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n° 21906Fiche technique11662 caractères11662
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Temps de lecture estimé : 9 mn
18/07/23
Présentation:  Un texte plutôt soft et court.
Résumé:  Muni de sa tatoueuse, l’homme vêtu de noir est en train d’écrire sur mon pubis glabre.
Critères:  fh fhh fhhh confession nostalgie -libercoup
Auteur : Patrik  (Carpe diem diemque)            Envoi mini-message
Le reste de ma vie


Un texte plutôt soft et court. Bonne lecture : )




C’est écrit en moi



Muni de sa tatoueuse, l’homme vêtu de noir est en train d’écrire sur le pubis glabre de la jeune Blandine que je suis, allongée quasiment nue sur la table matelassée. Une à une, les lettres se dessinent bien visibles au-dessus de mon sexe : S A L…


Oui, je vais désormais devenir une salope définitive puisque Sylvain, mon compagnon, est en train de l’écrire dans ma chair, après que je lui ai prouvé maintes fois que je savais me donner à d’autres hommes, sous son regard. À peine un peu plus de vingt ans et déjà si salope ! Je frémis en pensant au reste de ma vie…


Pas une soumise, mais une salope.

Une soumise ne prend pas d’initiative, elle se contente d’obéir à son Maître, c’est tout. Elle est juste un objet, une chose, sans âme, sans volonté réelle. La salope assume, ce qui est très différent. Si elle couche avec d’autres hommes, c’est parce qu’elle le veut bien, parce qu’elle le cherche, parce que ça lui plaît vraiment, qu’elle en éprouve le besoin et la volupté.


Le pistolet dessine actuellement la lettre O. Ceci me rappelle un certain roman scandaleux qui a donné lieu à un film dans les années soixante-dix. Pas trop ma tasse de thé. Trop passif.

La voix de mon compagnon me tire de mes réflexions :



L’homme en noir attaque la lettre suivante. Je constate avec satisfaction qu’il s’applique du mieux qu’il peut. Comme toujours. C’est un maniaque du contrôle qui déteste l’irruption du hasard dans ce qu’il a planifié. Mais de temps à autre, les lois de Murphy se rappellent à son bon souvenir, ce qui le fait alors enrager.

Quelques instants plus tard, et plein de picotements aussi, j’entends la voix de Sylvain résonner :



Je m’étonne :



Je me regarde dans la glace. Le mot SALOPE est écrit de façon très visible sur mon pubis, dans une belle police ornée, accompagné d’enroulements artistiques.



Posant ses mains sur mes épaules, Sylvain arrive dans mon dos :



Je continue de regarder le mot inversé dans le miroir :



Sylvain précise :



Nous nous embrassons. C’est ainsi que commence ma nouvelle vie, celle d’une salope qui assume et qui en profite ! C’est même écrit sur ma chair et dans ma chair.




Après tatouage



Même si les soirées se ressemblent beaucoup, même si les hommes ne deviennent plus que des corps souvent identiques, le sexe est une drogue. Je m’offre, je prends, j’exulte, je jouis.

Actuellement, j’en suis arrivé au stade où je dois gérer mes amants sur la feuille d’un tableur ! Soyons précis(e), c’est Sylvain qui a commencé la comptabilité, lui qui adore tout gérer, avec une foule d’informations dans les diverses colonnes du tableau.


La plupart de ces partenaires sont des coups d’un soir, mais d’autres sont devenus des réguliers. Je n’ai pas la manie du chiffre, mais ça me procure toujours un petit frisson quand je lis ici que six hommes m’ont pénétrée à tour de rôle et ont joui en moi durant une soirée, et que sur cette ligne un plus bas, ils furent huit !

Souvent, ils ne sont que deux, mais en même temps, parfois trois. C’est très épique et piquant ! Oui, j’adore me faire pénétrer en double, c’est extra, c’est divin, c’est « salope » !


Je reconnais que je préfère la pluralité, j’adore me faire adorer de multiples façons ! Et puis, comme il faut un temps de récupération à un homme qui vient de jouir, l’autre partenaire peut le remplacer au pied levé. Les femmes n’ont pas ce souci de pause entre chaque lever de rideau.


Actuellement, c’est par amusement et pour me souvenir que je continue à noter tout ça, ligne par ligne. Et aussi par nostalgie, même si je ne suis pas bien âgée ! Je m’imagine très bien dans un demi-siècle en train de contempler mes exploits d’antan, et me dire que je faisais en effet du chiffre lors de certaines soirées très spéciales !




Double



Les années et les soirées se sont écoulées tel un flot continu. Quand je me retourne sur les vingt dernières années, je constate avec un certain effarement que je n’ai pas vu le temps passer !


Atteint par le démon de midi, Sylvain m’a définitivement quitté pour une jeunette, il y a une bonne année à présent. Pour une raison mystérieuse, il souhaitait tout recommencer à zéro, mais sa première conquête n’avait pas le même plan de vie que lui. Alors il a cherché et déniché une remplaçante, puis une remplaçante à la remplaçante, mais je ne suis pas certaine que sa dernière compagne ait les mêmes dispositions que moi. Elle aussi semble plus « classique ».


Tant pis pour lui. Nous formions pourtant un beau couple, et nous avions chacun une grande marge de manœuvre. Mais l’habitude s’était installée, je le reconnais. Avec le recul, ce n’est pas plus mal que ce soit lui qui soit parti, ça m’offre le beau rôle ! Moi aussi, j’avais parfois l’impression de tourner en rond.


Même si je ne cherchais pas à me recaser quand nous nous sommes séparés, je n’ai eu que l’embarras du choix. Il faut avouer que des hommes, j’en connais un bon paquet, et les amis de mes amis sont mes amis et amants. Voire les amis des amis des amis…


Actuellement, je vis avec Arnaud qui est de bonne composition, un homme très facile à vivre, fort gentil, et bien sûr ultrapermissif. Il est un peu plus jeune que moi, mais ce n’est pas plus mal ainsi. Côté amants, j’ai préféré mettre la pédale douce, préférant maintenant le qualitatif au quantitatif. À vingt ans, on a une santé de fer, on peut sauter allégrement sur tout ce qui bouge. Quand on passe au double, on préfère son confort et le décorum.


Arnaud vient juste de rentrer du boulot. En général, je rentre plus tôt que lui. Comme tous les jours précédents, il m’embrasse voluptueusement. Puis me gardant dans ses bras, il m’annonce quelque chose dont je me doutais :



Toujours plaquée contre mon compagnon, j’affiche un large sourire :



Je pose mon doigt manucuré sur le bout de son nez :



Me serrant toujours contre lui, Arnaud plaisante :



Puis c’est à mon tour de l’embrasser.


Le soir même, Arnaud m’a démontré toute sa vigueur, aidé par deux complices…




Triple



Puis un jour, j’ai eu trois fois vingt ans. Ça n’a pas changé grand-chose globalement. La ménopause n’a pas modifié mon désir envers les hommes, mais il faut que j’utilise beaucoup plus de lubrifiants, car la source est presque tarie.

Le mot reste toujours bien lisible sur mon pubis. Il faut dire que je m’entretiens. De temps à autre, je consomme des petits jeunots, mais modérément, car ceux-ci sont souvent trop vigoureux pour ma constitution, surtout quand ils jouent les marteaux-piqueurs !



Je suis toujours en couple avec Arnaud qui reste inlassablement attaché à ma petite personne et qui refuse toujours d’échanger la vieille de soixante balais que je suis contre trois jeunettes de vingt ans. Rien n’a changé : j’adore qu’on s’occupe de moi, qu’on soit à mes petits soins, et si possible à plusieurs !


Tandis que nous revenons d’une soirée olé olé où j’ai eu ma dose, aidée par des partenaires de longue date qui me connaissent bien, je deviens songeuse :



Malgré les années, tout va bien. Pour paraphraser la mère de Napoléon, pourvu que ça dure ! Tiens, en parlant de « dur », ça me fait songer que Sébastien (un amant de longue date avec qui j’ai batifolé ce soir) commence à avoir des soucis d’érection, malgré les pilules bleues.

Un jour, un soir, je crains qu’Arnaud suive le même chemin. Mais un homme intelligent comme lui sait très bien compenser autrement…




Quadruple



Quatre fois vingt ans ! Avec un peu de chance, épaulée par Arnaud toujours présent à mes côtés, j’arriverai à la multiplication par cinq, mais dans quel état ? Déjà, je sens que mon corps n’est plus synchrone avec mon esprit. Là-haut, tout fonctionne bien, mais en dessous du cou, ce n’est pas toujours la joie. Que j’aimerais revenir à mes vingt ans, mes trente ans, et (re)faire plein de folies avec mon corps qui a connu tant d’hommes !


Même si c’est tabou dans notre société qui ne jure que par la jeunesse, des folies, j’en fais encore, mais de façon espacée, si je compare à mon passé. Ce n’est pas parce que j’ai un certain âge qu’il faut que je fasse une croix définitive sur certains plaisirs de la vie !


Je pouffe en songeant à la tête de l’employé(e) des pompes funèbres qui fera ma dernière toilette ! Que pensera-t-il quand il découvrira le mot tatoué sur mon pubis ? S’il a les idées ouvertes, son oraison sera peut-être : elle a sans doute bien vécu !


Oui, c’est ça que je veux qu’on retienne de moi : j’ai bien vécu !