n° 21557 | Fiche technique | 14681 caractères | 14681 2408 Temps de lecture estimé : 10 mn |
20/02/23 |
Résumé: Un homme aux prises avec une obsession trouve le courage de consulter une spécialiste. Ses méthodes pourront-elles l’aider ? | ||||
Critères: fh médical chantage voir fetiche | ||||
Auteur : Aventurine Envoi mini-message |
C’est avec une pointe d’anxiété que j’arrive sur les lieux de mon rendez-vous. La porte à moulures, ornée d’un heurtoir en fer forgé, porte la plaque du spécialiste que je viens consulter : « Elena Binet, sexothérapeute ». J’entre avec un soupir résigné et m’imprègne du lieu quelques instants : un grand vestibule dont les faïences rappellent un échiquier ; des murs d’un bleu délavé ; quelques diplômes encadrés ; à droite, la porte close du cabinet ; à gauche, une salle d’attente vide. Je vais m’installer sur l’une des chaises au design moderne. Parmi les sculptures posées sur l’étagère, je reconnais celle de Rodin, Le Baiser.
Je saisis nonchalamment un magazine sur la table basse en verre et le feuillette distraitement. Tiens… jolie photo sur cette publicité pour un parfum ! Le mannequin porte une robe de soirée rouge et des talons aiguilles. Mon attention se porte sur ses jambes gainées de noir, croisées sur les marches d’un escalier. L’esprit est fourbe… Le mien m’emmène à côté d’elle. Je passe doucement une main sur les jambes douces de la créature et remonte sa robe jusqu’à apercevoir le liseré de son bas… Je jette un regard furtif vers la porte et referme le magazine brusquement. La chaleur familière de l’excitation envahit sournoisement mon bas-ventre et met fin à ma rêverie. Je m’efforce de respirer plus lentement. Ce n’est pas possible, j’ai à peine jeté un œil à cette photo !
J’entends alors une porte qui s’ouvre, quelques salutations et le bruit de talons claquant sur le carrelage.
Je redresse la tête et aperçois quelques mèches rousses qui disparaissent aussitôt de l’embrasure de la porte. Je me lève et suis les effluves d’un parfum vanillé.
Docteure Binet est debout près de l’entrée de son cabinet et m’examine brièvement des pieds à la tête. Serrant un bloc-notes contre sa poitrine, elle porte une jupe noire austère lui arrivant à mi-mollet, un chemisier gris satiné et d’épaisses lunettes écailles.
La docteure passe derrière son bureau d’un pas rapide, martelant le parquet de ses talons aiguilles.
Je m’assieds doucement avec un crissement de cuir, balayant du regard les rangées d’ouvrages multicolores qui menacent de faire ployer sa bibliothèque. Elle place son bloc ouvert devant elle.
Sa voix est cristalline et elle lève vers moi de grands yeux verts interrogateurs en terminant sa question par un sourire encourageant.
En confiance, bien que toujours nerveux, je lui explique mon cas.
Docteure Binet tient son crayon au-dessus de sa page blanche. Elle me jette un regard un peu mutin et ne note rien. Je me sens rougir légèrement et croise les mains devant moi. Maintenant que je suis là, je dois poursuivre… plus possible de faire marche arrière !
Je m’interromps en voyant la docteure me dévisager intensément, la bouche entrouverte et le crayon reposant négligemment sur sa lèvre inférieure.
Une soudaine impression d’en avoir trop dit. Mon esprit a projeté l’illustration de mes propos sur le grand écran de mon imagination : des femmes en bas et robes légères dans une rue bondée, par centaines ; des bas-couture noirs et des talons aiguilles devant moi, portés par une blonde penchée sur le capot d’une voiture ; des bas blancs bordés de dentelle sous le déguisement d’infirmière de ma maîtresse… Mon pantalon me semble encore avoir rétréci au niveau de l’entrejambe.
Docteure Binet, sans un mot, rédige quelques notes. Ce faisant, elle croise lentement les jambes, et surprend mon regard qui se pose alors incidemment sur ses mollets gainés de noir. Je rougis légèrement. Était-ce un piège ?
Pour mon deuxième rendez-vous avec Docteure Binet, ma nervosité n’est pas retombée. J’ignore toujours quel va être le déroulement de ma thérapie. D’autant plus qu’elle ne m’a aucunement laissé entendre que je souffrais d’une pathologie connue.
Je la retrouve assise à son bureau, elle est vêtue d’une tunique blanche à col chinois et d’une jupe écossaise en tweed couvrant ses genoux. Dommage, me dis-je, sa silhouette semble plutôt élégante.
Je note avec une certaine surprise le changement de ton par rapport à la dernière séance, mais me contente de hocher la tête… Satanée timidité ! Dans toute autre situation, j’aurais osé un peu d’humour pour me détendre un peu.
Docteure Binet se lève, retire ses lunettes et les pose devant elle sur un épais classeur. Elle contourne son bureau pour venir s’y asseoir, juste devant moi, et pose ses mains sur le bord en me fixant du regard. Je n’ose détourner les yeux de ses iris verts, sentant la proximité de sa poitrine face à moi. Les effluves de son parfum me parviennent, avec des notes subtiles de vanille.
Pris de court, je ne sais quoi répondre et me redresse légèrement dans mon fauteuil, les mains crispées sur les accoudoirs. Dois-je me sentir flatté par cette attention ou cherche-t-elle encore à me piéger ?
Nonchalamment, la docteure retire ses escarpins et les pousse délicatement du pied sous son bureau. Toujours assise, elle écarte légèrement ses compas et tente de refaire son chignon. N’y parvenant pas, elle finit par détacher ses cheveux, libérant de longues mèches rousses qui tombent en cascade sur ses épaules.
Sans attendre de réponse, elle descend de son bureau et, se plaçant face à moi, me saisit doucement les mains pour m’inviter à me lever. Elle les place sur ses hanches, sans autre préambule. Une vague d’excitation me saisit, initiée par ses mots et le ton de défi de sa voix, au contact de ses mains et de la chaleur de son corps.
Docteure Binet se rapproche encore de moi… Jusqu’à ce que sa poitrine généreuse se presse contre mon torse. Très lentement, elle rapproche son visage du creux de mon cou, ses lèvres effleurent ma peau. J’incline la tête docilement. Elle laisse ses mains parfaitement manucurées reposer sagement sur mes biceps en m’offrant quelques baisers. N’y tenant plus, mes mains commencent à caresser les cuisses de la tentatrice par-dessus sa jupe. Mes lèvres rencontrent les siennes et je me risque à lui rendre ses baisers. Lâchant mes bras, Elena remonte sa jupe délicatement et, sans cesser de m’observer, révèle peu à peu ses cuisses galbées. Le liseré de ses bas est mis à jour, je me sens désarmé. Ce guet-apens affole tous mes sens, le sang afflue dans mon sexe et palpite dans mes tempes. Mes mains reprennent leur ballet sur ces jambes splendides, glissent sur le nylon noir avec délice et font tomber la jupe écossaise au sol.
Elena me rend mes baisers à pleine bouche, mais, comme saisie d’un étrange remords, s’interrompt soudain.
Je contemple ensuite sa poitrine voluptueuse en posant mes paumes sur ses fesses à l’arrondi parfait. Je retire mes mains presque aussitôt et demeure penaud.
Ignorant encore ma supplication, elle se retourne et fait onduler sa crinière d’un balancement sensuel de la tête. Je l’observe avec envie, en bas et sous-vêtements. Elle a posé les mains sur le bureau et se cambre légèrement devant moi. Je presse mon bas-ventre contre le charmant fessier d’Elena, qui soupire à mon contact. Sa culotte glisse sur le parquet et je caresse sa poitrine parée de dentelle, en titille l’extrémité délicatement. L’une de mes mains descend doucement sur son ventre et passe sur son sexe, alors que l’autre écarte doucement sa chevelure rousse pour l’embrasser à la base du cou. Mes doigts rencontrent la moiteur de sa vulve et se faufilent sous son ticket de métro parfaitement dessiné. J’entends ses soupirs s’intensifier, je sens la chaleur de mon membre pleinement déployé et ce parfum qui m’enivre. Je ferme les yeux et me laisse porter par mes sensations. Elena se cambre davantage, offerte devant moi. Je ne peux pas, je ne veux pas résister et mes doigts descendent doucement vers les boutons de mon pantalon. Le piège était parfait.
Je m’exécute et m’installe à ma place habituelle. Pendant qu’elle chausse ses lunettes et saisit son bloc-notes, je jette un coup d’œil furtif au décolleté plongeant de son débardeur. Changement de style vestimentaire, pensai-je, amusé.
Sans autre transition, la thérapeute me fait signe de m’installer sur le divan adossé au mur derrière mon fauteuil. Elle se lève et va baisser légèrement les stores pour obtenir une semi-obscurité plus intime.
Le fameux divan de psy. En cuir capitonné noir, assorti à ses fauteuils. En un flash, je m’y imagine allongé, nu et la tenant fermement par les hanches alors qu’elle me chevauche en faisant onduler sa crinière rousse. Je chasse cette vision déplacée et tente de me reconcentrer.
Elena se rapproche de la chaise placée près du divan, mais ne s’y assied pas. Après un temps d’hésitation à peine perceptible, elle vient s’installer près de moi. Surpris, je ne bouge pas et esquisse un demi-sourire. Je ne peux m’empêcher de regarder son décolleté à la dérobée. Pas de jupe aujourd’hui, mais un simple jean bleu ciel délavé avec ses escarpins. Elle croise les jambes et révèle un bracelet argenté à la cheville droite. Elle laisse alors tomber sa chaussure au sol. Son pied vient effleurer mon mollet et se met à le caresser doucement. Je reste immobile, soudainement envahi d’une sensation de chaleur dans tout le corps.
Je sens son pied flatter mon mollet avec plus d’insistance. À son air perplexe, je me demande si ma réponse lui suffit. Je la complète alors avec plus de franchise.
Un silence de plusieurs secondes s’installe, rompu par le seul bruissement du tissu de mon pantalon. Je baisse les yeux vers ce pied audacieux. Sans réfléchir, je me risque à poser ma main sur la cuisse d’Elena.
Loin d’être déstabilisée, Elena abandonne mon mollet, pose une main sur ma nuque et approche ses lèvres des miennes. Elle m’embrasse avec gourmandise, fait jouer sa langue autour de la mienne. Je ferme les yeux et lui rends ses baisers avec un soupir.
J’interromps mes caresses et hésite. Elena fixe les formes révélatrices de mon pantalon et se mord la lèvre inférieure.
Je ne peux terminer ma phrase. Elena s’est agenouillée gracieusement devant moi et défait habilement les boutons de mon jean. Ses doigts enserrant sa proie, elle la fait disparaître dans sa bouche, me laissant totalement à sa merci.
Elena remet de l’ordre dans ses cheveux, va s’asseoir derrière son bureau et prend quelques notes d’une main tremblante. Encore transi par les spasmes de l’orgasme, je reprends ma place sur le large fauteuil en cuir.
Face à moi, le masque de Docteure Binet, sexothérapeute, a remplacé celui d’Elena, la tentatrice.
À demi rassuré par sa remarque, je la laisse poursuivre :
Après les modalités de règlement et les salutations de rigueur, je m’apprête à sortir du cabinet lorsque Docteure Binet me rappelle dans le vestibule.
Elle me tend ma veste que j’ai laissée sur le dossier de mon fauteuil.
La docteure referme la porte d’entrée et je me dirige lentement vers ma voiture, stationnée de l’autre côté de la rue. L’esprit ailleurs, je cherche mes clés et glisse une main dans la poche intérieure de ma veste. Mes doigts y rencontrent une pièce de tissu roulée en boule. Surpris, je saisis l’objet en jetant un œil au fond de ma poche. Je ne peux réprimer un sourire et lève les yeux vers le bâtiment que je viens de quitter. À travers l’une des fenêtres, j’aperçois une main parfaitement manucurée refermer à la hâte le voilage blanc. Je replace les bas d’Elena au fond de ma poche et monte dans ma voiture. Le piège était parfait.
A Franck. Ne guéris jamais…
Merci aux Éditions Non-31.