n° 21502 | Fiche technique | 12345 caractères | 12345 1967 Temps de lecture estimé : 8 mn |
03/02/23 |
Résumé: Il y avait le joueur de flute de Hamelin, il y aura le joueur de flutiau du Puy en Velu. | ||||
Critères: nonéro délire humour | ||||
Auteur : radagast Envoi mini-message |
Concours : Mythomane |
La jolie secrétaire, blonde et court vêtue, toqua à la porte du bureau de son employeur, Ursule Fureux, de son état président de la communauté de communes de Styr sur la Nouye, dans le département de la Haute-Loire, près du Puy en Velu.
Ursule Fureux accumulait les mandats de conseiller régional, de président du conseil départemental, siégeait aussi dans divers organismes comme le syndicat des eaux, ainsi que le Conseil d’Union Laitière, visant à promouvoir les produits laitiers de la région en les rassemblant sous une même appellation et dont le slogan était Faites votre beurre avec le CUL.
Ursule changea brusquement de physionomie et fit un grand sourire à la nouvelle arrivante. Alba Trosse égayait les journées de l’élu. Ce quinquagénaire bedonnant ne se serait pas permis un geste ou une parole déplacée, il ne tenait pas à se retrouver accusé de harcèlement, certains de ses amis s’étant retrouvés en fâcheuse posture suite à de sombres accusations, qui, il fallait l’avouer, étaient souvent fondées.
De plus, il était toujours amoureux de madame Fureux… de madame et aussi de sa conséquente fortune.
Mais il ne lui déplaisait pas de reluquer le joli brin de fille qui traversait son bureau. Alba était non seulement jolie, mais surtout compétente.
Comme disait Saint-Thomas d’Aquin, ce n’est pas parce que tu es au régime que tu ne peux pas consulter le menu.
Et la jolie Alba sortit en tortillant du fion.
Le canton de Styr sur la Nouye n’attirait guère les touristes, peut-être que ce monsieur Tétique aurait des choses intéressantes à proposer. Ça ne coûtait rien de l’écouter.
****
Trois jours plus tard, un homme se présenta devant la secrétaire.
Après un bref appel à son patron, elle emmena le mystérieux personnage jusqu’au bureau d’Ursule.
Le dénommé Didier Tétique serra la main de son vis-à-vis. Une poignée de main ferme et franche comme les aimait Ursule.
Donner du Président ne mangeait pas de pain et en même temps caressait l’interlocuteur dans le sens du poil.
Ursule Fureux détailla son visiteur tandis qu’il prenait place dans un fauteuil face au bureau. Une quarantaine d’années, les cheveux châtains et courts, avec un début de calvitie sur les tempes. Taille moyenne, dans les un mètres soixante-quinze, corpulence moyenne, bien que l’on sentait que l’homme s’entretenait, pas de bedon en préparation comme celui d’Ursule. Nez normal, menton volontaire et un regard bleu pénétrant sous des sourcils broussailleux. Le tout revêtu d’un costume de bonne facture, sans ostentation.
Alors que la secrétaire amenait la boisson fumante, Didier Tétique entama la conversation.
Le sourire de son interlocuteur illumina la pièce.
Le regard du sieur Didier Tétique brillait tel celui des prophètes annonçant la venue du Rédempteur.
Didier Tétique dégageait une énergie apte à déplacer des montagnes. Le président convoqua sur-le-champ tout le conseil départemental, les différents élus des communes concernées ainsi que les CCI, les Offices de Tourisme, et même l’évêque.
****
Il se présenta tout d’abord, passant vite fait sur ses diplômes d’architecture, options parcs de loisirs, tous obtenus dans de grandes universités étrangères : Thimphou, Vientiane, Bandan Seri Begawan. Puis ses emplois dans de grands parcs d’attractions à Managua, Kanggye.
Ses interlocuteurs buvaient ses paroles, bien que ne sachant pas très bien où situer ces localités.
Puis il narra l’ancienne splendeur de Styr sur la Nouye, il rappela ses grandes foires, sa fabrique de meubles de qualité, les célèbres Meubles Kikélà, la savonnerie Salustre, ses hôtels et restaurants de qualité. Puis le lent déclin, Styr tombait lentement dans l’oubli, malgré la bonne volonté et le dévouement de ses élus et édiles.
Certains versaient une larme, d’autres se rappelaient le bon vieux temps, monsieur Tétique jouait sur la nostalgie.
Il dévoila son projet.
Un grand parc, avec chapelle où Sainte Amalberge pourrait entendre les prières de ses ouailles. Où des familles pourraient s’amuser sur des manèges dédiés, se restaurer et faire une multitude d’activités ludiques.
Certains de ses interlocuteurs émirent quelques objections. Pour construire un tel parc, il faut des permis de construire, des milliers d’études d’impact, et surtout trouver le financement et cerise sur le gâteau, trouver l’emplacement, et sans détruire l’environnement.
Imaginez maintenant le nombre d’emplois créés pour édifier ce parc, en assurer la gestion et la maintenance, sans compter l’impact sur l’activité économique de la région.
Pour s’attirer les faveurs des associations écologistes, il insista sur le nombre d’arbres plantés sur cette surface de quarante hectares, les insectes et oiseaux qui seraient attirés par cette verdure.
Ursule Fureux voyait, lui, les électeurs arriver en rangs serrés devant les urnes, les restaurateurs et hôteliers imaginaient déjà afficher complet et refuser du monde.
Même l’évêque se voyait reçu en audience par le pape et bénir des hordes de pèlerins.
ooOOoo
Emballés par le projet, des entrepreneurs de BTP se lancèrent tête baissée dans les travaux, amenant pelleteuses et grues, démontant les anciennes installations et édifiant les nouvelles, sans même attendre les fonds promis. Car comme le disait Didier Tétique, on va pas attendre que la Commission européenne se bouge le fion.
Tout le monde se lançait dans l’aventure à la suite de celui que toute la population appelait Monsieur Didier. Il fallait le voir arpenter le chantier, ses plans à la main, pointant du doigt telle zone ou telle autre, comme un général d’empire commandait ses troupes.
Les différents édifices commençaient même à sortir de terre. La chapelle, des boutiques de souvenirs, des restaurants, les fondations du futur Grand Huit, tout semblait rouler parfaitement.
Seule ombre au tableau, certaines rumeurs commençaient à circuler. Des fournisseurs se plaignaient de ne voir aucun règlement arriver. Mais les édiles, au fait de tous les méandres administratifs, se voulaient rassurants.
Puis un jour, les gendarmes débarquèrent sur le chantier et passèrent les menottes au sieur Tétique, au grand effarement de tous les interlocuteurs.
Les habitants et élus de Styr sur la Nouye étaient effondrés. Le capitaine de gendarmerie, insensible au désarroi de ses interlocuteurs, continuait ses explications.
ooOOoo
Ursule convoqua illico une assemblée générale avec le capitaine Delambre en invité exceptionnel. Ce dernier narra le parcours du fameux Didier Tétique.
Le brouhaha cessa et la conversation reprit.
Chacun de faire silence et de visualiser l’objet déjà installé. Une gigantesque foufoune, parfaitement représentée, ne manquait aucun détail, surtout pas le clitoris, au-dessus duquel brillait en lettres de feu :
Bienvenue à VULVANIA