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n° 21760Fiche technique34268 caractères34268
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Temps de lecture estimé : 24 mn
08/05/23
Présentation:  Récit SM très soft et teinté de religion...
Résumé:  Dans une petite église, une découverte imprévue...
Critères:  fh jeunes inconnu hdomine nopéné fouetfesse init humour -humour -initiatiq
Auteur : Feuille      Envoi mini-message
Nos chemins de Damas

Les voies du Seigneur sont impénétrables



Six heures moins le quart !


Ouf, j'arrivais juste à temps…


Mais Sophie allait m'entendre, un raccourci qu'elle disait… Une heure de marche en plus, oui !


Je calmai un peu ma respiration et rentrai dans la petite église. Elle ne payait pas de mine, j'étais un peu déçue : on m'avait vendu du rêve et je me sentais presque comme arnaquée. Ces paysans de montagne devraient faire un tour à la capitale avant de clamer sur tous les toits la beauté de leur village, au moins, ils auraient matière à comparaison.


Si les dalles au sol étaient impeccablement récurées, au mur, la pierre était crasseuse et des toiles d'araignée pendaient dans les coins. Paradoxe d'une communauté de fidèles qui essaye tant bien que mal de faire vivre son patrimoine architectural… Tout ceci n'était pas bien accueillant, mais puisque j'avais enfin franchi le parvis autant en profiter pour faire un tour.


Le nez froncé à cause de l'humidité qui suintait, je m'engageai donc. J'essayais de me rappeler les cours de catéchisme… Peine perdue n'y ayant pas été très assidue ! Je mimai alors vaguement un signe de croix et haussai les épaules en remarquant qu'il n'y avait personne pour voir mon ignorance.


J'avançai vers le chœur afin d'embrasser du regard l'ensemble de l'édifice et admirer les vitraux.


Tada tada tada tatatam…  ♪


J'étais plongée dans la contemplation d'une statue quand la Lettre à Élise retentit. Les joues en feu, je décrochai malgré tout, me croyant seule dans le bâtiment.



Ce qu'elle pouvait m'agacer à toujours prendre les choses à la légère quand même !


Je sentis soudain une présence dans mon dos et mis Sophie en attente :



Je me retournai et me trouvai face à un jeune homme à la mine sévère. Montrant du doigt mon téléphone, il gronda :



Résonnant dans l'église, cette phrase semblait datée d'un autre âge, comme tout droit sortie du film Le Gendarme à Saint-Tropez avec de Funès.


En pouffant, je mis fin à ma conversation :



L'importun était toujours planté devant moi.


Je rangeai l’objet du délit et avec une mine faussement contrite, je lui dis :



Le regard noir qu'il me lança me fit baisser les yeux.



Il me jaugea de haut en bas, semblant hésiter.


Retrouvant alors confiance en moi, je lui décochai mon plus beau sourire. Face à cette dernière provocation, fronçant les sourcils, il me prit par le bras fermement et ouvrit la porte qui menait à la sacristie. Dans le mouvement, mon sac chut et je priai alors pour que mon téléphone n'eût aucun dommage. Mais cette préoccupation devint le cadet de mes soucis lorsque l’homme s'assit sur une chaise et me bascula brutalement sur ses genoux. Me sermonnant, il commença à me claquer sèchement le derrière. Il me rappela combien le respect et la bienséance étaient ô combien importants et il comptait sur une bonne leçon pour m’apprendre enfin les bonnes manières. Ma voix tirant vers les aigus tant à cause de la douleur que de l’indignation, je lui fis alors part de ma façon de penser :



Et mettant à exécution sa menace, il redoubla d’efforts. À ce moment-là, je remerciai le ciel d’avoir mis mon short le plus épais ce jour-là. Sa main frappait durement mon jean brut, alternant mes fesses droite et gauche. Gigotant vainement depuis le début de cette correction inattendue, je me débattis soudain franchement et tentai de protéger mon malheureux postérieur avec mes mains.


En soupirant, il s’interrompit. Je pensais alors bien naïvement avoir remporté la bataille et je remuai de plus belle. Mais d’une main, il me saisit les poignets, les bloquant ainsi dans mon dos. M’étant crue momentanément sauvée, j’étais dépitée lorsque la fessée reprit. Et pour un jeune homme bien propre sur lui, ressemblant plus à un scout versaillais qu’à un autochtone, il y mettait une application bien insoupçonnable en d’autres circonstances.


Sans doute fatigué et la main en feu, il me laissa le choix :



Et joignant le geste à la parole, il commença à s’attaquer à mes cuisses, m’expliquant que ma tenue était peu appropriée pour rentrer dans un édifice religieux, mais que je n’allais pas tarder à regretter mon choix vestimentaire. Malgré les claques qui n’avaient absolument rien d’une sinécure, je réussis à lui rétorquer qu’il avait une mentalité de vieux con réac et qu’il ferait mieux de sortir de temps en temps de sa campagne. Il tenta alors de masquer un rire discret en se vengeant sur ma chair. J’étouffai un cri, mais pas mon juron lorsqu’il visa la peau si sensible de l’intérieur des cuisses. Et ne résistant pas à une énième impertinence, je lui appris, cherchant à le choquer, que ce mini-short était ce que j’avais de plus long dans ma garde-robe. Mais loin de s’offusquer, il s’appliquait simplement à marquer mon épiderme qui commençait à chauffer sérieusement. M’ayant à l’usure, après une ixième claque, je rendis les armes.



Ces mots m’arrachant littéralement la bouche avaient eu au moins le mérite de faire cesser mon supplice. Il m’aida à me relever, face à lui. Devant son sourire satisfait de celui qui admire son travail bien fait, je ne pus me résoudre à me taire.



Ma pique ayant atteint cette fois son but, il me donna un coup sec sur la cuisse. Je ravalai la remarque acerbe qui me brûlait la bouche et déboutonnai mon short.


C’est à ce moment précis que je me souvins, soudainement, que je portais… ma ridicule petite culotte rose bonbon avec Hello Kitty en effigie. C’était un cadeau d’anniversaire que ma sœur avait jugé drôle de m’offrir pour mes vingt ans. Elle pensait ainsi que détestant la couleur, je ne la porterais jamais. Mais mon esprit de contradiction étant ce qu’il était, par bravade, je mettais un point d’honneur à la détromper. En plus, ce petit bout de tissus était confortable. Mais là, dans cette situation plutôt incommode, il était hors de question que cet homme qui aurait tout à fait eu sa place au séminaire puisse l’admirer. Je suspendis alors mon geste, ce qui agaça mon bourreau.



Rougissant jusqu’aux oreilles, je secouai nerveusement la tête. J’avais perdu tout mon panache pour une histoire bête comme chou, cela m’irritait prodigieusement, mais je n’arrivais pas à passer outre. Perdant patience, il entreprit de baisser lui-même mon short et apercevant l’objet de mes tourments, il partit dans un grand éclat de rire moqueur.


Vexée, je retrouvais alors ma superbe :



Je lui tirai la langue et par défi m’installai de mon propre chef sur ses genoux afin qu’on en finisse une bonne fois pour toutes avec cette absurdité. Je lui avais rabattu son caquet alors il pouvait bien me fesser jusqu’au sang si cela lui chantait, moi, j’étais satisfaite !


Il reprit alors mon châtiment sans plus attendre.



Oui, eh bien qu’il n’en rajoute pas trop non plus, sinon je risquerais de ne plus pouvoir me retenir de lui balancer le chapelet d’insultes qui me brûlait les lèvres.


Je tentais de supporter la correction le plus dignement possible, mais quand après quelques coups supplémentaires, il voulut baisser ma ridicule petite culotte, je ne pus m’empêcher de la retenir, dans un cri. Me cramponnant à mon dernier rempart comme une perdue, il me donna quelques tapes sèches sur les doigts pour me faire lâcher ma prise.



Il répéta cet ordre deux ou trois fois avant de se décider de sévir : une claque magistrale sur le haut de la cuisse ; je me cabrai tel un cheval en colère. La douleur me fit oublier momentanément ma culotte, et lui, le fourbe, en profita pour m’attraper les bras qu’il bloqua à nouveau dans mon dos. Ondulant sur ses genoux comme une anguille, je tentais de lui filer entre les doigts. Excédé, il me noua les poignets avec une ceinture de soutane qu'un enfant de chœur avait dû oublier là après un office.


Le champ à présent libre, il n’eut aucun état d’âme à me mettre à nu tout en me rappelant qu’une vraie fessée se donnait déculottée.



Mais quel connard ! Heureusement pour moi – et surtout mon postérieur ! –, j’étais trop occupée à serrer les dents afin de ne pas lui faire le plaisir de crier – ou pire le supplier… – pour lui formuler l’exact état de mes pensées.



Il continuait à me fesser, avec une régularité de métronome qui commençait à sérieusement m’inquiéter. Et n’obtenant aucune réponse, physique ou orale, je crus un moment qu’il n’avait pas entendu et cela valait sans doute mieux pour moi. Mais il redoubla bientôt d’ardeur.



J’avais encore loupé une occasion de me taire. Les claques pleuvaient dru. J’étais épouvantablement vexée, à dix-huit ans passés, me faire sermonner comme une gamine mal élevée… Je n’osais y croire. Un inconnu me donnait ma première fessée et elle était tout sauf petite. J’avais perdu tout espoir de m’en sortir. J’étais complètement dépendante de son bon vouloir et pour le moment, il semblait s’efforcer à rendre mes fesses aussi rouges que le sang du Christ. Je songeai un instant à Sophie. Mon Dieu… je ne pourrais jamais lui raconter, ça. Mais comment j’allais le cacher ? Ma valise ne contenait que des vêtements courts et légers. Peut-être que ma jupe pourrait me couvrir jusqu’aux genoux… mais il suffirait d’un coup de vent pour tout révéler ! Je refusai catégoriquement l’idée de finir mon séjour en pantalon de K-Way, le seul que j’avais apporté. Et me faire porter pâle et rester au lit atteindrait rapidement ses limites. En plus, Sophie risquerait de s’inquiéter… C’était décidément un très mauvais plan…


Mais pourquoi avait-il fallu que je vienne dans cette église ? J’aurais dû rester avec Sophie. Au moins, mes fesses auraient été indemnes. J’avais l’impression qu’il ne terminerait que lorsque j’aurais le derrière uniformément bleu. J’avais arrêté de gigoter, sentant que cela ne faisait que l’agacer. J’essayais de rester digne, d’encaisser en serrant les dents, mais je laissais pourtant échapper des petits cris étouffés et des gémissements de temps en temps. Le temps semblait suspendu, peut-être que cela faisait une heure qu’il me martyrisait… En tout cas, c’était tout comme : mes fesses mettraient peut-être une semaine à s’en remettre…


Mais qu’attendait-il enfin pour s’arrêter ? Une petite voix perfide me suggéra de lui faire des excuses. Irritée, j’écartai aussitôt l’idée. Et puis quoi encore ? Une révérence et un baise-main ?! C’est lui qui devrait plutôt m’en faire des excuses.


Une claque nettement plus marquée me sortit soudainement de mes pensées. Il avait chopé un livre qui traînait sur la table et s’appliquait à me faire rentrer les principes catholiques à grand renfort de coups. Je rêvais ou il me fessait avec une bible ? Et si sa main pouvait se fatiguer, là j’avais vraiment des soucis à me faire… La mort dans l’âme, je me résolus à rendre les armes.



Un peu surpris, il me donna encore une volée avant de s’interrompre.



Je pris mon temps pour lui répondre. Je ne voulais pas prendre le risque qu’il recommence à faire mourir mon malheureux derrière, mais à la fois, je n’arrivais pas à me résigner totalement et me coucher devant lui. J’essayais de trouver un compromis pas trop dangereux.



Il ne s’attendait pas à ce genre de réponse, mais je savais aussi que ce n’était pas tout à fait ce qu’il voulait entendre. Dans l’expectative, j’espérais toutefois que cela lui conviendrait. Mais pouvait-il me laisser m’en tirer à si bon compte…




Que notre joie demeure



Jean-Sébastien, ses parents aimaient Bach, m'invita chez lui. Il vivait encore dans la demeure familiale, étant ainsi à quelques pas de la fac de droit où il se devait de réussir. Son grand frère ayant fait médecine, ses parents attendaient un grand avocat, ou bien un magistrat ; il aurait le choix. Ils ne savaient pas qu'il aurait voulu devenir ébéniste et qu'il n'était réellement heureux que dans l'atelier de son grand-père paternel. Mais bon, s'il n'y avait certes pas de sots métiers, là on ne parlait que d'un passe-temps d'adolescence. Et puis, les métiers manuels étaient ingrats, lui, il avait la possibilité intellectuelle de faire autre chose. Ne gâche pas ton talent, voyons. Ton grand-père, s'il avait eu le choix, n'aurait pas passé sa vie ainsi, tu peux me croire… Alors, ne lui fais pas injure, tout de même…


Corseté par son sens de la famille, je ne pourrais sûrement jamais lui faire entendre raison. Enfin, c'est de mes parents dont tu parles ! Tu sais bien qu'ils ne veulent que mon bonheur et ma réussite… Oui, mais selon leurs termes, uniquement… Oppose-toi un peu, grandis ! Tu n'es plus un petit enfant…


Nos querelles incessantes.


Il avait échappé au séminaire, il s'estimait heureux. Je le bousculais dans ses certitudes, il m'en voulait un peu. Pourtant, c'était lui qui me proposait toujours de se voir. Il aurait trouvé malséant qu'il se passât le contraire. Sa galanterie et ses manières gentiment surannées m'amusaient un peu. Jusqu'à quand ?


Parfois, je lui reprochais de me voir comme une petite chose fragile et il se faisait pardonner en m'attachant dans ma chambre de bonne. Et me montrant qu'entre ses grandes mains de musicien, j'en étais effectivement une, petite chose fragile. On ne faisait pas l'amour. Le fruit défendu. Si son respect des traditions et de la religion pouvait admettre certaines entorses et autres ajustements, sur ce point il était intransigeant. On ne consommerait notre union que si d'aventure, il me conduisait à l'autel. Mais pour le moment, je refusais obstinément de rencontrer sa famille officiellement. Je les avais croisés deux ou trois fois par hasard. C'était suffisant pour l'instant. Je n'avais pas envie qu'ils fissent exploser notre bulle de jardin secret. Pour eux, j'étais la petite étudiante qui prenait des cours particuliers en droit constitutionnel avec leur fiston chéri. S'ils ne nous croyaient pas, ils n'en montraient rien.


Mais pour l'heure, mon hypothétique future belle-famille était à l'autre bout du pays, pour les vacances, et nous avions les lieux pour nous tous seuls pendant quelques jours. Nous comptions bien en profiter.


Sur le perron, à le voir s'effacer pour me faire entrer, je fondis devant cet air de châtelain m'accordant l'hospitalité. Il était beau ce con. Comment avais-je fait pour ne pas m'en rendre compte avant ?


Il n'avait plus rien à voir du scout qui m'avait corrigée dans la sacristie. À moins que l'amour ne rendît effectivement aveugle…

Ainsi soit-elle !



Quand il grondait mon nom en entier, ça ne sentait pas bon.



Qu'est-ce qui lui prenait ? Jean-Seb était plutôt calme d'habitude. J'avais envie d'attendre que l'orage passe pour une fois, au lieu de danser sous la pluie. Mais il ne voulait pas me faciliter les choses. Ma curiosité fut la plus forte.



Le sentiment d'avoir été surveillée comme une gosse me révoltait.



On aurait dit qu'il se retenait de me mettre une gifle. Certes lors de nos jeux amoureux, il était un peu rude, mais il ne s'y était jamais aventuré. Il y aurait été sûrement bien reçu…



Je croyais le sujet clos. Il bouillonnait de l'intérieur, je cherchais à esquiver sa vapeur.

Soudainement, il me prit par l'oreille.



Je n'avais pas résisté. C'était idiot. J'avais envie de le mettre en rogne, autant que son interrogatoire m'agaçait.

Dans ma tête, ça passait en boucle. Je lui interdisais de me punir. Pas pour ça. Je me promettais qu'il s'en mordrait les doigts, s'il osait.

Et à la fois, je faisais tout pour le provoquer. Et je savais que pour cela, je méritais sans doute une leçon. J'avais l'impression de nous revoir. À nos débuts.

Je croyais qu'on avait grandi pourtant.


Me tenant par les cheveux à présent, il prit une chaise et me tira sur ses genoux. Je me débattais, l'agonissant d'anathèmes. J'étais une furie qu'il arrivait à maîtriser, pour une fois. J'étais étonnée, d'habitude il me laissait me calmer avant de me punir, pour que la leçon rentre mieux. Là, il usait d'une force qu'il m'avait cachée. Comme s'il avait besoin de me punir. Pour lui. S'apaiser. Me pardonner. Remettre le karma en ordre. Je ressentais la même urgence même si je m'en défendais. Il fallait aller jusqu'au bout. Au bout, qu'est-ce qu'il y aurait ? L'apaisement, vraiment ? Je voulais y croire. Je ne sais trop comment, je savais qu'au lieu de briser notre lien, cette correction allait le renforcer, pourtant j'aurais tout donné pour être ailleurs. Je campais sur mes positions, il faisait de l'abus de pouvoir. J'étais encore maître de ma vie même si ma façon de voir lui déplaisait.

Il m'avait ceinturée fermement, bloquant mes jambes avec les siennes et mes bras dans mon dos. À peine si je pouvais encore onduler comme une anguille pataude.



Il me parlait à présent plus calmement, me chuchotant presque ses menaces à l'oreille.

Je continuais à essayer encore de m'échapper, il me mit une claque sur la cuisse pour me faire cesser mon manège.



Je criai. Les gens devaient m'entendre jusqu'en bas de la rue. Je m'en foutais royalement. Il gardait son calme à présent que je ne pouvais plus que lui casser les oreilles en hurlant comme un animal blessé (par tant d'injustices). Et cela me mettait véritablement en boule, encore plus que la situation en elle-même.



Il me fessait avec vigueur, mais je sentais qu'il gardait une grande marge de progression, ça promettait d'être long. Et compliqué.



Il baissa mon pantalon tant bien que mal, j'en profitai pour, à défaut de m'échapper, trouver une position plus agréable.

Il me dit que mes fesses avaient déjà commencé à s'empourprer, ça n'allait que s'empirer. Je ferais bien d'être plus raisonnable. Il claquait mon postérieur avec la même régularité que précédemment. J'étais tellement furieuse que je ne sentais même plus que ça commençait à chauffer. Ma colère me portait, tant mieux ! Ça faisait une paye que je ne l'avais pas traité de lâche. Ça remontait à notre première fois d'ailleurs. Et ça me soulageait. J'en avais parfois par-dessus la tête de son petit air de jeune premier, bien comme il fallait et de ses manières de petit garçon face à papa-maman.


À côté, moi je faisais tache, j'avais presque l'air d'une hippie. Pourtant je n'avais ni sarouel ni dreadlocks. Ses parents trouvaient que j'étais une gentille anarchiste, comme une curiosité. Je t'en foutrais moi. J'avais l'impression qu'ils espéraient que je ne sois qu'une passade, sa crise d'adolescence à retardement. Une crise policée, donc acceptable. Ils n'avaient rien contre moi, à part que je tournais autour du fiston. Sauf qu'ils ne savaient pas que c'était exactement l'inverse qui s'était produit, même évidemment si maintenant j'étais totalement sous le charme. Je me disais souvent pour me rassurer que nous deux, ça ne durerait pas éternellement. Rien ne durait de toute façon. On ne serait pas l'exception. Alors forte de ces pensées, je me collais un peu plus à lui, sous ma couette dans ma chambre de bonne, acceptant de bonne grâce, ses câlins.


Voyant que j'étais partie loin de lui, il s'échinait à me faire revenir, augmentant l'intensité de ses claques. Il avait dû me parler sans que je m'en aperçoive.



Et il m'enleva ma culotte. Comme un électrochoc, je me mis à ruer de plus belle. C'était trop bête de se fâcher pour si peu, j'avais plutôt envie d'un temps calme avec lui et de rêver à nos prochaines vacances.

Croyant que je voulais me soustraire à sa poigne, il devenait d'autant plus redoutable. Il allait avoir mal à la main, à force. Moi, je m'étais anesthésiée par mes pensées. Et lui ? Enfermé dans sa colère ? Son bon droit ?


Soudain, un coup sec sur la cuisse me fit hurler, il m'avait complètement ramenée au moment présent et mon derrière irradiait. Satisfait, je sentais son sourire. Un de ceux qui me donnent envie de le mordre. Je tentai d'ailleurs de planter mes dents dans son mollet, mais il m'en empêcha in extremis, me connaissant dorénavant un peu trop bien.



J'aurais juré qu'il en était comme attendri. Était-ce une ouverture ? Il avait cessé de martyriser mon séant et effectivement, il attendait. Prenant conscience de la chaleur de mon épiderme, je savais que je n'allais pas tenir longtemps avant de lui demander grâce. Ma colère s'était un peu évaporée et je retrouvais un peu mes facultés de raisonnement. Il me faudrait beaucoup de persuasion pour le rallier à ma cause. Sans doute aurais-je dû lui en parler avant.



Je lui balançai ça à tout trac, envolées les jolies formules que j'essayais d'écrire dans ma tête. Droit au but, simple et efficace.

Il me laissait continuer.



Il savait ce que je pensais des injonctions familiales, ce n'était pas une surprise. J'essayai de me redresser un peu, pour qu'on puisse parler d'égal à égal, mais d'une main sur mon dos, il me rallongea. Je fis une deuxième tentative qu'il noya encore dans l'œuf.



Il me caressa gentiment le cul pour seule réponse.



Je l'avais blessé et fait passer pour un idiot auprès de son ami. Mis devant le fait accompli, il tombait des nues. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle.



Il savait que j'avais raison, il ne tentait même pas de nier.



Il accusa le coup.



Je ne savais plus si c'était une question ou une affirmation. J'avais été égoïste pour éviter un conflit inconfortable. Il ne le comprenait pas. Pour lui, j'étais celle qui mettait les pieds dans le plat, si je n'agissais plus ainsi, je mettais notre fragile équilibre en péril. Je me redressai d'un bond, le prenant dans mes bras, toujours sur ses genoux.



Il ne me repoussait pas, j'en étais soulagée. Mais j'étais encore inquiète, il prenait son temps pour me répondre et il ne me rendait pas mes cajoleries. Je redoublai d'ardeur, essayant de ne pas l'étouffer.



L'effet d'une bise glaciale. Les larmes aux yeux, je me tournai vers son visage. J'avais besoin de plus. Il avait clos le débat, je n'avais plus de prise. Je me raccrochais aux branches.



Évidemment, j'aurais dû m'en douter, il ne pouvait qu'aller sur ce terrain, celui qu'il empruntait quand il me faisait bosser mes cours de droit constit : un jeu de rôle prof à élève qui le rassurait. Dans nos yeux nageait le désir qu'il avait réveillé, mais on voulait une conversation sérieuse. On n'y céderait pas. Pas tout de suite, en tout cas.


Au moins, l'air s'était réchauffé.



Je sentis qu'il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il s'énerve à nouveau.



Il m'embrassa dans le cou. Cela ne lui ressemblant guère, surprise, j'acceptai de bonne grâce qu'il me mordille la peau à la naissance de la clavicule.



Et puis soudainement, nous sommes redevenus sérieux.



Je le choquais et il aimait, je crois, en son for intérieur même s'il me jurait ses grands dieux le contraire.



Il comprit enfin l'ampleur de ma crise existentielle qui n'était pas qu'un caprice d'enfant gâtée, malgré les apparences. Était-ce vraiment si mal de chercher un véritable sens à l'existence ?




Par le judas de notre histoire


J'étais allongée sur ses cuisses en travers du lit, la tête dans mes bras, je me laissais bercer. Assis, le dos reposant contre le mur, il me caressait les cheveux comme si c'était un trésor. Nous étions tous les deux nus. C'était la première fois. D'habitude, il gardait au minimum son caleçon quand il me mettait à poil pour nos jeux et inversement quand il était en costume d'Adam, j'enfilais son t-shirt trop grand qui me servait de chemise de nuit. Comme un accord tacite, nous n'avions jamais pensé à le trahir. Jusqu'à maintenant.


Après ce qui s'était passé, nous étions tellement chamboulés.


Je revoyais sans même y penser nos débuts : le bar du village, la montagne et bien sûr, l'église. Comment l'oublier celle-là. Jean-Seb m'avait dit une fois qu'il faudrait nous marier là-bas, j'avais ri, ne sachant pas s'il était réellement sérieux.




Par une belle journée, Sophie et moi lézardions à la terrasse de l'hôtel qui faisait également café. Là-bas, tout faisait plusieurs fonctions. Économies de moyens, j'imaginais.



Elle pouffa, c'était un jeu entre nous, on s'amusait à choquer gratuitement par moment, et cela nous amusait follement.

J'allais m'exécuter quand une voix trop familière retentit dans mon dos. Je sursautai.



M'avait-il entendue ? Cela ne changeait rien en soi et pourtant je le voyais déjà me sermonner pour mon vocabulaire. Je devais rougir à vue d'œil, j'espérais que le soleil pourrait me servir d'alibi.

Sophie s'invita dans notre conversation.



Il me gratifia d'un sourire goguenard. Je le fusillai aussitôt du regard. Sophie ne semblait pas remarquer l'animosité dans l'air.



Alors que j'allais répliquer vivement, il ne m'en laissa pas le temps.



Cette fois, j'en étais sûre, j'avais viré pivoine.



Sophie se pencha vers moi.



Jean-Seb voulut revenir dans la danse, se sentant un peu à l'écart, sans doute.



Il singea un baise-main pour ma traîtresse d'amie et un signe de tête pour moi. Je lui répondis par un sourire crispé, me retenant de le gifler.



Elle s'esclaffa.



Je blêmis.

Qu'arriverait-il si je recroisais ce chef scout ? Se pourrait-il que ça refinisse comme la veille ? J'avais encore quelques jolies marques que je m'efforçais de cacher : adieu mes dernières baignades ! Heureusement pour mon pauvre derrière, notre dernière entrevue avait été écourtée.


Alors que mon tortionnaire hésitait à en remettre une couche ou m'accorder sa clémence, le Seigneur, ayant entendu mes prières, avait mis fin à mon calvaire en la personne de la bonne du curé. Il était tard, il fallait penser à fermer l'église. Heureusement pour nous, sa voix rocailleuse portait loin, même en chuchotant, elle devait en griller des tympans ; elle s'était contentée de rester près du portail central, elle ne pouvait pas rester, elle avait une soupe sur le feu.


Comme se parlant à elle-même, elle félicita le brave petit, avec des gars comme ceux-là la religion aurait encore de beaux jours. Si elle savait ce que faisait son brave petit, elle aurait une attaque ! Comment le bon paroissien aurait-il pu justifier une fille cul nu sur ses genoux ? Il avait de la ressource, je n'en doutais plus, mais bon, je doutais quand même fortement que la vieille puisse avaler cette pilule aussi facilement.



Effectivement, elle était à deux doigts de lui décerner une médaille. Je lui aurais plutôt bien volontiers décoché une claque, mais même cette envie m'avait quittée.



Sophie avait effectivement tenu parole. Je passais mon temps, à éviter celui-dont-je-ne-voulais-plus-prononcer-le-nom, mon amie trouvait cela à la fois divertissant et navrant. Elle me reprocha ma légère puérilité et puis était passée à autre chose, elle avait un certain Benoît en tête ce qui me laissait un peu de répit.


On avait croisé brièvement Jean-Seb et ses camarades alors qu'on se mettait en route pour le chemin du retour. Tout le monde avait été courtois. Un peu vexée, je pensais alors qu'il m'avait oubliée et c'était pour le mieux d'ailleurs.


Et puis un jour, un message d'un numéro non enregistré :


Bonjour Mademoiselle,

Voudriez-vous boire un café ensemble ?

Jean-Sébastien

P.S. : Promis, vos fesses s'en sortiront indemnes…


Sophie avait osé. Gentille petite traîtresse.