n° 21484 | Fiche technique | 59300 caractères | 59300 9865 Temps de lecture estimé : 33 mn |
26/01/23 |
Résumé: Une bluette, pour illustrer le classique : trouver chaussure à son pied. | ||||
Critères: fh complexe amour init -rencontre | ||||
Auteur : Amateur de Blues Envoi mini-message |
Ils n’auraient jamais dû se rencontrer et pourtant, ils étaient là, en cette fin décembre, à se presser autour du buffet offert par la municipalité, dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville. S’ils avaient quelque chose en commun, c’était la sensation étrange de ne pas être à leur place, de se demander quelle drôle d’idée ils avaient eue de venir.
Il y avait des gosses partout et Antoine n’aimait pas les enfants. En fait, il en avait peur ; il ne savait jamais ce qu’ils allaient dire et cela l’angoissait au plus haut point. Que fait-on quand on mesure près de deux mètres, qu’on pèse cent kilos, et qu’un enfant se moque de vous ? Et puis il ne connaissait personne. Ses coéquipiers n’étaient pas là, aucun d’entre eux. Cela voulait dire qu’il avait mal interprété l’invitation reçue par le biais du club et qu’il se montrait stupide, une fois de plus. Il errait parmi la foule, dépassant d’une tête ou plus la masse des invités autour de lui, comme une girafe au milieu d’un troupeau de gnous, pensa-t-il.
C’est cette foule qui effrayait Bénédicte. La jeune femme se savait invisible, minuscule, oubliée. Un jour, une foule semblable la piétinerait et personne ne se rendrait compte qu’elle avait disparu. Le sentiment d’être insignifiante était ancré si fort en elle qu’elle ne se donnait même plus la peine de se le prouver. D’ailleurs, ses collègues de la bibliothèque étaient toutes présentes et elle était seule au milieu des gens, ne voyant rien parce qu’elle était trop petite, ne sachant pas quoi faire. Avant de partir et d’aller se terrer dans son studio, elle souhaitait tout de même boire un verre de mousseux et manger un ou deux petits feuilletés, mais depuis que la mairesse avait déclaré le buffet ouvert, elle ne parvenait pas à y accéder. Il y avait juste devant elle un colosse qui lui bouchait toute la vue.
Elle avait pensé tout haut et elle fut étonnée quand le colosse se retourna et lui adressa la parole.
Et Antoine, soulagé d’avoir enfin une raison d’être là, fendit la foule comme un paquebot, faisant les deux pas nécessaires pour se trouver devant une pyramide de verres pleins de Crémant. Il en prit deux, les leva au-dessus de sa tête et fit demi-tour, les gens s’écartant autour de lui comme un banc de poissons devant une baleine. Lorsqu’il se retrouva à son point de départ, il eut un instant d’inquiétude, car il ne se souvenait pas bien de cette jeune femme à qui il avait parlé, mais il fut rassuré de la retrouver là, devant lui, toute petite, le regardant de ses grands yeux clairs.
Elle le remercia et ils burent leur verre en silence au milieu du brouhaha hystérique déclenché par l’arrivée du Père Noël.
Bénédicte accepta en silence, observant attentivement cet être si différent de tout ce qu’elle avait connu jusque-là. Ce garçon avait l’air empoté et stupide, mais il l’avait remarqué et il méritait donc un peu d’attention. Elle le suivit à travers la salle et personne ne se mit en travers de leur chemin, si bien qu’ils se retrouvèrent sur la place quelques instants plus tard. Ils firent quelques pas puis s’arrêtèrent pour se tourner l’un vers l’autre. Antoine se taisait, attendant comme un vieux chien que sa jolie rencontre le congédie. Quant à Bénédicte, elle fut un peu agacée de ce manque d’initiative et elle lui dit sèchement « Au revoir ».
Même si la soirée était peu avancée, il faisait nuit et Antoine tenta le tout pour le tout :
Il n’avait jamais fait ça auparavant, autant d’audace, il était à la limite de l’arrêt cardiaque. Bénédicte le regarda à nouveau avec intensité, surprise de cet intérêt manifeste pour sa personne. Elle sourit légèrement et Antoine ne savait pas si elle se moquait de sa gaucherie ou si elle le trouvait… Oh, comment le trouvait-elle ?
Ils marchèrent en silence, Antoine regardant ses pieds, n’osant pas la dévisager et Bénédicte le fixant régulièrement pour essayer de comprendre ce que faisait ce géant à ses côtés. Ils arrivèrent ainsi très vite devant la porte de son immeuble. Elle s’arrêta pour qu’il comprenne que la promenade était finie. Peut-être allait-il dire quelque chose ? Mais non, il semblait attendre.
Pour tous les deux, la nuit fut longue et agitée. Antoine, allongé sur son lit, revivait encore et encore chaque instant de leur rencontre et tentait de comprendre ce qu’il aurait dû dire ou faire pour que cela se passe mieux. Il savait bien qu’il avait été nul, mais comment être autrement que soi-même ? Il aurait peut-être fallu qu’il soit ivre. Il se répétait également tout ce qu’il savait de cette jeune femme, c’est-à-dire, pas grand-chose : « elle est petite, elle a les cheveux assez courts, ça lui va bien, elle a des yeux pleins de vie, mais je ne sais pas de quelle couleur, elle choisit des vêtements colorés qui la rendent sympathique, elle travaille à la bibliothèque, elle a de la repartie, elle dit les choses franchement, je ne vois rien dans ce portrait qui pourrait faire qu’elle s’attache à moi. » Et il soupirait, et il recommençait depuis le début.
Bénédicte, écroulée sur son canapé devant la télé où des images sans son défilaient sans qu’elle les regarde, se focalisait sur sa dernière phrase, sur cette stupidité qui lui était venue. Non, elle n’était pas lesbienne… ni hétérosexuelle non plus, d’ailleurs. Elle était seule, simplement désespérément seule. Et pour une fois qu’une personne semblait s’intéresser à elle, elle le chassait irrémédiablement. Pourtant, elle savait bien pourquoi elle avait inventé ce mensonge. La passivité et la timidité de ce garçon l’avaient exaspérée. Il n’était certainement pas le prince charmant qu’elle s’inventait dans ses rêves.
Mais si elle l’avait fait monter pour un dernier verre, comme font les gens dans les romans, si elle l’avait déshabillé lentement en lui murmurant des mots cochons à l’oreille, il se serait certainement laissé faire et il serait maintenant nu contre elle. Elle pourrait enfin jouer avec une grosse bite bien dure. Elle l’imaginait grosse en tout cas, elle avait mis la main dans sa culotte et se caressait en imaginant Antoine en amant. Elle jouit, plus vite et plus fort que d’habitude, mais dès qu’elle eut fini, elle retomba dans l’abattement le plus complet. Elle avait laissé passer sa chance. Quelle idiote elle était !
Après cette mauvaise nuit, Bénédicte se leva tard. C’était heureusement dimanche et elle pouvait en profiter pour ne rien faire. Elle traîna longtemps dans son lit, regardant plus qu’elle le lisait un magazine féminin en buvant du thé. Puis elle fit un peu de ménage. Puis elle se laissa tomber sur le canapé et regarda une série idiote sur Netflix. Finalement, vers quatorze heures, elle décida de prendre un peu l’air et de trouver quelque chose qui se mange. Elle n’avait pas du tout envie de cuisiner.
La surprise l’attendait devant chez elle. Quand elle passa la porte, elle vit tout de suite l’armoire à glace de la veille qui l’attendait sur le trottoir d’en face. Elle marqua un instant de surprise, fut presque effrayée puis, devant l’air inquiet du jeune homme, elle se rassura et traversa la rue.
Ils se mirent en route, lentement, sans se regarder. Ils formaient un couple bien étrange, lui aussi grand qu’elle était petite, aussi fort qu’elle semblait fragile et pourtant, elle avait un air décidé alors qu’il semblait si perpétuellement indécis.
Ils étaient arrivés sur la place centrale de la ville et un petit kiosque était ouvert. Bénédicte pensait à ses mensonges en attendant. Elle n’avait pas vraiment d’amies et sa sœur était la seule personne au monde à l’appeler Béné, elle n’aimait pas beaucoup sa sœur et ne la voyait jamais. Antoine entra dans le kiosque et ressortit rapidement avec un bouquet de fleurs mal enveloppé qu’il tendit maladroitement à Bénédicte.
Antoine dit son numéro et la regarda traverser la place. C’était un fiasco, mais il prit plaisir à voir sa petite silhouette s’éloigner, ses fleurs à la main. Il pouvait encore imaginer un instant qu’il la prenait dans ses bras. Elle était toute petite, mais elle avait des fesses bien rondes. Il allait pouvoir rêver d’elle encore cette nuit.
Le mardi, alors qu’il était au travail, il reçut un SMS d’un numéro inconnu.
Cinéma Eden. Séance de 20 h 30 demain soir. Sans fleurs.
Bénédicte avait essayé de reprendre sa vie de solitaire comme si rien ne s’était passé durant le week-end, mais les fleurs la regardaient depuis leur vase et la pizza surgelée du lundi soir lui resta sur l’estomac. Mais elle ne se décida que le mardi matin en découvrant le programme du cinéma. Il y avait un cycle Fellini à l’Eden et elle adorait ce réalisateur. L’idée de revoir un de ses films, seule dans la salle obscure, la déprima profondément. En même temps, ce gros Antoine était un idiot et n’allait rien comprendre. Tant pis, elle pourrait toujours s’amuser un peu en se moquant de lui, et peut-être lui soutirer un ou deux compliments réconfortants.
Le mercredi soir, Antoine était devant le cinéma longtemps à l’avance. Il avait pris une douche, s’était changé. Il avait mis son seul costume et sa seule cravate puis il s’était regardé dans la glace et avait tout enlevé. Un gros paysan endimanché, voilà de quoi il avait l’air, ridicule, une fois de plus. Il mit donc son jean habituel, bien qu’il fasse des poches aux genoux et qu’il soit un peu court et un pull en laine que sa mère lui avait tricoté. Il se regarda à nouveau dans le miroir, se reconnut et en resta là.
Bénédicte avait aussi passé du temps dans la salle de bains et dans son dressing. Le résultat final ne lui convenait pas, mais il était vingt heures et trop tard pour recommencer. Quoi qu’il en soit, elle n’allait pas à un rendez-vous amoureux, cela n’avait donc pas d’importance. Mais elle se sentait mal à l’aise avec le rouge à lèvres, le vernis à ongles, le soutien-gorge à balconnets et la minijupe. Elle avait tout cela chez elle, au cas où, mais c’était des vêtements et accessoires qu’elle n’avait jamais utilisés. Elle avait même hésité à mettre des bas – des bas ! – mais elle s’était reprise et avait enfilé des collants en laine, jaunes comme le chemisier, la minijupe était rouge. Ses yeux étaient toujours aussi bleus, mais personne ne s’en apercevait jamais. Même Antoine ne l’avait jamais regardée dans les yeux. Peut-être d’ailleurs qu’elle ne le lui aurait pas permis.
Ils se retrouvèrent devant l’entrée. Elle l’avait vu de loin qui dépassait les gens d’une tête et qui faisait les cent pas en attendant et dès qu’elle l’eut rejoint, la gêne recommença. Il hésita à la saluer, poignée de main ou bise. Finalement, il se pencha pour l’embrasser, mais elle eut l’impression que tout le monde les regardait et les trouvait ridicules, le géant et la naine alors elle recula et il se retrouva penché sur rien tandis qu’elle lui tournait le dos pour regarder les affiches de film, comme si elle ne le connaissait pas. Antoine paya les entrées et elle ne le remercia pas parce qu’elle regrettait de ne pas être seule comme d’habitude pour savourer un film.
Antoine ne répondit pas. Il ne parlait pas beaucoup en règle générale, mais avec Bénédicte c’était une catastrophe. Il aurait voulu s’exprimer et rien ne sortait. De plus, la plupart du temps, elle le choquait, le surprenait ; il avait toujours un temps de retard. Pourtant, il était tout de même bien avec elle, content, presque fier de s’asseoir à côté d’elle dans cette salle obscure. La jeune femme posa sa main sur l’accoudoir et Antoine se posa la question de poser sa main par-dessus. Il en avait terriblement envie, mais il ne le fit pas.
Le film, « Huit et demi », le surprit également. Ce n’était pas le genre de spectacle auquel il était habitué, il trouvait le propos décousu et avait du mal à suivre. Et Bénédicte faisait son possible pour accentuer son malaise. Heureusement, il pouvait rougir dans le noir sans en avoir honte.
Pourtant, Bénédicte se sentait méchante et bête. Elle aurait voulu se blottir contre lui et qu’il passe un bras autour de ses épaules. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de l’asticoter, probablement parce qu’il ne savait pas réagir et qu’elle tentait de voir jusqu’où elle pouvait aller. Plus tard, une fois seule chez elle, elle se sentit écœurée, comme si elle avait mangé trop de choux à la crème.
Vers la fin du film, au comble de l’exaspération, elle lui pinça la cuisse aussi fort qu’elle le pouvait.
Ils sortirent de la salle en silence et commencèrent de marcher côte à côte, allant d’un commun accord en direction de l’appartement de Bénédicte.
Il y eut à nouveau un silence entre eux. Antoine écoutait le bruit des talons de son amie et Bénédicte se rappelait qu’elle avait eu honte quand il avait essayé de lui faire la bise et qu’il ne pourrait jamais y avoir une histoire entre eux.
Après un énième silence, ils arrivèrent devant la porte de Bénédicte.
Lorsqu’il sortit des vestiaires, Antoine essaya de ne pas regarder le public, mais il ne put s’empêcher de chercher Bénédicte des yeux. Il y avait une trentaine de personnes, copains et familles des joueurs, mais la petite bibliothécaire n’était pas parmi eux. Il le savait. Au fond de lui, il aurait considéré comme un miracle qu’elle soit là et qu’elle lui fasse un petit salut de la main avec le sourire, comme la blonde de Romain qui ne manquait pas un match.
Cela ne l’empêcha pas de faire une belle partie. Sur le terrain, le géant était métamorphosé. Là, il comprenait les règles, il savait par avance à quoi s’attendre de la part de ses partenaires et de ses adversaires. Il pouvait anticiper, adapter sa réponse à la situation. Tout était limpide et facile. Troisième ligne centre, il était un élément incontournable de l’équipe. Il plaquait plus qu’à son tour et quand ils avaient la balle, il parvenait toujours à prendre un relais efficace, traversant les lignes adverses avec sa puissance et ne perdant presque jamais le cuir.
Mais surtout, dans les cinq dernières minutes du match, il avait marqué un essai, un magnifique essai qui avait transformé la partie puisqu’après la transformation de Romain, ils avaient gagné. Antoine ne l’avait pas vue, mais Bénédicte était là quand il avait marqué. Quand elle était arrivée, se demandant pourquoi elle était dans les tribunes du stade alors qu’il faisait un froid de canard, la deuxième mi-temps commençait. Elle mit tout d’abord du temps à repérer Antoine, car tous les joueurs étaient grands et forts. Elle constata tout de même que le sien était un des plus gigantesques, impressionnant quand il sautait en touche. Il avait fière allure dans son maillot jaune et noir. Elle remarqua aussi ses cuisses puissantes et poilues et cela la fit frissonner. Si cet homme n’était pas si stupide, les femmes se battraient pour l’avoir. Mais il ne s’intéressait à elle que parce que personne n’en voulait. Peut-être, si elle savait s’occuper de lui, il ferait des progrès et deviendrait un petit ami présentable.
Et puis il y eut l’essai. Elle ne comprenait rien aux règles et s’ennuyait. Elle attendait la fin du match avec impatience quand un gros tas de joueurs se forma près de la ligne d’en-but. Elle s’attendait à ce que l’arbitre siffle – il sifflait tout le temps – quand Antoine émergea du tas de joueurs comme une baleine émerge de la mer avec le ballon sous le bras. Il fit un pas et deux adversaires se jetèrent sur lui, mais il les repoussa du bras tendu et fit encore les trois pas nécessaires avant de s’écrouler comme une montagne derrière la ligne, écrasant le ballon sous lui, avant que l’ensemble des joueurs ne s’écroulent sur lui à leur tour.
Tout le monde criait, sifflait, applaudissait sauf Bénédicte. Elle restait hébétée. Son idiot était en fait un héros. Les coéquipiers d’Antoine le portèrent en triomphe jusque devant la tribune alors qu’il devait bien peser ses cent kilos. Une fanfare se mit à jouer, l’ambiance était incroyable. Il faut dire que l’équipe en jaune et noir venait de remporter un match décisif contre son principal adversaire en championnat. Désormais, la montée était possible et ils étaient champions d’hiver, juste avant la pause.
Quand Antoine ressortit des vestiaires, longtemps après, il s’arrêta au milieu du parking et laissa tomber son sac de sport à ses pieds. Bénédicte était là, toute petite, vêtue d’un anorak de couleur prune et du bonnet assorti, avec un demi-sourire sur les lèvres.
Et soudain, il se retourna vers un groupe qui semblait l’attendre.
Ils firent quelques pas en silence tandis que dans leur dos, les coéquipiers d’Antoine lançaient les plaisanteries habituelles.
L’appartement d’Antoine était minuscule, un petit studio au sixième étage d’un immeuble ancien, sans fenêtres, mal éclairé par deux petits velux, si petit qu’on se demandât comment un si gros homme pouvait y rester. Dès la porte passée, Antoine abandonna Bénédicte sur le petit canapé du petit salon pour passer dans le coin cuisine et préparer du thé.
Quand il revint avec un plateau, une théière et deux mugs, la jeune femme sortait de sa chambre avec un slip à la main.
Il s’assit à côté d’elle et elle faillit être expulsée du canapé par le poids du garçon.
Il s’exécuta et ils burent un peu de thé en silence.
Aussitôt, Antoine s’affaira sur son ordinateur posé dans un coin et la voix de Johnny Cash sortit d’une enceinte posée à côté. Il revint près d’elle, le plus doucement qu’il put.
Leurs visages étaient à quelques centimètres l’un de l’autre. Antoine n’osait pas respirer et Bénédicte sentait une chaleur étrange lui envahir le ventre. Le garçon sortit sa langue et la jeune femme fit de même, l’approchant pour qu’elles se touchent légèrement.
Elle posa sa main sur la nuque d’Antoine et approcha encore son visage du sien. Leurs lèvres se joignirent et elle entrouvrit la bouche pour lui livrer le passage. Ce n’était pas le premier garçon qu’elle embrassait. Elle était vierge, mais elle avait fait quelques tentatives à l’adolescence, d’affreux échecs, des types qui s’étaient moqués d’elle et en avaient choisi une autre quelques jours plus tard. Mais elle savait embrasser, à la différence d’Antoine qui n’avait jamais réussi à passer le cap de la conversation. Ils s’embrassèrent longtemps parce que pour eux comme pour les autres, c’est un moment si agréable, un premier baiser, quand on sait enfin que c’est pour de vrai, quand on constate que le corps de l’autre est encore meilleur que tout ce qu’on avait imaginé, quand on peut enfin fermer les yeux et se laisser aller au plaisir partagé. Bénédicte sentait bon, Antoine sentait sa chaleur à travers ses vêtements et il se mit à bander comme un étalon, au point qu’il s’en inquiéta. Qu’allait-elle dire si elle s’en rendait compte ?
Il ne répondit pas, mais plongea sur elle pour reprendre l’exercice. Bénédicte se laissait aller, elle aussi, mais elle pensait tout de même à la suite. Il attendait tout d’elle, c’était clair maintenant et ils feraient l’amour quand elle le déciderait. Mais cela l’effrayait. Elle aurait voulu un amant d’expérience pour sa première fois et elle avait un gros bébé à qui elle devait tout dire. Aussi, quand ils se séparèrent pour la deuxième fois, elle décida que c’était suffisant pour une première fois.
Ils se quittèrent avec un nouveau baiser sur le pas de la porte. Debout, c’était plus difficile, il devait tant se pencher et elle était presque pendue à son cou. Mais dans cette position, ils sentirent tous les deux leurs poitrines pressées l’une contre l’autre, Antoine affolé par la sensation de ces deux seins moelleux qui s’appuyaient contre lui et Bénédicte impressionnée par ce coffre solide comme un roc contre lequel elle pourrait toujours se blottir.
Antoine, malgré son – osons le mot – handicap, savait bien où ils en étaient. Bénédicte lui avait demandé de prendre l’initiative et cela voulait dire faire ce qu’il faut pour qu’ils fassent l’amour. Il y pensa toute la semaine avec angoisse. À l’atelier, sous la douche, à l’entraînement, il accomplissait tous ses gestes en pilote automatique et ne pensait qu’à une chose : comment oser dire à une femme qu’on voulait coucher avec elle ? Pire : quels gestes faire pour qu’ils finissent nus ensemble ? Il en perdait le sommeil, l’appétit et presque le goût de vivre. Si cette relation avec la jeune bibliothécaire était un échec, il savait qu’il ne s’en remettrait pas.
Bénédicte pensa aussi à lui, à sa manière. Elle se masturba toute la semaine, plusieurs fois par jour. Le mardi, elle arriva en retard au travail parce qu’elle s’était caressée au lieu de se préparer. Elle essayait tous les scénarios, imaginait toutes les positions, et tout l’excitait. Elle aurait voulu qu’Antoine la viole, elle l’aurait voulu esclave, menotté sur son lit, elle s’imaginait baisant avec toute l’équipe de rugby, elle devenait folle. Si elle était toujours vierge dimanche matin, elle savait qu’elle ne s’en remettrait pas.
Le samedi matin, n’en pouvant plus de l’attendre, elle lui envoya un texto :
Je ne peux pas attendre ce soir. Commençons par une balade sur les quais. On ira au marché de Noël et tu me feras un cadeau.
Ils se retrouvèrent à l’entrée du marché de Noël. Antoine voulut l’embrasser et elle se laissa faire. Finalement, il se contenta de ses joues et elle fut déçue. Elle ne pouvait pas compter sur son audace. Alors, sans avoir le temps de réfléchir à son geste, elle le gifla. Une grande claque qui fit du bruit.
Et là, presqu’étouffée au creux des bras de ce colosse plié en deux, elle sentit que c’est ce qu’elle voulait, pour toujours, être là et ne plus avoir à penser. Elle ne regrettait pas sa gifle.
Ils déambulèrent dans le marché, se tenant par la main. Elle commentait ce qu’ils voyaient et il acquiesçait, hochait la tête. Elle essaya des boucles d’oreilles et il voulut les acheter, mais elle refusa. Elle regarda des pulls en laine de lama et il voulut en acheter un mais elle refusa. Finalement, dans un petit stand, elle trouva des sels de bain appelés : intimité, et sous-titrés « pour couple ».
Ils commençaient à revenir vers l’appartement de Bénédicte, le long du fleuve. Ils se tenaient toujours la main et le rugbyman était toujours aussi peu bavard.
Le fleuve s’écoulait, noir et glacé, dans le soir qui tombait. Bénédicte ne savait pas pourquoi elle avait dit ça, l’énervement, la frustration, la sensation de ne pas être celle qu’il fallait pour cet homme bon et simple. C’était une impulsion, comme la gifle, une stupide impulsion qu’elle regretta aussitôt, car Antoine lâcha sa main et sauta dans l’eau sans rien ajouter. La jeune femme pensa que son cœur allait lâcher tant elle eut peur. Antoine disparut un instant, puis réapparut, sans son bonnet qui flottait à côté de lui.
Il se mit à nager tranquillement vers une descente pour bateaux un peu plus loin. Elle le suivait sur le bord en s’agitant et en criant. Quand il arriva à l’endroit où il avait pied, il se redressa lentement. Elle essaya de l’aider, mais elle se mouillait les pieds et ne servait à rien.
Elle lui avait pris la main et le tirait le long du trottoir, comme une souris qui tenterait de tirer une locomotive.
Arrivée chez elle, elle lui interdit d’entrer dégoulinant sur le parquet et le somma de se déshabiller dans l’entrée, ce qu’il fit tandis qu’elle le regardait avec culpabilité, désir et agacement. Elle était si énervée qu’elle ne savait plus comment se comporter. Antoine se retrouva en slip, attendant de nouvelles consignes.
Le géant s’exécuta. Son sexe était ratatiné par le froid, mais Bénédicte le trouva beau, aussi puissant que lorsqu’il avait marqué un essai et elle eut chaud partout. Pourtant, elle avait la détestable impression d’être le vilain petit canard, celle qui n’était pas à sa place dans cette histoire. Il aurait fallu une fille gentille et jolie pour s’occuper de lui et elle n’était qu’une petite grosse méchante. Peut-être pouvait-elle en profiter encore un peu avant qu’il ne s’en rende compte, mais elle n’était pas sûre.
Bénédicte rougit, mais ne répondit pas. La réaction d’Antoine était ce qu’elle espérait et redoutait à la fois. Elle suivit son ami dans la salle de bains, ne sachant plus ce qu’elle devait dire ou faire.
La jeune femme prit son temps, enlevant ses vêtements l’un après l’autre. Comme elle était frileuse, elle portait de nombreuses couches, mais elle finit par se retrouver en culotte et soutien-gorge, indécise devant un Antoine souriant et nu.
Antoine ne répondit pas, mais il rougit quand il eut les petits seins de Bénédicte sous les yeux. C’était beaucoup plus excitant que ce qu’il avait imaginé, le corps d’une femme. Dès que son amie bougeait, ses seins se trémoussaient dans tous les sens, et les tétons roses étaient gros et durs. Il commençait juste à s’habituer quand elle fit glisser la culotte le long de ses jambes. Elle avait des cuisses charnues et blanches et une touffe sombre en forme de triangle au-dessus. Il avait déjà vu des magazines avec des femmes nues, mais cela n’avait rien à voir. C’était impossible de rester stoïque devant un tel spectacle.
Antoine bandait. Son engin n’était plus un petit sexe ratatiné, mais un pieu de chair, courbe et rougeâtre, le gland découvert. La jeune femme en avait déjà vu dans des vidéos, mais c’était autre chose en vrai. Cela l’attirait et la terrifiait. Mais Antoine ne lui laissa pas le temps de mettre ses sentiments au clair. Il lui prit la main et l’attira dans le bac de douche. Il passa un bras autour d’elle et doucement, comme si elle était un œuf, il la serra contre lui. De son autre main, il ouvrit l’eau chaude et la fit couler sur leur tête.
Bénédicte ferma les yeux. Elle se rappela une scène qu’elle avait imaginée pendant la semaine. Elle était en train de la vivre. Elle posa sa tête contre la poitrine dure du garçon et se laissa aller. L’eau était très chaude, c’était agréable. Puis elle sentit la main d’Antoine glisser le long de son dos et finalement, son énorme main empoigna une fesse et se mit à la pétrir. Antoine ne savait plus ce qui était bien, mais il se contentait de suivre ses envies et il avait envie d’empaumer cette fesse depuis le premier jour.
Pour la petite bibliothécaire, le plaisir et la terreur se mêlaient toujours. Elle pensa qu’elle devait reprendre le contrôle et ne pas se laisser engloutir dans des actions dont elle ne savait pas comment cela pouvait finir. Elle avait toujours voulu tout contrôler dans sa vie, elle n’allait pas changer maintenant.
Elle prit du gel douche dans ses mains et parcourut lentement le corps d’Antoine en le savonnant. Il s’était appuyé contre la paroi carrelée et avait fermé les yeux. Très vite, Bénédicte se focalisa sur le membre de son homme. C’est ce qu’elle se disait dans sa tête : « c’est mon homme » et elle frissonnait. Elle lui savonna le mandrin, fit coulisser ce qui pouvait coulisser, tâta les testicules. « Bon Dieu, se disait-elle, j’ai ses couilles dans les mains ». Cela dura un temps qui leur sembla à tous deux infini.
Bénédicte avait envie d’aller plus loin, mais elle ne savait pas du tout comment s’y prendre. Pouvait-elle se laisser pénétrer par ce truc énorme ? Ce serait, à coup sûr, affreusement douloureux, elle était certainement trop étroite, trop petite pour un phénomène comme ce rugbyman qui venait de sauter dans le fleuve glacé pour lui faire plaisir. Tout à ses pensées, elle ne se rendit pas compte qu’elle accélérait ses gestes et que sa petite main savonneuse coulissait sur la queue d’Antoine de plus en plus vite.
Mais c’était trop tard. De grandes giclées de sperme jaillirent de son gland, les unes après les autres, sur la main de Bénédicte, sur son ventre, partout. La jeune femme avait l’impression que cela ne s’arrêterait jamais. Elle ne savait pas si elle devait continuer à le caresser ou si c’était fini. Mais surtout, elle ressentait une intense frustration. Il avait joui et elle n’avait rien eu. Elle avait voulu prendre les choses en main, mais dans ce domaine, elle était si ignorante qu’elle avait tout fait de travers. Finalement, les larmes aux yeux, elle lâcha la bite qui ramollissait déjà et sortit rapidement de la douche.
Pour Antoine aussi, c’était une catastrophe. Il n’avait pas pu se retenir, il s’était laissé aller et maintenant, il avait la terrible impression de s’être mal conduit. Il nettoya minutieusement le bac de douche et se sécha avec une serviette qui pendait à côté du lavabo. Dans le miroir, il vit un gros idiot ébouriffé à l’air terrorisé. Comment allait-il pouvoir sortir de cette salle de bains et se présenter devant elle ? Il tenta d’enrouler la serviette autour de sa taille, mais elle n’était pas très grande et ne le couvrait pas vraiment. De plus, comme il était plutôt maladroit, elle tombait au sol au premier mouvement. Découragé, il s’assit par terre et se mit la tête dans les mains.
Quand Antoine entra finalement dans la cuisine, Bénédicte était debout, appuyée contre le plan de travail, enveloppée dans un peignoir trop grand et les cheveux encore mouillés et emmêlés, l’air misérable. Lui avait finalement réussi à coincer la serviette autour de sa taille avec une pince à linge. Elle le trouva très beau, aussi massif qu’une montagne, mais sans graisse, tout en muscles.
Tout en parlant, Antoine s’était approché de son amie. Quand il fut assez près, il dénoua la ceinture du peignoir qui s’ouvrit. Il se mit à genoux devant elle.
Elle n’avait pas fini sa phrase qu’il se relevait, la soulevait en la prenant par la taille sans plus d’efforts que si elle avait été un ballon de rugby, chercha où la poser et l’installa sur la table, car les plans de travail étaient encombrés.
Ainsi installés, Bénédicte presqu’allongée sur la vieille table en bois que lui avait donnée sa grand-mère et Antoine à genoux à ses pieds, le visage du jeune homme arrivait bien au-dessus du niveau de la table entre ses cuisses qu’elle venait d’écarter.
Bénédicte se laissa tomber en arrière, complètement couchée sur la table. Tandis qu’elle sentait les gros doigts de son amant s’insinuer en elle, elle regardait le plafond et pensait que cette scène-là, elle n’aurait jamais pu l’imaginer.
La petite bibliothécaire ferma les yeux. Elle sentait les doigts d’Antoine parcourir sa fente, elle imaginait sentir son souffle sur ses muqueuses et puis soudain, un doigt trouva ce qu’il cherchait, cela lui fit comme une décharge électrique. Il l’effleurait à peine et c’était déjà presque trop.
Le garçon la caressait très doucement, avec une application d’étudiant en biologie puis soudain, se rappelant qu’il avait décidé de faire ce dont il avait envie, son visage était si près, il sortit sa grosse langue de chien et commença à la lécher.
Il reprit son exploration avec la langue. Il trouvait qu’elle avait bon goût. Il léchait du bas de la fente jusqu’au petit bouton qu’il frottait un petit coup avant de recommencer au point de départ. Il n’aurait pas imaginé que cela puisse être aussi bon d’être là, à genoux dans une cuisine en train de lécher une femme entre ses cuisses. Décidément, le sexe était vraiment une activité incroyable. Si Bénédicte voulait, il pourrait la lécher ainsi pendant des heures, tous les jours, il ne s’ennuierait jamais.
La jeune femme n’avait jamais joui comme ça. Elle était déjà au bord de l’orgasme, c’est la lenteur et la méticulosité d’Antoine qui la rendait folle. Elle aurait voulu qu’il accélère et c’est ce qu’elle faisait avec son doigt d’habitude, son seul but étant l’extase qu’elle ne pouvait atteindre qu’en se manipulant de plus en plus vite mais là, le plaisir montait graduellement et elle atteignait des sommets qu’elle ne connaissait pas alors que le rythme des coups de langue ne variait pas, elle pouvait anticiper le moment où il allait décoller son clito et le titiller du bout de la langue avant de recommencer.
Bénédicte mouillait tellement qu’Antoine avait le visage trempé. Un instant, il pensa s’arrêter pour s’essuyer un peu, mais il sentit que ce n’était pas le moment. Il n’avait agi que pour suivre son désir, mais il voyait bien que cela fonctionnait et qu’elle aimait ça, à ses gémissements et au flot de mouille qui s’écoulait d’elle.
Il continua donc, écoutant le rythme des gémissements de son amie pour adapter sa vitesse, s’attendant à tout instant à un nouvel ordre qui n’arrivait pas. Elle ne demandait plus rien, elle était perdue dans son plaisir qui montait tant que soudain, ce fut trop, un sommet jamais atteint, un plaisir si fort qu’il en était douloureux. Il fallait qu’il arrête et elle ne pouvait plus parler, alors elle hurla et elle lui coinça la tête avec ses cuisses, de toutes ses forces.
Dans les mêlées, Antoine avait eu l’habitude d’avoir parfois la tête coincée, mais cela n’avait jamais été aussi agréable. Il savait qu’il avait été bon, il commençait à comprendre les règles du jeu, il décida de continuer à mener la danse puisque Bénédicte semblait enfin prendre du plaisir en sa compagnie. Il se redressa de toute sa hauteur, la serviette restant au sol, et Bénédicte put l’admirer, immense, solide, avec cette énorme queue qui l’attirait et lui faisait peur. Sans hésiter, la prenant d’une main, il l’approcha de l’entrée de la grotte miraculeuse.
Peut-être ne l’écoutait-il même pas. En tout cas, il la fourra, doucement mais sûrement, avançant centimètre par centimètre son gros machin dans la petite grotte. Pour Antoine, c’était meilleur encore que tout ce qu’il avait fait jusqu’alors. Il était enfin parvenu au paradis. Voilà pourquoi il avait été conçu une trentaine d’années auparavant, pour cet instant parfait, sa bite au fond de la petite femme qu’il avait choisie ou qui l’avait choisi. Ils s’étaient miraculeusement trouvés, elle avec ce petit fourreau et lui avec son gourdin qui s’emboîtait parfaitement. Quand il fut au fond, bien au fond, avec son ventre contre les poils frisés de Bénédicte, il resta un moment immobile. Il écoutait la jeune femme qui respirait d’une manière chaotique, qui murmurait « On l’a fait, oh oui, on l’a fait ».
Sans bouger à l’intérieur, il caressa son ventre, ses seins, pinça un peu un téton puis il ressortit toujours aussi lentement. « Oh non, reste », continua de marmonner Bénédicte comme si elle parlait toute seule. Une fois dehors, il décida de rentrer à nouveau, d’un seul coup de reins puisque ça coulissait si facilement. Dans une mêlée, au moment de l’introduction du ballon, les huit garçons du pack doivent pousser d’un seul coup, de toutes leurs forces pour tenter de résister à la poussée adverse, et même à faire reculer les adversaires. Le troisième ligne centre, le poste d’Antoine, est celui qui retient toute la mêlée avec la puissance de son dos et de ses jambes. Pour être un bon joueur, il doit avoir un dos particulièrement musclé et puissant. C’était le cas d’Antoine. Aussi, lorsqu’il s’enfonça d’un coup dans sa petite amie, elle eut l’impression formidable qu’on la coupait en deux, et elle ressentit un plaisir inimaginable, reléguant ses exercices masturbatoires au rang de jeux d’enfants. Voilà comment elle voulait être baisée ! Elle ne put pas le dire, car il fallait avant tout qu’elle parvienne à respirer, mais Antoine avait l’air de le savoir, car il continua ce nouveau jeu, rentrant et sortant avec une puissance incomparable. Pour ne pas la perdre, il avait incrusté ses grosses pognes dans les hanches de la jeune femme et elle était comme un jouet entre ses mains. En même temps qu’il la baisait de toutes ses forces, il la faisait aller et venir sur la table, de manière à amplifier le mouvement qui les encastrait l’un dans l’autre.
Et c’est ce qu’il fit. Cela dura longtemps ou quelques minutes, ils ne savaient plus. Leurs corps étaient couverts de sueur, la table, pleine de mouille, et ils forniquaient comme s’ils devaient se dépêcher avant la fin du monde. Bénédicte criait, Antoine respirait bien en rythme, comme à l’entraînement quand on lui demandait un effort intense et de longue durée. Finalement, la jeune femme devint toute molle, dévastée par le plaisir. Elle ne cria plus, elle murmura « Viens, viens » en continu et il obtempéra. De toute façon, il était au bout du rouleau. Il sortit sa bite du merveilleux fourreau, la posa sur le ventre de son amie et balança de grosses rasades de foutre sur sa peau blanche. Il se vida comme s’il allait mourir, comme s’il déversait tout le désir qu’il avait accumulé depuis l’adolescence sur elle. Il grogna un peu, ne dit rien et se laissa tomber comme une masse sur la jeune femme, car ses jambes ne le portaient plus.
Il était lourd, extrêmement lourd, mais Bénédicte ne se plaignit pas. Elle le garda un long moment sur elle, avec le sperme qui commençait à les coller l’un à l’autre. Elle lui caressait les cheveux doucement.
Le dimanche en fin d’après-midi, les deux amants étaient encore au lit. Ils ne l’avaient pas quitté, sauf pour de brèves incursions à la cuisine. Ils avaient forniqué un nombre incalculable de fois et ils étaient épuisés, vautrés, nus en travers du lit, silencieux. Le soleil de décembre éclairait encore d’une lumière orangée le corps de la petite bibliothécaire. Antoine la regardait.