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n° 21724Fiche technique37210 caractères37210
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Temps de lecture estimé : 26 mn
24/04/23
Résumé:  Un lendemain de soirée difficile, un flirt maladroit et un dimanche soir passé à regarder les machines à laver tourner. En apparence, rien de bien amusant. Et pourtant, et pourtant...
Critères:  fh frousses rousseurs inconnu bizarre fdomine contrainte voir exhib fmast hmast nopéné sorcelleri -humour -fantastiq
Auteur : DrFaustroll            Envoi mini-message
La Sorcière du Lavomatic

C’était un dimanche somme toute assez classique pour moi à cette époque : réveil de champion vers 14 h 30, Doliprane, tasses de thé, vertiges, nausées. La soirée d’hier avait été un peu chargée. L’alcool avait coulé à flots et sur le chemin du retour, chancelant dans la nuit glacée, j’étais déjà conscient que ce dimanche serait probablement une journée perdue.


Assis sur mon lit, je comatais devant les murs décrépits de ma petite chambre d’étudiant en essayant de remettre dans l’ordre les événements de la veille. Ça aurait pu être une simple soirée entre potes, mais les filles de la promo s’étaient invitées à la dernière minute. Les mecs avaient rapidement rangé les manettes de PlayStation et le tournoi de FIFA avait été remis à plus tard. On avait poussé les tables, sorti une sono, jusque-là tout était encore clair dans mon esprit. Puis les gin-tonics et les bières s’étaient enchaînés. À une heure tardive, quelqu’un – impossible de me rappeler qui – avait proposé de sortir en boîte. Déjà éméché, je m’étais laissé entraîner dans un club obscur et bondé. C’est à partir de ce moment-là que mes souvenirs devinrent sérieusement confus. Je me souvenais de la musique, trop forte, des lumières, trop agressives, et des whiskys-cocas, bien trop chers. Je me rappelais vaguement avoir parlé à des gens, à des amis, à des amies, peut-être avoir dit quelques conneries, avoir essayé de danser maladroitement dans une foule compacte, être sorti fumer une clope, puis deux, puis trois, avant finalement de sortir de la boîte, seul, sans rien annoncer à quiconque, pour aller vomir dans une ruelle adjacente. Un regain de lucidité m’avait poussé à reprendre la route de ma chambre, et je m’étais réveillé dans mon lit, encore habillé comme la veille, avec une sérieuse gueule de bois à faire passer.


Sur mon téléphone, plusieurs messages me firent comprendre que certains de mes compagnons s’étaient inquiétés de ma disparition soudaine. Pas trop non plus : ils avaient l’habitude de me voir disparaître sans prévenir au milieu d’une soirée. J’attribuais cette mauvaise habitude à mes réflexes de survie : mon corps préférait passer en pilote automatique et me ramener jusqu’à mon lit plutôt que de prendre le risque d’ingérer le regrettable « dernier verre » sous la pression d’amis plus endurants. Je rassemblai mes forces et j’entrepris de répondre aux messages afin de rassurer toute la tribu : j’étais bien chez moi et en vie, bien que sérieusement diminué. Paul, mon éternel voisin de classe devenu acolyte principal de mes aventures, m’informa que mon départ avait fait mauvaise impression : je m’étais apparemment échappé sans mot dire après avoir raconté un grand nombre de conneries à Dorothy, une étudiante britannique venue faire un semestre chez nous. L’objet exact de mes divagations n’était pas très clair, mais Paul me fit comprendre que j’avais probablement été très indélicat, voire grossier, et que des excuses étaient à envisager lundi matin si je voulais m’éviter de passer pour le dernier des salauds. De ce malheureux épisode, je n’avais aucun souvenir. Je me rappelais bien d’avoir parlé avec Dorothy dans l’escalier qui descendait vers la piste de danse, mais ce que j’avais pu lui dire exactement ? Pas la moindre idée. Lorsque je tentais de me remémorer mes paroles, seul un sentiment de honte et de gêne me remontait, mais mon esprit embrumé semblait décidé à occulter les détails de mes paroles, ce qui ne me rassurait absolument pas.


Paul n’en savait pas beaucoup plus, il n’avait entendu que de vagues allusions et je n’avais pas vraiment le courage de faire le tour de mes amis afin d’assumer la responsabilité de mes erreurs nocturnes. Trop mal à la tête, trop mal partout, d’ailleurs. Trop lâche peut-être aussi, il vaut mieux attendre le lundi pour affronter les conséquences de ses actes. Les dimanches sont trop précieux. Je jetai mon téléphone sur le lit, pris mon courage à deux mains et entrepris de me faire réchauffer un reste de ravioli qui traînait au frigo. Copieusement arrosé de fromage râpé, ce repas de grand prince m’expédia dans une sieste sans rêve en l’espace de quelques secondes.


Je me réveillai en début de soirée. La nuit commençait à tomber et la buée qui envahissait mes vitres me signalait qu’il fallait s’attendre à un froid glacial si je m’aventurais dehors. Malheureusement, je n’avais pas trop le choix : des piles de linge encombraient mon appartement, et je savais que si je voulais apparaître en public le lendemain, je n’aurais d’autre choix que d’affronter le froid de novembre pour me traîner jusqu’au lavomatic le plus proche et lancer quelques machines. Je décidai que ce serait là mon seul effort de la journée et que je serais de retour aussi vite que possible à mon appartement, peut-être avec une pizza attrapée sur le chemin pour me récompenser de cet exploit surhumain. Je jetai mes affaires dans un sac, enfilai une veste et poussai la porte, prêt à affronter les températures hivernales et l’obscurité.


L’air frais et le calme de la ville me firent en réalité beaucoup de bien. Les rues étaient désertes, tout le monde semblait s’être mis d’accord pour passer la soirée au chaud chez soi et seules quelques rares silhouettes déambulaient sur les trottoirs à mes côtés. Je fis route machinalement vers mon habituelle laverie, mais lorsque j’arrivai devant la porte vitrée, un écriteau réalisé à la va-vite m’informa que celle-ci était fermée pour la semaine suite à un dégât des eaux. Je poussai un soupir découragé, atterré d’être sorti de mon cocon pour rien, et décidai de rentrer en prenant un autre chemin.


Cela faisait maintenant trois ans que je m’étais installé dans cette ville pour mes études. Mais je m’y perdais encore avec un certain plaisir. Mes pas m’emmenèrent dans un quartier que je ne connaissais pas encore : je ne reconnaissais ni les rues ni les maisons qui m’entouraient, mais ce coin avait l’air aussi endormi que le reste, si ce n’est plus. Je me fis la réflexion que je n’avais pas croisé âme qui vive depuis que je m’étais éloigné de mon itinéraire habituel. J’étais en train de chercher un point de repère qui m’aurait permis de retrouver mon chemin quand mon regard fut attiré par une éclatante lumière blanche de néons au bout d’une petite impasse. Là, dans la ruelle, se tenait un lavomatic rutilant. C’était un minuscule local où s’alignaient machines, séchoirs et quelques sièges pour les clients. La devanture indiquait simplement en grosse lettre peinte en bleu sur fond blanc : « Lavomatic ». Cela semblait ouvert, mais complètement désert. Je décidai de pousser la porte et de profiter du coup de bol pour jeter mes vêtements dans la première machine venue. Puis je m’effondrai sur un des sièges en plastique et me laissai bercer par le ronronnement du tambour en scrollant mollement sur mon téléphone pour ne pas m’endormir complètement.


Je fus tiré de ma léthargie par un courant d’air frais et le claquement de la porte vitrée. Devant moi, se tenait un étrange personnage, dissimulé par plusieurs couches d’épais vêtements sales et usés par le temps. Sur son dos, un énorme sac-poubelle semblait contenir une masse de linge roulé en boule. Une imposante parka et une capuche m’empêchaient de voir son visage. L’intrus ne m’adressa pas la parole ni le moindre regard, et se dirigea en silence vers le fond de la pièce. Complètement immobile, je l’observai du coin de l’œil vider l’intégralité de son sac au sol et fourrer tout le linge dans les quatre machines installées contre le mur.

L’opération prit un certain temps, mais à aucun moment le nouvel arrivant ne sembla remarquer ma présence. C’était comme si j’étais complètement invisible. Je n’étais de toute façon pas d’humeur à faire la conversation à un étrange inconnu, mais la suite des événements prit une tournure inattendue. Face à la dernière machine déjà remplie à ras bord, l’inconnu commença à retirer sa parka, révélant une épaisse chevelure rousse et emmêlée qui lui tombait sur les épaules. Il jeta son manteau dans le tambour, puis entreprit de se débarrasser de son pull-over miteux, de son t-shirt délavé, et de son épais treillis. Je restais immobile et silencieux. Celui que j’avais pris pour un vagabond était en réalité une femme, probablement dans la trentaine, qui se tenait maintenant en sous-vêtements à quelques mètres de moi. Gêné par cette absence manifeste de pudeur élémentaire, je tournai le regard vers la baie vitrée qui donnait sur la ruelle, mais celle-ci semblait toujours aussi vide. J’étais le seul témoin de cet étrange spectacle. Mon regard se tourna à nouveau vers l’inconnue et je la vis faire sauter son soutien-gorge et sa petite culotte avant de fermer le tambour de la machine et de lancer le programme.

Je restai bouche bée, les yeux rivés sur le corps de cette femme qui me tournait le dos, penchée sur les machines. Elle était complètement nue. Peut-être n’avait-elle tout simplement pas remarqué ma présence ? J’étais complètement désarçonné par la situation et je ne savais pas comment réagir. Devais-je me manifester ? Ou m’enfuir ? Dans le doute, je choisis la troisième option : me taire et regarder.


Brusquement, elle se tourna vers moi et s’assit d’un bond sur l’une des machines qu’elle venait de lancer, tournant son regard dans ma direction. Pensive, elle balaya la pièce sans s’arrêter un seul instant sur moi. Je pus enfin voir son visage. Quand je l’avais vue entrer dans la pièce, couverte de ses multiples couches de vieux vêtements, mon esprit avait immédiatement imaginé que la personne cachée sous ces hardes devait avoir été sérieusement abîmée par la vie, mais rien dans son apparence ne venait confirmer cette première mauvaise impression. Elle était même plutôt jolie : des joues rondes, des lèvres petites, mais bien dessinées, quelques taches de rousseur et de grands yeux verts, un peu cernés. Tout au plus, elle avait l’air fatiguée et d’avoir enchaîné quelques nuits blanches. J’étais en revanche bien incapable de lui donner un âge. La trentaine, peut-être moins, peut-être plus. Je restai immobile sur mon siège à fixer vainement l’écran de mon téléphone portable qui n’affichait rien d’intéressant. Je ne savais pas trop quel comportement était approprié dans ce genre de situation. Est-ce que j’étais rentré sans le savoir dans une laverie nudiste ? Une caméra cachée était-elle planquée dans le séchoir en face de moi ? Avais-je complètement perdu l’esprit suite à mes excès de la veille ?


Plusieurs insoutenables secondes s’écoulèrent ainsi, dans un silence troublé uniquement par le son des machines qui commençaient à tourner. Puis, soudainement, comme si elle venait tout juste de remarquer ma présence, le regard de l’inconnue se braqua sur moi.



Elle se planta juste devant moi, les poings sur les hanches et je sentis ses yeux qui me scrutaient avec insistance. Ce fut elle qui décida de briser le silence, avec un flot de paroles ininterrompu qu’elle semblait bien en peine de contrôler elle-même.



Elle s’arrêta aussi sec, elle attendait visiblement une réponse de ma part, mais je n’avais pas compris le moindre mot de son charabia, au contraire, cela n’avait fait qu’ajouter à ma confusion. Je tentai néanmoins vainement de bredouiller quelques mots, mais tout ce qui sortit de ma bouche fut :



Je ne comprenais pas vraiment mieux. À vrai dire, je ne comprenais rien. D’instinct, mon regard se tourna vers la porte d’entrée afin de m’assurer que la fuite était toujours une option. À ma grande surprise, ce n’était plus une option : la porte avait disparu, remplacée par une baie vitrée unie et ne présentant pas le moindre signe de poignée. Je n’eus pas le temps de m’en étonner.



Visiblement contrariée par ma réponse, l’inconnue se tourna et alla fouiller dans le sac-poubelle vide qu’elle avait laissé sur le sol de la laverie. Celui-ci semblait pourtant complètement vide, mais elle en extirpa un imposant chapeau pointu à larges bords noirs et l’enfila sur sa tête. Elle continua à remuer le sac quelques instants, visiblement frustrée de ne pas y trouver ce qu’elle voulait, puis se redressa brusquement.



Elle n’avait pourtant rien d’une arrière-grand-mère, mais elle répondit avant même que je n’aie eu le courage de formuler complètement cette pensée.



Je commençais à me résoudre au fait que cette « sorcière » n’était pas, comme je l’avais imaginé, une simple allumée vaguement exhibitionniste venue harceler une innocente victime dans un lavomatic. La disparition pure et simple de la porte d’entrée du local était venue confirmer mes craintes : soit elle disait vrai, soit j’avais complètement perdu l’esprit. Dans les deux cas, la seule solution raisonnable était de se laisser porter par les événements et de voir où ils m’emmèneraient. Je rassemblai tout ce qui me restait de courage et je tentai de reprendre la conversation.



Je pris une longue inspiration et je cherchai de nouveau la trace d’une caméra ou d’un dispositif du genre planqué quelque part, mais rien ne venait confirmer cette hypothèse. Restait une dernière option : coopérer. Mais la perspective de me masturber dans une laverie vide sous les ordres d’une sorcière sortie de nulle part ne m’enchantait guère, surtout dans un local disposant d’une immense baie vitrée donnant directement sur la rue. Elle remarqua mon hésitation.



Elle se mit à rire de sa propre plaisanterie, avant de reprendre brusquement son sérieux.



Je restai malgré tout paralysé, incapable de me résoudre à m’exécuter. Elle me jeta un œil intrigué.



Elle se remit à fouiller dans son sac-poubelle et sortit cette fois un bout de bois noué d’une vingtaine de centimètres, au sommet duquel trônait un petit corbeau sculpté.



Elle se retourna vers moi et commença à agiter sa baguette en ma direction, se rapprochant lentement de moi. Rapidement, je sentis une bouffée de chaleur me monter au visage, puis des fourmillements se répandirent dans tout mon corps et une monstrueuse érection commença à déformer mon pantalon à mesure que la baguette de la sorcière tournoyait en se rapprochant de mon entrejambe.



Le sang me cognait aux tempes et mon sexe grossissait et grossissait encore. Comme un automate, je dégrafai ma ceinture et le bouton de mon pantalon que je repoussai en un geste sur mes mollets. Sous mes yeux, apparut un pénis si gonflé et si énorme que j’aurais eu bien du mal à reconnaître que c’était le mien s’il n’avait pas été attaché à mon corps. La sorcière se mit à nouveau à rire.



Ma main se leva pour attraper mon membre raidi et protubérant. Le simple contact de mes doigts provoqua des frissons de plaisir qui me secouèrent tout le corps. Je fus incapable de contrôler mes actions et observai ma main qui commença à agir d’elle-même, coulissant de long de mon sexe. Face à moi, la sorcière semblait s’amuser de mon désarroi. Elle m’encouragea. Toujours nue, elle prit la pose devant moi, s’assurant que je ne manquai pas une miette de son anatomie.



J’étais incapable de parler, les yeux rivés sur son corps et sur ses seins qu’elle approchait dangereusement de mon visage, toujours sans me toucher. Elle, en revanche, était inarrêtable.



D’un geste, elle tapota ses seins avec sa baguette et je les vis enfler progressivement jusqu’à atteindre une taille impressionnante. Elle fit de même avec ses lèvres, puis ses fesses, et j’assistai, estomaqué, à ce lifting occulte.



Elle était devenue la parfaite incarnation d’une influenceuse abusant des filtres sur ses photos. C’était comme si elle se photoshopait sous mes yeux, retouchant à coup de baguette les détails les plus infimes de son corps, gonflant un sein, épaississant une fesse, gommant une ride. Elle s’observait dans le reflet de la vitre en commentant abondamment.



Elle se tourna à nouveau vers moi et constata, l’air surpris, que si je mettais toujours du cœur à l’ouvrage, mon érection avait perdu de sa vigueur. J’étais toujours hypnotisé, mais la créature qui se tenait devant moi était devenue si caricaturale en l’espace de quelques instants que j’avais du mal à me concentrer sur la tâche qui m’incombait. Ce corps, qui m’était apparu comme menu et gracile lorsque j’avais posé mes yeux sur lui pour la première fois, s’était transformé en un genre de bimbo dopée à la chirurgie esthétique que même les pornos les plus vulgaires auraient du mal à afficher sérieusement. Elle resta interloquée quelques secondes, puis ses grands yeux trop maquillés s’ouvrirent grand et elle soupira.



D’un coup de baguette magique, elle se transmuta à nouveau, retrouvant presque sa forme originale.



La situation me convenait beaucoup mieux en effet. Si proche d’elle, je pouvais sentir son parfum qui m’enivrait et m’excitait encore plus. Elle paraissait également assez stimulée par le spectacle que j’offrais, car ses doigts s’activaient de plus en plus. De son autre main, elle agitait sa baguette tout autour de moi, en chuchotant parfois des bribes de mots dans une langue que je ne parvenais pas à reconnaître, mais chaque fois que la baguette opérait un tour complet, le plaisir montait une nouvelle fois dans tout mon corps et j’avais l’impression d’avoir un petit orgasme qui ne parvenait jamais à son but. Cela l’amusait visiblement de me voir ainsi m’agiter, gémir et supplier pour une jouissance qui n’arrivait pas. J’avais l’impression d’être coincé sous l’emprise de sa baguette tournoyante depuis des heures, et je ne comprenais pas pourquoi l’orgasme mettait tant de temps à venir, mais je n’étais vraiment pas en état pour analyser ce phénomène. Elle m’apporta la réponse.



D’un geste, elle remonta sa baguette et la pointa juste entre mes deux yeux. Une sensation étrange me traversa le crâne, comme un courant d’air frais qui viendrait caresser toutes les synapses de mon cerveau et se répandre dans le reste de mon corps. Elle semblait perdue dans ses pensées, mais c’était en réalité les miennes qu’elle arpentait. L’air un peu absent, elle continuait pourtant de commenter allégrement ce qu’elle y trouvait.



Pendant quelques secondes, elle sembla se concentrer intensément, puis elle agita une nouvelle fois sa baguette et je sentis son esprit quitter le mien brusquement. J’avais l’impression de me réveiller en sursaut d’un rêve étrange où j’avais revu en accéléré les images confuses de ma soirée d’hier. Je sentais la sueur perler à mes tempes, mais j’étais toujours assis au beau milieu du lavomatic, mon pantalon baissé sur les genoux et mon sexe dans la main, et devant moi, Miranda s’était relevée et s’observait avec attention dans la vitre des séchoirs installés en face de moi, me tournant le dos. Elle avait jeté au sol son grand chapeau noir. Et elle avait visiblement repris son petit jeu, modifiant avec soin chaque détail de son apparence, jusqu’à ses cheveux qui blondirent et se bouclèrent en l’espace de quelques secondes au passage de la baguette. Quand elle se retourna, j’avais devant moi le sosie absolument parfait de Dorothy, complètement nue. Même le son de sa voix avait changé et elle prononçait maintenant ses mots avec un léger accent anglais et les hésitations typiques de l’étudiante que j’avais eu la mauvaise idée d’importuner la veille.



J’étais absolument subjugué par la vision que j’avais sous les yeux. Elle était la copie parfaite de mes rêves érotiques les plus fous : ma camarade de classe se tenait complètement nue devant moi, prenant des poses lascives, et je n’en perdais pas une miette. Mes yeux suivaient ses mains qui descendaient le long de ses formes, caressaient ses seins et son ventre. Elle s’approcha tout près de moi et vint me susurrer à l’oreille.



À ces mots, elle s’agenouilla devant moi. Ses lèvres étaient si proches de mon sexe que je pouvais sentir son souffle tout proche. Elle leva ses yeux vers moi, souriante, comme pour m’encourager et agita une nouvelle fois sa baguette. Ma main se mit à s’activer toute seule et je sentis mon esprit s’emballer à nouveau, submergé par une vague de plaisir plus forte encore que toutes les autres. J’eus l’impression d’être arraché à mon corps et de flotter au-dessus de la scène. Tous mes muscles se contractèrent dans un ultime effort et la jouissance fut une indescriptible libération, qui me secoua et me ramena brutalement à ma place.


J’observai, incrédule et tremblant, mon sexe d’où jaillissaient maintenant de longs jets de semence dans une quantité qui me paraissait anormale. D’un geste, Miranda figea chaque gouttelette. Défiant toutes les lois de la gravité, elles restèrent immobilisées dans les airs, flottant entre mon sexe et son visage. Elle les observa avec attention, puis d’un geste de la main fit apparaître une petite fiole de verre dont elle tapota le goulot avec sa baguette. Obéissantes, toutes les gouttes suspendues en l’air se précipitèrent dans le petit réceptacle et un bouchon de liège vint fermer le flacon. Miranda le leva vers la lumière pour observer le liquide d’un œil expert.



Elle continuait de débiter ses analyses, mais j’avais toutes les peines du monde à y prêter attention. Mes oreilles bourdonnaient, mon regard ne parvenait plus à fixer quoi que ce soit. Je sentais chaque muscle de mon corps se relâcher et j’avais l’impression de m’enfoncer profondément dans le fauteuil, de fusionner avec lui. Amorphe, je vis néanmoins Miranda se relever et reprendre progressivement sa forme initiale, tout du moins celle qu’elle avait adoptée en entrant dans la laverie. Se tournant vers le fond de la pièce, elle ordonna à ses vêtements de rentrer au bercail et dans un grand fracas, les tambours des machines s’ouvrirent et les habits et chiffons qu’elle y avait fourrés sortirent un à un et vinrent se plier d’eux-mêmes, bien sages, avant de s’engouffrer dans le grand sac poubelle qu’elle avait apporté.


J’étais surpris d’assister à cela. Je m’étais attendu à me réveiller de cet étrange rêve, probablement au milieu d’un lavomatic complètement désert, mais j’étais forcé d’admettre que tout ceci avait l’air diablement réel. Petit à petit, je reprenais mes esprits, mais c’était comme si je remontais peu à peu d’une fosse obscure. Je me concentrais sur ma respiration, sur les sensations qui revenaient peu à peu après le délicieux engourdissement dans lequel j’étais tombé. Petit à petit, le babillage de Miranda redevint compréhensible pour moi.



Elle fouillait dans son grand sac, sans même me lancer un regard.



Alors qu’elle prononça ces mots, son visage s’éclaira d’un affreux sourire qui découvrit ses dents et je vis ses canines s’allonger démesurément. Le message était clair et je hochai de la tête pour signifier mon accord.



De son sac-poubelle, elle extirpa un vieux balai au manche tordu. Elle ramassa son grand chapeau pointu qu’elle enfonça sur sa tête, puis jetant son sac sur l’épaule, se tourna vers la porte en verre qui avait mystérieusement réapparu pendant notre conversation.



La porte s’ouvrit d’un coup et un grand courant d’air s’engouffra dans la pièce. Elle enfourcha son balai, toujours vêtue uniquement de son chapeau pointu, et me fit un dernier sourire complice avant de s’envoler dans la ruelle, piquant directement vers le ciel.


Je laissai s’écouler quelques secondes et je pris le temps de rassembler mes esprits. J’étais toujours en un seul morceau, toujours dans ce lavomatic étrange, et mon pantalon était toujours sur mes mollets, mais j’étais seul à présent et le silence avait envahi la pièce. Je me rhabillai rapidement et je fis quelques pas à l’extérieur, respirant l’air frais de la ville. Il faisait déjà nuit et la pleine lune s’était levée dans le ciel. Je m’attendais presque à voir passer l’ombre de Miranda juchée sur son balai, ricanante dans le ciel obscur, mais elle avait visiblement décidé de ne pas pousser le cliché jusque-là.


Comme un automate, j’attrapai mes vêtements encore humides et je quittai les lieux en direction de mon appartement. Je n’étais pas bien sûr d’où j’étais, mais en quelques minutes, j’avais retrouvé une rue que je connaissais et je n’eus aucun mal à rentrer chez moi ce soir-là. Je m’effondrai sur le lit en rentrant, pris d’une immense fatigue. Et je ne me réveillai que le lendemain matin, évidemment en retard pour aller en cours.


Cela fait maintenant dix ans jour pour jour que cette étrange aventure m’est arrivée. J’ai fini par m’excuser auprès de Dorothy, qui m’a gentiment pardonné. Et nous avons même eu une courte liaison avant qu’elle ne retourne dans son Angleterre natale. Je n’ai jamais recroisé Miranda ni connu aucune autre expérience paranormale. Le temps a fait son office et je doute parfois d’avoir vraiment vécu tout ce que j’ai raconté ici. Peut-être était-ce une simple hallucination ? Je n’y crois pas un instant, mais je préfère laisser cette question ouverte. Si tel était le cas, en dépit de son étrangeté, je garde de cet épisode un souvenir étrangement chaleureux et agréable.


Mon psy me répète que je ne devrais pas garder autant de secrets, mais il n’a pas toutes les cartes en main. Si je couche aujourd’hui cette histoire sur papier, c’est un peu pour suivre ses conseils et profiter du fait que mon souvenir est encore vivace. Malheureusement pour lui, n’ayant pas envie de finir en plat du jour pour sorcière revancharde, ce texte restera enfoui au fin fond de mes carnets. Si vous le lisez aujourd’hui, c’est peut-être parce que vous avez fouillé dans mes affaires, que je ne suis plus de ce monde ou que quelque chose s’est très mal passé. Dans tous les cas, je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : ne prenez pas les sorcières à la légère et elles vous le revaudront bien.