n° 21898 | Fiche technique | 24455 caractères | 24455 4365 Temps de lecture estimé : 18 mn |
13/07/23 |
Présentation: Françoise a décidé de raconter un épisode de sa vie qu’elle a du mal à assumer. N’osant pas publier ses confidences, elle m’a demandé de le faire à sa place. J’ai posté son texte sans changer un seul mot de sa démarche ni de son histoire. | ||||
Résumé: Françoise a choisi Revebebe pour se libérer de ce qu’elle a sur le cœur depuis tant d’années. | ||||
Critères: #rupture #confession #candaulisme fh couple amour jalousie dispute | ||||
Auteur : Patrick Paris Envoi mini-message |
Collection : Confidences Numéro 04 |
Je viens de découvrir un site où des hommes et des femmes écrivent leurs confidences. Le besoin de parler, de se confier. J’ai lu avec plaisir les Confidences d’une femme et celles d’un homme, infidèles tous les deux. Allez les lire, moi, elles m’ont troublée. Vous devriez les trouver facilement.
Depuis longtemps, j’avais besoin de parler à quelqu’un pour me libérer d’un poids qui me pèse depuis tant d’années. Mais à qui parler ? À ma famille, à mes amies, qui aurait pu me comprendre ? J’ai merdé, mais je ne suis pas la seule. Enfin, maintenant ça va mieux.
Ici, je dois pouvoir dire ce que je veux, en toute liberté. Comme une bouteille à la mer, impossible de savoir qui va me lire, ni ce que vous en penserez, sauf si vous me laissez un petit commentaire… Alors pourquoi pas ?
Il faut juste que je trouve un pseudo, mon prénom devrait suffire. J’y vais… Aïe, je ne suis pas la seule à m’appeler Françoise, pseudo refusé… Après plusieurs tentatives, ce sera Françoise17. Je réalise qu’il me faut créer un compte avec mon adresse mail. J’hésite… une idée, j’envoie un minimessage à Patrick, l’auteur des Confidences. Après quelques échanges, il accepte de publier mon texte sous son nom. Merci pour sa confiance.
Alors, je me lance…
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Par où commencer ? Je n’ai pas l’habitude… Autant me présenter.
Françoise, ça, vous le savez déjà… c’est suffisant, je ne vais pas vous donner mon nom et mon adresse, et pourquoi pas mon 06 tant que vous y êtes. Et savoir si je suis brune ou blonde, grande ou petite, ou si j’ai de gros nichons, importe peu.
Je me suis mariée jeune, comme ça se faisait à l’époque. Le même âge que Michel, vingt-trois ans à quelques mois près, on ne va pas chipoter. Aujourd’hui, nous approchons la cinquantaine. Si je compte bien, cela fait… vingt-quatre ans quand même, nous aurions pu fêter nos noces de satin. Joli, non ?
C’était mon premier amour. J’ai tout vécu avec lui. Inexpérimentés au début, nous avons dû innover. Nous avons réussi, pour notre plus grand bonheur à tous les deux.
Après quelques années, très amoureux, nous avons pensé agrandir la famille. Sans beaucoup de succès, ça ne marche pas à tous les coups. Nous avons alors décidé de laisser faire Dame Nature, mais la nature n’a rien fait.
Nous avons aussi traversé des turbulences comme tous les couples. Ne croyez pas que j’ai été infidèle, non non, aucune envie de prendre un amant, ni même d’une petite aventure. Michel m’a toujours satisfaite pleinement.
Pourtant… N’allons pas trop vite.
J’avais déjà surpris plusieurs fois mon chéri devant son écran en train de mater des films de cul. Si ça l’amuse… Une fois au lit, j’en profitais, je n’allais pas m’en offusquer. Tous les hommes sont pareils, ils fantasment sur la voisine. Lui, ça se limitait à son écran, pas bien grave.
Voilà comment tout a commencé.
Un soir, Michel était sur son ordinateur, dans la chambre d’amis pour me laisser voir tranquillement un film à la télé.
À la fin du film, je vais le rejoindre. Je le trouve, une main sur la souris, l’autre sur sa bite, classique, il se branle. Qu’est-ce qui le met dans cet état ? Pas d’image porno, un long texte est affiché sur son écran, ne le sachant pas porté sur la littérature, je me suis approchée pour voir ce qu’il lisait, ce ne devait pas être du Victor Hugo.
Connecté à un site érotique, il lisait une histoire qui le faisait bander. Curieuse, je me mis à lire avec lui, assise sur ses genoux. Petit détail, il avait rangé sa queue pour me faire de la place.
Dès les premières lignes, j’ai sursauté. Un mec demandait à sa femme de coucher avec un autre homme, il avait envie de la voir jouir dans des bras inconnus. Un peu choquée que cela mette mon chéri dans cet état, je ne quittais pas l’écran des yeux.
Un vrai délire, le fantasme d’un auteur. Je ne pouvais imaginer que de tels hommes existent dans la vraie vie. Des hommes assez pervers, des femmes qui acceptent, cela dépassait mon entendement. À peine remise de ma surprise, Michel m’invite à lire jusqu’au bout.
L’histoire se tenait, tout le monde semblait y trouver son compte. Je dois avouer que ça m’a excitée, mais de là à imaginer… Non, voyons, non !
Le soir même, après une séance particulièrement réussie, due certainement à ce foutu récit, nous étions nus sur notre lit à nous câliner avant de foncer sous la douche, quand mon mari me demande à brûle-pourpoint :
De quoi parlait-il ? Je vous le donne en mille… Bien sûr, vous avez deviné. Il me proposait de vivre ce que nous venions de lire, que je fasse l’amour avec un autre homme, devant lui en plus, la honte ! J’ai haussé les épaules, croyant qu’il blaguait… Enfin, question blague, y a mieux.
On aurait pu en rester là, mais Michel a insisté comme si c’était naturel. Comme si moi aussi j’en avais envie. Je n’aurais jamais cru que lui, d’habitude si jaloux… et pourtant, je devais me rendre à l’évidence, ça l’excitait de m’imaginer dans les bras d’un autre, nue de préférence.
Il m’expliqua que ça plaisait à beaucoup d’hommes. Il y avait même un mot pour désigner ces hommes, « candaulistes », je ne connaissais pas. Le lendemain, une fois seule, je fonçais sur internet. J’ai vu… j’allais de surprise en surprise, j’étais loin d’imaginer…
À ma place, comment auriez-vous réagi ? Moi, je n’ai rien dit, pensant que c’était juste des mots, pour pimenter nos ébats, rien de plus. Je ne pouvais pas croire que mon mari soit candauliste.
Très vite, c’est devenu une habitude, comme s’il en avait besoin pour me faire l’amour. Il inventait des scénarios, m’imaginant avec un ami, un voisin, un collègue de bureau ou même un acteur. Après, lorsque nous croisions ce voisin dans le hall de notre immeuble ou que nous allions manger chez nos amis, il me lançait un regard complice qui me mettait mal à l’aise, mais qui, je l’avoue, m’excitait un peu aussi.
Petit à petit, je suis rentrée dans son jeu, je n’aurais peut-être pas dû… Pour lui faire plaisir, je lui racontais des trucs qui me passaient par la tête. Je n’ai pas beaucoup d’imagination, c’était des histoires de plombiers venus réparer un robinet de notre salle de bain, ou le gardien qui montait notre courrier alors que j’étais sous la douche, et après, crac crac. Quelle forme ça lui donnait ! J’inventais des histoires de plus en plus hard, de plus en plus ridicules. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ça le ravissait. Pour être triviale, ça le faisait bander, comme jamais il n’avait bandé… Chose étrange, ça ne me déplaisait pas de m’imaginer dans ces situations. J’en profitais. Tout bénef pour nous les deux.
Jusqu’au jour où je me suis aperçue que pour lui, ce n’était pas des paroles en l’air, il était sérieux, enfin sérieux n’est peut-être pas le mot exact.
Loin de moi l’idée que je puisse prendre du plaisir sans lui. Par contre, ça n’avait pas l’air de le déranger, il l’envisageait vraiment. Il n’aurait pas besoin de me voir, me disait-il, il lui suffirait de m’imaginer et de m’attendre. Après, je pourrais lui raconter… lui raconter ? Mais comment… comment trouver les mots ?
J’étais vexée qu’il ait osé me le demander. C’est un peu choquant, vous ne croyez pas ?
Ce n’était pas l’image que je m’étais faite du couple, de notre couple. Une foule de questions me passaient par la tête… Avais-je raté quelque chose ? Mon mari m’aimait-il vraiment comme il n’arrêtait pas de me le répéter ? Son fantasme était-il une preuve d’amour, preuve de sa confiance ? Ou alors, c’était moi. Il avait l’air tellement sûr de lui que j’en suis arrivée à croire que j’étais anormale, conditionnée par mon éducation. Trop prude, coincée même.
Pour tout dire, j’étais un peu perdue. Désorientée, déboussolée, ne sachant quelle attitude adopter.
Il mit longtemps à me convaincre, plusieurs mois. Il m’a prise par les sentiments, me disant que c’était comme un cadeau que je lui ferais. Il voulait vivre au moins une fois cette expérience. Le simple fait de savoir que je jouirais avec un autre homme le ravissait. Pour lui, c’était maintenant ou jamais… Là, il avait raison. Plus le temps passait plus, prenant de l’âge, le jeu aurait été ridicule, c’était déjà assez ridicule comme ça. Il me l’aurait demandé maintenant, à cinquante ans, j’aurais refusé tout net.
À trente-deux ans, tout était encore possible. À force de m’en parler, il m’avait tourné la tête. Je me disais Françoise, allons Françoise, tu ne vas pas, non, toi, une femme respectable, tu as un gentil mari, tu ne vas pas… si, justement, j’y pensais… juste un fantasme en me caressant. Cela me rend-il coupable ?
Je n’avais pas d’argument à lui opposer à part peut-être celui de trouver quelqu’un qui veuille de moi. Et c’est là qu’il m’a parlé d’Éric, un de ses amis que je ne connaissais pas. Lui par contre devait me connaître, ou du moins m’avoir vue, car, paraît-il, je lui plaisais.
J’étais fâchée que mon mari en ait parlé à quelqu’un et qu’ils fassent affaire comme dans une foire aux bestiaux. Je n’ai pas décoléré pendant plusieurs jours, le traitant de pervers. Il semblait honteux… Très vite, il est revenu à la charge.
Pourquoi n’ai-je pas dit non clairement ? Voulais-je coucher avec cet Éric que je ne connaissais pas ? Je ne sais plus. Je ne suis plus certaine de rien.
Allais-je oublier mes bonnes résolutions ? Je n’avais pas l’intention de tromper mon mari, pas pour lui, non, pour moi, pour pouvoir me regarder dans la glace.
Je n’avais pas dit oui. Je n’avais pas dit non, non plus. Comment ai-je fini par accepter que Michel me présente son ami, juste pour voir ? Sans savoir quelle serait mon attitude s’il ne me plaisait pas, pire, s’il me plaisait.
Un verre à la main au bar du Grand Hôtel, j’ai pris place dans un fauteuil face à mon mari et à son ami. À ma grande surprise, Éric n’était pas le bof que je croyais. Charmant, bel homme. Après les banalités d’usage, Michel se lève :
Maintenant, j’ai compris, il marquait ainsi son territoire. Je lui appartenais.
Toujours aussi décontracté, Éric me parle de lui, me pose quelques questions. Je lui suis reconnaissante de ne pas évoquer l’accord passé avec mon mari. Avant de nous quitter, il me propose de m’emmener dîner samedi soir et me laisse son numéro :
Je le quitte en lui serrant la main, et rejoins Michel qui m’attend dans la voiture. Il a l’air content de lui, sentant que je ne suis pas insensible aux charmes de son ami, il veut savoir :
Voilà comment je me suis retrouvée attablée au restaurant d’une auberge connue pour être le lieu de rencontre des maris volages.
Très excité durant le trajet, Michel me dépose et repart sans saluer son ami. Éric est déjà au bar, il m’accueille chaleureusement. À table, je dois avoir l’air bête, je ne sais pas trop quoi dire. Très décontracté, Éric fait la conversation, je ne sais même plus de quoi il m’a parlé. C’est évident, il cherchait à me mettre à l’aise.
Tandis qu’il vante le vin qu’il vient de choisir, mon esprit vagabonde. Avait-il déjà réservé une chambre ? Certainement. Je l’imagine nu, la bite bien raide, il m’embrasse, me caresse, oserais-je le sucer ? Quelle pensée, me direz-vous. Mais on était bien là pour ça, non ? Je m’imagine nue dans ses bras. Va-t-il me baiser tendrement, sauvagement ? Sans m’en rendre compte, je lui souris, il me rend mon sourire.
Dîner agréable, le repas se termine, il ne semble pas pressé. C’est presque vexant. Je ne connais toujours rien de ses intentions, mais ma décision est prise, pas question de coucher avec lui. Même s’il me plaît, j’ai ma dignité. S’il fallait coucher avec tous les hommes charmants qui ont de la conversation… Le regardant dans les yeux, je pose ma main sur la sienne :
À peine étonné, presque rassuré, son sourire ne l’a pas quitté. Il n’a pas l’air de m’en vouloir.
Aucune raison de refuser.
Envoûtés par la musique, nous sommes côte à côte sur un grand sofa, ma tête appuyée sur son épaule.
Un solo de guitare mélancolique me prend aux tripes. Je me blottis un peu plus contre lui. Refermant ses bras autour de moi, il pose ses lèvres sur les miennes dans un baiser langoureux. Je me souviens lui avoir rendu son baiser.
On était bien.
Ensuite ? Il m’a déposé en bas de mon immeuble, nous nous sommes séparés par un chaste baiser du bout des lèvres. Je suis rentrée chez moi comme si de rien n’était, je n’ai rien dit à mon mari qui m’attendait un peu anxieux. Je l’ai regardé, je suis allée sous la douche et je me suis couchée sans un mot.
Il m’a rejoint en tremblant, il voulait savoir :
Et j’ai éteint ma lampe de chevet.
Il a un peu bougonné, mais n’a rien dit. Que pouvait-il dire ? C’étaient nos accords. Est-ce que je lui demandais s’il s’était branlé en m’imaginant avec son ami ?
Nous avions décidé avec Éric de ne rien lui dire de cette soirée ni de chercher à nous revoir. Mon mari pouvait imaginer ce qu’il voulait, c’était son fantasme, pas le nôtre.
Le lendemain, il m’a inondé de questions, j’ai tenu bon. Il ne pouvait rien faire d’autre qu’accepter, j’étais inflexible. Un comble, je sentais une pointe de jalousie dans sa voix :
Quoi ? Il n’allait tout de même pas me faire une scène, c’est pour lui que j’avais accepté de rencontrer son ami. J’ai éclaté, lui disant qu’il ne saurait jamais rien, que j’avais passé une très bonne soirée, que son ami était charmant, ça devait lui suffire, et j’ai rajouté que s’il le désirait, j’étais prête à le revoir… Là, il a failli s’étrangler ?
Un amant ? … Devant tant de mauvaise foi, je restai sans voix… C’était lui le coupable, pas moi.
Deux jours après, Éric m’a contacté. Michel l’avait assailli de coups de téléphone, de SMS, pour savoir. Lui aussi avait tenu bon. Ce qui n’a fait qu’énerver Michel un peu plus. Il soupçonnait notre complicité dans ce silence. Il l’avait bien cherché, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
Il sembla se calmer, enfin il revenait sur terre. D’ailleurs le soir même, ou plutôt la nuit qui a suivi, nous avons peu dormi, quel amant merveilleux ! Tendre et macho, juste ce qu’il faut. Je retrouvais mon mari, toute la fougue de notre jeunesse.
Dans les jours qui suivirent, nous n’avons plus reparlé de cette soirée. J’espérais qu’il était guéri de son délire, que nous allions reprendre une vie normale.
Je me suis fait des illusions. Un soir devant la télé, alors que je lui faisais une gâterie qu’il affectionne particulièrement, il m’a demandé si Éric avait aimé que je le suce. Je ne pouvais pas répondre avec sa bite dans la bouche, j’ai juste hoché la tête avec un « humm ! humm ! » qui ne voulait rien dire.
À partir de ce jour-là, il me faisait régulièrement des petites remarques qui me prouvaient qu’il y pensait toujours. Grand bien lui fasse, si ça le faisait bander. J’en profitais aussi. Mais à la longue, il devenait pénible.
C’est moi qui, excédée par ses réflexions, ai fini par lui dire :
Il aurait dû se sentir flatté, mais il ne s’est pas arrêté pour autant. Un matin, nous étions encore couchés. Je me souviens très bien, il était sur le dos, il regardait le plafond perdu dans ses pensées, sans s’occuper de moi. D’un coup, il m’a demandé si Éric faisait mieux l’amour que lui, si je jouissais plus avec lui, si je le revoyais souvent. Tout un tas de questions à la con.
Cette fois je me suis énervé, je lui ai dit tout de go qu’il était ridicule, qu’Éric c’était fini, juste un soir, comme il l’avait voulu, que mon seul amant c’était lui, mon mari, le meilleur, que je n’avais jamais envisagé le tromper. J’en rajoutais sûrement un peu, mais j’y croyais, et je voulais sauver mon couple qui partait à la dérive.
J’aurais pu lui dire la vérité sur ma soirée avec Éric. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas voulu le détromper, j’avais peur de le décevoir et qu’il m’en veuille.
Et puis il m’énervait… Et puis… et puis… et puis zut avec ses questions.
Au fil des jours, il a continué à me harceler, il voulait tout savoir comme un mari jaloux qui veut savoir si sa femme à un amant. Lui, il savait… Du moins, il croyait savoir.
Si je me souviens bien, c’est peu après que nous avons été invités à dîner chez des amis. Là, ça a mal tourné, il faut que je vous raconte cette soirée pour vous faire comprendre comment tout a dégénéré.
Alors voilà.
Ce fameux soir, nous étions donc invités chez des amis. Qui voyons-nous en arrivant ? Juste en garant notre voiture devant chez eux. Vous l’avez deviné, je pense… Éric.
Contents de nous revoir, et sans aucun sous-entendu, nous nous faisons la bise. Mon mari semble contrarié, il a du mal à lui serrer la main. Pourtant c’est son ami, pas le mien.
Est-ce pour lui donner une leçon, ou pour être certaine de passer une bonne soirée, ou simplement sur un coup de tête ? Lorsque notre hôtesse annonce « À table, on se mélange, personne à côté de son conjoint », je fais en sorte de me trouver à côté d’Éric, ou est-ce lui qui est venu près de moi ? Va savoir… Toujours est-il que nous sommes à côté l’un de l’autre, mon mari un peu plus loin entre deux charmantes jeunes femmes. La tête qu’il faisait, je ne vous dis que ça ! j’aurais peut-être dû faire plus attention.
Avec Éric, bien évidemment nous nous sommes remémoré notre soirée, le bon repas, le concert de jazz. J’étais gênée en me souvenant de notre baiser, il n’y a même pas fait allusion, pourtant il n’avait certainement pas oublié.
Michel n’arrêtait pas de jeter des regards dans notre direction, surtout lorsque je riais avec mon voisin. Petits signes complices, sourire, tout semblait l’agacer… Quel rabat-joie ! On ne faisait rien de mal.
La soirée ne s’éternise pas, peu après minuit, nous allons saluer nos hôtes et les remercier de ce délicieux repas. Sur le parking, dernier au revoir avec les autres invités, nous nous séparons bons amis, en promettant de nous revoir bientôt. Personne n’y croit, mais ça ne fait de mal à personne.
Enfin bons amis, je parle pour moi, car mon mari m’attend déjà dans notre voiture sans avoir salué personne, avec sa tête des mauvais jours.
Il n’attend pas d’être chez nous. À peine démarré, j’ai droit à une scène en règle. Que pouvait-il me reprocher ? Soi-disant, nous avions tout manigancé avec Éric pour nous retrouver. « Vous vous êtes bien amusé ? », « J’avais l’air ridicule », « Tu as roucoulé toute la soirée », « Alors, vous vous revoyez quand ? »… il n’a pas arrêté de tout le trajet.
Devant tant de conneries, osons le mot, je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai hurlé une fois de plus. Lui disant ses quatre vérités, que c’était lui qui… que c’était pour lui faire plaisir… que c’était un pervers… enfin, tout ce qui me passait par la tête. Non, mais !
Vous me croyez ou pas, mais c’est vrai, il a eu le culot de me mettre cette soirée sur le dos, que c’est moi qui avais voulu sortir avec Éric, que je cherchais à le tromper depuis longtemps… Un vrai goujat.
Une fois couché, voulait-il se faire pardonner, je l’ai repoussé avec un « à demain » assez sec.
Le lendemain, je me suis dit que la comédie avait assez duré, j’ai décidé de tout lui dire. Me faisant câline pour mettre toutes les chances de mon côté, je lui avoue en riant qu’il ne s’est rien passé avec Éric, et lui raconte notre soirée, sans mentionner le baiser que nous avions échangé :
Ça a continué comme ça toute la journée, me pressant de questions, essayant de me culpabiliser. J’avais beau lui répéter que je n’avais jamais couché avec Éric, il ne me croyait pas, il me demandait des détails.
Quelque temps après, Éric m’a téléphoné pour me dire que devant son insistance, il avait été obligé de dire la vérité à mon mari, la même que la mienne. Mais Michel nous soupçonnait de nous être mis d’accord et de nous revoir en secret.
Il devenait soupçonneux du moindre de mes gestes. Il m’espionnait, me rendait la vie impossible, j’en ai perdu le sommeil.
Comme vous pouvez l’imaginer, nous n’arrêtions pas de nous disputer pour la moindre bêtise. Il me reprochait tout, je le supportais de moins en moins, d’autant que je ne me sentais coupable de rien, c’était lui qui nous avait mis dans cette merde.
On aurait pu se réconcilier sur l’oreiller, j’étais toujours amoureuse de lui. Mais il avait changé au lit, je n’ai plus retrouvé sa tendresse. Lui aussi souffrait, je le sentais bien.
Pensez-vous qu’un couple puisse survivre longtemps en se déchirant de la sorte ? Le nôtre n’a pas résisté, au bout de quelques mois, nous avons décidé de nous séparer. Il était en colère, j’étais triste.
Oh, cela ne s’est pas fait d’un coup, il y a eu les petites phrases « on ne peut plus continuer comme ça » ou « Si au moins tu reconnaissais m’avoir trompé »… Jusqu’au moment où il est allé s’installer dans la chambre d’amis, première étape avant d’aller voir un juge.
Je n’en pouvais plus, je n’ai rien fait pour le retenir. Un an après, le divorce a été prononcé.
En rentrant du tribunal, j’étais un peu désemparée. Seule. Il avait déjà quitté notre domicile, et déménagé ses affaires. Je reçus un appel d’Éric, il savait que c’était aujourd’hui, il était désolé. Il a eu des mots gentils, rassurants.
En entendant mes pleurs, il m’invita à dîner le soir même, espérant me changer les idées. Je n’ai pas dit non.
Égal à lui-même, il a été charmant. Il m’a raccompagné sagement chez moi, comme la première fois.
Nous nous sommes revus… plusieurs fois.
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Voilà, vous savez tout… Pas brillant, n’est-ce pas ? Le récit d’un naufrage. Il n’est jamais bon de vouloir vivre ses fantasmes, d’autant que je dois être la seule femme à être tombée sur un mari candauliste jaloux. C’est bien ma veine !
Un écrivain aurait pu écrire une histoire drôle sur ce sujet, moi ça ne m’a pas fait rire.
Cela fait treize ans que nous sommes séparés, je ne le regrette pas. Michel m’a fait vivre un véritable enfer et pourtant je l’aimais, nous aurions pu être heureux. Quelle erreur ai-je faite ? Celui de trop l’aimer ? Peut-être.
Et maintenant me direz-vous ? … Non ? … Vous n’avez pas compris ? Si ? Vous me faites marcher, ai-je besoin de vous le dire ?
Maintenant, je suis heureuse.
Éric a été très patient, il a pris son temps pour me séduire. Petit à petit, je suis tombée amoureuse de lui, un homme fort sur qui je pouvais m’appuyer. Nous sommes heureux ensemble, pas de mariage, nous nous sommes pacsés après quelques années de vie commune.
Si j’ai encore des sentiments pour Michel ? Je ne sais pas, c’est de l’histoire ancienne. Parfois, je pense à lui avec nostalgie. Avec le temps, on ne retient que les bons moments, nous en avons eu de formidables ensemble, il a tout gâché. Je suis certainement un peu fautive aussi.
Je ne lui en veux plus, grâce à lui j’ai trouvé le bonheur.
Qu’est-il devenu ? Je dois vous avouer que je n’en sais rien. Je n’ai plus eu de nouvelles, je ne lui en ai pas donné non plus. Aucune envie, ma vie est ailleurs maintenant.
Des enfants ? C’est mon plus grand chagrin. Il y a quelques années, j’ai fait une fausse couche qui a mal tourné, et depuis, impossible d’en avoir, le moule est cassé. Mais Éric est là, nous avons surmonté cette épreuve à deux. Il m’a toujours soutenue. Il m’entoure de tout son amour, je sais que je finirai ma vie avec lui.
Ouf ! Je me sens plus légère d’avoir pu mettre des mots sur cette période difficile de ma vie. Excusez-moi si ce n’est pas très bien écrit, c’est la première fois que je me livre à ce genre d’exercice.
Merci à ceux qui ont eu le courage de me lire jusqu’au bout.
Françoise