n° 21446 | Fiche technique | 25490 caractères | 25490 4168 Temps de lecture estimé : 17 mn |
22/05/23 corrigé 22/05/23 |
Présentation: Peut-être devrions-nous en fait tous posséder une telle boîte de Pandore ? | ||||
Résumé: Thom se décida à rédiger cette lettre destinée à Charline. | ||||
Critères: fh copains collection amour hsoumis fdomine pied caresses cunnilingu jeu sm journal confession -couple -jeux | ||||
Auteur : L'artiste (L’artiste) Envoi mini-message |
Thom se décida à rédiger cette lettre destinée à Charline, il prit un stylo et une feuille blanche. Ce qu’il comptait dire n’était pas évident, il préférait donc coucher ses phrases sur le papier. Il n’envisageait pas de composer ce genre de courrier autrement qu’à la main, méthode qui, selon lui, demeurait plus agréable et personnelle. Les termes apposés par la plume lui semblaient plus réfléchis que les mots énoncés ou ceux pianotés sur un froid clavier. N’ayant pas à affronter son interlocutrice, il se livrerait avec bien plus de courage et libérerait ainsi avec plus d’aisance sa pensée… Ils s’étaient promis de se confier sans filtre.
Il tourna en rond un moment, cogitant et formulant in petto les phrases qu’il emploierait. Lorsque la bille du Bic se posa, il hésita : était-ce bien raisonnable ? Le cœur palpitant, la main tremblotante, il se lança malgré tout.
Mon ange, ma diablesse, ma reine, ma maîtresse, ma déesse,
Accoucher de cette formule d’introduction lui en coûta et le sortit déjà de sa zone de confort, mais l’aida pourtant aussi à composer la suite. La plume dès lors glissa, elle ratura et griffonna parfois. Quelques tentatives jugées peu convenables finirent fatalement chiffonnées, il les brûlerait plus tard. Après moult efforts, il apposa malgré tout un point final à ce pli.
Madame,
Que vous puissiez me soumettre à des actes envers lesquels je ne me sens pas nécessairement à l’aise m’excite sincèrement. Obtempérer à vos ordres, quels qu’ils soient, serait pour moi un réel privilège pourvu que je puisse vous satisfaire.
Mettez-moi à genoux, je vous en conjure. Sans gêne ni limites, sans interdit ni réserve, je vous appartiendrai dès lors corps et âme. Laissez-moi vous vénérer, et pour cela n’hésitez pas à me dompter afin de faire de moi votre gentil animal de compagnie, fidèle et dévoué.
Un toutou a besoin d’un cadre. Sans, il demeurera toujours un peu perdu, triste et instable. Plus il se résignera à se conformer à des injonctions avilissantes, plus il sera contraint d’abandonner sa pudeur, plus son orgueil sera malmené et plus sa loyauté s’avérera absolue. Dressez-moi donc pour me rendre brave et docile, affectueux et câlin.
Soumettez-moi, vous deviendrez ainsi mon ange, ma diablesse, ma reine, ma déesse et ma maîtresse.
Votre dévoué,
Une fois achevée, Thomas plia en trois sa prose et la glissa dans une enveloppe qu’il ne cacheta pas, il était pourtant plus décidé que jamais à la remettre le lendemain à son amie et confidente.
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Le jour suivant, Thom transmit le courrier à sa destinataire. Le rouge aux joues et fébrilement, sans mot dire, il tendit le pli à Charline. Elle parut étonnée et le toisa avec surprise.
Les yeux baissés, il répondit si timidement que les mots énoncés s’avérèrent tout juste audibles.
Se disant, elle explosa de rire. La décontraction apparente de son interlocutrice ne rassura pas pour autant Thom… qu’adviendrait-il lorsqu’elle en découvrirait le contenu ? Un sourire radieux ne la quittant plus, elle glissa l’enveloppe dans son sac et changea de sujet.
Le jeune homme se fit discret toute la journée, évitant son amie…
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Une semaine passa. Thom vit Charline quotidiennement, mais n’obtint aucun retour, sa complice n’émit aucune remarque ni aucune allusion concernant l’incongrue déclaration. Ils gardèrent leurs habitudes et déjeunèrent ensemble les midis, ils sortirent occasionnellement en soirée, seuls, ou quelquefois accompagnés de leurs connaissances communes. Tout semblait normal, et le train-train de leur vie se poursuivit sans que rien pût laisser penser que Thom eût rompu la routine de leur si forte camaraderie par son initiative indécente. Le temps s’écoula donc sans évolution notable de leur relation… jusqu’à ce fameux samedi, jour du lâcher-prise et de tous les excès.
Thom l’attendait. Elle devait venir le chercher pour dans un premier temps manger dans un bar d’ambiance du centre-ville, puis pour se rendre en discothèque, comme souvent en fin de semaine.
L’heure tournait, la belle tardait, ce qui ne lui ressemblait pas. Lui ne tenait pas en place, regardant à maintes reprises sa montre, s’impatientant, lorsqu’enfin il entendit du bruit dans le couloir. Effectivement, la sonnette retentit, et Thom se précipita vers le perroquet qui jouxtait le seuil de son domicile, afin de récupérer sa veste en hélant distinctement :
La porte s’ouvrit alors, et là, ce fut un choc. Thom resta sans voix, ébahi, totalement coi. Ses jambes se mirent à flageoler et une goutte de sueur perla à son front tandis qu’il observait Charline qui retirait son long manteau lui tombant à mi-cuisses, pour le déposer sur le dossier du canapé. L’air amusé par l’effet provoqué, elle rompit le silence qui s’était installé, sortant Thom de sa stupéfaction.
Thom resta figé devant une Charline métamorphosée. Son amie, habituellement si douce et fragile, lui parut autre. Vêtue d’un legging en cuir, de bottes qui montaient presque jusqu’aux genoux de matière identique et d’un corset bordeaux aux fines broderies noires, son apparence singulière ne laissait aucun doute quant à ses intentions. Pris d’une angoisse irrépressible, il ne sut que répondre à la question posée, mais en comprit bien évidemment le sous-entendu… Charline enchaîna donc :
Que dire ? Rongé par les remords, et la honte, il avait même souhaité quelquefois voir son projet avorter. Voilà que ce moment qu’il avait tant redouté, et pourtant attendu sans véritablement y croire se concrétisait… N’en menant pas large, il resta bouche bée.
Comme par magie, Thom obtempéra et ôta dans un premier temps sa chemise, tandis que Charline, elle, s’installait sur le clic-clac qui meublait la chambre d’étudiant sans perdre une miette du spectacle proposé. Le peu de résistance de son ami la surprit et la déçut presque – tout semblait si facile –, mais elle ne put s’empêcher de sourire lorsqu’une nuée de papillons frétillèrent en son bas-ventre. Bien qu’elle s’apprêtât à découvrir pour la première fois le corps nu du jeune homme, l’effeuillage progressif de ce dernier ne s’avérait en rien responsable de l’émoi éprouvé… Non, le fait qu’il se soumette timidement tout en arborant une gêne sincère en était la source. La situation le mettait dans l’embarras et pourtant il obtempérait sans un mot, résigné et docile, affichant ainsi son intimité sur simple demande… L’apparente fragilité de cet homme sans conteste l’enivrait.
Le torse enfin dénudé, Thom dégrafa sa ceinture et ôta le pantalon de toile tout comme le caleçon d’une même impulsion… Un sexe déjà vaillant et arrogant s’en extirpa et provoqua un large rictus de satisfaction sur le visage gracile de la jeune femme. Elle avait dès lors la certitude que Thom se livrerait, ce soir-là, tout du moins, au plus infime de ses souhaits. Cette idée la grisa et l’incita à poursuivre encore plus franchement ce jeu un peu pervers.
Passé la surprise, Thom reprit peu à peu ses esprits et décida enfin d’assumer le rôle qu’il s’était créé et qu’il avait rédigé une semaine plus tôt. Pas vraiment confiant, il se rendit compte que le fossé qui séparait fantasme et réalité était quand même très profond, mais il était bien trop tard pour reculer sans risquer de vexer, de blesser son amie… elle ne se contentait finalement que de respecter à la lettre le scénario que lui-même lui avait soufflé. Il répondit donc, résigné :
Puis il s’agenouilla et, n’osant toujours pas regarder sa belle, courba l’échine et s’empara de la jambe qu’elle lui tendait afin d’ouvrir la glissière qui refermait la botte. Il la retira avec précautions et enveloppa de la paume de sa main la délicate cheville. Un bas noir habillait le peton pointé en sa direction, il y posa ses lèvres pour un furtif baiser.
Tout lui semblait irréel, Thom crut être plongé dans une autre dimension, dans un monde parallèle. Son cœur s’emballa… puis il fit glisser humblement sa langue en effleurant le nylon qui recouvrait encore le pied offert.
Et elle ne mentait pas, être ainsi maîtresse du jeu présentait quelque chose d’euphorisant qui éveilla en elle une passion insoupçonnée jusqu’alors. Les retenues passées s’atténuèrent peu à peu et, encouragé par les mots rassurants, Thom devint plus intrépide, il lapa goulûment. Il se sentait à la merci de son amie qui, sublime, exprimait sans ambages son plaisir et ce fait l’incitait à redoubler d’efforts. Plus elle semblait satisfaite, plus il était excité et ses inhibitions s’envolèrent définitivement. Les orteils furent embouchés, léchés, suçotés, Thom s’en régala avec un appétit non feint.
D’autorité, la belle tendit à Thom l’autre pied. Il le déchaussa à son tour et le glorifia du même traitement. Alternant ses faveurs, il honora les deux, tour à tour les caressa, les massa et les embrassa à corps perdu pour le plus grand bonheur de Charline qui savourait avec jubilation le moment.
Charline, enivrée, ne comptait bien entendu plus se satisfaire en tout et pour tout de ces quelques si mignonnes attentions. Les yeux clos, elle déboutonna la braguette de son legging et y faufila une main pour se caresser. Les clapotis humides qui en résultèrent « flip-flop » parvinrent rapidement aux tympans de Thom qui, troublé, s’en délecta. Il crut perdre la raison… d’amour ou de désir, il ne savait pas trop, mais Dieu qu’elle était attirante ! Déjà un peu ailleurs, dans un pays empli de voluptés et de douceurs, Charline poursuivit son monologue et son serviteur savoura ses paroles.
Thom ne se fit pas prier et fondit littéralement sur elle. Après avoir ôté le vêtement devenu trop encombrant, il enfouit sa tête entre les cuisses accueillantes de Charline qui, les doigts agrippés à la chevelure de son soumis, lui plaqua fermement la bouche sur sa fleur en éclosion.
Charline se cambra alors et s’envola dans un concerto de râles et d’onomatopées endiablées. Son orgasme non feint fut d’une violence inouïe.
La soirée se poursuivit tard dans la nuit, mais sa teneur s’avéra bien trop indécente pour que je me permette de la raconter ici. Les deux amants expérimentèrent, voyagèrent aux confins de leur fantasme avec délices. Tous les deux se retrouvèrent nus et allongés, épuisés, des pépites de bonheur scintillantes au fond des yeux.
À bout de souffle, extatiques, mais sevrés de tant de plaisir, ils plongèrent, enlacés et apaisés, dans un sommeil salvateur. Au réveil, Thom se retrouva seul, Charline était partie.
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J’ai choisi de vous raconter cette soirée en particulier, car elle fut la première d’une longue série. Charline et Thom, collègues et amis en semaine, devinrent amants les samedis venus.
Que je vous explique, pour mieux comprendre cette folle aventure, remontons le temps de quelques mois. Copains comme cochons, ils étaient presque inséparables ! Pas un jour ne se passait sans qu’ils se voient. Elle lui confiait ses problèmes, ses peines de cœur, ses soucis, il en faisait de même. Il la chaperonnait en soirée et elle, entremetteuse, le conseillait sur ses éventuelles conquêtes.
Ils parlaient de tout, musique, cinéma, littérature, politique, écologie, philosophie et même sexe… aucun sujet n’était tabou. Bref, ils formaient le duo parfait et complice par excellence, mais jamais il ne leur traversa l’esprit que leur si forte amitié pourrait se changer en une relation plus sentimentale, et surtout plus charnelle. Thom plaisait pourtant aux filles, Charline était une belle femme plus que désirable, mais non, jamais ils n’y pensèrent…
Sur la fin d’une soirée légèrement arrosée, ils se retrouvèrent en tête à tête à cuver leurs boissons et à se perdre en vaines discussions sur les mystères de l’amour et du sexe. Le sexe… une pulsion étrange vécue de façon bien différente par chacun. Trouver le ou la petite amie idéale ne s’avérait pas vraiment évident… Certes, faire quelques concessions et être tolérant restait primordial, mais qui se hasarderait à exprimer ainsi sa nature profonde à ce sujet, ses fantasmes les plus honteux, ses pensées les plus grivoises ? Pourtant, dans l’ignorance, comment connaître son partenaire, lui faire confiance, l’aimer malgré tout et souhaiter s’engager pour une vie entière ? Ils en étaient donc là de leurs réflexions existentielles.
Ce disant, la jeune femme pouffa de rire tout en enfouissant son visage contre le torse de son ami.
Intriguée par la dernière phrase énoncée par son pote, Charline le regarda un instant avec scepticisme, puis insista :
Non sans quelques hésitations et tremblements dans la voix, Thom exposa sa théorie.
Charline, tout aussi sceptique que stupéfaite, réfléchit un instant, puis s’insurgea.
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Ils en restèrent là de leurs élucubrations. Le lendemain, Thom s’en voulut d’avoir proposé ce jeu pervers et, reconnaissons-le, un peu malsain à son amie. Heureusement, Charline ne sembla pas lui en tenir rigueur et ils reprirent le cours normal de leur vie… Tout fut oublié, comme si la discussion bizarre qu’ils avaient eue ce soir-là n’avait jamais existé. Jusqu’au jour où Thom découvrit, alors qu’il rentrait chez lui, une boîte à chaussure au seuil de sa porte. Une enveloppe était posée dessus et avait pour seule inscription en guise de destinataire son prénom en majuscules. Il l’ouvrit :
Salut Thom,
Tu trouveras dans cette boîte toutes mes pensées les plus coquines, et même davantage… Fais-en bon usage !
J’attends bien entendu avec impatience que tu me fasses parvenir les tiennes, c’était notre accord, rappelle-toi. Maintenant que je t’ai confié mon âme, tu as plutôt intérêt à ne pas te débiner.
Charline
Il n’en revenait pas, le jeu pouvait donc commencer ! Il resta pourtant un moment à imaginer le contenu de cette boîte et de tous les trésors qu’elle pouvait bien révéler sans pour autant oser l’ouvrir.
En revanche, il fit à son tour une liste de tous ses fantasmes, du plus classique au plus atypique, du plus soft au plus hard, du plus anodin au plus farfelu, du plus cliché au plus original. Il en inventa même quelques-uns pour l’occasion et les écrivit un à un.
Une fois terminé, il se décida enfin à en tirer un de ceux de Charline au sort :
Être une Domina et avoir à ma merci un soumis
La suite, vous la connaissez… c’est ainsi que débuta leur jeu surprenant. Tous leurs fantasmes y passèrent. Charline prit tour à tour le rôle d’une hôtesse de l’air, d’une infirmière, d’une actrice porno, d’une prostituée, d’une stripteaseuse… Lui, enfila le costume d’un plombier, d’un facteur, d’un candauliste, d’un maître sadique, d’un escort boy, d’un violeur, d’un homme assujetti… Ils goûtèrent aux glory holes d’un club échangiste, visitèrent une crypte et un donjon, pratiquèrent le triolisme, s’exhibèrent parfois, tous deux vécurent même une expérience bisexuelle. Ils testèrent toute sorte de gadgets et firent l’amour dans une multitude d’endroits insolites : une cabine d’essayage, un ascenseur… Mais aussi dans d’autres, plus romantiques : le pont d’un bateau au coucher du soleil, un chalet sous la neige au coin du feu, une plage déserte, le bord d’une rivière…
À chaque scénario réalisé, ils se concertaient pour soit décider de le détruire, soit de le placer dans un carton à chaussures commun vers lequel il était convenu de piocher à nouveau de temps à autre.
Ce manège perdura quelques années. Ils entretenaient une amitié classique en semaine, comme si les moments vécus lors de leurs jeux d’adultes n’avaient jamais existé. Ils n’en parlaient jamais. La boîte de Pandore s’ouvrait le temps d’un fantasme et se refermait aussitôt.
À l’issue d’une de ces parenthèses érotiques, Charline brisa cependant le pacte scellé pour ces belles expériences.
Là, le jeune homme fut pris d’angoisse… il n’avait pas imaginé un instant que Charline pourrait se lasser. Une peur irrépressible de la perdre se fit alors ressentir et le paniqua.
Un lourd silence s’installa. Charline ne savait pas trop quels mots choisir ni comment les formuler, mais se livrer lui était alors plus que nécessaire… Ce qu’elle avait à dire lui pesait sur le cœur depuis déjà bien trop longtemps. Eux qui avaient partagé tant de choses depuis leur rencontre, eux si fusionnels, elle n’aurait jamais imaginé que ce qu’elle s’apprêtait à révéler puisse être si compliqué à exprimer. Elle se décida malgré tout et en un souffle elle lui confia :
Là, Thom ne sut pas trop comment interpréter cette confidence. Son naturel quelquefois pessimiste, certainement pour se préserver de toute éventuelle déception, accentua sa confusion et l’inquiétude le gagna.
Agacée par l’incompréhension de son ami, Charline haussa légèrement le ton.
Tom n’en revint pas. Il se sentit à la fois heureux et euphorique en entendant ces mots qui résonnèrent comme un subtil chant. Il entretenait aussi ce sentiment bien ancré en lui depuis fort longtemps, sans toutefois avoir l’audace de se l’avouer ni de le reconnaître. Cependant, inquiet que cette merveilleuse déclaration puisse n’être en définitive qu’une plaisanterie, il n’osa d’abord pas y croire. Pourtant, alors qu’une force irrépressible comprimait sa cage thoracique, tout doucement et de façon presque susurrée, il répondit :
Des larmes de bonheur et de soulagement leur montèrent aux yeux et ils s’enlacèrent pour échanger un long baiser passionné, tendre et sensuel, empli d’un amour éperdu qu’ils n’avaient plus à mettre en scène. Leurs masques étaient tombés et ils s’étreignirent donc pour la toute première fois ce soir-là sans rôle à interpréter.
Quand leurs lèvres se séparèrent, un sourire radieux ne le quittant plus, Thom questionna innocemment :
Charline répondit avec un éclair de bonheur et de soulagement dans le regard, mais aussi beaucoup d’espièglerie.
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Thom et Charline détruisirent ensemble le peu de fantasmes inassouvis qui leur restaient et se marièrent, voilà près de cinquante ans. Après un demi-siècle de tendresse, de complicité et d’un amour sincère, la flamme qu’ils avaient tous deux attisée ne cessa de brûler, sans jamais s’essouffler.
Ces deux êtres furent pour moi un exemple et je me suis toujours demandé quel pouvait bien être le secret d’une symbiose si durable. Comment deux personnes peuvent-elles ainsi passer toute une vie sans le moindre signe de lassitude, sans accroc, sans problème ? Les couples habituellement se forment et se délitent. Moi-même, éternellement célibataire, recherche encore en vain l’âme sœur.
Thom mourut il y a deux ans, ma mère quant à elle m’a quitté la semaine dernière. L’histoire que je vous ai racontée, je ne l’ai pas inventée, je viens de la découvrir bien rangée au fond d’un placard de la maison familiale, désormais vide. Elle était écrite dans un carnet placé dans une boîte à chaussures bien conservée, remplie de bouts de papier jaunis par le temps et usés par trop de manipulations. Je n’ai pas osé en prendre connaissance. Non par manque de curiosité, mais ils s’avérèrent si intimes que le courage me manqua pour commettre cette impudeur. Je les préserverai cependant précieusement… Peut-être devrions-nous en fait tous posséder une telle boîte de Pandore ?