Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 21414Fiche technique57366 caractères57366
10243
Temps de lecture estimé : 35 mn
07/01/23
Résumé:  Les dégâts collatéraux du covid, vécus par une jeune femme avec son beau-père.
Critères:  fh hplusag alliance grossexe campagne amour fmast intermast fellation cunnilingu pénétratio fdanus confession -occasion
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message
Joli Papa

Interdite, le torchon à la main, je contemple ce bel échantillon de mâle en pleine action, planquée derrière les voilages de la cuisine. Bizarre sensation, ce spectacle me picote le ventre. Insensiblement et sans même en prendre conscience, ma main se porte entre mes jambes, relève le bas de ma petite robe et plonge dans ma culotte. C’est tout trempé là-dedans. Je commence à me caresser le bourgeon et je sens délicieusement monter le plaisir. Soudain, il se retourne vers la maison. Je sais qu’il ne peut pas me voir, mais je sursaute comme prise en faute. Je chasse toute idée de mon esprit en frappant la table de mon torchon. S’il regarde par là, c’est qu’il doit avoir besoin de quelque chose. Soif, il doit avoir soif. Je sors une bouteille de flotte du frigo et vais lui porter.



Lui, c’est Jean, mon beau-père. Oui, je sais, je le vouvoie et il me tutoie. Mais c’est comme ça, je les ai toujours vouvoyés, mes beaux-parents. Et j’aime bien quand il m’appelle « ma belle ». J’ai au moins l’impression d’être belle pour quelqu’un. Mais le fait qu’il veuille parler de quelque chose au dîner, ça, c’est nouveau, signe qu’il va vraiment mieux. Il faut dire qu’il revient de loin. Quand il est sorti du coma artificiel, il a dû se remettre de la maladie, accepter la forme et les dix kilos perdus, mais surtout apprendre la disparition de sa chère épouse, morte sans lui, comme à son insu. Dramatique. Depuis, il est en dépression, assez profonde, et ça se comprend.


Quand le confinement s’est relâché, Arthur s’est empressé de retourner au bureau, deux jours par semaine, puis trois. Et comme il a décidé de jouer les écolos, il part le matin à vélo jusqu’au bourg et prend le bus pour Rennes. À sept heures. Ce qui fait qu’il quitte la maison à six heures et demie et ne rentre qu’avec le dernier bus à dix-neuf heures trente. Je ne suis pas particulièrement trouillarde, mais j’avoue que ça m’a fait drôle de me retrouver toute seule dans cette campagne, loin de tout et de tous. J’ai voulu qu’on mette un portail à l’entrée du champ, Arthur l’a fait poser. Mais même… Je vivais avec le portable dans la poche, je sursautais au moindre bruit, et des bruits en campagne il y en a. Plein. Bref, je ne vivais plus. Alors quand Arthur, inquiet par l’état de son père, a proposé qu’on le prenne chez nous quelque temps, j’ai tout de suite dit oui. C’est ainsi que Jean est venu occuper la seconde chambre de notre maison.


Ils l’ont attrapé, ce méchant virus. Trop bête ! Des amis de trente ans qui sont passés les voir en allant se confiner au bord de la mer. Bien sûr, ils ne se savaient pas encore contaminés, ils ne l’ont pas fait exprès. Mais c’était fait. Tous les deux bien touchés, bien malades, direction les urgences. La robuste constitution de mon beau-père lui a probablement sauvé la vie. Mais Huguette, sa petite femme toute frêle avec un souffle au cœur, n’a pas tenu le choc en réa. On n’a même pas pu l’accompagner à sa dernière demeure. Ça a été terrible pour mon mari. Du coup, ça a précipité notre déménagement de Rennes jusque dans la campagne normande. Normande ou bretonne, on sait pas trop, on doit être sur la « frontière », à peu près au niveau du Mont-Saint-Michel. Mais pas au bord de la mer, c’était bien trop cher. On a trouvé une petite ferme en assez bon état pas trop loin d’un petit bourg charmant où il y a l’essentiel : un boulanger et une supérette. L’important pour Arthur, c’est qu’il y avait la fibre, indispensable pour le télétravail. Il est chef comptable à l’agglo rennaise. Lui au moins a pu continuer à travailler.


Moi, ça a été chômage technique pendant des mois pour, au final, déboucher sur un licenciement. Normal. J’étais réceptionniste dans l’un des plus grands hôtels de Rennes, fermé pendant près de deux ans, l’un des rares à ne pas appartenir à une chaîne, gestion familiale privée. Malgré les aides, les propriétaires n’ont pas pu suivre. Au bout de deux ans sans utilisation, sans clients donc sans revenus, il aurait fallu faire plein de travaux. Et la reprise était très lente. Rennes est plus une ville d’affaires que de tourisme, les gens y passent, mais préfèrent le bord de mer. Alors ils ont dû se résoudre à mettre en vente. Mais comme la punition était la même pour tout le monde, on ne se précipitait pas pour acheter l’énorme bâtiment. Je suis donc passée du chômage technique au « vrai » chômage. Ces patrons adorables ne pouvaient évidemment pas nous verser d’indemnités de licenciement. Alors plutôt que de voir leur « capital retraite » dispersé à l’encan, ils ont proposé aux personnels de récupérer ce qu’ils souhaitaient dans l’hôtel. Ça tombait bien pour meubler notre nouvelle maison. On a loué un fourgon et on a récupéré deux chambres complètes parmi les plus récentes, une table de déjeuner et six chaises, du linge de maison en quantité, un peu de vaisselle, des télés et d’autres bricoles.


En arrivant ici, mon beau-père n’était pas en bon état. Il se nourrissait plus de médocs que d’autres choses. Il n’était pas très dérangeant non plus, il nous rejoignait pour les repas où il chipotait, malgré mes efforts culinaires, puis disparaissait aussitôt dans sa chambre. Je sais bien qu’elle est équipée d’une des télés récupérées à l’hôtel que mon geek de mari a toutes connectées sur une parabole avec 250 chaînes, mais quand même. Il avait besoin de sortir, de s’aérer, de profiter de la campagne pour se refaire une santé. Je le lui ai répété souvent et il a fini par aller faire des balades. Où, je n’en savais rien, mais ça lui donnait un peu plus d’appétit, et donc un peu plus de vie. Parfois même, il restait avec moi regarder un film à la télé, Arthur étant reparti sur son ordi. C’est en regardant ensemble un vieux film, « Le mur de l’Atlantique », que nous avons bien ri avec l’expression « Joli Papa » pour beau-père, qui lui va comme un gant.


Il n’est pas vraiment une charge et moi ça me rassure d’avoir cette présence à la maison. Un jour, il m’a vue suer sang et eau en poussant ma tondeuse. Il est venu me remplacer. Et depuis c’est lui qui tond l’herbe et qui va se piquer sous les ronces des haies ! Un matin, il est parti en voiture, dans son gros SUV. J’ai pensé qu’il allait voir le toubib, il ne m’a rien dit. Il est revenu deux heures plus tard avec des outils, un croissant, des cisailles, un taille-haie, et les yeux rougis. Il m’a dit :



J’ai compris que « là-bas », c’était chez lui, là où sont tous ses souvenirs d’une vie de couple là où certainement, se trouve encore tout ce qui appartenait à Huguette. Après le déjeuner, sans qu’il n’ait plus desserré les dents que pour manger, il s’est claqué les joues et les épaules, comme s’il se débarrassait de bestioles qui l’agaçaient. Il a mis ses bottes et il est sorti. C’est comme ça que depuis ma cuisine, j’ai entendu le ronflement sporadique d’un moteur, et puis il est apparu dans mon champ de vision, en jean et t-shirt, massacrant les terribles ronces à grands coups de croissant, terminant à bout de bras de lisser les arbustes avec le taille-haie. Autant mon mec est chétif, autant son paternel est un athlète. Arthur doit tenir de sa mère. Il mesure un mètre soixante-quatorze, je le dépasse dès que j’ai des talons avec mon mètre soixante-dix, et il pèse soixante kilos tout mouillé. Le bonhomme qui est en train de domestiquer la nature doit bien faire le mètre quatre-vingt-dix et peser quatre-vingt-dix kilos. La covid lui a laissé du muscle, c’est impressionnant. Impressionnant aussi le paquet qui déforme le pantalon au niveau de la braguette. Elle n’a pas dû s’ennuyer la petite Huguette. Ce bel athlète me fascine…


Comme tous les gens qui ne disent jamais rien, quand il se lâche on ne peut plus l’arrêter.



Genre, je m’engage, mais tu vas assurer. Il est comme ça, Arthur, surtout depuis que je ne travaille plus. Mais bon, je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas si mal avec lui. Ce n’est peut-être pas le paradis, mais ce n’est pas non plus l’enfer, y a pire…


Notre maison, c’est une ferme normande traditionnelle, pas à colombages, ça c’est en Haute-Normandie, mais en pierres de schiste gris-marron-rouge avec des ouvertures entourées de granit. Elle est construite dans un champ d’un hectare entouré de haies, au bout d’un chemin creux, maintenant goudronné. Ce genre de chemins que l’on trouve dans les régions de bocage, bordés de hauts talus de chaque côté surmontés de hautes haies. C’est charmant, mais il ne faut pas croiser quelqu’un, sinon c’est recul jusqu’à une entrée de champ.


Elle n’est pas immense, deux chambres et une salle de bains à l’étage, une grande cuisine et une pièce à vivre au rez-de-chaussée, une cave au-dessous. Mais pour deux, c’est suffisant. On a campé quelques mois, le temps de refaire peintures et papiers, et de vendre notre petit T1 bis de la périphérie de Rennes. Ici, on est plus tranquilles, et pour attraper la covid, il faudrait le faire exprès, on ne voit jamais personne. Confinement naturel. Arthur avait installé son « bureau » dans la deuxième chambre et bossait comme un dingue, essayant instinctivement de compenser son absence au boulot, et moi je continuais tranquillement les aménagements, la peinture, la décoration. Je jardinais aussi parce qu’il fallait le tondre, cet hectare d’herbe, une galère. Et puis j’essayais de faire pousser quelques fleurs près de la maison.


Le problème, c’est la grange. Un bâtiment qui n’est pas très grand, mais très abîmé, pour ne pas dire en ruine. Il est à quelques mètres et perpendiculaire à l’habitation, relié par un mur qui a dû être le fond d’un abri pour les matériels agricoles. La faire abattre coûterait aussi cher que la réparer. Alors on n’y touche pas, espérant qu’un jour on pourra la retaper et inviter des amis ou faire gîte quand la pandémie sera terminée. L’idée du gîte me plaît bien, c’est un peu mon domaine pro. La proposition de Jean est donc quasiment une aubaine, d’autant que le bricolage et Arthur, ça fait deux. C’est simple, dès qu’il prend un outil j’appelle le SAMU.


On a vidé la maison de Saint-Lô, une petite maison de ville avec un jardin derrière en contrebas, en rez de cave. Je me suis occupé de toutes les affaires de Huguette, direction Emmaüs pendant que Jean nettoyait le jardin et la cave. Si, si, Arthur est venu nous aider, deux week-ends. Il travaille, lui ! Parce qu’une fois vidée, on a fait comme le guignol de la télé : barbouillage trompe-couillons. On a tout repeint en blanc avec les boiseries en gris à la mode. Elle s’est vendue à des Parisiens en recherche d’exode urbain, comme un rouleau de PQ en début de pandémie. Un gros chèque pour nous, le même pour Jean qui s’est empressé d’acheter un broyeur, un engin qui réduit les branches en copeaux. Il a donc repris la taille des haies et il a fait deux énormes tas de déchets. Il en a broyé un, « le bon bois » m’a-t-il dit, et fait brûler l’autre, les saloperies de ronces. Il a délimité les trois cent mètres-carrés, cent par tête de pipe, du futur potager et il a étalé tout ça, copeaux et cendres mélangés. Et moi je passais mon temps à le regarder faire ce travail de forçat, torse nu, allant régulièrement lui porter de l’eau fraîche avec une petite culotte à tordre. Je ne comprends pas, je ne me comprends pas. Pourquoi ce bonhomme de vingt-deux ans mon aîné, mon beau-père de surcroît, me fait-il cet effet-là ? Je suis malade ou quoi ? Je rêve de frotter mes seins sur ce torse épais, musclé et bronzé, qu’il me serre dans ses bras puissants… Malade ! Ce doit être le confinement, ou alors une forme lente de covid long qui a échappé aux tests.



Et voilà mon mec. Non, ce n’est pas un fainéant, c’est même un gros bosseur. Mais il n’est pas manuel, sauf pour trifouiller dans le ventre des ordinateurs. Ah si, il fait du vélo. C’est même une religion pour lui. Il va jusqu’à prendre ses congés au moment du Tour de France. Jean a abandonné le jardin, en l’état. Je n’ai pas tout compris. Pendant ce temps, des camions sont venus apporter un tas de matériaux, des poutres, des planches, des ballots… et il a attaqué la grange. Il a démonté le toit pourri et soigneusement consolidé le haut des murs. Ensuite, il a remis en place des poutres neuves, sur lesquelles il a cloué des planches puis tendu une sorte de bâche.



C’est comme ça que je me suis fait embaucher comme ouvrière du bâtiment ! Un bonheur, surtout celui d’être avec Jean de huit heures à dix-neuf heures, de suer avec lui sous le cagnard, de râler avec lui quand il pleut. Je lui passe des paquets d’ardoises, des bandes de zinc, je roule des brouettes de terre ou de béton, j’apprends à prendre des niveaux, à l’horizontale comme à la verticale, et même le niveau du sol entre la maison et la grange. Je promène aussi des choses plus légères, comme les plaques de laine de bois ou des sacs de granulés de liège pour couler la dalle de la grange. Tous les soirs, je suis crevée, mais heureuse. Heureuse aussi de le voir aller tellement mieux, rire, siffloter, allumer l’autoradio de sa voiture pour travailler en musique. Et surtout de dévorer de bel appétit. Il m’a même demandé un jour de lui faire de la viande rouge, un peu saignante. Alors le dimanche j’ai fait un beau rosbif, il était content. Il revit, et moi aussi d’une certaine façon.


À la fin de l’été, il m’a emmenée avec lui chercher les menuiseries qu’il avait commandées sur mesures. La remorque qu’il avait achetée pour vider la maison de Saint-Lô était rentabilisée. On est revenu lentement, faisant très attention aux cahots de la route : du triple vitrage argon, il ne s’agissait pas de le casser. Je ne savais absolument pas ce que ça voulait dire, mais quand tout fut posé avec de gros joints étanches, j’ai compris. La vieille ruine hôtel des courants d’air était devenue une maisonnette parfaitement isolée et insensible aux conditions extérieures, pluie, température et bruits. Il avait tout l’hiver pour faire l’aménagement intérieur. Je me suis sentie toute chose quand il m’a prise par les épaules pour me dire :



Et puis il m’a fait un gros bisou et j’ai senti le feu me monter aux joues. C’est peut-être bête, mais c’est comme ça. Ensuite, il a fait l’électricité, la plomberie, toutes choses qui ne nécessitent pas d’être à deux, pire, on risque de se gêner. Pareil pour le carrelage. Ce n’est que quand il a construit la mezzanine et lambrissé les murs qu’il m’a appelée de nouveau à la rescousse.



Le plan d’aménagement était simple, mais vachement sympa : les pièces « humides », cuisine, salle d’eau et toilettes sous la mezzanine qui porte la chambre, le séjour monte jusqu’au toit donnant une impression d’immensité dans seulement trente mètres carrés. Et comme il dit, en cas de besoin, on peut faire carrément un étage partout.


Pour Noël, c’est lui qui tient à nous inviter dans sa maison maintenant terminée. Une pendaison de crémaillère. C’est lui qui fait la cuisine, des huîtres, du foie gras, un chapon… Il est très heureux et très fier de nous faire profiter de son œuvre, et Arthur est un brin scotché par un boulot aussi impeccable et une aussi bonne température ambiante sans même une simple bûche dans l’insert : la chaleur dégagée par le four suffit. Pour l’occasion, j’ai mis une robe fourreau que j’utilisais à l’hôtel lors de réceptions. Sage au départ, cette robe n’avait qu’une fente s’arrêtant au genou, permettant de marcher sans entrave. Avec un coup de ciseaux et quelques coups d’aiguille, j’ai prolongé cette fente presque jusqu’à la hanche, de quoi montrer que je porte des bas. Arthur s’en fout, comme d’habitude, lui est en jean, comme d’habitude. Mais Jean me fait un baise-main pour m’accueillir et me déclare très en beauté. Je me retiens de lui répondre devant mon mari que je l’ai fait pour lui. J’espère qu’il s’en doute. Pour couronner la soirée, Jean nous annonce qu’il a fait faire des devis et qu’il dispose encore de quoi installer une véranda reliant la maison à la grange, permettant de circuler au sec de la porte de notre cuisine sur le pignon, jusqu’à sa porte-fenêtre. De plus, ça nous ferait un espace supplémentaire d’une soixantaine de mètres carrés, faisant serre, jardin d’hiver, salle à manger de demi-saison ou n’importe quoi d’autre. Je bats des mains, Arthur s’en fout.


C’est terrible d’avoir plus d’affinité et de complicité avec son beau-père qu’avec son mari. Ce soir, c’est lui qui faisait la conversation, qui me faisait rire ou sourire. Arthur, en geek invétéré, était rivé sur son mobile. Maintenant, il dort à côté de moi et je m’astique le bouton en pensant à Jean. Situation stupide, mais c’est comme ça. J’en deviens fataliste.


En mars, les beaux jours reviennent déjà et Jean retourne au jardin. Dans ses promenades de convalescence, il a fait ami-ami avec un voisin agriculteur, à deux kilomètres plus loin sur la petite route. Il y fait quatre voyages avec sa remorque, rapportant quatre beaux tas de fumier, bien paillé et bien odorant. Il les étale sur les parcelles déjà couvertes de broyat et il bêche en enfouissant le tout. Je me transforme à nouveau en porteuse d’eau, j’ai repris mon poste d’observation dans la cuisine et mes culottes se détrempent derechef.



Truffe ! Encore une occasion perdue de me la fermer. Mais il ne m’en veut pas et me charge, si j’ai envie, de passer derrière lui griffe et râteau. Même si la terre est légère et sablonneuse, j’ai vite chaud. Je cours me changer, débardeur sans sous-tif et le plus petit short que je trouve. Un vieux truc en jean effrangé et très usé, le genre à enfiler en tortillant trente fois du popotin pour passer les hanches. Peux pas faire plus minimaliste. Et ça avec des bottes, c’est d’un sexy… très rural. Il n’empêche que c’est dans cette tenue que le deuxième jour, quand nous avons terminé, il m’emmène avec lui à la jardinerie pour acheter des plants. J’ai quand même mis des chaussures de toile. On en ramène un plein coffre, sièges rabattus : des tomates, des courgettes, des patates, des fraisiers… Et le lendemain, on plante. J’adore ça. Il me guide :



Le lendemain, je suis presque déçue qu’il n’y ait encore rien à récolter. L’école de la patience, me dit-il. Il fait la première tonte et récupère soigneusement l’herbe coupée dans un grand trou qu’il a creusé. Puis il m’emmène au bord de la mer, qui n’est qu’à une douzaine de kilomètres, et nous chargeons la remorque d’algues que la mer a rejetées. Dans le trou également.



Bien, Monsieur, je me ferai une poubelle à compost. Enfin, on se met à la véranda, du moins à sa préparation. Il a déjà tout calculé. Le vieux mur d’environ deux mètres de haut qui relie la maison à la grange est aussi en piteux état. Il faut le piquer ? Passe-moi la seringue. Ah ben non, il s’agit de faire tomber tout le vieux crépi. On se met dans des états de poussière pas possible. Comme il fait beau, il a déroulé par terre le grand tuyau d’arrosage pour le jardin, un tuyau de plastique noir. Et le soir, quand on arrête, il se fout à poil en me tournant le dos et s’asperge avec le jet en pluie fine.



Ni une ni deux, je me déloque et m’approche de lui. Il m’asperge. Bon sang, c’est vrai qu’elle est chaude. On joue quelques instants comme deux gamins à s’asperger l’un l’autre, nus comme des vers. J’arrête de rire quand il me fait face. Putain, ce machin ! Son fils ne tient pas de lui, c’est sûr, ni les petits copains que j’ai eus avant. C’est du lourd, du balaise, en accord certes avec la corpulence du bonhomme, mais quand même. Interdit, il me contemple aussi et…



Et lui repart à rigoler en me visant les seins qui se crispent soudain sous l’effet du jet froid. Je ne vois plus que son barreau de chair dilaté, maintenant à l’horizontale. Autant pour l’arrêter de m’arroser qu’irrépressiblement attirée par cet organe majestueux, je me jette sur lui et l’entoure de mes bras. Il rit à gorge déployée, moi je ne ris pas. Enfin, mes seins sur ce torse puissant et légèrement velu, mes bras qui ne parviennent même pas à en faire le tour, son sexe palpitant contre mon ventre. Moment d’éternité, petit bout de paradis. Je lève la tête, en principe là, il devrait m’embrasser et puis on entendrait les violons et tout et tout. Ben non. Il me regarde en continuant de rire, me frotte le dos de ses grosses paluches rugueuses, me retourne par les épaules et file vers sa maisonnette.



Il part rapidement en sifflotant « Elle était si jolie ». Tu parles ! Je suis effondrée et en rogne. C’était l’occasion, unique, improbable, et je n’ai pas su en profiter. Je m’en veux. Je passe encore pour une gourde. Je fais la gueule, je boude, j’ai le moral dans les sandales. Même pas envie de faire à bouffer, je casse six œufs et je fais une omelette. Arthur n’a rien remarqué, comme d’habitude. Il a les yeux rivés sur son portable. Dès qu’il a terminé son assiette, il monte allumer son ordi. Jean dit bonsoir et regagne sa niche. Moi je débarrasse et je me colle devant un nanar à la télé. Je chouine la moitié de la nuit et je m’endors sur le canapé. Mon mec me réveille en partant au boulot, j’en profite pour me remettre au lit. Merde ! L’autre, qu’il se démerde avec son mur à la con.


Quand même, l’après-midi, je me suis un peu calmée et je vais proposer mes services :



Bien sûr, le jour où je tomberai juste, les dentistes poseront des couronnes aux poules. Je ne dis plus rien, j’attends qu’on me commande. Mais ça ne vient pas. Alors je vais chercher une chaise et je m’assois. Au bout d’une demi-heure, toujours rien. Le gros bandeur gratte toujours son mur. Ça fait chier. Je rentre avec ma chaise et puis je me dis qu’il faut crever l’abcès, pas rester comme ça à se faire la gueule. Je ressors.



Il s’arrête, se redresse, car il faisait le bas du mur, et me regarde très sérieusement.



Il se lave les mains, sort une bière de son petit frigo et m’en propose une. Nous sommes assis face à face.



C’est déjà ça, la glace est rompue et je retrouve ma place d’ouvrière du bâtiment. Arthur téléphone. Il avait une réunion qui s’est prolongée, il a raté le bus, je dois aller le chercher à Rennes. J’y vais, malgré les embouteillages du soir sur la rocade. Retour vingt et une heures trente et encore je le laisse au bourg pour qu’il récupère son vélo. Jean nous hèle, il a préparé à dîner. Sympa. Je sens Arthur agacé, c’est rare. Il prévient que ça arrivera d’autres fois, les réunions se multiplient depuis qu’on pense la pandémie terminée ou tout comme.


Lendemain matin, sept heures et demie, mon portable fait ding-dong. Arthur a dû oublier quelque chose. Non, c’est Jean. Un seul mot : « Viens ». Je saute sous la douche en me brossant les dents, coup de peigne, je renfile ma chemise de nuit, mes savates. Que se passe-t-il ? Il m’attend face à la fenêtre, celle qui donne sur le portail, de dos donc, une main sur la hanche, l’autre qui porte un mug de café à sa bouche. Il est… nu ! Putain ces fesses musclées, ces cuisses faisant des parenthèses de chaque côté, et même en ne soulevant qu’une tasse, les boules qui roulent dans son dos en V.



Il se retourne. Il est comme l’autre soir, avec un barreau de chair devant son ventre. Je le sers, mais je tremble déjà comme une feuille. Le café ne parvient même pas à diminuer la sécheresse de ma gorge. Putain ce sexe ! À l’intérieur, il paraît encore plus gros. Pourtant je ne suis pas à poil.



Là je m’étrangle en avalant le caoua. Il prend nos tasses et les pose dans l’évier puis revient vers moi. D’un geste, il vire ma chemise de nuit. Sa bouche couvre la mienne, sa langue au goût de café me fouille. Je ferme les yeux, je fonds. Une grosse paluche sur une fesse, l’autre sur un sein, et il pétrit. Je fonds pour de bon, parce que ça coule dans ma culotte. Il doit lire dans mes pensées, pas possible, parce qu’il s’accroupit et baisse mon slip, un pied, l’autre, à poil la fille. Mais sa bouche plonge entre mes jambes. Pas vrai. Il hume, lape. Je suis contre la table, je m’appuie sur les mains. Mes jambes, ces connes, s’écartent sans me demander la permission. Et le bonhomme en profite, toute langue dehors. Putain ce que c’est bon ! Je le jure, jamais un mec ne m’a fait ça. Ja-mais. C’est peut-être con, mais c’est comme ça. Je sens même que ça me coule sur les cuisses et je me mords les lèvres. Il se redresse enfin, la bouche et le menton détrempés.



Il m’embrasse à nouveau avec ce goût acidulé qui a remplacé celui du café. Ouais, c’est pas dégoûtant, mais pas terrible non plus. T’imagines si j’adorais ça ? Comment je ferais pour aller me siroter là en bas ? Il me soulève et m’assoit sur le bord de la table et doucement me pousse pour m’y étendre, les jambes dans le vide, autour des siennes. Puis il me prend les seins dans ses grandes mains, par la base en les pressant fort. J’ai les bouts qui giclent en avant et se dilatent, aréoles et tétons. Et il suce, lèche, pompe, tète comme le ferait un énorme bébé. Ça me rend folle. Ça non plus, on ne me l’a jamais fait. Ja-mais. Je manque d’air. Qu’est-ce qu’il va encore inventer le roi de la torture ? Simple, il tire une chaise à lui et s’assoit. Il me bécote l’intérieur des cuisses, là où c’est trop sensible, des genoux au pubis en frottant ses joues fraîchement rasées. Et puis, au final, sa bouche revient sur ma chatte qui est en train de bâiller aux corneilles. Normal, avec les cuisses ouvertes. Et le bonhomme se délecte, lèche, lape, aspire mon jus qui coule comme un robinet qui fuit. Deux de ses doigts étirent ma peau, je sens l’air frais sur mon bourgeon qui vient de perdre sa capuche, pauvre petit chaperon rose.



Non, c’est pas de jeu. Ce truc-là c’est mon jeu à moi, rien qu’à moi, il a pas le droit. Il a le gauche… Sa langue, puis ses lèvres, puis sa langue qui fouette mon bouton pincé par ses lèvres. Que veux-tu que je fasse ? … Je jouis. Première décharge de 380 V, je me secoue en mordant mes lèvres. Et je sens bien qu’un flot quitte mon minou et coule sur mon trou de balle avant de finir sur la table. Il n’en a pas le temps, la langue de Monsieur le rattrape au vol et s’en délecte. Il me lèche la rondelle, y fourre même la pointe de sa langue. Ben ça non plus, on ne me l’avait jamais fait. Ja-mais. Pas plus que de remonter à la source et de la fourrer très loin dans ma chatte. Oh cet effet ! Ce n’est même pas racontable. Il explore tout en détail, le spéléo de ma grotte. Et puis soudain, il ajoute les doigts. Et c’est comme s’il y en avait partout. Dans ma chatte, sur mon clito, même un qui me rentre dans le cul. Là c’est trop, trop à la fois. Re-choc électrique ! Ouais, mais là c’est pas un défibrillateur, au contraire, je vais finir en arrêt cardiaque, moi. Il se redresse complètement et approche son visage du mien sans cesser de me caresser. J’ai l’impression que tout mon corps n’est plus qu’un immense clitoris.



C’est joli ça, j’aime bien. Il m’embrasse encore une fois puis présente son énorme machin devant ma minouchette détrempée. Je vais le sentir passer. Même pas. Si, je le sens bien, comment ne pas sentir pareille intromission ? Mais ça glisse tout seul, enfin, jusqu’à ce que ça touche le fond. Et Monsieur a du rab. Mais Monsieur prend son temps, progressif, mais tenace. Il en profite pour me soulever les jambes sur ses bras et venir s’emparer à nouveau de mes seins. Pas comme la première fois, en les pétrissant cette fois, comme des pamplemousses sur un presse-agrumes, et surtout en pinçant les bouts entre pouce et index. Ah la vache ! Là je vais mourir. D’autant plus qu’il est en train de me repousser les boyaux jusque dans la gorge. Je suis défoncée. Je manque vraiment d’air. Je me sens mal. Je vais m’évanouir. Nouveau choc électrique ! Je m’arc-boute sur les fesses et la nuque et là je crie. Je le sais parce que j’entends mon cri résonner dans la pièce. Autrement, c’est comme si je n’étais plus dans mon corps. Le Monsieur joue avec comme avec un jouet, et moi je regarde. De haut. De très haut. Je n’ai pas mal, pourtant il est complètement rentré en moi, je sens ses gros testicules frapper mon anus. Il a l’air content, il me regarde, me pelote, se penche pour m’embrasser. Je suis sur mon nuage, bien, infiniment bien. Je ne veux plus redescendre. Ô, Jean, fais en sorte que je reste là-haut. Mon corps se secoue à nouveau, je ne sais même pas pourquoi. Parce qu’il aime ça, sûrement. Maintenant qu’il l’a découvert, il s’en donne à cœur joie. Il me prend sous la taille et me redresse. Il veut que je me cramponne à son cou et mes cuisses à ses hanches. Oui, Jean, tout ce que tu veux, mais reste en moi. Il me monte à l’étage comme ça, embrochée sur sa queue, et je prends une décharge à chaque marche.


Le vieux filou avait bien préparé son coup, le lit est refait de frais. Il m’y dépose délicatement. Quelle puissance, quelle force ! Car je ne suis pas une poupée de porcelaine avec mon mètre soixante-dix et mes soixante-deux kilos. Et là je me sens bien, délicieusement heureuse, là où je voulais être. Toujours arrimée à lui de mes quatre membres, lui sur moi, son poitrail écrasant mes seins, comme une femelle couverte par son mâle. Oui, c’est ça, ça que je voulais ressentir, être couverte, prise par ce grand mâle, être sa femelle soumise. Pourtant, je ne suis pas du genre soumise, pas du genre à me laisser faire. Mais lui… je ne sais pas comment dire… c’était une envie viscérale, un besoin impérieux qui me tenaillait depuis que je le regardais par la fenêtre en me masturbant.


Il m’écrase, mais c’est bon. Il me défonce, mais c’est bon. Encore, Jean, encore ! Oui, mais c’est lui qui décide. Et là, il décide de me retourner, de me mettre à quatre pattes. Ses grosses paluches écartent mes fesses, il ronronne comme un gros chat et se remet à me bouffer le minou. Mais par-derrière. Je sens son souffle, son pif sur mon trou de balle et sa langue qui me rend folle à nouveau. Putain, c’est pas vrai ! Encore un électro-choc… Puis sa grosse queue qui me pourfend à nouveau, allant plus loin encore si c’est possible. Ouch ! Ah oui, là je crie, je ne peux pas faire autrement, c’est trop, à la fois trop douloureux et trop bon. Il va m’éclater, me fendre en deux. Et ses mains qui sont partout, sur mes seins, sur mon clito, tirant sur mes hanches, son pouce dans mon trou du cul. C’est affreux, affreusement bon. Re surtension… Je vais mourir, c’est sûr ! C’est comme si tout se déconnectait. Une nouvelle fois, ex-corporation. Jusqu’au moment où… où il grogne et va de plus en plus vite et soudain un geyser m’inonde les entrailles. Ah ben, rien à voir avec la gougoutte d’Arthur, là je suis inondée par son liquide brûlant.


Hein ? Quoi ? Il me propose un autre café. Ah oui, je veux bien, mais là faut que j’aille aux toilettes. Putain c’est moi ça ? La tignasse en bataille et les yeux explosés, rouges comme un lapin russe ? J’en reviens pas. Je chancelle jusqu’au lit l’entrecuisse essuyé. Le café… c’est bon. Pfiou ! Suis bien crevée, moi, crois que vais aller dormir… Ah ben non, il en a décidé autrement. Il s’étend près de moi et me dit :



Mais moi je n’ai jamais fait ça. Ja-mais, je le jure. C’est peut-être très con, mais c’est comme ça. Alors il me guide en soupirant avec un air désespéré. Attention les dents, ça fait mal, et la langue, sur le frein, le méat, sous la calotte, et la main bien serrée sur la hampe, plus loin, encore… Vais dégueuler mon café si ça continue. Et l’autre main, jouer avec ses boules comme des bao-ding, les boules chinoises. C’est tout un boulot, mais ça porte ses fruits. Il est de nouveau grand, gros, dur. Alors il me fait asseoir dessus, m’empaler moi-même et :



C’est vrai que ce n’est pas mal, je peux frotter mon clito sur son pubis ou tressauter sur son pieu. Il me pelote les seins, pince mes tétons, et je repars vers les sommets. Tout, il me fera tout. Me mettre accroupie pour m’astiquer plus vite, utiliser le rebond du plumard pour mieux me défoncer, je me couche sur lui pour reprendre souffle. Oh, comme je suis bien là, vautrée sur son poitrail et empalée sur sa queue ! Mais il en veut plus, me fourre un doigt dans le cul pour me faire réagir à nouveau. Et après c’est devant, derrière, sur le côté, les pattes en l’air, debout devant la fenêtre, je sais plus, je suis morte, j’en peux plus… Je tombe sur le lit, KO. Mais lui, non, il n’a pas encore pris son pied sur ce round-là. Alors il me manipule à sa guise et me bourre et me laboure jusqu’à ce que son geyser m’inonde à nouveau. Dans mon brouillard, je prends malgré tout une nouvelle décharge. Pitié, que ce soit la dernière… pour aujourd’hui !


Il est quatorze heures quand je traverse la cour en chemise de nuit, les jambes en flanelle, la vulve tellement dilatée qu’elle me fait mal à chaque pas. Je l’ai voulu, je l’ai eu. Sous la douche, je reviens peu à peu à la vie, à la réalité. Je suis moulue, passée sous une charge de bisons. C’est tout juste si le jet de la douche ne me donne pas un nouvel orgasme tellement ma minouchette est gonflée et sensible. Et mes yeux ? Est-ce qu’ils vont redevenir blancs ? Je vais me coucher et je m’endors…


Des coups sourds me réveillent, il est presque dix-huit heures. Il est en train de creuser deux trous entre la maison et la grange, pour la véranda, je pense. Mes yeux sont redevenus normaux, ouf. Je prépare un bon dîner, copieux, parce qu’on n’a pas déjeuné, lui et moi. Arthur arrive, se met les pieds sous la table, le nez sur son portable, comme d’hab. Dîner silencieux, dîner télé. Je n’ose même pas croiser le regard de Jean, de peur de me trahir, de ne pas pouvoir contenir l’envie de lui sauter dessus et de l’embrasser à pleine bouche, pour le remercier de m’avoir transformée en quelques heures. J’ai toujours cette impression bizarre d’être autre, d’être ex-corporée et de me regarder agir tout en étant ailleurs, sur mon nuage, dans les bras de Jean. Je ressens encore la présence de son sexe dans mon ventre et dès que j’y repense, je mouille. J’ai une partie de la nuit pour y repenser, le temps de trouver le sommeil. Je n’aurais pas dû dormir l’après-midi. Le départ d’Arthur me réveille. Je reprends une douche et je file chez Jean, comme une épingle attirée par un aimant. Il ne me repousse pas. On baise jusqu’à dix heures puis on va travailler.


La dalle de la véranda est coulée, avec deux gros plots à l’endroit des futurs poteaux. Elle est rigoureusement à la hauteur des sols de la maison et de la grange, je comprends enfin pourquoi il m’avait fait prendre ce niveau pour faire son sol. Il avait déjà l’idée de la véranda. Un camion livre de nouveau des poutres, des chevrons et des gros emballages de matériaux marqués « Fragile ». De temps en temps, je l’aide, sinon je m’occupe du potager, biner, sarcler, arracher les mauvaises herbes. Ça pousse, très bien même, et ça me rend très heureuse. C’est peut-être idiot, mais il y a vraiment beaucoup de plaisir à voir pousser ses propres légumes.


Jean travaille lentement et progresse avec une rigueur au millimètre près. Cette fois, il m’explique tout. Pour faire des économies, il a commandé des panneaux « standards » qui font juste un mètre de large et deux et demi de long. Cinq millimètres de biais ou d’erreur et ça ne passe plus. Il faut donc que son support soit parfait. Il construit des triangles au sol qu’il hisse et fixe entre poteaux et mur, puis il découpe des entretoises très précises. Malgré tout, il faudra s’y reprendre à cinq ou six fois, car juste l’épaisseur des joints créera quelques soucis. Dans un sens, de la grange à la maison, ça ne passe pas parce que le mur de pierres de la maison n’est pas très uniforme. On recommence dans l’autre sens, mais il faudra serrer les panneaux deux par deux en écrasant bien les joints pour que ça passe enfin. Et pas question de raboter ou limer des cadres en aluminium portant du double vitrage filtrant le soleil. Il ne reste plus que les trois baies coulissantes à poser entre murs et poteaux, c’est une entreprise qui vient les mettre, chaque panneau pesant plus de cent kilos. Résultat : bluffant, top du top ! Reste plus qu’à couvrir le mur de briquettes de parement, de faire le carrelage, de mettre des voiles d’ombrage et des stores à lames verticales, des gouttières et… je ne sais plus quoi encore.


Il bosse comme un acharné. Je culpabiliserais presque de lui prendre trois heures chaque matin pour me faire sauter, mais j’aime trop ça, et puis j’ai encore plein de choses à apprendre, dit-il. Arthur réitère avec ses réunions qui le coincent à Rennes. Je suis obligée d’aller le chercher deux fois dans la même semaine, dont une avait été anticipée. J’en profite pour y faire des courses. Jean m’a demandé de porter des escarpins à très hauts talons, je n’en avais pas. J’en achète deux paires, des noirs et des blancs. J’ai vite compris pourquoi. Il me fait déambuler avec, à poil évidemment.



Ben voyons ! Mais vu comme j’en profite, j’en conclus que c’était un très bon investissement. J’adore me balader nue dans la maison et le voir me désirer, bander comme un taureau et me prendre à l’improviste dans un coin de la cuisine ou n’importe où ailleurs. Il me fait jouir, follement. Je me sens tellement différente, belle, désirable, désirée. Je vis enfin, je revis. Je me sens plus gaie, plus décontractée, plus sûre de moi. Je suis heureuse, quoi !


Et puis cette maison agrandie par cette véranda de soixante mètres carrés, la plus grande pièce de la maison, utilisable dix mois par an, est devenue très agréable. Il a retracé des allées, les a creusées, il disait « décaissées », il a mis du géotextile au fond et des gros big-bag de gravillons clairs, c’est superbe et on ne rentre plus de gadoue. Le potager donne déjà radis et fraises, puis viennent les haricots verts. Les tomates grossissent, comme les courgettes. Bientôt, on aura plus de légumes que l’on peut en consommer. Alors on s’attaque à la cave, virant le bric-à-brac qui l’encombrait, déchetterie. On achète des étagères métalliques, des porte-bouteilles, des bacs en bois, des bocaux… Tout l’été, je fais des conserves. Comme d’habitude, Arthur a pris ses vacances au moment du tour de France. Il fait du vélo le matin et regarde la télé l’après-midi. Ce qui me donne la possibilité de me faire sauter par Jean tous les matins. Mais les choses ont changé. Jean m’a briffée, un peu sévèrement j’ai trouvé :



Je le fais. Et ça marche, un peu. Non, Arthur ne sera jamais l’étalon que peut être son père. Mais au final, je parviens à m’octroyer un petit orgasme de temps en temps, et lui ça le rend bien plus amoureux et attentionné. Mais… mais il a lui aussi une idée derrière la tête.



Je me suis mordu la langue pour ne pas crier « youpi ! ». J’aime bien Arthur, même si je n’en suis pas folle. Mais la perspective de pouvoir passer quatre nuits par semaine dans les bras de Jean, ça, ça me rend folle. La transaction se fait pendant l’été, le collègue est content, moi aussi. On redonne un petit coup de peinture dans le studio, ça je sais faire, et on achète le minimum vital, lit, table, chaise, micro-onde. Le reste y est déjà. Je lui préparerai des boîtes de nourriture pour ses dîners. Et qu’on ne me dise pas que je me suis bien démerdée pour virer mon mari de la maison, c’est lui qui l’a voulu. Crotte !


Après cela, j’ai la vie dont je rêvais secrètement. Vivre pleinement avec Jean, du moins quatre jours et quatre nuits par semaine. C’est trop bon. Dormir dans ses bras, dans sa chaleur, le corps rassasié, sereine. Quand il pleut, il nous arrive de passer toute la journée au lit, ou presque. Quand il fait beau, nous jardinons, ou il m’emmène à la mer, à la pêche à pied ou à la pêche tout court. Nous avons installé un poulailler avec trois poules, trois œufs par jour, plus qu’il n’en faut. À l’automne, nous plantons un verger et deux bouquets de bouleaux devant la véranda, très chaude en été malgré les stores et les voiles d’ombrage. La vie est simple et facile, heureuse, loin du fracas du monde. Bien sûr, il y a les week-ends avec Arthur qui, au final, ne sont pas désagréables. Jean reste pudiquement chez lui et Arthur prend goût à mes caresses et à mes attentions, qui ne sont pas feintes quoi qu’on puisse en penser. Sans honte, j’avoue l’aimer aussi, surtout parce qu’il est le fils de Jean.


Le tremblement de terre se produit un jour lorsque je dois consulter pour une intoxication alimentaire ou une gastro. Le médecin me regarde en rigolant :



Ben ça ! Après cinq ans de mariage, j’étais persuadée de ne pas pouvoir avoir d’enfant, sans même en chercher la cause, ça ne me manquait pas. Je suis persuadée de connaître le père, mais je n’en dirai mot. Il est probable qu’il ait un patrimoine génétique tout à fait compatible avec celui de mon époux légitime.