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n° 21851Fiche technique43232 caractères43232
7400
Temps de lecture estimé : 30 mn
18/06/23
Résumé:  Le 18 juin 1940, un jeune homme trouve par hasard un objet non identifié. Des années plus tard, ses étranges pouvoirs viennent semer le trouble au sein d’un jeune couple parisien.
Critères:  #fantastique f h cérébral
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message

Projet de groupe : L'appel du dix-huit Juin
Tout se joue le 18 juin.

18 juin 1940, Pont-de-l’Arche - 21h30 – Marcel



L’imposant poste TSF est posé près de moi et plaqué contre ma joue. Je l’ai réglé au minimum de l’audible. Si j’attire l’attention paternelle, il va encore me reprocher de passer des heures à écouter les programmes radiophoniques. Selon lui, c’est du temps qui serait mieux investi dans mes corvées à la ferme. Pourtant, ce soir encore, je suis allongé sur la remorque plateau entreposée dans le hangar. Malgré mes tensions musculaires liées aux travaux des champs, je parviens tout de même à me détendre ainsi installé. Les rayons du soleil couchant s’infiltrent à l’oblique par les interstices des planches du toit. Un peu ébloui par leur éclat, je contemple en plissant les yeux la multitude de particules en suspension révélée par cette lumière. Comme sous les faisceaux de projecteurs, ces fines poussières défilent et dansent au gré de la brise qui les transporte.


A mon oreille, une voix masculine égrène les actualités du front d’un ton monocorde. Toujours les mêmes nouvelles, à peu de choses près. D’un air las, j’observe le trou béant laissé dans le toit par les derniers combats. Deux planches arrachées pendent lamentablement au-dessus des bottes de foin stockées dans le fenil. Puis une autre voix retentit, celle d’un général dont je n’ai jamais entendu parler. Le ton est tellement véhément que j’en frissonne. L’appareil toujours plaqué contre l’oreille, je tente de hausser légèrement le volume pour mieux comprendre la teneur du discours. Lorsqu’il s’achève, je réalise que mon cœur s’est emballé et que des gouttes de sueur ruissellent le long de mes tempes et de mon cou. Non, ce n’est pas de la peur. Allez Marcel, reprends-toi, tu es jeune, tu vas sortir de ce trou perdu et aller te battre. Ton père sera tellement fier de toi. Il se débrouillera tout seul, il l’a répété tant de fois !


La voix nasillarde ne tarde pas à prendre le relai de celle du général et je n’écoute plus rien. J’ai accumulé tellement de peur en moi ces derniers mois que je ressens à nouveau cette oppression dans ma poitrine. Respirer… Je ferme les yeux quelques secondes puis les rouvre. J’ai tellement envie de me battre pour ce qui me semble bien. Mais je crois que j’ai peur.


Les miaulements continus de mon chat, tapi sous la remorque, me tirent de mon sommeil. Je n’ai pas dormi plus de quelques minutes mais le soleil s’est couché, comme pressé de se retirer après sa longue journée. Soudain, j’aperçois un bref éclat dans le ciel par le trou béant de la toiture. Comme une lueur métallique fugace. Intrigué, je cligne des yeux et scrute la toile céleste bleu marine, encadrée par les planches poussiéreuses. Quelques secondes plus tard, je suis à nouveau aveuglé par la même lueur, qui semble s’être rapprochée. Elle se déplace dans les airs comme un engin volant. Un avion ? Non, trop petit… Sans quitter le ciel des yeux, je me redresse lentement avec une grimace de douleur, prenant appui sur mes coudes avec précaution. Saletés de courbatures.


C’est à ce moment-là que je le vois. Pourtant, l’intrusion ne dure que quelques fractions de secondes. L’objet pénètre en trombe par l’orifice du toit et heurte au passage l’une des planches. Il dévie alors de sa trajectoire et atterrit dans le foin presque silencieusement. Ce mouvement inattendu a fait taire mon chat, qui déguerpit sans demander son reste. Seules les volutes de poussière qui s’élèvent alors du grenier trahissent une présence mouvante dans les bottes soigneusement empilées. J’éteins le poste d’un geste et quitte sans regret ma remorque inconfortable. Le cœur battant à tout rompre, j’avance vers l’échelle appuyée contre le plancher du fenil. Aucun son ni mouvement n’émane du point d’atterrissage. Mes mains terreuses enserrent nerveusement les montants de l’échelle et je me hisse prudemment sur les barreaux de bois. Le visage enfin parvenu à hauteur des premières bottes, je balaie du regard l’empilement des cubes dorés.


A deux mètres de moi, sur le plancher, mon regard est attiré par un petit objet oblong. Sa course s’est terminée dans l’étroit intervalle séparant deux bottes, entre lesquelles il est planté à la verticale. Arrivé au sommet de l’échelle, je m’avance lentement en veillant à ne faire craquer aucune latte du plancher. Je baisse les yeux vers l’étrange apparition. De par sa taille et sa forme, l’objet me rappelle un canif, semblable à celui que je porte toujours sur moi pour mes tâches du quotidien. Celui-ci est blanc avec une zone mauve pastel à l’une de ses extrémités. De la pointe de mon soulier, je déplace légèrement l’engin, qui glisse et tombe à l’horizontale. Rien ne se passe, il ne s’envole pas et semble avoir coupé son moteur. A la fois intrigué et amusé, j’imagine alors des milliers d’êtres minuscules sortir en file indienne de ce vaisseau. Les aventures des Lilliputiens m’ont tellement captivé.


Me baissant avec précaution, je saisis le petit canif entre le pouce et l’index puis le pose sur ma main ouverte sans cesser de le contempler. Il dégage une chaleur bien perceptible sur ma paume moite. J’observe ma trouvaille plus attentivement et remarque qu’aucune ouverture ne vient percer sa surface métallique luisante. De plus en plus perplexe, je m’assieds sur une botte à proximité et, les yeux toujours posés sur l’objet, me surprends à lui demander :




18 juin 2023, Paris - 9h30 – Anthony



C’en est trop, il va falloir que je ralentisse si je veux tenir le coup. Je n’aurais pas dû commencer sur les chapeaux de roues. Vautré sur ma chaise, je contemple avec consternation la demi-douzaine de classeurs empilés face à moi sur la table de mon appartement d’étudiant. Gestion, droit, sciences politiques… Nous sommes déjà en juin, c’est là le drame. Sachant qu’Anthony a noirci en moyenne deux classeurs par mois de feuilles grands carreaux, recto verso, depuis septembre dernier, et qu’il doit en assimiler le contenu dans son intégralité, calculez combien de neurones il restera à Anthony juste avant ses examens. En outre, sachant que ledit étudiant a subi une défaite cuisante lors de ses partiels de janvier, est-il utile qu’il se présente à la session de juin pour valider les modules restants ?


Des lignes et des lignes de notes manuscrites dansent pêle-mêle dans mon esprit, comme sur un écran géant. Je m’exclame alors, levant les bras au ciel en un geste rageur :


« Anthony a perdu une bataille, et Anthony a sans doute aussi perdu la guerre ! »


Soupir de découragement. Je sens poindre le mal de crâne qui va me pourrir ma soirée avec Sandra. Enfin, si j’ai le courage de sortir ce soir comme elle l’a proposé. Je me lève de ma chaise en faisant grincer le vieux parquet et prends mes clés et mon téléphone posés près de moi. Un petit tour au bar juste en bas me fera le plus grand bien. En passant devant le miroir de l’entrée, je fais la moue en découvrant mon reflet. Il va vraiment falloir que je passe chez le coiffeur, me dis-je en tentant de discipliner les mèches châtaines que j’ai triturées dans tous les sens en travaillant. Malheureusement, cela n’aura pas d’effet sur ta mine de zombie. Il faut que tu dormes, mec, tu as trois couches de cernes sous les yeux, tu ressembles à Droopy. Je saisis le perfecto accroché sur la porte et l’enfile d’un geste las.


Je dévale les escaliers en colimaçon, les jambes un peu engourdies par ma station assise prolongée. Dehors, une petite troupe de boulistes est agglutinée au milieu de la place et quelques rires tonitruants me parviennent. Entouré de platanes et de quelques bancs, ce square constitue la vue dont nous disposons de notre appartement. Il est aussi devenu mon refuge verdoyant, ma cour de récréation. Je longe le terrain de pétanques sans me hâter. Le ton est monté entre deux des joueurs qui semblent contester les distances au cochonnet mesurées par un compère bedonnant. Curieux de voir comment le litige va se dénouer, je m’arrête au niveau du banc le plus proche et m’y assied.


De l’autre côté, un banc similaire accueille un vieil homme très voûté qui, les mains jointes sur la canne plantée devant lui, me salue d’un bref hochement de tête. Il a au coin des lèvres un sourire énigmatique. Ses petits yeux pénétrants se posent ensuite sur La Bedaine. Celui-ci vient de se faire piquer des mains le précieux mètre par l’un des joueurs, qui entreprend de nouvelles mesures avec force jurons. Le son de mon téléphone me distrait alors et je tire l’appareil de ma poche, nonchalamment. Un SMS de Sandra.


Toujours OK pour le bowling ce soir ? On va pouvoir se détendre un peu !


Pas possible ce soir, j’ai trop de retard dans mon planning de révisions. Penché en avant, les bras posés sur les genoux, mes pouces restent en suspens au-dessus du clavier de mon téléphone. Il va falloir lui pondre une réponse crédible pour lui faire comprendre que j’ai des priorités actuellement. Quitte à friser le burn-out.


Alors que je réfléchis en tentant de faire abstraction des vociférations qui ont repris de plus belle sur la place, mes yeux sont attirés par une tache colorée non loin de mon pied gauche. Tiens, mais qu’est ce qui traîne ici ? Un petit objet allongé, blanc et mauve, est niché contre le pied du banc. On dirait un feutre surligneur. Je retourne ma trouvaille entre mes doigts et souffle dessus pour le débarrasser de quelques grains de sable. Ou alors… On pourrait croire que c’est un petit sextoy, étant donné sa forme et son design. Une douzaine de centimètres, à tout casser. Oui, ça pourrait coller. Nan, c’est quand même bizarre. Pourtant, le truc rappelle vraiment ces petits godes qu’on trouve dans la section des toys pour novices. Bref, il a sans doute glissé d’un sac à main. S’il n’y avait pas autant de merdier dans ces trucs, aussi.


Sans vraiment savoir ce que je vais en faire, j’empaume l’objet suspect, le fourre au fond de ma poche avec mes clés et poursuis mon chemin vers le bar. Les boulistes ont repris leur jeu comme si de rien n’était. Beaucoup de bruit pour rien.


Je quitte la place tranquille et traverse l’avenue congestionnée, bordée d’immeubles dépareillés. Les passants arpentent les trottoirs crottés les yeux baissés. En même temps, mieux vaut faire attention où l’on met les pieds, ici. Quelques enseignes encrassées apportent une touche de couleur à cette banlieue plutôt morne. Mon bar habituel est situé entre un kebab et une blanchisserie. La terrasse est donc constamment baignée d’effluves de friture ou de volutes de vapeur s’échappant de la façade du pressing.


Je m’apprête à prendre place sur la terrasse lorsque je sens deux brèves vibrations au fond de ma poche. Un SMS ? Evidemment, je n’ai rien trouvé de sensé à répondre à Sandra. Elle ne va pas me lâcher. Mais non, mon téléphone est dans l’autre poche. C’est le sextoy qui a vibré. Je m’installe sur une chaise et le sors discrètement de ma poche.


A deux tables de moi, un quadragénaire en costume est plongé dans une liasse de document. C’est moi dans quinze ans, ça. Le type ne se fond pas du tout dans le décor et je me demande quelle mission peut l’amener dans ce quartier sordide. Une filature de détective privé ? Un rendez-vous avec les dealers du coin, peut-être ? Cliché, je sais. En tout cas, il ne me prête aucune attention. J’en profite pour contempler le petit objet au creux de ma paume, en guettant l’arrivée du serveur. Je le retourne entre mes doigts dans tous les sens, le secoue près de mon oreille. Cela m’intrigue au plus haut point et me procure, comment dire, une vive curiosité. Un soupçon d’excitation, même. Il faut que je me calme, le truc m’a filé une demi-molle dans mon boxer. C’est dire le niveau de divertissement dont j’ai profité ces derniers temps.


Aucun bouton apparent, pas de clapet pour l’insertion de piles et pas d’élément mobile à l’intérieur… Quelle énigme. Me vient alors la vision de Harry Potter qui se torture l’esprit pour comprendre comment ouvrir son Vif d’Or. Sauf que lui, il n’avait sans doute pas l’ombre d’une érection naissante dans le pantalon pendant qu’il se creusait les méninges. J’ai l’impression d’avoir chaud malgré ma tenue légère et je sens mon pouls s’accélérer. L’effet du stress, probablement. Ou de l’excès de café.


Je commande quand même un double expresso et entre deux gorgées, me penche sur ma trouvaille pour en percer le mystère. Mes doigts effleurent sa surface, y exercent des pressions d’intensités savamment variées, en des points différents. J’ai dû rêver tout à l’heure, le truc ne vibre pas pour un sou. C’est juste un petit gode qui ne fonctionne plus. C’est bon, lâche l’affaire. Avachi sur ma chaise, cette pensée ne me calme pas, bien au contraire. J’ai une envie de sexe de plus en plus forte. Furieuse. A mon grand désespoir, je sens mon sexe se déployer progressivement sous mon jean, bien malgré moi et sans raison apparente. Je me vautre un peu plus sur ma chaise et croise les deux mains devant moi sur mes cuisses, pour masquer la protubérance qui commence à déformer mon pantalon. Respire, bon sang !


Je replace l’objet non identifié dans ma poche. Il y est à peine niché que deux nouvelles vibrations manquent de me faire renverser mon café brûlant. Je sens une suée soudaine inonder mon dos et me tortille sur ma chaise tant mon érection commence à me faire souffrir. Dans ma tête se bousculent des images de Sandra lors de l’un de nos rendez-vous dans un pub, il y a un an. Je revois son regard rempli d’étoiles alors que nous discutons et me rappelle la douceur du premier baiser qu’elle a osé. Puis je la revois s’agenouiller devant moi dans cette ruelle sombre, défaire délicatement ma boucle de ceinture, descendre ma braguette et écarter mon jean. Mon membre érigé qu’elle glisse entre ses lèvres habillées de vermillon. Tellement de douceur.


En même temps, je sens autour de mon sexe une chaleur partant de la base et irradiant vers le gland. Je sens une pression autour de mon membre et des va-et-vient affolants. Comme si quelqu’un me prodiguait la plus somptueuse des fellations. Je sens des mains sur mes hanches. Je sens tout cela mais suis toujours seul à ma table sur cette terrasse. Happé dans mon souvenir, je revois les yeux rieurs de Sandra levés vers moi.


De plus en plus haletant, je ferme les yeux et les rouvre pour m’assurer que je ne rêve pas. Le cadre n’a pas changé. Je demande un verre d’eau au serveur lorsqu’il apporte l’addition à l’homme en costume. De grosses gouttes de sueur ruissellent le long de mon dos, sous mon T-shirt. Et sans discontinuer, la sensation qu’une bouche coulisse sans relâche sur mon sexe me rapproche de plus en plus de la jouissance. Les mains agrippées de part et d’autre de ma chaise, je contiens des râles de plaisir qui menacent d’attirer l’attention sur moi. Lançant quelques regards affolés autour de moi, je remarque alors que mon voisin de terrasse me dévisage d’un air perplexe, puis se replonge dans sa lecture.


Comment est-ce possible ? Je sors le sextoy de ma poche à la hâte et le fixe quelques secondes, pensif. Je le plaque sur la table sans ménagement. Rien n’y fait, rien ne s’arrête, le plaisir croît… Jusqu’à ce que deux nouvelles vibrations se fassent entendre, amplifiées par le contact avec la surface métallique de la table. Les coudes sur la table et le visage enfoui dans les mains, pantelant, je ne parviens pas à repousser l’orgasme qui surgit brutalement.


Le râle que je viens de laisser échapper me vaut un regard amusé du vieillard voûté qui m’a salué tout à l’heure. Celui-ci passe lentement devant moi, clopinant avec sa canne. Puis, sans se départir de son étrange sourire, il traverse aux feux de signalisation et disparaît parmi les passants.


Reprenant mon souffle, les yeux hagards, j’avale d’un trait mon verre d’eau et range le sextoy démoniaque dans ma poche. En attendant que mon sexe reprenne des proportions raisonnables, je peine à croire à ce qui vient de m’arriver. En toute hâte, je reprends le chemin de mon appartement sans même penser à régler mon café. Le petit jouet ne vibre plus contre ma cuisse. Pourtant, il diffuse une chaleur que je n’avais pas remarquée et qui, comme le reste, me paraît défier le rationnel. Puis en marchant, une sensation de bien-être m’envahit et fait place aux derniers reliquats de l’orgasme. Au-delà du plaisir physique, je me sens apaisé. Revigoré. Et me dis que cette montagne de classeurs n’est certainement pas insurmontable même si j’en ai loupé quelques paliers. Ne vaudrait-il pas la peine de livrer bataille, finalement ?



18 juin 2023, Paris - 13h – Sandra



Je peste et marmonne deux ou trois jurons lorsqu’Anthony entre dans la salle de bains pour lancer une machine. On a beau dire, parfois la vulgarité fait du bien. J’empile tous les classeurs et feuilles volantes en un geste, les pose sur le lit dans notre chambre attenante et reviens vers la table encombrée. Anthony ne manque pas de toupet, en plus d’occuper tout l’espace il m’a emprunté ma trousse sans me le demander. D’un air las, je contemple mes affaires éparpillées au milieu des siennes. Vivre avec un bordélique, est-ce bien raisonnable pour moi qui trie mes sous-vêtements par couleur dans mes tiroirs ? Dans la trousse d’Anthony, je fourre ses stylos et surligneurs mordillés et tente en même temps de retrouver les éléments de mon plumier en métal. Tiens, il est fun, son surligneur mauve, je vais le garder… Il en a plein, de toutes façons !


Une fois mon cartable prêt, je remets de l’ordre dans mes cheveux et, me tournant vers la salle de bains entrouverte :



La porte s’ouvre plus largement, laissant apparaître la tignasse ébouriffée d’Anthony, qui me demande d’un air surpris :



Ignorant la remarque, je me dirige vers l’entrée en lançant :



Armée de ma sacoche, je passe le portail en fer forgé qui m’impressionne toujours autant depuis deux années scolaires. Après avoir gravi les marches de l’imposante bâtisse, je gagne ma classe d’un pas assuré. Bien sûr, ma boule au ventre est toujours là, comme à chaque fois. Peu importe, je suis convaincue que ma démarche fait illusion. J’ai l’intime conviction qu’au fil des semaines, je vais gérer mes classes d’une main de maître. Les jeunes auront toujours envie de s’amuser, c’est bien humain et je suis passée par là, moi aussi. Pourtant, tout serait tellement plus simple si je devenais l’une de ces enseignantes qui inspirent le respect par leur prestance. J’aimerais tant ne plus avoir à hausser la voix pour un rien. C’est épuisant. Je suis épuisée, il faut que cela cesse.


Mes escarpins claquent sur le parquet ancien du couloir. A ce martèlement rythmé s’ajoutent les notes métalliques du trousseau que je viens d’extraire de ma poche. Pendant que j’insère la clé dans la serrure, plusieurs paires d’yeux massées près de la porte sont braqués sur moi comme autant de viseurs. Les troupes passent près de moi en un lent défilé. Ensuite, tous s’installent dans un brouhaha mêlant le grincement des chaises que l’on tire, les ricanements et le son des sacs lâchés négligemment au sol. J’extrais le texte de sa pochette plastique et cherche un surligneur dans mon plumier. Tiens, on va essayer le mauve, pour voir… Après l’avoir retourné dans tous les sens, je ne comprends pas comment ouvrir ce feutre. Tant pis. Anthony et sa manie de vouloir tester les nouveaux produits. J’opte pour mon classique fluo rose, met en évidence quelques mots du document et jette un œil à ma classe de lycéens.


Toujours pas installés, cahiers toujours fermés, pas encore disposés à se taire. Mon Dieu, que c’est long. Si j’élève la voix, je n’aurai d’autre impression que d’avoir usé de mes cordes vocales en vain. Ah zut, j’entends mon téléphone vibrer dans mon cartable. Je l’éteins à la hâte sans quitter ma classe des yeux. En notant au tableau trois questions en rapport avec le texte de Baudelaire, je me sens tout chose. Un peu comme si j’avais pris trois cafés au lieu d’un ce midi. Sans parler du nœud qui comprime toujours mon estomac.


Attaquer malgré tout, ne rien laisser paraître.



Le brouhaha meurt progressivement, quelques cahiers sont ouverts précipitamment et la porte est claquée du pied par le lycéen placé près de l’entrée.



Bruissements de feuilles, jurons discrets et sourcils froncés en direction des trois questions écrites au tableau. J’ôte ma veste et ajuste le col de mon chemisier blanc. Mon cœur bat bien vite, cet après-midi. Jamais je n’arriverai à me faire à ce métier. Je commence le cours en demandant un volontaire pour la lecture. Ma feuille à la main, le petit feutre mauve dans l’autre pour me donner une contenance supplémentaire, j’écoute la voix morne qui s’attelle à la lecture. Ce faisant, je me fraye un passage parmi les sacs à dos jonchant l’allée. Je me sens de plus en plus troublée, si bien que les mots du texte résonnent sans que je les entende vraiment.


Arrivée au fond de la classe, je reviens sur mes pas et repars lentement vers le tableau. Je remarque alors que le frottement occasionnel de mes cuisses entre elles, à travers mon collant, stimule ma zone intime de manière inhabituelle. J’aurais dû céder aux avances d’Anthony ce matin, au réveil. Son érection majestueuse contre mes reins et sa main empaumant mon sein m’ont affolée ce matin. Cependant, le timing a coupé nettes mes envies lubriques. Dommage… Allons, concentre-toi ! Mon clitoris, vicieusement stimulé par les visions qui envahissent mon esprit, se manifeste de plus en plus. Quand je remonte sur l’estrade, une certaine humidité se fait sentir entre mes jambes.


Lorsque la lecture prend fin, je peine à trouver mes mots.



Le brouhaha reprend, le temps de sortir feuilles et stylos. Ce bruit de fond inutile a le don de m’agacer en temps normal. Pourtant, aujourd’hui je n’interviens pas pour le modérer, tant je me sens confuse. Ils ne m’écouteront pas, de toutes façons. Les yeux dans le vague et les mains posées devant moi, je tente de faire abstraction de la nette excitation qui assiège tout mon bas-ventre.


Mission impossible. Envie de caresses, des mains d’Anthony le long de mon corps nu. J’enserre un peu plus le fluo que je tiens toujours au creux de ma paume. Envie d’une étreinte charnelle, voire bestiale. Envie terrible de me trouver soudainement comblée par le membre érigé d’Anthony, au plus profond de moi. Consciente de l’accélération de ma respiration comme de mon pouls, j’agonise de ne pas pouvoir alors glisser une main sous ma jupe et mon shorty en satin. Face à la classe qui s’est enfin tue et planche sur la question posée, je fais mine de jouer avec mon surligneur, dont le bouchon semble d’ailleurs totalement coincé. L’objet émet subitement deux fortes vibrations semblables à celles de mon portable. Je sursaute et manque de le lâcher. Quelques élèves se mettent à pouffer devant ma maladresse mais se replongent très vite sur leur tâche.


Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ce n’est certainement pas un feutre ! Perplexe, je le retourne entre mes doigts et soupçonne une farce d’Anthony. Un gadget de farces et attrapes ? Un sextoy ? Non, ce n’est pas le genre de trucs qu’affectionne Anthony pour m’exciter… Et même s’il pouvait le piloter à distance comme certains modèles, comment est-il possible qu’il agisse ainsi sur moi ? Pourtant, mon clitoris me torture de plus en plus ! J’ai la vive impression que quelqu’un, agenouillé face à moi, y passe la langue délicatement. De temps à autre, cet appendice buccal semble s’en éloigner pour explorer ma fente puis revient se lover tout près de mon bouton, avant de le lécher de plus belle. La panique me gagnant au même rythme que le plaisir, je me racle la gorge pour masquer mon trouble.


Ces quelques minutes de volupté me paraissent durer une éternité. Assise à mon bureau, je prends quelques longues inspirations, espérant retrouver mon calme. Soudainement, l’idée me vient de fourrer le sextoy dans le cartable posé à mes pieds, afin d’éloigner le plus possible ses ondes perverses de mon corps affolé. Anthony va me le payer ! Mes joues sont en feu et je peine à rester immobile sur ma chaise. Tous les élèves semblent avoir terminé leur travail et me dévisagent.


Je tente de me racler à nouveau la gorge mais le son qui émane de mes cordes vocales ressemble à un long couinement plaintif.



Je parviens à me lever malgré les tremblements qui agitent mes jambes et interroge un élève au hasard. Pendant qu’il me livre la réponse à la première question, je me tourne face au tableau. Fébrilement, j’attrape un feutre posé sur le rebord en prenant appui sur ce dernier pour ne pas chanceler. Mes yeux se ferment d’eux-mêmes, car les sensations de succion sur mon clitoris menacent de me faire basculer vers l’orgasme. Pendant ce temps, je n’ai encore rien noté de l’intervention orale de mon élève, ni même entendu la réponse entièrement.


Derrière moi fusent des murmures et des rires étouffés. Puis c’est dans un gémissement à peine contenu que je jouis intensément, mes mains se plaquant d’elles-mêmes contre le tableau, ma tête renversée en arrière. Juste quelques secondes de jouissance à son paroxysme avant de parvenir à me reprendre et à regagner ma chaise en titubant, le corps transi de plaisir.


Les yeux écarquillés, certains élèves me dévisagent, figés comme des statues. Puis, au prix d’efforts démesurés pour retrouver mon sang-froid, je déclare d’un ton faussement décontracté :



Le groupe d’adolescents rit ouvertement, sans crainte visible d’une éventuelle sanction. Certains garçons, prenant une voix ridiculement haut perchée, simulent un orgasme et se gaussent de plus belle. Soudain, mon corps semble reprendre le contrôle de lui-même. Comme guérie de mon stress suite à cette cure de plaisir inattendu, je me plante face à mes élèves et les fusille du regard. Cela a assez duré. Du haut de l’estrade, j’attends que le silence règne. Une main sur la hanche, je pianote impatiemment sur le bureau. Etonnamment, l’ordre revient en quelques instants. Lorsque je reprends la parole, ma voix est posée et mon ton sévère :




18 juin 2023, Paris - 17h45 - Anthony vs Sandra



La porte d’entrée claque d’un coup sec et me fait sursauter. Sandra accroche sa veste d’un geste rageur et fait volte-face, pointant un index menaçant vers moi.



Les chaussures de Sandra subissent le même sort brutal que la veste et sont jetées sans ménagement sous la console de l’entrée. Assis sur le sofa, un soda à la main, je n’ose bouger d’un poil. Elle est hors d’elle, je l’ai rarement vue dans cet état. En plus, elle vient de jurer, ce qui ne présage vraiment rien de bon pour la peau de mes fesses.


J’ose un timide :



Je regrette ma phrase instantanément, ainsi que le haussement d’épaules réflexe que j’y ajoute innocemment. Le curseur de sa colère monte d’un cran en une fraction de seconde.



Ce n’est qu’au moment où Sandra tire l’objet de son sac que je comprends. Entre son pouce et son index oscille insolemment mon sextoy énigmatique. Et mon sang ne fait qu’un tour. Ah, c’est donc elle qui l’a pris ! Ça alors, il l’a refait avec elle. Oh my God. Le truc fonctionne vraiment, alors. J’avais perdu espoir de l’utiliser sciemment sur moi une seconde fois, au bout d’une heure à le chercher en vain.



L’expression de Sandra se radoucit un tantinet.



Je n’en crois pas mes oreilles. Trépignant d’excitation, je me lève et saisis le petit objet mauve et blanc que Sandra me tend. Quand je lève les yeux vers elle, je vois briller ses yeux sous un rideau de larmes. Mon enthousiasme retombe aussi net.



Je l’enlace sans qu’elle me rende mon étreinte. Puis lui murmure à l’oreille :



Sandra se libère doucement de mes bras puis, après s’être essuyé les yeux d’un revers de manche, chuchote en plongeant son regard dans le mien :




18 juin 2023, Paris - 23h45 – Mélissa




Assise dans le salon chez Anthony et Sandra, je me demande quelle mouche a piqué ma copine. D’habitude, elle déteste les histoires à dormir debout. Je contemple le soi-disant crayon magique d’un air sceptique. Quant à Anthony, avachi sur une chaise face à moi, il me dévisage intensément. Suspendus à mes lèvres, mes deux amis semblent tellement tenir à ce que j’entre dans leur jeu que j’ai hâte d’en finir avec cette conversation.



Ma question est accueillie par des hochements de tête enthousiastes.



Anthony intervient, agitant un index à la négative :



Je ne sais si je dois rire de leur proposition saugrenue ou partir en courant. Sandra semble hésiter quelques instants puis intervient à son tour.



Sandra capte comme moi la lueur fugace qui traverse les yeux d’Anthony et lui ordonne, comme à un gamin indésirable :



Ma voix sans doute un peu forte a fait sursauter Sandra. Je pose une main sur son épaule avec un murmure d’excuse, puis reprends sur un ton plus doux :



Je me penche vers la table basse et saisis le petit feutre. Au creux de ma paume, il ressemble plutôt à un sextoy, effectivement. Je m’installe un peu plus confortablement sur le sofa et prends quelques profondes inspirations. J’imagine que je dois me détendre. A vrai dire, je n’ai pas envie de sexe du tout à l’heure qu’il est ! Cette conversation m’a tellement irritée que je risque d’envoyer des ondes néfastes au machin. Pourtant, il me réchauffe la paume de manière plutôt agréable. Ou plus exactement, c’est lui qui émet une chaleur à peine perceptible. Ce qui est plutôt étrange, vu que je n’ai actionné aucun mécanisme. Allez, me détendre !


J’ai failli m’assoupir, la tête renversée sur le dossier du sofa, le temps que Sandra nous prépare des cafés. Lorsque j’ouvre les yeux, elle pose un plateau chargé de trois tasses et d’une assiette de spéculoos en me jetant un coup d’œil curieux.



Sur la recommandation d’Anthony, je serre toujours entre mes doigts le petit feutre de plus en plus chaud. Je tente de bâiller discrètement et me frotte les yeux. Un café me fera le plus grand bien, même à cette heure tardive. Sans crier gare, l’objet émet deux fortes vibrations au creux de ma paume. Par réflexe, mes doigts s’ouvrent soudainement, je sursaute et le laisse choir sur le tapis. Quelle frayeur, mon cœur bat la chamade !



Je me redresse sur mon siège et retire mon cardigan. Il fait un peu trop chaud ici, à mon goût. C’est à ce moment-là que tout change. Je veux dire, en moi, dans mon corps et mon humeur du moment. L’envie de dormir s’évapore avant même que je ne touche à mon expresso. Mes sens se trouvent exacerbés. J’absorbe telle une éponge tous les stimuli qui me parviennent alors que je n’en avais pas conscience juste avant : le parfum musqué de Sandra assise près de moi, la rondeur des lèvres d’Anthony, la sensualité de sa voix grave, la chaleur de cet objet phallique entre mes doigts. Mais qu’est-ce qui me prend !? Une tension s’éveille au niveau de mon intimité, très progressivement et de plus en plus nettement. Je frissonne. Deux paires d’yeux sont braqués sur moi et deux voix demandent à l’unisson :



Sandra pose une main rassurante sur mon avant-bras.



Je m’installe plus confortablement, la tête posée sur le dossier. Je hoche la tête en direction de Sandra et tente de me concentrer sur mes sensations, les paupières closes. Une vague de chaleur dans tout le corps, l’impression troublante d’effleurements sur mes lèvres, puis mes seins. J’ouvre les yeux. Sandra m’observe. Mon regard est attiré malgré moi par le galbe de sa poitrine, moulée dans son T-shirt rayé. Et tout le long de mon mont de Vénus je ressens des caresses, comme si une main invisible s’était glissée sous mes vêtements et me massait délicatement. Je peine à masquer mon plaisir, d’autant plus intense que des images d’un érotisme extraordinaire m’envahissent. Femmes et hommes en des enchevêtrements sensuels. Deux paires de seins nus pressées l’une contre l’autre. Une verge luisante insolemment dressée vers les cieux. J’effleure mes lèvres du bout des doigts. Je n’y trouve rien mais la sensation de baisers ardents perdure.


Debout devant la baie vitrée, Anthony feint de m’ignorer et fait coulisser la porte-fenêtre. L’air de la nuit apporte à peine un peu de fraîcheur à la pièce. Sandra m’observe toujours et n’a pas touché à sa tasse.


Anthony se retourne vers nous et lance, quelque peu surpris :



Ignorant sa remarque, je tente de garder mes deux mains posées sur l’assise du canapé. Impossible de réprimer le plaisir qui irradie dans tout mon corps. J’ai l’impression que des lèvres et une langue audacieuses aspirent goulûment mon clitoris.


Subitement, deux nouvelles vibrations émanent de l’objet posé contre ma cuisse. Puis il se met à vibrer en continu, comme s’il était doté d’un moteur.


Anthony et Sandra tournent la tête simultanément vers l’engin sans masquer leur étonnement.



Baissant les yeux, je sens alors le sextoy se déplacer contre moi de quelques millimètres en bourdonnant toujours tel un insecte géant. A l’inverse, mon plaisir semble décroître alors que je me rapprochais dangereusement de l’orgasme.


Anthony l’a vu bouger comme moi et le suit des yeux, bouche bée. Sandra, interdite, nous dévisage tour à tour. Sans quitter l’engin des yeux, elle recule de quelques pas. Lentement et dans un vrombissement métallique, le sextoy glisse jusqu’au bord du sofa puis s’élève doucement dans les airs, comme un drone miniature. Je laisse échapper un cri de surprise.



L’objet volant traverse la pièce jusqu’à l’entrée de l’appartement, frôlant le plafond. Face à la porte close, il fait demi-tour et nous rejoint à vitesse constante. Immobile à mi-hauteur au milieu du salon, il reprend sa course au bout de quelques secondes en direction de la baie vitrée ouverte. C’est en arrivant sur le balcon qu’il accélère subitement et s’envole dans la nuit, devant nos regards ébahis.


Aussitôt, Anthony se précipite dehors, saisit la rambarde et s’écrie en direction des étoiles :



Comme pétrifiée par la stupéfaction, je ne parviens pas à me lever. Sandra a rejoint Anthony. Ce dernier refait alors irruption dans la pièce et sors de l’appartement sans prendre la peine de refermer la porte. Le bruit de ses pas dévalant les escaliers nous parvient, de plus en plus lointain. La porte du hall d’entrée claque bruyamment. Sandra réapparaît à son tour dans le salon et me dévisage, sans savoir mieux que moi comment briser le silence. Elle finit par déclarer, d’un air confus :




19 juin 2023, Paris - 0h10 - Anthony et Marcel



Je suis arrivé en trombe sur la petite place, éclairée par la seule lueur de la pleine lune. Envahi par le désarroi, je contemple le petit point lumineux qui s’éloigne lentement vers les cieux avant de se fondre parmi les étoiles. C’est impossible. Où s’est-il envolé ? Il a disparu depuis plusieurs minutes mais je ne peux me résoudre à cesser de le chercher. Il va revenir, c’est sûr. Je finis par aller m’asseoir à l’extrémité du banc le plus proche, même s’il est toujours occupé par le vieux monsieur. Peu importe, il y a de la place pour deux. Je lève à nouveau les yeux au ciel, à l’affût du moindre mouvement.


Soudain retentit la voix chevrotante du vieil homme immobile à côté de moi. Un filet de voix, presque un murmure entrecoupé par une respiration laborieuse.



Je tourne la tête vivement vers le profil du vieillard. Nez aquilin, menton saillant. Ses petits yeux pénétrants, captant la lueur de la pleine lune, me fixent sans ciller.



Je peine à comprendre ces paroles énigmatiques. Puis me rappelle les usages de politesse :



Nous restons ainsi côte-à-côte sur ce banc pendant quelques instants, bercés par le bruissement des feuilles. Je m’apprête à me lever pour rentrer chez moi mais la voix du vieillard me retient.



Marcel laisse échapper un petit rire jovial, puis se reprend avant d’ajouter :



Le clin d’œil qu’il m’adresse alors ne suscite aucune réaction chez moi. Je peine à comprendre car mon esprit élabore des explications qui me paraissent totalement farfelues. Marcel poursuit son discours sans attendre de réponse.



Je scrute la place déserte quelques instants puis murmure :



Sentant ma gorge se serrer subitement, je m’interromps. Devinant mon émoi, le vieillard poursuit :



Marcel rit à nouveau de bon cœur. Face à mon vague sourire, il s’exclame :



Je hoche la tête par la négative.



Marcel reprend son souffle quelques instants.



Puis, emporté par l’hilarité, Marcel se lève à grand peine en s’appuyant sur sa canne. Une fois debout dans un équilibre précaire, il se met en marche et s’éloigne sans autre forme de salut. Je le suis du regard sans dire un mot puis jette un œil au régiment d’étoiles au-dessus de nous.



L’homme s’arrête net et se tourne vers moi, l’air surpris.