n° 21516 | Fiche technique | 3187 caractères | 3187 535 Temps de lecture estimé : 3 mn |
06/02/23 |
Présentation: Envie de partager quelques poèmes avec vous… | ||||
Résumé: Quelques poèmes écrits sous le coup de la colère. Ce qui depuis quelques années arrive assez souvent, hélas. | ||||
Critères: #poésie nonéro | ||||
Auteur : Brodsky Envoi mini-message |
Poésie |
Elle baise
Les zombies ont envahi la ville.
Les sans-abri, sans domicile
fixe, errent dans le noir
de nos rues que seul éclaire le désespoir ;
mais ça ne l’empêche pas de baiser…
Les technocrates vendus, pourris,
ont flingué la démocratie.
Sur l’avenue, des barricades
se dressent contre la mascarade.
La presse aux ordres tue de ses mots
quelques consciences armées de lacrymos ;
mais ça ne l’empêche pas de baiser…
Chaque seconde qui passe
nous fait mourir un peu plus
dans un monde empli de crasse
et de financiers qui polluent ;
mais ça ne l’empêche pas de baiser…
C’est tout ce qu’elle peut faire pour oublier tout ça,
Pour ne pas entendre le bruit du chaos
propagé par quelques milliardaires
propriétaires de l’info.
C’est tout ce qu’elle peut faire pour oublier tout ça ;
Alors elle baise, elle baise, elle baise…
avec moi.
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Liberté, mon amour
Liberté, mon amour, ne sois pas indignée ;
Je t’aime encore, vois-tu, malgré le temps qui passe,
Malgré les calomnies des bourgeois dégueulasses :
Toi seule as su garder un goût de vérité.
Ils voudraient te faire taire et te tordre les bras,
Ils ont peur du drapeau noir flottant dans le vent ;
Mais pour toi, mon amour, couteau entre les dents,
Je ressusciterai une makhnovtchtchina.
La vérité n’est pas la vertu des vainqueurs :
Ce sont leurs injustices qui fabriquèrent tes bombes
Et qui creusent encore ces innombrables tombes
Où reposent les corps de ceux qui n’ont plus peur.
La révolte est l’espoir de l’homme qui dit non
À un pouvoir qui veut pour toujours le soumettre ;
Mais tes partisans n’ont pour cri ni dieu ni maître !
Quand leur démocratie pue la poudre à canon.
Anarchie, mon amour, le monde est un jardin
Et nous ferons pousser des fleurs sous le béton
Tandis qu’un peuple uni chantera ta chanson
De sa plus belle voix en se donnant la main :
Makhnovtchtchina, makhnovtchtchina,
Tes drapeaux sont noirs dans le vent ;
Ils sont noirs de notre peine,
Ils sont rouges de notre sang…
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Ceux qui ne sont rien
J’ai un couteau entre les dents ;
Le matin, je mange des enfants,
Je bois du sang capitaliste
Dans un grand bol : j’suis anarchiste.
Je colle les évadés fiscaux
Contre un mur ; douze balles dans la peau.
Pas stalinien, collectiviste ;
Mais en un mot, j’suis anarchiste
J’ai une boîte de cigarillos
Que m’a offerte Fidel Castro
Lors de mon voyage à Cuba
Pour un concert de Jean Ferrat.
Avec ma clope et mon Ricard
Je vais provoquer dans les bars
Tous ces salauds d’européistes
Qui votent à droite : j’suis anarchiste.
Notre-Dame de Paris, c’est moi
Qui l’ai brûlée parce que j’aime pas
Les militaires et les curés.
T’en as la preuve : j’ai rien donné.
Quand on m’a dit de faire un don,
J’ai dit « Me prends pas pour un con ;
Je donne au Secours Populaire,
C’est plus utile que pour les pierres. »
Le trou de la sécu, c’est moi.
Celui d’la couche d’ozone, c’est moi.
Il paraît même que ton trou d’balle,
C’est moi aussi. Ça t’a fait mal ?
Quand viendra la révolution
On enverra tous les patrons
Dans des goulags collectivistes,
Bosser avec les communistes.
C’est ma manière de voir, ma façon de penser,
C’est bon, j’arrête ici ou bien tu vas pleurer ;
Je mets mon gilet jaune et rejoins les Gaulois.
Tous « ceux qui ne sont rien » demain feront la loi.