n° 21806 | Fiche technique | 58687 caractères | 58687 10255 Temps de lecture estimé : 42 mn |
27/05/23 |
Résumé: Une randonneuse s’est abimé le genou sur un sentier rocailleux pas très loin de chez lui. Il vient à son secours mais le malaise de la belle semble plus profond que ça. | ||||
Critères: fh fellation pénétratio | ||||
Auteur : Arpenteur Envoi mini-message |
La retraite à soixante-quatre ans, qu’ils disaient ! Je suis encore bien loin de les avoir. Pourtant, cela fait de nombreux mois que je suis en inactivité. À cinquante-huit ans, la boîte dans laquelle j’avais fait carrière voulait se débarrasser de mézigue. Quelques pénibles tractations plus loin, nous avons trouvé un accord, financièrement acceptable, même si c’était sans compter sur l’inflation galopante.
J’en ai profité pour me réfugier à Montboudif, petit village isolé du Cantal qui a la particularité d’avoir vu naître un de nos présidents, Georges Pompidou, ainsi que le célèbre sculpteur Louis Chavinier qui fut promu en son temps Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Bien maigre consolation que tout ça, car le village est moribond et la population ne cesse d’y décroître.
Nous y possédions une maison familiale. Au décès de ma mère, mes gentilles sœurs souhaitaient s’en séparer, c’est tombé pile-poil avec la période de mon licenciement. J’avais besoin de calme et de tranquillité, je suis un gars de la campagne, j’ai horreur du brouhaha et de la circulation, j’ai décidé de racheter leurs parts et de m’exiler là-bas. Qui plus est, cette vieille bâtisse, un peu à l’écart de la commune, recèle pour moi d’incroyables trésors, car le grenier est rempli d’un foutoir indescriptible, héritage de nombreuses générations d’ancêtres originaires d’Italie ; un lointain aïeul avait émigré ici à la fin du dix-huitième siècle, en suivant Napoléon dans ses pérégrinations. Ceci dit, cela a été compliqué de l'acheter cette bâtisse, car mes chères sœurs sont des grippe-sous et il a fallu négocier pour chaque objet, pour les vieux meubles, pour l’horloge comtoise. Rien ne les intéressait, mais elles voulaient des compensations pour tout…
Le parc naturel régional des volcans d’Auvergne attire pas mal de tourismes l'été, nous ne sommes pas loin de Riom-ès-Montagnes, le barrage des Essarts rencontre également quelques succès, le musée Pompidou accueille quant à lui un public un peu plus ciblé. Toujours est-il que je suis fréquemment « dérangé » par quelques randonneurs, ou même par de simples visiteurs, qui passent sur le chemin en bas de chez moi. Certes, cela me fait un peu de compagnie, car je n’ai pas souvent l’occasion de parler à quelqu’un, échanger quelques mots avec des inconnus ne peut pas me faire de mal. Mais certains ne se gênent pas pour faire une razzia dans mon jardin, pommes, poires, fraises, framboises, cerises. J’ai la chance de posséder un beau verger où nombre de promeneurs se croient en libre-service, ce qui a tendance à m’exaspérer. Il leur suffirait de demander pour que mon jardin leur soit gracieusement ouvert, mais certains préfèrent chaparder en loucedé, ça me fait sortir de mes gonds. Comme le dit mon voisin Léon, un bon coup de chevrotine, c’est tout ce qu’ils méritent, ces bâtards, des malappris de la ville, comme il ne cesse de le répéter.
À partir de la rentrée scolaire, les touristes se font plus rares ; à mon tour de me balader en forêt, j’adore ces longues marches silencieuses qui me permettent de me ressourcer.
Au détour d’un sentier, je tombe sur une jeune femme en train de pleurnicher. Manifestement, elle a ripé sur la caillasse et s’est fracassé le genou sur un rocher. Celui-ci saigne abondamment et la donzelle, affalée le cul par terre dans les herbes, a du mal à arrêter le flot de sang qui orne un mouchoir rougeoyant. Je viens à son secours, j’essaie de la rassurer, son visage ravagé par les sanglots fait peine à voir. Je lui donne facilement la trentaine, probablement même un peu plus, elle n’est pas spécialement belle, sa figure est ornée de traces d’anciens boutons d’acné mal soignés et d’un double menton. Sans être vraiment grosse, elle est un peu rondouillarde, engluée dans des rondeurs gourmandes, pas spécialement sexy mais pas non plus hideuse.
Que fait cette nana toute seule au milieu de nulle part ? L’événement est suffisamment inhabituel pour retenir mon attention. Mais je suis bien embêté, n’ayant pas l’étoffe d’un secouriste.
Veut-elle que je l’aide ? Elle acquiesce de la tête tout en continuant de pleurnicher. Je manipule sa jambe avec précaution, son genou semble dans un sale état, mais la blessure est peu profonde. Cela dit, on ne sait jamais avec les articulations, il peut y avoir un traumatisme ou même un os cassé.
Je fais avec les moyens du bord, par chance, j’ai une serviette de table propre et une bouteille de rosé dans mon sac à dos. Je désinfecte tant bien que mal la plaie avec la vinasse, et j’essaie de confectionner un pansement avec le morceau de tissu. Ses pleurs redoublent, j’ai l’impression de lui faire mal à chaque fois que je l’effleure, mais elle m’assure du contraire et m’encourage à continuer.
Nous sommes au bas mot à une demi-heure de chez moi en marchant normalement car le chemin est vallonné et rocailleux. Je lui propose de rester sur place et d’attendre que je lui envoie des secours, mais elle m’assure qu’elle est capable de marcher et que, si ça ne me dérange pas, elle préfère m’accompagner, plutôt que de rester seule ici. Joignant le geste à la parole, elle se relève, fait quelques pas en grimaçant. J’ai l’impression que ça va être bien compliqué, de grosses larmes inondent ses joues. Je lui propose de s’appuyer sur moi pour alléger la pression sur sa jambe blessée. Et c’est ainsi que nous regagnons lentement ma maison que nous atteignons deux heures plus tard, après de multiples arrêts. Son visage n’est que souffrance, ravagé par les larmes, elle fait vraiment peine à voir.
Mais elle n’en a absolument pas envie, elle est catégorique et m’assure que « ça va aller ».
Joignant le geste à la parole, elle traverse la pièce en claudiquant.
Néanmoins, elle accepte que je lui refasse un vrai pansement. Je lui propose de commencer par prendre une bonne douche, car dans sa chute, elle s’est salie de la tête aux pieds. Je vais lui chercher des habits qui ont appartenu à ma mère, mais les deux femmes n’ont pas le même gabarit et la jeune randonneuse se retrouve toute boudinée dans ces vêtements désuets. Qu’importe, cela n’a pas l’air de la gêner et au moins, elle est au propre. Ensuite, je m’occupe de son membre meurtri et des quelques petites égratignures qu’elle a à l’épaule et sur la joue. Je désinfecte bien le tout.
Elle m’explique qu’ils faisaient du camping sauvage, un peu plus bas dans la vallée. « Avec mon copain », précise-t-elle. Mais où est-il ce copain ? N’était-il pas avec elle lorsqu’elle s’est scratchée ? Elle préfère ne pas répondre, ses sanglots redoublent lorsque j’évoque ce sujet-là. L’a-t-il abandonnée alors qu’elle était blessée ? Ce n’est quand même pas lui qui l’a poussée dans le ravin ?
Je comprends à demi-mot que le couple s’est séparé bien avant l’accident, que lui s’en est retourné, fâché, la laissant toute seule en pleine cambrousse.
Effectivement, si c’est le cas, il y a urgence, histoire de le rassurer. Je lui sers un verre de jus de pomme, assorti d’une tranche de cake, et nous prenons la route. Elle ne sait plus très bien où ils campaient, près d’un hameau, semble-t-il. Mais des hameaux, il n’y en a pas qu’un ! Finalement, elle reconnaît une ferme, puis un arbre un peu plus loin.
Trois ou quatre cents mètres plus loin, nous tombons enfin sur leur campement… un spectacle de désolation. La canadienne est éventrée et, de l’autre côté, quelqu’un a écrit en gros le mot « Pute » probablement avec du rouge à lèvres, car un tube traîne par terre. Les vêtements de la jeune femme ont été étalés tout autour, certains déchirés, d’autres traînant dans la boue, une petite culotte est ridiculement accrochée à un sapin, un soutien-gorge dans les ronces. Natacha furète partout, en pleurs.
Bon débarras, c’est possible, mais elle n’arrête plus de pleurer. Elle regroupe tant bien que mal ses effets tandis que je vais chercher des sacs de commission qui traînent dans ma bagnole. Nous empaquetons le tout. Ensuite, nous démontons tant bien que mal la tente, du moins ce qu’il en reste, afin de laisser l’endroit propre, et nous regagnons tristement la Peugeot. Son visage est ravagé par les larmes et, même si elle marche parfois un peu clopin-clopant, son genou n’est déjà plus pour elle qu’un lointain souvenir. Elle a d’autres préoccupations !
La belle semble inconsolable, ça se comprend. Elle me demande s’il y a des cars qui passent dans le coin ou si je pourrais éventuellement la déposer dans une gare quelque part. Je veux bien l’emmener où elle veut, à La Bourboule ou à Murat, peu importe, encore faut-il connaître les horaires des trains. Et puis, il commence à se faire tard, le plus sage pour ce soir, c’est encore de dormir chez moi, ce ne sont pas les chambres qui manquent dans la baraque. Elle accepte la proposition sans réel enthousiasme, mais elle admet finalement que c’est plus raisonnable. Cela nous permet de lancer la lessive des quelques habits qui ont échappé au massacre, le reste rejoint la poubelle avec les affaires de maquillage volontairement souillées.
La soirée en tête-à-tête lui permet de vider son sac. Finalement, en y réfléchissant un peu, elle se souvient de moments beaucoup moins sympas, qui étaient autant de prémices à cette rupture et qui auraient dû l’alerter. Comme la fois où son copain, à moitié bourré, l’avait humiliée devant ses amis en leur disant : « Natacha, avec sa gueule de déterrée, heureusement qu’elle est bonne à sucer des bites ! ». Tout juste s’il ne l’avait pas incitée ce soir-là à montrer ses talents de pompeuse à ses potes, certains auraient bien voulu d’ailleurs, ils étaient tous bien éméchés. Quoi qu’il en soit, elle était parfaite pour les ravitailler en bières et en chips, lorsqu’ils regardaient un match de foot. Et la fois aussi où il avait dit devant ses amies à elle : « Tu pourrais quand même faire des efforts pour te rendre présentable, t’es même pas capable de te maquiller, tu fais mauvais genre, tu ressembles à un clown, au moins tes copines, elles, elles sont bandantes ». Il lui infligeait toujours plein de petites vexations de ce type, il trouvait toujours les mots pour la rabaisser et pour lui montrer que s’il voulait bien d’elle, c’était beaucoup plus par pitié, il fallait qu’elle s’en contente.
Elle avait préféré occulter tous ces moments de contrariété et se convaincre qu’elle était heureuse avec cet homme, qui ne la traitait pourtant que comme une bonniche. Elle était bonne cuisinière et tenait à peu près bien la maison et, question sexe, elle ne faisait jamais la fine bouche et le laissait faire à peu près tout ce qu’il désirait. Alors, quand Monsieur avait envie, il la prenait sans ménagement ; mais quand elle avait envie, elle devait ronger son frein et attendre son bon vouloir.
Ils auraient pourtant pu être heureux, avoir un enfant ensemble, mais Monsieur n’avait pas envie de se traîner pareil boulet. Il avait honte d’elle. Elle aurait pourtant dû le savoir, et c’est vrai qu’au fond d’elle-même, elle le savait, mais elle s’accrochait à ses faux espoirs. D’ailleurs, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour lui dévoiler sa maternité ? parce qu’elle avait la trouille de sa réaction, tout simplement.
À cet instant, je la verrais bien prostrée, dos nu, dans une église, en train de s’autoflageller jusqu’au sang avec un fouet.
Nous en sommes au café. Je lui propose un petit calva pour lui changer les idées.
Elle trempe ses lèvres dedans, fait la grimace. Mais l’instant d’après, elle avale le verre d’un trait, cul-sec, ses yeux pétillent.
J’ai l’impression qu’elle a envie de se murger pour oublier. Elle perd toute contenance. Elle tire la bouteille à elle et se sert machinalement des verres. Ses propos deviennent décousus, elle est bientôt complètement pompette et s’effondre sur la table. Après tout, si ça lui fait du bien. J’en profite pour débarrasser la vaisselle et aller faire son lit. De retour dans la salle à manger, je la retrouve affalée les yeux dans le vague, je l’incite à se relever, l’accompagne jusqu’à la chambre, l’aide à se déshabiller et l’invite à se glisser sous les draps avant de la border.
Au beau milieu de la nuit, je l’entends vomir à triples boyaux dans les toilettes. Ses sanglots ont repris, mais après s’être longuement rincé la bouche, elle retourne tristement se coucher.
Lorsque je me lève le lendemain matin, elle est déjà dans la cuisine, avachie sur la table, la tête entre ses mains. Je lui tends une boite de Doliprane.
Je l’entends dialoguer avec une femme que j’imagine être sa mère :
Elle raccroche, se retourne vers moi et me demande :
Je vais lui chercher mon portable.
À peine une heure plus tard, son géniteur la rappelle, manifestement catastrophé.
Natacha accuse le coup, abasourdie, mais pas totalement effondrée. C’est vrai que ce qu’elle vient d’apprendre, elle s’en doutait un peu, ce n’est plus une surprise.
Les clichés finissent par arriver. « Boudin », « Salope », « Traînée », « Coincée du cul », « Mocheté », « Pouffiasse », quelques slogans haineux ornent les murs de sa chambre, tandis que d’autres s’imposent dans le séjour. Son ex s’en est donné à cœur joie en la traitant de tous les noms d’oiseau. Seule la cuisine semble avoir échappé au massacre, peut-être n’a-t-il pas eu le temps de casser la vaisselle, à moins qu’il n’ait eu peur que cela ne fasse trop de bruit.
En désespoir de cause, la jeune femme lorgne sur la bouteille de Calva qui trône aux trois quarts vides près de l’évier.
Ses parents décident de squatter chez elle, sa mère pour nettoyer, son père attend le serrurier. Le Corentin en question, les gendarmes le connaissent un peu, il a déjà un petit casier, Natacha tombe des nues, elle ne pleure même plus, elle est dépitée. Elle voudrait rentrer chez elle, abréger ses vacances, elle consulte les horaires des trains, mais ses ascendants au téléphone l’en dissuadent. Elle branche le haut-parleur pour que j’entende la conversation.
Il y a juste une chose qu’elle ne leur a pas dite, c’est qu’ils vont être papi et mamie. Lorsqu’enfin, elle raccroche, je vois dans ses yeux que c’est ça qui la tracasse. Elle a envie de cet enfant, mais n’imagine pas l’élever toute seule. Elle se confie à moi en sirotant une autre tasse de thé. Elle n’est pas triste, juste perturbée. Malgré les imperfections de sa peau, je la trouve belle, j’adore les petites grimaces qu’elle fait quand, par hasard, elle me sourit.
Je ne mets pas bien longtemps à la convaincre de rester.
Les jours s’égrènent tranquillement. Je l’emmène visiter les plus beaux endroits de notre belle région. Elle semble heureuse, épanouie, c’est une femme facile à vivre, qui se contente vraiment de peu, elle est heureuse d’un rien et ne fait jamais de chichis. Déjà une semaine que nous sommes ensemble, j’ai l’impression qu’elle a oublié ses tracas, elle n’en parle presque plus. Les derniers clichés envoyés par sa mère l’ont rassurée, l’appartement est presque remis à neuf, il ne reste que les inscriptions aux murs, on attend le verdict de l’assurance pour savoir s’ils vont prendre en charge ou pas, mais il y a peu d’espoir.
Le soir venu, je lance un feu de cheminée, il fait plus froid dehors. Nous sommes sagement assis sur le canapé, ambiance cocooning devant l’âtre crépitant.
La fièvre s’empare alors d’elle. Elle se tourne vers moi, pose sa main sur ma braguette.
Elle tend la bouche vers moi, difficile de résister. Un baiser passionné, nos langues se mélangent tandis que ma main pétrit sa poitrine et que la sienne s’acharne sur mon sexe. Ce baiser est interminable, mes doigts glissent sous son corsage, cherchent ses tétons durs d’envie sous son soutien. Lorsqu’elle arrête enfin de m’embrasser, c’est pour dire :
Et c’est avec dextérité qu’elle extrait ma queue et qu’elle l’embouche. Elle n’y va pas de main morte, elle pompe mon sexe avec un appétit féroce. À ce rythme, je me sens bientôt venir, elle m’achève et m’avale sans relâcher ma queue.
Je n’ai même pas le temps de réagir qu’elle a déjà retiré ses vêtements. On dirait presque une sorcière, une damnée de l’Enfer envoyée par Lucifer, elle a la bave aux lèvres et encore plus le feu aux fesses. Je trouve ses bourrelets incroyablement excitants, ses seins un peu tombants aux gros tétons dressés m’émoustillent aussi, j’en bande à nouveau comme un satyre. L’instant d’après, perdant toute retenue, je la culbute sur le tapis, m’enfonce en elle et la ramone comme un étalon. Elle me plaît trop cette nana. Je vais et je viens sans complexe dans son ventre de femme enceinte. De son côté, elle est tellement excitée qu’elle est presque trop trempée, le flic-flac de nos jus mélangés, des bruits de succion obscènes :
Nous jouissons de concert à cette évocation, en grognant comme des bêtes en rut.
Inutile de préciser que nous passons cette fois-ci la nuit dans le même lit, pour dormir un peu et pour baiser beaucoup.
Les jours se suivent et se ressemblent, à l’image de notre passion dévorante, un festival de plaisir, nous en avons sans cesse envie. Nous sortons moins et passons beaucoup de temps au lit, quand ce n’est pas sur le canapé, dans la cuisine ou d’autres endroits insolites.
Elle est excitée comme une puce à cette évocation. Elle m’entraîne dans l’escalier, prend la pause contre cette grosse cantine, trousse sa jupe, m’implore de venir en elle. J’accède à son désir sans me poser de question. Je ne lui demande même pas comment elle savait qu’il y aurait cette malle énorme dans ce vieux grenier.
Elle jouit encore plus fort que d’habitude quand enfin ma bite se contracte et s’épanche en elle par longues saccades.
Malheureusement, il faut bien nous rendre à l’évidence, les vacances s’achèvent et son séjour touche à sa fin. Nous n’en avons envie ni l’un ni l’autre. Elle a déjà prolongé de quelques jours en téléphonant à sa boîte mais cette fois-ci c’est terminé, son stock de congés est épuisé.
La séparation est déchirante.
Mais tout retombe soudain comme un soufflet. Je n’entends plus parler d’elle ou très peu, elle a repris sa vie, quelques petits messages, malgré tout, pour me dire qu’elle existe toujours. Mais plus de passion, un grand froid. Je me fais une raison, je me dis que c’est peut-être mieux ainsi, la différence d’âge et la distance ont eu raison de cet amour de vacances. Ces quelques jours passés ensemble resteront comme un merveilleux souvenir. Peut-être a-t-elle retrouvé son connard de copain, ou s’en est trouvé un autre, tant mieux pour elle, elle s’éclate certainement mieux qu’avec un homme qui a l’âge de son père.
Néanmoins, quelques détails commencent à me titiller. Comment se fait-il qu’à chaque fois que je l’appelle sur son portable, je tombe sur la messagerie ? Au début, j’y laissais des messages enflammés mais au fil du temps, face à son manque de réaction, ceux-ci sont devenus plus ternes et beaucoup plus froids. Et, quand elle me rappelle, c’est généralement en numéro masqué.
Je lui demande comment ça se passe, son appart, ses parents, ses amis, son boulot et, bien sûr, le bébé à naître. A-t-elle avorté ou compte-t-elle le mener à terme ? Je crois qu’il était trop tard, de toute façon, pour interrompre cette grossesse. J’obtiens peu de réponses, quand elle daigne téléphoner c’est toujours vague, imprécis, comme si elle voulait noyer le poisson et couper ce lien ténu.
Je ne sais pas quelle folie me prend, je me dis qu’à Pâques, j’irais bien faire un tour en Normandie. Certainement quelques désirs, un espoir à la con, c’est tout sauf raisonnable : elle a tourné la page et est partie vers d’autres aventures où je n’ai plus ma place. D’un autre côté, pourquoi rester sur des regrets et des expectatives, ce voyage je vais le faire, puisque j’en ai envie.
Mais où habite-t-elle exactement ? Avranches n’est pas spécialement une petite ville. Et habite-t-elle bien cette ville ? Dans la conversation, je l’ai également entendu parler de Brécey, et puis il y a aussi tous les villages aux alentours. Quand je lui pose la question, pas de réponse précise, de toute façon, elle va bientôt déménager, me dit-elle.
En préparant mon périple, je m’aperçois que j’en sais très peu sur elle. Je suis stupéfait lorsque je découvre que le répertoire d’appel de mon téléphone a été effacé, plus aucune trace des coups de fil qu’elle a reçus ou passés pendant cette période, pareil pour mon historique Internet, elle a tout supprimé. Elle est inconnue sur Facebook et Google en sait aussi très peu sur elle, c’est quoi cette embrouille ? Loin de me décourager, cela ne fait que renforcer ma décision de faire ce voyage, je veux en avoir le cœur net.
Un matin, au petit-déjeuner, elle m’avait raconté que son père était apiculteur et que ça le passionnait. Avec tous les détails dont elle m’avait abreuvé ce jour-là, j’avais la certitude que cette fois-là cette anecdote avait un goût de vécu, elle ne pouvait pas avoir inventé tout ça. Des ruches, il ne devait pas y en avoir trente-six mille dans la région. Me voilà donc transformé en détective privé : trouver le père, je trouverai peut-être la fille.
Une fois en Normandie, je me mets à fureter.
Je dois dire que sur ce coup-là, j’ai une veine de cocu. À la quatrième visite, je tombe sur un certain Roger et une certaine Huguette, précisément les prénoms qu’elle m’a donnés pour ses parents. Certes, le patronyme n’est pas du tout le même, mais je suis à peu près certain qu’il s’agit bien de cet éleveur d'abeilles. Malheureusement, ils ne sont pas là, un voisin me dit qu’ils sont partis pour le week-end, c’est bien ma chance. Pour ne pas les effrayer à leur retour le dimanche soir, je patiente jusqu’au lundi matin.
La vieille m’accueille avec une bonhomie toute paysanne. Elle croit que je viens pour son miel, son mari est aux ruches.
L’anneau dans le nez me gêne un peu, elle ne l’avait pas quand nous nous sommes rencontrés, mais juste un petit piercing. Ceci-dit, elle a très bien pu changer de bijou.
Le vieux me toise avec un brin d’ironie dans le regard :
Direction Villedieu-les-Poêles, drôle de nom pour une ville. Il n’y a, comme un fait exprès, personne à l’adresse indiquée, mais au moins, sur la boîte aux lettres, je trouve un nom de famille, un nom fort peu commun, ça va me faciliter la tâche, surtout si Natacha porte toujours ce nom-là.
De retour à l’hôtel, je file sur Internet. Sa page Facebook est trouvée facilement avec une tonne d’informations. Sur les photos, aucun doute, c’est bien elle. Il y en a de très récentes, elle n’est nullement enceinte, pas non plus de photo de bébé. A-t-elle avorté ? À moins, évidemment, qu’elle n’ait jamais été enceinte et qu’elle m'ait raconté des craques. Mais ce serait quoi, le but de ce mensonge ?
Maintenant, je me souviens également à quel point son genou avait guéri vite, il n’y avait presque plus rien la deuxième semaine, comme si elle n’était jamais tombée, comme si elle s’était juste tailladé un peu la peau pour faire gicler le sang. D’ailleurs, elle ne boitait plus du tout, sauf parfois quand je lui demandais si elle avait encore mal. À ces moments-là, comme un fait exprès, son ex-douleur se rappelait à son bon souvenir. Pourquoi monter tout ce scénario ? Pour simplement coucher avec un vieil inconnu aigri et le laisser tomber après comme une vieille chaussette ? Qu’est-ce qu’elle avait à y gagner ? Certes je lui avais fait quelques cadeaux, mais les courses c’est toujours elle qui insistait pour les payer. Donc aucun intérêt financier, il y a forcément autre chose. Je sais bien que j’ai un sex-appeal hors normes, mais cela fait longtemps que les piles sont usées.
Le soir venu, je sonne à la porte du dit Jean-Luc qui m’accueille plutôt froidement. Amateur de Calva, comme sa fille, il semble en tenir une belle. Il grogne plus qu’il ne parle.
Il ne comprend pas un traître mot à ce que je lui raconte et préfère retourner s’asseoir pour cuver devant sa télé. Heureusement, son épouse vient à mon secours.
Je me présente et lui dévoile sans détour mon curriculum vitae.
Natacha habite désormais à Granville, justement là où j’ai trouvé un hôtel. D’après le GPS, à peine un kilomètre nous sépare, mais il est trop tard pour lui rendre visite, et j’ai surtout besoin de faire un break, de réfléchir un peu, de faire le point avant de la rencontrer. Monter tout ce stratagème pour coucher avec un vieux qu’elle ne connaît pas, c’est forcément absurde. Je parcours ses pages Facebook à la recherche d’autres indices. J’y trouve pléthore de choses, mais sans grand intérêt. Tout me semble si froid, si impersonnel. Si, comme le dit sa mère, elle collectionne les amoureux et les amoureuses, on devrait en trouver la trace, alors que là, il n’y a rien, juste des copains, des copines, qui partagent des photos et qui s’envoient des « like », mais rien de passionnel, rien de vraiment intéressant.
C’est qui cette nana ? Qu’est-ce qu’elle a ? Qu’est-ce qu’elle veut ? Est-ce une Marie-Couche-Toi-Là, ainsi que le suggère sa génitrice ? Pour l’avoir côtoyée, j’ai du mal à le croire, ce n’est pas du tout son style. Peut-être est-ce un mensonge de plus qu’elle raconte à ses vieux pour noyer le poisson ? Mais dans quel but, une couverture pour une agent secrète ? certainement pas. Elle ment depuis toute petite, une mythomane ? Pour avoir vécu avec elle, je ne le crois pas non plus, ses mensonges ne sont jamais gratuits.
C’est une femme qui sait ce qu’elle veut et qui fait tout ça pour se protéger. Elle s'invente une vie pour masquer sa réalité. Cette façon de faire cadre mieux avec son personnage.
Je me souviens des photos de son soi-disant appartement avec toutes ces insultes gravées au mur et tous ces objets qui traînaient, ce bordel indescriptible, ce pourrait être un photo-montage… mais la tente, je l’ai vue, de mes yeux vus. Elle a forcément un ou des complices, elle parlait bien à quelqu’un lorsqu’elle était au téléphone. De temps en temps, elle mettait même le haut-parleur pour me faire profiter des conversations. Toujours la même voix d’homme qui n’avait rien à voir avec celle de son vrai père.
En-tout-cas, quand j’avais voulu retrouver les photos qu’elle avait téléchargées sur mon ordinateur, impossible de remettre la main dessus, mystérieusement disparues, elles aussi, et la poubelle avait été vidée. Elle est très méticuleuse et pense à effacer toutes les traces. Pareil pour ce numéro de téléphone qu’elle m’a donné, cela ne doit pas être véritablement le sien, en tout cas pas celui officiel.
Je commence sérieusement à désespérer. D’un autre côté, je me vois mal me pointer devant chez elle et lui demander des comptes. Malgré tous ses écarts, je la respecte trop pour ça. Peut-être cache-t-elle quelque lourd secret, je n’ai pas envie de lui faire de mal. Quoiqu’elle ait fait, je suis prêt à tout lui pardonner, en souvenir de ces merveilleux moments passés ensemble. Et s’il y a un autre homme dans sa vie, tant pis pour moi et tant mieux pour elle, l’important c’est qu’elle soit heureuse.
Avant de me coucher, je regarde encore une fois les photos, un autre détail me choque, Natacha paraît presque plus jeune sur ses photos récentes. Son double menton est moins prononcé. A-t-elle maigri ? C’est possible, mais même le contour de ses yeux a un peu plus d’éclat et de vitalité. Les derniers clichés publiés ont l'air d'être plus anciens, encore une arnaque !
Je vais voir aussi du côté de ses amis, il y en a une ribambelle, des centaines, semble-t-il. Comment peut-on avoir autant d’amis ? Sur ce genre d’application, ce sont souvent des amis virtuels, ceux qui jouent aux mêmes jeux que nous et que l’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Je suis sur le point d’abandonner quand je tombe par hasard sur une photo qui me rappelle vaguement quelqu’un, quelqu’un de proche que j’ai l’impression de reconnaître. Je clique sur son profil et me retrouve sur sa page Facebook, une certaine Maryse, beaucoup moins prolixe en termes d’amitiés : pour l’essentiel, ce sont des membres de sa famille et des individus de consonance anglaise. Effectivement, parmi tous ces profils, il y en a un que je connais fort bien, c’est celui de ma sœur aînée, il apparaît ici sous le surnom de « Mamounette ». Ainsi, cette Maryse serait une de mes nièces, la plus vieille sans doute, celle qu’elle a eu de son premier mariage. À bien y regarder, c’est fou ce que les deux femmes se ressemblent. Je ne l’ai pratiquement jamais rencontrée cette Maryse, la dernière fois, elle était toute gamine. Je connaissais bien ses frères et sœurs, mais elle, je n’avais pas l’occasion de la croiser, elle vivait avec son père dans la banlieue de Londres, c’est là qu’elle faisait ses études.
Comment Natacha et Maryse peuvent-elles être amies. Se connaissent-elles ou est-ce une pure coïncidence ? Le mystère s’épaissit. J’avoue ne pas comprendre, mais au moins, désormais j’ai une piste.
Le lendemain matin, je suis en planque devant chez Natacha à la première heure. J’espère qu’elle ne va pas reconnaître la voiture, mais c’est un modèle très commun, gris clair et sans aucune particularité, je compte là-dessus. Vers 8 h, je vois une jeune femme sortir de l’immeuble. Oui, c’est bien elle. Mais là, le choc, elle est enceinte jusqu’aux dents et exhibe fièrement un ventre fort rebondi. Elle marche sur le trottoir et passe tout près de moi sans me voir. Qu’est-ce qu’elle est belle ainsi, la maternité lui va à ravir ! J’attends qu’elle s’éloigne un peu et vais faire le pied de grue devant sa porte. Quelqu’un d’autre sort enfin, un jeune qui est pressé et qui ne fait pas gaffe au fait que je retiens la porte. Je me glisse dans le hall et inspecte les boîtes aux lettres. Troisième étage, sans ascenseur, ça doit être pénible dans son état. Manifestement, elle habite toute seule, il n’y a aucun autre nom sur sa sonnette. Sur son palier, je tombe sur une autre femme qui revient de chez le boulanger avec des pains et des croissants. Elle est en train d’ouvrir sa porte. Elle me regarde, interloquée :
Juin ! Elle serait donc enceinte depuis septembre, preuve qu’elle ne l’était pas quand nous nous sommes rencontrés. Et septembre, mon Dieu, serait-ce moi le père ? Je revois notre première séance amoureuse, celle où elle m’avait demandé de l’engrosser et où j’avais accepté tacitement, c’était peut-être prémonitoire. Mais si je suis le père de son enfant, pourquoi a-t-elle préféré couper tous les ponts, pourquoi ne pas m’en parler, pourquoi vivre toute seule ici ? Même ses parents ne sont pas au courant. Elle a peut-être eu honte de s’être accouplée avec un vieux.
Je rejoins mon hôtel afin d'être plus tranquille pour appeler ma sœur aînée. La dernière fois que nous nous sommes eus au téléphone, nous étions un peu en froid, à cause de cette histoire d’héritage, mes sœurettes ne m’ont pas fait de cadeau lors du partage des richesses, il a même fallu que je paye les meubles. J’essaie d’être cool et conciliant, de jouer le décontracté, mais elle est sur la défensive.
Ces petits conflits entre membres de la fratrie m’épuisent, j’ai hâte de raccrocher, j’attends juste qu’elle me donne les coordonnées de sa fille, ce qu’elle finit par faire en ronchonnant.
Corentin, comme c’est étrange ! Natacha et Maryse ont très bien pu se rencontrer en Normandie à l’époque, c’est désormais une certitude. Je ne comprends pas bien les liens qui les unissent, est-ce que ce sont des amies, des amantes, des complices ? mais il y a forcément quelque chose derrière tout ça et il devient évident que c’est Maryse l’instigatrice, c’est la seule qui puisse avoir un mobile et manifestement c’est elle qui a conçu ce scénario. Les deux jeunes femmes m’ont manipulé, la rencontre avec la jeune randonneuse n’était pas fortuite. Mais dans quel but ? Je ne vois pas trop ce qu’elles avaient à y gagner. Maryse n’a pas couché avec moi, que je sache.
Je décide d’aller attendre ma copine pas très loin de chez elle. J’ignore à quelle heure elle quitte son travail, si c’est loin et si elle revient directement chez elle. Mais, une nouvelle fois, les dieux sont avec moi, je la vois arriver sur le trottoir d’en face. Il faut que je me décide. Je l’interpelle ou je reste caché ? J’ai peur des répercussions, mais ne peux pas rester dans l’ombre éternellement. Je traverse la rue en tremblotant, le stress me tord les boyaux, j’ai presque envie de fuir.
Elle lève les yeux vers moi, stupéfaite.
Elle est surprise, mais pas fâchée. Je lui explique comment j’ai contacté son oncle, puis ses parents, comment j’ai eu son adresse.
Pas gênée pour deux sous, elle pose ses lèvres sur les miennes dans un baiser fort chaste.
Elle est enjouée, presque hilare. La porte à peine refermée, la voici qui se jette à mon cou et qui m’embrasse à pleine bouche. Elle n’a rien perdu de son entrain.
Elle m’entraîne dans sa chambre :
Un merveilleux sourire orne son visage à la suite de ce bon mot, elle n’a rien perdu de son humour pince-sans-rire.
Il ne lui faut pas longtemps de son côté pour se retrouver nue, je suis un peu plus lent à la détente. De voir son ventre bien rond, ses seins qui ont doublé de volume et ses mamelons bien sombres me fait dresser la bite. Sans préliminaire, elle m’attire sur le lit :
J’essaie d’être le plus délicat possible, j’ai peur de lui faire mal.
C’est vrai qu’elle mouille beaucoup à chaque fois, les bruits des va-et-vient de ma queue dans sa chatte juteuse nous excitent encore. Elle en veut encore plus, plus fort, plus vite et plus profond, elle m’encourage à aller plus loin jusqu’au moment où elle rugit de plaisir en se cabrant comme une possédée, provoquant en elle ma jouissance.
Je suis allongé à côté d’elle, elle me prend la main et la pose sur son ventre rond.
Un peu plus tard dans la soirée :
Son visage s'éclaire en me disant :