n° 21391 | Fiche technique | 18563 caractères | 18563 3016 Temps de lecture estimé : 11 mn |
31/12/22 |
Résumé: Un amant, une maîtresse, à l’hôtel. Mais pourquoi rester dans une chambre quand on peut s’amuser tout autant dans un couloir ? Même si personne n’est à l’abri de quelques imprévus… | ||||
Critères: fh hotel amour voir exhib photofilm -exhib -lieuxpubl | ||||
Auteur : Aventurine Envoi mini-message |
La rangée de néons rectangulaires ornant le plafond baigne le couloir d’une lumière tamisée, jetant des nuances dorées sur les murs peints en gris. Arrêtée en haut des escaliers du premier étage, elle jette un coup d’œil sur sa gauche. Une porte en bois verni porte le numéro 15. De l’autre côté, sur sa droite, elle sait que la porte qu’elle recherche se situera à l’autre bout de cette longue ligne droite déserte. Deux rangées de portes identiques en enfilade. Des poignées luisantes, couleur argent. Serrant sa clé magnétique au creux de la paume, elle se met en marche, soudainement étreinte d’une vive impatience à l’idée de retrouver son amant. Arrivée bien en avance sur l’heure de son rendez-vous, elle se réjouit de disposer de quelques instants pour s’imprégner des lieux. Elle jouira même du luxe de prendre une douche pour patienter. Sur la moquette en damier rouge et anthracite, le son des escarpins d’Estelle se trouve quasiment étouffé malgré son pas décidé. 17, 19, 21… Les numéros de porte défilent à son passage et elle ralentit le pas. L’atmosphère légèrement surchauffée du lieu rend son imperméable ivoire quelque peu superflu.
J’ai trop chaud, là-dedans…
Elle en dénoue la ceinture, l’ouvre largement et ajuste le décolleté de sa robe. Elle replace les volants plus harmonieusement au-dessus des genoux.
Voici Estelle, votre nouveau modèle. La voici à l’entrée du catwalk et sa démarche féline va vous éblouir…
À chaque pas, elle sent le frottement de ses bas contre ses cuisses, sensation quelque peu inédite pour elle, qui en porte très rarement. Nouveaux aussi, ses escarpins, dans lesquels elle éprouve la vague appréhension d’une chute inopinée. Ainsi chaussée, elle ressent autant d’aisance qu’un berger basque novice sur des échasses. Cependant, même si sa démarche est teintée d’une certaine prudence, elle se sent extrêmement féminine dans cette tenue. Elle ralentit le pas et accentue délibérément sa démarche chaloupée.
Estelle porte une petite robe fluide, avec motifs floraux et décolleté à volants, des bas couture et un satané tanga qui envahit un peu trop la raie de ses fesses…
Elle réprime un sourire et jette un œil à la carte qu’elle serre entre ses doigts, sobrement ornée du numéro 30, en gros caractère gras sur fond rouge.
J’y suis, enfin…
En plaquant sa clé à la hâte contre le petit boîtier situé sous la poignée, elle perçoit du mouvement provenant de l’autre extrémité du couloir. Un homme a émergé de la cage d’escalier et s’est arrêté en haut des marches, comme elle l’a fait quelques instants auparavant. Sans lui prêter attention, elle tente à nouveau de faire fonctionner la clé sur le boîtier. La porte reste obstinément close. Sans précipitation cette fois, elle renouvelle l’opération et guette l’activation du voyant sur le système d’ouverture. Toujours pas. Alors qu’elle retourne la carte magnétique pour procéder à une troisième tentative, elle tourne les yeux machinalement vers sa droite. L’homme est toujours là, debout au milieu du couloir, un téléphone à la main. Autour de la quarantaine, les cheveux blonds tombant en mèches blondes sur ses épaules, elle remarque sa carrure plutôt imposante sous sa veste de cuir marron. Il la regarde avec insistance, immobile dans ses santiags et son jean délavé. Pas un sourire, juste deux billes bleues qui la scrutent à distance.
Il est flippant, lui…
C’est alors qu’elle le voit lever son téléphone devant lui, à hauteur de son torse, comme s’il allait prendre une photo.
Il ne manquait plus que ça…
Estelle lâche un soupir excédé. Son cœur commence à s’emballer. Embué par un début de panique, son esprit lutte avec plusieurs dilemmes. Tant pis si son doux projet de douche tombe à l’eau. Mais devrait-elle redescendre à la réception pour solliciter de l’aide ? Cela impliquerait de passer juste devant le sombre inconnu. Ou bien devrait-elle rester sur le pas de la porte et attendre Franck, au risque de voir dégénérer le comportement de l’intrus ?
L’apparition d’une petite lumière verte sur le boîtier, associée à un clic retentissant, interrompt Estelle dans ses invectives. Elle a proféré ces mots à voix haute, suscitant de nouveaux regards perplexes de l’armoire à glace blonde.
Estelle se rue à l’intérieur, referme la porte derrière elle et pousse un soupir de soulagement. Après un coup d’œil fébrile à sa montre, le verdict est sans appel : il est trop tard pour se rafraîchir, finalement, Franck va arriver d’une minute à l’autre. Alors qu’elle cherche son téléphone dans son sac, à l’affût d’un message de sa part, un toc-toc discret retentit sur le battant de la porte. Méfiante, hantée par la vision du psychopathe du couloir, elle approche son visage du panneau de bois verni et demande, d’une voix blanche :
Le timbre familier lui parvient sans tarder :
Rassurée, Estelle fait entrer son homme et l’enlace alors qu’il a à peine eu le temps de refermer la porte derrière lui.
Le plaisir de le revoir, les effluves de son parfum qui l’enveloppe quand elle noue ses bras autour de son cou lui font oublier le contretemps de son arrivée sur les lieux.
Franck pose ses mains sur le visage de sa maîtresse et reprend possession de ses lèvres. La chaleur de l’énervement d’Estelle a laissé place à une tout autre sensation, diffuse au niveau de l’entrejambe. La langue de Franck caresse ses lèvres et s’enroule délicatement autour de la sienne. Jamais trop invasif, tout en se montrant suffisamment gourmand, son appendice buccal est si habile… Elle l’imagine déjà se poser sur son ventre, descendre sur sa vulve et lui prodiguer l’un de ses cunnilingus qui la font chavirer à chaque fois.
D’un geste, Franck fait glisser sa veste sur le lit et reprend Estelle dans ses bras. L’entraînant dans son étreinte, il la plaque contre le mur, une main sur sa nuque, et continue à l’embrasser. Estelle s’abandonne à ses lèvres avec délectation et toutes ses tensions s’envolent. Ses doigts explorent les cheveux poivre et sel coupés court, le dos orné du tatouage qu’elle aime tant contempler quand il est nu. Franck avance encore jusqu’à ce que son bassin vienne à la rencontre du sien, la presse un peu plus fort contre le mur. Elle sent ses bras l’entourer fermement.
La sensation de se trouver ainsi immobilisée, à sa merci, envoie une onde d’excitation dans tout son corps. Il va la prendre sur place contre ce mur, du moins c’est ce que son érection pressante la laisse imaginer. Retroussant sa robe sur ses hanches, il pose ses mains sur ses fesses et les caresse avec plus d’insistance. Soudain, contre toute attente, il interrompt ses baisers, plonge son regard ténébreux dans le sien et lui murmure :
Sans un mot, Estelle se redresse et se détache des bras de Franck. Son excitation déjà bien avancée est retombée comme un soufflé. Cependant, elle n’ose pas jouer la rabat-joie en mentionnant à nouveau la présence du grand blond au même étage.
Franck saisit son téléphone et contemple Estelle avec envie, le pantalon toujours difforme au niveau de l’entrejambe. Estelle surprend son regard et, feignant l’indifférence, retire lentement son imperméable, puis s’extrait de sa robe pour révéler ses charmants dessous. Elle a sorti le grand jeu avec son nouveau bustier en satin prune, noué sur la poitrine par un fin ruban noir. Certes, il lui a fallu regarder un tuto vidéo sur Internet, car elle peinait à fixer ses bas aux attaches de son porte-jarretelles. Le résultat en valait la peine, malgré tout. La jeune femme jette nonchalamment sa robe sur le lit et se tourne vers Franck avec un regard espiègle. Celui-ci la dévore des yeux.
Avec un clin d’œil dans sa direction, Franck lui prend la main en saisissant la clé posée sur la table. Avant de l’entraîner dans le couloir, il passe la tête au-dehors et jette quelques regards prudents de part et d’autre.
Estelle avance sur la moquette en damier et s’appuie contre le mur, face à Franck. Un pied posé contre la paroi, elle ouvre son imperméable ostensiblement pour révéler le plus possible de ce qu’elle porte en dessous. Son regard se pose timidement vers Franck alors qu’elle cherche une première pose, plutôt sage, avec les mains sur les hanches. Sans attendre, il prend quelques photos en souriant et recule d’un pas pour mieux la cadrer. Puis ils s’immobilisent quelques instants et tendent l’oreille. Le silence est total à l’exception du ronflement monotone de la climatisation.
On commence le shooting, le photographe va devoir faire preuve de sang-froid pour ne pas se troubler devant une telle bombe !
Se prenant au jeu, Estelle se glisse à nouveau dans la peau du top model.
Les mains sur le col, jambes légèrement écartées, elle fixe l’objectif d’un regard pénétrant en se mordant la lèvre inférieure. Pendant que le photographe gagne en aisance, la main d’Estelle se met à explorer son ventre et finit par se glisser dans sa petite culotte. Du bout des doigts, elle caresse son intimité déjà gorgée de nectar en passant l’autre main dans ses cheveux longs. Fermant les yeux quelques instants, elle fait fi de l’objectif avide de son amant.
Lorsqu’elle les rouvre, elle remarque que Franck est parvenu à défaire son pantalon tout en poursuivant la prise de vues. Libérant une érection monumentale avec sa main libre, il se met à faire coulisser son sexe entre ses doigts sans quitter sa maîtresse des yeux. Incrédule, Estelle jette quelques coups d’œil affolés des deux côtés du couloir. Éclatant de rire, elle plaque une main devant sa bouche pour ne pas être entendue. Il a capté cet instant fugace. La photo sera belle, sans doute.
Enhardie par l’audace de son partenaire, Estelle fait glisser son imperméable au sol et se retourne vers le mur. Les mains posées à plat sur la paroi, elle se cambre et reprend le ballet de ses doigts sur son clitoris, ondule le bassin et tente d’imaginer ce que fait Franck derrière elle. Elle l’entend soupirer et distingue le cliquètement de sa boucle de ceinture à chaque va-et-vient de sa main sur son dard. Les pulsations de son clitoris s’intensifient, la cyprine coule sur ses doigts et ses cuisses se mettent à frémir.
Tournant alors la tête machinalement vers sa droite, son sang ne fait qu’un tour. Il est revenu. Le grand blond, tel le fantôme des films d’horreur qui surgit sans crier gare, se tient à l’autre extrémité du couloir. Immobile, il les observe sans gêne apparente. Estelle se fige, le cœur battant à tout rompre, et se retourne vers Franck. Celui-ci est venu se coller derrière elle et lui murmure :
Estelle reste immobile, elle aussi, à la fois mortifiée d’être ainsi prise sur le fait et excitée à l’idée de jouer à l’exhibitionniste. Elle frissonne. Prévenant, Franck se baisse, saisit l’imperméable qui gît abandonné à leurs pieds et en couvre les épaules d’Estelle. Le grand blond, nonchalamment appuyé contre le mur, a tiré son téléphone de sa poche. Il semble absorbé par son écran, mais les observe à la dérobée.
Toujours derrière elle, Franck dépose quelques baisers dans son cou et relève l’imperméable pour mieux se plaquer contre elle. Elle perçoit ses légers mouvements de bassin, son sexe chaud contre son sillon et ses mains qui dorlotent chacun de ses seins par-dessus son corset. Ses doigts rencontrent le ruban et le dénouent habilement. Bien malgré elle, la main d’Estelle revient caresser son clitoris au bord de l’explosion. N’y tenant plus, elle se retourne vers Franck, l’embrasse encore goulûment et lui chuchote à l’oreille :
Recouvrant soudain ses esprits et sa pudeur habituelle, Franck remonte son pantalon à la hâte et tire la clé de sa poche. Entraînant Estelle dans son sillage, il ouvre la porte qui ne lui oppose aucune résistance. Une fois à l’intérieur, tous deux se débarrassent mutuellement de leurs vêtements en un temps record. Franck, nu comme un ver et le sexe fièrement dressé, regarde Estelle s’allonger sur le ventre lascivement et tendre la main vers son sac posé près d’elle sur le lit blanc. Elle en extrait son accessoire préféré, un petit godemiché vert anis de taille moyenne, puis un tube de lubrifiant. Le jouet oscille joyeusement au creux de la paume d’Estelle, qui jubile à tenter ainsi son amant.
Souriant, Franck s’agenouille sur le lit près d’Estelle et, la saisissant par les hanches, l’attire vivement à lui. Il lui retire sa culotte sans ménager le fin textile. Le contact de ses lèvres sur les fesses d’Estelle la fait tressaillir et ravive le feu ardent qui embrasait son sexe quelques instants plus tôt. Elle sent ses baisers explorer le creux de ses reins, puis son fessier, et le mouvement du matelas quand il s’installe entre ses jambes. Son sexe effleure l’intérieur de ses cuisses, il en joue et laisse son gland explorer le haut de ses jambes, puis ses fesses. L’envie d’être comblée par son membre vigoureux devient irrépressible et le bassin d’Estelle se met à onduler, de plus en plus frénétiquement.
Des pas étouffés se font soudain entendre dans le couloir et quelqu’un toque à la porte. Franck s’immobilise pendant quelques secondes, tenant à la main le jouet et le tube de lubrifiant. Nouveau toc-toc, un peu plus insistant. Franck se lève précipitamment, va attraper une serviette dans la salle de bains et l’enroule autour de sa taille.
Il ouvre la porte brusquement et fusille l’intrus du regard. Le grand blond.
L’inconnu se racle la gorge et montre le téléphone qu’il tient au creux de sa paume gigantesque. Après s’être enroulée de son imperméable pour masquer sa nudité, Estelle rejoint Franck sur le pas de la porte, joues écarlates et cheveux en désordre. Levant ses yeux bleus vers elle, l’inconnu poursuit calmement :
Estelle n’entend pas la fin de sa phrase. Elle se fige, examine le téléphone plus attentivement et tâte les poches de son imperméable. Vides. Son téléphone a disparu. Elle retourne dans la chambre et vide son sac sur le matelas. Toujours pas de téléphone. Estelle sent ses joues s’enflammer encore davantage et revient face à l’inconnu.
L’armoire à glace lui tend l’appareil qu’elle reconnaît comme étant le sien grâce à sa coque pailletée.
Puis avec un léger rire rauque et un clin d’œil dans la direction de Franck, l’inconnu tourne les talons et repart, son pas lourd étouffé par la moquette en damier. Penauds sur le pas de la porte, Franck et Estelle échangent un regard sidéré. Puis les yeux d’Estelle se mettent à pétiller et elle éclate de rire, en portant une main à sa bouche. Franck ne peut s’empêcher de l’imiter en refermant la porte. Puis il se dit en son for intérieur qu’elle sera belle, la photo sur laquelle Estelle rit sans retenue dans ce couloir. Aussi sublimes que toutes les autres.