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n° 21635Fiche technique26891 caractères26891
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Temps de lecture estimé : 19 mn
25/03/23
Résumé:  Ah, les croisières et les surprises qu’elles réservent !
Critères:  fh couleurs extracon vacances voyage dispute humour fantastiqu -humour -fantastiq
Auteur : Laetitia            Envoi mini-message

Collection : Petits meurtres en famille
Poupée Vaudou

Comme pour l’histoire précédente, ce texte est une libre interprétation d’une nouvelle d’un auteur américain, Fredric Brown, tirée d’un recueil paru en 1958, « Lune de Miel en Enfer ».


Bonne lecture.



Installée sur la terrasse de l’hôtel Tonton Macoute, dominant la baie de Port-au-Prince, Abigail Johnson sirotait sa Piña Colada. Elle était en train de se dire qu’elle aurait mieux fait de commander une Margarita.


Haïti n’est pas l’escale rêvée pour un bateau de croisière tel que le Bellissima of the Seas.


L’île, sur sa partie haïtienne, n’est pas vraiment touristique. L’hôtel Tonton Macoute est un des rares établissements de standing du secteur. Enfin, de standing… acceptable, et encore, à peine. L’établissement se trouve sur les hauteurs de la ville.


La grande majorité des touristes du Bellissima ont préféré rester à bord pour profiter des infrastructures et activités offertes par le navire : piscines, casino, cinéma, soirées dansantes, buffets débordants de nourriture et tutti quanti. Heureusement, car il ne restait que quelques chambres disponibles au Tonton Macoute.


Abigail, elle, a souhaité descendre sur la terre ferme.

La croisière avait commencé sous les meilleurs auspices à Miami. Ils ont rejoint Nassau aux Bahamas, puis les îles Turques-et-Caïques, Antigua-et-Barbuda, ont suivi la Barbade, les îles Grenadines ainsi que Trinidad-et-Tobago, ensuite, ils devaient remonter vers la Jamaïque, contourner Cuba et revenir à Miami.


C’est entre Trinidad-et-Tobago et la Jamaïque que le Bellissima of the Seas a dû changer sa route et accoster à Port-au-Prince, afin d’éviter la tempête tropicale Cindy-Kimberley, apparemment, assez virulente.


Abigail était morose. Port-au-Prince, quel trou ! Elle était en train de se dire que ça a l’air beau, mais parce qu’on est loin, qu’on est en hauteur et qu’on voit la mer. C’est trompeur, de près, c’est moche et sale. De plus, la ville n’est pas sûre, on lui a déconseillé de sortir après le coucher du soleil. D’ailleurs, sur le trajet entre le port et l’hôtel Tonton Macoute, elle a surtout vu des cahutes sans intérêt. Rien à voir ici, si elle avait su, elle serait restée sur le rafiot.


Si Abigail a choisi de venir à Port-au-Prince, c’est surtout pour suivre John Robinson, le troisième officier de bord qui devait accompagner les passagers souhaitant descendre à Haïti. Accessoirement, John lui servait d’amant entre deux escales, depuis la traversée entre la Barbade et Trinidad-et-Tobago.


En dehors de cela, Abigail a fait « son marché », à chaque île visitée à la recherche de quelques vigoureux jeunes hommes autochtones, nombreux à la descente des bateaux, attendant les riches Américaines comme elle. Elle a encore en mémoire Antigua. Enfin, façon de parler, vu qu’elle n’a pas vu grand-chose de l’île, puisqu’elle a passé le temps de l’escale chez un jeune caribéen gâté par la nature.


Après tout, c’est bien de la faute de Richard, son mari, tout ça. S’il l’avait accompagnée, comme prévu pour cette croisière, elle n’aurait certainement pas eu ces aventures, enfin… pas toutes, du moins !


Mais voilà, une fois de plus, Richard a annulé au dernier moment. Trop de travail, paraît-il.

Paraît-il ?


Mon œil, trop de travail… Il n’avait pas envie de faire cette croisière avec moi. Ça tombe bien : moi non plus… Connard ! se dit Abigail en attaquant la Margarita qu’elle venait de commander pour faire suite à sa Piña Colada, tout en regardant les fesses du jeune serveur haïtien repartant vers le bar.


Elle a passé sa langue sur le bord du verre et sur le sel givré autour, puis sur ses lèvres.


Finalement, cette escale dans ce trou va peut-être finir par être sympathique, se dit-elle en observant le jeune homme essuyer le dessus du bar.


Puis :


Con de Richard, qu’il meure étouffé avec tout son fric, moi, j’en profite ! La vie est courte. J’ai quarante ans… Dans dix ans, ce sera trop tard !


Elle allait rappeler le serveur, quand cet idiot de John Robinson a débarqué avec cette pétasse de Deborah Turner à ses basques.


Je suis sûre qu’il se la baise aussi, cette conne. En plus, son mari est à bord, à cette chaudasse.



Qu’est-ce que j’en ai à faire de tes nouvelles à la con ! a maugréé intérieurement Abigail.



La déception s’est marquée sur le visage d’Abigail qui se faisait pourtant une joie de tester les Jamaïquains.



Mais quelle salope, toujours prête à minauder autour de John. Sûrement qu’elle a encore la chatte en feu.


Jetant un regard vers le jeune serveur, puis vers Déborah, puis vers John, Abigail semblait peser le pour et le contre. Le jeune serveur présentait de nombreux avantages et devait receler plein de promesses, sûrement. Néanmoins, hors de question de laisser le champ libre avec John à cette pouffiasse de Déborah Turner. Plutôt être transformée en vierge effarouchée !



Déborah Turner prit un air déçu.


Peut-être qu’en rentrant de cette connerie de sortie, le serveur sera encore de service.


Ils sont montés tous les trois dans un minibus conduit par un Haïtien rabougri et à l’air complètement abruti, selon l’avis d’Abigail.


Ça promet ! grommela-t-elle intérieurement.


À bord, Deborah pétassait, John étalait sa science et Abigail fulminait en regardant défiler les cabanes des bidonvilles de la banlieue de Port-au-Prince.


Magnifique ! J’aurais mieux fait de me commander une autre Margarita bien tassée et de me taper le serveur. En plus, peut-être qu’il a un copain disponible aussi, ce serveur…


Puis :


Et dire que j’ai loupé un plan cul avec un ou deux jeunes hommes sûrement bien membrés et endurants. Tout ça pour entendre les jacassements… non, jacasseries, de cette conne de Déborah Turner. Et l’autre con de John, débiter (débiter, joli verbe !) ses platitudes. Au moins, avec les jeunes Haïtiens, on ne parle pas la même langue. On est moins déçu, et surtout, ce n’est pas ce que je leur demande de me faire la conversation.


La campagne haïtienne s’étalait maintenant sous leurs yeux :



De pis en pis, en pleine cambrousse, maintenant ! Non, mais quel trou ! Pire que l’Arkansas ! Et pourtant, l’Arkansas…


Ils arrivèrent dans un village. Enfin, un village… « Un conglomérat de cahutes, plutôt », selon Abigail.


Un peu à l’écart du village se trouvait une cabane de rondins avec un toit de palme. C’est là que le minibus s’est arrêté :


De mieux en mieux ! se dit Abigail en descendant du véhicule, le nez pincé.


Et cette odeur… On se croirait vraiment chez les ploucs… au pire endroit de l’Arkansas ! Dans le trou du cul du monde, vu l’odeur…


Une vieille Haïtienne légèrement bossue, vêtue d’une robe rapiécée à plusieurs endroits, sortit de la cabane :



Ça sent l’arnaque, ce truc-là ! se dit Abigail.


Ils soulevèrent un rideau à la propreté douteuse pour pénétrer dans la cabane. À l’intérieur, c’était sombre et il n’y avait quasiment pas de meubles. Au milieu de la pièce, à même le sol, on trouvait juste quelques pierres posées en cercles et entourant un tas de cendres :



Abigail a cherché du regard une chaise :



Les trois Américains se sont assis en tailleur sur le sol en rang d’oignons. La vieille fit de même en face d’eux. Elle a entassé des brindilles, de la paille, et a allumé le feu.

Les yeux d’Abigail s’habituèrent à la semi-obscurité. Elle distinguait maintenant, à côté de la vieille, une cage posée avec à l’intérieur un poulet :


Et vas-y, tout le folklore est en place… ! C’est pas possible, quelle escroquerie ! Elle ne va pas tarder à nous demander un petit billet, j’en suis sûre. Et dire que je devrais être en train de me faire prendre par un jeune gars viril, voire par deux jeunes gars virils.



Mais bien sûr… Prends-nous pour des imbéciles. Tu n’auras pas un dollar de ma part…



Tsss… siffla Abigail entre ses dents.



Sur le sexe ? Tiens donc…



Une fumée opaque se mit à envahir la cahute. Ça piquait les yeux, ça troublait la vue.


Ça donnerait presque envie de gerber, si au moins on avait eu la chance de manger quelque chose de potable depuis qu’on est à terre.


La vieille femme se mit à marmonner des paroles incompréhensibles. Puis sa voix s’est élevée. Elle psalmodiait comme une incantation, maintenant. Elle s’est mise à faire osciller son corps rabougri, d’avant en arrière. Puis, elle a perdu l’équilibre et s’est retrouvée allongée sur le dos à même le sol de la cahute. Elle fut prise de quelques convulsions nerveuses.


Finalement, elle joue plutôt bien la comédie, la vieille.


La fumée était de plus en plus épaisse. Abigail, maintenant, distinguait à peine la femme trembler de tout son corps. Elle poussait des cris, la bave coulait sur son menton. Puis, elle est entrée en transe.


D’un seul coup, ses yeux se sont révulsés et elle s’est écriée :



Puis :



Pas mal joué ! pense Abigail. Les effets spéciaux, bof, moyens, mais les acteurs, ça passe. Bon, la vieille, un peu théâtrale tout de même. Enfin tout ce cirque pour nous soutirer un billet de cinq dollars, que je ne donnerai pas de toute façon… Tsss… !


Devant les flammes du feu est apparu ce qui semblait être un homme de haute taille, mince, portant un chapeau haut de forme et un costume genre smoking élimé de partout, noir et violet. Son visage était couvert par un masque de tête de mort arborant un rictus. Sous sa veste de smoking, il portait un haut et un pantalon noirs, près du corps, où étaient imprimés en blanc les os du squelette humain :



À côté de celui qu’Abigail prenait pour le Baron Samedi « c’est sûr maintenant, ce ne sont plus des hallucinations dues à ces plantes qui brûlent, mais la simple vérité », elle en est persuadée, venait d’apparaître une femme mince aussi et de haute taille. Elle était attifée à peu près comme le Baron Samedi, son mari, sauf qu’à la place du smoking, elle portait une robe rouge et noir laissant voir ses cuisses. Elle avait le même haut de forme et le même visage de tête de mort ricanante que son mari. Elle avait à la main un long bâton torsadé qu’elle tenait comme un sceptre, surmonté d’un crâne de bouc. Pour compléter le tout, un serpent était enroulé autour de son avant-bras.



Une troisième forme s’est matérialisée à côté des autres, tout aussi narquois. Il était torse nu, lui, et portait juste un pantalon déchiré. Un chapeau melon sur la tête d’où débordaient de longs cheveux blancs, tressés en ce qui ressemblait à des dreadlocks. En pendentif, il avait sur le torse les os d’une main humaine et il tenait sous son bras gauche un grand livre, manifestement ancien, relié de cuir, avec des runes et des symboles très certainement magiques sur la couverture. Ses dents serraient un gros cigare fumant.


Abigail les observa tous les trois, les yeux écarquillés. Ils étaient impressionnants, et leur présence ici, qui aurait pu sembler impossible pour son esprit d’habitude si rationnel, semblait être une évidence. Malgré leur aspect peu rassurant, elle n’avait pas peur.


Les trois « esprits », puisqu’a priori c’en étaient bel et bien, devisaient ensemble dans un langage incompréhensible. Ils semblaient plaisanter et des rires ou des ricanements entrecoupaient leurs échanges.


Maman Brigitte désigna du doigt les trois Américains, toujours assis en tailleur devant le feu. Abigail ne comprit pas ce qu’elle dit, mais c’eut l’effet de faire bien rire les deux barons, surtout Kriminel qui s’est penché en avant en se tapant la paume contre le genou, le visage hilare.

Le baron Samedi, campé devant Abigail, ouvrit son pantalon et en extirpa (avec difficulté), son sexe en érection :


Nom de dieu, se dit Abigail, c’est impressionnant !


C’était plus long que gros en fait. D’une circonférence, on va dire « normale », l’engin était somme toute très très long.


Combien ? se demanda Abigail.


Compliqué à déterminer.


Puisque les mecs aiment exprimer le plaisir qu’ils donnent en centimètres, on va dire 25 ! Non, 28 ! Pas plus, tout de même !


Oups, pensa Abigail avant de le prendre dans sa bouche (pas entièrement) et de le sucer.


Oooohhh, par tous les diables et tous les esprits vaudous, que c’est bon ! On le sent sur les gencives, le truc, ça vous démonte le palais et la glotte, mais quel pied !


Jamais eu un truc pareil dans la bouche ! se dit-elle encore.


Enfin, la dernière fois, ça doit remonter au 20e siècle…


Le baron Samedi repoussa Abigail et l’allongea sur le dos, il lui leva les jambes, déboutonna le short court qu’elle portait, ôta la petite culotte en dentelle qui se trouvait dessous :


Il ne va pas me… Mais si, il le fait…


Il ne va pas me le mettre dans… pensa-t-elle, un peu horrifiée tout de même.


Puis :


,Mais si, il me le…


Et enfin :


Jamais connu ça ! Ouh, on le sent passer, quel gourdin !


Abigail a jeté un regard aux deux autres qu’elle avait un peu oubliés.


Déborah est à quatre pattes sur le sol, la jupe remontée au-dessus des hanches. Le Baron Kriminel la prenait en levrette. Elle poussait des petits couinements suraigus. Apparemment, celle de Kriminel était courte, mais très volumineuse.


Ça doit être bien aussi… se dit Abigail.


John, quant à lui, était allongé sur le dos. Maman Brigitte, la jupe retroussée et les seins à l’air, le chevauchait. Elle donnait des grands coups de bassin d’avant en arrière en ricanant et en se pinçant les bouts-de-sein. John avait la bouche grande ouverte et tentait d’aspirer des goulées d’air entre deux coups de reins.


Le regard d’Abigail se positionne sur les petites fesses café au lait de Brigitte en train de s’agiter de haut en bas et sur le sexe de John qui apparaît et disparaît au rythme du pilonnage.


Joli cul, la fille ! se dit-elle un peu envieuse.


Maman Brigitte, entre deux rictus, porta à ses lèvres le goulot d’une bouteille contenant un liquide marron clair, où flottaient plusieurs piments entiers.


Elle posa la bouteille et toujours en chevauchant le pauvre John qui respirait à peine, maintenant, attrapa le poulet dans la cage, un coupe-chou qui traînait là et trancha le cou de la pauvre bête. Elle fit couler le sang de l’animal sur sa bouche et sur sa poitrine.


Le Baron Samedi accentua le pilonnage en règle sur Abigail. Les vagues de plaisirs montaient dans son ventre et explosèrent d’un seul coup.


Putain d’orgasme, je n’ai jamais joui comme ça… Pas possible… C’est des coups à y rester…


Telles furent ses dernières pensées… avant de s’évanouir.


Abigail reprit conscience, doucement.


Plus de fumée dans la cabane, il ne restait plus que quelques braises dans le feu.


La vieille était assise en tailleur devant le foyer.


Combien de temps, je suis restée évanouie ? se demanda-t-elle en se relevant encore un peu groggy.


À côté, Déborah et John émergeaient doucement, eux aussi.

La vieille se mit à ricaner et leur dit :



Elle désigna un petit objet au milieu des cendres, une sorte de poupée faite de cire, de bouts de bois et de chiffons :



Elle laissa planer un long silence, afin que les esprits des trois Américains s’imprègnent bien de ce qu’elle venait de dire :



Elle ajouta :



Abigail ne savait pas trop pourquoi elle voulait cette poupée. Peut-être pour se remémorer le rêve qu’elle a fait. À coup sûr, ces plantes étaient légèrement hallucinogènes. En tout cas, ça restera un sacré rêve et un bon souvenir.

Elle tendit un billet de 50 dollars à la vieille :




Le lendemain matin, à l’aube, Abigail a suivi les autres Américains et est remontée à bord du Bellissima of the Seas. Le reste de la nuit a été agité. En revenant à l’hôtel, le jeune serveur était toujours là. Il a suivi Abigail dans sa chambre, accompagné du barman qui, ça tombait bien, fermait justement son bar.


Le bateau de croisière a pris la direction de Miami pour échapper à l’ouragan Cindy-Kimberley. Après deux jours et trois nuits de navigation, malgré tout agitées, ils sont arrivés à bon port.


Abigail est partie aussitôt vers l’aéroport et a pu prendre le premier vol pour Los Angeles.


Dans le taxi qui la ramène de l’aéroport à chez elle, elle se mit à repenser à cette croisière :


Pas fâchée de rentrer à la maison. Pas mal, les Caribéens, mais on se lasse !


Bill Graham, son amant officiel, lui manquait un peu. Ted, le fils des voisins aussi. Et puis, il y a ce mécano chez qui elle a laissé sa voiture en révision le mois dernier et qui l’a prise sur le capot d’une Chevrolet Impala. Elle comptait bien lui rendre une petite visite de politesse, peut-être pour tester un capot de Cadillac.


Bon, elle rentre avec deux jours d’avance sur le programme, il allait falloir qu’elle supporte son con de mari plus tôt que prévu, mais tant pis…


Connard de Richard ! grommela-t-elle entre ses dents.


Le taxi l’a déposée devant la villa à Beverly Hills. En remontant l’allée bordée de palmiers, elle pensa à Bill Graham et à son engin bien dur.


À cette heure, ce con de Richard doit déjà être rentré du travail. Je vais devoir me le fader tout de suite en arrivant. Quel calvaire ! se dit-elle.


Dans le hall, personne, ni dans le séjour.


Où il est, cet abruti… Bon, rien à foutre, mais je vais juste devoir monter ma valise moi-même dans la chambre. Quel con ! Décidément !


Arrivée devant la porte de la chambre restée ouverte, elle s’est figée, bouche bée…


Richard était à poil sur le lit, Carla, sa jeune blonde et plantureuse secrétaire, le chevauchait en râlant :



Richard rejoignit sa tendre épouse au salon, où elle l’attendait en tapotant nerveusement avec ses doigts l’accoudoir du fauteuil où elle était assise :



Richard réfléchit trente secondes :



Richard est revenu au bout de cinq minutes avec quelques cheveux entre son pouce et son index :



Elle a enfoncé la mèche dans la cire de la poupée, a bien pétri et malaxé le tout, comme le lui a expliqué la vieille à Haïti. Elle a pris l’aiguille et, avec un grand sourire, a percé la poupée avec en la traversant de part en part.

Abigail s’est figée et a poussé un long cri strident. La douleur pouvait se lire sur son visage. Elle a lâché la poupée et l’aiguille, qui tombèrent au sol. Elle se tenait le ventre au niveau du nombril. Là, précisément où elle a piqué la poupée juste avant.


Elle s’est écroulée au sol dans un dernier râlement, et après quelques convulsions son corps est devenu inerte.

Après avoir vérifié son pouls, Richard a ramassé la poupée, l’a observé attentivement et a dit :



En effet, dans la salle de bain, au lieu de se couper une mèche comme il l’a dit à Abigail, il a rassemblé les cheveux de son épouse – enfin, de son ex-épouse – pris sur sa brosse à cheveux, il les a taillés à la bonne longueur pour faire croire que c’était les siens, ils sont bruns tous les deux (enfin, il est brun et elle l’était aussi), il les a rassemblés en ce qui ressemble à une mèche, qu’elle s’est empressée de mettre à l’intérieur de la poupée.


Le médecin qui a vu le corps d’Abigail, pour constater la mort, a conclu à un arrêt cardiaque. En effet, aucune lésion n’était apparente sur le ventre de la morte… ni ailleurs.


Tel est pris, qui croyait prendre…