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n° 21868Fiche technique37564 caractères37564
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Temps de lecture estimé : 26 mn
25/06/23
Résumé:  Et si comme métier je mettais toiletteur de chattes ?
Critères:  fh jeunes poilu(e)s fépilée fête amour voir exhib rasage fellation cunnilingu 69 pénétratio délire humour -humour -amouroman
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Poils

— Je crois que j’ai fait une connerie !


Ainsi fait-elle irruption chez moi alors que cela fait presque un an que je n’ai plus de ses nouvelles.




ooOOoo




Lorsque je la vis pour la première fois, je m’étiolais sur les bancs de l’école communale de mon patelin, une classe unique. Par classe unique, il faut entendre une classe où tous les mômes, de la maternelle supérieure1 au CM2 se faisaient suer ensemble, à subir les crises de mademoiselle Nicole, notre institutrice.


Ma mère, mère célibataire, joignait difficilement les deux bouts, vivant des petits boulots qu’elle exerçait, un peu de couture, des ménages. Elle faisait aussi des travaux d’écriture à la mairie, remplaçant le vieil Ernest au secrétariat. Elle savait taper à la machine, Ernest aussi, avec un doigt et demi !


Donc notre institutrice, mademoiselle Nicole Nivice, dispensait son savoir en gueulant comme à son habitude.

Notre institutrice/directrice, une petite bonne femme teigneuse, maigre, avait la main leste, des dents de ragondin2 et une haleine de chacal atteint de remontées gastriques. Bref, notre institutrice était une personne remarquablement teigneuse, qui avait ses chouchous – peu – et ses têtes de Turc – nombreuses – dont je faisais partie, et dans cette catégorie, j’occupais le rang de favori.


Donc, ce vendredi quatorze novembre, je rentrais la tête dans les épaules, les baffes volaient bas ce matin-là. Elle gueulait tellement fort qu’elle n’entendit pas frapper à la porte. En l’absence de réponse, le visiteur ouvrit timidement. Je vis alors pointer le museau d’une petite musaraigne.



La musaraigne ne se démonta pas.



La fillette me fit un grand sourire en s’asseyant à ma table.



À cet instant, je sus que je venais de trouver ma première et certainement ma seule vraie amie.



Toute la classe de se moquer et de se marrer, les fayots !





oOo




La routine s’installa. Sa mère vivait seule depuis le décès de son mari, elle venait de fonder dans le village une petite entreprise de création de bijoux. Elle embaucha ma mère pour faire du secrétariat et aussi des travaux ménagers tandis qu’elle fabriquait ses parures.


De ce fait, après les cours nous allions soit chez elle, soit chez moi pour faire nos devoirs ensemble. Nous en profitions pour lire des tonnes de bouquins, des polars, romans d’aventures ou de science-fiction.

Nous passions aussi des heures dehors, quelle que soit la météo ; pluie, vent, grand soleil, rien ne nous arrêtait. Nous faisions des bonhommes de neige monstrueux, nous revenions souvent trempés, crottés, gelés, mais heureux.


Si je me définissais comme un enfant timide et réservé, Gwen était un véritable garçon manqué. Toujours la première à faire des conneries, à grimper dans un arbre, nous glisser dans une grotte, escalader des rochers ou nous retrouver dans le clocher de l’église. Le nombre de fois que les pompiers vinrent nous récupérer dans des endroits insolites ne se comptabilisait plus. Ils faisaient même des paris : savoir où ils nous retrouveraient au prochain appel de nos mères exaspérées. À chaque fois, nous recevions une engueulade de nos mères, ou du curé, ou du maire, ou plus souvent des quatre réunis.


De la Carabosse aussi, nous recevions des admonestations vigoureuses. Car si nous nous amusions en dehors de l’école, nous nous serrions les coudes à l’intérieur de l’enceinte scolaire.


Si je me faisais harceler par de petits crétins sous l’œil bienveillant de la maîtresse, le contexte changea avec l’arrivée de Gwendoline. Elle n’hésitait pas à faire le coup de poing pour me venir en aide.

Nous ne comptabilisions plus les yeux pochés, les nez en patate, les coups de genoux dans les joyeuses, spécialité de mon amie. Nous fîmes la fortune du dentiste, le nombre de dents qu’il eut à réparer dépasse l’entendement. À vingt ans, nous nous faisions poser des dents sur pivot suite aux bagarres de notre enfance.

Nous donnions autant que nous recevions, tant et si bien qu’ils finirent par nous laisser tranquilles. Nos mères se désespéraient de nos sottises et se faisaient souvent convoquer par La Haute Autorité, c’est-à-dire la Peau de Vache.


Cette vieille taupe nous surveillait pour mieux nous coincer. Elle nous filait des devoirs en rab, nous accumulions les heures de colles assorties de punitions. Combien de fois nous fûmes condamnés à balayer sa cave où elle stockait ses conserves, ou encore nettoyer la salle de classe ?


Mais plus elle nous punissait, plus cela décuplait notre imagination. Nous avions échangé les craies du tableau noir par des suppositoires, ses cerises à l’eau-de-vie devinrent des cerises au pipi. Notre plus bel exploit fut quand même de jeter de la levure de boulanger dans les toilettes, juste avant les vacances de Pâques. Les vidangeurs, plombiers et autres artisans restèrent au chevet des latrines pendant plusieurs jours.

Le toubib fit passer une batterie d’examens à la mère Nicole, suite à son évanouissement. Elle était tombée dans les vapes – et dans le jus étalé sur le sol – en ouvrant la porte des chiottes !

Par un étonnant retournement de situation, nous devînmes les héros des autres élèves, en effet grâce à nous la rentrée fut reportée d’une semaine.


Toutes ces péripéties ne nous empêchèrent pas de rejoindre le collège, puis le lycée, toujours ensemble. Certaines bonnes âmes du village nous voyaient déjà unis pour la vie, à la tête d’une imposante marmaille. Ils se trompaient lourdement. Je la considérais comme une sœur, une amie, un copain à nichons, pas comme une amoureuse. Elle non plus, qui d’ailleurs privilégiait ses études à la fréquentation des mecs. Nous nous entendions bien, car elle était mon opposé. Je ne me rebellais pas contre les injustices, elle le faisait pour deux. Moi, timide et réservé, elle, rayonnante d’assurance.

Nous nous aidions mutuellement dans les études, qui se déroulaient sans accrocs.


Le passage de l’enfance à l’adolescence bouleverse l’organisme et l’esprit du sujet. Le petit gringalet gauche que j’étais devint un grand gaillard blond au regard bleu innocent. Et toujours aussi empoté. Gwendoline la petite boulotte devint une princesse de conte de fées. De sa mère, elle hérita de la poitrine voluptueuse, de la silhouette longiligne, des longues jambes et de son sourire. Son père lui légua les cheveux de jais, le regard de braise. Sans oublier son caractère volcanique.


Des garçons lui tournèrent autour, elle écouta leur baratin sans y prêter plus attention. Moi je regardais les filles comme des êtres inaccessibles, voire incompréhensibles. Même ma Gwendoline semblait changer, toujours exubérante, mais parfois songeuse.


Le BAC passé haut la main, la vie se chargea de nous séparer pour de bon. Elle partit faire des études de droit dans une université, moi étudier les Beaux-Arts dans une fac à l’autre bout de la région, plus de six cents kilomètres nous séparaient, et autant de chez nous, de nos mères.




ooOOoo




Pour la première fois, je me retrouvai seul. Plus de Gwen pour discuter, raconter nos petites contrariétés, partager des fous rires, s’entraider pour un devoir ou une recette de cuisine. Plus de Gwen pour me narrer ses projets, ses soucis, ses espoirs, ses loufoqueries.

Ma timidité chronique m’empêchait de me faire des amies, ici. Je m’étais bien fait quelques connaissances, sans plus. Quelques filles traversèrent ma route, elles m’oublièrent sans autre forme de procès.


Mon amie me manquait, je ne savais si je lui manquai aussi. Au début, nous nous contactions par Skype, mais le contact physique n’existait plus.

D’aucuns diraient que j’étais amoureux, je ne me lancerais pas dans cette hypothèse, je tenais trop à elle pour vérifier si je l’étais vraiment, ni même si mes sentiments étaient partagés. Trop peur d’une rebuffade, maudite timidité.


J’habitais un studio de vingt mètres carrés, dont le loyer me coûtait la peau des fesses. Ma mère m’aidait un peu, et avec les APL, les bourses et un travail dans un supermarché, je m’en sortais plus ou moins.

Les études se déroulaient à peu près bien, mais mon moral volait au ras des pâquerettes. Sans amis, sans ma seule amie, je m’étiolais.


Les cours faisaient relâche quelques semaines, ce qui me permettait de travailler un peu plus au supermarché et de regonfler mon porte-monnaie. Je revenais justement du boulot en un pluvieux jour d’octobre. Le temps de me changer, d’ôter mes vêtements trempés, de me servir un grand verre de jus de pommes, je préparais ma tambouille pour le soir. Le ciel gris et bas n’arrangeait pas mon moral, ainsi que les idioties que j’écoutais à la radio.


Augmentation des taxes, diminutions des aides, déjà que je peinais à survivre ; à ce sujet, le gouvernement allait créer une commission d’enquête sur les problèmes des jeunes – commission dirigée par une momie qui dut être jeune sous Clemenceau. Ils devaient simplement se rendre compte qu’ils étaient le problème.

Venaient ensuite les actualités pipoles, pour nous faire oublier nos soucis sur un air de pipo.


Dernière ânerie en date, l’élection dans ma ville de Miss Vendanges Tardives (si, ça existe). L’heureuse lauréate se verrait décerner le titre de Miss région, donnant accès au Saint Graal, l’élection de Miss France. Comme les deux dernières miss Vendanges Tardives furent élevées au titre suprême, la compétition promettait d’être féroce.

Cette élection permettait à quelques vieux pervers de se rincer l’œil. Pour y participer, il suffisait d’envoyer une photocopie de sa carte d’identité, une photo en pied – non photoshopée –, un questionnaire sur ses mensurations et répondre à un QI et QE ainsi qu’une lettre de motivations.

Le journaliste terminait son reportage en expliquant que la production avait été inondée de candidatures, mais annonçait la fin des sélections, que l’émission sera diffusée en direct à une heure de grande écoute sur une chaîne de la TNT et sur une chaîne du web, début du mois suivant.


Ça me redonnait le moral. Les limites de la connerie humaine venaient d’être repoussées. D’un côté, on te faisait suer avec des histoires de harcèlement avec un #Balance_Ton_porc, d’un autre côté on allait élire la plus belle femme comme on désignait la plus belle génisse au salon de l’agriculture. Pour se donner une once de crédibilité, on lui faisait passer un test culturel, avec des questions du genre : quel est le nom du président de la République actuel ! Jules César aurait pu ajouter Panem et Circencès.

On la faisait défiler devant un jury qui évaluait ses pis, ses cuissots et son pelage ! N’importe quoi. Une soixantaine de pauvres filles allaient se démener sur une scène pour devenir Reine d’un Jour ; rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, surtout la bêtise humaine.


Que ne ferait-on pas pour Une poignée de Dollars, un peu de rêve, une once de célébrité passagère. Car, bien évidemment, la gagnante partira avec une liasse de billets dans le string. Il faudrait d’ailleurs me payer cher pour que j’assiste à pareil spectacle, même à la télé.




ooOOoo




J’en suis là de mes cogitations quand mon téléphone se met à striduler. Gwen ? Elle ne m’a plus donné de ses nouvelles depuis plusieurs mois, je l’imaginais déjà couler des jours heureux avec un amoureux en me laissant seul comme une vieille chaussette orpheline.



Que peut-elle bien faire ici, à cette heure, sans m’avoir prévenu ? Quelques secondes plus tard, elle débarque chez moi comme une tornade, avec armes et bagages. Une valise, un sac à dos, des godasses de randonnée aux pieds. Une grosse doudoune, un jean, tous deux trempés.


Elle se jette dans mes bras en hurlant : BASTIEN ! Serrés l’un contre l’autre, nous effectuons une chorégraphie digne de grizzlys shootés à la téquila.

Son sourire est toujours aussi rayonnant, son regard lumineux, et toujours presque aussi grande que moi. Un mètre soixante-dix-sept, la belette. Après ces effusions, je lui propose de se mettre à l’aise, et me rends compte que son pull dégouline autant que le reste, et qu’elle claque des dents.



Je l’entends chantonner et marmonner dans la salle d’eau, et me demande ce qui peut bien l’amener ici, à cette époque de l’année, et surtout en catastrophe.

Elle ressort, vêtue de mon peignoir, la capuche rabattue sur son front, malgré sa haute taille, le vêtement traîne par terre, elle ressemble à un moine sexy. Elle sourit, ne boudant point son plaisir de me retrouver tout en savourant son chocolat.



C’est en nous marrant comme des idiots que nous dévorons notre pitance. Nous papotons comme si nous venions de nous quitter la veille.



Elle se tortille, gênée.



Qu’a-t-elle encore pu inventer comme connerie, ça doit être gratiné pour la mettre dans cet état.



Je la regarde, intrigué… Non… elle ne va quand même pas participer à ce truc.



Indifférente à mon trait d’humour, elle continue ses explications confuses.



Là, à l’évocation du maillot de bain, je la vois hésiter.



Elle s’isole dans le cabinet de toilette, où je l’entends marronner.



Elle se fait attendre comme une diva.


Gwendoline est une très belle jeune femme, à la plastique parfaite. Nul doute qu’elle sera une des favorites de cette élection, et certainement de Miss France. Je ne suis pas impartial, je l’avoue, car Gwen est mon amie. Elle n’est pas seulement belle, mais aussi intelligente et dotée d’un sens de l’humour ravageur.


Mais de la voir apparaître devant moi en maillot de bain bleu ciel me fait quelque chose au cœur. Un joli maillot deux-pièces. Sublime… à part un petit détail. Je ne peux m’empêcher de pouffer.



Puis de rire comme une baleine.



De la tête au nombril, c’est juste fabuleux. Des orteils aux cuisses, aussi. Mais alors le bassin !

De son bas de maillot jaillissent des poils noirs, très denses et très longs. Ils sortent de partout, par le haut, ils atteignent le milieu de son abdomen, menacent d’encercler le nombril. Ils débordent aussi sur les côtés, épais, compacts, ils envahissent le haut des cuisses. Une véritable marée noire. Je peux même les deviner à travers le tissu du slip de bain.


Je pleure de rire. C’est la première fois depuis l’adolescence que je la voie en si petite tenue.



Cette énorme touffe de poils sortant de son maillot tranchant sur sa peau blanche me plie en deux.



Je me tais en voyant son regard noir.



Elle n’a pas tort. Mais je ne vois pas ce que je viens faire dans cette histoire, ce n’est pas un boulot pour moi.



Nouveau regard sombre. « Je suis allergique, ma peau devient rouge ».



Je craque devant son regard désespéré.



J’établis un plan d’action, une stratégie. Je vais à la supérette où je travaille acheter le matériel adéquat, rasoirs, mousse, crème après-rasage, je dévalise plus que je n’achète. J’espère aussi ne pas la couper. C’est la première fois que je vais pratiquer ce genre d’intervention.




ooOOoo




Elle s’installe, nue, les jambes écartées sur la table de la cuisine, un drap de bain sous les fesses. Un bras posé sur les yeux, elle ne cesse de répéter :



Pour détendre l’atmosphère, je me lance dans des élucubrations.



Ça a au moins le mérite de la faire sourire.



Je profite de la situation pour caresser ses jambes, étrangement, aucun poil ne traîne sur ses gambettes, de même que sous ses aisselles, étrange…



Elle rit de mes pitreries tandis que j’imbibe une éponge d’eau tiède.



Je profite aussi de ces instants pour l’admirer. Étrangement, c’est la première fois que je la vois nue. Je ne suis pas déçu, elle est vraiment superbe. Des seins ni trop petits ni trop gros, qui ne s’avachissent pas malgré la position. Les tétons et les aréoles sombres tranchent sur leur blancheur immaculée. Petit détail intéressant, la situation semble émoustiller Gwen à voir lesdits mamelons et aréoles horripilés.


Mes yeux glissent sur sa taille fine et la courbe de ses hanches. Je dois avouer que la vue m’émeut. Puis mon regard revient sur cette fourrure extravagante, au centre de laquelle je devine la tendre fissure… Stop, c’est ton amie !



Elle hoche la tête.





****




Je me dis que ça va être plus ardu que prévu, je ne peux attaquer cette masse pileuse au rasoir de cette façon, il me faut d’abord déblayer un peu le terrain. Je prends une paire de ciseaux et commence à désépaissir cette forêt amazonienne.



Une fois les plus longues mèches retirées, j’humidifie de nouveau avec l’éponge, j’étale la mousse à raser avec un blaireau et entame la longue séance rasage.


La peau apparaît sous la masse velue, preuve que mon travail paye. J’y vais par petites touches. Je commence autour du nombril, rince, réitère l’opération sur les côtés. En une demi-heure, j’atteins le mont de Vénus. J’en suis à mon troisième rasoir. Heureusement, j’ai prévu large. Maintenant, j’attaque la partie critique, son abricot.


Je le noie sous la mousse, et entame la délicate opération sans taillader ses jolies lèvres. Je pose un doigt timide au sommet de ce divin mont afin de tendre la peau. Ses grandes lèvres laissent affleurer ses timides nymphes. Je commence à être tendu, moi aussi. Pour rester calme, je pense à des personnages célèbres, Léonard de Vinci, Victor Hugo, Fidel Castro, Karl Marx, Sébastien Chabal…



Nous rions, et ce bref instant nous détend un peu.


Après avoir bien dégagé l’aine et le haut des cuisses, les grandes lèvres et le pénil, je souffle un grand coup ce qui la fait rire. L’air froid sur ses parties intimes lui fait tout drôle, dit-elle. De voir apparaître sa mignonne conque me flanque des frissons, elle commence à avoir figure humaine, si j’ose m’exprimer ainsi !


Il existe différentes foufounes : les exubérantes, celles où les petites lèvres surgissent, agressives, et les timides, celles où les grandes lèvres restent closes, cachant leurs secrets et leurs trésors derrière un énigmatique sourire à la Moniche Lisa. Gwen serait plutôt de la seconde catégorie, de celle qui cache ses émotions.


Je rince et remets de la mousse, car j’ai repéré quelques poils récalcitrants. Après ce deuxième passage, elle veut descendre de la table.



La pilosité envahit allègrement son grand canyon ainsi que ses contreforts, ça monte haut à l’assaut du joufflu. Je conçois qu’elle répugne à se faire épiler à la cire.


Après moult applications de crème apaisante censée lutter contre le feu du rasoir, après lui avoir tartiné l’huître perlière et le troisième œil de crème nourrissante, je la laisse reprendre ses esprits. Je dois reprendre les miens, car il s’en est fallu de peu que je craque et que je commette l’irréparable. Je suis fier de moi.




****




Le grand jour arrive enfin. Gwen vient d’investir la chambre d’hôtel près du Palais des Congrès, avec moi comme assistant. Certes, je n’ai rien de l’habilleuse ou maquilleuse classique, je suis juste là pour juguler la prolifération des poils, c’est que ça repousse vite ces saloperies. J’ai dû réitérer l’opération deux fois en quelques dizaines de jours.

Heureusement, on ne me pose pas trop de questions, la production a déjà fort à faire avec les présentateurs et les jurés.


Comme présidente du jury, une revenante. Marcelline de Batavia. Cette ancienne présidente du comité, célèbre pour ses tenues bicolores et surtout ses chapeaux tirés d’un film noir des années cinquante, avait été débarquée il y a quelques années sans ménagement par la nouvelle direction.


Mais le comité allait fêter ses cent dix ans, aussi, dans un grand geste d’apaisement, on sortit la momie de sa naphtaline – elle avait, paraît-il, connu la première Miss France. D’ailleurs, pour fêter l’évènement, un énorme gâteau serait amené sur scène à l’issue de la cérémonie.


Parmi les autres membres du jury, Gaspard Alysant, couturier célèbre. Cécile Ycone, une « influenceuse » fortement nichonnée, sa poitrine ressemblant à la Silicon Valley, une personne qui sait à peine aligner trois mots de suite sans faire de faute de syntaxe. Maud Cologne, une ancienne miss. Aziz Ani, un chanteur humoriste. Basil Hic, un joueur de foot – apparemment le frère jumeau orthographique de l’influenceuse – et Edmond Prochain, un acteur qui parle de lui à la troisième personne du singulier.


Comme présentateurs ils ont fait appel à deux vieilles gloires – Michel Le Frické et Jean-Pierre Haricot – qui ont connu la télé en noir et blanc, deux vieux beaux pour attirer les ménagères ménopausées. Une jeune présentatrice assiste les débris, mais n’est là que pour assurer une certaine parité et pour faire joli dans le décor, éventuellement changer les couches confiance.


Je suis assis dans le public, mais en compagnie des VIP – mécènes et autres annonceurs – et les familles des candidates. Des marques de parfum et produits de beauté, de chaussures haut de gamme, de lingerie fine et de vêtements de luxe ont parrainé cette soirée et entendent bien se faire remarquer et obtenir un bon retour sur investissement. Les deux momies et la dinde léchouillent ces invités à qui mieux mieux.


Puis vient le défilé des prétendantes habillées en tailleur style femmes d’affaires. Les diplodocus posent des questions à la façon de l’école des fans et passent pour des cons, finie l’époque des sois belle et tais-toi, maintenant ces demoiselles ont du répondant.


À la question de l’animateur : Que voulez-vous faire quand vous serez grande,

Gwen répond : Moi, faire études de droit pour deviendre avocate. Trouvant l’idée originale, une autre candidate réplique : Moi, je suis en quatrième année de médecine, je vouloir être neurochirurgienne pour chercher d’hypothétiques neurones dans le crâne des présentateurs télé. Toutes les candidates font des réponses du même acabit.


Les deux ectoplasmes rient jaune. Ils n’ont guère l’habitude de se faire chahuter. Le défilé continue, toujours aussi naturel que le menton des défunts frères Machinchose.



Edmond Prochain qui commençait à s’endormir, se réveille en sursaut à l’évocation des maillots de bain et se lèche les babines.

Je serre les fesses, j’imagine Gwen enfiler son petit bikini. J’espère n’avoir laissé aucun poil disgracieux sur son anatomie.


Alors que je me ronge les sangs, je perçois des cris, un brouhaha, que dis-je, une émeute dans les coulisses, ce qui interrompt le chanteur. Par-dessus les bruits, je reconnais la voix tonitruante de Gwen. Pire, elle s’exprime en italien, la langue de son père, ce qui chez elle est signe de très grosse colère.



L’ancêtre resté sur scène s’en émeut, fait un sourire niais et se dirige en catimini vers les coulisses afin d’obtenir de plus amples renseignements, las, il n’en a pas le temps. Son compère sort en gueulant comme un goret, entouré d’une horde de jeunes femmes, toutes plus ou moins habillées, certaines désireuses de se mêler à la baston n’ont même pas encore enfilé le haut du bikini.

La veste du type est en lambeaux, sa moumoute pendouille sur sa nuque, son lifting craque.



Que n’avait-il fait, une bonne partie des jeunes femmes en furie se retournent contre lui, toutes griffes dehors.



L’influenceuse/youtubeuse se marre, l’acteur has-been tente des « mesdemoiselles, allons » sans grand effet. Il en profite pour reluquer de plus près ces demoiselles. Pour tenter de détourner l’attention, l’organisateur décide d’envoyer le gâteau. Le footeux se propose de monter sur scène lui aussi, se disant que sa notoriété, son compte en banque et sa belle gueule devraient suffire à calmer ces gamines.


Grave erreur. Cinq de ces « gamines » lui sautent sur le poil et l’envoient tête première dans le gâteau. Des morceaux de gâteau giclent sur l’acteur et le couturier qui se mettent à gueuler à leur tour, glissent sur la crème et se retrouvent sur le dos, jambes en l’air. La pièce montée vacille et s’effondre sur eux.



Aussitôt, quatre molosses se radinent dans le but de maîtriser les furies. Ils en empoignent une sans ménagement, lui faisant péter les bretelles de soutien-gorge.

C’est le téton qui fait déborder le vase parmi les spectateurs, surtout les pères, frères, petits amis qui se ruent au secours des reines de beauté, il y a même une maman qui flanque de grands coups de sac à main sur tout ce qui passe à sa portée.


D’autres, plus rusés, préparent le terrain par un tir d’artillerie. Ils ont récupéré des bouteilles de champagne et font péter les bouchons en direction des types de la sécurité. Moi, je me retrouve en première ligne.

Je cherche Gwen, prêt à me battre contre les Rottweilers bodybuildés. Je finis par la retrouver à cheval sur le dos d’un des gardes, les doigts enfoncés dans les narines du gus qui gémit, car une autre jolie mégère lui mord la main.


La bagarre devient générale, à tel point qu’un troupeau de policiers rapplique, rajoutant de la confusion au boxon en tentant d’embarquer tout le monde. Ils tentent d’abord d’extraire l’acteur et le footeux du gâteau tandis que madame de Batavia erre sur la scène en gueulant que c’est une honte, en tentant de s’extirper en vain de son chapeau. Les flics sont partagés. Heureux, car maîtriser des jeunes femmes en bikini est plus amusant que se confronter à des Gilets Jaunes. Ils déchantent très vite, car les morceaux de gâteau volent bas et que les donzelles ont du répondant.


Ils reçoivent même en pleine tronche les nichons de la Youtubeuse Cécile Ycone, venue prêter main-forte à la confusion. Un nichon up-gradé est aussi douloureux qu’un flash-ball. L’organisateur ne cesse de crier « coupez, coupez », ce que le réalisateur refuse, arguant du fait que ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas autant marré.


Je profite du désordre ambiant pour extraire Gwendoline de ce foutoir et nous esquiver. Nous nous réfugions à l’hôtel tout proche, où nous faisons une entrée remarquée, elle en maillot de bain et talons aiguille, moi en chemise déchirée couverte de crème.




****





C’est la première fois qu’elle se permet de telles privautés.


Je ne me fais pas prier et réponds à son baiser, lui dévorant la bouche. Nous tournons en rond, dans une danse lascive tout en nous embrassant. Son bikini ne reste pas longtemps sur son corps, de même que mes propres vêtements que je n’enlève pas, mais qu’elle déchire. Après encore quelques pas de danse, nous tombons sur le lit.


Elle me chevauche et m’embouche le père supérieur, celui qui a une calotte sur le crâne.



Quand elle estime son éminence assez rigide, elle se redresse et vient poser sa juteuse et glabre figue sur mon polichinelle.



La suite n’est que fureur et frénésie. Nous changeons de position à de multiples reprises, moi sur elle, elle sur moi, elle, assise sur la commode Louis XIV et moi entre le compas de ses jambes, elle agenouillée sur le lit et moi la bourriquant par derrière.


Ou encore, lors de périodes plus calmes, tête-bêche, Gwen jouant un air de hautbois avec mon instrument tandis que j’ai le nez plongé dans sa vallée des merveilles. Il faut dire aussi que je ne suis pas à la fête depuis qu’elle est avec moi, j’ai en permanence le calbute en chapiteau de cirque.


Les derniers ébats nous ont amenés dans des positions étranges, elle accrochée au lustre et moi en train de lui amignonner la chapelle Sixtine.


Alors que le jour se lève, nous sommes en train de reprendre nos esprits, essoufflés sur le lit, affublés de sourires béats.

C’est alors que l’on toque à la porte de la chambre. Trois types nous fixent, dont un policier en uniforme, l’air vaguement amusé. Il faut dire que Gwen s’est revêtue d’un drap à la manière d’une patricienne romaine, et moi de mon t-shirt fétiche stipulant que Je ne parle pas aux cons, ça les instruits, et de mon boxer noir à rayures jaunes indiquant Danger, dard actif.


Vu l’état de nos cheveux et les cernes sous les yeux, nos activités de la nuit semblent évidentes.



Le troisième, le flic en tenue, se marre.


Nous les faisons entrer, commandons du café au room-service, pendant qu’ils nous expliquent le pourquoi de cette visite.





****




Après avoir bu le café avec les policiers, nous allons aux nouvelles sur internet. Effectivement ça ne parle que de ça. La chaîne de la TNT a enregistré des taux d’audience record, la baston traîne sur tous les sites d’info sur le net et les réseaux sociaux.


Dans un reportage on voit un pompier découper délicatement avec des ciseaux le chapeau de la Marcelline, écumante, qui raconte à qui veut l’entendre que c’est un scandale, mais tout le monde se marre, bref, la fin d’un monde !



S’ensuit un baiser baveux qui dégénère en partie de jambes en l’air. Entre deux pratiques du Kama Soutra, je lui pose une question :





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1. EMS : École Maternelle Supérieure.


2. Les dents des ragondins sont jaunes, comme celles des fumeurs. À la différence qu’un ragondin n’a jamais mis le feu à une forêt, et l’haleine du ragondin n’est pas délétère.


3. Une barbe de taliban ressemble un peu à une foufoune hirsute… en moins séduisant.


4. Cazzino : petite bite.


5. Vecchio caprone : vieux bouc.