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06/04/23
Résumé:  Ça nous pendait au nez. À force de déconner, on avait récolté ce qu’on avait semé. Et nos jours étaient vraiment comptés.
Critères:  ff hhh uniforme fdomine hsodo exercice portrait délire sf -humour -sf
Auteur : Jimmychou      Envoi mini-message
Le grand Remplacement



L’adjudant-chef venait d’asséner sa sentence pour la troisième fois de la soirée.

Après m’être brûlé la chipolata dans le derche tapissé de merde de l’adjudant Seurderoque, j’avais dû accueillir successivement, dans mon fondement, la petite bite de Lebouteux et le gros braquemart de M’bolo. Et encore, je ne pouvais pas me plaindre parce que mon camarade Dumoux avait eu droit aux saillies des deux caporaux, mais dans l’ordre inverse du mien. On pourra toujours me répliquer que le fait de se faire déglacer le pot avec le haricot de Lebouteux après avoir enduré le forage brut de décoffrage prodigué par le radis noir de M’bolo tenait plutôt de l’agréable thérapie. Mais il n’y avait en réalité pas de solution meilleure qu’une autre si vous n’étiez pas persuadé du bien-fondé de ces opérations de défonçage du fondement.


Tout comme moi, Dumoux avait fait ses classes dans les FRAP (Forces de Résistance Associées de la Phallussie), cette armée hétéroclite qui s’était donné comme mission ultime de retarder tant que possible la disparition d’un genre qui avait conduit lentement, mais sûrement, la planète vers une catastrophe environnementale inéluctable. Et tout comme moi, Dumoux avait été affecté dans le RAP (Régiment des Actifs-Passifs).


À ce titre, lors des cérémonies hebdomadaires dédiées au renforcement des liens inter-brigades, les membres de notre groupe devaient normalement copuler avec un quarteron de soldats issus d’autres escadrons. Il était ainsi de notre devoir de sodomiser deux camarades inconnus et d’offrir à deux autres l’opportunité de nous élargir la sortie de service à grands coups de bite.


Chacune des compagnies constituant le contingent des FRAP était en effet composée de trois groupes. Le groupe de RAP, auquel j’avais été affecté comme la majorité des mâles dotés d’un membre ordinaire, Le GPA (Groupe de Pénétration Active) et la CPE (Compagnie des Personnels à Enculer).

La taille de ses attributs avait valu au caporal M’bolo d’intégrer la CPE. Une précaution salutaire prise par l’état-major afin d’éviter qu’une partie non négligeable des forces armées se retrouve en incapacité de combattre en raison d’un coccyx défoncé.


Malgré tout, le général Honzanfan était conscient du fait que même les Enculés avaient besoin de fourrer. C’est pourquoi, une fois par mois, les soldats de la CPE échangeaient leur rôle avec celui des FFI (Forces de Fornication Interlopes), régiment d’élite dont faisait notamment partie le maréchal des logis Lebouteux. Ce dernier s’était fait exploser la rondelle six fois le mois précédent et cette fois, il avait pu effectuer sa mission conformément à son affectation.


Ne nous leurrons pas ; ces exercices, qui pouvaient sembler quelque peu inopportuns, n’avaient en fait qu’un but : renforcer la cohésion au sein de l’armée Phallussienne. Un rite inspiré par nos cousins Bonobos, car faute de femelles dédiées au repos des guerriers, le commandement n’avait pu imaginer de meilleure méthode que la séance hebdomadaire d’enculage partagée par tous les soldats afin de renforcer l’esprit partisan.


Nous n’avions pas d’alternative. Si nous n’avions pas fait le choix de défendre notre ultime territoire avec la mort comme seul horizon, les Amazones auraient prématurément exterminé le dernier mâle de la planète et elles auraient pu se consacrer à leurs parties de broute-minou jusqu’à la fin des temps, se reproduisant de manière parfaitement contrôlée grâce à la technique de parthénogenèse mise au point à la fin des années vingt par la biologiste Angie Gauhalaille.




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Ma brigade avait été affectée à la surveillance d’un poste-frontière stratégique situé à proximité d’un col que nous avions intelligemment baptisé Col de l’Utérus. Ce passage, que nous n’aurions plus jamais le loisir de défoncer, séparait l’empire des Amazones de la Phallussie, l’ultime nation toujours occupée par les Hommes.

Si l’empire était constitué de nombreuses principautés réparties sur l’ensemble des continents, notre pays n’occupait plus guère que quelques pour cent de la surface habitable de la planète et notre population décroissait inexorablement, car, faute de femelles, nous étions bien entendu dans l’incapacité de nous reproduire.

À cette époque, l’âge moyen de nos troupes approchait déjà la cinquantaine et le plus jeune soldat de notre brigade venait de fêter ses trente-huit ans.


Les Amazones étaient des combattantes inflexibles et incorruptibles qui connaissaient par cœur les points faibles des hommes.

On ne comptait plus les surveillants de quart qui avaient déserté leur avant-poste sur la grande muraille défendant le territoire de la Phallussie, après avoir été envoûtés par les danses lascives exécutées le long de barres de métal par des vestales dont la tenue se limitait la plupart du temps à des escarpins à talons aiguilles et des ensembles de lingerie composés généralement de bas-couture et de porte-jarretelles particulièrement évocateurs.


Si le commandement ne leur avait pas imposé le port de lourdes chaînes, nos malheureux camarades auraient été encore plus nombreux à abandonner leur mission, naturellement enclins à tomber dans les résilles des ennemies tentatrices.

Et qu’importait, pour les hommes ordinaires, de supposer que d’impitoyables guerrières les attendaient, sabre dressé, pour les envoyer rejoindre leurs ancêtres. Qu’avaient à faire les mâles alpha les plus orgueilleux des esprits chagrins qui leur prédisaient l’enfermement dans d’obscurs cachots pour y être livrés au bon vouloir de combattantes en chaleur qui les laisseraient pour morts après les avoir vidés de tous leurs fluides corporels.




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J’avais été affecté au service logistique et mon rôle consistait à préparer les menus pour ma compagnie. Ce qui signifiait que je devais, avec mes deux sous-fifres, concocter trois repas par jour pour les cent vingt soldats basés au poste-frontière que nous protégions.

Comme beaucoup d’autres, je m’interrogeais sur le sens de notre quête, même si j’avais bien conscience que l’ennemi ne faisait pas de prisonniers et que mon existence ne tenait que par mon engagement auprès de mes congénères.


Hormis les séances obligatoires de sodomie, et ma fonction essentielle à la troupe, j’avais une autonomie d’action non négligeable, étant notamment dispensé des gardes et de la plupart des entraînements au combat.

Il était évident pour tous mes camarades, officiers compris, que le jour où il faudrait envoyer au front les cuisiniers et les infirmiers, la défaite finale serait imminente, scellant par là même l’extinction définitive de notre population.


La quarantaine bien avancée, je me demandais si j’assisterais moi-même à cette fin irrémédiable et je ne pouvais m’empêcher de penser régulièrement à Yolande, celle qui fut très brièvement ma femme, avant que ne débute le grand conflit qui obligea tout un chacun à choisir son camp et à rejoindre définitivement une armée.

Je n’avais pas encore fêté mes trente ans lorsque les Amazones décrétèrent la mobilisation générale.


Certains membres des communautés LGBTQ+ crurent au discours lénifiant des nouvelles dirigeantes leur enjoignant de rallier le groupe dont iels se sentaient le plus proches, mais iels furent vite confrontés à la réalité de leur anatomie. Les Amazones les mirent rapidement face à un choix binaire. Accepter de se faire couper la queue sous peine de se faire couper la tête.

Pas de bite chez nous ! Tel fut le mot d’ordre fédérateur dans l’empire des Amazones une fois la guerre des sexes déclarée.


Rares furent les traîtresses à rallier les rangs de la Phallussie naissante, à l’aube de ce conflit planétaire. Hormis quelques jeunes nymphomanes, inscrites pour la plupart sur des sites d’histoires érotiques, les autres ne pouvaient ignorer que ce choix allait faire d’elles de vulgaires putes de maison d’abattage tout juste bonnes à servir de vide-couilles à des régiments de mâles en rut dénués de la moindre once de pitié à leur égard.




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Bien sûr, une fois le conflit amorcé, il fallut gérer le cas des enfants de sexe masculin. Quelle mère aurait pu accepter que l’on mutile ou élimine son garçon au nom de la revanche légitime des femmes sur les oppresseurs mâles ! Les premières guerrières, bien entendu dépourvues de descendance, durent composer avec ce sentiment, certes exaspérant pour elles, mais néanmoins inscrit dans les gènes maternels depuis l’apparition de la sexuation.


De nombreux conciliabules furent nécessaires avant qu’une décision, évidemment insatisfaisante pour la majorité, soit adoptée tant bien que mal par le conseil des Sagettes.

Les jeunes mâles furent assignés à résidence chez leur génitrice jusqu’à leurs seize ans, date à laquelle ils allaient devoir faire face à un choix cornélien : rejoindre le camp des hommes ou accepter, bon gré mal gré, d’être privés de leurs attributs virils qui finiraient en nourriture pour les animaux gonochoriques que les Amazones avaient décidé de tolérer jusqu’à ce que la parthénogenèse puisse être étendue à tout le règne animal.


Nous vîmes donc débarquer, pendant plus de quinze ans dans les territoires phallusiens, ces gamins parmi lesquels se mêlaient parfois quelques trentenaires que des mères possessives haut placées avaient su, par d’improbables stratagèmes, soustraire au zèle des Amazones.

Certains de nos compagnons évoquaient alors d’un rire gras ces mères juives qui avaient couvé avec excès leurs petits chéris, oubliant de façon plus ou moins consciente que la religion fut de loin la trouvaille la plus efficace pour permettre à l’homme d’asseoir son autorité sur la femme.


La surface de la nation Phallussienne se réduisit inexorablement à partir du moment où les populations masculines se mirent à décliner, victimes impuissantes de ces maux que l’accumulation des années stimulait avec une constance implacable.




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Comment l’humanité avait-elle pu en arriver à ce point de non-retour ? Cette question ne cessait de hanter mon esprit. Le début du troisième millénaire avait vu émerger des idées qui remettaient en cause les principes biologiques les plus évidents.

Les discours en découlant, alliés à une intolérance de plus en plus virulente et au retour d’un obscurantisme que les esprits libéraux avaient cru un peu vite définitivement enterré, avaient engendré la création de camps de plus en plus sectaires et hermétiques.


La société humaine parvint néanmoins à conserver une certaine cohésion tant que la survie de l’espèce dépendait de la coopération des hommes et des femmes, ces ancêtres des Amazones.

Mais lorsque l’équipe de la professeure Maude Hygason trouva le moyen d’industrialiser la technique de reproduction par parthénogenèse, grâce notamment aux travaux de sa plus proche collaboratrice Angie Gauhalaille, toute cette construction aussi vieille que l’humanité s’écroula comme un château de cartes.


Les premiers pogroms massifs de mâles eurent lieu quelques mois plus tard et au cours de ces opérations spéciales qui n’avaient pas encore officiellement été baptisées guerres, les femmes du Moyen-Orient furent les premières à piétiner la société patriarcale qui les oppressait depuis des siècles.


Dans ces villes sorties du sable, bâties par des esclaves issus du sous-continent indien pour rivaliser avec l’opulence des mégapoles occidentales, se montèrent spontanément des manifestations monstres au cours desquelles des femmes voilées défilèrent, les seins nus, brandissant au bout de leurs piques les couilles de leurs maris et protecteurs qu’elles finissaient par faire griller pour les manger lors de barbecues géants.


Les représentants des cultes religieux particulièrement machistes connurent rapidement le même sort que les émirs et les premières Amazones se régalèrent, jusqu’à l’épuisement des stocks, de mets aux noms évocateurs, tels que la saucisse de rabbin, les boules d’imam ou la gelée de burnes de pope.




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Lorsque la guerre entra dans sa phase active, les Amazones crurent que l’extermination définitive de la population mâle ne serait qu’une affaire de jours, au pire de semaines. Comment en aurait-il pu en être autrement alors qu’elles avaient mis la main sur la quasi-totalité des armes létales de la planète ?


Mais, heureusement pour les hommes, bien peu étaient formées au maniement de ces engins de mort et l’incapacité des femmes à conduire tout véhicule motorisé fut bien plus efficace que n’importe quelle opposition pour précipiter la destruction de cet arsenal. Les pilotes improvisées apprirent notamment à leurs dépens que leur formation consistant à faire décoller un aéronef était incomplète sans l’apprentissage des techniques d’atterrissage. La plupart durent donc se résoudre à crasher leur avion contre ceux des nôtres ou à s’écraser sur les colonnes ennemies. D’aucunes purent aussi constater que faire un créneau avec un porte-avions, voire une frégate, est encore plus compliqué que garer un 4x4 dans un parking parisien, et d’autres qu’on peut aisément confondre le système de tir d’un char d’assaut avec sa boîte de vitesse au grand dam des camarades qui vous précèdent. Quant aux sous-marins, ils finirent tous au fond de l’océan lorsque les préposées au ménage estimaient qu’il était nécessaire d’aérer les coursives en raison de la forte odeur de crevette qui régnait dans les cabines.

Bref, moins d’un an après le début du grand conflit, les belligérant.e.s ne disposaient plus comme armes les plus puissantes que de fusils mitrailleurs et de stocks de balles déclinants.


Je continue d’ailleurs à penser que la disparition des armes de destruction massive ne fut pas uniquement le fruit de la maladresse des femmes, mais qu’une volonté plus ou moins déclarée des Amazones constituât la vraie raison à l’éradication de ces substituts phalliques à la puissance meurtrière démesurée.


Les arsenaux ne furent d’ailleurs pas les seules infrastructures à être détruites. Très vite, les deux camps s’appliquèrent à éliminer les réseaux de communications de tous types et il ne fallut guère plus de quelques mois pour que disparaissent la 5G, la 4G et toutes les générations antérieures de téléphonie mobile sonnant ainsi le glas de la seule technologie qui avait réussi à toucher tous les damnés de la terre. Quant aux réseaux sociaux, il ne demeure à ce jour que de vagues souvenirs de ces médias qui firent tant pour l’aliénation mentale de l’individu, mais qui permirent cependant au mouvement amazonien d’émerger et in fine de prendre le contrôle de la quasi-totalité de la planète.




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Je faisais en sorte d’exécuter ma mission avec application tant il est vrai qu’une nourriture saine et goûteuse est le meilleur moyen pour que des combattants conservent le moral nécessaire pour mener des batailles victorieuses.

Il m’arrivait donc fréquemment de partir à la recherche d’ingrédients destinés à améliorer l’ordinaire de la troupe.


C’est à l’occasion d’une cueillette de champignons que je la croisai. Elle était la première femme qui se trouvait à une distance proche de moi depuis que j’avais fui mon lieu de résidence pour échapper aux furies déchaînées que le commandement des Amazones dépêchait pour le nettoyage préalable à la prise de contrôle d’un nouveau territoire.


C’était une petite femme menue au visage craintif. Elle semblait complètement perdue au milieu de la vaste forêt que seul un passage théoriquement infranchissable permettait d’atteindre depuis l’Empire.

Elle ne pouvait être arrivée là où elle se trouvait par hasard, et ma première pensée fut qu’il s’agissait d’une espionne chargée de localiser et de comptabiliser nos effectifs.


Bien sûr, je n’étais pas un vrai soldat, juste un chef de cuisine, et je me voyais mal occire cette malheureuse, voire même la faire prisonnière, et si l’idée de la violer sur-le-champ traversa mon esprit, je savais pertinemment que mon corps en était incapable.


La seule option qui me restait fut donc d’entrer en contact avec l’intruse.



La femme me regarda les yeux exorbités comme si un animal savant venait de lui adresser la parole.

Je remarquai alors la plaie profonde qui zébrait son torse et la sueur qui inondait son visage. L’étrangère était sans aucun doute sérieusement blessée et probablement dans l’incapacité de s’exprimer.


Lorsque je fis mine de me diriger vers elle, elle tenta de s’enfuir, mais elle trébucha aussitôt et perdit connaissance après sa chute.

Je m’approchai prudemment d’elle pour toucher son front. La femme, qu’à aucun moment je n’avais identifiée comme une Amazone, était extrêmement fiévreuse.

J’estimai d’ailleurs que son espérance de vie ne lui laisserait vraisemblablement pas le loisir d’admirer le prochain lever de soleil.

J’essuyai machinalement son front avec le torchon qui recouvrait les fruits de ma cueillette, déposés dans le grand panier d’osier que j’avais emporté avec moi comme à chaque fois que je me lançais dans une expédition de ce type.

Je soulevai ensuite sa tête et pris ma gourde dont je portai le goulot à ses lèvres. Lorsque l’eau commença à s’écouler le long de ses joues, elle ouvrit les yeux puis la bouche pour absorber le liquide bienfaisant qui s’écoulait de l’orifice métallique.


Ce n’est qu’après avoir descendu la moitié de ma gourde qu’elle prit conscience de ma présence et qu’elle se recroquevilla, en proie à une peur soudaine.



Ayant dit cela, je nettoyai sa plaie avec un peu d’eau puis je déposai à ses côtés quelques-uns des fruits que j’avais ramassés. Enfin, je versai le contenu de ma gourde dans une pierre creuse avant de disparaître dans la forêt.


À mon retour au camp, je repris mes tâches habituelles et fis de mon mieux pour valoriser les baies, les champignons et les herbes aromatiques que j’avais ramassées au cours de mon escapade.

Évidemment, j’éprouvai quelques difficultés à ne pas penser à l’inconnue croisée quelques heures plus tôt.

Par quel moyen avait-elle pu se retrouver seule, perdue en pleine forêt, aussi éloignée des troupes de l’Empire ?


En me posant cette question somme toute légitime, je me mis à transpirer à grosses gouttes. Et si cette femme blessée n’avait pas été seule ? Et si à proximité du lieu où je l’avais rencontrée, s’étaient trouvées des dizaines d’Amazones qui m’avaient laissé repartir afin de me suivre discrètement, espérant surprendre les occupants du camp. Peut-être étaient-elles, à cet instant précis, tapies autour de nos positions, prêtes à fondre sur nous dès que la plupart de mes camarades auraient rejoint les bras de Morphée.


Ces soupçons m’empêchèrent de trouver le sommeil et je finis par me lever au milieu de la nuit bien décidé à retourner à l’endroit où j’avais trouvé l’Amazone blessée.


Lorsque j’arrivai sur place, un calme étrange régnait. Je n’eus guère le loisir de goûter cette atmosphère reposante avant qu’une bande de furies se jette sur moi et que je perde connaissance sous une pluie de coups distribués sans discernement.




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Lorsque j’émergeai, j’étais nu et allongé sur le dos. Mon corps était recouvert d’un drap épais et des liens fixés à mes extrémités limitaient fortement mes mouvements et m’empêchaient de changer de position. J’étais de surcroît couvert de sueur en proie à une douleur intense qui me vrillait le cerveau.

Lorsque j’entrouvris les yeux, j’eus à peine le loisir d’apercevoir l’Amazone penchée sur moi. La lumière aveuglante me contraignit à baisser les paupières aussitôt.


Sans pouvoir prononcer un mot, je laissais l’Amazone m’embrasser tendrement.

Peu à peu, mes yeux s’adaptaient à l’éclairage de la pièce et je pus enfin reconnaître une à une les membres de l’assemblée réunie autour de moi.


Ma mère me fixait, le regard empli d’une tendresse attristée. De chaque côté du lit, je reconnus mes deux sœurs aînées. À droite se trouvait Karine, la plus jeune des deux. Elle était accompagnée de Sarah, sa compagne. Lou, ma cadette de trois ans, était seule, me fixant d’un air détaché comme si sa joie de vivre l’avait abandonnée à jamais.

En plus de ces femmes que je connaissais depuis toujours, je remarquai deux inconnues dont les tenues m’éclairèrent sur leur présence dans la pièce.


La plus jeune était sans aucun doute infirmière et la maturité évidente de la seconde me fit automatiquement penser à une doctoresse expérimentée.

Au-delà de l’expérience surréaliste que je venais de vivre, je n’arrivais pas à me souvenir des circonstances qui m’avaient amené à me retrouver dans cette chambre aseptisée, entouré des femmes de ma famille.

Je fus le premier à rompre le silence, mais le son de mes mots m’emplit d’effroi.

Qu’était devenue ma voix ?


Le regard attristé que me lança ma mère fut plus parlant qu’une explication détaillée.

Elles avaient osé. Elles avaient choisi pour moi. Bien sûr techniquement, la mise en œuvre de cette solution finale n’avait pas dû être insurmontable. Nancy, une amie très proche de ma mère, dirigeait une clinique spécialisée dans les opérations transsexuelles.

Ma mère et mes sœurs avaient fait le choix risqué pour elles de m’offrir un avenir certes non désiré de mon point de vue plutôt que de se résoudre à ce que je n’ai plus d’avenir du tout.


L’inanité de cette situation me submergea.

Pour échapper à une mort irrémédiable, allais-je donc devoir survivre dans un corps qui n’était plus qu’une caricature de celui qui m’avait été donné le jour de ma conception.

Devrais-je accepter de n’être plus celui que j’avais toujours été jusqu’à ce qu’un ultime conflit me rattrape et se joue de mes désirs les plus profonds ?


J’eus alors une pensée pour ceux qui endurèrent tout au long de leur existence une identité physique qui ne leur correspondait pas.

Combien de souffrances subies pour avoir été rejetées par l’évidente logique attribuée au bon sens général ?

Vivre malheureux ou mourir, dans un environnement où le courage et la lâcheté sont mêlés si intimement qu’ils en perdent leurs sens respectifs.


Pour moi, la question n’allait guère tarder à se poser alors que les reportages d’informations se succédaient sur le vaste écran plaqué sur le mur de la chambre.

Sur le dernier, je pouvais regarder de fières Amazones en train de brandir leur fusil dont la baïonnette était surmontée de têtes d’hommes aux yeux vides.

Mon cœur cessa de battre lorsque je reconnus le visage rieur de Van Nguyen, mon second à la cantine de la caserne où j’officiais avant d’être capturé.

La légende qui défilait en bas de l’écran eut rapidement raison de mes questionnements :


L’offensive finale déclenchée il y a moins d’une semaine se déroule conformément aux prévisions de nos vénérées dirigeantes. Après la prise facile du poste avancé ennemi qui protégeait bien mal la vallée du scrotum, nos troupes avancent, le cœur vaillant et le regard fier, vers l’ultime citadelle phallusienne. Les prédictions de nos stratèges sont formelles. Dans une semaine au plus tard, le dernier mâle humain de cette planète ne sera plus qu’un amas de chairs et d’os calcinés.