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Temps de lecture estimé : 40 mn
17/06/23
Résumé:  Mangouste, après avoir éliminé l’Organisation, goûte à un repos bien mérité. Mais...
Critères:  fh ff hh grp asie inconnu forêt cunnilingu partouze humour aventure -aventure
Auteur : Laetitia            Envoi mini-message

Collection : Les aventures de Mangouste
Rouge, impair et mort à Hanoï.

« L’enfer est vide, tous les démons sont ici. »

William Shakespeare – La Tempête



Voilà comment tout a commencé :


Les doigts de Chloé Maurecourt se sont posés sur les touches blanches du piano à queue Steinway & Sons, qui trône au milieu de son salon.

Les trois monumentales baies vitrées donnant sur les jardins du Luxembourg sont ouvertes en cette matinée de début juin. Il fait déjà chaud. Un léger filet d’air envahit toutefois la pièce, mais la rafraîchit à peine.


Les mains agiles de Chloé se mettent à courir sur les touches, enfin à survoler et à effleurer les touches plutôt. Concentrée, son esprit devance ses doigts. Il navigue déjà vers les accords suivants. De temps à autre, elle jette un rapide regard sur la partition posée sur le lutrin. C’est juste pour la conforter, elle connaît la suite de notes parfaitement. C’est gravé dans son cerveau plutôt et ses doigts parcourent le clavier, trouvant systématiquement la bonne touche, blanche ou noire, ou le bon enchaînement.


Jouer du piano n’est pas seulement appuyer avec ses doigts sur un clavier. Les pieds sont également importants. Avez-vous remarqué que les pianos possèdent des pédales ?

Le pied gauche de Chloé effleure la pédale de gauche, la pédale « Una corda », qui au bon moment, en harmonie avec les mains, va adoucir le son et lui donner un timbre plus feutré. Cela, afin de marquer « une nuance ».


Prélude de Jean Sébastien Bach en do majeur.

La musique parfaitement exécutée envahit la pièce et se répand au-dehors dans le matin estival. Les notes s’envolent vers le Luxembourg, emportées par la légère brise.

Elle l’a beaucoup travaillé, ce Prélude de Bach.

Elle maîtrise quasiment entièrement ce morceau … Sauf … ce passage de merde ! Ce foutu accord en mi mineur.

Toujours au même endroit, sa pensée court, mais ses doigts ne suivent plus. Encore une fois, un couac à cet endroit.

Bon, d’accord, c’est à peine perceptible, sauf pour une oreille entraînée comme la sienne. Perfectionniste, Chloé ne peut admettre cette incartade.


D’un geste rageur, elle repousse le tabouret en arrière et se lève.

Il lui faudra encore travailler sans relâche sa concentration. La technique, elle l’a, la connaissance du morceau, elle l’a. C’est par là qu’elle pêche, la concentration…

Euh non, en fait cette histoire ne commence pas comme ça !


Plutôt de cette façon :


Chloé Maurecourt, vêtue de son kimono rouge et or s’est agenouillée sur le tatami devant la table basse.


Elle vient de verser le thé matcha dans le bol et l’a tendu à son invité d’honneur, Kudo Hidekazu, son vieux Maître qui lui a enseigné la cérémonie du thé. Enfin, après de longs mois, elle n’en maîtrise que les rudiments. Elle en effleure à peine les tenants et les aboutissants. Elle commence seulement à entrevoir les implications profondes de la cérémonie.

La cérémonie du thé, appelée chadō est un véritable art traditionnel, très codifié au Japon. Elle recèle une dimension symbolique forte. C’est une voie spirituelle menant aux bases du bouddhisme zen.


Celui ou celle qui veut suivre le rituel, doit faire siennes les quatre valeurs cardinales : Wa (l’harmonie), Kei (le respect), Sei (la pureté) et Jaku (la tranquillité). Toute la philosophie du Japon ancestral et immatériel, résumée en quatre mots. Quatre vertus plutôt.


Un seul bol doit être servi et les invités se le font passer. Le Maître du thé (Chloé, donc, ce jour-là) présente le bol à l’invité d’honneur (son vieux Maître) qui prend le temps de le regarder, de le respirer puis de le faire tourner entre ses mains, afin d’éviter de boire sur la face avant. Il en aspire deux gorgées et demie, pas plus, pas moins. Une demi-gorgée d’abord, afin de se concentrer sur le breuvage et d’ouvrir son esprit, puis deux autres gorgées. Ensuite, il va essuyer le bord, puis va le tourner à nouveau et enfin tendre le bol à l’invité suivant.


Alors que les autres convives (ce jour-là Tajima Riho, Matsuda Akira et Takagi Sunsho, d’autres disciples du Maître) répètent le rituel, Kudo Hidekazu hoche légèrement la tête à l’intention de Chloé.

Apparemment, il est satisfait.


Il reste à Chloé à nettoyer les instruments et à les présenter aux invités…

Euh non, ce n’est toujours pas comme ça que cette histoire commence…


En fait, elle débute ainsi (cette fois, c’est la vérité) :




oooOOOooo




Chloé Maurecourt était penchée en avant, la tête presque dans le moteur de la Chevrolet Corvette cabriolet de 1957, rouge et blanche. Elle se trouvait dans le garage dont elle venait de faire l’acquisition, quelque part dans le sud de Paris. Il s’agissait d’un vieil atelier traditionnel, que l’ancien propriétaire a vendu afin de profiter de sa retraite.


Chloé a tout conservé, l’outillage et le matériel, bien sûr, mais aussi la décoration, composée de plaques émaillées et de vieilles affiches de marques d’huile de moteur ou d’accessoires automobiles du siècle dernier. Elle a même gardé le calendrier érotique de 1977 qui orne encore le mur du petit bureau. Il est resté ouvert sur la page de Miss juillet, une rousse, dont Chloé aime particulièrement les formes et la poitrine, plutôt volumineuse, mais aussi et surtout l’air mutin et le sourire en coin qu’elle arbore.


C’est dans ce garage qu’elle entrepose les véhicules anciens qu’elle achète avec l’intention de les restaurer.


On y trouve, hormis la Corvette, une Jaguar hors d’âge, mais conduite à droite, comme il se doit, une Renault Frégate, ainsi qu’une moto, une Triumph Bonneville de 1971, pour le moment entièrement démontée. Selle, réservoir et garde-boue sont posés à côté du moteur en pièces détachées.


Chaque chose en son temps, pour le moment Chloé s’occupait de la Corvette.


Le moteur refusait de démarrer. Il lui faudra démonter le carburateur. Ensuite, elle devra réviser la boîte de vitesse automatique et enfin vérifier les freins et les amortisseurs. Il y a aussi cette fuite d’huile qui l’inquiétait un peu aussi. À coup sûr, il lui faudra quelques heures de travail pour résoudre ce problème de fuite.


Après, une fois les problèmes mécaniques résolus, elle devra s’attaquer aux imperfections de la carrosserie, avant d’apporter le véhicule à un spécialiste des peintures. Coups, bosses, rayures et points de rouille devront préalablement disparaître.


Enfin, elle pourra se consacrer à ce qu’elle préfère, les finitions, afin que la Corvette soit parfaite. Changer le rétroviseur, qui n’est pas d’origine (sacrilège !). Puis refaire le revêtement intérieur, le tableau de bord. Changer la capote aussi. Les sièges sont complètement élimés et déchirés à plusieurs endroits. Elle allait les confier à un sellier spécialisé. Elle choisira une teinte proche de celle d’origine dans un cuir pleine fleur. Onéreux, mais la Corvette mérite bien ça.


Enfin, elle prendra la décision finale. Garder la Corvette, où la revendre avec un bénéfice substantiel. Non pas qu’elle eut besoin d’argent, mais c’était pour elle un jeu en quelque sorte, plus qu’une source de revenus.

Elle pourra ensuite s’atteler à remonter le moteur de la Bonneville, après l’avoir entièrement révisé, alors qu’elle l’a abandonné quand elle a ramené la Corvette :



Elle saisit le guignol par la manche et l’entraîna vers la sortie en chantonnant :


Now we freak oh, what a joy

Just come on down to the fifty-four

Find your spot out on the floor

Aaaaah, freak out !

Le freak, c’est chic

Freak out !

Aaaaah, freak out !

Le freak, c’est chic

Freak out !


Avant d’enchaîner un petit pas de danse sur le trottoir…


Sur le bateau du garage était garée une Roll Royce Silver Shadow vintage.

Chloé caressait le Spirit of Ecstasy sur le capot pendant que le gugusse ouvrait la portière arrière.

En montant dans la voiture, elle lui lança un sourire narquois.


Sur la banquette arrière se tenait une femme dans la trentaine. Une fort jolie jeune femme même. Les traits fins, les cheveux noirs rassemblés en un chignon élaboré :



Alix termina sa phrase par un sanglot. Chloé reprit :



Chloé baissa la vitre de la voiture et héla le gugusse qui attendait sur le trottoir :



Puis à l’intention d’Alix de Saint Aymé de Préville :



Puis tapotant sur la vitre de séparation entre les places arrière et l’avant, elle dit d’un air goguenard :




Alix était assise face à Chloé sur le canapé qui trônait au milieu de son salon :



Les lèvres de Chloé se sont approchées de celles d’Alix. C’est pourtant cette dernière qui a agrippé Chloé par la nuque et a collé sa bouche à la sienne, pour un baiser langoureux.

Puis dans un souffle :




Le lendemain matin, Chloé fit glisser le bout de son index le long de la colonne vertébrale d’Alix, allongée sur le ventre, et cela jusqu’au coccyx. C’eut pour effet immédiat de faire frissonner la belle brune. L’index fut remplacé par les lèvres de Chloé, qui déposa un baiser sur les cervicales, puis d’autres le long du dos de la jeune femme.


Alix s’est retournée et a approché son visage de celui de Chloé. Leurs bouches se sont rencontrées. Les corps nus des deux jeunes femmes se serrèrent à nouveau et elles roulèrent l’une sur l’autre sur le lit méga king-size.

Enfin repues, elles restèrent allongées l’une à côté de l’autre :





oooOOOooo




Trois jours plus tard :

Le Drunken Goat se situait dans un quartier plutôt mal famé de Taipei, sur les docks.


Quelques dockers et marins de différentes nationalités traînaient sur le quai devant l’établissement. Chloé entendit quelques bribes de mandarin, de cantonais, mais aussi de russe ou d’anglais, dans les propos qu’échangeaient les types plutôt patibulaires et tatoués qui vaquaient là :


Quel bouge ! Si j’étais émotive, ça me ferait presque peur d’y entrer !


Elle poussa la porte. À l’intérieur, la lumière tamisée laissait à peine deviner les silhouettes des consommateurs :


Sixtine de Saint Aymé de Préville dans cet endroit, ça a dû détonner !


Mangouste s’assit sur un des tabourets devant le bar :



Le barman, sans un mot posa le verre devant elle.

Elle tendit une photo de Sixtine au barman qui haussa les épaules.

Un type, baraqué, un occidental, le crâne lisse comme le cul d’un nourrisson vient s’asseoir au tabouret près d’elle :



Mangouste posa le plat de sa main à l’arrière du crâne du type. Elle poussa fortement vers l’avant. C’eut pour effet de propulser le front du type contre le bar. Elle le saisit par le col de sa chemise et le tira en arrière, Le type dégringola de son tabouret et s’étala sur le sol inconscient, les bras en croix.


Deux autres gugusses s’approchèrent menaçant, un occidental et un asiatique. C’est avec le tabouret où était assis le type trente secondes avant qu’elle assomma le premier, avant de faucher le second d’un revers du pied. Elle souleva le tabouret, prête à frapper le type au sol avec :



Puis à l’intention de ses policiers :



Une demi-heure plus tard, Chloé était assise en face de l’inspecteur Li dans son bureau :



Après avoir raconté son histoire à Li :



Deux heures plus tard, Li la rappela dans sa suite :





oooOOOooo




Hanoï !

Cela faisait plusieurs années que Mangouste n’était pas venue ici. Hanoï n’avait pas trop changé.

D’un pas pressé, elle s’est dirigée vers le point de rendez-vous, où elle devait rencontrer Nguyên Dinh Phuong, le contact que lui avait donné l’inspecteur Li.


Le pousse-pousse venait de la déposer sur une place à proximité. Elle longeait la rue de la Soie en direction du marché Dong Xuan. La rue lui renvoyait un tintamarre de klaxons des quelques voitures, des nombreux deux-roues motorisés, mais aussi des sonnettes des innombrables vélos lancés à toute allure dans tous les sens. Le tout dans une odeur de friture et de soupe issue des restaurants de rue qui colonisaient les trottoirs.


Hanoï est une ville grouillante, où se dressent encore les vieux bâtiments, pour la plupart en ruine, de l’époque coloniale française :

« Je vous attendrai devant le temple en face du marché de Dong Xuan », lui avait dit Nguyên Dinh Phuong au téléphone deux heures plus tôt.


Elle avisa un homme, environ la cinquantaine, vêtu d’une chemise bleue au col mao et d’un pantalon gris :



Ils s’installèrent sur des bancs posés sur le trottoir. Une vieille Vietnamienne leur apporta deux bols de soupe où flottaient légumes variés et morceaux de bœuf, ainsi que des pâtes de riz :



En clair, la situation idéale pour se cacher et pour trafiquer à peu près tout. Les armes bien sûr, mais aussi et surtout l’opium. C’est une région déserte, montagneuse, inhospitalière. Il n’y a pas de routes, juste quelques pistes pour s’en approcher. Pour s’en approcher seulement. Ensuite, il n’y a plus que quelques sentiers de montagne, puis la forêt à traverser. Hormis quelques villages et petites villes en bordure, pas âme qui vive côté Vietnamien. C’est pourtant là qu’on trouve et que sévissent Tigress et la petite armée qu’elle a montée avec les rebelles Ngas.



L’endroit rêvé pour elle, je vous disais. Cinq pays à proximité, en cas d’attaque d’une des armées ou de la police d’un de ces États, c’est tellement facile de passer une frontière et de se mettre à l’abri. Mais elle est peu inquiétée. Sauf pour la Thaïlande, les gouvernements de ces pays se contrefichent du trafic d’opium. Contrairement à la Birmanie et au Laos, la politique d’éradication de la culture d’opium, en Thaïlande, s’est montrée globalement efficace. Notamment grâce aux nombreuses alternatives économiques qui ont été proposées aux populations dans le nord du pays sous l’impulsion de la famille royale. Une unité policière spéciale a été créée pour lutter contre les trafics qui transitent par le Mékong, mais aussi pour éradiquer les résidus de la production qui subsistent dans la région. L’armée de Tigress évite donc le nord de la Thaïlande, sauf en cas d’urgence, lui préférant la Birmanie ou le Laos, ou carrément se perdre dans les montagnes du Yunnan.





oooOOOooo




Chloé survolait la jungle dense à bord d’un Diamond Aircraft. Un avion relativement moderne et léger.

Le ciel était bas. Les brumes des restes de la mousson estivale masquaient l’horizon. Elle avait suivi les indications de Nguyên Dinh Phuong et longé la rivière noire. Elle filait maintenant vers le nord-ouest, se repérant à la chaîne de montagnes Cao Xa en Chine, dont on apercevait au loin les sommets perdus dans les nuages. Au-delà, passés les plateaux de Jiam, sa destination, et le col des Nuages, c’étaient les solitudes du Yunnan.


L’avion longea la chaîne de montagnes des Cao Xa à distance, effectuant un large virage vers le sud. Chloé s’engagea au-dessus d’une étroite plaine vallonnée, étagée entre les crêtes à droite et la rivière Nam Mu, un sous-affluent de la rivière Noire à gauche. C’est cette rivière qu’elle devrait remonter en pirogue, si elle voulait dans les jours qui suivent, atteindre les hauts plateaux de Jiam, dont la jungle servait de refuge aux montagnards Ngas et à leur cheffe Tigress.


Vu l’altitude où elle se trouvait, Chloé ne craignait pas de heurter une montagne. Mais engluée dans les nuages bas, elle avait peu de chance de distinguer ce qui se passait sous elle.

Elle descendit donc jusqu’à une altitude de mille mètres. C’était risqué bien sûr, les plus hautes montagnes pointaient à deux mille mètres et la visibilité était faible.


Elle naviguait à vue entre les sommets. Une fois passés les cols, le voile épais des nuages se déchirait, permettant à des flots de soleil de se déverser.

Devant le nez du Diamond, une série de plateaux couverts de forêts s’étendaient. Ils étaient séparés par des sortes de canyons. Au loin, les montagnes formant la frontière du Yunnan se détachaient. Au-delà, c’était la Chine :



Elle se mit à les survoler à basse altitude, cherchant à trouver une trace de la présence de l’armée de Tigress, ou de villageois. Durant de longues minutes, elle survola les plateaux en tous sens. Ils se chevauchaient, imbriqués, séparés seulement par les canyons bordés de falaises rocheuses et quelques torrents descendus des montagnes.


Pour ce qui d’une présence humaine, rien… le néant !

Tout à coup, elle sursauta. Un vague fuseau de brume montait entre les arbres. Mais il ne s’agissait pas réellement de brume. La brume ne possédait pas cette couleur grisâtre :



Chloé ne vit pas d’autres traces de présence humaine, et ne s’approcha pas trop près de la fumée, pour éviter de se faire repérer. Néanmoins, elle aperçut une longue traînée débroussaillée dans la jungle, qui s’étendait telle une cicatrice. Elle pouvait éventuellement servir de piste d’atterrissage à des petits avions. En s’approchant encore et en survolant l’endroit à basse altitude, elle vit que cette piste de fortune était camouflée par quelques arbustes posés çà et là, qui une fois enlevés pouvaient permettre à un avion de s’y poser. Nulle trace d’appareil, en revanche, ni de bâtiments, ni d’aucune activité humaine. Mais en bordure de la piste, la végétation était dense.


Chloé nota les coordonnées de l’endroit sur son GPS, et fit demi-tour. Elle avait trouvé ce qu’elle cherchait. Elle pouvait retourner à Hanoï.


Elle repartit donc vers le sud-est à petite allure, cherchant au sol des repères qui lui permettraient de tracer son itinéraire lorsqu’elle reviendrait par voie terrestre. Elle porta ces points sur la carte étalée sur le siège vide du passager. Au loin, la chaîne de montagnes bordant les hauts plateaux apparut. Elle était voilée par la nébulosité venant du sol surchauffé. Soudain de ce brouillard surgit une forme ailée.


Un avion ! Et il se rapprochait rapidement. Un Beechcraft Bonanza :



Elle ne se posa pas la question très longtemps. Des petites étincelles apparurent autour de son appareil :



Beaucoup moins rapide que le Beechcraft, elle avait peu de chance de le distancer. Seules ses compétences de pilote allaient lui permettre de s’en sortir. De plus, elle était certes moins rapide, mais son appareil lui offrait plus d’agilité et de maniabilité.


Chloé tenta une manœuvre. Elle descendit en piqué vers une vallée étroite entre deux rangées de petits plateaux en escalier. Le pilote du Beechcraft, l’y a suivie. Pourtant, Chloé, grâce à la rapidité de sa manœuvre, avait pris de l’avance. Quand elle déboucha en plein ciel, son ennemi n’était plus derrière elle. Elle se dirigea vers les brumes afin de s’y cacher. Juste avant de les atteindre, le Beechcraft réapparut derrière elle, lâchant une giclée de munitions de sa mitrailleuse. Hors de portée, les balles se perdirent dans le ciel.


Une partie de cache-cache se joua alors entre les deux avions. Louvoyant entre nuages et vallées abruptes, Chloé cherchait à échapper à son agresseur. Après une série de rase-mottes au-dessus des arbres, elle crut bien lui avoir échappé. Pas pour longtemps, en plein ciel, l’autre l’a retrouvée et lui a foncé dessus tel un oiseau de proie :



Chloé savait que cette situation ne pourrait durer longtemps.

Tôt ou tard, l’autre appareil pourrait se rapprocher assez près et elle se trouverait dans sa ligne de mire. De plus, le niveau de carburant baissait à vue d’œil.


Elle tenta la manœuvre de la dernière chance. Lors de sa reconnaissance, elle avait suivi un canyon bordé de hautes falaises. Elle connaissait donc le terrain. Brusquement, elle plongea entre les falaises en rase-mottes. Elle savait que plus loin, après une longue courbe, le canyon se terminait en cul-de-sac en une véritable muraille rocheuse à pic.


Engagée dans la courbe, l’autre avion à ses trousses, elle disparut de sa vue. Elle estima la distance la séparant de la paroi :



Elle décida de manière aléatoire qu’à treize, elle devrait relever son avion. Presque une manœuvre suicidaire, mais pas le choix…



Brutalement sollicité, l’appareil se mit à vibrer et monta vers le ciel, presque à la verticale :



Sous elle, le pilote du Beechcraft, surpris, n’eut pas le temps de se dégager. Lancé à 300 km/h, son avion heurta la falaise de plein fouet et éclata dans un déluge de feu.

Chloé, après avoir stabilisé son engin, fit demi-tour pour survoler la zone de crash. Les restes embrasés du Beechcraft gisaient au pied de la falaise :



Elle éloigna son appareil de la zone de crash en chantant à tue-tête dans l’habitacle :


Donnez-moi Madame s’il vous plaît

Du ketchup pour mon hamburger

Donnez-moi Madame s’il vous plaît

Du gazoline pour mon chopper

Je serai votre pop star je serai votre queen

C’est une question de dollars une affaire de feeling

Donnez-moi Madame s’il vous plaît

Des décibels pour mon tuner

Donnez-moi Madame s’il vous plaît

Des boots Made in Angleterre

Oh oh oh Madame encore un petit effort.


Puis :


On ira tous au paradis même moi

Qu’on soit béni ou qu’on soit maudit, on ira

Toutes les bonnes sœurs et tous les voleurs

Toutes les brebis et tous les bandits

On ira tous au paradis

On ira tous au paradis, même moi

Qu’on soit béni ou qu’on soit maudit, on ira

Avec les saints et les assassins

Les femmes du monde et puis les putains

On ira tous au paradis.


Enfin :


Allô Papa Tango Charly

Allô Papa Tango Charly

Répondez, nous vous cherchons

Allô Papa Tango Charly

Allô Papa Tango Charly

Vous vous dirigez plein sud

Vers le triangle des Bermudes


Ici Papa Tango Charly

Je vous entends très bien

Ici Papa Tango Charly

Me laisserez-vous enfin

Je n’ai plus besoin de vous

Je vole par vent debout

Je vais noyer ma solitude

Dans le triangle des Bermudes.


Trente minutes plus tard et après ces quelques vocalises, Chloé se posa sur le petit aérodrome près de Hanoï, d’où elle avait décollé trois heures plus tôt.




oooOOOooo




Les deux jours suivants, elle prépara activement son expédition vers les hauts-plateaux.

Elle fit l’acquisition d’un Land-Rover qui pourrait l’amener jusqu’à rives de la rivière Noire, d’abord par la route, puis sur les pistes.


Pour la suite, elle s’est procuré un canoë, pour remonter la rivière noire et son affluent.

Enfin, elle estimait à deux, voire trois jours de marche le temps nécessaire pour rejoindre le point où le filet de fumée avait été visible et dont elle avait relevé les coordonnées GPS lors de son survol.


Dans les plaines après être sortie d’Hanoï, Chloé traversa des paysages de rizières où travaillaient des paysans, de l’eau jusqu’aux genoux. Elle trouva sur son chemin également plusieurs villages. Elle croisait sur la route, quelques poids lourds, des véhicules militaires, des cyclo-pousses et charrettes tirés par des buffles. Puis, le paysage commença à changer, les zones agricoles se firent de plus en plus rares et la forêt de plus en plus dense.


À deux reprises, elle fut arrêtée par des patrouilles militaires. Le sauf-conduit fourni par Nguyên Dinh Phuong lui permit de passer sans encombre ces contrôles.


Puis le 4X4 se traîna sur de mauvaises pistes à peine praticables. Parfois, un tronçon de route, plus ou moins goudronnée, permettait de regagner un peu du temps perdu.

Elle campa sur une petite éminence le premier soir, après avoir dissimulé son véhicule dans la végétation. Chloé repartit le lendemain. Elle avait emporté avec elle une bonne quantité de carburant qui lui permettrait d’assurer aussi le trajet retour.


Elle abandonna son 4X4 pour remonter la rivière. Avec son canoë, elle allait remonter aussi haut qu’elle pourrait vers les plateaux de Jiam. Avant de partir, elle se tartina de crème solaire, ainsi que de produit anti-moustiques. La chaleur lourde et humide commençait déjà à lui peser.


Autour d’elle, la jungle s’étendait, profonde, limite hostile. Parfois, par endroits, entre les cimes des géants végétaux, elle pouvait voir les crêtes des montagnes, but encore lointain de son expédition.


Elle campa à nouveau au bord de la rivière, passant la soirée à étudier la carte qu’elle avait soigneusement jalonnée de repères, lors de son périple aérien.


Le lendemain, après quelques kilomètres à pagayer, le courant devint trop fort pour continuer à remonter la rivière. Elle camoufla son canoë, dans la végétation, puis continua à longer la rivière à pied sur la rive.

Après avoir passé les bretelles de son sac à dos et en s’éloignant de son embarcation, Chloé lança dans sa tête, cette petite chanson :


La p’tite Noé

Veut plus m’parler

Qu’a Noé ?

L’ami Cao

M’a mise KO

Qu’a Cao ?


Un peu partout, la vie se manifestait. Oiseaux multicolores qui picoraient dans les branches et s’envolaient en piaillant à son approche, singes fuyant en poussant des cris stridents. Elle vit aussi la queue d’un serpent disparaître dans la densité de la végétation juste devant elle :


Je déteste les serpents, se dit-elle en serrant plus fort son coupe-coupe. Je ne suis pas une Mangouste pour rien ! Saloperies !


Puis Chloé prit en direction des montagnes un sentier à peine marqué, qui grimpait vers les sommets. Elle continua de progresser, le dôme de verdure et la demi-pénombre commençaient à s’éclaircir. Elle était presque en haut. Au-delà, une fois le col passé, c’étaient les hauts-plateaux de Jiam.


L’immensité des hauts-plateaux lui apparut enfin, s’étendant à perte de vue, jusqu’aux montagnes chinoises. Elle estimait à encore une bonne journée de marche le temps nécessaire pour atteindre le point qu’elle avait marqué sur la carte.


Elle décida de camper sur le sommet, avant de reprendre sa marche le lendemain et la descente vers les plateaux. À partir de maintenant, elle devra se méfier, une rencontre avec les Ngas de l’armée de Tigress était possible.


Le lendemain, Chloé partit à l’aube. Elle progressait sans se presser, évitant tout effort inutile. Elle savait que sous ce climat, toute fatigue superflue pouvait, à la longue, se révéler néfaste.


Vers midi, droit devant elle, apparut une palissade en bambous, au centre d’une vaste clairière. Elle s’affaissait à plusieurs endroits. Derrière, elle pouvait voir des huttes en apparence abandonnées qui tombaient lentement en ruine :


Un ancien village Ngas, se dit Chloé. Dans ce secteur, ça ne peut être que ça.


Elle s’avança doucement entre les cahutes, jusqu’au centre du village. Un groupe d’oiseaux s’envolant attira son attention. Des ombres surgirent. Chloé se jeta à terre. Une rafale d’arme automatique, tirée très haut au-dessus de sa tête a succédé au piaillement des oiseaux apeurés.


Instinctivement, Chloé glissa sa main vers le pistolet dans l’étui à sa ceinture. Elle arrêta son geste, une quinzaine d’hommes, vêtus de chemises et pantalons à la mode des montagnards vietnamiens sortirent de partout et l’encerclèrent. Ils portaient des turbans ou des chapeaux de paille coniques traditionnels du Vietnam. Certains étaient torses nus, mais tous portaient des cartouchières bien garnies et avaient entre leurs mains des fusils ressemblant à des kalachnikovs, ou tout au moins à leurs copies de fabrication chinoise.


Je voulais trouver les Ngas, eh bien les voilà, se dit Chloé en lâchant la crosse de son arme. La sortir ne ferait qu’aggraver les choses et de toute façon, s’ils avaient voulu la tuer, elle serait déjà morte.


Un des Ngas s’avança. Il avait un visage fermé, les pommettes saillantes :



La kalachnikov en bandoulière paraissait plus menaçante, encore que son visage fermé et son regard froid :



Le chef s’approcha de Chloé et la fouilla. Le coupe-coupe et le pistolet lui furent confisqués. On lui attacha les poignets derrière le dos et elle fut poussée en avant :



Ce ne fut pas un trajet facile, bien que court. La zone débroussaillée fut rapidement remplacée par une montée rocheuse et raide.


Avec les mains attachées dans le dos, Chloé trébuchait régulièrement et tomba à plusieurs reprises. Au lieu de l’aider à se relever, les Ngas lui donnaient des coups de pieds dans les côtes.


La soif ne tarda pas à la gagner. Quand elle réclamait à boire, les Ngas faisaient mine de ne pas l’entendre.

À un détour du sentier, le village apparut en contre-bas, dans une petite vallée. Tout de suite, Chloé sut qu’elle était arrivée à destination, le repaire des Ngas et de Tigress.


Les cases, sous les arbres, mais aussi les palissades étaient camouflées par la végétation et par quelques branchages posés çà et là. Chloé crut reconnaître l’endroit entre-aperçu quelques jours plus tôt depuis l’avion.


Le groupe longea d’ailleurs la piste d’atterrissage, débarrassée de ses bosquets postiches qui la masquaient, vue du ciel. A priori, un avion s’était posé il y a peu. Un Beechcraft, comme celui qui l’avait prise en chasse l’autre jour. Il était garé au bout de la piste.


Sur un ordre crié par le chef du groupe, une herse se souleva, et ils purent pénétrer dans l’enceinte du village. Bien dissimulé par la végétation abondante, le village était invisible vu du ciel. Des hommes, des femmes et quelques enfants sortirent des cases sur pilotis pour venir dévisager le groupe qui entrait et principalement la prisonnière. Le chef les chassa et attira Chloé vers une construction plus grande que les autres, bâtie en partie en bambou et en partie en dur.


Arrivé devant l’entrée, le chef prit un maillet et tapa deux coups sur un gong accroché.


Chloé comprit qu’elle se trouvait devant l’antre de Tigress.

Une grande femme assise sur ce qui ressemblait à un trône, se leva et toisa la prisonnière.


Elle devait avoir une petite cinquantaine d’années d’après les calculs de Chloé et les renseignements que lui avait donné son Nguyên Dinh Phuong, mais elle en paraissait trente. Belle, mais dure comme la lame d’un sabre japonais, impitoyable même, se remémora-t-elle.


Elle était d’une beauté parfaite, grande pour une Asiatique, sûrement le résultat de sa moitié européenne. Un visage comme taillé dans un bloc d’ambre, aux traits réguliers, lisse sans la moindre ride. Et surtout, ce regard et ses yeux… sublimes, mais froids, dans lesquels aucun sentiment ni aucune émotion ne devaient pouvoir se lire.


Tigress portait une longue robe chinoise, ornée de… tigres. Cette femme ne devait pas connaître de faiblesse ni de pitié. Ça en faisait froid dans le dos. Même Chloé, qui en avait vu d’autres fut impressionnée.


Les quelques guerriers Ngas présents dans la pièce montraient tous les signes de l’admiration extatique. Elle les envoûtait et ils devaient lui vouer une totale fidélité, pouvant aller jusqu’au don de leur vie.


L’Eurasienne se rassit sur son trône. Elle dit à l’intention du chef Nga qui l’a amenée jusqu’à là :



Trang, puisqu’il semblait bien qu’il s’appelait ainsi, attrapa Chloé par le bras et la poussa vers le trône. Chloé lui glissa à l’oreille :



Le regard froid de Tigress se posa sur Chloé :



« Et si tu n’existais pas, je crois que je t’aurais trouvée », se mit à chantonner Chloé en imitant (mal) la voix de Joe Dassin :



Le Nga la saisit sans ménagement et l’entraîna vers un poteau au milieu de la pièce, où elle fut ligotée.


Quand ce fut fait, il se saisit du maillet près de la porte et donnant une suite de coups sur le gong.


Les portes s’ouvrirent. Dehors, la nuit était tombée. Des Ngas, hommes et femmes entrèrent en procession. Ils avaient quitté leurs vêtements de travail pour des tenues en soie multicolores. De longues robes pour les femmes et des sortes de pyjamas pour les hommes.


Ils s’immobilisèrent et s’écartèrent, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Seuls quelques gardes, dont Trang, étaient restés auprès du trône de Tigress.


Une jeune fille entra à son tour dans la pièce et vint s’agenouiller devant Tigress :



La jeune fille, Phan, puisque tel était son prénom, s’approcha et s’agenouilla devant Tigress. Elle souleva la robe de l’Eurasienne se pencha en avant et mit son visage entre les cuisses de la femme.


Chloé ne perdait pas une miette de la prétendue cérémonie :


Cette bonne femme est une grande malade, elle se prend pour une déité en plus, se dit-elle. Une déesse de l’amour, ou un truc du genre !


Le visage de Tigress, pour la première fois, laissa paraître une émotion. Sa bouche se tordit légèrement de plaisir, même si aucun son n’en sortit. Ses traits se détendirent presque. Elle claqua dans ses mains deux fois. À ce signal, les hommes et les femmes s’approchèrent les uns des autres et se mirent en couples pour se diriger vers les coussins, matelas ou sofas disséminés autour de la pièce. Des râlements de plaisir retentir ici et là :


Partouze chez les Ngas, se dit Mangouste goguenarde, avant de partir d’un léger ricanement.


Au fur et à mesure, de l’avancée de l’action, les couples se séparaient pour se former à nouveau avec d’autres partenaires. Ils constituaient souvent, non plus des duos d’ailleurs, mais des trios ou plus. Chloé aperçut aussi quelques femmes ensemble et même un homme en train de s’activer derrière un autre. En clair, ça copulait de tous les côtés et dans tous les sens :


Ça se corse là, se dit-elle. Ça dégénère même


Une odeur forte se mit à chatouiller les narines de Chloé. Certains avaient allumé de longues pipes et fumaient manifestement de l’opium, avachis à même le sol sur des coussins.


Chloé reporta son attention sur Tigress :


Mince, j’ai loupé son orgasme à cette cochonne, se dit-elle. Enfin, si elle est capable de jouissance…


La jeune fille, son office apparemment terminé, avait la tête posée sur la cuisse de Tigress.

Une voix retentit alors derrière Chloé :



Elle se retourna. Derrière elle, se tenait un Asiatique plus que bedonnant, mais l’air satisfait de lui. Plus que bedonnant est un euphémisme en fait. On aurait pu dire obèse. Un sosie de bouddha version moine ventripotent, le crâne chauve comme lui et la bouche charnue :



Puis à l’attention des Ngas restés auprès du trône de Tigress, il aboya :



Aucun des guerriers ne fit le moindre mouvement. C’est seulement lorsque l’Eurasienne hocha la tête que deux gardes détachèrent Chloé et l’emmenèrent.


Avant de sortir, elle jeta un regard aux quelques Ngas forniquant encore. La plupart dormaient emportés par les vapeurs de l’opium. Elle fut enfermée dans une case de l’autre côté du village.


Il faisait sombre, Chloé s’assit à même le sol et laissa ses yeux s’habituer à l’obscurité :



Quelques sanglots et reniflements se firent entendre. Apparemment Sixtine n’était pas convaincue par les propos optimistes de Chloé :



La porte s’ouvrit et dans la semi-pénombre de l’extérieur, une silhouette massive apparut :



Niran Rattanapong ! Il alluma une lanterne qui éclaira la pièce.



Il avait à la main un long bâton en bambou. Il en donna un coup dans le ventre puis dans les côtes de Chloé, qui se plia en deux :



Mangouste d’un revers de son avant-bras écarta le bâton, puis son pied atteignit le gros Thaïlandais aux parties. Il se plia en deux :



Elle lui donna un coup de tête. Rattanapong partit en arrière, chancelant. Il s’écroula au sol, le nez éclaté :



Chloé se saisit du coupe-coupe accroché à la ceinture de Rattanapong et en posa la lame sur sa gorge :



Chloé prit Sixtine par la main. Avant de l’attirer vers la porte, elle la regarda sous toutes les coutures :



Puis, elle l’entraîna vers l’extérieur. La nuit noire masquait leur fuite :



Mangouste s’est approchée à pas de loup du garde Ngas qui faisait les cent pas et lui brisa le cou d’un geste net.

Elle récupéra la kalachnikov que le garde portait en bandoulière :



Un autre soldat Nga, devant le hangar près de la piste où l’avion stationnait, fit les frais de l’évasion des deux jeunes femmes. Ses cervicales craquèrent de manière inquiétante quand Mangouste le saisit par-derrière. Il s’écroula vers le sol en silence.


Elles grimpèrent dans l’appareil. Après avoir vérifié la jauge de carburant, Chloé démarra le moteur et mit l’avion le nez face à la piste.


Elle mit les gaz et tira sur le manche pour faire décoller le Beechcraft. Alertés par le bruit du moteur, les Ngas sortirent du bâtiment où avait lieu les petites festivités.

Des tirs de kalachnikov se perdirent dans le ciel. Certains touchèrent la carlingue, mais pas à un endroit stratégique, comme le réservoir, le moteur où la cabine de pilotage.

L’avion prit de la hauteur :



Elle fit faire demi-tour à l’appareil et passa en rase-mottes au-dessus du village, lâchant des tirs de mitrailleuse, dont était équipé cet avion aussi, visant les soldats qui couraient dans tous les sens et se jetaient au sol :



Elle déposa un baiser sur la joue de Sixtine, débordant un peu sur le coin de ses lèvres.


Pendant le reste du vol, l’esprit de Chloé se mit à voguer entre les souvenirs du corps d’Alix de Saint Aymé de Préville (principalement sa petite poitrine ferme et ses superbes jambes), le moteur de la Chevrolet Corvette laissé en plan et ce Prélude de Bach en do majeur à travailler encore et encore.


La retraite, même à trente ans, ça a du bon, mais un peu d’action de temps à autre, finalement, oui, c’est cool aussi, se dit-elle.



Ainsi s’achève, sur ces bonnes paroles, cette nouvelle aventure de Mangouste.


Rendez-vous pour la prochaine. Enfin, si vous le voulez bien.