Dans les collines de la Drôme provençale, au fond d’une vallée où coule une petite rivière se trouve un énorme mas isolé. À la fin du XIXe siècle, des paysans comme Raymond qui possède ce mas sont des hommes importants. Ils gèrent un grand domaine, des brebis, des chevaux et des ânes, des oliviers, des fruitiers et du petit épeautre. Au mas vivent de quinze à soixante personnes suivant les saisons. Raymond est républicain, humaniste et riche. Tous dépendent de lui et tous le respectent. Raymond, qui entre bientôt dans l’âge mûr, est un homme fort, avec des épaules larges et une voix de stentor.
En cette fin d’après-midi d’automne, il se trouve dans sa cour, occupé à réparer un mors qu’une mule récalcitrante lui a déchiré. Antoine, un de ses plus fidèles employés, s’avance à l’entrée de la cour. Il hésite un peu en voyant le Raymond assis sur son banc, enlève son chapeau et passe le porche.
- — Oh, l’Antoine, dit le maître. Qu’est-ce que tu dis ?
- — Salut Raymond. Je peux te parler, un peu ?
- — Viens, viens, mon ami, assiste-toi. Tu es plutôt un taiseux d’habitude alors ça me plaît que tu me causes.
- — J’ai bien hésité, mais je dois te dire quelque chose.
- — Tu as hésité ? demande le Raymond qui n’a pas quitté son travail des yeux.
- — Tu me connais, je ne cache à personne que je suis anarchiste, alors je n’ai pas l’habitude de renseigner les patrons. Mais peut-être que tu n’es pas un patron comme les autres, il faut croire, parce que je n’ai pas voulu te laisser passer pour un couillon sans te tenir au courant.
- — Elle commence bien ton histoire, Antoine, je sens qu’elle va me plaire.
- — Oui, mais avant que je commence, tu me promets que tu ne vas pas me sauter à la gorge ou me faire bouffer par tes chiens. Et il faut aussi que ça reste entre nous.
- — Ça fait beaucoup de promesses, dis donc, et sur une histoire dont je ne sais rien. Je ne promets rien, mais on se connaît assez. Et je ne te sauterai pas à la gorge, car je ne serais pas sûr d’avoir le dessus.
- — Il s’agit de ta femme, Raymond.
- — Oh, Bonne Mère ! Ma femme ! Je ne les aime pas de trop, les histoires qui commencent comme ça.
La femme du Raymond s’appelle Mathilde. Elle est bien plus jeune que lui, une beauté brune avec du sang italien dans les veines, un mariage arrangé entre les familles pour agrandir le domaine. Raymond et Mathilde n’ont pas d’enfants, ce qui a rendu leurs rapports difficiles. Pourtant, cela avait bien commencé. La Mathilde était heureuse d’être riche et de devenir une dame. Son mari lui passait ses quatre volontés et il était facile à satisfaire. Le tempérament de feu de sa jeune épouse rendait ses nuits très agréables. Maintenant, ils vivaient chacun dans leur monde, lui, toujours dehors, et elle, dans la maison. Ils se parlaient peu et s’ils partageaient toujours le même lit, il ne s’y passait plus grand-chose.
- — Alors, reprit l’Antoine, si tu connais déjà mon histoire, ce n’est peut-être pas la peine que j’use ma salive.
- — Si, si, raconte. Tu n’es pas de l’engeance des petits cons qui inventent des carabistouilles, Antoine. Si tu es venu me trouver, c’est que le récit mérite d’être dit. Va, va, je t’écoute.
- — Bon. Hier, j’étais à tailler les pêchers, comme on avait dit, au bord de la rivière. Il faisait chaud et j’étais bien dans mes arbres. Mais voilà que ta femme arrive, tortillant du cul et chantonnant un air italien. Excuse-moi, Raymond, si je dis les choses comme je les ai vues, ce n’est pas pour être grossier, mais pour que tu comprennes.
- — Je sais comment elle le tortille, on ne peut pas ne pas le remarquer, hélas !
- — Alors, je descends de mon arbre et elle me dit qu’elle a pensé à moi, tout seul dans la chaleur, et qu’elle me porte une bouteille. Effectivement, elle a une bouteille de vin et une d’eau dans son panier, avec deux verres. Je la remercie, je bois du vin et elle de l’eau. Je la remercie encore, mais elle reste là à me regarder avec ses grands yeux innocents et sa belle bouche qui souriait. Je me suis dit : Antoine, voilà les ennuis !
- — Oh, sainte mère !
- — Bon. Tu vois le tableau. Je vais pour retourner à mes arbres quand elle me dit : « Tu sais, Antoine, si tu as besoin de quelque chose, tu peux me demander ». Et en disant ça, elle te tendait le buste en avant avec les pointes bien dressées sous la chemise.
- — Et qu’est-ce que tu as répondu, toi ?
- — Je lui ai dit qu’elle avait sûrement mieux à faire au mas, parce que tu vois, patron, je ne suis pas un voleur, moi.
- — Et qu’est-ce qu’elle a fait, alors ?
- — Elle a pris son air de boudeuse que tu dois bien connaître et elle a fait demi-tour. Et puis elle est repartie sans rien dire, en tortillant bien son cul.
- — Donc, il ne s’est rien passé ?
- — Écoute, Raymond, nous ne sommes pas nés de la dernière pluie. On sait très bien, toi et moi, ce qu’elle voulait.
- — Oui, on le sait, mais il ne s’est rien passé et je te remercie. Tu n’es pas le premier, tu sais. Au printemps, pendant que tu étais en Italie, je l’ai trouvée dans la bergerie avec un petit godelureau d’à peine vingt ans, le froc baissé. J’ai foutu dehors le type à coups de pied dans le cul et on n’en a plus parlé. Je savais bien qu’elle allait recommencer, mais qu’est-ce qu’il faut faire ? C’est une garce, mais c’est ma femme, et elle restera ma femme, sauf si elle se sauve avec un mignon. Alors, c’est peut-être une chance que ce soit toi qui as de l’honneur et du respect. Peut-être que je voudrais qu’il se soit passé quelque chose.
- — Qu’est-ce que tu racontes, patron ?
- — Je raconte que j’ai confiance en toi, Antoine, et que puisque je dois avoir des cornes, je préfère que tu sois l’amant plutôt qu’un autre. Alors, je te le demande comme à un ami, si elle revient te proposer la culbute, je veux que tu la prennes. Mais je veux qu’ensuite tu viennes tout me raconter, avec les détails.
- — Tu es sûr de toi, là ? C’est douloureux, les détails, et ce qui est fait ne peut plus être défait.
- — Fourre-la, Antoine, fourre-la et raconte-moi tout. En plus, tu racontes bien, toi.
Le lendemain, Antoine trouva le Raymond assis sur son banc, au même endroit que la veille. Ce dernier ne travaillait pas, il se contentait d’attendre, comme s’il n’avait pas bougé depuis la veille. L’Antoine avait un visage impassible. Il s’assit à côté de son patron et ils restèrent quelques minutes en silence.
- — C’est un beau cadeau que tu m’as fait, finit par dire l’Antoine.
Le Raymond ne répondit pas. Il regardait ses mains et attendait.
- — Elle est venue. Au café, je lui avais dit qu’il faisait encore bien chaud et que j’aurais sûrement la pépie, en bas dans les pêchers. Elle n’a pas répondu, mais j’ai vu qu’elle avait compris. Je n’ai donc pas été surpris quand je l’ai vue descendre la pente avec son panier. Elle s’était faite belle. Je le voyais à ses cheveux noirs qui brillaient comme jamais, à son chemisier lavande, tout brodé, que je ne lui avais jamais vu.
- — Je le lui ai offert l’an dernier, quand le colporteur est venu, pour lui faire plaisir, et je ne l’ai jamais vue le porter.
- — Ça lui va bien, patron. Comme j’étais en colère contre elle, je n’ai pas voulu jouer le jeu de la séduction. Je lui ai dit « Je sais pourquoi tu es là, madame Mathilde, et tu n’as pas besoin de brailles pour ce que tu viens faire, alors enlève-moi ça tout de suite. » Elle n’a rien dit, elle a relevé sa jupe, une belle jupe noire bien propre et elle a fait glisser ses brailles le long de ses jambes blanches et lisses que c’était un vrai régal. J’ai tendu le bras et elle m’a donné son linge. Je l’ai reniflé et j’ai dit « Ça sent la femelle en chaleur. Tu n’as pas un homme à la maison ? », et elle m’a répondu « Il est vieux, tu sais, Antoine et toujours le même lit et le même homme, c’est ennuyeux ».
- — Elle a dit ça ?
- — Mot pour mot. Alors je l’ai attrapée par le poignet et je l’ai assise sur mes genoux. J’ai dégrafé son corsage, bouton par bouton, et elle me laissait faire. Tu es sûr que tu veux tous les détails, Raymond ?
- — Tout. Raconte.
- — Eh bien, tu connais ses seins, les plus beaux que j’ai jamais vus, et pourtant, des drôlesses, j’en ai connu plus d’une, je peux te dire. Je les ai empoignés, ils sont fermes et doux comme de la pâte à pain, j’ai pincé les pointes, et là, elle a fermé les yeux. J’ai pincé plus fort pour voir si elle dirait quelque chose, mais elle a juste couiné un peu. Je lui ai dit « Des mamelles pareilles, il faut que je les tète » et elle m’a répondu « Je voudrais avoir du lait et nourrir tous les hommes de la vallée ».
- — Elle a dit ça ?
- — Mot pour mot. Pendant que je la tétais goulûment, avec son téton tout dur qui me roulait dans la bouche, j’ai glissé une main sous sa jupe, et j’ai remonté le long de ses cuisses d’une douceur soyeuse jusqu’à sa petite moule. Elle a écarté les cuisses pour bien me montrer qu’elle voulait, je ne l’ai pas violée, ta petite.
- — Je le sais, Antoine, je le sais.
- — J’ai beaucoup aimé cette petite moule, les lèvres charnues, la fente délicate, le jus abondant, le bouton sensible sous le pouce. Je l’ai caressée un peu et elle a recommencé à couiner, alors j’ai continué jusqu’à ce qu’elle pousse un petit cri et qu’elle serre ses cuisses sur ma main comme un étau.
- — C’est adorable quand elle jouit, n’est-ce pas ?
- — Délicieux, Raymond, une pure merveille ! J’ai attendu un instant et elle était toute molle sur mes genoux, avec son petit museau contre mon épaule. Puis je lui ai dit « Dis donc, petite garce, j’espère que tu n’es pas venue que pour te faire astiquer. Il est temps de me montrer que tu sais t’occuper d’un homme ». Je lui parlais mal, patron, parce que je savais que tout ça était mauvais. Mais c’était diablement bon aussi. Ça ne la gênait pas que je sois méchant, je dirais même que ça lui plaisait bien. D’ailleurs, elle a compris ce que je demandais et elle s’est mise à genoux entre mes cuisses. Elle a farfouillé dans mon froc et elle a sorti mon outil qui était bien raide, comme tu imagines. Là, elle a dit « Quel beau gourdin tu as, Antoine ! Mon mari n’a pas le même à m’offrir, c’est sûr » !
- — Elle a dit ça, la traîtresse ?
- — Mot pour mot. Ça m’a fâché, je n’aime pas les mensonges. On a assez souvent pris des bains ensemble, toi et moi, pour que je sache que tu es monté comme un taureau.
- — Oh, elle voulait parler de la raideur, ma Mathilde. Le fait est que ces dernières années, j’ai plus de mal à l’avoir bien dure.
- — Bon. Toujours est-il que j’étais en colère et que je l’ai traitée de putain. Je l’ai jetée en travers de mes genoux, le cul en l’air et je l’ai troussée d’une main. Là, j’ai failli être changé en statue de sel, patron. Ta femme a un cul d’une perfection inconnue dans tout le pays, des fesses d’une rotondité exquise, texture de pêche et couleur de porcelet. C’était si beau que j’en avais perdu ma colère. Mais il fallait bien que je la corrige, n’est-ce pas, de cet effet qu’elle nous fait ? Alors je l’ai fessée de la belle manière, à grandes claques sur son petit derrière, une fesse puis l’autre. Ma grosse main calleuse sur sa peau si fine, tu aurais vu ça, il n’y a rien de meilleur au monde.
- — Et elle se laissait faire ?
- — Elle chougnait comme une petite fille quand je tapais bien fort, c’est tout. Quand je me suis arrêté, le cul était bien rouge et j’étais au bord de l’apoplexie. J’ai écarté ces petites fesses et j’ai trouvé son petit trou bien caché dans sa raie, tout sombre et bien mignon. Je lui ai enfoncé un doigt et elle a murmuré « oui, oui, Antoine ».
- — Et merde alors ! J’en ai eu envie si souvent et je ne l’ai jamais fait.
- — Il faut, patron. Les femmes qui aiment la baise, elles veulent ça, qu’on s’occupe de leur trou du cul. Tu sais, toutes ces petites garces de servantes qui ne veulent surtout pas tomber enceintes, elles ont l’habitude de préférer qu’on les encule et elles y prennent goût. Toujours est-il que la tienne, avec ses petits muscles du cul qui me serraient le majeur et ses belles fesses bien rouges, ses petites larmes qui coulaient de ses yeux noirs, j’en serais tombé amoureux si elle n’avait pas été à toi. Après, je l’ai remise en position pour qu’elle me pompe. Et je peux te dire qu’elle a pompé. Elle en avait envie, la petite. J’étais raide comme jamais et elle m’a avalé la queue comme un sucre d’orge. C’est une grande bouche qu’elle a, et elle sait y faire. Des petits coups de langue, des va-et-vient à un rythme d’enfer, sa petite main qui me caressait gentiment les couilles, des regards mouillés à en perdre la tête, j’ai failli lui balancer la purée dans la bouche, mais elle avait une autre idée de la suite, visiblement parce qu’elle s’est arrêtée d’elle-même. Elle s’est couchée dans l’herbe, cuisses écartées, offerte, à attendre que je l’enfile, sans me quitter du regard. C’était un sacré spectacle, mais je ne voulais pas, moi, pas comme ça, pas comme un mari et sa femme. Alors je l’ai retournée, je l’ai mise à quatre pattes comme une petite chienne et elle s’est laissé faire, comme la petite bête qu’elle est. Elle se cambrait bien pour m’offrir son abricot. Le cul était toujours rouge, ses mamelles pendaient sous elle. Je l’ai empoignée par la chevelure, à pleine main, et je l’ai enfilée. C’est une merveille, ta femme, à l’intérieur comme à l’extérieur. Elle est mouillée, chaude et on sent ses chairs qui palpitent tout autour. J’étais bien dans ta femme, Raymond.
- — Continue de raconter, merde, je m’en fous de ce que tu as ressenti toi !
- — Bon. Avant que je commence à la limer, elle m’a prévenu « Fourre-moi bien, Antoine », elle a dit « mais à la fin, tu ne me balances pas ton vieux sperme partout sur moi, s’il te plaît. Je veux tout au fond de mon ventre, le plus au fond que tu peux, gros salaud ».
- — Elle a dit ça ?
- — Mot pour mot. Je l’ai limée comme jamais, comme un étalon que j’ai vu une fois dans la plaine de La Crau, comme un gorille.
- — T’as déjà vu des gorilles, toi ?
- — Non, mais j’ai lu des livres. Et j’imaginais ça quand je baisais ta femme, ça me rendait encore plus fort. Je peux te dire que ça cognait sec, je te la secouais dans tous les sens et elle couinait encore que ça m’excitait plus si c’est possible. Tu serais arrivé avec un fusil à ce moment-là que je ne me serais pas arrêté.
- — Tu me crois capable de ça ?
- — À un moment, j’avais pensé que c’était peut-être ton idée, nous prendre sur le fait et nous fusiller. Mais là, je ne pensais plus, je baisais la petite la plus parfaite qu’on puisse imaginer. Elle était tellement trempée que quand on a eu fini, j’avais le ventre et les cuisses tout gluants de mouille.
- — Et vous avez fini comment ?
- — Comment tu veux que ça finisse ? Elle a poussé son petit cri et j’ai tout balancé, bien au fond.
- — Comme elle avait demandé ? Tu n’as pas pensé à moi, qui n’aurais peut-être pas envie que tu me la cochonnes ?
- — Je n’ai pensé à rien, patron, juste à mon plaisir qui était immense.
- — Bon, c’est bien, c’est ce qu’il fallait. Antoine, si tu veux de l’argent, tu demandes, mais tu ne dois jamais en parler à personne, tu dois me le jurer, sinon c’est là que je vais chercher mon fusil.
- — J’en ai un aussi, patron, et les anarchistes, c’est bien connu, ça tue les patrons. Mais je ne veux pas de ton argent. J’ai eu ta femme et ça me suffit. Par contre, je ne pourrai pas la croiser sans vouloir recommencer. Alors je te dis adieu. Demain, avant l’aube, je repars en Italie. Les femmes sont belles, là-bas aussi. Ah, j’oubliais !
En disant cela, il sortit un linge blanc de sa poche et le tendit au Raymond. Celui-ci le porta à ses narines et dit :
Les deux hommes ne se revirent jamais.
Le maître du mas rentra dans la maison comme le soleil disparaissait derrière la colline. Il trouva sa femme qui s’activait dans la cuisine avec une servante à préparer le dîner.
- — Tu es en retard, Mathilde, on dirait.
- — Oh toi, ce n’est pas le moment ! Je n’arrête pas d’être dérangée. Et je ne vais pas voir où tu en es de tes tâches. Alors, dégage de ma cuisine !
- — J’ai fini ma journée, ma belle, et je dois te parler. Viens avec moi.
- — Maintenant ? Tu es devenu fou ?
- — Maintenant. Je ne plaisante pas, petite.
Raymond conduisit Mathilde jusque dans leur chambre, sans dire un mot de plus. La jeune femme avait le visage fermé, hésitant sans doute entre la colère et la peur. Elle monta les escaliers à pas lents et il dut souvent s’arrêter et l’attendre. Une fois arrivé dans la grande chambre avec le grand lit en noyer comme un bateau et le coffre de mariage au pied, il ferma soigneusement la porte tandis qu’elle attendait, les mains croisées devant elle.
- — Enlève ta jupe, madame ma femme.
- — Mais pourquoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire, Raymond ?
- — Enlève ta jupe. Je ne veux pas le répéter. Si tu es pressée de redescendre, dépêche-toi d’obéir.
- — Mais enfin, explique-moi. Tu as bu ?
- — Dépêche-toi, je m’impatiente.
Elle finit par obtempérer et le maître du mas découvrit ce qu’il s’attendait à voir, le joli buisson noir, au-dessus de ses cuisses fuselées.
- — Tourne-toi maintenant, Mathilde.
- — Comment me tourner ? Tu es si bizarre.
- — Je veux voir ton derrière, c’est pourtant simple. Est-ce qu’un mari n’a pas le droit de voir le derrière de sa femme ?
Elle se tourna, lentement, et il vit là encore ce qu’il s’attendait à voir, de jolies fesses marbrées de rouge, avec même les doigts de l’Antoine qui les avaient bien marquées sur les bords.
- — Eh bien, maintenant, madame ma femme, j’attends des explications.
- — Ah oui, c’est vrai, je ne t’ai pas raconté, il faut dire qu’on ne s’est pas vu. Je suis tombé en revenant du potager, comme une idiote les fesses dans les orties. Mes brailles étaient tachées et je n’ai pas eu le temps d’en changer.
- — C’est ton explication ?
- — Mais oui. Qu’est-ce que tu crois ?
Et elle relevait le nez, le fixant de ses yeux noirs, comme si le charme ancien pouvait fonctionner encore, comme si le temps où elle appelait le Raymond Bébé n’avait pas filé pour ne jamais revenir. Il regarda ce petit nez effronté et comprit qu’il l’aimait toujours. Quel gâchis ! Pourtant, il fallait bien aller au bout. Il sortit la braille coupable de sa poche et la tendit à Mathilde.
- — Tiens, dit-il sobrement, tu as perdu ça dans le verger.
La jeune femme regarda le linge et pâlit, elle, la brune à la peau mate, elle était soudain si blanche que Raymond s’inquiéta.
- — Je sais ce qui s’est passé, ma toute petite, je sais tout. Dans ce mas, on ne peut rien me cacher. Tout m’appartient ici, et les gens le savent. De toi aussi, je sais tout, pitchounette. Je sais que tu voulais bien faire en faisant la petite chienne avec l’Antoine. Alors, écoute-moi, Mathilde : le respect du mariage, c’est une valeur très importante dans ce pays. Une mauvaise femme, elle est très mal vue, et si le mari est au courant, il est obligé de la punir, tu comprends, et la punition, c’est la mort. Eh oui, pitchoune, eh oui, on ne rigole pas avec ça. Et moi, je suis un couillon et je t’aime. Je ne veux pas qu’il t’arrive du mal. Alors, je comprends pourquoi tu as rejoint l’Antoine dans le verger. Tu voulais un petit, n’est-ce pas ? Tu crois que le Raymond, il est vieux et il n’est pas capable de t’engrosser, alors tu voulais une queue plus jeune et des couilles bien pleines pour avoir enfin un petit. C’est très bien, tu es une femme courageuse, je le sais depuis le premier jour. Mais c’est très dangereux. Parce que si quelqu’un vous surprend, si le bruit court, moi, je suis le maître, tu comprends, je devrais te tuer comme un petit poulet. Si je ne le faisais pas, on dirait que je suis trop faible et chacun croirait qu’il peut me voler. Moi, je veux bien que tu te fasses engrosser. Je voudrais bien voir courir des petits dans cette maison, mais je ne veux pas qu’il t’arrive malheur. L’Antoine, il est parti. Tu ne le reverras plus parce que tu es tellement belle, ça lui aurait fait mal de te croiser dans la maison. Mais si tu en choisis un autre – un intelligent, hein, je ne veux pas d’un crétin comme père de mes enfants – si tu en choisis un, tu me le dis. Moi, je te l’amène ici et vous faites votre affaire tranquillement, dans notre lit. Personne ne le saura, et le type, je l’envoie au diable avec un petit pécule, à condition qu’il se taise. Tu comprends ?
Mathilde regardait son mari, toujours aussi pâle et défaite, exhibant toujours son intimité, de grosses larmes coulant de ses grands yeux noirs. Comme elle comprenait enfin ce qu’il était en train de dire, elle se jeta contre lui, l’entourant de ses bras, mouillant son cou de ses larmes, murmurant des « pardon » et des « je t’aime ». Elle sentait bon, elle avait dû se parfumer avant de rejoindre l’Antoine. Raymond se laissa faire, il posa même ses mains sur les fesses de la belle, en tâta la fermeté comme il le faisait quand il jugeait la valeur d’une bête.
- — Ne pleure pas, pitchounette. Tu n’es pas faite pour pleurer, toi. Le Bon Dieu, il t’a faite pour le rire et la joie, pas pour la peine et le mensonge. Allez, viens, on va se coucher tous les deux, on va oublier tout ça.
- — Se coucher, mon mari ? Mais ce n’est pas l’heure. Et le dîner ?
- — Oh, ne t’inquiète pas, ils se débrouilleront bien sans nous, pour une fois.
Il la souleva dans ses bras, il était fort encore et la déposa sur le lit. Puis il se déshabilla tandis qu’elle le regardait en souriant à travers ses larmes et la rejoignit. Il défit son corsage et lui empoigna les seins avec ses énormes battoirs.
- — Alors, dit-il doucement, il paraît que tu aimes qu’on te boive les seins ?
- — Il t’a raconté ça aussi ?
- — Je sais tout. Je sais même que ça te fait de l’effet qu’on joue avec son petit trou du cul. Maintenant que je le sais, je ne vais pas m’en priver.
- — Oh, comme j’ai honte !
- — Il ne faut pas, il raconte bien, l’Antoine, j’ai passé un bon moment à écouter comment vous vous étiez aimés, et nous, on va en passer un bon aussi, maintenant.