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n° 21711Fiche technique26331 caractères26331
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Temps de lecture estimé : 17 mn
20/04/23
Résumé:  Nous sommes tous d’accord. Laetitia, autrice charismatique, est la meilleure d’entre nous. Elle le prouve une fois de plus avec sa série « Mangouste contre l’Organisation ». Qui a pu inspirer une héroïne aussi extraordinaire ?
Critères:  fh neuneu hotel pastiche délire humour policier -humour -policier
Auteur : Jimmychou      Envoi mini-message
Coup de mou dans les pâtes dures

Je m’appelle Chloé Pantacourt. C’est du moins ce qui est indiqué sur mon état civil officiel. Blonde, de corpulence moyenne – un mètre quarante-huit pour soixante-neuf kilos –, je suis employée par le ministère en tant qu’Agent secret de classe exceptionnelle, quatrième échelon. Lorsque je ne suis pas en mission aux quatre coins de la planète pour protéger les intérêts et la démocratie du pays des droits de l’homme et de la liberté, je prépare le concours national de technicien spécialisé dans les systèmes de défense contre les cocos et les islamistes.

Je suis experte en arts martiaux et malgré mes jambes très courtes, mes high kicks sont d’une efficacité redoutable, car ils terminent généralement leur course dans les parties génitales des brutes décérébrées qui osent me défier.

Étudiante brillante et éclectique, j’ai notamment obtenu un CAP de manucure avec mention, et effectué trois premières années en faculté de psychologie.

Bien que plutôt jeune pour mon âge, j’ai à mon actif de nombreux coups d’éclat qui m’ont valu les plus prestigieuses distinctions de la République. Pour avoir exterminé, seule et sans assistance, les cinq doigts boudinés de la « Main », dont les membres constituaient la tête de la redoutable « Organisation », je me suis ainsi vue attribuer la Croix de Lèse-bosse par la générale de Bouffe-Minette en personne.

Mon nom de code : Langouste, car je suis dotée d’antennes invisibles qui me permettent de capter les événements avant mes adversaires.

Ma devise : non enim misericordiae impius.




Ce jour-là, l’agent spécial Pantacourt, alias Langouste, est convoqué à L’Agence de la Sécurité Nationale pour recevoir les instructions concernant sa prochaine mission.

Un des plus hauts pontes des services secrets français l’attend au siège alpin, sis à Salers sur Oisans.


Langouste reconnaît immédiatement l’adjudant Delamerre lorsqu’elle entre dans le bureau si secret qu’aucun nom ni numéro ne figure sur la porte.

Un rapide coup d’œil dans la pièce spacieuse permet à Chloé d’identifier aisément Mama Africa, une espionne malienne retournée par les services secrets français trois ans auparavant. Pantacourt reconnaît que la couverture de la femme noire qui officie discrètement est parfaite, et en la voyant vider les poubelles et épousseter les étagères, aucun observateur mal intentionné ne pourrait se douter qu’elle est un des éléments opérationnels les plus efficaces du système de défense du territoire national.


Chloé fait un grand clin d’œil à sa « collègue » quand elle croise son regard. L’air quelque peu éberlué de Mama Africa l’enjoint à ne pas insister. Chloé comprend très bien le désir légitime de discrétion de l’espionne et elle se résout à faire une croix sur la partie de broute-minou qu’elle avait déjà imaginée, avec la plantureuse femme noire, après la fin de son service.


Lorsque Chloé Pantacourt s’assied face à lui, Delamerre devient tout pâle. Il se pince le nez avec les doigts tout en regardant d’un œil interloqué le collier original arboré par l’agent de choc.



Delamerre arbore une pâleur inquiétante alors que Chloé poursuit son explication.





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Une fois de plus, Chloé ne peut qu’être impressionnée par la maîtrise de Mama Africa qui nettoie, avec un sang-froid exceptionnel, le déjeuner à moitié digéré que Delamerre vient de régurgiter sur le sol de la pièce.



Chloé doit patienter un quart d’heure pendant qu’on évacue Delamerre vers l’hôpital le plus proche.

Son attente prend fin lorsque le sergent Tillaisse, le bras droit de Delamerre, entre dans le bureau anonyme.



Moins d’une minute plus tard, un homme, coiffé d’un chapeau en feutre orné d’une plume de faisan, pénètre dans la pièce. Il est vêtu d’une tyrolienne, de grandes chaussettes en laine multicolores et de nu-pieds en cuir.

Avant de saluer les occupants de la salle, le nouveau venu dépose contre le mur un tuyau en bois de trois mètres de long, courbé et évasé à l’une des extrémités.


Tillaisse présente immédiatement l’arrivant à l’agent de choc des SR français.



Tillaisse attend que Chloé ait examiné attentivement l’instrument à la facture remarquable, avant de poursuivre son explication.



Le sergent attend que Chloé ait assimilé toutes les informations avant de continuer.



Cette fois-ci, le déclic survient assez vite et le sergent peut reprendre le cours de son discours.



Chloé, frappée par un de ces éclairs de génie dont elle est coutumière, interrompt vivement le sergent.



Tillaisse jette un coup d’œil désolé à Beaufort avant de continuer.



Beaufort sort de sa poche un couteau multilames de couleur rouge orné d’une croix blanche. L’objet est doté d’un embout USB habilement dissimulé et permettant de le connecter à un micro-ordinateur.

Impressionné par la technologie helvétique, Tillaisse est contraint d’avouer au colonel du SRC que les matériels informatiques du contre-espionnage français ne disposent pas encore de ports USB.



Tillaisse s’adresse alors à son homologue suisse sur un ton mystérieux.



L’agent helvétique tend son couteau au maréchal des logis-chef qui s’en saisit avec précaution.





OOOooOOO




En apercevant Chloé qui sort du magasin, vêtue d’une combinaison de ski rose bonbon, de Moonboots en fausse fourrure et d’une casquette Pluto à oreilles de cocker, Tillaisse remet son masque NBC avant de se diriger vers la jeune femme.



Pantacourt ne peut s’empêcher de maugréer, mais finit par accepter de confier son bijou au sergent qui lui assure qu’il sera stocké en toute sécurité dans un des coffres blindés et ignifugés où le service de renseignement conserve ses disquettes de sauvegarde.




OOOooOOO




Installée depuis peu dans la junior suite de la pension des Marmottes, Chloé est en train de consulter le dossier que lui a remis Dimitri Possetaal, le responsable local du SRC.

L’agent féminin du service action français n’a en effet guère le temps de rêvasser, car elle a rendez-vous à dix-huit heures trente au bar de l’hôtel avec le colonel Beaufort pour établir le plan d’action des jours à venir.




OOOooOOO




Langouste est la première à s’exprimer après avoir trempé ses lèvres dans le verre de génépi offert par la direction de l’établissement.



D’abord, au cours de mes nombreuses missions, j’ai appris à me méfier de la perfide Albion.

Ensuite, je pense que les Français ont plus à perdre qu’à gagner en s’attaquant à la filière du gruyère suisse. Finalement, peu de gens se soucient de l’origine du gruyère qu’ils consomment. Et nuire au gruyère suisse, c’est nuire au gruyère tout court, donc au gruyère français par la force des choses.


Les yeux de Beaufort se mettent à briller d’admiration face à la démonstration implacable de Langouste, soudainement gagnée par une douloureuse migraine qui finit par s’estomper lorsque ses connexions neuronales retrouvent leur configuration originale.





OOOooOOO




Chloé termine tout juste la lecture de « Fantomette contre le T-Rex » lorsque le téléphone de sa chambre se met à sonner.



Chloé vient à peine de reposer le combiné, qu’immédiatement, tous ses sens passent en mode alerte. Après un rapide passage sous la douche, elle enfile ses sous-vêtements de sport puis revêt une combinaison moulante noire et des ballerines à semelles renforcées.

S’assurant que la cagoule qu’elle utilise lors de sa séance mensuelle de flagellation se trouve bien dans sa poche, elle enfile un masque FFP2 et quitte discrètement l’hôtel pour rejoindre le bâtiment du SRC situé à proximité.


Une équipe du DARD3, constituée d’anciens membres du RAID, se trouve sur place, attendant les instructions de Beaufort pour démarrer l’opération.



Une heure plus tard, l’opération est terminée. Les hommes du DARD, qui ont utilisé leur gros boutoir pour défoncer l’entrée de service, ont passé le relais à la police de Fribourg. Cinq des six membres du groupe musical ont été conduits au commissariat de la ville, pour y être interrogés.

Pendant ce temps, deux inspecteurs se chargent de relever, dans la maison de location, tout indice susceptible de fournir des informations sur les véritables intentions de la bande.


Malheureusement, Jimmy Mac Abbage, le leader du groupe n’était pas présent lorsque le DARD s’est introduit dans les lieux. Chloé et le colonel ont donc décidé de partir à sa recherche en sillonnant la ville.



Beaufort reste silencieux pendant un petit moment. La sonnerie de son téléphone portable interrompt les réflexions de l’officier du SRC qui arrête aussitôt son véhicule et active le haut-parleur pour que Chloé puisse entendre la conversation.



À ce moment-là, des bruits de jets chiasseux et des gémissements plaintifs parviennent aux oreilles des deux agents du renseignement. Raklett s’éloigne des sanitaires pour reprendre sa conversation avec Beaufort.



Le colonel coupe brusquement la conversation puis s’adresse à Langouste.



Tout en roulant vers le bâtiment en compagnie de Chloé, Beaufort contacte le chef de la police afin qu’il envoie des renforts à la réserve cantonale de gruyère. Puis il se gare devant l’entrée principale.


Les deux agents sortent de la voiture et Langouste est la première à identifier la petite porte utilisée par Mac Abbage pour pénétrer dans le bâtiment.


Le colonel allume aussitôt la torche de son portable et fait signe à Chloé de le suivre et d’avancer le plus silencieusement possible jusqu’à ce qu’ils atteignent l’escalier qui mène au sous-sol de l’immeuble.

Le premier niveau est désert et les deux agents doivent atteindre le troisième sous-sol avant de découvrir, à proximité de l’escalier, un grand sac ouvert contenant au moins cinquante kilos de poudre blanche.

La lueur d’une lampe frontale les informe de la présence d’un homme muni d’un pulvérisateur à insecticide. Le type est visiblement en train de répandre sa poudre toxique sur les grosses meules de gruyère empilées dans la grande salle climatisée.



Le type pousse un cri de rage.



Beaufort ramasse aussitôt le pulvérisateur qu’il va cacher le plus loin possible du précieux stock de fromage.


Pendant ce temps, Langouste examine attentivement le type couché à terre et récupère le passeport glissé dans sa veste.

Le colonel la rejoint à ce moment-là.





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Langouste et Beaufort trinquent dans la suite princière que le gouvernement suisse a généreusement mise à disposition de l’agent des services français pour la remercier d’avoir permis l’arrestation d’un dangereux terroriste qui menaçait l’une des principales activités économiques de la Confédération.


Le colonel avale une gorgée de Roederer Cristal avant de questionner Chloé.



Langouste prend un air satisfait avant de poursuivre.



Il ne faut alors guère de temps pour que la femme blonde se retrouve à poil, à quatre pattes sur le matelas suisse, pendant que Beaufort lui ramone le con à grands coups de boutoir.



En croyant reconnaître le sifflement d’attaque d’un homme de main de l’Organisation surnommé Cobrasssnake (cf. l’épisode des aventures de Langouste intitulé « Indigestion de poisson-chatte à Pataya »), Chloé envoie valdinguer Helmut d’une puissante ruade puis elle se retourne d’un coup et décoche aussitôt un puissant balayage circulaire qui finit dans les roubignoles totalement épilées de son amant. Le bruit métallique du choc permet à l’agent des services français de saisir tout le sens de l’expression « couilles en or ».





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1. « Touche pas à mon pote » est le slogan officiel de l’association française « SOS Racisme » créée en 1984 par Harlem Désir et Julien Dray. Ce slogan est inscrit en noir dans la paume d’une main jaune qui constitue le logo de l’association.


2. SMT Goupil (Société de micro-informatique et télécommunication) était une entreprise française spécialisée dans l’informatique. Créée en 1979, elle disparut en 1991.


3. Le DARD (Détachement d’Action Rapide et de Dissuasion) est une unité spéciale de la police cantonale vaudoise.

Lors de certaines opérations et dans des conditions bien particulières, le DARD est habilité à intervenir sur tout le territoire national de la Suisse.


4. Le Manurhin MR 73 est un revolver français, destiné aux services de police, mis en production, à partir de 1973, par la société Manurhin à Mulhouse.