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Temps de lecture estimé : 20 mn
25/02/23
Présentation:  Les aventures de Valentine Lemark. Alias Domino. Une double personnalité ? Une folie ordinaire ? Valentine se découvre et cherche à se comprendre…
Résumé:  Valentine Lemark venait de fêter ses vingt-sept printemps. Elle se savait plutôt jolie, sans être d’une réelle beauté. Plus d’une fois, sans qu’elle en comprenne bien le sens, on lui avait dit qu’elle avait un visage de poupée...
Critères:  humilié(e) cérébral voir exhib init
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message

Collection : Domino

Numéro 01
Valentine

Valentine Lemark venait de fêter ses vingt-sept printemps. Elle se savait plutôt jolie, sans être d’une réelle beauté. Plus d’une fois, sans qu’elle en comprenne bien le sens, on lui avait dit qu’elle avait un visage de poupée. Elle n’avait jamais osé demander des explications. Cheveux noirs coupés au carré, tombant aux épaules, une frange droite effleurait ses sourcils naturellement épais. Valentine détestait les sourcils épilés. Parfois, devant un miroir, elle s’amusait à se comparer à une Cléopâtre moderne. De grands yeux gris nuancés de bleu lui mangeaient le visage… Une drôle d’expression que celle-ci, comme si l’on considérait que son regard était affamé de quelque chose.



Un joli nez droit, piqueté de minuscules taches de rousseur, lui donnait, paraît-il, beaucoup de charme. Valentine avait beaucoup entendu sur sa bouche. Une grande bouche sensuelle aux lèvres pleines, qui provoquait apparemment un certain émoi chez les hommes. Valentine Lemark flirtait avec les cent quatre-vingt-dix centimètres, et bien sûr elle pesait bien plus lourd que nombre d’hommes. Un physique qui lui donnait des complexes, pourtant, ses presque quatre-vingts kilogrammes de chair et de muscles étaient parfaitement bien portés… Son corps, modelé par le sport et la danse, était harmonieux et agréable à l’œil. Large d’épaules, elle avait ce qu’elle savait reconnaître comme de beaux seins. Sa poitrine était autant lourde que ferme, et d’une tonicité exemplaire. Ses seins, et peut-être plus encore ses fesses, faisaient beaucoup fantasmer la gente masculine. Tout comme sa bouche. Des atouts disaient certaines de ses connaissances.


D’une grande timidité depuis son enfance, Valentine, devenue adulte, était restée une femme au tempérament calme. Ses rares moments de nervosité l’agaçaient, et plutôt que s’emporter, elle laissait les désagréments glisser sur elle sans réagir. Le sexe, et tout ce qui s’y rapportait, accentuait plus encore cette timidité, jusqu’à la rendre presque maladive. Quant à ses amis, Valentine supportait leurs railleries sur son manque d’entrain pour les amours, sans pourtant oser leur signifier qu’elle en avait plus qu’assez de leurs plaisanteries salaces.




Amours d’un soir



Valentine avait connu quatre hommes, en tout et pour tout. Un fiancé nommé Gwenael, qui l’avait quitté après deux petites années pour d’obscures raisons que la jeune femme n’avait pas vraiment comprises, puis il y avait eu les autres. Ces derniers mois, sans qu’elle sache vraiment pourquoi elle agissait ainsi, la jeune femme avait couché avec trois inconnus de passage. Chaque fois, c’était une décision prise à l’emporte-pièce, qui ne lui ressemblait pas. Ce qui amenait le chiffre de ses conquêtes, à sept.


Valentine ne se souvenait pas même du prénom du premier. Plutôt beau garçon, blond et les yeux bleus, il avait été charmant toute la soirée. Une fois chez lui, il avait presque jeté la jeune femme sur son lit, répétant plusieurs fois qu’elle l’excitait terriblement. Puis, il lui avait demandé de se déshabiller. C’était presque un ordre. Une fois Valentine nue, ce presque inconnu s’était lui-même dévêtu, lui disant qu’elle le faisait bander comme il n’avait jamais bandé. Enfin, il s’était allongé sur elle et l’avait ensuite besognée avec vigueur, sans un mot. Allongée sur le dos, jambes relevées, le creux des genoux reposant sur les avant-bras de l’homme, Valentine avait subitement senti ses tétons se tendre. Son partenaire ahanait, et elle le laissait faire. Puis, la jeune femme avait senti son sexe s’humidifier comme jamais. Elle s’était littéralement laissée couler sur le membre qui la prenait. Une image lui avait traversé l’esprit. Elle se faisait baiser. Pour la première fois de sa vie, Valentine Lemark cria sous un orgasme. Un peu plus tard dans la nuit, il y avait eu une autre étreinte. Son amant l’avait prise, sans rien lui demander. Valentine, alors, jouissait une nouvelle fois en feulant doucement.


Brun de poil, et plutôt beau gosse. Une autre rencontre. La deuxième. Le type avait juste ce qu’il fallait pour plaire : un peu de charme, un peu d’humour, pas idiot et beau garçon. Il avait pris la main de cette si belle créature, et ils avaient quitté le bar. Valentine, une nouvelle fois, avait choisi un endroit où elle n’avait jamais mis les pieds. Une nuit comme trop souvent humide. Une légère bruine lui mouillait le visage, et Val s’était sentie soudain désireuse de se retrouver au chaud. Elle avait demandé à Luc s’il souhaitait boire un verre chez elle. Il avait répondu que oui, mais il s’était collé à Valentine, la poussant lentement contre un mur de pierre froid. Il l’avait embrassée avec brusquerie, et sa main avait relevé son léger pull. La main de l’homme pétrissait son sein gauche sans douceur. Baissant la culotte noire de sa conquête après avoir relevé sa jupe, il avait dit qu’il n’en pouvait plus d’attendre. Il voulait la baiser là, et tout de suite. Luc avait pénétré Valentine d’un coup de rein. Il avait murmuré qu’ensuite, ils iraient chez elle, et qu’il lui ferait l’amour. Valentine avait joui deux fois de suite contre le mur de pierre. Chez elle, Luc l’avait prise à nouveau. Valentine, à quatre pattes sur son lit, s’était surprise à crier « Baise-moi ! », tandis que son amant la prenait. Cette fois, la jeune femme s’était presque affolée d’un orgasme qui ne cessait pas. Son amant d’un soir la baisait avec rudesse et brusquerie. Le plaisir de Valentine perdurait, comme figé. La jeune femme était au bord de la panique. Elle n’arrivait même plus à respirer. L’homme avait collé son bassin à ses fesses et avait lâché un râle rauque. L’homme s’était répandu en elle en la traitant de « Jolie salope », et Val avait senti son ventre se dénouer. Le nœud qui jugulait son orgasme s’était rompu, libérant une coulée de plaisir qui avait trempé ses cuisses et le ventre de l’homme.


Son dernier « Coup d’un soir », comme son amie Marie l’avait appelé, l’avait littéralement surprise. Très beau, aussi grand que Valentine, l’œil de braise et une épaisse tignasse de jais. Oui, Romuald était très beau. Un homme beaucoup plus vieux qu’elle. À sa question, Romuald lui disait qu’il approchait de ses cinquante ans. Ils avaient bu un verre sans presque parler. Puis, ils avaient quitté le bar pour se rendre chez lui. Valentine s’était rendu compte qu’elle avait un comportement tout autre, avec ces hommes de passage, qu’elle ne connaissait pas. Elle se laissait aller sans aucune timidité, aucune gêne, ni aucune honte. Installé dans sa voiture, Romuald avait embrassé Valentine – ses deux précédents amants ne l’avaient pas fait, et elle n’avait rien demandé –, un baiser sans aucune saveur, comme ceux qu’elle avait connus avec Gwenael. Puis, Romuald avait déboutonné sa braguette, et lui avait demandé une fellation. Un acte que les deux autres ne lui avaient pas proposé non plus. Le beau Romuald avait rapidement joui sur le visage de Valentine, sans qu’elle ne puisse rien éviter. Valentine ne l’aurait pas accepté, si elle avait pu deviner ce qui se passerait. Seul, jusqu’ici, Gwenael avait connu ses lèvres.




Romuald



À peine chez lui, Romuald avait pris sa main et avait attiré Val dans sa chambre. Assise sur le lit, elle l’avait regardé se déshabiller sans un mot. Une fois nu, il l’avait débarrassée de son pull, balbutiant quelques compliments sur ses seins nus. Puis, il avait fait glisser sa jupe sur ses cuisses, et enlevé une sage culotte blanche. Valentine avait été basculée sur le lit, quand il lui avait relevé les jambes, l’empoignant sans tendresse par les chevilles. Elle était moite de sueur, et son sexe était plus qu’humide, quand il l’avait pénétrée d’un coup. Romuald la besogna aussitôt, vite et fort, tout en lui pelotant sans douceur les seins. Val avait très vite gémi. L’homme avait mordu un peu durement ses tétons dressés, et Valentine s’était tendue. Ses pointes l’élançaient. Encore, les dents meurtrirent ses seins. La belle brune gémit encore, sous la cuisante brûlure qui la torturait. Puis, elle cria sous un violent orgasme.


Romuald avait paru satisfait de lui, et avait félicité Valentine d’être aussi réceptive. Puis, il avait englouti une demi-bouteille d’eau, sans en proposer à Val, pourtant couverte de sueur. Puis, sans un mot, il lui avait pris une épaule, et elle avait suivi son mouvement. Il désirait qu’elle se retourne. Une position qu’elle détestait avec Gwenael, et qu’elle avait acceptée avec son amant précédent. Une fois qu’elle fut à quatre pattes, Romuald l’avait prise encore et encore, elle avait gémi sous les coups de reins de ce bel inconnu. Et puis, Valentine avait senti quelque chose buter contre son anus, et elle s’était aussitôt contractée. Son amant avait dit quelque chose qu’elle n’avait pas compris, lui claquant une fesse d’une main ferme tout en la prenant plus vite et plus fort. Val avait bougé et lâché un « Non, je ne veux pas » timide. Romuald soupira, et se dit que si elle ne connaissait pas, elle aimerait.



L’homme avait dégagé son membre de son sexe, et Valentine sentit qu’il enfonçait son pouce, forçant sans effort son anus pourtant contracté. Une chose étrange s’était alors passée. Val, exhalant un long soupir, s’était brusquement calmée. Elle se sentait étrangement détendue, alors que pour la première fois, un doigt forçait ses reins.



Valentine n’avait pas osé répondre, étouffée par l’humiliation d’aimer cette petite sodomie. Elle s’était lentement affalée sur le lit, gémissant plus fort. Sentir ce doigt en elle et se concentrer sur cette sensation occultaient presque le fait que Romuald la prenne encore, cette fois plus vigoureusement. La belle brune avait senti une main caresser son sein un instant et descendre sur son ventre. Romuald avait ses doigts sur son pubis, tirant doucement sur les poils courts qui l’habillaient. La jeune femme avait tenté de se retenir, honteuse d’être sodomisée par un doigt, mais elle savait qu’un nouvel orgasme montait au creux de ses reins. Maintenant, son amant toujours en elle ne bougeait plus. Valentine ne se reconnaissait plus. Elle se contenait pour ne pas se laisser aller à bouger sur ce qui lui prenait les fesses. Elle ne pensait plus qu’à ce doigt inquisiteur, qui lui fouillait les entrailles. Dans un élan de dignité bafouée, Val s’était dégagée du membre qui la prenait. Puis, surprise de son audace, elle avait exigé que Romuald retire son doigt de ses fesses. Elle avait parlé d’une voix atone, et pour toute réponse, son amant avait caressé son clitoris, tout en faisant bouger son pouce plus vite et plus fort entre ses fesses.



Valentine avait senti ce maudit pouce quitter son petit trou, avant de s’y replonger profondément. L’homme la sodomisait de son doigt et l’enjoignit à jouir.



Valentine, l’esprit en bataille et les idées en miettes, avait aussitôt joui, se cambrant et s’empalant d’elle-même sur le sexe dur qui se remit aussitôt à aller et venir en elle. Elle avait longuement gémi, puis crié longtemps, perdant son souffle et toute dignité.


Romuald avait passé un long moment à caresser sa maîtresse. Son visage, sa nuque, son ventre. C’était la première fois que Valentine vivait un tel moment. Restés nus, ils s’étaient partagé une assiette de charcuterie, et un sachet de chips. Romuald s’était montré tendre et l’avait longuement complimentée sur sa plastique, pour lui, pratiquement irréprochable.



Val s’était entendue répondre « non », ayant pourtant bien du mal à parler comme à respirer. En fait, elle avait presque crié son refus. Une nouvelle chape de honte l’avait bouleversée, quand elle avait compris qu’il aurait pu le faire un instant auparavant. Juste avant, ou pendant son orgasme, elle n’aurait rien pu faire pour l’en empêcher. Val sentit ses joues prendre feu en se demandant si elle n’aurait pas joui d’être sodomisée.


De nouveau assise sur le lit, Valentine s’appliquait à soulager celui qui lui avait fait tant de bien, de ses lèvres. Romuald avait littéralement dévoré son fruit gorgé des sucs de son désir. Val, maintenant, se rendait compte que pour la première fois elle aimait prendre un sexe en bouche. Un sexe qui n’avait rien de particulier. D’ordinaire, elle évitait même de regarder les membres virils. Mieux encore, elle se rendait parfaitement compte que pour la toute première fois, prodiguer une fellation l’excitait. À genoux aux côtés de son amant, Valentine avait sucé son sexe, attentive à le faire de son mieux. La première claque lui avait brûlé la fesse et la belle brune avait légèrement sursauté, laissant filer un petit cri de surprise. Puis, la main de l’homme avait claqué sur l’autre globe ferme de son derrière.



Une autre claque, plus appuyée cette fois, avait coupé la parole à une Valentine proche de paniquer. Ses fesses la cuisaient doucement, et elle avait le plus grand mal à respirer correctement.



Romuald avait délicieusement fouillé le sexe et l’anus de sa maîtresse de ses doigts, abandonnant parfois ses caresses pour fesser Valentine. La jolie brune avait encore joui, le membre de celui qui l’humiliait en bouche. Puis, quand elle avait compris que Romuald allait jouir, elle avait gardé son sexe entre ses lèvres.



Au tout dernier instant, Val s’était refusée à laisser l’homme jouir dans sa bouche. Elle avait simplement continué sa masturbation, laissant son amant éjaculer dans son cou, et sur ses seins. Ce qu’elle n’aurait jamais pensé faire un jour.


Romuald avait proposé un dernier verre, et Valentine avait refusé poliment. Puis, elle s’était laissé embrasser la joue, avant de quitter l’appartement sans un regard en arrière. L’appartement d’un inconnu, qu’elle ne reverrait jamais…




Réflexions



Sa récente rupture, et le désarroi de Marc avaient échaudé Valentine. Pourtant, elle était consciente d’en être seule responsable. Le sexe ne l’avait jamais vraiment transportée. Et elle en payait la facture, après plus d’une année de relation. Deux relations sérieuses qui l’avaient rendue heureuse. Deux échecs. Et deux hommes s’étaient lassés de sa frigidité.


Gwenael : un peu moins de deux années de vie commune, dont les derniers mois passés en disputes. Gwenael avait presque hurlé qu’il ne pensait pas retrouver une aussi jolie femme qu’elle. Il était réellement amoureux… Fou d’elle, à l’entendre. Mais le gâchis de leur vie sexuelle était devenu insupportable à vivre pour lui. Valentine ne l’avait pas compris. Pour elle, le sexe était secondaire.


Quant à Marc, il supporta sa frigidité un peu plus d’un an et la quitta brusquement un matin. Les deux seuls hommes avec qui elle avait tenté de faire un bout de chemin s’étaient lassés. Tous deux, lui expliquant qu’elle avait tout pour elle, sans pourtant les combler. Le pire étant qu’avec Gwenael, comme avec Marc, tout avait été tenté pour régler son problème. L’un comme l’autre, ils avaient été à l’écoute. Dialogue, communication, efforts de compréhension de part et d’autre… tout avait été tenté, rien n’avait fonctionné. Ivre de colère de ne plus pouvoir supporter cette situation, Marc avait été odieux.



Pourquoi était-elle restée frigide tout ce temps, avec ses deux amants ? Près de deux années avec l’un et près d’un an avec l’autre. Était-ce d’ailleurs de la frigidité ? Val éprouvait souvent une sensation agréable dans leurs ébats. Elle refusait parfois les fellations demandées, et les acceptait toujours sans le moindre entrain. Elle aimait les baisers et les caresses, mais se contentait de supporter les cunnilingus, jusqu’à ce que l’autre se lasse. Valentine avait fini par comprendre que ses amants se sentaient blessés. Jamais, leurs attentions n’apportaient l’orgasme, qu’ils finissaient par s’acharner à tenter de lui offrir. Et plus ils s’acharnaient, plus Valentine se bloquait. Val, pourtant, voyant ses relations se dégrader, n’avait jamais triché. Simuler du plaisir aurait été de la lâcheté, et peut-être plus pénible à vivre que de ne pas en éprouver. Quant à Marc et ses idées de sodomie, elle avait pris sur elle. Elle avait accepté à contrecœur un doigt dans son anus. Si cet acte ne lui avait fait aucun bien, il ne lui avait pas fait mal. Cela l’avait simplement dégoûtée. Elle avait failli quitter Marc quand il était devenu trop insistant.


Aujourd’hui, Valentine Lemark comprenait tout cela. Il était malheureusement trop tard. Certaines de ses amies lui avaient confié qu’elles avaient connu des moments semblables. Toutes avaient été déçues. Rigolardes, moqueuses ou dégoûtées, elles l’avaient fait savoir à leurs partenaires. Aucune n’avait apprécié n’être qu’un corps que l’on utilisait. Valentine, elle, avait crié de plaisir.


Trois nuits. Trois nuits avec des partenaires inconnus quelques heures plus tôt. Des inconnus qui ne lui plaisaient pas plus que cela. Des hommes qu’elle n’aurait pas regardés en journée. Le premier l’avait baisée sans même se préoccuper de ses propres envies. Ce comportement, qu’elle n’aurait pas supporté avec Gwenael ou Marc, lui avait pourtant apporté deux orgasmes violents. Le deuxième l’avait lui aussi baisée, debout contre un mur. Elle avait joui sous une pluie fine et froide. Il l’avait baisée sans le moindre égard pour sa personne. Elle avait pourtant joui. Chez lui, elle lui avait crié de la baiser encore. Val se souvenait de son angoisse sous un plaisir presque douloureux qui ne se décidait pas à aboutir. Son amant l’avait traitée de « salope », et son orgasme s’était décidé à exploser. Tout comme si, il n’attendait que cela.


Avec le dernier, Valentine avait été totalement humiliée. Malgré sa gentillesse, ce Romuald ne s’était pas intéressé à elle. Cette gentillesse était peut-être plus hypocrite encore que les comportements des deux autres. Val n’avait été qu’un bibelot qu’il s’offrait. Un bibelot qu’il avait envie de s’offrir. Puis, il lui avait fait mal. Certes, il ne l’avait pas torturée, mais son indélicatesse, ses gestes maladroits ou sa trop grande envie du corps qu’il convoitait avaient été douloureux, et cette douleur avait plu à Valentine. Elle avait joui en sentant ses pointes de seins la brûler et ses fesses la cuire. Romuald l’avait sodomisée de ses doigts sans qu’elle ne s’y oppose. Bien sûr, elle n’avait accepté que ses doigts, mais savait maintenant qu’elle ne l’aurait pas empêché de la prendre de cette manière. Et surtout, Valentine avait aimé ces doigts, violant son petit orifice. Enfin, Romuald l’avait fessée, rougissant son cul par des claques sonores et cuisantes. Bien pire encore, il avait compris qu’elle aimait être fessée. Et c’était la vérité. Une nouvelle fois, elle avait joui avec un inconnu. Et cette fois, elle avait aimé sucer le sexe de ce type. Pire encore, elle avait joui d’être sodomisée par ses doigtés. Valentine avait joui d’être fessée. Cette nuit-là, un inconnu l’avait presque fait hurler de plaisir.


Valentine ne comprenait rien à ce qui lui était arrivé. Pourquoi ces types ? Ils ne lui plaisaient pas vraiment, n’avaient rien de spécial. Aujourd’hui, Valentine avait parfaitement conscience que ces inconnus l’avaient baisée, sans se montrer exceptionnels. Pourquoi restait-elle frigide avec ceux qui l’aimaient ? Pourquoi criait-elle de plaisir, avec des inconnus qui la prenaient à la va-vite et sans le moindre égard pour elle ? N’était-elle donc qu’une salope ? Valentine eut un pauvre sourire en démarrant son véhicule. Elle n’avait rien contre les femmes que les mâles persistaient à appeler ainsi. Chacune faisait ce qu’elle voulait de ses fesses. Pourtant, une salope jouissait avec tous ceux qui la baisaient. Elle, elle n’en était pas même capable. Peut-être que ce comportement serait le seul qui finirait par lui apporter la satisfaction sexuelle ? Valentine ne se comprenait pas elle-même. Chaque fois, elle éprouvait du plaisir. Pourquoi jouissait-elle uniquement, avec des types, qu’elle savait ne plus avoir envie de revoir ? Chaque fois, l’amour sans lendemain la faisait jouir. C’était incompréhensible. Ces inconnus ne s’y prenaient pas mieux que les hommes qu’elle avait cru aimer. Surtout, que douceur et tendresse, ce qu’elle aimait beaucoup, n’avaient jamais été conviées à la fête durant ces trois rencontres d’une nuit.


Et aujourd’hui, Valentine était seule…




Thomas



Son mojito était fade et tiède. Valentine n’attendait d’ailleurs rien de folichon, de cette soirée en solitaire. Depuis peu, elle s’était décidée à sortir un peu. Elle sortait seule, rentrait seule, et se suffisait à elle-même.


Ce Thomas avait un physique agréable. Le noir de ses cheveux parsemés de fils blancs, comme le bleu délavé de ses yeux, plaisait beaucoup à Valentine. Il était viril, visage régulier sans être beau, et bien proportionné de corps. Un peu plus petit qu’elle, il avait souri en se tenant à ses côtés. Thomas avait un excellent ami landais, berger de son état, qui lui prêterait ses échasses. Val avait souri. Elle appréciait les hommes qui assumaient les femmes plus grandes qu’eux. Cela démontrait qu’ils n’avaient pas de complexes sur leur physique. Quant au personnage, l’homme était charmant et plein d’humour. Il était également plus vieux qu’elle, même s’il ne portait pas vraiment ses quarante-cinq ans. Toute la soirée, il avait été agréable, plaisant et plein d’humour. Elle avait craqué très vite. Puis, sans qu’elle ne s’en rende compte, Thomas amenait la conversation sur un plan plus privé. Il s’était fait sérieux, et parlait de sa vie. Val l’écouta lui raconter des bouts de vie, et se laissa aller à se confier elle-même. Valentine avait envie de Thomas, et elle espérait que la nuit serait aussi agréable que leur première soirée. Cette fois, elle voulait garder un bon souvenir de cette rencontre.


À peine chez lui, Thomas parut se muer en un tout autre homme. Le ton même de sa voix semblait avoir changé. Il ne lui proposa rien. Ni un autre verre de vin, ni même un café. Ce fut sans gentillesse aucune, et presque vulgairement, qu’il lui dit qu’il avait envie d’elle. Ce fut sans la moindre douceur qu’il la colla au mur d’entrée de son couloir.


Valentine avait éprouvé une drôle d’impression quand elle s’était rendu compte que son intérêt pour cet homme s’était brutalement décuplé, une fois nue contre lui. Ils avaient fait l’amour une bonne partie de la nuit. Chaque position, chaque acte que Valentine refusait, amenait Thomas à la regarder en silence. Un regard intense. Puis, il récidivait dans une demande, ou dans un acte. Sans brutalité, il s’imposait. Thomas imposait ses envies. Et Valentine subissait ses désirs. À aucun instant, la jeune femme ne pensa à une violation de sa personne. Aucune sensation d’obligation ne la perturba. Rien de tout cela, simplement, elle cédait. À sa grande stupéfaction, elle acceptait tout, de ce que Thomas attendait d’elle. Le plus surprenant, restait qu’à chaque nouvelle demande, il lui demandait d’avouer qu’elle aimait se plier à sa volonté. Valentine obéissait et en jouissait chaque fois. Encore et encore, la jeune femme se laissait entraîner sur un chemin inconnu quand elle se perdit à tout accepter, puis à redemander du plaisir, allant jusqu’à crier qu’elle voulait qu’il la fasse jouir, elle sut qu’elle n’était plus elle-même.


C’est une sensation étrange qu’elle qualifia d’humiliation, et qui la dévasta, quand brusquement, comme si elle n’y pouvait rien, elle dévoila à Thomas sa vie intime. Timidement, tout d’abord, puis avec plus d’assurance, elle se débarrassa de ses angoisses.



Pourquoi accordait-elle sa confiance à cet homme ? Pourquoi se confiait-elle d’une manière si impudique, à un parfait inconnu ? Valentine n’avait jamais été aussi loin dans ce domaine, avec les deux hommes qu’elle avait cru aimer. Thomas lui avait gentiment souri et l’avait rassurée.



Puis, Thomas avouait dans un rire qu’il rendait les armes. Valentine avait éprouvé une sorte de fierté étrange et avait souri. Épuisée par les vagues de plaisir qui l’avaient bousculée, elle s’était endormie comme une masse, non sans éprouver un sentiment de soulagement.




Croissants et plaisirs



Val se contint pour ne pas se jeter sur le panier où attendaient des croissants dorés, et certainement croustillants. Thomas lui versa un café noir et fort dans un joli bol chamarré de rouges.



Val prit une moue amusée et avala sa bouchée de croissant.



À son tour, Thomas lui sourit.



Val dénoua la ceinture de coton qui maintenait le peignoir qu’elle avait emprunté à Thomas et se débarrassa du vêtement. Il resta un long moment sans un mot et mordit dans son croissant.



Valentine sentit ses joues s’enflammer, mais resta silencieuse.



Les joues brûlantes, la jeune femme répondit tout en hochant négativement la tête.



Val poussa un long soupir et sourit avant de se cacher le visage de ses mains.



Tout n’était pas exact. Elle avait été fessée et avait apprécié. Mais pas comme ça ! Oh non ! Valentine n’avait pas envie de reparler de ce passé glauque. Elle était trop heureuse d’être là où elle était. Thomas se moqua gentiment de ses joues coquelicot et la regarda intensément.



Thomas, ses yeux d’un bleu délavé plantés dans ceux de Valentine, prit un croissant et le tendit à la jeune femme. Val le prit et, aussitôt, le porta à sa bouche. Elle était affamée.



Valentine resta tout d’abord sans la moindre réaction, puis elle mordit dans la viennoiserie.



Le feu au visage, un sourire figé aux lèvres, Valentine acheva son croissant d’une dernière bouchée, puis elle attrapa le panier garni des deux derniers croissants et le tira vers elle. Les yeux plein de défis, elle croqua dans la pâtisserie tandis que sa main gauche courait sur son ventre. Ses cuisses s’écartèrent alors qu’elle fixait son amant d’un air tout à fait naturel.


Valentine était trempée. Ses doigts étaient mouillés. Elle ne cherchait plus à cacher sa respiration désordonnée. Sous le coup d’une inspiration subite, elle attrapa le dernier croissant. Lentement, elle le fit descendre sur son ventre, les yeux plongés dans ceux de Thomas. Quand elle fit glisser le gâteau sur la fente détrempée de son sexe, elle faillit se laisser emporter par le plaisir.





Dominos



Val se dégagea des bras qui l’enserraient. Elle venait de donner du plaisir à Thomas de ses lèvres, se caressant tandis qu’elle le suçait. Et encore, c’était une découverte pour elle. Valentine s’était amusée de son orgasme, le plaisir la bousculant doucement, au moment même où son amant explosait dans sa bouche.



Valentine, le feu aux joues, resta un long moment silencieuse. Des images de dominos multicolores, tourbillonnants à l’esprit.