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n° 21779Fiche technique5905 caractères5905
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Temps de lecture estimé : 5 mn
15/05/23
Présentation:  Un texte revisité qui m’a permis de sympathiser avec une belle personne au travers de deux sculptrices de talent... dont l’une est aveugle. Il est important pour moi que ces deux sculptrices se retrouvent ici.
Résumé:  Une discussion un soir, débordant sur la nuit... Un songe, une inspiration... Des mots qui s’organisent... Des mots qui étaient déjà là mais qu’il fallait dégrossir...
Critères:  fh voir odeurs caresses intermast poésie -poésie -amouroman
Auteur : Lestat de Lioncourt      Envoi mini-message

Poésie
"Renaissance"

« Elle » m’a enfin permis en ce beau jour d’été, d’entrer là où elle vit et sculpte en secret, elle m’a demandé d’en aucun cas troubler, par un mot par un geste, ce qu’elle doit achever…


« Elle » est là, je la vois centrée dans l’atelier, ce grand espace empli du jour de la verrière, usant de la spatule ou bien de la truelle, sur son amas d’argile qui doit reprendre vie…


Dans ce bloc d’environ deux mètres vingt de haut, de tout ce temps passé et de cette énergie, une femme éveillée va naître ou bien renaître, des précis coups et de traits de sa créatrice…


Sa créatrice, « Elle », est une femme brune, peau matte et regard noir sous une chevelure, noire ondulée et longue d’un corps qui a vingt ans, « Elle » doit tailler ce bloc, le faire à son image…


À son image à « Elle » qui est tout aussi nue qu’elle, la peau dorée du feu de son soleil ardent, lui donne un teint semblable à l’ocre qu’elle pétrit, qu’elle découpe et qu’elle frappe de ses mains aguerries…


« Elle » est si sensuelle et son corps si girond, me donne à contempler sa douce ondulation, de ces gracieuses formes pour lesquelles il est sûr, Maillol aurait voulu qu’elle devienne sa muse…


« Elle » que je ressens absorbée par son œuvre, ne semble même plus faire attention à moi, transpire maintenant de tant d’acharnement, je peux sentir sa peau, sa douce odeur de femme…


Totalement conquis par cette mécanique, qui taille et qui jette sur sa création, par le charme d’un corps qui maintenant s’applique, à être outil de chair œuvrant dans une étreinte…


Au fur et à mesure de la naissance d’elle, qu’ « Elle » nomme « Renaissance » en vertu de sa foi, de ces deux femmes unies dans l’unité des corps, de ce que l’on pense être au plus profond de soi…


« Elle » façonne et transforme cette « Renaissance », qui à son tour fait d’elle une œuvre créatrice, d’esthétisme des formes et de couleurs mêlées, s’unissant l’une à l’autre dans la félicité…


« Renaissance » immobile quand « Elle » est si mobile… « Renaissance » est si froide quand «« Elle » est si vivante… La vision de ces deux est un subtil contraste, entre l’une organique et l’autre minérale…


Son œuvre terminée je peux enfin me dire, moi le voyeur chanceux de cette « Renaissance », je suis témoin aussi de sa naissance à « Elle », au prisme de mes yeux dans un regard nouveau…


Si belle maintenant et fière de son œuvre, son corps partiellement couvert de terre jaune, renaissante en ce lieu de sa reconnaissance, « Elle » reprend peu à peu sa vraie respiration…


Je vois d’elle son dos et donc sa chevelure, tombant presque jusqu’à la naissance des fesses, lui donnant presque l’air d’être mon amazone, qu’il me conviendrait tant de soumettre à ma guise…


Je vois son corps bombé au rythme de son souffle, je l’imagine arquant sa superbe poitrine, pointer vers son reflet, son œuvre magistrale, son « Elle » renaissante, projection de ses sens…


Je n’en peux plus de n’être que simple spectateur… Je m’avance vers « Elle » les yeux vers « Renaissance », tellement captivé par sa douce expression, sa soif de liberté et de vie hors du temps…


Je désire à présent partager cet instant, avec « Elle » qu’encore quelques pas me séparent, je sens l’odeur mêlée d’« Elle » et de son argile… dans l’effluve de corps unis à l’unisson…


Mes mains se posent enfin sur le haut de ses hanches, pétrissant leur contour pour les redessiner, je la sens frissonner de ce premier contact, et sortir lentement de sa contemplation…


Puisqu’elle penche sa tête en arrière, moi j’ose, de mes lèvres poser dans le creux de son cou, un doux baiser d’amour, celui d’un amant roi, patient, mais consumé du désir de son corps…


Mes mains s’avancent et prennent possession maintenant, de son ventre si chaud foyer des émotions, foyer de ses désirs les plus inavouables, de mon corps et du sien dans cette union bestiale…


Cette odeur et ce goût d’argile me submergent… Cette matière, douce et rugueuse à la fois, magnifie ses contours d’un contraste subtil, se nourrissant tantôt de lumière ou bien d’ombre…


Mes mains si maculées de terre la parcourent, en son corps tout entier temple de mon plaisir, les siennes ne sont pas en reste et me découvrent, en maculant le mien de ces petits bouts d’« Elle »


Bientôt nos peaux collées ne seront plus visibles, tant elles se confondront dans l’ocre lumineuse, de cette « Renaissance » au zénith d’un soleil, ardent et pénétrant à travers la verrière…


La valse de nos mains tourne et tourne sans fin, nos corps sous le regard conquis de « Renaissance », quand nous nous allongeons enfin pour nous offrir, tous deux dans cette boue si douce et organique…


Côte à côte à ses pieds nos caresses échangées, nous rapprochent tous deux ou tous trois de l’extase… Son souffle s’accélère au rythme où court le mien, dans la recherche intime d’un plaisir absolu…


Mes doigts s’appliquent alors sur son intimité, torture frénétique de mes désirs brûlants, son bourgeon dressé comme un petit vier avide, puis s’enfonçant en elle dans un esprit de stupre…


Les siens s’agitent aussi comme pour se défendre, ou bien contre-attaquer face à cette estocade, saisissant fermement mon sexe turgescent pour l’agiter jusqu’à ce que jouir s’ensuive…


Ma langue entre-temps s’use et adroitement cherche, à déterrer la cime de ses seins pour lécher ses mamelons rugueux au contact de ma bouche, rosissant du supplice de fondre entre mes dents…


Son bassin large et vif s’agite et se soulève, en cadence et rythmé par les miaulements, de la chatte en chaleur qu’elle s’abandonne à être, acceptant le désir de l’autre à assouvir…


Car maintenant ses doigts viennent à bout de ma hampe, et de ma résistance à tant d’acharnement à fusionner nos êtres en cet instant de grâce dans l’osmose parfaite d’un concert de jouissance…


Nos yeux se refermant, nos langues s’entremêlent, dans un remerciement que nous savons sincère, nous nous assoupissons aux pieds de « Renaissance », car elle veille sur nous et sur notre insouciance…