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n° 21688Fiche technique48618 caractères48618
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Temps de lecture estimé : 34 mn
11/04/23
Présentation:  Allez, au diable l’avarice, voici une bonbonne d’eau de rose.
Résumé:  Un ex-instituteur retrouve une de ses anciennes élèves.
Critères:  fh hplusag caférestau fsoumise revede init -rencontre
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message
Bonne élève

C’est vraiment bon, ce que j’ai dans mon assiette. Cette daube ne sort pas d’une boîte, c’est certain. J’aime bien la brasserie de la gare. La cuisine est bonne et la patronne est superbe, belle à tomber et très sympathique, en plus. C’est une grande rousse claire, d’origine irlandaise que révèle son accent charmant, longue, fine, grand cou, épaules dégagées, portant une sorte de vêtement bavarois, corset serré mettant en valeur sa poitrine pigeonnante et sa taille fine, longue jupe et bas blancs, avec une petite coiffe pour couronner son joli minois. Superbe. De petits plis sous les yeux donnent l’impression qu’elle sort du lit, ce qui me porte à penser que tout le temps que cette femme sublime passe en dehors du lit est du temps perdu, n’en déplaise à son basque de mari. Il est copain avec mon collègue, un petit taureau catalan qui ne parle que de « rugueby » et ne sait même pas ce qu’il est en train de manger. Il parle, il parle avec sa volubilité et son accent du sud-ouest. Bon, il est sympa, je m’entends bien avec lui sinon je ne serais pas là. Mais parfois, il me gave, plus que la daube, et mon esprit et mes yeux s’évadent…


Waouh ! Quels yeux ! Des yeux comme ça, ils vous accrochent le regard et vous ne pouvez plus vous en détacher. Ils sont… bleu profond avec des paillettes vertes… ou le contraire… en tout cas, extraordinaires. Pourtant, j’ai comme une impression de déjà-vu. Mais avec cette peau mate et légèrement halée, je mets cela sur le compte de la célèbre photo de « l’Afghane aux yeux verts », sans que la fille à la table proche n’ait le type afghan. Curieux d’ailleurs, elle ne me lâche pas non plus du regard et même un léger sourire se dessine sur ses lèvres. C’est au point que la nana en face d’elle se retourne un bref instant pour me regarder, ce qui rompt le charme. Je repique dans mon assiette et termine ma daube pendant que les deux filles se penchent l’une vers l’autre pour se parler à voix basse. La blonde à la grosse touffe frisée se retourne encore vers moi, je ne doute plus d’être le sujet de leur conversation discrète. C’est Gérard qui me tire de mes pensées :



Il se retourne, hèle la belle patronne, et les cafés arrivent presque aussitôt. Ils savent bien que leurs clients bossent et doivent respecter les horaires de bureau. À côté, la blonde se lève et se dirige vers le bar pour régler, mon collègue en fait autant. Je ne sais pas comment il peut boire aussi vite ce breuvage brûlant. Moi je dois d’abord faire fondre le sucre, il n’en prend pas, et attendre un peu que le café tiédisse en l’absorbant à petites gorgées. C’est là que ma brune voisine au regard étonnant se lève et se dirige vers moi.



À ce moment, nos deux compères nous rejoignent, nous montrant ostensiblement leurs montres.



Elle s’éloigne, me laissant tout benêt. Couillac… oui, dix ans déjà. Une gamine du CM2 devenue une jeune femme superbe maintenant… Ça fait drôle ! Il s’est passé tellement de choses en dix ans… Mariage, divorce, besoin de changer d’horizon. Je suis passé de la formation initiale à la formation continue, des enfants aux adultes. Mais il a fallu aussi apprendre à faire commerce de cette formation, la vendre aux entreprises, aux particuliers comme aux pouvoirs publics, États et Régions. Et puis, acquérir l’expertise permettant de délivrer des conseils en entreprise, apprendre à manager une équipe, à recruter, mais aussi à licencier. J’y trouve mon compte, intellectuellement et financièrement, et c’est ainsi que j’ai bâti ma nouvelle vie. Et soudain, me voilà rattrapé par l’ancienne, au détour d’une brasserie. La vie est parfois surprenante, c’est aussi ça qui la rend intéressante.


Vendredi soir, mon mobile gronde et sonne l’arrivée du… quarantième texto de la journée, peut-être.



  • — Bonsoir, c’est Églantine. Je peux vous appeler sans vous déranger ?
  • — Je suis toujours au bureau. Dans une heure si c’est possible.


Dix-neuf heures trente, je rentre enfin, rude journée. Un bon whisky dans une main, le mobile dans l’autre, effondré sur le canapé. J’imagine que ma petite élève a oublié ou est empêchée, ou bien encore n’a pas apprécié ma réponse. Tant pis. Qu’est-ce que j’aurais à lui dire au fond, désormais si loin de la petite école de campagne de Couillac ? C’est à ce moment que le téléphone tinte, me tirant de la torpeur qui me gagnait.



  • — Monsieur Rezzin ? Ça va, je ne vous dérange pas ?
  • — Non, Églantine, plus du tout. La journée est finie et la semaine aussi, ouf !
  • — Veinard, moi je travaille encore demain. Mais pas lundi, ça compense.
  • — Oui, je comprends. Tu suis le rythme des besoins des touristes.
  • — C’est ça. Mais à cette époque, les samedis sont plutôt calmes.
  • — C’est bête, je comptais t’inviter demain. Et comme pour moi le lundi ce n’est pas possible, il ne reste plus que dimanche. Mais ce n’est peut-être pas possible pour toi ?
  • — Si, si, c’est possible, mais… je ne voudrais pas déranger, le dimanche c’est sacré.
  • — Penses-tu, pas pour moi ! Les « hussards de la République » ne vont ni à la messe ni aux vêpres. Veux-tu venir déjeuner à la maison, qu’on puisse évoquer le passé tranquillement ? Ce sera simple, mais surtout sans « parasitages » extérieurs. À la bonne franquette.
  • — Ben, je… pourquoi pas, après tout ?
  • — Bien, on fait comme ça. Tu vois la route vers Délosse, en passant par l’Avenue du Général Buzard ?
  • — Oui, tout à fait.
  • — Tu franchis le pont sur le Bouzon, tu montes un peu sur la colline et tu prends la première à droite, la rue du Lavoir. Cette rue fait un angle droit pour redescendre vers le Bouzon, où se trouve le lavoir. Ma maison est juste dans l’angle, en face de la rue, 26 rue du Lavoir. Tu peux entrer avec ta voiture, je laisserai le portail ouvert.
  • — D’accord, c’est noté. Vers midi, ça vous va ? Oh je suis trop contente de vous revoir…
  • — Moi aussi, à dimanche midi.


Pfff ! Voilà que je me colle des obligations par-dessus le marché. Bon, pas une obligation désagréable, il faut l’avouer, elle est plutôt mignonne, cette petite. Et surtout ses yeux, si peu ordinaires…


Je ne mets pas les petits plats dans les grands, je fais simple, on n’est pas là pour un déjeuner de gala, mais juste pour évoquer un passé lointain. Il est midi pile lorsqu’un moteur de tracteur vrombit dans la cour. C’est comme ça que j’appelle les diesels. Elle est ponctuelle, c’est bien. J’ai horreur des nanas qui se font désirer.



On se retrouve dix minutes plus tard autour d’une coupe de champagne, il fallait bien fêter ça, mais j’avais décidé qu’une demi-bouteille suffirait.



Elle est maintenant plus à l’aise, pas empruntée, et débarrasse la table basse comme si elle était la maîtresse de maison, posant tout sur le comptoir de la cuisine ouverte. Elle est grande, déliée, avec une élégance certaine dans ses gestes et sa démarche. Ses vêtements un peu flous ne montrent guère ses formes qu’il faut deviner au hasard d’une attitude ou d’un mouvement. Elle demande si elle peut m’aider, je lui confie les petites assiettes de l’entrée, terrine maison sur un lit de salade du potager. Je lui propose de terminer la petite bouteille de champagne en mangeant, elle accepte en rosissant ses pommettes sous sa peau mate. Elle est vraiment très jolie. Et ses yeux…



Nous passons ensuite au plat de résistance, nouvelle surprise pour elle.



Le fromage et le dessert avalés, je propose à une Églantine gavée de faire une promenade digestive tout en continuant notre discussion. Nous descendons par la route jusqu’au lavoir, une enclave communale dans mon terrain qui va lui aussi jusqu’au Bouzon. Le lavoir a été très bien restauré et on imagine bien le travail des lavandières qui y œuvraient par tous les temps.



Là, une escadrille d’anges passe à tire d’ailes. Je remâche sa dernière phrase en essayant d’interpréter ce qu’elle vient de dire, ses joues rosies par l’audace qu’elle vient d’avoir me confirment que je ne me trompe pas. Je suis bien embarrassé par ce qui semble être une déclaration et, comme toujours dans cette situation, je décide de n’avoir rien entendu ou compris. Nous prolongeons la promenade en longeant le Bouzon, passant sous le pont qu’elle a emprunté en venant, jusqu’aux restes des piles d’un ancien pont romain qui passait presque au même endroit. Puis nous remontons en traversant mon terrain, visitant au passage la grange qui me sert à la fois de garage, de remise pour les outils de jardin et d’atelier de bricolage avec, dans le coin le plus enterré, une petite cave creusée d’un mètre dans le sol et fermée de parois très épaisses avec les restes de l’isolation de la maison. Épatée par mes productions légumières, je lui prépare un panier de différents légumes, de quoi cuisiner pour toute une semaine. J’ai bien compris que pour sa bourse, les euros qu’elle a mis dans la boîte de chocolats risquent de la priver de quelques repas.



Nous buvons l’épais breuvage à petites gorgées. Le jour décline déjà, l’automne progresse. Nous sommes de nouveau silencieux, un peu gênés et en même temps si bien ensemble. Moi aussi j’ai envie de prolonger ces instants magiques, je propose d’allumer un feu de cheminée, elle bat des mains. La soirée s’annonce enchanteresse.



Elle se rapproche de moi, pose sa tête sur mon épaule avec un soupir qui semble être d’aise. J’entoure ses épaules de mon bras devant l’âtre flamboyant, je lui caresse la joue, j’y pose de petits bécots, elle ronronne comme une chatte. Quand mes mains atteignent sa poitrine, constatant qu’il ne s’agit plus de petits nichons, mais de deux gros obus arrogants et drus, elle tressaille, mais se laisse faire, soubresautant au gré de mes caresses et de mon pelotage.



Il est vrai que le feu de cheminée rayonne puissamment, mais il n’est pas seul à échauffer la belle. Belle qui se dépouille de ses couches de vêtement vagues, apparaissant soudain nue, exotique, magnifique. Esméralda est le nom de baptême que je lui donnerais à cet instant. Fine, longue, musclée, mais en même temps toute en courbes harmonieuses, une véritable beauté, l’ingénuité en plus. Elle vient se rasseoir sur mes genoux, offerte.



Mon petit cœur palpite, ma raison chavire, mon sexe est en charge maximale. Mes mains parcourent sa peau d’une extrême douceur et s’arrêtent sur les aréoles brunes crispées, ses tétons érigés et durs dessinent les lignes de mes paumes, elle soupire et tressaille à moult reprises, j’enserre sa taille fine, je papillonne sur son échine frissonnante, ses grands yeux me regardent comme le messie, sa bouche accueille ma langue et nos souffles s’accélèrent.



Vite, je déplace la table basse, je tire sur la sangle qui déplie le lit et je remets deux bûches dans le feu.



Elle est magnifique, sa remarque attire mon regard vers ses pieds, très cambrés avec un joli coup bien marqué. Vraiment belle de la tête aux pieds. Je me dévêts à mon tour et nous nous retrouvons sur cette couche improvisée. Après, eh bien, après c’est la longue et tendre découverte de son corps fin et ferme, de ses membres déliés, de ses parties plus charnues, la belle surprise de découvrir une petite chatte aux lèvres brunes faisant paraître plus roses encore ses muqueuses intimes. Rien n’échappe à mes mains et à ma bouche avides, à l’exception de la coiffure qui encadre son visage. Une chose bizarre donnant une sensation de carton. Porte-t-elle une perruque ? Souffre-t-elle d’une alopécie ou d’une pelade ? Elle perçoit mon désarroi et se redresse.



Je monte de ce pas lui trouver l’outil requis. Elle brosse une à une les mèches soudées par la colle capillaire. Oui, ses oreilles sont très décollées et paraissent d’autant plus incongrues et disgracieuses sur cette pure beauté. Je décide d’être honnête.



Je poursuis, longtemps. Si ses seins sont hypersensibles, que dire de son petit bouton d’amour grâce auquel, à force de coups de langue, je parviens à l’enflammer par trois fois. Je n’en peux plus, je n’y tiens plus, et n’ayant jusqu’alors jamais défloré personne, l’idée me vient de lui laisser ce privilège. M’étendant sur le dos, je l’invite à m’enfourcher et, tenant mon pénis à la verticale, à s’enfiler dessus en contrôlant elle-même la perte de sa virginité. L’idée la séduit et elle s’empale lentement, avec précaution, n’émet qu’un petit gloussement et se retrouve à peine une minute plus tard les fesses contre mon bas-ventre. Elle s’affale sur ma poitrine, son museau dans mon cou.



C’est qu’elle m’émouvrait presque jusqu’aux larmes sans ce maudit appendice à la fête dans ce fourreau tout neuf et si étroit. Je bouge, elle gémit. Je bouge plus fort, elle gémit plus fort. Je lui demande si ça va.



Alors, je m’active du bassin, me fais basculer sur elle avant de terminer en levrette, déversant mon plaisir sur ses superbes fesses. Elle s’affale sur le dos, couverte de sueur, les yeux tricolores, rouges, verts, bleus.



Je nous sers deux cafés que nous buvons nus, assis l’un près de l’autre sur le lit, ne cessant de nous regarder, éblouis. Puis elle me prend les bras pour m’attirer à elle, son étrange regard vissé dans le mien.



J’en reste sans voix. Elle saute dans ses vêtements, prend son sac, sort les clés de sa voiture, je suis encore en train d’enfiler mon boxer, abasourdi. Son « tracteur » démarre, les feux s’éloignent quand je parviens à sortir. Trop tard. J’ai froid, je rentre. Le feu rougeoie et s’éteint mollement. Je fourre le couvre-matelas souillé dans la machine à laver, je ne vais tout de même pas le punaiser au mur comme un trophée, ce serait de mauvais goût. Je replie le canapé et je me reprends un whisky. Merde, il est une heure passée. Et je bosse demain, enfin, tout à l’heure. Je me mets à redouter une chose : que ce départ précipité marque la fin d’une trop brève aventure, le simple assouvissement d’un fantasme d’écolière. Ce serait trop bête. Elle me plaît infiniment, merveilleusement, prodigieusement. Je crois bien, j’en suis même sûr, que j’en suis amoureux… Vite au lit !


Lundi vaseux, merdier habituel du boulot, sans plus, mais sans moins que d’habitude. C’est vers vingt heures que mon mobile tinte.



  • — Bonsoir, mon Maître. Je ne vous dérange pas ?
  • — Pas du tout. Jamais, même.
  • — C’est gentil. J’ai cuisiné toute la journée vos bons légumes et j’ai même acheté une rouelle. J’ai à manger pour plus d’une semaine. J’en ai rempli mon petit conservateur.
  • — C’est bien ça…
  • — Oh oui, et j’en ai goûté, c’est excellent. Et vous, pas trop dure la reprise ? Je suis désolée, je suis partie très tard…
  • — Non, ça a été. Et rien que de t’entendre, ma fatigue s’évanouit.
  • — Ha ha ! J’en suis ravie. Moi j’ai encore un peu de mal à m’asseoir. Normal la première fois, je suppose. Mais si c’est le prix à payer pour le bonheur que vous m’avez donné, je suis prête à recommencer.
  • — Je ne rêve que de cela. Mais tu sais, tu es partie si vite, tu franchissais le portail quand je suis sorti…
  • — Oui, j’ai vu l’heure, je me suis souvenue que vous travailliez le lendemain et puis… la séparation après ce que nous venions de vivre aurait forcément été difficile si elle traînait en longueur.
  • — Tu as eu parfaitement raison, et moi je n’étais pas encore redescendu de mon nuage. Alors je n’ai même pas eu le temps de te le dire, mais… je crois bien que je t’aime.
  • — Comment ?
  • — Je crois bien que je t’aime.
  • — Je n’ai pas bien entendu, la ligne est mauvaise…
  • — Je t’aime ! Là, tu es contente ?
  • — Aaaaaahh ! Ouiiii ! Heu-reuse, vous voulez dire. Alors je pourrais revenir vous voir ?
  • — Quand tu voudras.
  • — Je me disais que si je venais le vendredi soir, certes je bosse le samedi, mais pas trop pendant l’hiver, et si je ne repartais que le lundi soir, nous aurions quatre soirées ensemble et tout le dimanche. Pas mal, non ? Quatre soirs sur sept…
  • — Merveilleux, on fait comme ça. Mais les trois autres jours, on bosse. D’accord ?
  • — D’accord. À vendredi donc, vers dix-neuf heures trente. Ça ira ?
  • — Ce sera parfait. Vivement vendredi.


C’est lors de ce week-end, le dimanche après-midi, alors que nous avions fait l’amour trois fois, qu’Églantine, essoufflée, me demande :



Ça change tout, la présence d’une femme dans une maison. Tout est plus gai, plus beau. Des yeux neufs, et quels yeux, se posent sur toute chose, ses mains fines arrangent les objets différemment et je me sens plus heureux. Bien sûr, nous faisons l’amour, souvent, tendrement et parfois jusqu’à la folie. Mais surtout, nous partageons, nos soucis, nos joies, nos peines, présents et anciens. On fait cela pendant deux mois et c’est le bonheur. Je lui dis alors que pour trois nuits par semaine, elle ferait mieux de s’installer complètement chez moi et qu’ainsi elle économiserait en six mois le prix de son opération d’otoplastie. Elle saute de joie, donne son congé à son propriétaire et s’installe. De temps en temps, elle rapporte de son boulot des invitations gratuites à des vernissages, des spectacles ou des manifestations dont l’Office de Tourisme est partenaire. L’occasion de sorties agréables, d’autant plus en tenant à son bras une beauté aussi remarquable.



Les semaines et les mois s’écoulent, me laissant une curieuse impression. Peut-être suis-je resté sur un souvenir de couple en déliquescence avec des relations heurtées et trop souvent difficiles, mais je n’ai pas mémoire, même du couple solide de mes parents dans mon enfance, d’une telle harmonie, d’une telle paix, d’une telle facilité dans nos rapports. Accord parfait comme en musique ou soumission absolue d’Églantine envers son « Maître », comme elle dit ? C’est vrai qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour me faire plaisir, mais pour moi également, me semble-t-il, ses souhaits sont toujours exaucés sans même avoir d’efforts à fournir. Je lui en parle, lui intimant de me dire si quoi que ce soit lui coûte.



Ô la bonne nouvelle ! Bien sûr que je me suis libéré, train et taxi jusqu’à la clinique du coupeur de feuilles. En fait, c’est tout simple, du moins en apparence. Il découpe une tranche de cartilage à l’arrière de l’oreille, sans dépasser vers l’avant, un peu comme un quartier de clémentine, rapproche les deux côtés et recoud. Ambulatoire, anesthésie locale, retour par le dernier train avec un bandeau autour de la tête. Ce bandeau, elle doit le porter une semaine, puis toutes les nuits pendant un mois. En fait, elle le porte tout un mois, sauf quand l’infirmière vient nettoyer la cicatrice, et encore un autre mois toutes les nuits. Tellement angoissée du résultat. La visite de contrôle est parfaite, le mec est content de lui et lui ordonne de ne plus rien mettre. Sublime Églantine, maintenant à zéro défaut. Petit à petit, elle s’habitue à sa nouvelle tête et ose chignons et autres queues de cheval. Accélérateur de libido, la perte de ce vieux complexe la porte à devenir très demandeuse et beaucoup plus sûre d’elle dans nos ébats amoureux. Que du bonheur.