n° 21460 | Fiche technique | 23107 caractères | 23107 3581 Temps de lecture estimé : 12 mn |
20/01/23 |
Résumé: Une femme se hâte de répondre à une invitation comminatoire. Quel en est l’objet ? Quel accueil l’attend ? | ||||
Critères: ff jeunes fdomine humilié(e) chantage cérébral revede voir -lesbos -dominatio | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
Collection : Marraines et Filleules |
Avertissement :
Les textes réunis dans cette Collection collationnent diverses anecdotes ou confidences sur les relations entre les héroïnes évoquées dans la Série « Les Marraines », ainsi qu’éventuellement leurs amies ou rencontres respectives.
Les récits se succèdent sans lien chronologique avéré, au fil de la remontée des souvenirs et de la fantaisie des réminiscences. Ils peuvent prendre la forme d’un extrait de journal intime, comme celle d’une lettre, d’une transcription de conversation ou d’une brève nouvelle, voire, si l’anecdote contée le commande, d’un développement sur deux ou trois chapitres introduits par un bref résumé.
Bien des années ont passé depuis qu’elles se connaissent. Les filles sont majeures, les mères ont pris de l’âge, le cercle des amoureuses s’est agrandi, les passions sont toujours vivaces. Voici un autre récit, ou sa suite, de leurs histoires.
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Un corps bouge dans le lit. La poitrine se soulève et s’abaisse lentement, se précipite parfois. Le corps remue à nouveau, se tourne, comme pour chercher un meilleur confort.
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Quelques jours après la rentrée, Chantal se hâtait à nouveau vers l’Académie des Beaux-Arts. Un appel téléphonique personnel, au bureau, lui avait fait savoir que « Madame la Directrice l’attendait aussitôt que possible – la secrétaire avait bien insisté sur le mot "aussitôt" – et que Madame la Directrice serait très heureuse de la recevoir le soir même si elle lui faisait le plaisir de répondre à cette invitation ».
On ne lui avait pas donné de plus amples précisions, mais il y avait dans cette prière comme un ton impérieux qui ne laissait pas d’espace à la moindre hésitation. Chantal avait accepté immédiatement, remettant à plus tard les menues emplettes qu’elle se proposait de faire en sortant du travail, et dès 17 h 30, elle s’était empressée de se rendre au rendez-vous sans oser prendre le temps de passer chez elle pour changer de tenue.
En chemin, elle avait cherché des explications à cette convocation impromptue, mais sans trouver de raisons satisfaisantes. S’il s’était agi d’un problème de santé avec l’une ou l’autre de ses filles, il était bien évident qu’on l’aurait avertie ; si c’était un problème de règlement ou autre, elle doutait qu’on l’eût conviée avec autant d’urgences ; peut-être le comportement de Sandra avait-il été incorrect avec telle ou telle des monitrices ? Le caractère souvent emporté de sa cadette était son principal souci, mais à la réflexion ce n’était pas non plus une cause probable.
Catherine – elle s’était surprise à penser le prénom de la belle Antillaise qui dirigeait l’institution et se l’était instantanément reproché – lui avait expliqué dès leur première rencontre que ces manquements-là étaient corrigés sans attendre, et lui avait d’ailleurs fait signer une décharge transmettant au personnel d’encadrement l’autorisation « complète et absolue » d’appliquer « toute mesure disciplinaire exigée par les circonstances… ». Non, elle avait beau chercher, elle ne trouvait rien de tangible qui expliquât la convocation pressante. Rien. À moins que… Une idée nouvelle l’avait fait frissonner.
Et si, tout bonnement, c’était pour lui annoncer que la présence de ses filles n’était, en fin de compte, pas admissible dans un établissement de la notoriété de l’Académie ? Voilà, c’était bien cela ! Voilà pourquoi la secrétaire n’avait rien précisé, par discrétion ou par mépris. Chantal en avait acquis la certitude. Sa nature inquiète avait repris le dessus, un sentiment de catastrophe imminente l’avait envahie. Sa protectrice qui lui avait obtenu cette faveur, Michèle, n’y pourrait rien. Elle avait failli en pleurer, toute seule derrière son volant.
Maintenant, la poitrine oppressée, les yeux humides, elle attendait dans le petit salon des visiteuses, considérant avec appréhension la porte d’où allait surgir la silhouette glacée qui lui signifierait sa disgrâce et le bannissement de ses filles. Le battant s’entrebâilla, Chantal se figea, son cœur s’emballa, et le visage avenant et souriant de l’Antillaise lui fit l’effet d’une douche chaude.
Surprise et désarçonnée par cet accueil, Chantal opta timidement pour un thé que Catherine commanda dans l’interphone en réclamant la même chose pour elle avant de s’asseoir familièrement à ses côtés. Après un échange de paroles aussi chaleureuses que banales, une jeune fille entra en apportant les tasses fumantes et quelques menues douceurs sur un plateau qu’elle leur tendit avec une charmante révérence.
C’était une brune élancée, les cheveux longs gracieusement retenus par un sobre serre-tête, bras et cuisses nus, à la peau mate et soyeuse, aux attaches fines. Son service accompli, elle se recula de deux ou trois pas et se tint dans l’attitude requise devant une supérieure. Bras croisés dans le dos, chevilles réglementairement écartées, elle attendait modestement qu’on lui fît signe de disposer.
Chantal avait commencé à s’habituer aux coutumes de l’institution. Elle était encore surprise des tenues pour le moins originales qui semblaient être d’usage pour toutes les pensionnaires. Celle-ci portait avec grâce un court sarrau se croisant sur le devant et fermé par une simple ceinture du même tissu blanc, qui, pour autant qu’on puisse en juger, devait être une fine cotonnade. S’il se trouvait quelque dessous, il semblait particulièrement fin et les drapés harmonieux ne dissimulaient guère l’anatomie de la servante improvisée dont le corps juvénile n’en était que mieux mis en valeur.
La Directrice expliqua sur un ton enjoué que la fin de formation amenait les stagiaires à effectuer chacune son tour une soirée de service auprès de l’équipe pédagogique.
Chantal se demandait si Brigitte était obligée de se plier à ce genre d’obligation quand Catherine ajouta doucement après une légère pause que, parfois, il arrivait de distinguer par cette marque de confiance l’une des plus méritantes dans les divisions inférieures.
Mais ses lèvres se pincèrent soudain et ses yeux, qui n’avaient pas cessé d’examiner la brunette, se durcirent, entraînant une brusque pâleur sur le visage de cette dernière.
Aline s’avança tout près et s’immobilisa, obéissante et inquiète, devant Catherine. Celle-ci pointa le bout de son éventail à hauteur de la taille de la jeune fille et écarta lentement les pans du sarrau.
Elle s’apprêtait à sortir, mais la Directrice la rappela avec un petit sourire cruel.
Catherine n’avait pas élevé la voix. Pourtant, les mots avaient claqué durement dans sa bouche pendant qu’elle énonçait les raisons et les formes de la punition. À peine laissa-t-elle percer une trace d’ironie moqueuse en prononçant la dernière phrase, sans doute en manière de complicité avec son invitée qui avait assisté à la scène avec un mélange de malaise et de gêne.
Aline s’en fut, tête basse et yeux rougis, vers son destin, et Catherine se tourna, brusquement radieuse, vers Chantal.
Chantal ne savait que penser. À quoi rimait ce curieux entretien ?
La main de Catherine s’était posée sur son poignet, exerçant une douce et calme pression du bout des doigts sur la peau. Ses paroles et ses gestes avaient paru naturels, et affectueux, effectivement. Elle avait même caressé fugitivement sa cuisse par-dessus sa jupe, dans un mouvement apparemment fortuit au cours de cette tirade. Une caresse rapide, mais légèrement appuyée, qui avait soudain rappelé à Chantal cette curieuse impression ressentie lors de la rentrée, quand le vent avait brutalement exhibé ses fesses et que des mains secourables et bienveillantes l’avaient tirée de cette situation embarrassante. Comme ce jour-là, elle perçut une pointe de chaleur au creux de son ventre, à la fois embarrassante et délicieuse.
La prodigalité des démonstrations d’amitié avait pourtant été nuancée par le ton imperceptiblement plus tranchant des derniers mots de la Directrice et par son regard appuyé où Chantal avait cru voir de la cruauté. Mais ce qui lui importait avant tout, c’était le soulagement d’apprendre à la fois que ses craintes étaient vaines et que sa protectrice continuait de veiller à sa bonne fortune. Elle se confondit donc en protestations de dévouement et en remerciements pour une estime dont elle saurait se montrer digne. D’ailleurs, Catherine n’avait qu’à lui dire ce qu’elle attendait d’elle : lui rendre service était son plus cher désir, tout de suite s’il le fallait.
L’Antillaise paraissait se recueillir avant de poursuivre son exposé. Sa voix se fit plus douce et plus chaude lorsqu’elle reprit la parole.
La Directrice s’interrompit pour permettre à Chantal d’assimiler les implications de son discours. Elle l’enveloppait d’un regard chaleureux et rassurant, attendant patiemment que s’apaise sa surprise. Avec un discret soupir, elle ajouta que quelques amies de confiance voulaient bien prêter leur concours à cette méthode pédagogique, mais qu’elle avait appris la veille que l’une d’elles avait déménagée récemment.
Chantal ne savait plus quelle contenance adopter. Certes, elle saisissait parfaitement l’allusion à son intimité ! Elle se rappelait parfaitement aussi les mots de « grosse moule » que des copines lui jetaient avec méchanceté, bien des fois, quand elle se faisait surprendre les cuisses un peu entrouvertes, dans les vestiaires ou ailleurs, à l’époque du lycée. Elle se souvenait, bien sûr, que Michèle avait pris sa défense et l’avait aidée à surmonter ces moqueries en la complimentant sur la beauté de ses formes.
Mais que suggérait la Directrice ? Elle avait peur de deviner. Elle essaya de ruser et de gagner du temps.
Catherine ne la laissa pas continuer. Elle lui saisit vivement les mains et les poignets, les emprisonnant avec fermeté, et planta ses yeux verts dans les siens.
Prise au piège, Chantal sentit rosir ses joues. Elle évitait de regarder Catherine dont les paroles légères lui semblaient l’emprisonner dans un réseau de liens tendres et inextricables. S’en défaire apparaissait difficile. Elle essayait d’imaginer une échappatoire plausible qui la sauve sans désobliger la Directrice. Au lieu de cela, des images traversaient son esprit et ramenaient ces curieux sentiments de honte et de désir. Elle se voyait examinée au plus intime de sa personne par cette femme autoritaire. Elle croyait déjà ressentir l’inquisition d’un regard aiguisé, de doigts peut-être, sur ses lèvres gonflées.
Elle s’aperçut que ses lèvres se dilataient, en effet, et elle en fut encore plus émue et déroutée. Elle se sentit prête à capituler, par faiblesse et par envie. Envie d’en finir, envie de savoir, envie d’être vue… Et ensuite, s’enfuir, se cacher, oublier… Oublier que son vagin se tapissait d’une sournoise chaleur, oublier que sa fente sourdait d’une sève visqueuse, que le gousset de sa culotte s’humidifiait fatalement…
Sa culotte ! Elle la portait depuis le matin ! Pire encore, c’était celle de la veille, coupable négligence ! Son visage s’empourpra sous les yeux amusés de Catherine. Elle tenta désespérément de retarder l’inéluctable.
Négligeant délibérément les suppliques de sa victime, elle poursuivit sans aménité :
Installez-vous la tête vers le dossier, ainsi votre pudeur souffrira moins si vous ne me voyez pas, n’est-ce pas ? Et ne vous formalisez pas, je vous le répète, c’est une simple formalité sans conséquence entre nous.
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Dans le lit, le corps s’agite une nouvelle fois. Il se retourne, esquisse un mouvement de la main, secoue vaguement la tête, puis se détend et se calme.
[La suite au prochain numéro, ainsi qu’il se disait autrefois.]