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n° 21587Fiche technique40375 caractères40375
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Temps de lecture estimé : 28 mn
05/03/23
Résumé:  Histoire de tentation sur un lieu de travail ou.. Quand une professionnelle des langues se découvre un intérêt nouveau pour l’informatique.
Critères:  fh collègues travail voiture amour fellation cunnilingu pénétratio -coupfoudr -occasion
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message
Traduction périlleuse

Entre deux segments de phrase, je ressens le besoin de lâcher un peu mon écran. La fatigue oculaire devient de plus en plus gênante, même si je n’ai traduit qu’une infime partie de mes 3000 mots, de l’anglais vers le français. Je me frotte les yeux, laisse échapper un long bâillement et regarde distraitement par la baie vitrée de mon bureau. À 18 heures à peine, la nuit est déjà tombée et l’obscurité n’est rompue que par les serpentins rouges et jaunes des phares de la circulation. Le long de la route et autour des ronds-points attenants au centre d’affaires, l’interminable ruban de lumière apporte une touche festive à l’austérité des immeubles modernes.


Solange, l’une des chefs de projet de l’agence de traduction qui m’emploie, vient me saluer avant de quitter les lieux.



Je me rends compte que mon ton est peut-être un peu sec, au moins autant que le sien. On s’adore, elle et moi.



La tête rousse de ma collègue peu avenante disparaît de l’embrasure de la porte et je ne peux retenir un soupir. Le standard, en plus de mes tâches en cours, c’est la cerise sur le gâteau de cette journée déjà bien indigeste. Et pourtant, aujourd’hui j’ai à peine touché à la tablette de chocolat qui, tapie dans un tiroir à portée de main, m’accompagne à l’occasion dans les moments de stress. Dans le bureau de Coline, juste en face du mien, la situation calorique est encore plus critique : un assortiment de trois ou quatre tablettes au moins, qu’elle partage volontiers, bien consciente de ma capacité remarquable à résister aux tentations chocolatées !


En l’absence de Nadia, responsable de notre gros client, je vais tenir la boutique pendant deux semaines. L’équipe chargée de ce compte est composée de trois personnes. Je suis l’une des deux traductrices qui y officient de manière permanente sous la houlette de Nadia, qui nous répartit les volumes à traduire. En son absence, il s’agit pour moi d’assurer la gestion des projets de traduction entrants et en cours, de l’anglais vers le français ou d’autres langues européennes. Ces missions de gestion impliquent de nombreuses tâches nécessitant non seulement une bonne maîtrise des procédures et logiciels propres au client, mais également une grande aisance en informatique. Bref, tout ce que j’aimerais pouvoir placer au second plan étant donné mon amour sans bornes pour les ordinateurs.


Ce soir, je dispose d’un peu de temps pour traduire un projet non urgent. Un texte certes quelque peu rébarbatif qui a pour objet l’interface logicielle d’un système de santé national. Mais c’est l’une des tâches les plus ludiques de ma journée. Youpi ! Ma journée avait commencé sur les chapeaux de roue à l’ouverture de ma boîte mail : je devais trouver dans l’urgence un traducteur polonais disposé à traiter 8000 mots en trois jours, week-end compris, sans possibilité d’extension de délai. Mission impossible, mais vous devez l’accepter, Agent Amélie. Une multitude d’autres joyeusetés ont contribué à me divertir tout au long de la journée, j’ai même failli me lancer dans une danse de la joie cet après-midi lorsque, au terme d’âpres négociations, l’une des cinq traductrices que j’ai sollicitées a accepté de me suivre dans cette galère. Je me suis abstenue de danser, par égard pour la concentration de Coline installée face à moi au bureau accolé à la baie vitrée. À ma droite, le bureau libre de Nadia me permet de passer de mon poste au sien en jouant des roulettes de mon fauteuil. C’est une autre distraction possible dans le cadre de mes fonctions de suppléante… À pratiquer avec modération pour ne pas perdre toute crédibilité.


La sonnerie du téléphone retentit, mais se tait presque immédiatement. Tiens, quelqu’un a pris l’appel, je pensais être la dernière ici. Une erreur, peut-être. Je parcours la liste des numéros de lignes directes posée près de mon téléphone en me demandant qui est encore là. Sans doute l’un des trois collègues du pôle informatique et PAO. Un prénom figurant au bas de la liste a été griffonné au stylo par une main inconnue et le numéro associé y a été rayé : François, l’informaticien. Comme j’ai du temps et une envie soudaine de me dégourdir un peu les jambes, je décide de me rendre au repaire des geeks pour obtenir le numéro de ligne de François. Celui-ci a rejoint l’équipe il y a trois semaines seulement. J’ai eu l’occasion de l’apercevoir à plusieurs reprises et de le solliciter il y a peu pour un problème d’authentification sur mon poste, sans vraiment avoir l’occasion de discuter avec lui. Étant donné qu’il m’a réglé mon problème en deux minutes, la conversation a été vite pliée. Il m’a paru très professionnel et aimable contrairement à certains, ou plutôt certaines.


Au sein de l’agence, François est chargé de l’environnement informatique dans son ensemble et de certains projets de PAO, associés ou non à des demandes de traduction. Silhouette élégante, chemise toujours impeccable malgré ses contorsions parfois acrobatiques derrière un moniteur ou une unité centrale, il semble toujours en mouvement. Dans le couloir séparant son bureau de l’open space des traducteurs, chacun est désormais en mesure de reconnaître son pas rapide, même étouffé par la moquette. Pourtant, ses tâches de PAO lui imposent forcément de rester assis pendant de longs moments. Peu importe ce détail, mes deux collègues et moi-même l’avons surnommé « La Tornade ».


On le voit parfois sortir en trombe de la réserve et traverser l’open space, les bras chargés d’un composant plus ou moins volumineux ou d’un carton au contenu non identifiable. Souvent appelé à la rescousse, parfois pour des broutilles, il ne s’assied presque jamais auprès de l’utilisateur en détresse. Courbé sur l’écran, il remonte ses lunettes sur son nez de temps à autre et paraît toujours extrêmement concentré. Malgré tout l’air qu’il déplace dans l’exercice de ses fonctions, il prend soin de parler d’une voix contenue au traducteur qu’il vient sortir de la panade, pour déranger le moins possible. Sa voix suave parvient alors à peine à couvrir les cliquètements effrénés des claviers répartis sur les quatre marguerites de la vaste pièce. Même de mon bureau, séparé des autres par une baie vitrée intérieure, je repère toujours l’arrivée de François depuis quelques jours. Il m’a tapé dans l’œil, me direz-vous. Je n’en sais trop rien. En tout cas, il sent très bon.


Un stylo à la main, j’emprunte le long couloir menant au pôle informatique et PAO. La porte est ouverte et le son d’un tube de Depeche Mode émane de la pièce à volume modéré. On travaille souvent en musique dans ce bureau, dans les moments où personne ne fait usage du téléphone. Je frappe doucement et François, assis à son poste face à l’entrée, lève les yeux vers moi d’un air surpris.



Je n’avais jamais vraiment prêté attention à ses yeux sombres pénétrants derrière les lunettes bleues ni à son bouc parfaitement taillé. Il a les traits fins, des cheveux coupés courts. Séduisant. Tiens, une chemise marine, aujourd’hui. Et ce parfum, il sent vraiment très bon…



Il me dévisage et révèle une jolie rangée de dents nacrées en me souriant. La Tornade semble être dotée d’un tempérament plutôt doux, voire réservé. Peut-être que le surnom dont nous l’avons affublé ne reflète pas tout à fait la réalité, finalement.

Après un silence un peu gêné, je poursuis, reprenant mes esprits :



François guette ma réaction, ne sachant s’il doit sourire ou adopter une mine compatissante. Je prends une expression exagérément désolée.



François m’expose son problème posément : l’un de nos clients nous a confié un projet de sous-titrage et François a été missionné pour installer le logiciel demandé et en définir les paramètres de base, afin d’avancer le traducteur dans son travail… Seulement, voilà, le client exige un logiciel en particulier, dont l’interface n’existe qu’en anglais.



Nous venons à bout des soucis terminologiques en quelques minutes. J’avoue que je peine à me concentrer, juste à côté de mon charmant collègue. Ma place debout m’offre une vue plongeante sur la naissance d’un joli torse modelé. Vision fugace de ma main qui se glisse sous sa chemise déboutonnée pour caresser ses pectoraux apparemment imberbes. Et voilà que naît une tension croissante dans mon bas-ventre, ainsi qu’un sentiment ténu de honte devant une telle faiblesse. Parfois, je me donnerais bien une ou deux fessées pour me punir des errances de mon imagination. Ou peut-être que François… Non, non ! Reprends-toi, malheureuse !



Je me fige et baisse les yeux vers lui. Je l’ai mal entendu ou il a lu dans mes pensées ? Mon regard passe de ses yeux sombres à ses lèvres cernées par son bouc si sexy. Il arbore un large sourire qui s’évanouit aussitôt lorsqu’il remarque mon expression stupéfaite.



Laissant un silence pesant planer entre nous, je lui souris pour masquer mon trouble en évitant de croiser son regard. Sur sa main gauche posée sur sa cuisse, je distingue l’éclat d’une alliance en argent. Un détail qui aurait pu me faire revenir à la raison, et pourtant… Personne n’est à l’abri de certaines tentations. Ni d’une imagination parfois débridée à des moments peu opportuns.





***




Une autre fin de journée solitaire au bureau après le départ du plus grand nombre de mes collègues. Ces deux semaines me paraissent interminables. Mon logiciel mouline la centaine de fichiers traduits qui compose mon projet, afin d’y détecter d’éventuelles erreurs de script. Je consulte le rapport avec appréhension. Six erreurs de balises détectées. Je m’attaque au premier fichier d’un air résigné pour y repérer la ou les balises du script qui ont été supprimées ou altérées dans le texte cible. Je tâtonne et ne trouve rien d’anormal malgré le signalement du rapport d’erreurs. Je passe au second fichier de la liste, envahie par le pressentiment que l’opération va nécessiter un certain temps.


Soudain, mon téléphone sonne en interne.



  • — Oui, François ?
  • — Je vais me faire un café, tu en veux un pour te donner du courage ?
  • — C’est très gentil à toi… À vrai dire, je suis assez énervée, mais pourquoi pas un café… Tu vas en salle de pause ?
  • — Non, ne bouge pas, je viens te voir en coup de vent et je te l’apporte…
  • — Merci, tu es…


Je m’interromps alors que j’allais lui dire qu’il était un amour.



  • — … C’est très sympa.


Quelques minutes plus tard, François apparaît, un mug fumant dans chaque main. Pour une fois, je ne l’ai pas entendu arriver. Depuis quelques jours, nous partageons de plus en plus de pauses-café, en attendant avec impatience que les autres collègues présents regagnent leur poste et nous laissent seuls à discuter. Étrangement, nos horaires de repas coïncident également de plus en plus souvent.



Nos regards s’accrochent l’un à l’autre quelques instants. François ne sourit pas, il détourne les yeux et je crois le voir rougir légèrement. Jetant un œil vers mon écran, il prend une gorgée de son café, debout près de mon poste.



Ma remarque taquine suscite enfin un regard amusé. François pose son mug sur mon bureau et s’installe dans le fauteuil désigné.



Alors que François parcourt le log, je ne peux m’empêcher de respirer son parfum et de l’observer à la dérobée. Remontant ses lunettes sur son nez, il passe avec aisance du rapport d’erreurs à chacun des fichiers. J’aurais dû m’en douter. C’est un jeu d’enfant pour lui. En trois scrolls et à peine plus de frappes sur le clavier, l’erreur signalée dans le premier fichier est résolue.



Machinalement, sous l’effet du stress, je laisse ma jambe gigoter nerveusement sous le bureau pendant que François travaille. Je me sens soudainement découragée, bien que reconnaissante de disposer de son aide précieuse. L’œil expert de l’informaticien vient à bout des six fichiers qui sont corrigés en un éclair. J’y ai passé plusieurs minutes sans parvenir à localiser une seule erreur. François remarque mon changement d’expression et semble lire mes pensées du moment. Je soupçonne cet homme d’avoir certains dons de télépathie. Il murmure, en cherchant mon regard :



Il ajoute, en observant ma jambe toujours en mouvement :



Sa main se pose alors sur la mienne, reposant elle-même sur mon jean, et ma jambe s’immobilise à son contact. Je ne cherche pas à le repousser et entrelace mes doigts aux siens. Sa peau est douce et la chaleur de son mug a réchauffé sa paume. François me regarde du coin de l’œil puis, sans un mot, approche doucement son visage du mien, s’arrête quelques secondes, et dépose un baiser sur mes lèvres. Je me laisse porter par cet élan si spontané et lui rends son baiser, la main toujours liée à la sienne. La sonnerie du téléphone nous fait sursauter. Je regarde François décrocher le combiné en tentant de repousser mes visions de deux langues gourmandes s’enroulant l’une autour de l’autre.



  • — Linguitek, bonsoir… Oui… Je prends note et Solange vous rappelle demain… Je vous en prie… Bonne soirée.


François raccroche, saisit mon bloc de Post-it et griffonne quelques mots d’une main tremblante. Le papier à la main, il se lève et replace le fauteuil face au poste de Nadia, puis, attrapant son mug posé près de moi, il murmure en regardant vers mon écran :



François redevient soudainement La Tornade de mon quotidien. Il franchit la porte de mon bureau sans se retourner et son pas cadencé résonne dans le couloir jusqu’à laisser place au calme plat. Je pose mes deux mains sur mon visage quelques instants, aux prises avec un subtil mélange d’euphorie et d’effroi. Encore une fessée bien méritée, pour avoir bêtement poussé François de l’autre côté de sa ligne rouge, même si bien sûr il l’a un peu cherché en s’y approchant d’un peu trop près.




***




14 heures, le lendemain. À mon bureau, je prépare la livraison d’une traduction. Ma mine fatiguée accuse le stress de la journée d’hier, sans parler des émotions inattendues du début de soirée. Mon sommeil a été plus agité que d’ordinaire. Je n’ai pas croisé François depuis ce matin et me suis volontairement privée de pause jusqu’au déjeuner. Pourtant, lors de ses divers passages dans l’open space attenant, j’ai surpris quelques regards furtifs dans ma direction. Malgré la tentation de l’épier plus longuement, et par souci de discrétion, j’ai feint l’indifférence envers lui.


Pour me redonner de l’énergie, je décide finalement d’aller me faire un café en salle de pause. À cette heure-ci, l’ensemble de l’équipe a déjeuné et est retourné à son poste, préférant sacrifier la pause méridienne pour quitter les bureaux à une heure raisonnable. La configuration de cette kitchenette est particulière. Planté en plein centre de l’espace de travail, ce local cubique ressemble à s’y méprendre, vu de l’extérieur, à un aquarium géant. Dotée de vitres sans tain et plutôt bien insonorisée, la cuisine offre aux usagers une tranquillité satisfaisante pour déjeuner. En revanche, l’absence d’ouvertures vers l’extérieur permet à chacun de faire profiter à ses collègues des effluves plus ou moins alléchants de son repas dès la sortie du micro-ondes. Pour le reste, rien d’exceptionnel : une petite table, quatre chaises et un coin-cuisine bien équipé. Je ne m’aperçois donc de la présence de François qu’en entrant dans la petite pièce. Il vient de terminer son déjeuner et range sa vaisselle.



Je baisse les yeux avec un sourire amusé en m’interrogeant sur la pertinence d’une réponse telle que : « Non, j’ai rêvé de toi ». Au lieu de cela, j’ose un « Non, j’ai plutôt bien dormi » bien moins proche de la réalité. François range une assiette en silence, semble hésiter, puis murmure après un coup d’œil vers la porte close :



Il est appuyé contre la table face à moi, ses doigts pianotent nerveusement sur le bord. Aucune réponse sensée ne germe dans mon esprit alors que je lance la machine à café. Face à mon absence de réaction, il poursuit :



Je ne relève pas sa dernière remarque, mais pique un fard qu’il ne peut manquer de remarquer.



Les joues écarlates, je contemple le visage de François qui me dévisage de la même manière, intensément. Debout, les mains fourrées dans ses poches, il baisse les yeux vers ma poitrine, ostensiblement, comme s’il était doté d’un pouvoir surnaturel le rendant capable de déboutonner mon chemisier par la seule force de l’esprit… Encore plus fort que la télépathie. Je le reconnais à peine, avec ce regard lubrique. Sans prévenir ni même me rendre compte de la portée de mon geste, je franchis les quelques pas qui me séparent de lui, pose une main sur son épaule, et l’embrasse sur les lèvres. Malgré un léger mouvement de surprise, François ne me repousse pas.


Le baiser se mue en un ballet de plus en plus langoureux et nos langues viennent à la rencontre l’une de l’autre. Un vent de panique me submerge lorsque ses mains se posent sur ma taille, puis mes fesses, pour les caresser de manière appuyée. Je lâche ses lèvres et tourne la tête vers l’open space. Rien ne bouge du côté des marguerites, l’attention de tous est fixée sur les écrans pendant que les doigts parcourent les claviers avec une dextérité déconcertante.



François a retiré ses lunettes pour mieux me laisser accéder à ses lèvres. Je l’enlace et mes doigts se mettent à explorer sa nuque, ses bras, et descendent caresser ses hanches. François resserre notre étreinte et, posant ses mains fermement dans mon dos, plaque son bassin contre le mien. Serrée contre lui, je sens la clé USB géante qu’il porte au fond de sa poche. À moins que…


Je l’entraîne quelques pas en arrière pour l’inciter à revenir s’asseoir sur le bord de la table. Le peu de réserve qu’il me reste se dissipe en quelques secondes. Mon désir est devenu irrépressible. La prudence m’apparaît soudain, comme une notion superflue. L’envie de son corps et la tension grandissante dans mon bas-ventre me poussent inexorablement à défaire les boutons de son pantalon sans cesser de l’embrasser. François me laisse faire et se met à explorer mon corps sous mon chemisier. Il en défait trois boutons à la hâte et caresse la dentelle blanche de mon soutien-gorge qu’il contemple avec envie. Ses pouces massent délicatement mes tétons déjà durcis par l’excitation. Je l’entends soupirer profondément lorsque mes doigts rencontrent son sexe tendu par-dessus son boxer.


Lâchant mes lèvres, il jette un œil à la porte, puis derrière lui vers les bureaux. M’attirant vivement contre lui d’une main, il glisse l’autre sous ma jupe et la remonte doucement le long de l’intérieur de mes cuisses. Je sens ses doigts effleurer le tissu de ma culotte, juste sur ma fente, et me rends compte de l’étendue de l’humidité qui a inondé mon sexe depuis quelques minutes. Nos respirations s’accélèrent, nos caresses se font plus hardies. Je regarde ses mains s’agripper à la table alors que je m’agenouille pour empoigner la colonne de chair rigide que mes doigts ont fait jaillir de son sous-vêtement avant d’y passer la langue, comme la gourmande que je suis, sans toutefois penser une seule seconde aux tablettes de chocolat rangées dans mon bureau et d’ordinaire très présentes dans mon esprit.


J’oublie où nous nous trouvons et laisse ma langue prodiguer à François de voluptueuses caresses autour de son gland, ma main caressant ses testicules et la longueur de son membre. À la manière dont il renverse sa tête en arrière, je devine le plaisir que lui procure cette fellation improvisée. Il caresse mes cheveux entre deux soupirs et deux coups d’œil vers l’extérieur. Mes mains agrippent fermement ses hanches. J’accélère bientôt le rythme des va-et-vient de mes lèvres sur son sexe, car je sais que nous ne pourrons pas rester ainsi trop longtemps, enfermés dans cette pièce, exposés au risque d’être dérangés.



Je n’arrête pas.



Je ne le laisse pas tellement l’envie est forte de le pousser au paroxysme de son plaisir, ici et maintenant, même si les pulsations croissantes de mon clitoris deviennent de plus en plus intenses et que j’ai envie de sentir son dard ailleurs que dans ma bouche. Ma langue tourmente son gland de plus en plus intensément, en fait le tour en des coups de langue savamment distillés qui lui arrachent de nouveaux soupirs. François ne tarde pas à céder à la jouissance, les mains toujours posées sur mes cheveux, en suivant le rythme de mes caresses buccales par de légères ondulations du bassin.


Pantelant, François saisit doucement mes mains pour m’aider à me redresser et dépose quelques baisers dans mon cou.



Entre deux œillades enflammées, François se rhabille et je tente de remettre un peu d’ordre dans ma tenue et mes cheveux. Nous gardons le silence et je vois passer sur son visage l’ombre d’une inquiétude. Je sais à quoi il pense à ce moment précis. Il se dit qu’il a dérogé à une règle à laquelle il tenait dans le cadre du travail. Levant la tête incidemment, je reviens brutalement à la réalité en voyant passer une chevelure rousse juste devant le local. La porte s’ouvre brusquement sur Solange qui semble extrêmement contrariée.



Puis, après avoir jeté un regard à la fois inquisiteur et perplexe à chacun de nous, elle marque un temps d’hésitation, la main toujours sur la poignée de porte, puis disparaît comme elle est venue.




***





  • — Amélie, tu peux venir deux minutes ?


« S’il te plaît », résonne dans ma tête la petite voix intérieure d’un Moi agacé. La politesse et l’amabilité ne sont vraiment pas ses atouts, pensai-je en raccrochant le combiné. À travers la baie vitrée de mon bureau, je vois Solange, installée au fond de l’open space, raccrocher son téléphone en même temps que moi. C’est tellement plus convivial de téléphoner plutôt que de franchir les quelques pas qui séparent deux postes.


Je quitte mon bureau et m’approche de Solange, un bloc à la main. Tête baissée sur son clavier, elle termine la saisie d’un mail puis lève des yeux las vers moi.



Je me retourne pour saluer François qui est arrivé à grands pas. Le bonjour que nous échangeons me paraît glacial. Depuis notre rapprochement en salle de pause, nous nous efforçons de ne rien laisser paraître auprès de nos collègues lorsque nous sommes en présence l’un de l’autre, au risque, à l’inverse, de manquer de naturel… Zéro talent de comédien.


Solange nous invite à nous rapprocher de son écran, parcourt ses mails et ouvre un message intitulé « Visite IDL ».



Solange s’interrompt sans quitter son écran des yeux, attendant une réaction de notre part. François et moi, debout de chaque côté d’elle, échangeons un bref regard. Inutile de commenter, l’intention paraît claire.



Puis, sans attendre de réponse :



Solange lève les yeux vers chacun de nous puis murmure avec une pointe d’ironie dans la voix :




Sans tourner la tête vers lui, je peux parier que le visage de François a viré au rouge. Pourtant, il ose un commentaire avec une désinvolture déconcertante :



Je peine à contenir mon hilarité malgré la tension dramatique de la situation. François posséderait-il quelques dons d’acteur à exploiter ? Solange reste muette et s’abstient de tout commentaire. Pourtant, de ma place, je crois deviner l’esquisse d’un sourire à la naissance de ses lèvres.




***




La voiture de François s’arrête près de la mienne sur l’aire de covoiturage. Je monte précipitamment du côté passager pour éviter la pluie qui s’est intensifiée depuis quelques minutes.



François est tout sourire. Il n’est pas dans nos habitudes de nous faire la bise pour nous saluer au bureau. Pourtant, ce matin, il se penche vers moi et m’embrasse délicatement sur la joue. Je m’installe, toute guillerette, et remarque qu’il porte un costume en plus de la chemise habituelle. J’ai déployé moi aussi quelques efforts côté garde-robe en optant pour un tailleur et chemisier.



En théorie, nous en avons pour deux heures de trajet, mais la pluie qui s’abat à grosses gouttes sans discontinuer ne facilite pas la conduite. Finalement, nous parlons peu afin de laisser François se concentrer sur la circulation, ce qui laisse quartier libre à mon esprit déluré pour vagabonder à sa guise. Je respire le parfum envoûtant de mon chauffeur. Je glisse quelques regards sur ses mains au volant. Je revois ses doigts agrippés au bord de la table et son sexe au bord de mes lèvres…


Aux trois quarts du trajet, François propose de nous arrêter sur une aire de repos, car nous sommes bien en avance sur l’heure d’arrivée prévue. En s’engageant doucement sur les aires de stationnement, il demande innocemment :



Je lève les yeux vers lui, à peine surprise par sa proposition. Il est vrai que depuis un mois, nos échanges au bureau sont moins fluides, bien malgré nous. Nos pauses-café constituent toujours des moments privilégiés, mais nous veillons désormais à ne plus les passer trop souvent en tête-à-tête pour ne pas attirer davantage l’attention, notamment celle de Solange, qui semble être aux aguets de nos moindres mouvements. Si nous ne maîtrisons pas l’art de la comédie, il semblerait qu’elle soit formée aux techniques professionnelles de l’espionnage. C’est à elle qu’auraient dû incomber mes missions impossibles de gestion de projet. Si elle surprenait certains de nos regards lourds de sous-entendus, nos intentions peu avouables dans le cadre professionnel seraient immédiatement mises à jour.


Que dire aussi de la frustration d’être restés sur notre faim ? La tension sexuelle entre nous est presque palpable, chaque fois que nous nous croisons ou qu’il vient me dépanner à mon poste. Quelques jours auparavant, il est venu remplacer ma souris défectueuse. Juste avant de quitter mon bureau, il a glissé sous mon clavier un Post-it plié en deux, l’air de rien. Perplexe, j’ai attendu d’être seule pour attraper discrètement le morceau de papier un peu chiffonné et ai trouvé ces quelques mots griffonnés au stylo rouge : « Help, j’ai envie de toi ». J’ai dû contenir mon hilarité face à cette attention totalement puérile. Pire que des gamins qui font passer des petits mots doux pendant la classe et craignent que tout le monde sur la cour de récréation soit au courant de leur petite amourette.



François acquiesce et fait le tour de l’aire d’autoroute avant de s’arrêter au plus loin de la zone de restauration centrale. Sous les arbres, sur une zone de stationnement déserte, masquée par un petit local technique, nous sommes à l’abri des regards. Il coupe le contact calmement. Le silence qui s’installe est désormais total, à l’exception des quelques gouttes de pluie qui viennent s’écraser de temps à autre sur le pare-brise.



François retire ses lunettes et, sans plus attendre, je pose mes deux mains autour de son visage pour l’embrasser. Mes yeux se ferment avec délice pour mieux retrouver la douceur de ses lèvres. Je caresse sa barbe et goûte au léger parfum mentholé de sa langue. Nos baisers deviennent audacieux et intenses, comme pour rattraper le temps perdu à demeurer à l’état d’envies non assouvies. Bientôt, entre deux baisers, François me propose de nous installer à l’arrière, derrière les vitres teintées du véhicule.


Une tornade dans la voiture, jamais je n’aurais imaginé de tels ébats cataclysmiques ! Les vêtements s’envolent dans l’habitacle lors d’un déshabillage désordonné, comme emportés en tous sens par des rafales d’une violence extrême. Les mains se nichent sans préambule sur les zones les plus sensibles de nos corps, guidées par des désirs refoulés depuis plusieurs semaines. Les sexes laissent libre cours à la fougue, à l’empressement même, afin d’éteindre nos incendies respectifs en trois jets de lance. Enfin, voilà ce que mon imagination me projette sous forme de cours-métrage pendant que je m’installe sur la banquette arrière.


François m’y rejoint et s’approche de moi. Il m’embrasse longuement, me caresse délicatement, s’excuse de la fraîcheur de ses doigts. Je lui rends ses baisers avec délectation et déboutonne sa chemise. Je caresse son torse, joue à effleurer ses cuisses par-dessus son pantalon qui finit par disparaître. À son tour, il m’ôte mes vêtements consciencieusement et contemple chacune des zones de mon corps au fil de cet effeuillage sensuel, embrassant tantôt mon cou, tantôt la naissance de mon décolleté. En sous-vêtements, je sens l’une de ses mains caresser mon dos alors que l’autre est plaquée sur mon intimité, remuant à peine. Un doigt taquin me titille soudain par-dessus le satin de ma culotte et me fait tressaillir par intermittence, entraînant mon bassin en de légères ondulations incontrôlées. Ses lèvres frôlent mon oreille, je sens son souffle chaud dans mon cou, où il dépose de nouveaux baisers alors que sa main s’est glissée furtivement dans ma culotte :



Pensée absurde d’être alors une tablette de chocolat géante dont on a retiré avec soin l’emballage en aluminium. La faute au mot « déguster », sans doute, et à mon incorrigible gourmandise.


Je fais au mieux pour trouver une position confortable. La tâche est ardue. Pieds posés sur la banquette et jambes écartées juste sous le nez de François, mieux vaut faire fi de toute pudeur. Je ferme les yeux alors qu’il caresse mes jambes. Après avoir retiré ma culotte, il s’installe entre mes cuisses, les embrasse à nouveau jusqu’à se rapprocher dangereusement du foyer de mon incendie. Non, l’homme n’est pas pompier, mais toi, lecteur inspiré de Rêvebébé, tu sauras peut-être trouver une métaphore plus adéquate au personnage… Ce n’est pas ma faute si mon partenaire est informaticien. Bref, ses mains jouent à explorer ma peau, juste sur l’aine, remontent sur mon pubis, reviennent danser sur mes cuisses. Le premier contact de ses lèvres sur ma vulve me fait tressaillir à nouveau, il l’embrasse avec gourmandise et je me cambre légèrement, attendant l’instant où il laissera sa langue s’aventurer plus loin. Il pose à nouveau ses lèvres sur mon mont de Vénus et saisit mes fesses entre chaque paume.



La pression de sa langue sur mon petit bouton m’empêche de finir ma phrase. François, agrippé à mes fesses, tourmente mon clitoris avec habileté en faisant varier le rythme et l’intensité de ses caresses. Mes gémissements l’encouragent et son appendice buccal explore chaque recoin de mon entrejambe. Ouh, même ce recoin-là, mais quelle audace excitante ! Il a glissé en moi un doigt, puis deux. Leurs mouvements de plus en plus rapides et invasifs m’électrisent au plus profond de mon ventre. La main posée sur ses cheveux, je sens son ardeur croître alors que l’intensité de mon plaisir devient critique. Je vais bientôt succomber, le rythme de ses caresses devient effréné et je laisse échapper plusieurs râles de plaisir non contenus. Moins il y a de voisins, plus fort je jouis. Puis contre toute attente, François s’interrompt brutalement, déposant quelques légers baisers sur l’intérieur de mes cuisses. Ah, mais non ! Que fait-il à s’arrêter en si bon chemin ?


Haletante, j’ouvre mes yeux qui se posent d’abord sur la buée qui a recouvert uniformément chaque vitre de l’habitacle, puis je croise le regard de François, nu à l’exception de son boxer qui semble peiner à contenir la bête qui y sommeille. Un genou et un bras posé sur la banquette, penché au-dessus de moi, il glisse sa main libre dans son sous-vêtement et en fait jaillir son sexe, droit comme un i majuscule, police 36, au moins. Il prodigue à son membre quelques va-et-vient délicats et contemple mes seins sur lesquels perle une multitude de gouttelettes de sueur.


Il me nargue, là, il me fait languir. Est-ce un test pour me pousser à le supplier de me prendre sur-le-champ, ou plus exactement, sur la banquette ? Je sens mon sexe palpitant au bord de l’explosion et ne peux empêcher ma main de s’y poser pour continuer à me caresser. Cela plaît visiblement à mon petit pervers de collègue qui me reluque en souriant d’un air narquois. Il tend la main vers le siège passager et tire un sachet de la poche de sa veste. Dans une posture précaire, le dos courbé, il ressemble à l’un de ces contorsionnistes de cirque dont le corps apparaît désarticulé à travers les parois d’un gros cube en verre.


Petite parenthèse. Note aux concepteurs automobiles : si la hauteur des habitacles de vos plans reste inchangée, l’activité très répandue « Ébats torrides en voiture » risque prochainement de relever de l’exploit gymnique. La population grandit, c’est bien connu. Alors, un petit effort, par pitié. Fin de la parenthèse.


La petite voix du Moi responsable de mon appétit sexuel retentit alors dans mon esprit, elle me souffle à l’oreille ce que je crève d’envie de dire de vive voix à François, là, tout de suite :


« Tu vas me baiser maintenant, François !? J’ai bien vu ta belle queue que tu brandis fièrement juste sous mon nez, je te jure que si je la prends en bouche je vais bien la savourer et te faire languir moi aussi… Alors, prends-moi comme tu veux, ou plutôt comme tu peux dans ces circonstances. Reste sur moi et prends-moi sauvagement, quitte à me faire quelques bosses à la tête en me heurtant en rythme contre la portière. Ou laisse-moi te chevaucher et onduler librement sur toi pour bien sentir ton dard au creux de mes entrailles. »


Ma petite voix se fait ensuite plus rauque, plus véhémente. Quelle obsédée, celle-là !


« Je pourrais même te demander de me prendre sans ménagement sur le capot de ta voiture, le ventre transi par le froid de la carrosserie. Je n’ai cure de la crève que je choperai à coup sûr demain tellement j’ai envie de te sentir en moi. »


Pendant cette tirade intérieure, François habille son sexe de sa combinaison de latex sans se hâter le moins du monde. Ma petite voix cherche à prendre le contrôle sur ma main pour qu’elle accélère ses caresses sur ma fente trempée et me pousse à proférer les pires obscénités, mais je sais me tenir, tout de même, même à poil, vautrée sur la banquette arrière d’une voiture, en train de me masturber devant un homme.


Cela dit, j’ai en face de moi un informaticien extrêmement performant. Il est parvenu à pirater mon réseau Wi-Fi en s’y connectant via mes prunelles. Une fois cette opération réussie, c’est un jeu d’enfant pour lui de lire les données sensibles qui viennent d’être enregistrées sur mon fichier audio. À l’aide de sa clé USB de capacité remarquable, il a d’abord vérifié avec soin tous mes ports puis exécuté 100 % de mon programme avec brio. Sans erreur, à la balise près.


Les bosses au sommet de mon crâne sont vaguement douloureuses, mais c’est franchement supportable. Ce que je sens le plus, ce sont les reliquats de l’orgasme impressionnant qui m’a fait trembler de tous mes membres quand je le chevauchais furieusement. J’espère juste que je vais vite me réchauffer d’ici la fin de notre trajet et que je ne garderai pas de marque suite au contact rude et prolongé du capot contre mes hanches. Certes, c’est moi qui lui ai donné l’idée de sortir pour assouvir mes fantasmes…


L’euphorie du moment nous fait oublier l’idée du café envisagée plus tôt. Tant pis, il est grand temps de reprendre la route pour arriver à l’heure dans les locaux du client. Rhabillage. Bavardage. Recoiffage. Désembuage.

François démarre la voiture.



François semble hésiter, puis ajoute innocemment :



Je me fige, interpellée par sa dernière remarque, et tourne la tête dans sa direction. Il m’adresse un clin d’œil et hoche la tête en feignant la désapprobation. C’est en piquant le plus beau fard de ma vie que je me mets à rire. Je suis grillée.