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n° 21409Fiche technique8047 caractères8047
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06/01/23
Présentation:  Le plaisir d’un simple regard...
Résumé:  Les deux moineaux au-dessus de moi se parlent. Et au vu de leurs piaillements, il s’agirait certainement d’une scène de ménage en règle. Monsieur Moineau n’a pas dû sortir les poubelles !
Critères:  jardin voir -voyeur
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message
Je vous regardais...

Les deux moineaux au-dessus de moi se parlent. Et au vu de leurs piaillements, il s’agirait certainement d’une scène de ménage en règle. Monsieur Moineau n’a pas dû sortir les poubelles ! Évidemment, il n’y a pas que mes oiseaux qui font pétiller le silence. D’autres bestioles emplumées se chamaillent dans chacun des arbres du parc. Il y a peut-être une grève générale chez les éboueurs de dame nature ? Pourtant, hormis les éclats vifs de la gente ailée, il n’y a aucun bruit. C’est presque étrange. Un silence, uniquement troublé par des trilles de volatiles. C’est comme si l’endroit appartenait aux oiseaux. Et pourquoi pas ? Ils mériteraient bien que nous autres, humains égoïstes et inconscients, leur accordions le droit de vivre en paix.


Il fera chaud très vite et ma peau est déjà humide. J’ai déposé mon bouquin sur le bois verni du banc. Je n’ai pas envie de lire. Pas pour le moment. Pour l’instant, je profite de la vue et du calme. Je lirai plus tard. Ou pas. Peut-être que ma petite sortie champêtre m’apportera quelque surprise. La dernière fois, il y avait eu ce moment sympathique. Des parties d’échecs avec un inconnu. Un homme charmant d’un certain âge, qui m’apparaissait vite comme distingué et très cultivé. De jolies parties où cet inconnu me battait par trois fois.




Que fait-elle là ?



Il est vrai que parfois, nous nous posons de drôles de questions. Elle fait ce qu’elle veut bien sûr. C’est une superbe matinée. Déjà, un doux soleil caresse nos peaux. Pourquoi ne serait-elle pas là ?


Mon inconnue a choisi une place en plein soleil. J’ai préféré m’asseoir sous le marronnier. Je la regarde. Je l’ai regardée tout de suite. Dès son arrivée dans mon champ de vision. Un simple coup d’œil d’abord, puis un regard plus appuyé ensuite. J’en suis maintenant à l’observer. Je n’ai pas même à déployer des ruses de Sioux sur les sentiers de la guerre, pour laisser se porter mon regard sur elle. Pas une fois, elle n’a levé ses yeux vers moi. Et puis quoi, je ne l’espionne pas. Je la regarde.


Elle est charmante. Peut-être une trentaine de printemps. Ou peut-être un peu plus. Sa coupe de cheveux pourrait la rajeunir. C’est souvent le cas. L’avez-vous remarqué ? Les cheveux coupés très courts, ou comme il se disait dans une autre époque, à la garçonne, donnent un coup de jeune aux femmes.


Elle est brune. Une chevelure sombre à laquelle les lueurs du soleil s’accrochent. Il m’est impossible, par contre, de deviner la couleur de ses yeux. Elle a l’air jolie. En tout cas, ses traits paraissent réguliers comme on dit. Des fils blancs relient ses oreilles à un objet plat, et tout aussi blanc, posé sur son banc. Elle écoute de la musique. À peine installée, la jeune femme fixait un point d’horizon éloigné dans le parc. L’objet de mon attention soutenue regarde dans la même direction depuis un très long moment, et sa position ne m’offre que son profil gauche. J’adore son nez. Un nez droit et bien dessiné. Parfois, elle se mord doucement la lèvre inférieure.


Étrangement, ce sont ses pieds qui ont d’abord attiré mon attention. La jeune femme porte des sandales spartiates. Une semelle de cuir beige, garnie de lanières. De fines attaches rouges. C’est fou ce que deux petites bandes de cuir peuvent apporter à un pied et à une cheville. Elles les habillent tout en les laissant nus. Chevilles délicates et mollets au galbe parfait.


La robe est très simple. L’étoffe légère. Un tissu rouge sang. Une robe qui découvre ses bras. Les boutons délaissés laissent une gorge bronzée à l’air libre.


Quand elle s’est assise, j’ai pu voir ses seins bouger sous le tissu. Je les devine libres de toute entrave. Je les imagine plutôt petits et les espère fermes et ronds.


Jambes croisées, cette femme m’offre sans le savoir, le droit de fantasmer. Ses genoux ronds et le haut de ses cuisses nues sont des images agréables, à se mettre sous la dent. Simple façon de parler bien sûr. Encore que…


Porte-t-elle quelque chose sous cette robe ? Une petite culotte ? Un string ? Est-elle nue sous ce léger vêtement ? Non. Elle n’est pas du genre à ne pas porter de culotte ! Le genre… Le genre de femme qui… Le genre d’homme à… Qui aurait pu penser que ma voisine était du genre à gambader à poil sous sa jupe ? Pourtant, un coup de vent de novembre, violent et malicieux, avait rabattu sa courte jupe sur son dos, m’offrant ses fesses nues, alors qu’elle s’éreintait à caler le siège-auto de son fils, sur la banquette arrière de son véhicule. Qui aurait pu songer que cette jeune femme qui me détestait, aigrie et plutôt revêche envers notre petite communauté, avait d’aussi jolies fesses. Une fille plutôt banale, sans véritables attraits, et qui ce jour-là, inconsciente de le faire, avait éveillé mes sens.


La femme sur le banc, elle, me plaît beaucoup. Quel plaisir ce serait de savoir qu’elle est totalement nue sous sa robe légère… ! Elle bouge enfin ! Pourquoi cette gêne quand son regard a glissé sur moi ? Je ne fais rien de mal. Je la regarde…


Dans son mouvement, la cuisse qu’elle laissait reposer sur l’autre s’est découverte un peu plus. Elle a décollé son dos du bois peint en vert, et doucement, s’est laissée glisser sur son banc. Elle est allongée. Main sous la tête, elle regarde le ciel. Ou peut-être a-t-elle ses yeux fermés ? J’imagine simplement qu’elle regarde le ciel. Elle a relevé une jambe lentement, et son bras libre s’est collé à l’étoffe de sa robe pour que le vêtement ne glisse pas sur sa peau.




Fantasme




C’est ce geste si simple, si naturel, qui a tout déclenché. C’est venu d’un coup. J’ai imaginé une cuisse dénudée et le léger vêtement rabattu sur son ventre, me laissant voir une hanche nue. Puis, j’ai regardé ses doigts. De longs doigts nerveux qui se débarrassaient rapidement des petits boutons qui fermaient la robe rouge sang. Un à un… La robe s’est ouverte sous sa main. Sa cuisse relevée me cache son ventre, mais je me régale de ses petits seins nus qui dansent lascivement, quand elle se redresse lentement. Et quand elle tourne son visage vers moi… Quand elle pose ses yeux sur moi… Une chaleur intense me prend brusquement le ventre.


Quel beau rêve je viens de vivre ! Une charmante inconnue m’a fait fantasmer sans même le savoir.




Elle



C’est certainement l’ombre de ma présence qui lui a fait ouvrir les yeux. Parfois, l’imagination nous joue des tours. Je la trouvais charmante. Elle est bien plus que pleine de charme. Elle est belle. Son nez est vraiment adorable. Une bouche que j’aimerais sur la mienne. Des lèvres sensuelles. Ses grands yeux bleus sont fixés sur moi et j’y vois aussitôt défiler diverses choses. Vous savez bien ! Ce fameux regard qui en dit long. Il en dit tellement parfois, ce fameux regard…


Elle est agacée l’espace d’un battement de cœur. Puis elle est surprise. Quelques secondes… Non, c’est sûr maintenant, elle est bien certaine de ne pas me connaître. Alors, elle est vite curieuse. Pourquoi suis-je là ? Que fais-je là, debout devant son banc ?


Ses lèvres pleines s’ouvrent et découvrent des perles de nacre. Sa bouche forme un O parfait. Son regard me renvoie son étonnement.


Elle va parler ! Qu’en sera-t-il de sa voix ? C’est si important une voix ! Sera-t-elle douce à l’oreille ? Chaude ? Grave ou voilée ? Me plaira-t-elle, cette voix ? Autant que cette femme me plaît…


C’est pourtant moi qui parle…