.



Mais avant que je retrouve mon souffle et l’endroit où la dame doit signer, une voix venue du fond de la maison nous interrompait :



Revenez samedi, il n’est jamais là le samedi matin, on pourra faire connaissance.



Je m’en suis allé, perdu dans mes pensées, l’avant-bras encore brûlant à l’endroit où elle avait posé sa main et deux rues plus loin, je divaguais sur la chaussée au point que j’ai échappé de peu à l’accident avec une camionnette qui circulait en sens inverse.


Le reste de la journée a été plutôt calme, mais chargée en courrier et j’ai fini tard. Il faisait chaud quand j’ai posé ma bicyclette devant la maison. J’aurais bien été à la piscine mais il n’y a pas de piscine dans le village. Il paraît que la rivière est baignable à quelques kilomètres de là mais je ne connais pas le chemin et j’étais trop fatigué. Je me suis contenté d’une douche. Alors que je laissais l’eau couler sur moi et que je sentais mes muscles se détendre, la porte de la salle de bains s’est ouverte sur ma logeuse. La cabine de douche se ferme avec des portes transparentes plus ou moins couvertes de gouttelettes qui me cachaient plus ou moins mais tout de même.



Et elle est ressortie assez vite en effet, sans que je puisse savoir si son intrusion était volontaire ou pas. Est-ce une impression fausse ou est-ce que cette dame s’intéresse à moi ? Du coup, je n’avais pas envie de préparer à nouveau un repas à partager avec elle. Je suis ressorti et bien sûr, sur la place, les établissements ouverts sont les mêmes. Cette fois, le restaurant était ouvert mais j’ai vu que le menu proposait des cuisses de canard confit ou des paupiettes de veau. Je préférai un hamburger spongieux et je suis retourné dans le boui-boui tenu par Sidonie. Elle était bien derrière son comptoir, avec ses gros seins et son maquillage outrancier. Mais elle me souriait comme si on était de vieux amis, et je n’avais pas ce souvenir-là de notre première rencontre. J’ai commandé la même chose que l’autre jour parce que le choix est très restreint.


J’étais encore seul dans le local, à se demander comment ces établissements peuvent vivre. Ma commande est vite arrivée et j’ai mangé en repensant à ma rencontre du matin qui m’avait profondément marqué. Je n’avais encore jamais séduit une vraie femme comme celle-ci et mes petites amies de la fac semblaient bien fades à côté de cette merveille. Mais peut-être que ce n’était qu’un petit jeu qu’elle jouait à mes dépens. Je ne savais pas quoi penser de son invitation pour samedi matin. Allais-je y aller ?


J’en étais là de mes réflexions quand Sidonie se rappela à moi. J’avais fini de manger et elle vint vers moi, se pencha comme la dernière fois pour que je ne perde rien de son décolleté et me demanda si je voulais un café. Comme j’opinai, elle me fit un grand sourire et repartit derrière son comptoir le préparer. Je la suivis des yeux dans sa traversée du petit local et je fus impressionné par le déhanchement de son gros derrière moulé dans un caleçon noir. Aussitôt, je repensais à celui de Mme Salem. Je ne parviendrais pas au bout de ce remplacement si je ne trouvais pas une femme avec qui faire l’amour, avec toutes ces situations scabreuses qui se produisent.

Sidonie revint avec mon café, le posa sur la table et se posa sur mes genoux, sans rien dire, comme si c’était une habitude entre nous. Elle pesait son poids et je la sentais bien sur mes cuisses, sans parler de ma queue qui appréciait la chaleur de ces grosses fesses moelleuses au-dessus d’elle.



Voilà encore un truc à ruminer pendant deux jours. Comment s’étonner après ça que je passe deux heures à écrire ce compte-rendu avant de m’endormir ? Est-ce que j’ai envie de sortir avec Sidonie ? Ce qui revient à demander : est-ce que j’ai envie de coucher avec Sidonie ? Bien sûr que oui, elle a beau être trop grosse, je suis sûr qu’au lit c’est une affaire. Mais si tout le village est là et qu’on se bécote pendant la séance, je peux dire adieu à toutes les autres histoires possibles, et je sens que je n’ai pas encore tout vu.

Je rentrais dans ces dispositions d’esprit quand en passant dans le couloir avant de monter dans ma chambre, j’ai entendu pleurer au salon. J’ai poussé la porte qui n’était pas fermée, la pièce était dans le noir, juste éclairée par le lampadaire dans la rue. Je m’avançais légèrement.



Elle était bien sûr dans le grand fauteuil. Elle se leva pour se signaler, sans cesser de sangloter.



Alors elle sanglota encore plus fort et se jeta littéralement sur moi, trois pas et nous étions collés l’un à l’autre, sa tête contre mon épaule et ses bras autour de mon cou. Je sentais ses larmes qui mouillaient ma peau à travers le tee-shirt, ses seins contre mon ventre et son ventre brûlant contre mon sexe, chaude et collée comme une patelle sur un rocher. Je laissais mes mains en l’air dans un premier temps, ne sachant qu’en faire, puis je les posai sur son dos, ce qui la poussa à se coller encore plus contre moi. J’essayais de la consoler, disais les banalités les plus mièvres, lui caressais le dos puis, manquant d’inspiration, je ne dis plus rien, attendant qu’elle se calme. Mon épaule était trempée mais au bout d’un moment, elle cessa presque de pleurer, sans s’écarter de moi d’un millimètre.


Avec sa chaleur contre moi, je bandais et pensais qu’elle s’en rendait compte, ce qui m’excitait encore plus et en même temps, j’avais honte parce qu’elle avait l’âge de ma mère. Ma main descendit machinalement sur sa fesse (si, si, machinalement, sans y penser, c’est curieux tout de même ce qu’on peut faire quand on est troublé) et j’eus dans la main une petite fesse molle, une simple boule de pâte à pain à pétrir. Dès que je m’en rendis compte, j’arrêtai aussitôt, paniqué à l’idée de sa réaction mais elle n’en eut aucune, comme si rien ne s’était passé. Pour reprendre une contenance, je lui proposai de venir boire une tisane à la cuisine et elle me suivit sagement, sans aucune remarque sur ce qui venait de se passer. Dans la cuisine, je m’activai tandis qu’elle se mouchait et s’asseyait sur une chaise. Elle portait une petite robe d’été fleurie toute simple et elle avait un gros nez que je n’avais jamais remarqué, sans doute que la crise de larmes y était pour quelque chose.



Voilà comment s’est finie ma soirée. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je sais que je déteste voir une femme pleurer, ça me donne envie de la protéger, je perds tous mes moyens. Mais maintenant, je me suis engagé dans une drôle d’histoire avec cette dame. Je ne voulais pas être vu avec Sidonie et je vais m’afficher avec une vieille de l’âge de ma mère. D’un autre côté, qui pourra penser que nous sommes amants ? On dira juste que je suis un gentil garçon, non ? Et d’ailleurs, ce sera la vérité : je suis gentil et nous ne sommes pas amants.

Bon. Je peux enfin me coucher. Demain sera un autre jour. Je crois que je vais rêver de cette petite fesse dans ma main.



Jeudi

Encore une journée difficile à raconter, entre désir, honte, étonnement, fatigue, je suis dans un état lamentable, très perturbé, incapable de réagir correctement et de savoir ce que je devrais faire dans telle ou telle situation. J’aurais besoin d’un ami à qui parler et je n’ai que ce cahier. Bon, parlons au cahier.

J’ai frémi en me rappelant mes rencontres précédentes, frémi d’excitation et d’angoisse. Qu’allait-il arriver ? Comment allais-je me comporter ? Eh bien, je ne crois pas que j’ai été à la hauteur. Avant de partir le matin, je jette un œil dans mes sacoches, pour savoir ce qui m’attend et j’ai tout de suite vu que j’avais deux lettres à mettre dans la boîte de Mme Salem et un recommandé pour Alice Lavergne.


D’abord, en sortant du village, j’ai préparé les lettres de Daniella Salem bien à l’avance. Je ne voulais pas la rencontrer, juste glisser discrètement ces deux factures dans sa boîte et filer. Mais, comme si elle savait que j’allais venir, je la trouvai devant sa boîte à m’attendre. Un grand sourire fendit son visage fripé dès qu’elle m’aperçut.



Je ne voulais pas lui faire plaisir. Mais j’étais presque en avance, c’était le milieu de la matinée et j’avais envie d’un café alors j’acceptai sa proposition. Maintenant, je me demande si je n’avais pas d’autre raison pour la suivre dans son antre mais je suis incapable de répondre honnêtement à cette question. En la suivant donc, je regardais déjà son postérieur imposant en me demandant si cette fois-ci elle avait mis une culotte. J’avais vu en descendant de mon vélo que ses seins se baladaient librement sous sa blouse. Je me promis de ne pas m’attarder, mais je bandais déjà en passant la porte.



Dès la porte passée, je m’étais assis sur une chaise, la même que la dernière fois. Oui, j’avais envie de tirer un coup, même avec cette femme grosse et laide mais non, je ne pouvais pas me résoudre à me lever pour soulever sa jupe comme elle me l’avait proposé la dernière fois. Je ne me voyais pas mais j’étais sûr que j’étais rouge comme une tomate. Je ne répondis rien, prêt à fuir dès que j’aurais bu son café au goût de brûlé.

Mais elle ne m’en laissa pas l’occasion. Lorsqu’elle revint avec sa cafetière, elle se planta devant moi en me regardant attentivement.



Et elle s’agenouilla devant moi pour défaire ma ceinture et baisser ma braguette. J’étais tétanisé. Je ne fis pas un geste, je ne dis pas un mot pour l’arrêter. Je regardais bêtement ma queue sortir de mon slip comme un diable hors de sa boîte, raide et gonflée. Je restais spectateur quand elle la prit dans sa main râpeuse et je ne fis rien non plus quand elle l’avala comme un sucre d’orge.

Après, je n’étais plus moi-même, je n’étais qu’une bite en train de se faire sucer. Je gémissais et elle s’activait avec énergie. Elle avait visiblement beaucoup d’entraînement, sa langue était délicieuse et par moment, elle m’aspirait délicieusement le gland. Je fermais les yeux.



Je ne répondis pas, une fois de plus. J’avais dépassé le stade de l’inquiétude. Elle se mit à accélérer ses succions, cette femme était une vraie machine à pomper et je tentais de résister au plaisir mais si on avait regardé un chronomètre, on aurait vu que je n’ai pas résisté plus de quelques minutes. Mon mutisme perdura jusque dans l’éjaculation. Je ne la prévins même pas et lâchai mon sperme dans sa bouche par longues décharges qui me vidaient les couilles et la tête en même temps.

Je ne revins à moi que parce qu’elle me parlait.



Elle se tenait debout à côté de la table et se léchait les babines. Ma bite était toujours dressée, mais très propre. La seule trace de ce qui s’était passé était une traînée de sperme sur sa grande jupe de coton noir. Je rangeais mon outil tandis qu’elle sirotait son café. J’avalai le mien et me levai pour partir.



J’aimerais n’avoir que cette aventure (quel mot convient ?) à raconter mais ma journée n’était pas finie. Je me retrouvais quelques minutes plus tard, très fatigué, devant la porte des sœurs Lavergne. L’une d’entre elles m’ouvrit mais bien sûr, je ne savais pas de laquelle il s’agissait. Aussitôt d’ailleurs, quand elle vit que c’était moi, elle appela sa sœur qui accourut et je les eus toutes les deux en face de moi.



Elles rirent aux éclats, certainement devant mon air ahuri, et j’eus beau leur dire que je n’avais aucun moyen de les différencier, elles insistèrent pour que j’essaye.



Elles rirent encore et je n’étais pas très rassuré. Je les voyais comme des chipies cherchant à se moquer de moi et maintenant que j’y repense, je ne sais toujours pas quoi penser de leur manège. Nous sommes allés jusqu’à la salle de séjour au bout du couloir, une grande pièce lumineuse avec un canapé, une table et la cuisine ouverte dans un coin. Là, sans me prévenir, elles enlevèrent leur tee-shirt et posèrent devant moi, les mains dans le dos, le sourire aux lèvres. Elles ne portaient évidemment pas de soutien-gorge.



Elles avaient de petits seins, très jolis, comme de petits cônes parfaitement semblables, parfaitement bronzés. Les aréoles étaient du même rose, les tétons petits et dressés. Chez chacune d’elles, le téton du sein droit était légèrement plus haut que celui du sein gauche. Je cherchais ailleurs, honteux de les observer ainsi mais les nombrils étaient les mêmes, les ventres étaient plats et visiblement musclés, leurs cous étaient souples comme des lianes mais identiques. Je me sentais terriblement rougir et j’aurais volontiers trempé la tête dans un seau d’eau.



Elles voulaient certainement que je dise quelque chose à ce sujet mais je n’avais pas d’idée alors je bafouillai un peu et demandai à nouveau une signature. L’une d’elles remit son tee-shirt jaune et signa mon registre. Je les quittai avec des images agréables plein les yeux mais honteux parce que je savais bien que je n’avais pas été à la hauteur.

Dure journée, n’est-ce pas ? Je finis tant bien que mal ma distribution et quand je posai mon vélo, je n’avais qu’une envie, c’était de monter dans ma chambre et de dormir. Mais je dus encore m’arrêter un instant en passant devant la cuisine. Mme Dolignon était en pleine activité. Elle chantonnait en étalant une pâte à tarte et me héla quand elle me vit passer dans le couloir.



Elle était presque méconnaissable. Elle s’était maquillée et elle était allée chez le coiffeur qui lui avait fait une couleur subtile, entre châtain et roux. Cela la rajeunissait vraiment. Sa robe tombait bien et elle souriait, une vraie métamorphose. J’acceptai, évidemment.

Je l’ai retrouvée un peu plus tard, toujours aussi gaie. Elle avait bu, aussi. Je trouvai une bouteille de Martini bien entamée dans le frigo quand j’en sortis le vin blanc. Le repas a été agréable, délicieux. Et puis on est passé aux choses sérieuses en mangeant le dessert, une tarte à l’abricot absolument parfaite (j’en ai dévoré plus de la moitié en écoutant Suzanne).



Je suis monté peu après. En écrivant mon compte-rendu de cette journée éprouvante, je me rends compte de plusieurs choses : je suis les traces d’Henri, je couche avec une et dîne avec l’autre. Suzanne est tout à fait désirable quand elle va bien et peu importe son âge. Tous ces désirs qui s’entremêlent, bien qu’ils m’occupent à plein temps, ne me suffisent pas. Quelque part, j’aspire à autre chose.



Vendredi

J’ai fait une nouvelle rencontre aujourd’hui et j’en suis tout excité. Peut-être qu’en le racontant, je comprendrais mieux ce qui se passe. La journée a bien commencé, un petit vent du nord amenait un peu de fraîcheur, je n’avais pas de courrier ni pour Daniella Salem ni pour les Lavergne et je maîtrisais de mieux en mieux les adresses. Il y en avait toutefois une nouvelle : Mathilde Lovinas, chemin des épinettes que je ne connaissais pas et en plus, il s’agissait d’un gros paquet, pas très lourd mais assez encombrant. Après interrogation du receveur, Martin, un presque vieil homme de soixante ans au costume impeccable et désuet, sans qui je ne m’en serais jamais sorti, j’ai appris que le chemin des épinettes était assez loin et non goudronné. Les Lovinas habitaient une ferme et étaient les seuls habitants du secteur.


En fin de matinée, j’ai donc pris la départementale sur quelques kilomètres avant de m’élancer dans la montée du fameux chemin et je mis au moins un quart d’heure avant de voir apparaître la ferme des Lévinas, une grande bâtisse austère entourée de hangars agricoles. J’ai frappé à la porte et attendu un moment avant que la fermière arrive derrière moi, traversant la cour. C’était une dame charmante, vêtue d’une blouse en nylon comme on n’en fait plus qui m’indiqua que Mathilde était sa fille et qu’elle allait l’appeler.

J’ai encore attendu, entendu parler à l’intérieur, puis les craquements d’un escalier en bois qu’on descend et finalement, la jeune Mathilde est apparue. Une véritable apparition. La plus jolie fille que j’aie jamais vue, une petite brune avec de grands yeux clairs, de quelle couleur je ne saurais le dire car je n’ai pas osé la regarder bien en face. Elle portait un jean et un tee-shirt en piteux état et ne semblait pas de bonne humeur. Elle me prit le paquet des mains, signa mon registre, marmonna un « Merci » rapide et commença à faire demi-tour quand sa mère l’interpella :



Et elle s’engouffra dans l’escalier avec rage. On entendit ensuite claquer une porte à l’étage. Je peux dire maintenant (ce soir, assis dos au mur sur mon lit, nu avec la fenêtre ouverte parce qu’il commence à faire vraiment très chaud) je peux dire que j’ai rencontré ce matin la femme de ma vie. Le coup de foudre, comme dans les livres de la collection Arlequin de ma mère. Évidemment, cela ne semble pas très bien parti. Une chose à laquelle je n’avais jamais pensé, c’est que dans les livres, les coups de foudre finissent par des couples heureux. Peut-être que dans la vie réelle, des millions de coups de foudre n’amènent à aucune étreinte car ils ne sont pas partagés. Quel gaspillage !

Mais je n’en suis pas là. Je suis plein d’espoir, en particulier parce que j’ai une alliée dans la place. Madame Levinas a très envie que je séduise sa fille.



Et sans me plaindre, je suis reparti sur mon vélo, dans la poussière et la chaleur, dans la descente de la mort parce que la côte de l’allée est fichtrement dangereuse dans l’autre sens. Je pensais à Mathilde et cela suffisait à rendre les obstacles dérisoires. Et puis, sur la route départementale, j’ai pensé à la séance de cinéma de demain soir. Si j’invitais Mathilde à venir, elle trouverait peut-être que ça en vaut la peine. Suzanne m’ayant délivré de ma promesse, je suis libre d’y aller avec qui je veux. Il me faut répondre à l’invitation de Sidonie mais je n’ai rien promis.


Et donc, une fois terminée la tournée, une fois pris une douche glacée pour me rafraîchir le corps et les idées, une fois lu pendant une petite heure un roman de Roberto Bolaño, je suis ressorti sur la place brûlante pour entrer aussitôt dans le boui-boui à hamburgers. Sidonie était à son poste, avec des faux cils d’une longueur impressionnante et un débardeur qui ne cachait rien de son opulente poitrine. Dire que pour jouer avec ces nichons, je n’avais qu’un mot à dire, j’eus un instant de regrets mais il ne dura pas.



Voilà, problème numéro 1 réglé. Ensuite, je suis rentré. Le problème numéro 2 est d’inviter Mathilde à la séance mais j’étais suis trop fatigué pour reprendre le vélo. J’irai pendant ma tournée demain matin. Je pensais me faire des pâtes mais Suzanne avait cuisiné encore une fois, un plat de lasagnes au saumon et aux épinards, un délice. Pendant le repas, elle m’a annoncé une grande nouvelle comme si j’étais son petit frère, c’est drôle nos rapports. Le pire, c’est qu’elle me plaît de plus en plus. Je veux dire, physiquement, sa silhouette, sa peau, sa bouche. Elle a vraiment une jolie bouche.



Voilà ma journée. Mais avant de laisser mon cahier, il faut que j’évoque un dernier problème. Demain, c’est samedi. Et le samedi, c’est le jour où la très belle Laetitia, je ne sais plus quoi est seule chez elle. Est-ce que si j’y vais, je trahis déjà Mathilde ? On va dire que non. Une femme comme elle, c’est une occasion qui ne se représentera probablement jamais dans ma vie. Et avant Mathilde, je suis encore libre de mes aventures. Parfait. Extinction des feux. Je vais rêver de sexe à coup sûr.



Samedi

Journée intense. Au niveau travail, non, c’était plutôt tranquille mais au niveau émotionnel, c’était une rude épreuve. Martin m’a expliqué que le samedi, on délestait la tournée pour qu’elle soit moins chargée, quitte à garder en réserve des colis par exemple pour la tournée du lundi. Cela me convenait bien, surtout que j’ai tout de suite vu, dans les paquets gardés en attente, un petit Colissimo pour Mme Salem. Ce sera donc pour lundi, j’en frémis d’avance.

En attendant, j’avais prévu deux visites sans distribution de courrier pour ce matin. D’abord, je passais discrètement devant chez Célia et Alice avant de frapper chez Mme Fourest.



Je la suivis donc à l’intérieur. C’était un intérieur bourgeois banal et sans intérêt.



Nous entrâmes dans une chambre qui ne semblait que la sienne, aucune trace n’indiquait qu’elle puisse la partager avec un homme. La robe livrée était en attente, étalée sur le lit. Elle savait donc que j’allais venir.



Je marmonnais un non timide et stupide et fis demi-tour, pour me rendre compte que je faisais face à une grande armoire avec un miroir sur la porte. Ainsi tourné, je la voyais très bien enlever sa jupe. Elle ne pouvait pas ne pas le savoir, cette femme était coquine et voulait juste vérifier que j’étais un garçon obéissant. Parfait, je décidais d’être le plus obéissant des chevaliers servants car elle était vraiment très bien faite. Elle quitta son chemisier et se retrouva en culotte et soutien-gorge, un ensemble bleu lavande de qualité avec une culotte minimaliste et des bonnets bien garnis, un délice.


Ensuite, elle hésita, jeta un œil vers l’armoire, mine de rien, puis enleva son soutien-gorge, massa un peu ses seins et finalement me les présenta dans toute leur beauté, de lourds appas à la peau blanche, les tétons sombres pointant dans ma direction. Je faillis la complimenter puis je me rappelai que j’étais censé ne rien voir et je me tus. Elle se tourna alors vers le lit, m’offrant une jolie vue sur des fesses parfaitement charnues et fermes et elle enfila une petite robe beige bien moulante, puisqu’elle dut se tortiller pour se glisser dedans. Je n’avais jamais vu un spectacle aussi excitant. Elle m’appela ensuite pour remonter la fermeture qui était dans le dos et commençait assez bas.


J’étais donc derrière elle. Je sentais son parfum, capiteux. Je voyais son dos très cambré et la courbure de son postérieur, ses vertèbres bien alignées, son cou de cygne. Je me demandais si elle voulait vraiment que je remonte la fermeture éclair ou si elle s’attendait à ce que je passe mes mains entre la robe et sa peau, pour lui attraper les seins ou mettre une main dans sa culotte.

J’en étais là de cette hésitation quand on entendit une porte s’ouvrir et se refermer, et Franck s’exclamer de sa voix d’imbécile qu’il était rentré. Affolement de la dame, je ne dis rien de ma panique personnelle, la certitude que mon cœur allait lâcher. « La fenêtre, la fenêtre », souffla-t-elle en me poussant comme un paquet encombrant à travers la chambre.


Je finis par comprendre, ouvris la croisée et sautai au-dehors. Voilà pourquoi il faut toujours préférer les maisons de plain-pied à celles qui ont un étage. Je récupérai mon vélo que j’avais laissé un peu plus loin et filai tel le vent sans me soucier de la direction.

Mais j’ai repris mes esprits, oublié cette pauvre femme et son odieux mari, ou ce pauvre homme et son odieuse femme, je ne savais pas quoi en penser et j’ai pris la direction des épinettes. La côte était toujours aussi raide. Je m’arrêtais avant la ferme pour reprendre mon souffle. Encore une fois, je n’avais aucun courrier à distribuer.

Mme Lovinas m’ouvrit la porte et fit un grand sourire quand elle vit que c’était moi. Au moins, je plaisais à la mère.



Elle alla jusqu’au bas de l’escalier et appela d’une voix forte :



La maman était bien embêtée et j’étais penaud. Il a bien fallu repartir. Je lui demandai toutefois de parler de la séance de cinéma à sa fille et de lui dire que je l’attendrai à l’entrée, mais j’avais peu d’espoir. Le retour a été long et déprimant, il faisait de plus en plus chaud et j’étais déprimé.

Une fois ma tournée finie, je fus tout de même soulagé de penser que c’était la fin de la semaine. Il était quatorze heures et je ne retournerai pas travailler avant lundi matin. Je montai dans ma chambre pour une sieste bien méritée. Dans le couloir de l’étage, mon attention fut attirée par des gémissements provenant de la chambre de Suzanne. Je m’arrêtai, me demandant si je devais frapper et proposer mes services mais en écoutant, je compris qu’elle n’avait pas besoin de moi. Elle était en train de jouir, c’était évident. C’est alors la curiosité qui me retint devant la porte. Avec qui ? En fait, la porte n’était pas fermée, juste poussée. Je restais un moment immobile, aussi silencieux que possible pour bien écouter. Les gémissements étaient réguliers mais je n’entendais rien d’autre, ni voix, ni bruits de sommier, ni grognements de mâle.

Alors, au risque de me faire prendre, je poussai très légèrement la porte pour avoir une vue sur le lit et vérifier ce qui s’y passait. Est-ce que c’était mal ? Certainement, mais je ne regrette pas du tout puisque je ne me suis pas fait voir. Et j’avais mérité une compensation après les échecs de la matinée et je ne savais encore rien de ma soirée. Suzanne était allongée sur son lit, même pas dévêtue. Elle avait les yeux fermés et une main entre les cuisses, l’autre derrière sa tête. Elle grimaçait comme si c’était douloureux mais je voyais bien qu’elle se donnait du plaisir. Je n’en voyais pas plus, sa cuisse blanche découverte par la robe me cachant le lieu de l’action. Heureusement, sinon je serais resté jusqu’au bout à l’observer. Mais j’ai fini par retourner dans ma chambre. Je me sentais de plus en plus proche de ma logeuse et si elle m’avait proposé de passer l’après-midi avec elle, je n’aurais pas hésité une seconde.


Pourtant, j’étais seul dans mon lit et je m’endormis comme tous les après-midi. Ce travail était exténuant. Je dois à tout prix réussir mes études pour trouver une profession aux horaires plus cool. Quand je pense que des gens font ça toute leur vie, ce sont des héros !

Quand je suis redescendu dans l’idée de boire un café pour me réveiller avant la séance de cinéma, j’ai entendu de la musique dans le couloir avant de constater qu’elle venait de la salle de bain. Une fois de plus, la porte n’était pas fermée et Suzanne Dolignon chantait à l’intérieur. Est-ce qu’elle souhaite que je la surprenne ? En tout cas, je n’ai pas pu m’empêcher de m’arrêter à nouveau pour essayer de l’espionner. Par la porte entrouverte, je ne voyais que son dos nu. Elle avait un drap de bain autour de la taille et le miroir face à elle ne reflétait ni son visage ni sa poitrine car je n’étais pas dans le bon axe. Ses cheveux étaient mouillés et détachés, elle qui avait toujours un chignon assez strict jusque-là, et ils étaient longs, descendant en mèches épaisses dans son dos, des gouttes ruisselant le long de ses vertèbres. C’était charmant et j’avais envie d’entrer. Mais je ne veux pas tout gâcher avec elle. Je suis bien chez elle, cela adoucit considérablement la pénibilité du séjour et le statu quo me semble préférable. Et puis elle était visiblement heureuse sans moi puisqu’elle chantait avec Léonard Cohen. Elle avait d’ailleurs une assez jolie voix. Est-ce que je suis en train de tomber amoureux d’une femme de cinquante ans ?

À part ces petits bonheurs d’après-midi, la soirée n’a pas été à la hauteur de mes espérances. Je suis arrivé tôt devant la salle des fêtes, un bâtiment flambant neuf qui a dû endetter la commune mais donne aux habitants l’illusion qu’ils sont entrés dans la modernité. Un petit groupe de jeunes, jeans serrés, sweats à capuche comme des cailleras de banlieue, bouteilles de bière, discutait dans un coin. J’ai attendu. Des voitures sont arrivées, d’autres jeunes qui connaissaient les premiers jeunes et qui amenaient encore des bières. Dans l’une de ces voitures, je vis Sidonie assise à côté d’un géant barbu, sans doute le « lourdaud » Victor. Ils ne sont pas sortis tout de suite de la voiture et j’ai vu du coin de l’œil le géant se jeter sur Sidonie qui disparut sous la masse du type. Il devait l’embrasser. Ce devait être agréable d’embrasser Sidonie, j’en suis sûr et je commençais déjà un peu à regretter mes choix. Puis quelques adultes ont commencé à arriver, la plupart en voiture.

Finalement, Sidonie est sortie de la voiture de Victor et a foncé droit sur moi, comme si elle me regardait pendant que l’autre l’embrassait. Elle m’a fait la bise comme si on était de vieux amis et j’ai trouvé ça plutôt sympa de sa part. Nous avons rejoint un groupe de buveurs de bière un peu plus vieux que les autres et un peu plus punk aussi. Les deux seules filles du groupe étaient Sidonie avec son maquillage flashy et une petite boulotte au look gothique intello. Les garçons étaient plus des paysans et ils avaient tous la carrure de Victor. Peut-être l’équipe de rugby du village. Nous avons échangé des prénoms que je n’ai pas mémorisés et des blagues vaseuses, ils m’ont offert une bière et les portes de la salle se sont ouvertes.


Tout le monde a commencé à entrer et j’ai dit que j’attendais quelqu’un et mes nouveaux copains ont filé. Sidonie s’est penché vers moi pour me souffler de ne pas trop attendre et qu’elle me garderait une place à côté d’elle. Mais j’ai attendu. Jusqu’au dernier moment. J’ai vu passer Laetitia et son mari. Elle a bien sûr fait comme si elle ne m’avait jamais vu. Elle avait des talons de quinze centimètres et du coup, son homme semblait minuscule à ses côtés, un petit gros au crâne dégarni qui se considère comme un type important, tout ce que j’aime. J’espère juste ne jamais avoir à retourner chez eux. Sont passés aussi Suzanne Dolignon et Martin, mon receveur, qui sont restés quelques instants à mes côtés pour discuter. Et puis il n’y a plus eu personne et Mathilde n’est pas venue

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J’ai hésité mais je suis finalement entré dans la salle. La fille qui vendait les billets était assez jeune, une trentaine d’années tout de même, de longs cheveux bruns et des yeux noirs très vivants. Elle m’a fait un grand sourire qui m’a réchauffé un peu. En plus, elle sentait bon. Mais je n’avais rien à lui dire et je suis allé m’asseoir dans un coin au fond de la salle. Ce n’était pas un vrai cinéma et on était tous sur des chaises en plastique inconfortables. Le film était une restauration récente de La femme du boulanger de Pagnol : je connaissais plus ou moins l’histoire mais ne l’avais jamais vu en entier et sur un grand écran. Les gens riaient très fort à la moindre phrase de Raimu et pourtant ce n’est pas un film drôle. Moi, les hommes que leur femme n’aime plus, ça me fait toujours beaucoup d’effet et à un moment, la célèbre tirade avec la Pomponette, j’ai presque pleuré. J’ai regardé autour de moi pour vérifier que personne ne m’observait et je n’ai vu que des gens qui s’embrassaient un peu partout, Sidonie et Victor les premiers, il avait même une main entre ses cuisses. J’ai soupiré à l’idée que j’aurais pu être là-bas, à côté d’elle à peloter ses rondeurs. Suzanne et Martin étaient étrangement proches l’un de l’autre également, mais peut-être échangeaient-ils tout simplement sur le film. Laetitia et son mari étaient par contre droits comme des piquets, sans aucun rapprochement entre eux.


Je suis vite rentré avant Suzanne et avant que Sidonie ne me propose quoi que ce soit. Je préfère écrire dans mon cahier que d’aller en boîte de nuit à cinq dans une vieille voiture rouillée avec le chauffeur qui a déjà éclusé de nombreuses bières. La question est maintenant : est-ce que Mathilde en vaut la peine ? Est-elle si intéressante que ça ? Je l’ai à peine entrevue et ça a très mal commencé entre nous. Pourquoi m’acharner ? Il faudrait que je puisse lui parler un moment sans sa mère entre nous. Je sens que c’est de là que vient le problème. Peut-être aurai-je une occasion la semaine prochaine. En attendant, demain, c’est dimanche et youpi, je ne travaille pas. Je vais pouvoir dormir ! Je ne sais même pas si je vais me lever de la journée.



Dimanche

Si, je me suis levé. Allongé dans mon lit, réveillé malgré moi, j’ai pensé à la journée qui s’annonçait et j’ai imaginé des scénarios qui m’ont jeté hors du lit. Je pensais à cette rivière où tout le monde allait se baigner. On était dimanche et il faisait plus chaud de jour en jour si bien que tout le monde allait se précipiter dans les quelques trous d’eau assez proches du village. Je pouvais très bien aller y faire un tour et tomber par hasard sur Oh Mathilde ! Quelle chance de vous rencontrer ici, ce petit bikini vous va à ravir. Avec des variantes comme Oh Sidonie ! Ou Oh Alice et Célia !


Je suis donc descendu déjeuner, en pyjama, enfin avec mon vieux short et un tee-shirt troué. Suzanne était dans la cuisine, attablée avec une tasse de thé refroidissant, perdue dans ses pensées. Elle portait une chemise de nuit fleurie, et avait les cheveux en bataille, ce qui lui allait très bien, mieux que le chignon strict auquel j’étais habitué. Nous nous sourîmes et je me préparais du café tandis qu’elle faisait griller quelques toasts. La chemise de nuit était courte et elle avait de jolies jambes. Elle ne portait pas de soutien-gorge et le soleil du matin traversait le tissu et m’offrait son corps presque sans filtre. C’était charmant. On se souriait, on ne parlait pas, chacun dans notre monde, c’était dimanche matin.



Nous sommes partis dans sa voiture, parlant de tout et de rien, du pays et des gens. Je lui demandais des nouvelles de Martin et elle me répondit d’une manière énigmatique, genre je te raconterai. Je changeais de sujets et nous arrivâmes très vite à l’orée de son bois. Le chemin était large et plat. Nous vîmes un écureuil et les mésanges nous accompagnaient. C’était un beau dimanche à la campagne. Suzanne avait une petite robe légère et je voyais un maillot de bain noir en dessous. Je commençais à avoir faim quand nous débouchâmes dans une clairière. Un ruisseau coulait là entre des pierres moussues. Devant nous, il y avait de gros blocs rocheux et d’une petite falaise dégringolait effectivement une jolie cascade, probablement très fraîche.

J’ai étendu un grand plaid que Suzanne avait dans son coffre et nous avons bu de l’eau à même la gourde. Tandis qu’elle buvait, une ou deux gouttes lui ont coulé dans le cou. J’ai eu envie de les rattraper avec la langue mais je ne l’ai pas fait.



Son maillot était d’une pièce, sobre, et il lui allait bien. Elle était sage et désirable ainsi, j’oubliais complètement son âge. Je la regardais s’avancer vers la vasque, hésitante, pieds nus sur les pierres et je me rappelai la fesse que j’avais tenue dans ma main quelques jours plus tôt. Je me déshabillai pour la suivre mais je ne me pressais pas. Hier soir, quand j’imaginais des dimanches possibles, je n’en avais pas inventé un qui soit aussi agréable. L’eau était effectivement glacée. J’avais à peine les pieds mouillés et déjà, je hurlai que je ne pourrais jamais faire mieux. Alors, Suzanne qui s’était déjà avancée et qui avait de l’eau jusqu’à l’entrejambe se tourna vers moi en riant et commença à jeter de l’eau dans ma direction. Je ripostai, elle cria et la bataille d’eau commença.


Nous finîmes tous les deux la tête sous la cascade, puis elle me prit la main pour remonter sur la berge et nous sécher. Ensuite, j’ai englouti tout ce qu’elle avait préparé mais pour une fois, je constatai qu’elle mangeait avec appétit également. Comme c’est une femme expérimentée et organisée, elle avait aussi un thermos de café.



Suzanne était toute rouge et je ne devais pas avoir l’air détendu. Elle se leva et fit glisser les bretelles de son maillot, découvrant sa poitrine. Elle avait deux œufs sur le plat qui pendaient un peu mais dont les grandes aréoles brunes me regardaient dans les yeux. Sa taille était fine et on voyait un petit ventre rond émerger du maillot.



Je pensais aux seins d’Alice et de Célia, à ceux de Laetitia et à aux gros nichons de Sidonie que j’avais plus qu’entrevu et cette femme qui se tenait timidement devant moi les seins nus était ce que j’avais vu de plus beau dans ma vie.



C’est sur cette image que je finis ma première semaine de travail. Dès que je ferme les yeux, je vois Suzanne qui me jette de l’eau, Suzanne qui me montre ses seins, Suzanne qui boit à la gourde. Cette femme toute simple m’a ensorcelé. Mais j’ai accepté la relation bizarre, il faut le dire, qu’elle m’a proposée. Maintenant, dodo car demain est un autre jour.