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n° 21350Fiche technique38941 caractères38941
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Temps de lecture estimé : 22 mn
17/12/22
Résumé:  Je découvre une de mes voisines, hagarde et frigorifiée, dans un champ enneigé...
Critères:  fh voisins campagne amour -rencontre
Auteur : Arpenteur      Envoi mini-message
Du rififi au hameau

L’été, il y avait nettement plus de monde, en grande majorité des Parisiens qui avaient acheté des résidences secondaires à bas prix. Mais en plein hiver, nous n’étions plus que cinq à vivre au hameau des Raviers. Moyenne d’âge soixante ans, pour la plupart des retraités ou tout comme.


Au-dessus de chez moi, dans la rue haute, Monsieur et Madame Blanchard, des Lyonnais qui avaient choisi ce lieu isolé pour y passer leurs vieux jours. Ils possédaient sans conteste le plus grand et le plus beau chalet du lieu-dit, mais ils devaient s’y faire chier à cent sous de l’heure.


Un peu plus loin, Geneviève Rabout qui vivait ici depuis toujours (elle était née dans une fermette à quelques kilomètres de là) ; la pauvre vivotait chichement grâce à une maigre rente laissée par sa famille et ne recevait jamais aucune visite.


Ensuite, dans la rue basse, votre serviteur. J’avais acheté cette vieille bicoque avec mon ex, nous devions en faire un pied à terre pour y passer des vacances au calme, et c’est tout ce qu’elle m’avait laissé lors de notre tumultueux divorce. Je bossais de chez moi, quand le réseau ADSL le permettait, c’est-à-dire assez rarement pendant ces mois d’hiver, et le reste du temps je m’essayais à la peinture (J’avais quand même déjà vendu cinq toiles sur une vingtaine de produites, ce qui n’était pas si mal).


Enfin, à l’entrée du village, sévissait une certaine Jeanne-Marie qui faisait bande à part. Baba cool sur le retour, foncièrement asociale, elle ne parlait à personne et préférait vivre en autarcie. À peine « bonjour, bonsoir », on la voyait juste passer dans le chemin avec son éternel pick-up, ou parfois s’agiter, à la belle saison, dans les champs avec ses bêtes. C’était sans conteste la plus jeune d’entre nous, mais on ne pouvait guère lui donner d’âge, elle devait avoisiner les cinquante-cinq ans. Pendant la période estivale, elle s’occupait des locations et le reste du temps elle faisait du gardiennage.


Depuis ma séparation avec ma femme, Geneviève Rabout m’avait pris à la bonne ; vu qu’elle n’était pas motorisée, je l’accompagnais fréquemment dans la vallée, pour voir un médecin ou pour faire des courses. Parfois, les Blanchard prenaient le relais, mais de moins en moins souvent, car lui était handicapé par une sciatique chronique et invalidante, et elle savait à peine conduire. (Les rares fois où elle avait pris la voiture, elle l’avait plantée dans le chemin). Par conséquent, c’était souvent mézigue qui assurait le ravitaillement de la petite troupe. En échange de quoi, Alexia Blanchard organisait régulièrement des veillées-repas, de quoi passer des soirées agréables et nous sentir un peu moins seuls. Nous nous retrouvions alors à quatre, l’autre cinglée refusant par principe d’y participer.


Cet hiver-là avait été particulièrement rude, depuis des semaines il gelait à pierre fendre et la couche de neige était impressionnante. J’avais beau avoir des chaînes, la voie à peine carrossable qui menait à la vallée était difficilement praticable, il fallait rouler tout doucement et, par endroits, on distinguait avec peine les contours du tracé.

C’est en revenant de faire des emplettes au seul Supermarché du bled, en fin d’après-midi, que je suis tombé sur ma voisine, elle errait complètement hagarde sur le terrain en contrebas. J’ai arrêté la voiture, suis descendu et l’ai appelée. J’avais beau crier, elle ne semblait pas m’entendre ; alors, escaladant la congère, je suis passé de l’autre côté pour aller à sa rencontre en coupant à travers champ. Quand je l’ai rejointe, elle semblait complètement perdue et encore plus frigorifiée. Du sang s’écoulait à divers endroits sur son visage, son cuir chevelu était manifestement entaillé. Si ce n’était ses cheveux gras et raides, Jeanne-Marie était méconnaissable. Je l’ai enrobée dans mon manteau et l’ai poussée fermement vers la voiture. Nous avons mis un temps infini à rejoindre celle-ci.


Vu que nous étions tout près du hameau, j’ai préféré l’emmener directement chez moi plutôt que de redescendre tout de suite chercher un médecin ; je n’étais même pas certain d’en trouver un ouvert à cette heure-là. Malgré le sang séché qui lui couvrait le visage, après examen, ses blessures semblaient au final relativement superficielles, et ce dont elle avait présentement le plus besoin, c’était de se réchauffer, car elle grelottait dans ses vêtements trempés. Mais ce qui m’inquiétait le plus, c’est qu’elle n’arrivait pas à aligner deux mots. Quand je lui demandai si elle avait eu un accident et où était sa voiture, elle était totalement incapable de répondre et semblait à peine me reconnaître.


Dans le but d’avoir un autre avis sur la question, j’ai délaissé provisoirement la blessée pour aller chercher Geneviève et Alexia en renfort. Lorsque je revins avec les deux voisines, la foldingue n’avait pas bougé d’un pouce, elle était figée, comme pétrifiée, devant la cheminée. Devant son mutisme, les deux femmes convinrent qu’il serait sans doute préférable de l’emmener à l’hôpital, voire d’appeler les pompiers. L’idée, aussi séduisante qu’elle puisse être, s’avéra malheureusement irréalisable. Comme souvent à cette époque, les moyens de communication étaient inutilisables, que ce soient les fixes ou les portables, il n’y avait aucune tonalité, impossible de joindre qui que ce soit. Quant à prendre la route, la tempête de neige avait repris, on y voyait à peine à trois mètres et il aurait été déraisonnable de s’y risquer.


Nous décidâmes donc de veiller la traumatisée à tour de rôle. Après lui avoir installé un matelas sur le tapis face à la cheminée, mes deux voisines s’occupèrent de nettoyer ses blessures avant de la déshabiller et de la mettre en chemise de nuit, (une vieillerie qu’avait abandonnée ma femme et que j’avais retrouvée dans un carton). Ensuite on la recouvrit de couvertures bien chaudes. Alexia prit le premier quart tandis que j’allais prévenir son mari de la situation. Geneviève s’allongea sur la banquette, bien décidée à prendre la relève, et nous convînmes qu’elle me réveillerait pour que j’assure la fin de nuit.


Au petit matin, fort heureusement, la blessée respirait toujours ; son sommeil avait été très agité, mais quand elle rouvrit les yeux, je vis tout de suite qu’elle avait repris du poil de la bête.



Il était évident que toutes ces femmes ne s’appréciaient pas.



Elle essaya de se relever, mais son corps se mit à vaciller. Immédiatement, je vins à son secours, l’empêchai de basculer en avant et l’aidai à s’installer dans le fauteuil.



Portant la main à ses blessures :



En revenant avec ce qu’elle m’avait demandé :



En tout cas, elle était bien décidée à rentrer chez elle et peu encline à ce que je l’accompagne dans la vallée.


« À qui elle est, cette nuisette ? »

« Ils sont où mes vêtements ? »

« Vous pourriez pas me prêter une canne ? »

« Vous n’auriez pas un treuil par hasard ? »


Voilà, entre autres, les différentes questions qu’elle me posait. Je la voyais mal sortir son pick-up du ravin toute seule avec un simple treuil, mais quand je lui conseillai de faire venir une dépanneuse, elle sembla aussi allergique pour rencontrer un garagiste qu’elle l’avait été pour voir un médecin ou un policier.

Et j’eus beau insister :



Elle ne voulut rien entendre. Une vraie tête de mule !

Elle agrippa ses vêtements qui avaient eu le temps de sécher près du feu durant la nuit, puis, sans aucune pudeur, elle essaya de retirer la chemise de nuit et se retrouva presque entièrement nue devant moi, de quoi bien me rincer l’œil. Elle avait juste un peu de mal à la faire passer au-dessus de sa tête, à cause de ses blessures, et je vins à son aide pour agripper le vêtement.



Elles les avaient posés sur le dossier de l’autre fauteuil, je les lui tendis, les yeux exorbités par la généreuse poitrine qu’elle exhibait négligemment.



Sur ce, elle se rhabilla lentement, certains gestes semblaient vraiment pénibles et lui arrachaient des grimaces de souffrance. Mais, malgré mon insistance, elle refusa dans la mesure du possible que je lui vienne en aide.



Elle accepta juste que je l’aide à enfiler son col roulé qui avait une fâcheuse tendance à s’accrocher dans ses cheveux.


Une fois habillée, elle se redressa et, clopin-clopant, s’appuyant sur la canne, décida de s’en retourner chez elle, sans plus attendre.



Question à laquelle elle ne répondit même pas.



Quand j’informai mes deux voisines, qui étaient venues aux nouvelles, des derniers évènements, elles en restèrent stupéfaites.



En fin de journée, j’étais quand même passé chez la rebelle, histoire de lui demander comment elle se sentait. Mais vu le peu d’amabilité qu’elle mit dans sa réponse, cela me découragea par la suite de continuer à m’inquiéter pour elle.

L’incident était clos, c’est du moins ce que l’on pensait.




o-o-o-o-o-o-o-o-o




Une petite semaine plus tard…

La nuit est tombée. Soudain, j’entends quelqu’un qui gratte à la porte de la cuisine, celle qui donne sur le jardinet. Je suis un peu surpris, car personne ne passe jamais de ce côté, je vais ouvrir et tombe nez à nez avec Jeanne :



C’est alors que je m’aperçois qu’elle tient un fusil dans sa main.



Comme je vais regarder à une des fenêtres qui donnent sur la rue, pour voir si je vois ces fameux agresseurs :



Nous faisons le tour du propriétaire pour nous assurer que toutes les portes sont effectivement closes.



Une fois de plus, elle élude la question :



Nous voilà donc réfugiés dans ma chambre, interdiction pour moi d’allumer la lumière et elle qui reste planquée derrière la fenêtre à scruter les alentours. Mais il semble n’y avoir aucun bruit dehors, mis à part le souffle lancinant du vent.



Je m’abstiens de répondre. La connasse, c’est elle et je n’en ai que faire de ses péripéties avec les vauriens. Je balance mes groles dans un coin de la pièce et m’allonge tout habillé sur le lit. Je suis crevé et n’ai nulle intention de jouer au « rififi chez les ploucs » ou de passer la nuit à faire le pied de grue derrière les persiennes.


Mais ma visiteuse semble très agitée, elle passe d’une pièce à l’autre. À un moment, je l’entends redescendre et bouger des choses en bas, on dirait qu’elle plaque les meubles contre les portes (mais ce n’est qu’une supposition qui sera contredite le lendemain)… Ensuite plus aucun bruit, j’ai l’impression qu’elle est partie ou qu’elle s’est mise à l’affût quelque part. Alors, je me déshabille et décide de me coucher. Je suis HS, il fera jour demain !


Lorsque je me réveille au petit matin, je la retrouve allongée dans le lit à mes côtés. Je frôle sa peau, elle est complètement nue, dans les bras de Morphée, et elle ronfle comme un sapeur. Je soulève un peu l’édredon pour reluquer son corps, ses seins bien lourds s’étalent généreusement sur le drap, une grande toison fournie lui recouvre le bas-ventre. C’est vrai qu’elle est plutôt baisable, en la matant me vient même un début d’érection. Mais quel sans-gêne de se coucher comme ça, à poil, à côté d’un homme qu’elle connaît à peine, j’en suis presque choqué. Elle aurait quand même pu dormir dans l’autre chambre, d’autant plus que le lit était fait ! L’a-t-elle fait exprès ? Rien que de penser à ça me fait encore durcir.


Mais bon, vu qu’elle dort, je ne vais pas non plus lui sauter dessus et encore moins abuser d’elle, ce n’est pas mon genre. Je n’ose même pas l’effleurer, de peur de la réveiller. Alors je me lève sagement, en évitant de faire du bruit, et descends à la cuisine lui préparer un petit-déjeuner, les femmes sont en principe sensibles à ce genre d’attention. Et malgré ses réactions à la con, quelque chose me plaît en elle, sa personnalité est digne d’intérêt.

Quand je remonte avec mon plateau, je la retrouve assise dans le lit, les yeux grands ouverts.



Tartines, beurre, confitures, café, je me suis même fendu d’un jus d’orange fait maison. Elle semble heureuse, décontractée, ses seins sont négligemment posés au-dessus de la couette, comme s’il était naturel de les exhiber ainsi.



Éternelle ritournelle, elle ne doit pas être bien claire pour refuser avec obstination de faire appel à la maréchaussée. Je me demande ce qu’elle a pu faire comme conneries, à quoi correspond l’argent dont elle parle et ce qui est consigné dans son casier judiciaire. Peut-être vit-on à côté d’une trafiquante, d’une voleuse ou d’une criminelle, et dire qu’elle est à cet instant toute nue dans mon lit, en train de frétiller… Et cette grosse poitrine offerte, comme si elle voulait m’appâter, serait-ce un coup monté ? Mais je ne serais pas contre, car tout ce laisser-aller est bougrement excitant, et il l’est encore plus si, comme je le crois, c’est voulu !



Ensuite, elle se retourne vers moi :



Ça y est, c’est décidé, on se tutoie. Il faut dire qu’elle a manifestement décidé de passer aux choses sérieuses. Elle sait ce qu’elle veut et elle n’est pas farouche. Glissant sa main dans l’échancrure de ma robe de chambre, elle plonge le long de mon ventre pour saisir ma queue qui est déjà raide et dressée par l’excitation.



Et la voici penchée vers mon sexe et qui le prend en bouche tandis que je palpe sans vergogne ses généreux appas, objets de toute ma convoitise.



Toujours mon éternel problème avec les femmes, je n’ose pas, un excès de timidité maladive. Il faut sans doute être crétin comme moi pour penser qu’une femme puisse s’exhiber ainsi sans aucune arrière-pensée. Déjà la première fois j’aurais dû me poser la question, le bon sens aurait voulu qu’elle me demande de me retourner avant de se changer.

Et si son apparent sans-gêne n’était en fait qu’une façon à peine voilée pour me draguer, disons même pour m’exciter. Effectivement, ça ne peut être que ça.


Pour lui donner le change, je dois sortir de ma passivité. Tandis qu’elle continue à me sucer avec appétit, je me positionne de façon à avoir la bouche entre ses cuisses pour dévorer son fruit juteux. Son puits d’amour est inondé de liqueur et semble déjà prêt pour la saillie ; son humidité ne laisse aucun doute, elle est super-excitée. Ma langue, qui passe et repasse sur son bouton, lui arrache des râles de plaisir.


L’envie de jouir s’impose à nous, impérieuse, tyrannique, nous nous retrouvons bientôt emboîtés l’un dans l’autre sans vraiment savoir qui en a pris l’initiative. Nous alternons les positions, devant, derrière, sur le côté, puis elle sur moi, elle aime manifestement être aux commandes et sait doser ses efforts pour me conduire au bord du paroxysme, sans pour autant m’y faire plonger. Elle accumule les jouissances avant de me libérer enfin. Et au bout du bout, j’explose en elle.


Nous n’avons même pas pris la peine de prendre nos précautions tellement le désir nous a semblé fort et irraisonné. Prenant conscience de mon désarroi, elle croit bon d’ajouter :



Mais, non, je lui fais confiance, bien obligé. De mon côté, c’est encore plus simple, depuis ma séparation d’avec ma femme, je vis comme un ermite et les rares occasions qui se sont offertes à moi, je les ai lamentablement ratées, je suis un piètre séducteur.


Sur ce, elle repousse à nouveau l’édredon et me présente son corps entièrement nu, mon sperme obscène s’écoule lentement de sa chatte.



Je remettrais bien, moi aussi, le couvert. Je m’avance vers ses seins pour les lui téter.



Et la voici déjà debout, en train de se rhabiller, faisant fi de ma jouissance qui s’écoule lentement le long de ses cuisses. Et c’est avec une petite déception que je la vois redescendre l’escalier, j’aurais bien fait la grasse matinée avec elle !




o-o-o-o-o-o-o-o-o




Putain, quelle histoire ! Si quelqu’un m’avait dit il y a quelque temps que je ferais un jour des parties de jambes en l’air avec Jeanne-Marie, je ne l’aurais pas cru. Je traîne, je rêvasse, je pense à elle, c’est un personnage.


Quand je sors en fin de matinée pour démarrer la voiture, je m’aperçois immédiatement que quelque chose ne va pas, les quatre pneus ont été crevés. « Putain, merde, c’est quoi cette connerie ? ». Je monte de suite chez les Blanchard pour constater que leur véhicule a subi le même sort. « Un coup des deux connards ! » Je préviens immédiatement les voisins de ma découverte.



Et me voici qui m’équipe pour cette expédition, des vêtements chauds, de la nourriture, une thermos avec du café. Tout le monde me souhaite bon courage, excepté Jeanne-Marie, plus de nouvelles d’elle, je ne sais pas où elle est passée. En tout cas, elle n’est pas chez elle, la porte d’entrée a été fracturée et tout a été cassé dans la pièce principale, comme si un ouragan était passé par là.


Avec toute cette neige, quand on n’a pas l’habitude, pas si évident de progresser avec des raquettes. Le thermomètre affiche -7°, mais, avec les rafales de vent, on dirait qu’il fait nettement plus froid. Je coupe à travers bois pour gagner deux précieux kilomètres, mais je ne reconnais plus rien et ne peux que constater que je me suis à moitié paumé. Certes, il faut descendre, descendre, toujours descendre, mais pas dans n’importe quelle direction sinon on risque de se retrouver loin du village.


Et puis soudain, au coin d’un bois, je tombe nez à nez avec Jeanne. Elle est en train d’essayer de sortir son véhicule du ravin, mais comme c’est assez pentu elle a bien du mal. Quand elle dit « ravin », ce n’en est pas vraiment un, disons plutôt la pente naturelle de la colline. Le pick-up a simplement dévalé le long du terrain avant d’être arrêté par un arbre mort.



Le treuil est solidement fixé sur une bille de bois coincée entre deux arbres. Le dispositif, finement étudié, est astucieux et en principe suffisamment costaud pour supporter les deux tonnes du véhicule.



Elle me fait ses yeux de biche comme si nous étions copains de longue date. Après ce qui s’est passé ce matin entre nous, je peux difficilement lui refuser, même si j’insiste lourdement sur le fait qu’ensuite je descendrai en ville pour porter plainte à la gendarmerie.



Elle a préparé le terrain, mis des branchages sous les pneus et tout le long d’une voie qu’elle a tracée à la pelle en vue de remonter la pente. Sacré travail, ça a dû lui prendre des heures, depuis qu’elle m’a quitté en fait, mais sans doute a-t-elle aussi commencé les jours précédents.



Elle sait vraiment tout faire, je ne peux être qu’admiratif, je me sens peu de choses à côté d’elle, dire qu’il y a une semaine elle était à moitié dans le coltard !

Elle grimpe dans le véhicule, met en route le moteur, le 4x4 patine comme ce n’est pas permis, mais progresse quand même de trente centimètres, je sécurise avec le treuil. Nous avançons petit à petit, un mètre, deux mètres, trois mètres, une dizaine de mètres c’est encourageant. Il est temps de changer les branchages de place et de positionner deux souches derrière le véhicule pour l’empêcher de reculer.


Je ne sais pas comment elle fait, je suis déjà fourbu, mais elle m’encourage à continuer. Deux heures plus tard, nous y sommes presque, encore un petit effort et le pick-up sera bientôt sur le chemin. Mais je n’en peux plus, je demande une pause que ma comparse accepte à contrecœur.



Je ravale ma salive. Je n’en pense rien, si ce n’est que ça conforte l’image d’antisociale que j’ai d’elle. Cette femme n’aime rien ni personne, sans doute ne s’aime-t-elle pas elle-même. Ce que j’en pense, c’est que ça me fait mal au cœur, car je n’ai pas envie d’une simple histoire de cul. Un peu de sentiments n’a jamais fait de mal à qui que ce soit.



Je suis déçu, disons même désabusé, je me relève à contrecœur pour finir le travail, mais sans y mettre trop d’énergie, j’ai perdu toute motivation. Par chance pour elle, le véhicule accroche beaucoup mieux sur ce dernier tronçon et se retrouve bientôt sur la bonne route.



Je l’ai vraiment mauvaise.



Après cet épisode assez surréaliste à la « Je t’aime, moi non plus », nous voici de retour chez moi.



Sur ce, elle me laisse à mes réflexions pour aller nourrir ses bêtes.


Alexia et son mari ne comprennent pas trop pourquoi j’ai préféré aider cette « fille » (dans leur bouche on dirait presque qu’ils parlent d’une catin), plutôt que d’aller au village ainsi que nous l’avions décidé. J’avoue que moi non plus, je ne sais pas trop. Je leur dis que je me suis laissé embobiner, mais dans les faits j’ai surtout voulu lui faire plaisir, je dois avoir le béguin pour elle, c’est vrai qu’elle ne me laisse pas indifférent.

J’ai du mal à reconnaître mes sentiments ; d’un côté je lui tordrais bien le cou, mais de l’autre… Et elle que pense-t-elle ? Je suis certain qu’elle ne désire pas une simple histoire de cul, je le vois dans sa façon d’être, ce n’est pas ça qui l’intéresse.


Justement la voici, elle salue à peine nos voisins, ne s’adresse qu’à moi et, comble d’impolitesse, m’entraîne par le bras jusqu’à chez moi sans même prendre congé. Le repas se passe en silence, comme si nous n’avions rien à nous dire, ou plutôt comme si chacun avait trop de choses auxquelles penser de son côté. Mais tout se passe par les yeux, je la regarde, elle me regarde, que se passe-t-il entre nous ? Je sais que je n’irai pas voir les flics, parce que ça ne lui plaît pas et que je n’ai pas envie de lui déplaire. Cette concession me semble indispensable, même si ça fait de moi son complice. Jusqu’où suis-je prêt à aller pour elle ?


Après le repas, elle ravive le feu et, plutôt que de retourner s’installer dans son coin sur le sofa, elle vient directement s’asseoir sur mes genoux :



Elle se fait chatte.



De façon dont elle dit ce mot, manifestement elle ne l’a pas digéré. C’est vrai que ça a été malhabile de ma part.



Nous nous embrassons et nous nous câlinons tendrement tandis que le feu crépite dans l’âtre. Elle finit par s’endormir dans mes bras, exténuée par cette dure journée, mais rassurée par ce semblant de passion qui vient de naître.

Trop claqués pour faire l’amour cette nuit-là, nous attendons le lendemain matin que je lui apporte son petit-déjeuner au lit pour que la frénésie s’empare à nouveau de nos corps.



Elle éclate de rire :