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n° 21843Fiche technique37010 caractères37010
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Temps de lecture estimé : 27 mn
15/06/23
Résumé:  Une femme, un homme, la vie... Des moments difficiles, des jours compliqués, et le soleil au bout du tunnel ?
Critères:  couple amour mélo -rupture
Auteur : Jane Does      Envoi mini-message
Deux petits bouts de toi !

L’épine de la rose que je viens de cueillir s’enfonce dans la chair de mon index. Une perle rouge naît au bout de mon doigt. Zut ! En fait, ce geste maladroit est surtout provoqué par un coup de sonnette qui me surprend dans le jardin. Qui peut venir troubler ma quiétude ce samedi matin ? Je pose le sécateur et la rose, porte ma phalange ensanglantée à mes lèvres et me dirige vers l’endroit d’où provient le son. La porte d’entrée !


Je m’attends à tout, sauf à ce minois qui se tient là, face à moi, visage sérieux et austère. Dans ma poitrine, il me semble que mon palpitant joue à saute-mouton. Brune, fine, élancée, Sarah me regarde avec des yeux d’un bleu étrange. Une Sarah… trop belle, mais surtout tellement plus jeune que moi ! Dix ou douze ans nous séparent sûrement et… c’est en cela que réside toute la différence. Je sens mes jambes mollir et il me faut cramponner la porte à deux mains pour ne pas tomber.




— xXx —




Quatre années plus tôt :



Le ton grave qu’emploie mon mari me fait sentir d’un coup que quelque chose cloche pour de bon. Lui si posé, si calme d’ordinaire. Il y a dans son regard une sorte de voile, comme une infinie tristesse. Nous sommes dans la cuisine et le petit-déjeuner est prêt. Pourquoi est-ce que je sens que l’air qui nous entoure se charge d’une atmosphère délétère ? Paul attend que je pose mes fesses sur le siège. Toujours le même depuis que nous sommes ensemble. Il me fixe sans un mot. L’homme qui est là, mon mari paraît statufié.



S’en suit une longue confession. Paul m’apprend sa liaison avec sa secrétaire. Elle dure depuis quelques mois. Il est confus et moi, je me liquéfie sous le poids des mots qu’il m’assène. La matinée devient calvaire et je reçois en pleine figure une gifle magistrale. Je ne veux pas croire ce que mes oreilles perçoivent. C’est impossible. Il ne peut pas me quitter pour cette gamine de vingt-six ans. Je n’ai pas les armes pour lutter. Elle est si belle, si jeune. Comment pourrais-je gagner cette bataille inégale ?


Avec Paul, nous avons passé tant d’années à visiter des tas de médecins… pour un enfant qui n’a jamais voulu s’accrocher à mon foutu ventre de femme stérile. Et là, celui avec qui nous avons bâti toute une vie, un cocon douillet, Paul veut partir. Là, je suis prête à toutes les concessions. C’est drôle l’existence. À aucun moment de ces derniers mois, je n’ai senti que ce mari que j’aime avait une maîtresse. Et là, son flot de paroles me crucifie sur ma chaise. Je suis anéantie. Ma seule idée sur l’instant, c’est d’imaginer qu’il ne s’agit que d’une passade, d’un moment d’égarement.



Les mots me manquent, mes yeux se noient déjà dans une eau salée que distille ma peine. Celle de ce coup que je reçois en pleine face. Comment peut-il me faire ça ? À moi qui partage tout avec lui depuis… notre union. Mon corps tout entier se refuse à croire en ce que cette bouche qui m’a embrassée des années durant vomit là, devant un bol de café refroidi depuis longtemps. Il se tait enfin, et mes sanglots font un bruit étrange dans la cuisine.



Il me suit des quinquets, ses lèvres tremblent. Pèse-t-il ses mots pour m’anéantir encore davantage ? J’ai peur de ce qu’il se prépare à dire.



La lame de fond qui me submerge me cloue sur mon siège. Lui se lève, passe ses doigts sur ma joue, et dans un geste sec du bras, je le repousse brutalement. La voix qui sort de ma gorge, je ne la reconnais pas moi-même.



Il se redresse, soupire tristement et se dirige vers la chambre à coucher, chambre conjugale inutile désormais à nos amours mortes pour de bon. J’abdique, incapable de lutter contre ce qui me paraît la pire vacherie de la vie. Mes espérances s’envolent là, au rythme des vêtements que Paul entasse dans une valise. Il s’arrête devant moi, la main sur la clenche de la porte d’entrée.



Mon cœur saigne dans le fiel de ces paroles que je lui lance, défi immense pour masquer ce qui me serre le cœur autant que les tripes. Et la porte se referme sur mes plus beaux moments. Mes rêves s’enfuient au bruit du moteur de la voiture de celui qui me quitte pour un ventre que j’imagine bien rond et si plein… Pourquoi est-ce que je m’acharne à croire que dans les yeux de ce mari qui roule vers une autre, il y avait une peine aussi infinie que celle qui m’étreint ? Comment tirer un trait sur des années d’amour en quelques minutes ?


Je ne revois pas, ne veux surtout plus rencontrer Paul ! Notre avocat commun me transmet un dossier que je signe sans même le lire. À quoi bon ? Mon existence s’est arrêtée ce matin du départ de celui qui m’a trahie et je ne veux pas me battre. Aucune chance face à ce dont Paul a toujours rêvé. Quelques gouttes de sperme transformées en un être de chair et de sang… subtil mélange de deux sexes qui font de moi une étrangère. Et ce qui reste en moi de vie, se déroule au jour le jour sans à coup, sans passion non plus. Solitude empreinte de souvenirs, entourée de ce qui fut le sel de mes plus belles années.




— xXx —




Une petite robe rouge, des cheveux clairsemés d’une couleur tirant sur le roux, la femme qui est là a un ventre aussi rond qu’un ballon. Les traits tirés, les lèvres minces, elle reste à un mètre de moi et ne dit rien. Et avec le soleil à contre-jour j’ai du mal de reconnaître ma visiteuse. Celle qui est la cause de mes malheurs. Personne ne parle. Je suis stupéfaite de voir Sarah d’aussi près. Pourquoi est-elle venue après tout ce temps ? Je remarque sa maigreur effrayante, que son bidon rebondi n’arrive à masquer que partiellement. Une bouffée de haine refait surface là et sans doute que ma bouille reflète sans équivoque tout le ressentiment du monde que j’éprouve à son encontre.



Devant son instance et une certaine fragilité apparente, je m’efface et cède le passage à ma pire rivale. Enfin, elle ne l’est plus vraiment puisque la vaincue de l’histoire c’est moi. Elle se tient le ventre et je ressens cette atroce envie de l’écharper. Je n’en fais rien bien sûr, mais dire que je n’y songe pas serait mentir.



Je tire un siège, et alors qu’elle s’assoit, ses mains tremblent sur la surface de bois verni de la table. Je pose une bouteille d’eau minérale devant elle ainsi qu’un verre. Pas question que je serve mon ennemie. Et mon ton n’est sûrement pas amical pour lui faire cracher le motif de sa venue chez moi.



Sarah sort de son sac un dossier qu’elle fait glisser dans ma direction sur le coin de la table. Je regarde ce truc bleu qui fait tache sur le bois. Mes yeux accrochent son nom de famille, son prénom aussi. Médical ce dossier, alors pourquoi, puisque visiblement elle est enceinte de plusieurs mois, veut-elle me faire voir le contenu de ce dossier ?



Elle pousse encore plus près de ma main le rectangle de carton bleu et d’une épaisseur d’un petit centimètre. Mes doigts tremblent et je dois faire un véritable effort pour ne pas la flanquer à la porte. La couverture s’entrouvre et une page dactylographiée est là sous mon nez. Ce que je lis me glace d’effroi. C’est le compte rendu d’une échographie, pas du tout pour le bébé qui se développe dans le ventre de cette femme. Puis mes quinquets se portent sur le nom barbare qui figure dans des résultats d’un scanner, sûrement prescrit suite à cette image échographique. Surprise, une question m’échappe.



Un long silence dans lequel nous nous plongeons se prolonge et les yeux de Sarah sont humides. Elle se retient sans doute de pleurer, et je dois avouer que je n’en suis guère loin non plus. Comment expliquer ce que je ressens là devant ce qu’elle vient de m’annoncer ? Je ne sais pas quoi lui dire, ma gorge est sèche. Et pour détourner mon esprit des pensées sombres qui l’habitent, je bredouille bêtement…



La porte se referme et le bruit de la voiture qui disparaît au coin du chemin me plonge dans un vide abyssal. Je n’en reviens pas ! Celle qui m’a pris mon mari qui me le rend avec en prime un cadeau double, c’est un don du ciel ou je nage en plein cauchemar ? Je suis époustouflée par ce qui se passe. Et mon siège me retrouve, jambes coupées, cœur palpitant. Je suis vidée de toutes mes forces, n’arrivant plus à faire la part des choses. J’en arrive à prier pour que Paul me rende visite, ce qui serait synonyme d’une suite favorable au passage de Sarah ! Et zut… tout ce que mon corps a retenu depuis l’arrivée de cette nana rejaillit au niveau de mes yeux. Les spasmes de mes sanglots sont bien réels eux !




— xXx —




Trois semaines après leur rencontre :


Difficiles, ces jours passés avec tellement d’émotions contrastées. L’euphorie que fait retomber la peur d’avoir tout simplement rêvé l’entrevue entre Sarah et moi distille dans mes veines un poison étrange. Alors lorsqu’à ma sortie du bureau où je travaille je découvre sur mon téléphone un SMS de la nouvelle compagne de mon ex-mari, j’en suis toute baba. Très laconique, sans fioriture, juste une invitation à passer la voir au CHU où elle dit être hospitalisée. Là, devant ses mots, toute notre discussion refait surface dans mon esprit.


Et je suis partagée entre peine et espoir. Pourquoi est-ce que j’éprouve d’un coup une telle compassion pour celle que bien longtemps j’ai haïe de toutes mes forces ? Son bébé est-il né ? Ou sa maladie prend le dessus ? Mille idées de cet acabit se frayent un chemin sous ma tignasse brune. Alors, au lieu de rentrer sagement chez moi, une force inconnue me fait me détourner de ma route de retour. À l’accueil, je demande le numéro de la chambre de Sarah et la réceptionniste m’expédie au quatrième étage du bâtiment.


À la sortie de l’ascenseur, une longue enfilade de chambres, et celle que je cherche est au centre de toutes celles-ci. Je frappe doucement et une voix faible m’invite à entrer. Elle est là ! Sur un lit aux draps blancs, la pauvre petite chose qui repose là a les traits tirés. De suite, mon regard est attiré par son ventre, ou plus exactement l’absence de bosse de celui qui est recouvert par le coton. Elle tente un sourire qui se transforme en un rictus.



Elle a une voix presque inaudible et ses yeux sont dans le vague. Je la sens très mal et me trouve devant elle sans vraiment savoir quoi lui dire.



Par réflexe sans doute, ma patte s’accroche à cette pauvre petite main d’une blancheur extrême. Sarah fait un effort sûrement pour garder ses paupières ouvertes. Et ses doigts se recroquevillent sur les miens comme pour me passer un témoin. C’est dans un souffle que je perçois encore une phrase avant qu’elle ne ferme les yeux.



Je quitte la chambre un peu au radar, je l’avoue. Difficile à avaler que je sois aussi secouée par cette femme qui un jour m’a tout pris et qui là, pour une raison que j’ignore et qui dépasse largement mon entendement, veut me rendre au centuple un bonheur perdu. Ça se bouscule dans ma tête. Évidemment que je ne peux rien pour cette malheureuse plus morte que vive. Mais sans trop m’en rendre compte, mes pas me dirigent vers la maternité où une petite bonne femme ne demande qu’à vivre, elle.


Une infirmière m’interpelle alors que je cherche où elle peut se trouver. Je lui donne le prénom et elle me guide vers une baie vitrée.



Alors que j’ai un instant d’incertitude, une voix mâle répond dans notre dos.



Paul ! C’est Paul qui discute avec l’infirmière et moi je suis là à ne pas savoir sur quel pied danser. Mince alors ! J’observe cet homme avec qui j’ai passé tellement de temps, mais qui m’a fait tant de mal aussi. Et il me paraît moins brillant, plus voûté. Ses tempes ont quelques crins blancs, ce qui le rend plus… oui, plus beau. La femme en rose s’éloigne et dans les jambes de Paul, un minuscule modèle réduit de nana. Il suit mon regard et laisse tomber simplement.



Elle s’approche de moi et Paul en profite pour franchir la porte de la chambre où la petite Murcia gigote bien au chaud. Drôle de sensation que ce premier contact entre une fillette à apprivoiser et moi. Une quinzaine de minutes plus tard, il nous retrouve derrière la baie vitrée.



Il me jette un coup d’œil et une sorte de risette naît au coin de ses lèvres. La petite, elle, se précipite vers moi et c’est avec ses bras noués autour de mon cou que nous nous penchons quelques secondes plus tard au-dessus du berceau transparent où une crevette toute rose dort paisiblement. Je lui parle doucement, ne sachant pas trop si c’est bien ou pas.



J’écoute ces mots d’enfants et suis scotchée par ce qu’elle vient de déclamer à sa sœur. Émue aux larmes, je dois discrètement essuyer mes quinquets avant de rejoindre Paul dans le couloir. Il me décharge de mon fardeau et nous marchons vers la sortie, tous les trois.



Le duo père/enfant reprend la direction de la partie hôpital et je me glisse sous mon volant, pour rentrer chez moi. Revoir Paul ici, et surtout dans de telles circonstances me laisse un goût amer dans la gorge. L’étrange demande de Sarah qui paraît avoir tout planifié avec sa fille et qui sait avec Paul aussi est un vrai choc pour moi. Cette femme, au-delà de l’amour qu’elle porte à son compagnon, qui arrive à prévoir un avenir sans elle pour sa progéniture me sidère. Mais c’est bien qu’elle m’ait incluse dans cette histoire qui me perturbe vraiment.


Il faut aimer beaucoup un homme pour être capable de le savoir repartir dans les bras de son ex. Mieux ! L’y renvoyer volontairement est un acte dont je ne suis pas certaine de mesurer la portée. Et le plus singulier dans tout ceci, c’est que cette idée fait son chemin dans ma propre caboche. De plus, les paroles de la petite Sélène dansent dans mon esprit, comme pour achever de me convaincre, s’il en était besoin. Il est évident que cette pauvre femme a réussi à me redonner un courage qui me fait défaut depuis… qu’elle m’a pris mon homme !




— xXx —




Quatorze jours plus tard :


Un ciel gris qui pleure sur la dizaine de personnes silencieuses qui suit un cercueil de bois blanc. Je suis de celles qui marchent depuis l’église pour un dernier au revoir à Sarah. Je ne connais bien sûr personne, hormis Paul, dans ces anonymes qui lui rendent un dernier hommage. Après la cérémonie, je m’éloigne sans bruit de ce groupe et alors que je vais remonter dans ma voiture, lui me rattrape.



Je détourne la tête et me glisse sous mon volant. Il reste planté à deux mètres de moi ! Je ne peux pas répondre à cette question si complexe. Inutile de lui montrer mon visage, parce que mes yeux parleraient pour moi. Mon regard embrumé est mille fois plus explicite que les mots que ma gorge nouée ne veut pas décrocher. Lui ne bronche pas, se contentant d’un signe vague de la main alors que je file, ou plus justement que je fuis cet homme. Dans mon rétroviseur, sa silhouette s’amenuise au fil des mètres qui nous séparent, et en moi… Paul grandit d’autant au rythme affolé des battements de mon cœur.


Je connais, les jours suivants, des moments complexes. Je surfe à certains moments sur un petit nuage et les instants d’après, dans un état d’abattement qui fait de moi une morte vivante. Une loque… oui, c’est bien cela, une loque, tout juste capable de mettre un pied devant l’autre. Mes pensées se bousculent, euphoriques, pour sombrer en quelques secondes dans un marasme sans fond. Plus les jours passent et moins je suis lucide. Alors lorsque sur les coups de seize heures ce vendredi, je ferme mon bureau pour rentrer chez moi, je n’ai qu’une hâte, m’enfermer dans ma solitude… bien à l’abri du regard du monde et des autres.


Là sur mon canapé, je tente de retrouver une sérénité, un allant que je n’affiche plus vraiment. Et la sonnette de la porte d’entrée me surprend alors que je cherche à faire le vide dans mon ciboulot malmené. Pas envie d’aller voir l’intrus qui vient me déranger dans une méditation involontaire, je demeure sans réaction. Le carillon pourtant se fait plus insistant et je finis par craquer. Je suis prête à sauter à la gorge de la personne qui insiste lourdement. C’est donc d’un pas traînant que je me force à venir expédier l’importun. Et le panneau de chêne tourne sur ses gonds sans bruit.



Il est assis à la place qu’il a si longtemps occupée à la table de la cuisine. Et mon cœur s’affole dans ma poitrine. Je me sens poussée vers cet homme qui pourtant m’a trahie, trompée. Comment passer outre ces maux subis ? Mes yeux sont de nouveau dans les siens, mais est-ce bien comme autrefois ? N’a-t-il pas en tête finalement que l’intérêt de ses deux gamines ? Combien c’est difficile pour moi de faire la part des choses ! Il ne cherche pas à se rapprocher physiquement de moi, il est là, suspendu à ce que mes lèvres vont vomir en bien ou en mal. Et je n’ai nulle envie d’être méchante, douce non plus du reste.


Il y a aussi les paroles prononcées par Sarah lors de sa visite qui remontent en moi, dans une bouffée de chaleur qui me rosit les joues : – Je vous les confie… tous les trois ! Merci. – J’en suis tremblotante de cette voix qui résonne en moi du fond de mes souvenirs. Cette femme sur son lit d’hôpital qui avait tellement l’air de croire en ce qu’elle me disait à ce moment-là. C’est violent, fort, ce qui m’étreint le ventre et les tripes. À tel point que je dois faire un effort pour ne pas montrer à Paul ce qui m’anime là. Il doit faire le premier pas… je ne dois, ne veux pas me précipiter dans ses bras, malgré mon besoin pressant de le faire.


Il baisse le menton, puis se redresse sur ses deux jambes. Je sais, je sens que l’instant est crucial. Combien de chances de reparler de tout ceci nous reste-t-il s’il quitte une seconde fois cette demeure qui fut longtemps le meilleur abri de nos amours ? Je ne suis pas en capacité de jauger de cela, et il a les jointures des doigts blanchies à force de les crisper. Un pas vers la porte… un second et sa patte qui se pose sur la clenche. S’il franchit le seuil de la maison, je ne donne pas cher de nos retrouvailles. Pourquoi ne se retourne-t-il pas pour me prendre dans ses bras ? Le silence qui nous entoure est d’un coup perturbé par les bruits de la rue.

Il s’enfonce déjà de quelques centimètres dans un monde où je n’existe plus. Puis sa voix mâle qui me troue les oreilles…



C’est un vrai cri qui me sort du cœur et de la gorge. Il marque un temps d’arrêt… se retourne lentement.



Il bégaie et je sens d’un coup deux bras solides qui viennent encercler mon corps. Je suis toute molle, prête à m’évanouir… alors que deux lèvres écrasent ma bouche. Est-ce lui ou moi ? Lequel des deux attire l’autre à l’intérieur pour refermer la porte ? Je m’en moque. L’important n’est-il pas qu’il m’embrasse comme s’il rentrait après sa journée de travail ? Bien sûr que je ne sais pas de quoi demain ou même tout à l’heure sera fait. Mais Paul est de nouveau chez lui, s’il le désire et j’en oublie les heures d’angoisse… et qui sait… des rires d’enfants viendront peut-être égayer ce royaume que nous pourrions reconstruire…


Demain sera un autre jour… et vivons l’instant présent…