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n° 21452Fiche technique13579 caractères13579
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Temps de lecture estimé : 8 mn
18/01/23
Résumé:  Caroline attend son amie dans un parc, pour ce qui s’annonce comme une balade prometteuse dans un cadre propice à la sérénité.
Critères:  ff jardin amour cérébral lingerie caresses cunnilingu init -lesbos
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message
Sur un banc

Caroline tourne la page de son roman, en parcourt le premier paragraphe puis interrompt sa lecture. Levant les yeux, elle replace son écharpe en laine blanche autour de son cou et se redresse sur son banc. Dans le petit écrin de verdure de ce coin du parc, elle se sent sereine, et la tranquillité du lieu en a fait son escale favorite à chacune de ses promenades. À quelques pas devant elle, un petit bassin circulaire bordé de granit abrite quelques carpes japonaises, dont elle devine à peine les sinueuses allées et venues au fond des eaux troubles. Autour d’elle, les haies soigneusement taillées forment un cercle parfait, seulement brisé en deux endroits par des allées gravillonnées. Derrière cette clôture naturelle, les chênes et les châtaigniers la dominent, formant une voûte naturelle. Les yeux dans le vague, elle profite pleinement de cet instant de calme et écoute le bruissement des feuilles qui frémissent à la moindre brise.


Son amie ne devrait plus tarder. Elsa est toujours ponctuelle et sait qu’elle ne dispose que de peu de temps pendant sa pause-déjeuner. Le livre posé sur les genoux, Caroline croise les bras sur son manteau en daim et baisse les yeux vers la tenue qu’elle a choisie ce matin avec un soin particulier : une robe vert foncé, des collants noirs suffisamment opaques pour la protéger un peu du froid et des bottines bordées de fourrure noire et ornées de quelques strass. Elsa va sûrement reconnaître ces chaussures, elle les a dénichées pendant leur dernière virée shopping le mois dernier.


Caroline repense à cet après-midi particulièrement onéreux pour toutes les deux. Ce jour-là, son amie avait envie d’une nuisette pour plaire à son mari. Elles sont entrées dans la boutique préférée d’Elsa et ont longuement déambulé dans les allées pour y découvrir la nouvelle collection. Comme souvent, dans les rayons de prêt-à-porter, elles se sont extasiées sans discrétion, ont vanté l’esthétisme de certains articles avec animation et ont ri devant certains modèles qu’elles n’imaginaient absolument pas sur elles. Elsa a voulu essayer son modèle coup de cœur, qu’elle avait déjà repéré la semaine précédente. Caroline n’a pas émis d’objection, malgré la petite file d’attente qui patientait devant la zone d’essayage. Au bout de quelques minutes dans la cabine, une Elsa radieuse a sorti la tête entre les pans du rideau et a pris Caroline par le bras pour l’entraîner à l’intérieur. Elle voulait un avis éclairé sans avoir à s’exposer aux yeux des autres clients.


Caroline s’est retrouvée face à son amie vêtue d’une nuisette en satin crème à fines bretelles et ornée de dentelle. Cette tenue, qui épousait parfaitement sa silhouette pulpeuse, ne parvenait nullement à cacher son soutien-gorge rouge et sa culotte assortie. Elsa a fait un tour sur elle-même pour mieux montrer à Caroline le rendu du vêtement sur elle. Caroline l’a admirée avec un sourire un peu crispé. Dans cet espace si exigu pour deux personnes, Caroline a senti ses joues s’empourprer et a peiné à garder un air suffisamment détaché. La peau blanche d’Elsa paraissait si veloutée, ses épaules étaient tellement sensuelles sous la finesse de la dentelle, auréolées de ses longues boucles rousses.


Caroline lui a assuré, en toute franchise mais avec un aplomb totalement feint, que son choix était parfait et que l’article lui allait à ravir. Elle a tu son trouble grandissant de la voir si légèrement vêtue. Elle ne lui a pas non plus avoué qu’elle l’avait toujours trouvée attirante. Aujourd’hui, c’était l’apothéose. À ce moment précis, elle aurait bien posé ses lèvres sur les siennes. Peut-être même, effleuré ses hanches ou ses seins par-dessus le satin. Elle n’aurait eu qu’un geste, qu’un pas à faire.


Elle a chassé ces idées fugaces de son esprit en se sermonnant intérieurement. Au fond d’elle, elle se sentait perplexe, voire quelque peu effrayée d’éprouver une telle attirance pour une amie. Cette amie-là, qui plus est. La meilleure de toutes. Effrayée aussi, à l’occasion, de se surprendre à admirer la silhouette d’une passante dans la rue, jusqu’à fantasmer son corps sous les couches de vêtements. Effrayée de se rappeler qu’il y a plusieurs années, elle rêvait de se retrouver en tête-à-tête rapproché avec l’enseignante de sa fille au primaire, chaque jour à la sortie de la classe. Caroline aimait les hommes, jamais elle ne remettrait cela en doute, mais elle aimait peut-être aussi les femmes. C’était troublant de ne pas parvenir à des certitudes sur ce point. De ne pas réussir à admettre les évidences. De se demander si ces pensées n’étaient que des lubies de son esprit ou des désirs profonds, ancrés en elle depuis des lustres.


Toujours assise sur le banc, Caroline décroise ses jambes un peu engourdies. Un bref coup d’œil à sa montre. Il est bientôt l’heure… Le nez enfoui dans son écharpe, elle apprécie la chaleur de son propre souffle sur ses pommettes et son nez, rosis par le froid. Son parfum aux accents de fruits exotiques s’est niché dans la laine. Elle ferme les yeux quelques secondes pour mieux en apprécier les subtils effluves.


Enfin, la voix d’Elsa, toute proche, la tire de sa torpeur.



Le rire d’Elsa est communicatif et fait pétiller ses yeux espiègles encore plus qu’à l’ordinaire. Elle prend les deux mains de Caroline pour l’aider à se lever, l’attire à elle et dépose un baiser appuyé sur sa joue. Manquant de perdre l’équilibre, Caroline se rattrape en posant ses bras sur les épaules d’Elsa et son nez gelé effleure le sien dans la manœuvre. Non seulement Elsa l’a rattrapée, mais elle maintient son étreinte et garde ses bras autour de la taille de son amie.


Pétrifiée par la surprise, Caroline plonge son regard dans le sien. Elsa baisse soudain les yeux vers ses lèvres puis, sans prévenir, l’embrasse tendrement. Le contact de ses lèvres chaudes et douces. Ses mains qui remontent de sa taille à son dos. L’idée de résister à ce rapprochement soudain ne l’a effleurée qu’une fraction de seconde. Caroline ferme les yeux et lui rend ce baiser, qui se mue en une multitude de baisers tout aussi délicats, de plus en plus passionnés. Caroline sent ses joues s’empourprer lorsqu’elle sent la langue d’Elsa se frayer un chemin vers la sienne.


Au bout de quelques instants, Elsa met fin à leur étreinte et jette un coup d’œil vers les deux allées gravillonnées. Elles sont seules, mais bel et bien exposées au regard des éventuels passants.



La prenant doucement par la main, Elsa l’entraîne dans son sillage. Visiblement, elle sait où trouver un coin plus tranquille. Sans une once d’hésitation, elle contourne le banc, se baisse et, profitant d’un creux visible dans la partie inférieure du feuillage, traverse la haie sans lâcher la main de Caroline. Les deux femmes se retrouvent alors au milieu des chênes et des châtaigniers majestueux, derrière la haie taillée à hauteur d’homme. Une multitude de feuilles mortes couleur fauve tapisse le sol. Les doigts toujours entrelacés, elles font quelques pas dans ce repaire végétal, leurs bottines faisant craquer les feuilles à chaque foulée.


Elsa s’arrête au milieu du bosquet, se retourne vers Caroline et l’enlace. Elle l’embrasse à nouveau et sa langue devient de plus en plus audacieuse. Lui résister ? Lui demander ce qui lui arrive ? Au lieu de cela, Caroline pousse un long soupir de contentement et passe ses doigts dans les mèches rousses, toujours libres comme l’air. Ses cheveux sont d’une extrême douceur, elle n’a jamais eu l’occasion d’y passer la main même si les changements de coiffure font l’objet de discussions régulières entre elles. Les mains de Caroline descendent sur la nuque et voudraient atteindre les épaules sous les multiples couches de vêtements. L’une des mains d’Elsa a franchi les obstacles du manteau et de la robe de Caroline. Caressant la dentelle du soutien-gorge, les doigts audacieux finissent par extraire ses seins de leur carcan pour en titiller les tétons. Caroline frissonne.



Les joues de Caroline sont désormais écarlates. Est-ce bien elle qui a prononcé cette phrase ? Elle sent la pointe de ses seins se durcir sous ces doigts taquins. Ses mains s’aventurent sur la taille d’Elsa, sur ses hanches et ses fesses, sous son manteau dont elle a défait à la hâte les trois boutons. Les lèvres des deux femmes ne semblent plus vouloir se quitter et Caroline se laisse entraîner à reculons dans l’étreinte, contre le tronc noueux d’un châtaignier centenaire. Elle se laisse caresser le ventre, la taille sous sa robe, elle sent les lèvres d’Elsa sur son cou et ferme les yeux lorsque ses doigts viennent explorer l’intérieur de ses cuisses. Elsa interrompt soudainement ses baisers et plante son regard azur dans le sien.



Les doigts d’Elsa effleurent son entrejambe jusqu’à la faire tressaillir. Les doigts d’Elsa se frayent un passage sous son collant et sa culotte. Les doigts d’Elsa massent doucement son intimité en de subtils mouvements circulaires et lui arrachent de longs soupirs de plaisir. Les lèvres d’Elsa goûtent son cou. Caroline n’a plus froid, elle ressent par-dessus tout la tension croissante de son clitoris sous ces caresses. Ses mains tremblantes se posent sur la poitrine pulpeuse. Elle caresse le galbe des seins, devine la finesse des motifs floraux de la lingerie et sent la chaleur de la peau à la naissance du décolleté.



Dans un crissement de feuilles mortes, Elsa interrompt ses caresses et remonte délicatement la robe de son amie sur ses hanches. Agenouillée sur l’épais tapis végétal, les mains d’Elsa caressent le nylon des collants et le font descendre jusqu’à mi-cuisses, en même temps que la culotte de Caroline. Celle-ci jette un coup d’œil affolé de tous côtés, les phalanges crispées sur l’étoffe de sa robe remontée.



Elle sent le froid saisir son ventre dénudé, mais les paumes d’Elsa s’y déploient afin de la réchauffer. Les lèvres d’Elsa embrassent son ventre, descendent, les mains d’Elsa écartent doucement ses cuisses, la langue d’Elsa goûte sa peau et l’humidité de son sexe. La langue d’Elsa explore sa fente. Les mains d’Elsa sur ses fesses, la langue d’Elsa qui tourmente son petit bouton sans relâche… Adossée contre le tronc de l’arbre, Caroline se laisse faire encore, la tête renversée en arrière et pantelante, elle ne peut plus bouger tant ses jambes sont agitées de tremblements.



La main d’Elsa se pose sur son avant-bras et la fait sursauter.



Caroline ouvre les yeux et se redresse subitement sur son banc. Son regard croise les iris bleus d’Elsa, penchée sur elle avec un air amusé. Comme un enfant pris la main dans le sac, Caroline se lève précipitamment, prenant conscience de la vigueur du froid le long de ses jambes et à l’extrémité de ses doigts.



Elle offre une bise un peu maladroite à son amie pour masquer son trouble. Elsa la contemple d’un air perplexe et hausse les sourcils.



Caroline la dévisage, interdite. Puis elle saisit son roman posé sur le banc et le range dans son sac en silence.



Caroline hoche la tête en signe d’assentiment. Resserrant son écharpe autour de son cou, elle se retourne machinalement vers la haie derrière le banc. Son feuillage est si fourni que personne, pas même un petit animal, ne pourrait passer de l’autre côté. Dominant la petite place et son bassin, les chênes et les châtaigniers agitent leurs branches, soudainement réveillées par un coup de vent isolé. Caroline regarde la main d’Elsa retirer une feuille rousse du col de son manteau. Et admire les longues boucles rousses onduler, danser et se mêler devant elle, alors qu’elle suit Elsa dans l’allée gravillonnée.